THE TOO-PERFECT SAINT T2 - aUTRE RÉCIT
Un petit moment de bonté
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Traduction : Calumi
Correction : Opale
Relecture : Raitei
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Après que le prince Osvalt m’eut appris que le royaume de Dalbert allait envoyer un exorciste à Parnacorta, je m’étais plongée dans la littérature dalbertoise pour en apprendre davantage sur les exorcistes.
— Dame Philia ! Dame Philia ! C’est une urgence !
Ces pas précipités, je les aurais reconnus entre mille : c’était Lena. Elle semblait plus agitée que jamais. De quoi s’agissait-il ? Était-ce lié aux disparitions mystérieuses ?
J’ouvris la porte de mon cabinet d’étude et la trouvai devant moi, toute affolée.
— Vous êtes bien pressée. Que se passe-t-il ?
— C-c’est terrible ! U-un chat… un petit chat… est coincé tout en haut de l’arbre du jardin ! bredouilla Lena.
— Quoi ? Un chaton ? Coincé dans un arbre ?
— Venez vite, je vous en prie !
Lena voulait manifestement dire qu’il n’y avait pas une seconde à perdre. Elle me saisit la main et m’entraîna vers le jardin en courant.
Les chevaliers de Parnacorta chargés de ma protection, dont Philip, se tenaient tous autour de l’arbre, l’air perplexe. Philip avait les bras croisés, visiblement en train de chercher une solution.
— Que se passe-t-il ? demandai-je. — Lena m’a parlé d’une urgence.
— Ah, Dame Philia ! répondit Philip en se tournant vers moi, affichant un air grave. — Ce n’est pas vraiment une urgence. Disons plutôt que nous sommes confrontés à un léger problème.
Ce n’était pas du tout l’avis de Lena.
— Messire Philip, comment pouvez-vous dire cela ? Ce petit chat est coincé là-haut ! C’est une urgence, évidemment !
— Veuillez m’excuser pour mon manque de discernement ! s’empressa d’ajouter Philip. — Comme Lena l’a dit, c’est bel et bien une urgence !
Je suivis la direction indiquée par Lena et aperçus un minuscule chaton blanc accroché à l’extrémité d’une branche du plus grand arbre du jardin.
Ce n’était pas bon du tout. Il fallait agir immédiatement. Sans perdre un instant, je commençai à grimper à l’arbre pour aller le sauver. Il dépassait même en hauteur le manoir, mais je savais pouvoir y grimper ou sauter sans problème.
Soucieuse de ne pas effrayer le chaton, je montai lentement, prudemment… mais :
— Dame Philia ! Que faites-vous, enfin ?!
— Je tente de grimper pour sauver ce chaton.
Alors que j’atteignais une branche, Philip se précipita vers moi. Le chaton était en danger, je devais me dépêcher. Qu’y avait-il de mal à cela ?
— Il en est hors de question ! Dame Philia, imaginez ce qui se passerait si vous tombiez ! En tant que vos gardes du corps, ce serait une honte dont nous ne pourrions jamais nous relever !
— Je vous assure que tout ira bien. Lors de mon entraînement, j’ai déjà dû porter une caisse d’acier en escaladant une falaise.
— Même dans ce cas, je ne peux pas vous laisser prendre ce risque ! Comme disent les anciens, même les singes tombent des arbres. Il vaut mieux prévenir que guérir !
Il était évident que Philip ne voulait tolérer la moindre possibilité de danger. Le prince Reichardt et le prince Osvalt lui avaient donné des ordres stricts pour me protéger, et il serait difficile de le faire changer d’avis.
Face à cela, je songeai à une alternative plus sûre.
— Dans ce cas, que diriez-vous si je sautais ? Je pense pouvoir atterrir directement sur la branche.
Cela ne devrait poser aucun problème. Je ne risquais pas de tomber.
— Vous pourriez rater votre atterrissage ! Et puis, un saut de cette ampleur risquerait d’effrayer le chaton !
