SotDH T6 - CHAPITRE 1 PARTIE 1
Contes Nocturnes de Sabres Démoniaques : Mikage : L’Esprit (1)
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Traduction : Calumi
Correction : Raitei
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Nous étions en août, la dixième année de l’ère Meiji (1877).
Jinya sentait vivement le passage du temps. Il avait beau être un démon à l’existence millénaire, une année représentait une longue période aux yeux des humains. Assez longue pour que bien des choses changent.
— Oh, bonjour Kadono-san.
— Bonjour.
Jinya était en train de nettoyer l’entrée de son restaurant lorsqu’il croisa Mihashi Toyoshige, le propriétaire du Mihashiya, occupé à la même tâche. Tous deux préparaient l’ouverture de leur commerce à peu près à la même heure chaque matin, si bien qu’ils se rencontraient souvent de la sorte. Voisins de longue date, ils entretenaient des rapports plutôt amicaux.
— Encore une journée étouffante, hein ?
— On dirait bien.
Toyoshige se tenait avec plus d’assurance depuis qu’il avait atteint ses vingt-cinq ans. Il continuait à maugréer en nettoyant, mais il le faisait toujours avec soin.
— À plus tard.
— Oui, à plus.
Après ces brèves salutations, chacun retourna à son établissement et commença à se préparer pour la journée. À ce moment-là, Nomari se réveillait d’ordinaire et se rendait au puits derrière la boutique pour se laver le visage. Autrefois, elle faisait semblant de dormir afin de le laisser venir la réveiller, mais désormais elle se levait seule. Ce changement attristait un peu Jinya, mais cela faisait simplement partie de la croissance.
— Le petit-déjeuner est prêt, appela-t-il.
— D’accord.
Ils s’assirent l’un en face de l’autre à la table et mangèrent en silence.
Les enfants grandissaient vite. Nomari attachait toujours ses cheveux noirs avec un ruban rose comme autrefois, mais son visage perdait peu à peu ses traits enfantins, et sa silhouette s’affermissait. On pouvait désormais la considérer comme une jeune fille.
— Quoi ? demanda-t-elle en se tortillant, mal à l’aise sous son regard.
— …Rien.
— Vraiment ?
Après cet échange confus, ils reprirent leur repas en silence, seuls le fracas des ustensiles rompant le vide. Cherchant à alléger l’atmosphère, Jinya dit :
— Le temps est agréable aujourd’hui.
— Peut-être.
Ils n’étaient pas en froid, loin de là. Nomari ne semblait pas malheureuse dans sa vie quotidienne ni dans son travail, et elle demeurait aussi attentionnée qu’autrefois. Pourtant, leurs conversations n’avaient plus la spontanéité d’avant.
Elle avait grandi, ce qui signifiait aussi qu’elle s’était naturellement montrée plus épineuse envers son père. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revu son sourire insouciant.
— Dis, Nomari, est-ce que tu voudrais qu’on sorte faire quelque chose ensemble un de ces jours ? proposa-t-il.
Elle se renfrogna et détourna le regard.
— Non, je préfère éviter. J’ai les tâches de la maison à m’occuper.
— Mais ça te ferait du bien de sortir un peu de la mais…
— J’ai dit que je préfère éviter !
Elle l’interrompit sèchement, puis, un peu surprise d’avoir élevé la voix, elle rougit.
— D-désolée. Je vais m’atteler aux préparatifs d’ouverture.
Elle quitta la pièce d’un pas vif sans croiser une seule fois son regard. Il la suivit des yeux, trop déconcerté pour trouver un mot à dire.
Kadono Nomari avait désormais quatorze ans, un âge difficile, quelle que soit l’époque.
À la tombée de la nuit, après que Nomari fut partie se coucher, Jinya commença à boire dans le restaurant. Ces derniers temps, il buvait plus que de coutume.
— Je dirais que tu n’es pas tout à fait innocent non plus.
