SotDH T5 - INERLUDE 1 PARTIE 2

Conte de Pommes d’Amour et de la Nymphe Céleste (2)

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Traduction : Calumi
Correction : Raitei
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Leurs jours de bonheur se prolongèrent longtemps.

Le jeune homme et la nymphe céleste formèrent un couple harmonieux, sans la moindre rancœur entre eux. Comme il l’avait promis, le jeune homme travailla avec ardeur malgré sa pauvreté avec le soutien de sa femme. Leur commencement avait été singulier, mais ils étaient bel et bien devenus mari et femme.

Mais tout cela prit soudainement fin.

Un jour, la nymphe céleste fut frappée de maladie. Inquiet, le jeune homme voulut rassembler le peu d’argent qu’ils possédaient pour appeler un médecin, mais elle refusa avec calme.

— Je suis née des cieux. Je ne suis pas faite pour vivre longtemps sur la terre.

Les nymphes célestes ne pouvaient vivre qu’en se nourrissant de l’air pur de leur lieu natal. La vie sur terre était pour elle comme patauger dans du poison.

— J’ai bien vécu pour t’avoir connu. Mais, au terme de tout cela, je souhaite retourner une fois encore aux cieux.

Le jeune homme regretta d’avoir brûlé son manteau. Il se creusa la tête, cherchant comment venir en aide à son épouse. Alors le renard, à présent adulte, parla de nouveau la langue des hommes.

— Brûle mon corps, mêle mes cendres à du métal, et sers-t’en pour forger un miroir. Ce miroir deviendra un pont entre le ciel et la terre.

Sur ces mots, le renard s’arracha la langue et mourut. Le jeune homme fit comme le renard l’avait dit, brûla sa dépouille, incorpora les cendres au métal et forgea un miroir. Lorsque la nymphe celeste, affaiblie, prit le miroir de métal entre ses mains, il se mit à luire, et la voie des cieux s’ouvrit à elle.

— Avec ceci, tu peux à présent retourner aux cieux, dit le jeune homme.

Elle s’était préparée à mourir en épouse à ses côtés, mais le souhait du jeune homme de la voir retourner vivre la sauva.

— Merci. Mais ne m’oublie pas. Même si les cieux et la terre nous séparent, nous serons toujours mari et femme, dit-elle.

Ainsi, elle retourna dans les cieux.

Le jeune homme fit conserver le miroir de métal dans un sanctuaire, puis reprit sa vie d’autrefois.

Il arrive pourtant, dit-on, que le miroir se mette à luire. N’est-ce pas alors que la nymphe céleste descende sur la terre pour s’y divertir ?

Ainsi se transmet, au sanctuaire Aragi Inari de Sanjyou, à Kyôto, l’histoire du « Miroir du Renard ».

 

***

— … Et voilà le « Miroir du Renard », la légende du vêtement transmise à Sanjyou, à Kyoto.

De retour du sanctuaire, Jinya écoutait Kaneomi. Il avait dit vouloir se pencher sur la version particulière de la légende du vêtement telle qu’on la racontait au sanctuaire Aragi Inari, et Kaneomi la connaissait justement.

— Merci. C’est tout de même une sacrée coïncidence que tu connaisses cette histoire, dit Jinya.

— Je l’ai simplement apprise parce que j’ai emprunté un livre qui la contenait, voilà tout. Elle lui montra un ouvrage dont la couverture portait le titre de Contes folkloriques du Japon ancien ?

Son cœur se mit à battre plus vite, saisi de nostalgie.

— Ce livre réunit quantité de récits, célèbres comme obscurs. Il y a « L’Amanojaku et Urikohime », « La Princesse et le Démon bleu », « Le Spectre Ubume », « Le Démon invisible de la ville- temple », « L’Allée aux fantômes », et d’autres encore. On y trouve bien des histoires qu’on ne voit guère ailleurs, et les commentaires du compilateur sont assez intéressants… Jinya-sama, y a-t-il un problème ?

— Ce n’est rien, dit-il.