— Vraiment ? Je vois…
Je pouvais affirmer avec certitude que les chances de rater mon atterrissage étaient infiniment proches de zéro, mais je ne parvenais pas à chasser l’idée que je risquais d’effrayer le chaton.
Ce sauvetage s’avérait plus difficile que prévu.
Les yeux de Lena se remplirent de larmes.
— Messire Philip, je suis désolée ! Si je n’avais pas le vertige, ou si votre visage ne faisait pas si peur, l’un de nous aurait déjà grimpé pour sauver ce chaton !
— Malédiction ! Moi qui me suis toujours enorgueilli d’un visage et d’une aura assez imposants pour me valoir les éloges de Sa Majesté… Les voilà devenus un obstacle…
Philip trépignait de frustration.
Je restais convaincue d’être la mieux placée pour secourir ce chaton, mais Philip refusait catégoriquement de me laisser faire.
— N’y aurait-il personne d’autre pour nous aider ? demandai-je.
— La plupart des chevaliers font peur, fit remarquer Lena.
— Lena, ce n’est pas très gentil pour les chevaliers.
— Non, Dame Philia, Lena a raison ! Nous, les chevaliers de Parnacorta, sommes des guerriers d’élite, endurcis par des années d’entraînement dans un seul but : vaincre les ennemis de ce royaume ! Le sauvetage de chatons ne figure pas dans notre manuel !
Est-ce que les chats faisaient vraiment la différence entre les visages humains ? Je ne connaissais pas grand-chose à la psychologie féline, mais je doutais que les traits du visage des chevaliers aient tant d’importance dans une opération de sauvetage.
Himari s’approcha, balai en main.
— Dame Philia, quel est donc ce trouble étrange ? Pourquoi Messire Philip et Lena pleurent-ils ?
Comment lui expliquer que Philip et Lena pleuraient à cause d’un chaton coincé dans un arbre ?
— Un chaton est coincé là-haut.
— Oh, le pauvre. Je vais m’en charger.
— Hein ?
Tout se passa en un clin d’œil. Himari grimpa à l’arbre, prit le chaton dans ses bras et atterrit parfaitement, sans émettre le moindre son. Nous ne pûmes que la regarder, bouche bée.
— Bien, dit-elle en tenant le chaton, — Pouvez-vous m’expliquer maintenant la raison de votre chagrin ?
Lena et Philip, encore sous le choc, restèrent sans voix.
— Himari, ils étaient bouleversés car ils essayaient de sauver ce chaton.
— Ah oui ? J’avais cru qu’il s’agissait d’une affaire grave réclamant une attention urgente. Si ce n’est pas le cas, je retourne au ménage.
Himari déposa le chaton au sol et disparut comme le vent.
Quoi qu’il en soit, la cause de toute cette agitation venait d’être réglée. Il était temps pour Lena et les autres de se ressaisir…
— Allons maintenant chercher la maman de ce petit !
— Sa mère ?
— Bien sûr. On ne peut pas laisser ce pauvre petit tout seul.
— …Tu as raison. Il serait triste, tout seul.
Je regardai le chaton et ne pus qu’acquiescer. Il ne me semblait pas juste qu’une si petite créature soit livrée à elle-même, sans sa mère.
Nous nous mîmes donc à la recherche de la mère du chaton, jusqu’à ce que la nuit recouvre le jardin.
— Finalement, on n’a pas retrouvé la maman d’Alexandre, hein ?
— Je vois que vous l’avez déjà baptisé.
Lena acquiesça.
— Messire Philip m’a raconté qu’un roi d’autrefois nommé Alexandre avait un magnifique chat blanc, alors…
— Vous l’avez donc nommé en vous inspirant d’Alexandre Granbar.
En effet, le roi Alexandre, qui avait autrefois régné sur 80% du continent, était connu pour son amour des chats. On disait qu’il affectionnait particulièrement les chats blancs.
Je n’avais aucune objection au nom qu’ils avaient choisi pour le chaton.
Au final, malgré toutes nos recherches, nous ne retrouvâmes pas la mère d’Alexandre.
Lena se chargea de lui et en prit soin, réglant ainsi l’affaire.