Il avait beau avoir une forte résistance à l’alcool, celui-ci assouplissait malgré tout sa langue, si bien qu’il confia à Kaneomi ses soucis de la matinée.
Avec un sourire en coin, elle déclara d’un ton ferme :
— C’était mal de la part de Nomari-san de quitter la conversation ainsi, mais en tant que père, tu as le devoir de la réprimander dans ces moments-là.
Un père détenait l’autorité au sein d’un foyer. Mais Jinya, qui avait grandi en grande partie sans parents, doutait de savoir comment se comporter comme tel et n’avait jamais vraiment sermonné Nomari.
— Tu crois… ?
— Oui. Parfois, tu dois la réprimander pour son propre bien. Ce n’est plus une enfant. Elle a quatorze ans, un âge où il ne serait pas surprenant qu’elle se marie.
— …Se marier ?
Il trouvait cela bien trop prématuré. Quand elle était encore petite, il avait affirmé qu’elle choisirait elle-même son époux le moment venu.
Il l’avait pensé alors, mais l’idée de la voir se marier l’angoissait maintenant qu’elle en avait réellement l’âge.
Voyant son trouble à cette seule pensée, Kaneomi poussa un soupir d’agacement.
— Comme je te l’ai dit, ce n’est plus une enfant.
— Je sais… Du moins, je croyais le savoir…
Jinya savait que rien n’est immuable. Elle deviendrait forcément adulte un jour, mais il n’avait pas compris ce que cela signifiait vraiment. Il continuait à lui parler comme à une enfant, même si sa raison lui dictait le contraire. Elle avait grandi, mais lui n’avait pas grandi avec elle.
— Je suis pitoyable, murmura-t-il.
Kaneomi, bien qu’elle ne bût pas, lui servait à boire. Il avait d’abord refusé de lui imposer cela, mais elle insista, affirmant que c’était sa façon de le remercier pour diverses choses.
Il vida une coupe d’une traite, l’alcool lui brûlant la gorge en descendant. Boire ainsi, à grandes gorgées, n’était pas désagréable de temps à autre, mais Nomari restait toujours ancrée dans son esprit.
— As-tu déjà été comme Nomari l’est aujourd’hui ? demanda-t-il, songeant qu’il y avait peut-être des choses qu’une femme seule pouvait comprendre.
Kaneomi afficha un air gêné et répondit :
— Non, mes parents biologiques sont morts il y a longtemps, je n’ai donc jamais eu le luxe de leur désobéir. Cela dit, je ne crois pas que j’aurais été rebelle même s’ils avaient bien vécu.
C’était une révélation pour lui. Ils n’avaient pas eu beaucoup d’occasions d’échanger véritablement. Il ignorait presque tout de son passé, bien qu’il eût vécu avec elle depuis près de cinq ans.
— Pardonne-moi de t’avoir posé la question. L’alcool me rend impoli, dit-il.
— Pas du tout. Cela ne me dérange pas.
Elle lui resservit une coupe. Il la vida d’une traite, comme s’il voulait avaler sa morosité avec. Devinant ses intentions, elle laissa échapper un léger rire.
— Être parent, c’est difficile, remarqua-t-il.
— Bien sûr. On parle d’élever un être humain à part entière.
— En y repensant, tu avais un maître, n’est-ce pas ?
Parents et maîtres n’étaient pas si différents, tous deux portaient la responsabilité de veiller sur quelqu’un. Il avait posé la question sans réfléchir, mais elle se figea un instant.
— Est-ce Akitsu-sama qui te l’a dit ?
— Oui. Désolé, tu n’as pas besoin de répondre. Je ne voulais pas encore être déplacé, s’excusa-t-il vivement.
L’alcool devait l’affecter plus qu’il ne le croyait. Somegorou lui avait dit que le maître de Kaneomi avait péri sous la main d’un démon, aussi le sujet était-il forcément sensible pour elle.
Elle réfléchit un instant, puis esquissa un doux sourire.
— Ce n’est rien. Je sais que tu n’avais aucune mauvaise intention. Mais hélas, je doute que ce que je pourrais en dire ait grand intérêt.
