CLASSROOM Y2 V6 CHAPITRE 3

Pas d’autre choix

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Traduction : Lost
Correction : Kenshiro
Q-check : Nova, Raitei et Ayano the best
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(Horikita)

La dernière fois que j’avais vu Kushida, c’était à l’examen spécial du consensus. Une semaine plus tard, voilà que nous ne nous étions toujours pas retrouvées. Ce n’était pas tout. Ni Wang ni Hasebe ne vinrent en cours. Cela faisait déjà cinq jours, du lundi au vendredi, qu’on ne les avait pas vues.

Pendant ce temps, les choses continuaient malgré la mauvaise ambiance en classe. Une planification et une préparation minutieuse s’imposèrent pour le festival sportif et le conseil des élèves y travaillait de manière active. Mes genoux tremblaient et j’eus l’impression que j’allais m’écrouler de fatigue alors que je continuais à faire face aux évènements qui arrivaient. Mais je ne pouvais pas baisser les bras maintenant.

J’avais pensé à contacter Ayanokôji plusieurs fois, avant de me retenir… Après m’être reposée sur lui lors de l’examen spécial et avoir déclaré que j’allais ramener Kushida, je devais me débrouiller. Il avait ce truc pour résoudre chaque problème, c’était fascinant ! Cette fois, je devais m’en sortir par mes propres moyens.

Mlle. Chabashira — Ce sera tout pour aujourd’hui.

Dès que Chabashira-sensei termina son dernier cours de la journée et quitta la salle, je la suivis immédiatement.

Moi — Sensei, puis-je vous parler ?

Mlle. Chabashira —Accompagne-moi donc un petit peu.

Chabashira sensei sembla comprendre mes intentions et accepta de me parler pendant que nous marchions.

Moi — Cela fait cinq jours que Kushida, Wang et Hasebe sont absentes.

Mlle. Chabashira — À première vue, deux d’entre elles sont toujours malades, mais elles ne se rendent pas à la clinique où elles devraient se présenter. Quant à Hasebe, elle n’a pas donné plus de détails.

Cet absentéisme violent m’était apparu comme du sabotage.

Mlle. Chabashira — As-tu l’impression d’être sévèrement pénalisée ?

Je ne savais pas si je pouvais lui donner une réponse concrète, mais j’essayai.

Mlle. Chabashira — Tu ne devrais pas trop t’en faire. Les règles permettent une certaine clémence face à des élèves qui ont de bonnes notes, comme Wang et Kushida. Quant à Hasebe, elle n’est pas un élément perturbateur. Elle n’est ainsi pas un problème pour le moment. Ce serait différent si on parlait de fauteurs de trouble.  

Moi — Je suppose que c’est du cas par cas.

Mlle. Chabashira — En effet. C’est que certains élèves sont doués pour tricher et sécher, tandis que d’autres ont vraiment eu une bonne raison. C’est difficile de faire la différence, alors nous devons tenir compte de leur attitude habituelle et de leurs notes.

Le simple fait de savoir cela m’avait mise à l’aise.

Mlle. Chabashira — L’équipe pédagogique reste humaine, le but n’est pas de forcer les élèves à du présentéisme à tout prix. En plus ici, les trois absentes sont assidues en plus d’être ponctuelles, ainsi donc elles devraient être tranquilles pour l’instant.

Ce fut d’un ton doux que Chabashira-sensei me dit cela. Elle semblait si différente de d’habitude que je me demandais s’il n’y avait pas une raison derrière tout cela. Plusieurs élèves de la classe avaient remarqué son changement après l’examen du consensus, ils en discutaient pendant les pauses.

Mlle. Chabashira — L’établissement comprend donc le poids psychologique que peut infliger l’examen spécial du consensus sur ces élèves.

Ce n’était pas surprenant que certaines révélations ou la découverte de personnalités de camarades qu’on pensait connaître étaient un choc. Prendre un peu de distance était tout à fait naturel dans ce genre de moments.

