SotDH T3 - CHAPITRE 2 : PARTIE 1
Pièce manquante (1)
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Traduction : Calumi
Correction : Raitei
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C’était à présent l’été de la septième année de l’ère Kaei (1854).
Lorsqu’on parle de ce qui rend les étés d’Edo si particuliers, on ne peut passer sous silence le shiman-rokusen-nichi du temple Sensô.
Dans le bouddhisme, certains jours sont considérés comme particulièrement propices tel que le jour de la déesse Kannon, qui revient chaque dix-huit du mois. Depuis la période Muromachi (1336–1573), d’autres jours dits « de vertu » sont aussi officiellement observés. Prier dans un temple un de ces jours-là accorde davantage de bénédictions que les autres. Ainsi, le 10 juillet est réputé accorder l’équivalent de mille jours de prières. On appelle ce jour-là sennichi-mairi, ou « les mille visites ».
Mais au temple Sensô, ce même jour est appelé shiman-rokusen-nichi, ce qui signifie « quarante-six mille jours », car on considère qu’il procure l’équivalent de quarante-six mille journées de prière.
Autant dire que de nombreux gens du peuple cherchaient à être parmi les premiers à venir prier ce jour-là, si bien que les foules commençaient à se former dès la veille. Pour profiter de cet afflux massif de fidèles, de nombreux marchands organisaient alors foires et festivals. Même le temple Sensô s’y était mis, en lançant un marché aux lanternes de hôzuki[1], afin que les visiteurs puissent apprécier la promenade menant au pavillon principal tout en découvrant les boutiques alignées le long du chemin.
— …Et voilà, grossomodo ! Ça a l’air cool, non ? On n’a qu’à aller voir ce marché aux lanternes de nos propres yeux demain !
Par une étouffante journée d’été, Zenji fit irruption au Kihee, tout excité à l’idée du marché des lanternes. Né et grandi à Edo, il débordait de cette vivacité effrontée qu’on attribue volontiers aux gens d’ici.
— Tiens, c’est déjà cette période de l’année ? dit le patron avec un certain entrain.
C’était l’heure du déjeuner, et le restaurant comptait quelques clients. Du moins, si l’on considérait que quatre personnes, Jinya, Natsu, Zenji, et Naotsugu, désormais un habitué, suffisaient à faire « quelques clients ». En vérité, il n’y avait là que les visages familiers, et l’affaire n’était pas des plus florissantes.
Tous jetèrent à Zenji un regard mi-stupéfait, mi-résigné, alors qu’il venait de faire irruption comme une bourrasque vivante. Zenji, lui, semblait tout à fait satisfait d’avoir dit ce qu’il avait à dire.
— Tu n’as pas de travail ? osa demander Natsu.
— Là tout de suite ? J’ai dit à tout le monde que j’étais en pause déjeuner. Et si tu parles de demain, je compte bien demander congé à Jyuuzou-sama.
— Je n’y crois pas… soupira-t-elle en lui lançant un regard glacial.
Mais lui, tout sourire, semblait convaincu que tout allait très bien se passer.
Il agissait parfois à la légère, c’est vrai, mais Zenji travaillait chez Sugaya, et était même pressenti pour en devenir le gérant un jour. Et pourtant, voilà qu’il cherchait à esquiver le travail pour aller s’amuser… On imaginait sans peine les migraines de Jyuuzou.
— Voyons, Mlle Natsu, dit-il, c’est bien naturel de vouloir se détendre un peu quand un grand événement se prépare, non ?
— Ce serait tout de même dommage de ne pas en profiter, fit remarquer Ofuu.
— Exactement ! Toi, tu me comprends, Ofuu !
Porté par l’approbation d’Ofuu, Zenji se tourna alors vers Naotsugu, qui sirotait tranquillement son thé après le repas.
— Naotsugu, tu ne voudrais pas prendre un peu de repos toi aussi ?
Natsu l’interrompit sèchement :
— Hé, tu ne crois pas que tu es un peu trop familier avec Miura-sama ?
— Mais non, voyons, Naotsugu et moi, on est amis ! Pas besoin de faire des manières entre nous, déclara Zenji.
Naotsugu hocha la tête pour appuyer ses propos.
— Alors, qu’est-ce que tu en dis ?
Naotsugu baissa la tête avec une mine désolée.
— Malheureusement, je dois travailler au château demain.
— Ah, je vois… Dommage.
Naotsugu était un fonctionnaire chargé des documents administratifs pour le shogunat. Son emploi du temps ne lui laissait que peu de marge de manœuvre.
Zenji ne chercha pas à insister. Il se tourna plutôt vers Jinya. Que Naotsugu soit retenu se comprenait : il était un samouraï, lié par ses obligations. Mais Jinya, lui, était un rônin. Son travail n’avait rien de stable, et tant qu’aucune chasse aux démons ne lui avait été confiée, il n’avait rien à faire. Autrement dit, il n’avait aucune raison valable de refuser. Zenji se pencha très en avant.