Elle parlait comme si elle en plaisantait, mais elle ne pouvait pas être si sereine au fond d’elle. Son maître avait sans doute été tué par Jishibari, et c’était pour cela qu’elle la traquait avec vengeance au cœur.
Jinya laissa échapper un soupir malgré lui. Comme ce dernier, elle s’accrochait misérablement au maniement de la lame et cherchait à assouvir sa vengeance. Ni l’un ni l’autre n’avaient leur place dans l’ère Meiji.
— N’as-tu donc aucune intention de prendre une femme, Kadono-sama ? demanda-t-elle.
C’était une façon évidente de changer de sujet ; en prenant l’initiative, elle lui permettait de sauver la face. Il ne voyait aucun intérêt à creuser davantage son passé. Ses regrets persistants ne disparaîtraient que lorsque Jishibari aurait été tuée.
— Je n’ai aucune femme que je voie de cette manière. Et puis, Nomari m’a dit elle-même qu’elle ne voulait pas de mère.
— Je comprends. C’est bien ton genre de respecter ses souhaits.
Elle sourit doucement, amusée.
— Et toi ? demanda-t-il.
— Malheureusement, je n’ai pas d’homme de ce genre dans ma vie. De plus, je suis une lame. Je doute que quiconque ait l’étrange idée de m’épouser.
Elle lui servit une coupe, ce qui lui tira un léger sourire. La dernière goutte tomba avec un bruit sec, laissant le flacon de saké vide.
— Boire ainsi, tard dans la nuit, n’est pas bon pour la santé. Il serait peut-être temps de s’arrêter, suggéra-t-elle.
— Tu as raison. Merci de m’avoir écouté me plaindre.
Il vida la coupe de nouveau d’une traite, puis poussa un léger soupir tandis qu’une chaleur réconfortante se répandait en lui. Il était plein de soucis dont il ne savait que faire, mais il avait l’impression d’un poids allégé.
— Tout le plaisir est pour moi. Je suis heureuse de t’offrir une oreille après tout ce que tu as fait pour moi ces dernières années.
Elle lui rendit son sourire, soulagée de le voir apaisé, puis rangea les bouteilles avant de se retirer pour la nuit.
Même lorsqu’ils buvaient ensemble, ils ne partageaient pas grand-chose de leur passé. Bien qu’ils vécussent sous le même toit, ils gardaient leurs distances. Il la regarda partir avec un étrange sentiment de sérénité, puis se leva pour se préparer à se coucher.
C’est alors qu’une voix s’éleva dans l’obscurité.
— Père ?
— Nomari ? Que fais-tu levée à une heure pareille ?
Par une porte coulissante entrouverte, elle le fixa d’un regard extrêmement maussade.
— Rien, je me suis juste réveillée. Tu buvais ?
Son ton était froid. Il ne faisait rien de mal, mais il se sentit tout de même coupable.
— Euh, oui.
— Avec Kaneomi-san ? En tête-à-tête ? La nuit ?
— …Oui.
Son visage demeurait impassible, sa voix plate. Elle ne posait manifestement pas ses questions par intérêt ou par curiosité.
Jinya ne se sentait que rarement acculé face à ses adversaires démoniaques, mais la pression qui émanait à présent de sa fille lui fit détourner les yeux.
Elle fronça légèrement les sourcils, la désapprobation dans le regard, et murmura d’une voix sourde :
— …Écœurant.
Sans attendre de réponse, elle s’en alla.
La brusquerie de la scène laissa Jinya sans voix. Il ne savait même pas ce qu’il aurait pu dire, ni s’il le devait. Il resta là, figé, un moment durant, à tenter d’assimiler ce qui venait de se produire.
— Notre petite Nomari-chan est devenue bien mignonne, n’est-ce pas ? lança Somegorou, venu déjeuner, en observant Nomari circuler dans le restaurant.