Mlle. Chabashira — Mais je ne te cache pas non plus que le temps commence à être compté. Si elles continuent à être absentes la semaine prochaine, les 100 points que vous avez durement gagnés seront perdus.

C’était un message subliminal. Chabashira-sensei m’encourageait à résoudre ce problème ce week-end. Mais le pouvais-je ? Je voulais seulement lui poser des questions sur ma situation actuelle, mais ma faiblesse commença à se manifester petit à petit.

Moi — Merci beaucoup.

Mlle. Chabashira — Attends, Horikita. Tu n’as pas quelque chose à me dire ?

Moi — …Non. Je ne veux pas vous causer plus de problèmes.

Mlle. Chabashira — On ne saura pas tant que tu ne m’en parles pas. Il reste encore du temps, tu es sûre que ça ne t’aiderait pas de partager quelques réflexions ?

Chabashira-sensei avait pu lire à travers moi. Non sans hésitation, je me confiai à elle.

Moi — Nous avons gagné des points de classe en expulsant Sakura. Est-ce que c’était la bonne chose à faire ?

Mlle. Chabashira — Regrettes-tu ta décision ?

Moi — Je pensais avoir pris la bonne décision à ce moment-là. Mais si je devais être honnête, je suis encore un peu sous le choc en ce moment.

Mlle. Chabashira — J’aimerais pouvoir te donner une réponse, mais je ne peux pas.

Moi — Je comprends. C’est votre position de professeur qui vous en empêche ?

Mlle. Chabashira— Non, ce n’est pas ça. C’est juste que pour le moment, je ne peux pas te dire si tu avais raison ou pas. Il est vrai que ta décision était quelque peu autoritaire et égoïste, certains élèves l’ont sûrement perçu ainsi en tout cas. Tu as du mal à accepter leur jugement, et tu commences à penser que tu as fait le mauvais choix.

Ces mots furent douloureux à entendre. Je ne pouvais rien répondre.

Mlle. Chabashira — Mais est-ce vraiment si important ? Aucun être humain n’est parfait. Nous faisons des erreurs dans de simples additions et multiplications, nous apprenons, et nous passons à autre chose. Je traverse aussi une vie pleine d’erreurs.

Moi — Avez-vous aussi…?

Mlle. Chabashira — La même chose m’est arrivée quand j’ai passé cet examen spécial. Je n’étais pas parvenue à trouver de réponse dans le temps imparti. Le simple fait d’y être arrivée, je dirais que tu t’en es bien sortie. Grâce à cet examen, tu as pu asseoir ton autorité auprès de tes camarades et montrer à tout le monde que tu étais prête à expulser un élève pour protéger le reste de la classe. C’est à toi maintenant de t’assurer que tu as fait le bon choix !

Elle s’exprimait comme un professeur normal. J’étais un peu confuse à cause de ce comportement nouveau.

Mlle. Chabashira — C’était une situation inédite pour moi aussi. Expulser la personne la plus faible dans l’OAA est une décision rationnelle, mais difficile à faire accepter du point de vue de la morale.  

Moi — Oui, c’est vrai…

Je le savais, mais j’avais encore des doutes.

Moi — Mais je pense aussi que j’ai peut-être perdu de vue ce qui se passait autour de moi.

Je me demandais si je n’aurais pas pu prendre une meilleure décision si j’avais été plus à l’écoute.

Mlle. Chabashira — Parfois, nous perdons de vue ce qui nous entoure, et un peu plus tard, lorsque le temps s’écoule, nous nous demandons si nous avons pris la bonne décision.

Mais je n’avais jamais connu ça. J’étais tellement frustrée que j’avais inconsciemment serré mon poing.

Mlle. Chabashira — Tu n’as peut-être pas fait aussi bien que tu l’espérais. C’est normal. C’est juste que le caractère unique de cette école t’a forcée à explorer de nouvelles options pour la première fois.