— Et toi, Jinya ? T’es libre, pas vrai ? Tu viens, hein ? Dis que tu viens !
— Merci, mais je préfère décliner.
— Tu pourrais au moins y réfléchir un peu, non… ?
Voir Zenji si abattu lui fit un peu de peine, mais il n’en démordit pas : il devait refuser.
Jinya ne pouvait pas s’autoriser à profiter de la vie, du moins, pas pleinement. Il s’était un peu adouci par rapport à ce qu’il avait été, comme en témoignaient les moments où il buvait ou se laissait tenter par quelques mochis, mais il hésitait à franchir un pas de plus en s’abandonnant à de grandes festivités.
L’image de Shirayuki, la tête arrachée, restait gravée dans son esprit avec une netteté effrayante. Tant que cette vision le hantait, il ne pouvait se permettre de l’oublier dans les plaisirs.
— Tu devrais lui laisser une chance, Jinya-kun, dit Ofuu.
Elle eut un petit sourire, comme si elle avait deviné ce qu’il ressentait.
— C’est bien de se détendre de temps en temps. Tu as encore un long chemin devant toi, tu sais ?
C’était vrai. Un démon vivait longtemps. Le temps passé à un festival ne représenterait qu’un instant éphémère dans la grande marche de son existence. En quoi cela différait-il de boire un peu ou de manger des mochi ? Tout cela n’était qu’indulgences passagères. Cela ne changerait pas grand-chose. Les paroles d’Ofuu, lancées avec légèreté, contenaient en vérité un conseil affectueux et nécessaire.
— J’y vais, moi, dit Natsu. Et si tu viens toi aussi, Jinya, je t’offrirai des isobe mochi.
— Pourquoi des isobe mochi ? demanda Zenji.
— Sans raison spéciale.
Elle détourna la tête, tentant de cacher un sourire. Maintenant qu’il y pensait, Jinya n’avait confié qu’à Natsu qu’il aimait les isobe mochi. Les autres semblaient ignorer totalement cette préférence.
— Pourquoi ne pas y aller, Jin-dono ? Ils ont vraiment envie de t’avoir.
Il s’adressait à lui avec un ton un peu moins formel, peut-être parce qu’ils semblaient proches en âge. Ce sérieux personnage arborait même un sourire rare.
— Je ne pourrai pas y aller, mais amusez-vous un peu pour moi, je vous en prie.
Avant qu’il ne s’en rende compte, tous les regards étaient tournés vers lui. Pourtant, il ne se sentit pas mis au pied du mur. Il percevait leur bienveillance, mais sa réponse ne changerait pas pour autant.
— Merci de l’invitation. Mais malheureusement, j’ai déjà quelque chose de prévu pour demain.
Il serra légèrement le sabre à sa ceinture, et Natsu fronça les sourcils.
— Encore une chasse aux démons ?
Il acquiesça. Ce n’était pas un mensonge, mais ce n’était pas toute la vérité non plus. L’intervention devait avoir lieu de nuit. Il aurait donc eu le temps d’aller au festival durant la journée… mais il n’en avait tout simplement pas le cœur.
— Eh bien, tant pis, répondit Zenji. — Et toi, Ofuu ? Tu veux venir ?
— Eh bien…
Elle hésita. Elle semblait s’inquiéter de laisser le restaurant. Le patron afficha un large sourire et déclara toujours aussi gaiement :
— Ne t’en fais pas, vas-y et profite un peu.
— Et le restaurant, alors ?
— Ça ira. De toute façon, on n’a pas beaucoup de clients. Je m’en sortirai tout seul.
Les échanges continuèrent un moment, lui insistant pour qu’elle en profite, elle s’inquiétant toujours un peu. Finalement, elle céda.
— Une occasion pareille, ça ne se présente pas tous les jours, dit le patron. Allez, prends un peu l’air.
— …D’accord. Zenji-san, je vais me joindre à vous tous alors.
— Parfait, woo-hoo ! Désolé, Jinya, Naotsugu. Ce monsieur aura ces dames pour lui tout seul, demain !
Au final, seuls Zenji, Natsu et Ofuu devaient aller au marché aux lanternes. Les deux autres hommes, eux, se contentèrent de le regarder fanfaronner avec une expression mitigée, ne sachant trop comment réagir.
***
— Et au final, il n’a même pas pu avoir son jour de congé.
— Oh non…
Le jour J, seules deux jeunes filles se tenaient devant la porte Kaminarimon, l’entrée gigantesque du temple Sensô. Zenji était resté coincé chez Sugaya : sa demande de congé avait été refusée par Jyuuzou, qui lui avait rappelé que c’était la nature même du métier de marchand, travailler pendant que les autres s’amusent. Natsu, évidemment, s’y attendait depuis le début.
— Tu aurais vu sa tête… J’ai vraiment cru qu’il allait pleurer.
— Aha ha…
Ofuu esquissa un sourire en coin, imaginant sans peine Zenji, abattu.
— Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?
— Eh bien, puisque nous sommes là, autant aller y jeter un œil.