Bien qu’il ne l’eût pas exprimé lui-même, Jinya partageait cet avis. Nomari était devenue une jeune fille ravissante, et il était sûr que ce n’était pas seulement son regard de père qui le lui faisait penser.
— Bon sang, ça veut dire que je suis vraiment un vieux croulant, hein ? dit Somegorou avec émotion.
Comme Jinya, il avait vu grandir Nomari. Il aspira ses nouilles avec une expression paisible et douce, semblable à celle d’un grand-parent contemplant la santé de ses petits-enfants.
Jinya savait pourtant que ce n’était pas dans sa nature de se laisser aller à tant d’émotion. Il devait y avoir autre chose.
— Hein, tu la trouves mignonne, toi aussi, pas vrai, Heikichi ?
Comme Jinya l’avait prévu, Somegorou se mit à taquiner son disciple assis à côté de lui, l’air tranquille.
— H-hein ?!
— Quoi, je me trompe ? Tu ne la trouves pas mignonne ?
Utsugi Heikichi, disciple d’Akitsu Somegorou, avait eu dix-sept ans cette année-là. Il s’était entraîné avec rigueur pour devenir un Onmyôji. Ses épaules étaient plus larges que celles de la plupart des jeunes de son âge, et sa taille atteignait un bon cinq shaku et demi. Il avait déjà appris un certain nombre de techniques et possédait assez de compétences pour que Somegorou affirme fièrement qu’il était « à la hauteur ».
— Hein ? Si, bien sûr. Attends… quoi ?
Heikichi exécrait les démons, mais il continuait de fréquenter Au Soba du Démon sans jamais se plaindre.
Au début, il ne venait que parce que son maître l’y traînait, mais à présent, il s’y rendait parfois seul, de son propre chef. Jinya était assez perspicace pour deviner pourquoi.
— Enfin, c’est vrai qu’elle est devenue plutôt jolie… Attendez, qu’est-ce que vous me faites dire ?!
— Inutile de vouloir cacher quoi que ce soit, Heikichi, murmura Somegorou, assez bas pour que Jinya l’entende tout de même. — Je sais bien que tu viens parfois tout seul, rien que pour voir Nomari-chan.
— Q-quoi ?! Comment le savez-vous ?! s’écria Heikichi en rougissant vivement, comme s’il croyait vraiment avoir été discret.
— Mais quelle belle jeune fille elle est devenue, hein ? Ce ruban rose lui va drôlement bien aussi. Tu ferais mieux de commencer à te mettre son père dans la poche tant que tu en as encore l’occasion, Heikichi. Sinon, un autre risque de te la ravir avant toi.
— M-maître, ce n’est pas du tout ça !
— Pas la peine de me cacher quoi que ce soit. Allez, le père de Nomari est juste là.
Jinya savait bien que Heikichi était épris de Nomari depuis leur enfance, mais le jeune homme n’avait jamais fait le moindre progrès avec elle. Il n’arrivait à lui parler qu’en simples termes d’amitié. Il avait bien le courage de se rendre seul au Soba du Démon, mais il repartait toujours dépité, incapable de lui avouer ses sentiments.
— Pourriez-vous éviter de parler de ce genre de choses juste devant moi ? Cela me met un peu dans l’embarras, fit remarquer Jinya.
Taquiner Heikichi n’était en réalité qu’un moyen pour Somegorou d’agacer Jinya.
— Oh ? Pourtant, tu n’as pas l’air si dérangé par l’idée, répondit Somegorou.
— Je peux faire confiance à Heikichi bien plus qu’à un inconnu sorti de nulle part. Après tout, c’est ton disciple.
— Oh, bon sang. Entendre ça me rend presque gêné, dit Somegorou en se grattant la joue d’un air embarrassé.
Son instinct lui disait que Jinya était sincère.
— Mis à part ça, tu ne verrais vraiment aucun inconvénient à ce que Heikichi et Nomari-chan se marient ?
— Non. C’est à elle d’en décider.