Moi — Oui…..

Malgré ces conseils avisés, je ne trouvai toujours pas la bonne réponse. J’avais probablement l’air pathétique, mais Chabashira-sensei réussit mine de rien à adoucir mon visage.

Mlle. Chabashira — Tu as été réglo, non ?

Moi — Oui… mais j’ai rompu ma promesse de n’expulser personne d’autre que le traître.

Mlle. Chabashira — As-tu décidé dès le départ de protéger Kushida puis de mentir à son sujet afin d’obtenir un vote positif ?

Moi — Non ! J’étais vraiment prête à l’expulser à ce moment-là….. Je vous l’assure.

Mlle. Chabashira — Si c’est le cas, il n’y a rien de mal à cela. Je sais qu’il est important de tenir ses promesses, mais même les adultes font parfois des erreurs. Je sais que la raison pour laquelle tu as changé d’avis était parce que tu as réalisé que garder Kushida était la bonne chose à faire. Maintenant tu es libre de mépriser ou d’ignorer ceux qui se moquent de toi. Certains te suivront, d’autres non. Rassembler une classe d’une quarantaine de personnes n’est pas quelque chose d’aisé, même pour des gens comme Ryuuen, Sakayanagi, ou Ichinose. Les autres élèves peuvent faire semblant de les suivre, mais on ne sait jamais ce qu’ils pensent réellement au fond.

Je n’étais pas sûre de pouvoir y arriver.

Mlle. Chabashira — N’aie pas peur de l’échec. Je ne veux pas être un adulte qui ne peut pas accepter ou pardonner les erreurs des jeunes.

Moi — Mais, je n’ai pas encore échoué.

Mlle. Chabashira — Tu as raison, tu n’as pas encore échoué. Je veux juste voir la finalité de ta décision.

Après m’avoir lancé un petit regard légèrement agacé, Chabashira-sensei me regarda de nouveau dans les yeux. Elle était si polie, si sévère et pourtant si aimante, que je faillis m’étouffer avec mes mots.

Moi — Vous avez changé, Chabashira-sensei.

Je n’avais pas prévu de le dire, mais c’était sorti tout seul. Mes sentiments étaient trop forts pour être réprimés.

Mlle. Chabashira — Alors que je t’avais toujours traité avec tant de froideur jusque-là, c’est étrange d’être considéré comme un professeur maintenant.

Moi — Ce n’est pas si étrange même si c’est surprenant.

Mlle. Chabashira — Eh bien…tant mieux alors.

Elle pensait en avoir trop dit, alors elle changea de sujet.

Mlle. Chabashira — Ayanokôji t’aurait-il dit quelque chose à propos de Kushida ?

Moi — Ayanokôji-kun… ? Non, rien. Si je devais me prononcer là-dessus, je pense qu’il m’observe pour voir ce que je vais faire.

Mlle. Chabashira — Je vois. Il pense que c’est quelque chose que tu devrais résoudre toi-même, n’est-ce pas ?

Moi — Peut-être, mais je ne pense pas qu’il supporte mon égoïsme.

Mlle. Chabashira — Je ne sais pas, mais tu as forcé Ayanokôji à prendre une mesure d’extrême urgence avec l’incident de Kushida. Si tu ne lui fais pas davantage confiance, il pourrait y avoir des conséquences.

Moi — Vous croyez beaucoup en Ayanokôji-kun, non ? Je me souviens que vous aviez dit qu’il était l’élève le plus défectueux de notre classe.

Mlle. Chabashira — Comment peux-tu te souvenir d’une si vieille déclaration ?

Moi — Il est encore meilleur que ce que l’OAA montre de lui.

Mlle. Chabashira — Je vois que la confiance que les gens lui portent a considérablement augmenté.

