REIGN OF V4 : PROLOGUE

Prologue

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Traduction : Raitei
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Je suis Esmeralda, votre directrice. Savez-vous combien d’élèves sont morts l’année dernière ?

Son ton glacial résonna dans les oreilles de tous les nouveaux élèves de l’auditorium. La sorcière de Kimberly les regarda fixement depuis l’estrade, enfonçant ses griffes dans leur cœur avec une nouvelle déclaration :

  • Seize. C’est relativement peu. Bien que beaucoup d’autres l’ont frôlé.

Il y eut un bruit de déglutition généralisé à cause de l’angoisse. Pour les jeunes mages fraîchement intégrés, il s’agissait d’un nombre très précis. De quoi faire trembler même ceux qui étaient conscients des dangers qui les guettaient.

  • …Oh-ho, c’est donc comme ça qu’elle fait peur chaque année ?
  • Guy, chut !

La voix de la sorcière, dénuée de toute chaleur, ainsi que les halètements et les mouvements agités de son auditoire terrifié, furent les seules informations qui parvinrent au seul groupe qui attendait en contrebas. Mais c’était suffisant pour qu’ils sachent que cette nouvelle promotion d’étudiants ressemblait à ce qu’ils étaient eux-mêmes un an plus tôt.

  • Je ne sais pas si le nombre de cette année sera plus ou moins élevé, poursuivit la directrice. ——, Mais je peux vous dire que je ne souhaite pas que les choses se terminent sans incident. Bien au contraire. Peu m’importe le sang versé et peu importe le nombre de cadavres, si les résultats l’emportent sur les sacrifices, qu’il en soit ainsi.

C’est ainsi que le groupe découvrit la véritable nature de cette école. Leur impatience avait été arrachée par les racines, remplacée par une envie croissante de fuir tant qu’ils le pouvaient encore.

Ce fut la première dose de dure réalité que reçurent tous les étudiants de première année, et le premier pas que firent les étudiants de Kimberly pour survivre dans ce campus démoniaque.

  • Plusieurs des pertes subies l’année dernière ne furent pas vaines. C’était des étudiants de valeur alors les résultats étaient là.
  • ….

Oliver grimaça, conscient des deux élèves dont elle parlait. Ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait accepter. Jamais il ne pouvait appeler leurs derniers moments des « résultats ».

  • Vous tous, que deviendrez-vous ? Allez-vous périr en produisant des résultats ou mourir tels des chiens ? Ou comptez-vous mener une vie frivole en me décevant au-delà de toute mesure ? demanda la directrice à la foule. —— Le choix vous appartient. Cette institution offre la liberté. Vos résultats sont de votre responsabilité. Ceux qui peaufinent leur art se verront mis à l’épreuve. Ceux qui négligent leurs études seront jugés. Ainsi, si vous vous considérez dans cette dernière catégorie, je vous invite à partir. La porte est là-bas.

Le discours impitoyable de la sorcière était peut-être une façon d’exprimer sa gentillesse. Partir était une option. Et si notre vie comptait, cette option était sans aucun doute la meilleure. Personne n’avait remis cela en question. Mais cette année, une fois de plus, personne ne prit la fuite. La bleusaille avait tenu bon face à ce discours cru, réprimant ses frissons. Leur volonté avait triomphé de leurs peurs. Ou peut-être étaient-ils pris au piège par leur rapport à la magie.

  • Vous restez ? Alors pour l’instant, nous vous souhaitons la bienvenue.

Sur ce, la directrice sortit sa baguette blanche et prononça une courte incantation. Instantanément, le sol de l’auditorium tout entier s’évanouit dans les airs, ne laissant rien sous les pieds des nouveaux.

  • Aughhhhhhhhhhhhhhhhh ?!

Les mâchoires de l’enfer s’ouvrirent et les élèves y plongèrent la tête la première dans les profondeurs. Cependant, un instant plus tard, des chaises les attrapèrent délicatement. En clignant des yeux, ils se retrouvèrent entourés de tables chargées de nourriture, parmi lesquelles se trouvaient des élèves d‘année supérieure qui les accueillaient avec le sourire.

  • Bienvenue à Kimberly. Oubliez tout ce que vous venez d’entendre, dit Oliver.

Il s’installa à la table la plus proche et commença à servir les boissons. À la table voisine, Katie s‘exclama :

  • Ne vous laissez pas abattre ! Les aînés sont là pour vous !
  • Certains d’entre nous sont plutôt méchants, mais bon, mangez.