— Je suis d’accord. Juste nous deux, entre filles.
— Oui ! Qui a besoin de ces idiots de garçons, de toute façon ?
Toutes deux se couvrirent la bouche en riant. Elles étaient sorties s’amuser un peu avant le festival, juste toutes les deux. Ce retournement de situation n’était pas prévu, mais cela n’empêchait pas qu’il soit bienvenu.
— On y va alors ?
— Allons-y.
Les deux côtés du chemin allant de la porte Kaminarimon à la porte Houzoumon étaient bordés de stands vendant bricoles et friandises. On appelait cet endroit la rue commerçante Nakamise. Même sous le poids accablant du soleil d’été, l’endroit était tellement bondé qu’il était difficile de marcher. Les deux femmes se laissèrent emporter par l’ambiance festive, flânant et s’arrêtant de temps à autre pour acheter de quoi grignoter.
— C’est vraiment bondé, observa Natsu.
— Ça l’est, héhé ! On dirait qu’on fait quelque chose de mal, dit Ofuu.
Dans leurs mains, elles tenaient les manju qu’elles venaient d’acheter. Manger en se promenant était généralement considéré comme impoli, mais c’était aussi l’un des charmes des festivals.
— En quoi c’est mal ? Tout le monde fait ça pendant les festivals.
Elles croquèrent leur manju et échangèrent un sourire. Ensuite, elles se laissèrent emporter par la foule. Elles virent des stands vendant des lanternes de papier, des peignes, des gyôza et tant d’autres choses encore. Enfin, elles arrivèrent devant un grand temple laqué tout de vermillon, le temple Sensô.
Le temple Sensô était également connu sous son nom complet, Kinryuzan Sensô-ji, et son autre nom, Sensô Kannon. L’histoire du temple remontait loin, jusqu’à l’époque de l’impératrice Suiko (628 après J.-C.), lorsqu’un groupe de trois frères, en pêchant, tira une statue Kannon et l’installa dans un temple à toit de chaume. Aujourd’hui, c’était le temple officiel du clan Tokugawa et l’endroit le plus fréquenté de tout l’est du pays pendant les festivals.
— C’est bien l’été, hein… murmura Natsu en contemplant la multitude de lanternes rouges.
Plus loin dans l’enceinte du temple, elle aperçut les nombreux stands vendant les lanternes hexagonales, d’un rouge orangé, qui avaient donné leur nom au festival. À ce stade de la saison, elles ressemblaient plus à des fruits qu’à des fleurs. De cette manière, elles prenaient la forme d’une lanterne en papier et étaient plus reconnaissables qu’à l’état de fleur. Elles étaient incontournables en été, et la vue de ces lanternes balançant au gré de la brise fraîche était tout simplement charmante.
— Pourquoi appelle-t-on ces lanternes « hôzuki » ? demanda Natsu, curieuse, pensant qu’Ofuu, avec sa grande connaissance des fleurs, pourrait lui en dire plus.
— Personne ne sait vraiment pourquoi, mais il existe plusieurs théories. Certains disent que cela vient de la couleur rouge du fruit à l’intérieur, qui rappelle les joues qui s’empourprent (hôzuki), d’autres pensent que le nom pourrait être dérivé du mot hohotsuki, qui signifie « en feu », en raison de son apparence.
— Ah, je vois.
— Selon l’écriture, hôzuki peut même se lire comme lanterne démoniaque. Qui sait, peut-être que les démons l’utilisent la nuit.
— Ugh, s’il te plaît. Maintenant, j’ai plus du tout envie d’en acheter une.
Natsu n’avait pas les meilleurs souvenirs des démons. L’incident avec ce démon en décomposition n’avait pas été si terrible, puisqu’elle avait pu enfin s’accepter, mais repenser à cet événement lui laissait un goût amer.
— Tu n’aimes pas les démons ? demanda Ofuu.
— Est-ce que quelqu’un les aime ? rétorqua Natsu.
— Héhé, bon point.
Les démons et les humains ne pouvaient jamais s’entendre, cela allait sans dire. Ofuu sourit joyeusement, ses pensées intérieures étant impossibles à lire.
— Je les déteste peut-être un peu plus que les autres, en fait, puisque j’ai déjà été attaquée deux fois par des démons, dit Natsu. — Je suis sûre que je serais morte aujourd’hui sans lui.
— Tu veux dire Jinya ?
— Oui. Il y a environ quatre ans, il m’a protégée pendant deux nuits. J’étais une enfant à l’époque. Il ressemblait pour moi à l’un de ces maîtres de sabre des contes.
— Ah, comme Watanabe-no-Tsuna[2] ?
— Exactement comme Watanabe-no-Tsuna. Je n’arrivais pas à croire qu’un homme puisse couper le bras d’un démon comme si de rien n’était, mais Jinya l’a fait.