Moi — Sa personnalité est un peu problématique, mais à l’époque, qu’est-ce que vous vouliez dire par là ? Ou était-ce juste une analyse erronée ?

Il était indéniablement supérieur, plus calme et plus serein que je ne pourrais jamais l’être. Je ne voyais aucune raison de le cataloguer comme un élément défectueux.

Mlle. Chabashira — Tu n’es pas obligée de prendre au sérieux tout ce que dit ton professeur. Tu as passé plus de temps avec lui que moi, n’est-ce pas ?

Moi — J’aimerais quand même entendre votre réponse.

Mlle. Chabashira — …Disons que je considère toujours la chose comme vraie, du moins, dans une certaine mesure.

Je ne pouvais qu’être en désaccord avec sa vision des choses.

Mlle. Chabashira — Mais tu ne devrais pas t’attarder sur ce sujet.  Pas en ce moment, car il y a d’autres problèmes que tu vas devoir résoudre rapidement.

Moi — Oui, en effet.

J’étais très curieuse à ce sujet, mais cela pouvait certainement attendre. Je devais faire en sorte que Kushida, Wang et Hasebe retournent en classe.

Mlle. Chabashira — Comment Kushida tient le coup ?

Moi — Jusqu’à présent, elle est pénible. Peu importe combien de fois je lui rends visite, peu importe combien de temps j’attends, elle n’ouvre pas la porte.

Mlle. Chabashira — Cette situation me semble complexe.

Elle pouvait faire ses courses en semaine pendant que j’étais en cours, sans risque de croiser quelqu’un. Cela ne servait donc à rien d’essayer de lui apporter de la nourriture. J’avais essayé de la contacter sur son portable, mais il n’était pas allumé.

Moi — Je pense qu’elle sent ma présence. Elle doit bien se porter.

Mlle. Chabashira — Je ne pense pas que ce soit le cas. Si tu ne fais pas un vrai geste, les choses ne vont pas aller en s’améliorant.

Moi — En effet….

Mlle. Chabashira — Quand tu ne peux pas faire quelque chose toute seule, il est utile d’avoir l’aide d’une personne pour t’aider. À deux on est toujours plus fort…

Moi — Le seul qui serait peut-être prêt à m’aider à parler à Kushida est Hirata, et je ne crois pas qu’il en ait le temps.

Il était déjà sûrement occupé avec Wang et Shinohara.

Mlle. Chabashira — Je suis sûre qu’il pourrait t’aider. Enfin, pas avec Kushida… Je l’imagine très mal lui faire du rentre-dedans, il est trop droit pour ça.

Moi — Je pense comprendre ce que vous voulez dire. Vu qu’elle n’est pas très honnête.

Mlle. Chabashira — J’ai peur de ne penser à personne de convenable pour l’instant, mais ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée de chercher quelqu’un d’autre en dehors de la classe.

Moi — Pourquoi pas. Mais ce serait un grand désavantage de le dire à une personne extérieure.

Mlle. Chabashira — Tu devras peser le pour et le contre. Toutefois, sache que certains enseignants connaissent le passé de Kushida, certains en parlent et d’autres non… Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a rien de véritablement secret en cette école.

Je devais donc me faire aider par quelqu’un d’inspirant… Non, pas forcément quelqu’un qui m’inspire… Plutôt quelqu’un qui pouvait forcer une porte !

Mlle. Chabashira — Je pense qu’il est temps de nous séparer. Je ne sais pas si c’est trop demander, mais tu dois vraiment penser au cas Kushida. Tu dois y réfléchir soigneusement.

Moi — Y penser, hein…? Merci beaucoup, Sensei. Grâce à vous, je suis maintenant prête.

Je n’avais toujours pas de réponse, mais j’avais l’énergie pour me battre à nouveau.

Mlle. Chabashira — Ne t’inquiète pas pour ça. C’est mon rôle.

Chabashira-sensei retourna dans la salle des professeurs.