Celui qui avait dit ça, remplissait des assiettes de nourriture et les distribuait. À une autre table, une jeune fille avec des boucles anglaises se montra rassurante.

  • Nous connaissons bien cette noirceur, mais vous n’êtes pas seuls. Vous trouverez des amis que ce soit au sein des ainés ou dans votre promo.
  • Elle a raison, marmonna Pete en remplissant les verres des petits nouveaux.

Au-dessus de sa tête, les élèves qui faisaient du balai passaient en laissant des traînées d’or dans leur sillage. La foule regarda vers le haut, les yeux écarquillés.

  • Trouvez des camarades dignes de ce nom ! lança une chevaucheuse aziane à travers l’auditorium. —— Votre séjour sera ainsi des plus agréables !

Entre-temps, l’ambiance changea du tout au tout. La peur avait disparu des visages de la nouvelle génération. Leur teint s’était bien ravivé.

  • L’heure est aux festivités, décréta la directrice. —— Mangez, buvez et amusez-vous comme vous l’entendez.

Le niveau sonore augmenta rapidement. N’ayant plus l’impression d’avoir un couteau sous la gorge, les nouveaux venus commencèrent à se lâcher.

  • Aughhhhh, c’est terrifiant !
  • Ne tombe pas dans le piège ! C’était juste pour nous faire flipper ! Moi je suis resté de marbre.

Devant un garçon qui tremblait, son ami s’obstinait à nier tout ce que la directrice avait dit. Il avait les bras fermement croisés, les gardant immobiles, mais cela ne cachait pas ses yeux humides. Une fille aux cheveux bouclés aperçut la chose et s’empressa de leur apporter une boisson.

  • Voilà, voilà. C’était effrayant, mais tout va bien maintenant. Prenez tous les deux du jus de raisin blanc.
  • J’ai dit que je n’ai pas eu peur !
  • Snif. Urgh… Wow, merci…

La douce voix de Katie et le doux nectar de Cluricaune1 les apaisèrent. Des scènes similaires se déroulaient autour de ces tables du grand auditorium.

  • Yo, toi aussi tu viens d’une ferme magique ? demanda Guy à un élève de première année. —— Il n’y a qu’un ouvrier agricole pour avoir une telle carrure.
  • Euh, oui… Où se trouve la tienne ?
  • À l’intérieur des terres, à l’est. Si tu es dans le domaine, j’imagine que la

1 Esprit du folklore irlandais. Il est affilié aux riches leprechauns et se spécialise dans la fausse monnaie.

famille Greenwood t’évoque quelque chose ?

  • …La deuxième place au concours de tomate il y a trois ans ?
  • Bon sang, tu te souviens de ça ? C’est le hobby de ma mère. Elle m’oblige à l’aider pour ça, c‘est une vraie plaie. Si elles ont bon goût, qui se soucie de leur apparence ?

Même les timides s‘exprimaient lorsque Guy trouvait un point commun avec eux. Oliver jeta un coup d’œil à ses amis, impressionné, puis tourna les yeux ailleurs.

  • Je ne sais pas si je peux m’en sortir ici… Je viens d’une famille de non- mages…
  • Ne t‘inquiète pas, moi aussi, dit Pete. —— Cela peut être brutal au début, mais il y a des gens en qui tu peux avoir confiance. Si tu as peur, viens me voir. Mes amis t’aideront aussi.
  • Vraiment… ?

Pete n’avait jamais été très sociable, mais il faisait de son mieux pour s’occuper des nouveaux. Oliver ne put s’empêcher de sourire. Pete savait mieux que quiconque à quel point cet endroit était effrayant pour ceux qui avaient un background ordinaire. Il pouvait s’occuper d’eux.

  • Les toilettes sont par là. Venez ! Nous serons vos guides !
  • On ne peut pas profiter d’une fête si l’on se retient ! Il ne faut pas avoir honte de l’appel de la nature !

Oliver se retourna pour trouver Nanao et Chela en train d’aider, escortant un certain nombre de nouveaux hors de l’auditorium. Chela avait toujours été comme ça, mais Nanao s’amusait visiblement avec ce nouveau rôle d‘ainé. Cela faisait un an depuis son arrivée ici. Elle avait bien changé.