En vérité, il se sentait troublé. Il avait entendu parler de ce livre pendant la journée factice qu’il avait passée avec Yuunagi, la mère de Nomari. Il avait pensé que cet ouvrage n’existait pas réellement, mais il l’apercevait à présent sous ses yeux. Ce fait le déconcerta. Toutefois la prise de conscience que tout n’avait pas été mensonge, ce jour-là, lui rendit un peu de courage.

— Si tu le dis. Pardon, je m’éloigne du sujet, n’est-ce pas ? La légende du vêtement que tu voulais à ce point entendre, c’était ce « Miroir du Renard », n’est-ce pas ? Au fait, qui est cette jeune fille ? demanda Kaneomi en jetant un regard à la fille que Jinya avait rencontrée dans le bosquet du sanctuaire.

— B-bonjour.

Prise au dépourvu, la jeune fille esquissa un sourire crispé.  Elle avait dit n’avoir nulle part où aller, aussi Jinya l’avait-il menée Au Soba du Démon pour l’instant. Il n’avait encore rien expliqué à Kaneomi, qui hésitait donc sur le ton à adopter avec la jeune fille.

— Appele-moi Kaneomi, je te prie. Puis-je connaître ton nom ?

— Enchantée. Je suis, euh… Attends, est-ce que j’ai le droit de donner mon nom ici ?

La jeune fille avait d’abord salué, puis s’était mise à marmonner pour elle-même avant de se taire complètement. Ne sachant qu’y faire, Kaneomi chercha du regard l’aide de Jinya, qui résuma l’identité de la jeune fille aussi brièvement que possible.

— C’est une nymphe céleste.

— Hein ? firent la jeune fille et Kaneomi d’une seule voix.

Kaneomi laissa paraître sa perplexité, et la jeune fille rougit jusqu’aux oreilles d’être ainsi nommée. Toutes deux fixèrent Jinya avec insistance, mais il n’avait vraiment pas d’autre manière de le dire, aussi se contenta-t-il de se répéter.

— J’ai dit que c’était une nymphe céleste.

***

Un demi-koku[1] plus tôt, dans le bosquet du sanctuaire, l’étrange jeune fille regarda Jinya, déconcertée.

— Hein ? Attends… quoi ? Que se passe-t-il ?

— C’est à moi que tu demandes ça ?

— Hein ? E-euh…

Bien qu’elle lui fût inconnue, il ne ressentait aucune méfiance envers la jeune fille. Elle était de toute évidence humaine et ne donnait pas l’impression d’être versée dans les arts martiaux. Il gardait pourtant la main gauche sur son fourreau, prêt à dégainer à tout instant.

— Donne-moi d’abord ton nom, dit-il. — Je suis Kadono Jinya.

— Hein ? Pourquoi tu te présentes ?

— Hm ? Comment ça ?

— Comment ça, « comment ça » ?

La jeune fille inclina la tête. Ils n’étaient manifestement pas sur la même longueur d’onde.

— Je… ne vois pas du tout où tu veux en venir, mais soit. J’aimerais te poser quelques questions, si tu le permets, dit-il.

— D-d’accord, bien sûr. Oh, en fait, j’aurais d’abord quelques questions, avant ça si ça ne te dérange pas.

En le voyant acquiescer, la jeune fille demanda avec hésitation.

— C’est quoi, ces vêtements ?

Jinya baissa les yeux vers sa tenue. Il portait un haori noir et un hakama gris, sans faux plis et en bon état. Le sabre à sa ceinture pouvait paraître étrange, mais on voyait encore d’anciens samouraïs s’obstiner à porter le sabre, même à l’ère Meiji. Son apparence demeurait somme toute ordinaire.

— Y a-t-il quelque chose qui ne va pas dans ma tenue ?

— Hein ? O-oh, non, tu as fière allure, mais, euh…

Elle eut un sourire un peu crispé. Puis, comme frappée d’une soudaine évidence, elle écarquilla les yeux et s’exclama.

— Attends ! C’est pas vrai. Heu… où est-ce qu’on est exactement, si je puis me permettre… heu…cher monsieur ?