Elle se souvint de la manière dont il était apparu, si audacieusement, et avait dit sur un ton sarcastique : « Alors, combien voulez-vous me payer pour mes services ? »
En s’élançant face au démon. Il semblait tout droit sorti d’une pièce de théâtre kabuki. Elle le trouvait héroïque. Mais son immaturité l’empêchât de le dire.
— Tu l’aimes bien, hein ? dit Ofuu, sans la moindre moquerie.
— …Pas de cette manière, répondit Natsu, rougissant légèrement face au sérieux d’Ofuu. Elle marqua une pause, détourna lentement le regard.
— Ce n’est vraiment pas ça. Avant, je pensais qu’il était un genre de héros, un maître capable de tuer un démon d’un seul coup. Voilà tout.
Ses yeux se posèrent sur les lanternes. Peut-être à cause de son humeur morose, les bulbes rouges semblaient impuissants, suspendus dans la brise et se superposant aux lanternes.
— Il m’a dit un jour qu’il ne savait pas vraiment pourquoi il faisait ce travail ni ce que tout cela signifiait.
Elle se souvint des paroles qui avaient commencé à modifier l’image qu’elle avait de lui.
— À l’époque, j’avais pensé que c’était juste quelque chose qu’un héros de conte dirait… Mais il semblait tellement fragile alors, rien à voir avec l’image du maître de sabre que je me faisais. Quelqu’un que je voyais plus grand que nature semblait tout à coup si petit. Et pourtant, je n’ai pas ressenti de pitié, mais bien l’inverse. Mais ça m’a rendue heureuse.
— Heureuse ?
— Oui. Je me suis vue en lui. Je détestais la façon dont je fuyais ces parties de moi-même au lieu de les affronter, tout en exigeant l’amour des autres. Voir qu’il avait lui aussi ses propres démons m’a… soulagée.
Les sentiments qu’elle ressentait ne pouvaient pas être de l’amour. Ce n’était que la joie de pouvoir se vautrer dans une pitié partagée. Le réconfort qu’elle ressentait à ses côtés n’était qu’une forme de guérison mutuelle. Appeler cela de l’amour serait une erreur.
— Dire que je l’aime de cette manière serait irrespectueux pour tous les couples du monde… Oui. Désolée, ça a pris une tournure étrange.
— Non, c’est bon. Je suis d’accord avec toi. Vous êtes assez similaires, tous les deux.
— En quoi ?
— Vous essayez tellement de ne pas reconnaître vos propres sentiments.
Ofuu sourit doucement. Pour la première fois, Natsu y vit la tendresse d’une mère. Ofuu ne devait pas être beaucoup plus âgée qu’elle, et pourtant elle semblait très mature. Natsu se demanda ce qu’Ofuu pouvait bien ressentir à propos de Jinya. Curieuse, elle posa la question, hésitante.
— Hé, Ofuu-san…
Mais elle fut interrompue par une autre voix.
— Hé, Mamzelle, pourquoi n’pas jeter un œil à mes produits ?
Natsu sursauta, puis se tourna rapidement vers la voix. Juste à côté d’une rangée de lanternes suspendues, un homme était assis en tailleur sur un tapis, lui faisant signe de s’approcher. Devant lui, quelques petits objets étaient exposés. Un colporteur, pensa Natsu, profitant du marché des lanternes pour vendre ses articles. Il portait une robe en soie ample aux manches longues, un vêtement courant de la haute, mais il ne semblait pas être du genre à venir d’une famille de samouraïs. À part cela, c’était un choix vestimentaire étrange pour un marchand. Il lui manquait juste un grand chapeau noir et des couleurs un peu plus sobres pour ressembler à un prêtre shintoïste.
— Oh, Akitsu-san.
— Salut, Ofuu-chan.
— Qu’est-ce que tu fais ici aujourd’hui ?
— Ça s’voit non ? j’vends. N’hésite pas à acheter si ça te tente.
Il s’adressait à Ofuu sur un ton décontracté, comme à un enfant. Un peu prise au dépourvu, Natsu chuchota discrètement à Ofuu :
— Psst, mais qui est ce type ?
— Un habitué à qui on livre depuis l’année dernière. Il vient de Kyoto.
— Vraiment… Natsu se rappela vaguement que le patron du restaurant en avait parlé un jour. Elle observa de nouveau l’homme et aperçut un large sourire figé sur son visage. Impossible de lui faire confiance, peu importe à quel point cela pouvait la rendre impolie.
— J’m’appelle Akitsu Somegorou. Ravi de vous rencontrer, mamzelle, dit-il avec son accent prononcé.
— …Hmph. Voilà un nom bien trop digne.
Elle plissa les yeux d’un regard glacial.
Akitsu Somegorou était un artisan du métal bien connu dans les époques Meiwa à Kansei (1750-1800). Il fabriquait des peignes, des pièces d’épées et d’autres objets similaires, et ses techniques simples, mais détaillées de gravure en relief étaient toujours populaires aujourd’hui. Les peignes Somegorou étaient des articles précieux qu’on ne voyait même pas souvent chez Sugaya. Seul un véritable imbécile oserait s’attribuer son nom. Pour qui se prenait-il ?