  • Calmez-vous, les nuls, grogna quelqu’un de familier derrière Oliver. Il tressaillit, se tournant vers la voix et découvrit un grand gaillard arrogant qui dirigeait un certain nombre de nouveaux.
  • Albright… Qui sont toutes ces personnes ?
  • Ils ont perdu leurs amis lors de l’effondrement du sol. On s’est dit que si on regroupait tous les paumés, ils seraient plus faciles à retrouver.
  • …C’est gentil de ta part.
  • Il suffit de ne pas surveiller une seule seconde un lambda pour que celui-ci soit en perdition. Il fallait le faire.

Il fit mine d’être agacé, mais cela était naturel pour lui. Après ce bref échange, Albright quitta l’auditorium avec son groupe. Oliver fut stupéfait. Il ne s’attendait pas à ce qu’Albright s’occupe de qui que ce soit. Mais alors qu’il regardait ailleurs, une nouvelle, presque dans son angle mort, se heurta à une soupière.

  • Attention !

Oliver était déjà en train de bouger. Il se glissa entre la soupière à bascule et la jeune fille, utilisant sa robe pour la protéger des éclaboussures brûlantes. Il dégaina sa baguette blanche, mais avant qu’il ne puisse incanter un sort, la soupière se stabilisa. « Merci », dit une voix douce dans ses bras. Il baissa les yeux et perdit les mots en la regardant.

  • Tu…!
  • Tu m‘as sauvée. La directrice était si, si effrayante… ! S’il te plaît, ne me lâche pas !

La jeune fille l’entoura de ses bras, la voix tremblante. Elle était petite de taille même pour une nouvelle. Son uniforme ne la changeait pas tant que ça.

  • Que fais-tu, miss Carste ?

Ne sachant cacher son malaise, il s’exprima par le biais d‘une fréquence de mana cryptée. La fille dans ses bras était l’une de ses vassales, une espionne qualifiée du nom de Teresa Carste. Elle répondit avec son ton habituel.

  • J’ai ressenti le besoin d’établir une relation de couverture, monseigneur. Je vous suivrai partout comme un chiot, alors je vous prie de jouer le jeu.
  • Tu ne pouvais pas trouver quelque chose de moins perturbant ?
  • Personne ne voit les choses ainsi. Pas même vos amis.

Elle jeta un coup d’œil sur le côté, et Oliver suivit son regard. Il découvrit Katie et Guy, partageant une table non loin de là.

  • Oh ? Tu as une petite nouvelle avec toi aussi, Oliver ? Venez !
  • Faut qu’on leur apprenne plein de choses à ces nouvelles têtes !

Ils firent tous les deux signe. Teresa parvint à communiquer un sourire en coin à travers la microfréquence de mana.

  • Deux amis très naïfs, mais fort bien sympathiques.
  • Je n’apprécie pas ce sarcasme. Ne me fais pas répéter la chose.
  • Je vous prie de m’excuser. Mais ces amis sont bien votre couverture ?

Alors qu’ils se dirigeaient vers le groupe, Oliver laissa la question sans réponse. Après une longue pause, il réussit à trouver les mots.

  • …Je n’ai jamais été capable de faire la part des choses.

Il resta honnête ce qui lui valut un silence lourd de Teresa. La situation resta tendue tandis qu’ils arrivaient devant les autres, mais personne ne se douta de quelque chose. Katie avait même déjà commencé à bavarder.

  • Venez donc ! Mieux vaut tard que jamais pour faire les présentations.

Je suis Katie Aalto, en deuxième année. Quels sont vos noms ?

Il y eut un silence de gêne, chacun se demandant qui parlerait en premier. L’un des garçons s’avança, dissipant le malaise ambiant.

  • …Dean Travers ! Ravi de vous rencontrer.
    • Oh, euh… Peter Cornish. Dean et moi avons grandi ensemble.
    • Rita Appleton. Hum, et tu… ?

Dean avait rendu les choses plus faciles pour les autres. Peter semblait doux et Rita aussi grande que timide. Elle regardait Teresa de l’autre côté de la table avec une curiosité évidente. Elle ne parvint pas à terminer sa question, mais obtint tout de même une réponse.

  • Je m’appelle Teresa Carste. Je suis ravie de vous rencontrer. C’est un soulagement de voir des visages si amicaux pour mon premier jour.
  • Bon sang, tu es une vraie crevette ! On ne te nourrit pas à la maison ?
  • Guy ! Ne sois pas grossier !

Katie lui donna une gifle sur la tête. Oliver jeta un coup d’œil vers le bas et découvrit un grand sourire amical sur le visage de Teresa. Sa couverture.