— Le sanctuaire Aragi Inari.

— Non, non, je veux dire les environs, comment s’appelle cette ville, ou… enfin, s’il est possible d’avoir cette information bon mon sieur.

— Nous sommes à Kyôto, du côté de la rue Sanjyou. Et tu n’as pas besoin de te donner tant de mal pour parler si poliment si cela te gêne.

— O-oh, d’accord, merci, ouf, dit-elle, un peu embarrassée.

Elle rumina ses mots, songeuse.

— Kyôto, hein… ? Ok, dernière question. Quelle année sommes-nous ?

— L’an 5 de l’ère Meiji.

La jeune fille laissa tomber les épaules et poussa un soupir, comme si elle venait de saisir quelque chose.

— Merci. Je crois que je comprends maintenant. Donc, cette histoire d’une centaine d’années, c’était vrai, alors… Waouh, je n’arrive même plus à être effrayée par ce genre de choses.

Elle paraissait étrangement lasse.

— Si c’est tout, j’aimerais à présent te poser quelques questions. D’abord, que fais-tu ici ? demanda Jinya.

Ils se trouvaient dans un taillis derrière l’oratoire intérieur du sanctuaire Aragi Inari. Ce n’était pas un lieu pour des gens ordinaires. Les seuls qu’il pouvait imaginer ici étaient des voleurs cherchant à s’introduire dans le sanctuaire.

— Hmm, oui. Bonne question. Qu’est-ce que je fais ici ? La jeune fille laissa tomber les épaules et baissa la tête. Il y a eu une vive lumière qui a brillé un instant et, la seconde d’après, paf, je me suis retrouvée ici. Alors, oui. Je ne sais pas trop pourquoi je suis là.

— Je vois. Par hasard, sais-tu comment rentrer chez toi à partir d’ici ?

— Non. J’ai jeté un coup d’œil aux alentours, mais ce coin n’est clairement pas le mien. Je n’ai même pas la moindre idée de ce que je pourrais faire pour rentrer.

Ses yeux humides et son expression peinée ne semblaient pas feints. Jinya n’avait aucune idée de qui elle était, mais elle ne paraissait pas chercher à le duper.

À prendre ses paroles au pied de la lettre, elle avait été enveloppée de lumière et transportée ici d’un tout autre lieu. Il se rappela ce qu’il avait entendu la veille au sujet du miroir de métal qui s’illuminait et se demanda si, peut-être, elle venait d’un endroit auquel on ne pouvait revenir par des moyens ordinaires, comme dans une certaine légende.

— Serais-tu, en vérité, une nymphe céleste ?

***

— Et ensuite, tu l’as amenée ici, je suppose ? dit Kaneomi.

Au final, la jeune fille ne lui avait pas donné de réponse claire. Jinya l’avait néanmoins ramenée chez lui ; il se serait mal vu la laisser seule alors qu’il savait qu’elle n’avait nulle part où aller. Après l’avoir écouté, Kaneomi poussa un léger soupir.

— Tu… Comment dire ? Disons que tu n’es pas étranger au fait de ramener des femmes chez toi. Moi d’abord, et maintenant cette fille…

C’était assez discourtois, et cela le faisait passer pour un coureur de jupons. D’ailleurs, c’était Kaneomi qui avait insisté pour loger chez lui, elle n’avait donc aucun droit de tenir pareil propos.

— Mais, cela mis à part, tu crois vraiment que cette fille est une nymphe céleste ? demanda-t-elle.

— Je n’en suis pas tout à fait sûr, mais elle semble venir d’une contrée lointaine.

La jeune fille avait dévoré des yeux le paysage de la ville tout le chemin du retour jusqu’Au Soba du Démon. Les vêtements du pays la laissaient aussi un peu décontenancée. Elle devait venir soit d’un pays étranger, soit d’un autre monde. Jinya ne savait trop lequel, mais il sentait qu’elle était, en tout état de cause, fort éloignée de la culture du Japon.