— T’inquiète pas pour le nom. Viens plutôt j’ter un œil à mes produits.
Devant l’homme s’étendait toute une variété d’articles : des sculptures de netsuke[3], des épingles à cheveux, des peignes, des miroirs de poche, des poupées hariko[4] en papier mâché, des pipes, il avait de tout. C’était un assemblage éclectique de produits en bois et en métal, disposés sans logique apparente comme s’ils avaient été jetés là au hasard… Cependant, la qualité des objets semblait tout de même passable.
— Voyons voir… J’parie qu’une jeune fille d’ton âge pourrait être intéressée par quelque chose comme… ça.
Il survola ses marchandises avant de saisir une paire de coquilles de palourdes ornées de peintures laquées à l’intérieur.
— Ce sont des coquilles awasegai[5] ?
— Oh, je suis surprise que tu connaisses ça.
— Je suis la fille d’un marchand, alors je m’y connais un peu.
Sugaya se spécialisait dans les petits objets comme les peignes et les sculptures de netsuke, ainsi que les coquilles awasegai. Ses connaissances en artisanat étaient limitées, mais elle pouvait dire que ces coquilles étaient d’une excellente qualité. Les paysages printaniers identiques peints sur leurs bases noires de jais étaient d’une vivacité étonnante. C’était un vrai mystère qu’une telle œuvre d’art se retrouve ici, entre les mains d’un simple colporteur.
— C’est un peu vieux, mais c’est bien fait.
Il existait un ancien jeu noble de la période Heian (794-1185 après J.-C.) appelé kai-awase, qui consistait à comparer la beauté ou l’unicité de la couleur et de la forme des coquilles. Parfois, les joueurs composaient même des poèmes en utilisant la coquille comme motif dans le cadre de la compétition. De ce jeu, le kai-awase, était né un autre jeu appelé kai-ooi, qui utilisait des coquilles de palourdes coupées en deux, que les joueurs devaient assortir.
Les coquilles utilisées pour le kai-ooi étaient appelées coquilles awasegai. Vers le début de la période Edo, il était devenu courant de décorer l’intérieur des coquilles awasegai avec de la laque ou de la feuille d’or. Cela les éleva au-delà du simple rôle de pièces de jeu et leur donna une signification tout autre. Comme seules des coquilles provenant de la même palourde pouvaient s’emboîter parfaitement, elles en vinrent à être vues comme un symbole de liens conjugaux solides. Les familles nobles de la cour et les seigneurs féodaux les offraient dans les dotations de mariage, et même les roturiers offraient parfois une moitié de coquille à leur bien-aimée en demandant leur main. L’offrande d’une coquille était essentiellement un message, une promesse d’amour, comme ces coquilles s’unissent, toi et moi serons unis pour toujours.
Somegorou s’exprima alors :
— Une fille d’ton âge doit bien avoir un garçon en vue. Offre-lui ça, et tout sera réglé entre vous deux, c’est garanti.
— De quoi vous parlez ? Je n’ai personne comme ça… souffla Natsu.
Le sourire de l’homme resta large et constant. Ofuu eut un sourire espiègle.
— Ne l’écoute pas. Elle en a un, mais elle est trop timide pour l’admettre.
— Quoi… Ofuu-san ?!
— Aha ha ha, comme c’est mignon. Dans ce cas, pourquoi n’pas acheter celui-ci plutôt ?
Il attrapa une sculpture en bois de netsuke représentant un moineau dodu.
— Voilà un netsuke de moineau porte-bonheur, aussi mignon qu’toi, j’parie. Je l’ai fait moi-même.
Un moineau porte-bonheur désignait un moineau bien nourri ou un moineau aux plumes gonflées pour se protéger du froid. Ce charme en faisait un motif populaire pour les sculptures de netsuke.
— Il est mignon… répondit Natsu. Mais je vais décliner, Somegorou.
— Aïe. Bon, d’accord, Outre la qualité, j’pense vraiment que c’est l’objet parfait pour toi.
Voyant la confusion sur son visage, il expliqua :
— Bon, alors, en Chine, ils croient que les moineaux se transforment en coquille, t’sais ?
— Hein ? Vraiment ?
— Eh bien, maintenant c’est juste une superstition, mais l’idée que les moineaux se transforment en coquilles existe. Les gens ont probablement vu les moineaux partir à la fin de l’automne et ont inventé toute une histoire à ce sujet.
— D’accord, et alors ?
— Eh bien… Vu que les coquilles de palourdes c’est encore trop pour toi, peut-être que tu devrais prendre un moineau à la place.
— Pourquoi, je devrais faire ça… ?
On aurait dit qu’il la taquinait pour voir si ses sentiments étaient de l’amour ou non, exactement comme un enfant pourrait le faire. Elle lui lança un regard noir, mais son sourire, toujours aussi suspect, ne faiblit pas.
— Non, non, j’me moque pas. J’pense vraiment qu’un moineau, qui fait de son mieux pour supporter le froid, est parfait pour toi.