Depuis le début de l’ère Meiji, l’idée de se marier par amour était devenue un peu plus courante. En vérité, Jinya aurait voulu garder Nomari auprès de lui comme sa fille encore un peu, mais il était prêt à mettre ses désirs à elle au-dessus des siens.
Il y avait pourtant une pensée qui le tourmentait. Il n’avait rien contre Heikichi, mais autrefois, un autre aurait pu épouser Nomari. Aurait pu. Cela n’était plus possible. Jinya ne pouvait plus envisager de marier sa fille à la famille de son ami, pas après avoir tué ce dernier. Comment aurait-il osé seulement se présenter devant la femme et le fils de celui-ci ?
— Quoi, vraiment ?! Vous ne verriez pas d’inconvénient ?! s’exclama Heikichi avec excitation.
C’était un jeune homme travailleur, sincère et droit. Jinya croyait que Nomari serait en de bonnes mains avec lui. Mais ce n’était pas à lui de décider.
— Comme je le disais, tout dépend de…
Avant que Jinya ne puisse finir sa phrase, une voix triste mais furieuse l’interrompit.
— …Pourriez-vous éviter de parler de ces choses dans mon dos ?
Nomari, surgie de nulle part, fixa le groupe d’un regard impassible. Un silence pesant s’installa, puis elle s’éloigna pour accueillir un nouveau client entré dans le restaurant.
— Est-ce que je viens de m’auto-condamner ? gémit Heikichi.
— Ne t’en fais pas. Elle est d’humeur maussade ces temps-ci, répondit Jinya.
Le seul à avoir de quoi s’inquiéter, c’était lui. Il était malvenu de discuter de l’avenir de sa fille en son absence. Il aurait dû se montrer plus attentif en tant que père.
— Être père, ça n’a pas l’air simple, plaisanta Somegorou.
— Tu n’imagines pas, grogna Jinya.
Il devait sembler particulièrement las, car Somegorou changea de sujet avec un sourire forcé.
— J’ai entendu une rumeur qui devrait te plaire. Laisse-moi te la raconter pour me faire pardonner ce qui vient de se passer.
— Oh ?
L’expression de Jinya changea aussitôt. Quel que fût l’effort qu’il faisait pour mener une vie ordinaire, il restait un démon. Il ne pouvait s’écarter de la voie qu’il suivait. Il détestait cet aspect immuable de lui-même, mais il écouta néanmoins Somegorou.
— On raconte qu’une parade nocturne de démons a été aperçu. Je n’ai pas entendu dire qu’il y ait encore eu des victimes, mais les démons préparent visiblement quelque chose.
L’expression « parade nocturne » tirait son origine de La parade nocturne des cent démons, un récit contenu dans la collection de contes d’Uji[1], où un moine assistait à l’apparition d’une centaine de démons au temple Ryusenji, dans la province de Settsu. Mais dans l’usage courant, le terme désignait une immense procession de démons et d’esprits rôdant chaque nuit dans les villes. De nombreux récits affirmaient que croiser un tel cortège était de mauvais augure et raccourcissait l’espérance de vie. Les parades nocturnes étaient aussi l’un des exemples les plus représentatifs d’esprits agissant librement dans les cités sans se soucier des hommes.
— Intéressant. Voilà qui est en effet dans mes cordes, dit Jinya.
Si les rumeurs parlaient d’une parade nocturne en particulier, cela signifiait qu’il y avait bien plus que quelques démons rôdant dans les parages.
Il était difficile d’imaginer qu’un tel cortège s’était formé de lui-même. Il devait y avoir quelqu’un qui tirait les ficelles, et Jinya avait une idée assez précise de qui cela pouvait être.
— Oh, j’allais oublier, ajouta Somegorou comme s’il venait de s’en souvenir. — Il paraît qu’un démon qui manipule des chaînes se trouve au cœur de la parade.
Magatsume passait à l’action.
[1] L’Uji shôi monogatari, une collection de contes écrite sans doute au début du XIIIe siècle. L’auteur en est inconnu et il est possible que l’ouvrage ait été plusieurs fois revu.