— Donc, chère Nymphe céleste…

Jinya se tourna vers la jeune fille, qui vira au rouge.

— Euh, Kadono-kun ? Tu pourrais arrêter de m’appeler comme ça ?

Elle rejetait ce surnom par embarras. Il serait toutefois malvenu de poursuivre la conversation sans manière de s’adresser à elle, et elle ne lui avait toujours pas donné son nom.

— Eh bien, tu ne veux pas que nous connaissions ton vrai nom, n’est-ce pas ?

— Oui… J’ai comme l’impression que ça finirait par devenir bizarre.

Il ne demanda pas pourquoi. Il se dit qu’elle avait ses raisons et ne fit pas de zèle.

— Très bien. Et si nous t’appelions simplement Asagao ?

Sur le yukata de la jeune fille s’épanouissait une ipomée éclatante, en japonais, asagao. Ce n’était pas le nom le plus inspiré, mais pour un provisoire, cela ferait l’affaire.

— Tu n’es pas allé chercher bien loin, commenta Kaneomi.

Il en pensait autant, mais le fait de l’entendre dire la chose avec une telle brusquerie l’irrita malgré tout

— Tu es la dernière personne de qui je veux entendre ça, « Kaneomi ».

— « Kaneomi » n’est pas un alias, pourtant.

— Certes. Quoi qu’il en soit, « Asagao » te convient-il ? demanda Jinya, revenant au sujet.

— Donc ça venait de là, marmonna la jeune fille pour elle-même, avant de comprendre qu’il s’adressait à elle. Elle hocha précipitamment la tête.

— O-oh, oui !

Encore un peu décontenancée, la jeune fille, Asagao, laissa éclore un sourire enfantin et heureux.

— Parfait. Donc, comme j’allais le dire, tu peux rester ici quelque temps si tu en ressens le besoin.

— Attends, vraiment ?

— Cela ne me dérange pas. Tu n’as nulle part où aller, n’est-ce pas ?

Même Jinya s’étonna de sa propre indulgence. Il jeta un coup d’œil à Kaneomi pour s’assurer qu’elle approuvait sa décision.

— En tant que profiteuse, je n’ai pas voix au chapitre, répondit-elle aussitôt, n’ayant sans doute aucune intention de s’y opposer depuis le début.

Voyant la discussion toucher à sa fin, elle se leva de sa chaise et se dirigea vers la sortie.

— Où vas-tu ? demanda Jinya.

— La conversation me semble à peu près terminée, alors je pensais prendre congé. J’ai un rendez-vous galant.

Surpris par cette réplique inattendue, Jinya la regarda. Amusée, elle afficha un sourire empreint de mutisme.

— C’est un homme qui pourrait rivaliser avec toi d’ailleurs.

Sur ces mots, elle s’en alla. Elle avait une telle vivacité dans la démarche qu’il ne put que la suivre des yeux, stupéfait.

— Je n’arrive décidément pas à la cerner, dit Jinya.

Peut-être que ce rendez-vous galant n’était qu’une plaisanterie et qu’elle partait chercher Jishibari… ou peut-être pas. Il n’en savait rien. Elle demeurait impénétrable.

— Ah, pardon. Alors, qu’en dis-tu ? Tu n’es nullement obligée de rester si tu ne le souhaites pas, bien sûr.

— Oh, euh…

Asagao baissa la tête, songeuse. C’était une décision difficile à prendre sur l’instant. De son point de vue, un homme qu’elle venait tout juste de rencontrer lui proposait de loger chez lui. Toute hésitation de sa part se comprenait.

Jinya n’avait, bien entendu, aucune arrière-pensée. La voir sans refuge lui rappelait sa propre situation, lorsqu’enfant il avait fui Edo pour l’inconnu. En vérité, il agissait moins par souci pour la jeune fille que par pure sentimentalisme.

— Es-tu sûr qu’il m’est permis de rester ? demanda-t-elle. — Je veux dire, je n’ai pas d’argent à te donner, ni rien du tout.