Il soupira avec un sourire chaleureux éclairant son visage.
— Les cœurs changent, mamzelle. Ce serait bien que tes sentiments puissent un jour devenir une coquille de palourde[6]. Que les sentiments cachés sous les ailes de ce moineau porte-bonheur deviennent un jour une coquille de palourde que tu pourras partager sans peine.
Ses mots la laissèrent un instant sous le choc. Le fait qu’elle réagisse la contraria, comme si elle avait été vaincue. Elle lui répondit tout de même.
— …Vous êtes complètement à côté de la plaque, mais je vais acheter votre moineau. Il est mignon, je suppose.
— Ça fera quatre-vingt-dix, non, quatre-vingt mon pour toi.
— …Je vais payer, mais c’est un peu cher.
— Un homme doit bien vivre, non ?
Bien que cher, c’était un prix qu’elle était prête à payer. Ses paroles l’avaient agacée, mais elles n’étaient pas non plus si désagréables. Avec une légère moue, elle remit la somme exacte en pièces.
— Ce fut un plaisir d’faire affaire avec toi.
— Pareillement.
La sculpture de netsuke porte-bonheur en forme de moineau tenait parfaitement dans sa main.
Elle la serra, sentant la chaleur du bois, et se demanda : Quand la saison viendra, mes sentiments changeront-ils de forme comme ce moineau ?
Que suis-je en train de penser, se dit-elle en baissant la tête, gênée. Ces pensées indésirables étaient sûrement de la faute de cet homme exaspérant.
— Attends un peu, mamzelle. Prends ça aussi, en cadeau.
— Hein ? Oh, non, ce n’est pas nécessaire.
— C’est rien, c’est rien.
Il la força un peu à prendre une épingle à cheveux en métal de ses mains. C’était une pièce simple, mais élégante, représentant un petit oiseau coucou. Elle l’accepta à contrecœur, puis la contempla.
— C’est une véritable épingle Somegorou ?
Elle était surprise de voir que l’homme possédait un véritable objet, fait par le fameux Akitsu Somegorou. Ce n’était pas le genre d’objet qu’on offre comme ça, pour rien.
— J’en ai quelques autres, t’inquiète pas. Autant la prendre. J’vais de toute façon la jeter si tu ne la veux pas.
— Vous allez quoi ?
— La jeter, je t’ai dit.
Il mentait manifestement. Les œuvres de Somegorou étaient populaires et pouvaient se vendre à un prix considérable partout. Il devait être vraiment étrange s’il avait l’intention de la jeter. Natsu hésita à accepter un tel objet gratuitement. Mais l’homme, tout sourire, ajouta :
— Ah, mais pas de retour, hein ! J’suis clair ?
Il était difficile de refuser quand il insistait autant.
— D’accord, je la prends, mais… vous en êtes vraiment sûr ?
— Oui, absolument. J’pense que cette épingle serait heureuse avec toi.
L’homme parlait de l’objet comme s’il était vivant.
C’était étrange, mais Natsu se dit qu’il devait simplement être quelqu’un qui respectait beaucoup les objets. Son image de lui changea un peu, et elle baissa les yeux vers l’épingle. C’était une belle pièce, fine et élégante.
— Et toi, Ofuu-chan ? T’vois quelque chose qui te plaît ?
— Je passe mon tour, merci.
— Oh ? Tes cordons de bourse sont étonnamment serrés, hein ?
Il feignit la déception. Puis ils éclatèrent de rire devant sa pitrerie. Quel étrange colporteur…
Natsu n’arrivait pas à percer à jour cet homme. Pourtant, se laisser porter par l’ambiance et discuter avec des marchands ou des colporteurs était tout à fait dans l’esprit d’un marché.
Elle était de bonne humeur, d’autant plus qu’elle était repartie avec quelques jolis objets.
— Merci, Monsieur. On y va, Ofuu-san ?
— Allons-y. Porte-toi bien, Akitsu-san.
— Ça marche. Profitez bien du festival à fond.
Ainsi, les deux filles retournèrent à leurs flâneries.
Le ciel bleu et les rayons brûlants éblouissaient leurs yeux, et sous la chaleur accablante, les lanternes se balançaient doucement.
***
Asakusa était le quartier commerçant le plus animé d’Edo, ainsi que l’emplacement du plus grand entrepôt à riz du shogunat, Asakusa Okura. Cependant, cet entrepôt n’était pas un simple dépôt ordinaire. Le riz qui y était stocké provenait des impôts collectés auprès des citoyens et servait à payer les salaires des vassaux du shogunat.
Vu son importance, de nombreux fonctionnaires avaient des résidences près de cet entrepôt, voire sur ses lieux mêmes.
Le quartier à l’ouest d’Asakusa Okura commença à être connu sous le nom de Kuramae au milieu de la période Edo, et de nombreux marchands de riz y ouvrirent boutique. Jinya se trouvait dans le coin, rendant une visite nocturne à un magasin de saké appelé Mizukiya, situé à quelques pas seulement des marchands de riz. C’était un grand magasin, avec deux entrepôts entiers à l’arrière.