Je continuais à la regarder depuis les escaliers jusqu’à ce que je ne puisse plus voir son dos.

1

(Horikita)

À mon retour aux dortoirs après avoir fait des achats au centre commercial Keyaki, je trouvai Ibuki debout près de l’ascenseur, regardant l’entrée. Quand je l’ignorai et appuyai sur le bouton de l’ascenseur, elle se mit en colère.

Ibuki — Ne m’ignore pas !

Elle s’approcha de moi à une telle vitesse, que je pus même recevoir quelques postillons… Je me demandais à quoi elle pensait, alors que nous étions sur le point de nous engager dans une lutte féroce. Elle continuait à me suivre alors que je me dirigeais de nouveau vers l’ascenseur. Je n’avais pas d’autre choix que de m’arrêter et de regarder les portes de l’ascenseur s’ouvrir.

Horikita — T’ignorer ? Que veux-tu de moi ?

Ibuki — Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Réponds !!

Elle me regarda furieusement et poussa l’écran de son téléphone portable devant moi. Une lumière aveuglante m’éblouissait, impossible de lire quoi que ce soit.

Horikita — Tu es stupide ? C’est trop près pour que je puisse voir !

Ibuki — Putain ! Et là ?

Je ne pouvais voir qu’une petite partie de l’écran, mais j’avais pu lire à travers une partie du texte et compris immédiatement ce que cela signifiait.

Moi — Je suis impressionnée par la qualité de l’écriture. Ça doit être une personne intelligente qui l’a écrit.

Ibuki — Mon cul oui ! Qu’est-ce qu’il y a d’intelligent là-dedans ?

Moi — Peut-être que si tu le lis à haute voix, tu comprendras.

Ibuki — Quoi ? Si tu te fais expulser pour un truc qui me concerne pas, bien sûr que tu vas perdre contre moi. Alors, dis-moi ce qu’il y a d’intelligent là-dedans ?

Moi — Non, ça suffit.

Ibuki — Dis-moi ce que ça veut dire !

Moi — Tu n’as pas compris ce que je viens de dire ?

Ibuki — Non pas du tout. J’y ai pensé toute la semaine et je ne comprends pas. Qu’est-ce qui va pas chez toi ?

Elle exprima son mécontentement puis croisa les bras. Il était inattendu qu’un simple conseil ne soit pas pris comme tel. Non, je pensais plutôt qu’il était potentiellement efficace.

Moi — C’est inutile de demander maintenant. Il ne semble pas y avoir de problème.

Ibuki — Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu dois m’expliquer !

Elle ne comprenait vraiment pas les choses simples. Elle se laissait vraiment emporter par son sens du combat et son côté athlétique.

Moi — Je t’ai confié un secret pour que tu évites l’expulsion. Tu n’étais pas bien aimée par tes camarades de classe et tu aurais pu être en danger si la tâche impliquait une expulsion. Pour avoir l’occasion de m’affronter, encore faut-il que toi aussi tu restes dans ce lycée.

Ibuki — Ne me dis pas que tu t’inquiètes pour moi ?

Elle me regarda non pas avec surprise, mais avec un regard de profond dégoût.

Moi — Ne le prends pas mal. C’est juste que tu as encore beaucoup à faire. Nous ne voulons pas être en sous-effectif. De plus, si tu avais été renvoyée lors du dernier examen spécial, la classe de Ryuuen-kun aurait eu 100 points et n’aurait subi aucun dommage. Si tu devais être expulsée, c’est mieux dans un test avec une pénalité.

Je lui expliquais, mais elle n’avait pas eu l’air convaincue une seconde.

Moi — Bref je pense que je vais rentrer chez moi maintenant.

Alors qu’elle me laissait passer en silence avec une colère profonde, je pressai à nouveau le bouton de l’ascenseur. En entrant dans l’ascenseur, je remarquai qu’Ibuki ne me suivait pas.