— Je n’ai pas besoin d’argent. Je gagne déjà de quoi vivre amplement.

— D’accord, mais tu ne te méfies pas de moi, ne serait-ce qu’un peu ?

— Tu ne représentes aucun danger. Mais tu peux toujours tenter de me prendre au dépourvu, si le cœur t’en dit.

Il fit passer son habituelle expression impassible à un mince sourire hardi.

Les yeux d’Asagao se remplirent de nostalgie.

— Ha, ha. Tu sais, tu es vraiment gentil.

Ce choix de mots lui parut singulier, mais il ne creusa pas. Il aurait été dommage de gâcher cette expression réjouie.

— J’accepte, alors.

Son sourire, à l’opposé de celui, crispé et déconcerté, d’auparavant, était doux et paisible.

— Encore une ?

Quand Nomari revint de l’école primaire et apprit qu’Asagao allait rester chez eux, son expression s’assombrit.

— Bonjour. Ravie de te rencontrer, Nomari-chan. Je suis, hum… Asagao. Oui.

Asagao se présenta maladroitement peu habituée encore à son alias. Même après s’être inclinée devant l’enfant, Nomari n’en parut pas plus contente. Ses joues se gonflèrent à cause de la moue qu’elle faisait.

— Nomari, dit Jinya d’un ton encourageant.

Ce n’est qu’alors qu’elle s’inclina légèrement en réponse.

— Enchantée…, dit-elle, avec toujours au fond des yeux une lueur de tristesse.

— Pardon d’avoir décidé sans te demander, dit-il.

— Non, ce n’est rien…

Nomari n’était pas une enfant capricieuse, mais cela n’autorisait pas pour autant Jinya à lui imposer autant de choses.

D’ailleurs, à y réfléchir, il s’était montré ces derniers temps si absorbé par la chasse aux démons qu’il avait passé peu de moments seul avec elle. Il se dit qu’il devait, pour une fois, la gâter un peu.

— Écoute, pour me faire pardonner, si on sortait faire quelque chose tous les deux ? dit-il.

— Vraiment ? Quoi, par exemple ?

— Eh bien, Aragi a bientôt un festival. Je me disais que nous pourrions aller voir les étals ce jour-là.

— Un festival ?!

Son visage s’illumina aussitôt. Elle leva de grands yeux vers Jinya et sourit.

Rassuré de la voir si contente, Jinya lui tapota la tête et dit :

— Et si, dès demain, nous sortions chercher des yukata à porter pour l’occasion ?

— On peut ? Merci, Père !

Elle se jeta à son cou, sa morosité d’avant dissipée comme si elle n’avait jamais existé.

Il lui arrivait d’être assez calculatrice, mais même ce travers-là lui paraissait charmant. Il esquissa un mince sourire.

— Eh bien, tu es vraiment père, fit remarquer Asagao.

Il lui avait parlé de Nomari à l’avance, mais Asagao s’était obstinée à penser qu’il plaisantait et refusait d’y croire. Il n’y avait pourtant plus le moindre doute en le voyant couvrir Nomari d’attentions.

— Je te l’avais bien dit, non ? fit-il.

— Oui, c’est vrai, mais c’était beaucoup demander que de te croire, tu sais ?

Elle pinça les lèvres, légèrement agacée.

Compte tenu de son apparence, ses doutes se comprenaient sans doute.

— Je suppose que tu as raison.

En l’entendant acquiescer, elle bomba la poitrine d’un air victorieux. Nymphe céleste ou non, elle était expressive comme une enfant.

— Je ne t’imaginais pas si paternel, en revanche. Pour le coup, c’est inattendu.

— On me le dit souvent.

— Ha, ha, je m’en doutais, dit Asagao en riant.

Bien qu’elle logeât chez un inconnu, elle ne montrait aucune crispation. Son sourire était franc et joyeux, sans la moindre ombre de tristesse.

Ainsi la nymphe céleste se trouva liée à la terre.

Pourquoi elle ne pouvait plus voler, Jinya l’ignorait encore.

[1] Environ deux heures

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