  • Aucun problème. Tu es très grand, répondit Teresa à Guy. —— Et… toi aussi, miss Appleton. Je pensais que tu étais en deuxième année.
  • Erk… On me le dit souvent. J’ai grandi comme ça d’un coup.

Cela toucha Rita dans le mille au vu de sa mine boudeuse. Guy fut perplexe.

  • Comment une telle taille serait mauvaise ? Plus les légumes sont grands, mieux c’est.
  • Mais si les légumes deviennent trop gros, ils sont jetés avant même d’être commercialisés…
    • Chez les trolls plus il est grand et plus son taux de survie est élevé !
    • Whoa, Katie ! Interrompit Oliver —— Je sais que tu voulais être gentille,

mais quand même !

De l’autre côté de la table, les deux garçons que Katie avait emmenés, Dean et Peter, avaient du mal à s’immiscer dans la conversation.

  • Ce sont deux filles… Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir leur dire ?
    • Ne te dégonfle pas ! Agis de façon naturelle ! Comme moi !

Pour Dean, agir de façon naturelle signifiait se goinfrer. Mais Katie avait quelque chose à dire à ce sujet.

  • Tu as de la crème à tarte sur la joue. Ne bouge pas, je vais l’enlever.
    • Erk !

Dean devint rouge vif, mais n’essaya de résister aux quelques coups de mouchoir de Katie, ce qui fit glousser Oliver. Dean essayait de jouer le jeu, mais il n’avait manifestement pas la force de repousser un geste aimable. Cela le rendait beaucoup plus accessible que Pete ne l’avait été l’année dernière à la même époque.

Oliver regarda autour de lui. Les étudiants de première année étaient tous installés à une table ou à une autre, et la fête de bienvenue battait son plein. Mais la bonne humeur qui régnait était comme un mauvais miroir tendu à l’encontre de la scène qui se déroulait dans son esprit.

…..

  • Carlos… !
    • Sniff…
    • …Non… !

La luminosité de la salle était faible, comme si l’on ne voulait pas réveiller les morts de leur sommeil. Les étudiants traversaient l’espace sombre, les personnes en deuil étouffant leurs sanglots et murmurant les noms des défunts. Alors que de nombreux élèves ajustaient leur uniforme, aujourd’hui, presque tout le monde le portait, peut-être pour éviter une tenue de deuil. C’était une coutume que personne ne mentionnait à voix haute, mais que tous suivaient instinctivement. C’était la façon dont les mages traitaient la mort. Cela faisait partie d’eux.

  • Whitrow était très aimé, déclara Chela. —— Il suffit de voir le monde.
    • Oui…

Oliver ne put offrir qu’un seul mot ainsi qu‘un hochement de tête silencieux. Les six amis étaient regroupés à l’arrière, observant leur première procession funéraire à Kimberly. Contrairement a monde non magique, les funérailles des mages n’étaient pas accompagnées d’écritures ou d’homélies. Leurs vies étaient trop teintées de ténèbres pour qu’ils puissent espérer quelque chose d’aussi grandiose qu’un repos paisible ou le salut d’une âme. Alors que les funérailles touchaient à leur fin, le dernier cortège d’étudiants quitta la salle. Ceux qui restaient étaient des amis et des proches, tous aux prises avec un chagrin inexprimable. Oliver et son groupe décidèrent de se joindre à eux pour leur rendre hommage.

  • …Vous êtes venus, dit quelqu’un.

Le groupe se redressa et se tourna vers l’orateur. Ils avaient déjà rencontré ce jeune homme, mais ses joues semblaient creuses.

  • Président Godfrey.
  • Ces formalités ne sont pas nécessaires. Les funérailles de fin d‘année sont un rituel annuel. Elles n’auraient sûrement pas eu lieu si tout le monde avait survécu cette année, mais en cinq ans de cursus, il y a toujours eu des funérailles. Et j’imagine qu’il en est ainsi depuis la fondation de cette école.

Le regard de Godfrey se tourna vers l’autel. Seize cercueils étaient alignés, mais moins de la moitié d’entre eux contenaient des restes. Lorsqu’il n’y avait plus rien à récupérer du défunt, on y plaçait ses effets personnels. Parmi eux, les deux dont Oliver et ses amis avaient assisté aux derniers instants.

  • Chaque fois, j’ai vécu la perte d’un ami, poursuivit Godfrey. —— Pourtant… cette année m’a vraiment ébranlé au plus profond de mon être.
  • …Je peux imaginer, dit Oliver, parlant au nom de tous.