Il entra dans l’un des entrepôts et dégaina lentement son sabre. L’intérieur était poussiéreux et spacieux, puisque le riz avait été évacué. Il y avait suffisamment de place pour se mouvoir si nécessaire.
Il entendit un râle résonner, un démon se cachait là-dedans.
— Quel est ton nom ? demanda Jinya.
Il ne savait pas quelles circonstances avaient amené ce démon dans ce monde, mais il était là, quoi qu’il en soit. Peau pâle, yeux rouges, une expression de ressentiment, il possédait toutes les caractéristiques d’un démon. Il ne mesurait cependant que la moitié de la taille de Jinya, et avait l’apparence d’un jeune enfant.
— …Kikuo.
Jinya grava le nom dans sa mémoire. Il en éprouva un peu de pitié, mais rien de plus. Sa lame ne faillirait pas simplement parce que le démon était une femme ou un enfant.
D’un coup précis, tout fut réglé net. Une vapeur blanche s’éleva, et il ne resta plus rien.
Un léger pincement de remords se fit sentir, mais il s’efforça de l’ignorer.
— Vous êtes un sauveur ! Enfin, je vais pouvoir dormir en paix la nuit. Merci beaucoup !
— Ce n’est rien.
Le propriétaire du Mizukiya exagéra l’exploit de Jinya, mais le démon n’avait vraiment été que de la plus faible espèce. En vérité, les remerciements aussi appuyés mettaient Jinya mal à l’aise. Le démon n’avait rien fait de mal, à part être dans l’entrepôt. Quel genre de scélérat gagnait sa vie à tuer de telles créatures sans défense ? Il ne laissait rien paraître, mais Jinya se méprisait intérieurement.
— Voici le paiement, comme convenu.
Jinya vérifia le contenu du paquet de tissu qu’on lui avait remis.
À l’intérieur se trouvaient deux ryo, soit 8000 mon ! C’était un paiement très généreux, peut-être que le grand magasin se portait bien.
— Merci.
— Ah, et si vous preniez aussi l’une de nos belles bouteilles ? Nous avons un produit vraiment de qualité qui n’est même pas encore en rayon.
— Non merci. Vous m’avez déjà donné largement ce qu’il fallait.
— Comme vous voudrez.
L’homme faisait preuve d’une grande générosité, mais Jinya ne pouvait vraiment pas accepter davantage. Il refusa poliment.
— Je vous laisse
— Merci encore pour votre aide ! Je compterai sur vous si jamais la situation se reproduit !
Le client avait payé très généreusement, mais pour une raison quelconque, Jinya n’arrivait pas à se défaire de l’idée qu’il ne voudrait plus jamais travailler pour lui.
— Ah, te voilà, rônin. Tu m’as fait attendre.
Il sortit dans une nuit éclairée par rien d’autre que les étoiles au-dessus. Une femme l’accueillit. Elle était mince, vêtue de manière négligée, et sa peau était d’une pâleur maladive. Chacun de ses mouvements portait une certaine allure lasse, et le sourire qu’elle lui offrit était espiègle. C’était la fille des bas-fonds qu’il avait rencontrée il n’y a pas si longtemps.
— Je suis content de te voir en un seul morceau, dit-elle.
— Tu t’inquiétais pour moi ?
— Bien sûr. Ça me hanterait si tu mourais à cause des informations que je t’ai données.
Jinya faisait occasionnellement appel à elle pour récolter des informations. Elle avait accès au réseau des filles des bas-fonds et à tous les murmures qu’elles entendaient collectivement de leurs clients, des informations que Jinya ne pouvait pas obtenir aussi facilement. En paiement pour ce service précieux, il lui donnait un ryo (4000 mon).
— Tu es sûr ? Ce n’est pas de la petite monnaie, tu sais.
— Ça ira.
— …Quel regard tu as là. Je suppose que ce n’est pas par pitié pour une fille des bas-fonds comme moi ? dit-elle, curieuse.
L’argent qu’il avait reçu pour ce travail lui semblait mal à l’aise à garder, aussi il n’éprouvait aucun regret à en donner la moitié. Comme si elle avait perçu cela, elle rangea l’argent sans protester. C’était ce qu’il préférait. Honnêtement, être remercié par elle le perturbait. La fille des bas-fonds comprenait bien ses mécanismes intérieurs, probablement à cause de son métier. Elle faisait partie des rares personnes à pouvoir lire en lui.
— Il s’est passé quelque chose, je suppose ?
— Ce n’est rien qui vaille la peine d’être mentionné. J’ai simplement tué quelque chose que j’aurais préféré ne pas tuer.
— Et tu ne t’es pas senti capable de l’épargner ?
Il fronça les sourcils et la regarda du coin de l’œil. Elle arborait un sourire malsain.