Il se sentait honteux de n’avoir rien pu faire de plus.

  • Merci, répondit Godfrey, le sourire éteint. ——, Mais il y a un point positif. Je suis heureux que Carlos soit arrivé à temps pour être avec elle. Et que vous ayez tous survécu.

Il donna une tape sur l’épaule d’Oliver, puis se dirigea vers une autre personne en deuil. Alors qu’ils le regardèrent partir, une nouvelle voix s’éleva à l’arrière :

  • Mon Dieu, c’est toujours aussi lugubre. Je peux à peine respirer.
    • …Miss Miligan.

Ils se retournèrent pour découvrir la sorcière à l’oeil de serpent qui se tenait là. Elle avait été gravement blessée lors du combat avec Ophélia, mais son traitement s’était bien déroulé. Elle était de nouveau rétablie. Les élèves qui avaient été capturés avec Pete, Albright et Fay inclus avaient tous été sauvés. En fin de compte, aucun élève capturé par la chimère n’avait péri, ce qui constituait le seul point positif de cette tragédie.

Voyant les six paires d’yeux braqués sur elle, Miligan poursuivit, impressionnée.

  • Quel groupe consciencieux. Même Pete est là. J’aurais aimé trouver des excuses pour ne pas être là, mais cette fois, j’ai dû faire amende honorable.
  • S’amender ? Auprès de qui ?
    • Auprès d‘Ophélia. J’ai dit des choses assez horribles.

Son regard se porta sur l’autel. La rangée de cercueils était ornée de fleurs colorées, mais devant celui d’Ophélia se trouvait une tarte à la citrouille. Godfrey l’avait demandé à la place des fleurs. Cette vue fit mal à la poitrine d’Oliver. Il ne lui avait jamais beaucoup parlé, mais il se souvenait qu’elle avait mentionné son amour pour la tarte.

  • Je ne me rabaisserais pas comme ça. Comment oserais-je ? Je me suis avilie plus que n’importe qui là-bas, me donnant comme excuse que c‘était nécessaire à ma survie.

La rancœur de Miligan était entièrement dirigée envers elle-même. Elle avait fait toutes ces remarques grossières dans le feu de l’action, essayant intentionnellement d’exaspérer Ophélia et de la faire trébucher. Cela avait fonctionné, et ses remarques n’en étaient que plus cruelles. Partageant ce sentiment de culpabilité, Chela secoua lentement la tête.

  • …Alors nous ne sommes pas mieux, dit-elle. ——, Car ce sont tes paroles qui nous ont sauvé la vie.

Miligan sourit. Elle tapota la tête de Chela, puis nous laissa.

  • …Alors c’est comme ça chaque année ? dit Katie. —— Tous ces cercueils alignés…

Elle regarda les personnes en deuil près de l’autel, étouffant ses larmes. Ses poings fermés tremblaient. Ces émotions l’habitaient depuis le début des funérailles, et les voilà qu’elles se déversaient.

  • …Pourquoi ? demanda-t-elle.
    • Katie…

Sachant ce qu’elle ressentait, Oliver posa une main sur son épaule, essayant de la réconforter. Mais elle ne s’arrêtait pas. Elle était la seule à ne pas pouvoir se contenir.

  • Pourquoi est-ce que la mort est normale ici ? Parce que nous sommes des mages ? Qui a décidé cela ? Qui a décrété que nous ne pouvions pas être heureux ? Que nous n’avons jamais le droit de sourire ?

Elle était en opposition totale à cette conception de la vie et de la mort communes au sein de la communauté magique. Oliver ne pouvait pas l’arrêter. Il savait que c’était sa plus grande force, et l’épine qui empêchait son âme de saigner.

  • Je ne peux pas… accepter ça. Jamais !

  • …–ce qui ne va pas, Oliver ?

Une voix le tira de sa rêverie, la même voix à laquelle il venait de penser. Il leva les yeux et vit que tout le monde le regardait. Son silence soudain s’était fait remarquer au milieu des réjouissances. Il essaya rapidement de se reprendre.

  • Oh, désolé. Je me suis égaré pendant un moment… Je ne peux pas faire ça. Cette année, nous ne sommes plus les petits nouveaux.

Il se tapota les joues et fit face aux quatre nouveaux.

Nous avons tous été sauvés par des étudiants plus âgés. Et nous aimerions faire de même. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à demander. Tant que c’est en notre pouvoir, nous pouvons vous aider.

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