— Hee hee. T’es vraiment trop facile à comprendre…
Elle semblait le percer à jour, mais après tout, cela ne le dérangeait pas. C’était une femme étrange, très étrange, mais il pouvait baisser sa garde avec elle, tout comme il le faisait avec Ofuu et les autres.
— Pourquoi ne pas prendre une compagne pour la nuit, histoire de remonter ton moral ? proposa-t-elle.
— Je crains que je doive décliner.
— Ah, quel dommage. Peut-être une prochaine fois alors.
Aussi indifférente que d’habitude, elle tourna lentement sur elle-même d’un mouvement gracieux et s’apprêta à partir. Quelques pas plus tard, elle s’arrêta et, sans se retourner, ajouta :
— Ah, au fait. On parle d’un homme qui chasse les démons en ce moment. Pas toi, mais un onmyôji[7] qui utilise des familiers.
— Un exorciste…
— Apparemment, il utilise un chien et un oiseau comme familiers pour ses combats. Bien sûr, cette info provient de commérages, alors je ne peux pas garantir sa véracité.
Elle ajouta cela, mais ne l’aurait probablement pas mentionné si elle pensait qu’il s’agissait d’une simple rumeur. Peut-être ayant remarqué que Jinya prenait ses informations au sérieux, elle sourit joyeusement.
— À la prochaine alors, rônin. Et bonne chance avec ton nouveau rival.
Et sur ces mots, elle s’évanouit dans la nuit.
Un homme qui chasse les démons… Jinya réfléchit à ses paroles, puis se dirigea vers chez lui.
La nuit d’été était humide, et l’air moite collait désagréablement à sa peau.
***
Le lendemain, c’était le 10 juillet. Un jour de vertu. Cependant, Jinya ne se rendait pas au temple Sensô, mais plutôt à sa destination habituelle, le Kihee. Il avait gagné une somme décente la veille au soir, mais il se sentait mal. Il espérait que manger un peu de soba allégerait son esprit. Cependant, à peine passa-t-il sous les rideaux d’entrée qu’il fut accueilli par les appels inquiets d’Ofuu et du propriétaire du restaurant.
— Oh, Jinya-kun !
— Jinya-kun, aide-nous ! Il y a quelque chose qui ne va pas avec Natsu-san !
— Que se passe-t-il ?
Jinya se précipita rapidement vers eux. Natsu semblait être assise normalement. La seule différence était l’épingle à cheveux qu’elle portait. Ne comprenant pas pourquoi ils étaient si inquiets, il l’appela.
— Natsu ?
Elle tourna les yeux vers lui, et là, il remarqua qu’il y avait quelque chose qui clochait. Ses yeux étaient dans le vague, et son visage, rougi, comme fiévreux.
— Que se passe-t-il ?
Il s’avança pour la toucher, et elle tendit aussi la main. Il était confus lorsqu’elle saisit sa main et en caressa la surface avec son pouce.
Le propriétaire du restaurant et Ofuu écarquillèrent les yeux, à s’en décrocher la mâchoire. Jinya était tout aussi surpris, mais il était trop stupéfait pour réagir.
Il n’arrivait vraiment pas à comprendre ce qui venait de se passer.
Profitant de son immobilité, Natsu se blottit contre lui avec un regard troublé. D’une voix familière, mais étrangère, elle dit :
— Ah, combien tu m’as manqué, mon frère…
À cet instant, Jinya commença à se sentir faiblir.
[1] Des marchés dédiés à la vente de hôzuki sont organisés chaque été au Japon, notamment à Tokyo. Le plus célèbre est celui du temple Sensô-ji à Asakusa, qui se tient les 9 et 10 juillet. Pendant cet événement, environ 100 stands vendent des plants de hôzuki ainsi que des clochettes à vent, créant une atmosphère festive et colorée.
[2] Watanabe no Tsuna (渡辺 綱, 953-1025) est un samouraïs japonais, obligé de Minamoto no Yorimitsu (aussi connu sous le nom Raikô), un des plus anciens samouraïs réputé pour ses exploits militaires.
[3] Petits objets sculptés, souvent en bois ou en ivoire, servant autrefois de fermoirs décoratifs pour les bourses accrochées à la ceinture des kimonos.
[4] Petites figurines japonaises en papier mâché, souvent peintes à la main, représentant des animaux ou des personnages porte-bonheur.
[5] Les coquilles awasegai sont des objets d’art et de jeu traditionnels japonais, consistant en des paires de coquilles de palourdes finement décorées, utilisées dans le jeu de kai-awase.
[6] Selon une ancienne croyance chinoise, les moineaux, symboles d’un amour vif, naïf et insouciant, se transforment en palourdes à l’automne, incarnant alors un lien plus profond, stable et conjugal. Ce passage de l’oiseau à la coquille évoque le cheminement d’un sentiment naissant vers une union véritable.
[7] Prêtre ou magicien japonais issu de l’onmyôdô, un art ésotérique basé sur le yin-yang et les cinq éléments. Il pratique la divination, les rituels de protection, et commande des esprits familiers (shikigami). Figure très spécifique de la culture japonaise médiévale.