Moi — Tu ne montes pas ?

Ibuki — Je ne veux pas être dans l’ascenseur avec toi.

Moi — Quelle gamine. Tu l’as déjà fait plusieurs fois par accident.

Ibuki — Je n’ai pas envie de monter avec toi, là.

Moi — D’accord. Alors fais ce que tu veux.

J’appuyai sur le bouton de fermeture et me dirigeai vers la chambre de Kushida. Alors que l’ascenseur montait, je me demandai si je pouvais vraiment forcer la porte de Kushida. Si je ne faisais pas quelque chose de différent, changerait-elle un jour ? Si non, alors ce que je m’apprêtais à faire n’était rien d’autre qu’une perte de temps. J’arrivais à destination quand les portes s’ouvrirent.

Mais je n’arrivais pas à faire le premier pas pour sortir, j’étais coincée… Je ne savais pas quoi faire. Comment communiquer avec Kushida ? Le temps passait et l’ascenseur se referma. Alors que j’allais appuyer sur le bouton d’ouverture des portes, l’ascenseur se mit en marche et commença à descendre.

Moi — Ça ne va pas le faire.

Je m’en voulais d’avoir gâché les mots de Chabashira-sensei. L’ascenseur revint directement au premier étage. Lorsque les portes s’ouvrirent, Ibuki, qui avait les yeux rivés sur son téléphone portable, fit un pas en avant sans me remarquer. Elle sentit une présence dans l’ascenseur et leva les yeux.  Après m’avoir vue, elle laissa échapper un léger grincement.

Ibuki — Pourquoi t’es là ?

Ce n’était pas étonnant qu’elle soit surprise.

Moi — Tu ne montes pas ?

Ibuki — Je t’ai dit que je monterais pas ! Tu forces !

Secouant la tête, j’appuyai de nouveau sur le bouton de fermeture. Puis je regardai Ibuki, qui détourna le regard. Je sentis comme un pincement au cœur. Juste avant de toucher le bouton de fermeture, j’appuyai sur le bouton d’ouverture et je la regardai attentivement pour voir sa réaction.

Elle me regarda et se demanda pourquoi l’ascenseur ne se fermait pas.  Ma détermination allait se manifester maintenant. Je pensais qu’il était temps de mettre en pratique le conseil de Chabashira-sensei…

Ibuki — Qu’est qu’il y a ?

Moi — J’aimerais que tu m’aides…

Ibuki — Quoi ?

C’était un gros pari, mais cela pouvait être la clé pour me sortir de l’impasse. Il y avait un mur dans la classe que je ne pouvais pas voir, et cela pouvait être un événement inattendu qui le briserait. Je devais tout essayer maintenant, même si je pensais que c’était imprudent.

Moi — Allez, entre.

Ibuki — Faut que je te le dise en quelle langue ?

Moi — Entre juste.

Ibuki — …

Après avoir vu Ibuki entrer, j’appuyai sur le bouton de fermeture.

Moi — J’ai besoin de ton aide pour une certaine chose.

Ibuki — Tu veux que je t’aide ? Non non non, t’as vraiment cru j’allais t’aider ? Je me casse.

Moi — Tu es déjà dans l’ascenseur.

Ibuki — C’est toi qui m’as dit de le prendre.

Moi — Je pensais que tu pouvais me donner quelques conseils, mais en fait c’est ridicule.

Ibuki — Comment ça c’est ridicule ! Pourquoi tu dis ça ?

Moi — C’est une histoire qui pourrait grandement t’intéresser, remarque. Donc, je vais t’en parler.

Ibuki — Ne t’emballe pas. Ce n’est pas parce que tu me demandes des conseils que ce n’est pas une mauvaise chose, d’accord ?

Pendant que nous avions cet échange, nous arrivâmes à l’étage de la chambre de Kushida. Je descendis la première et regardai Ibuki qui était toujours dans l’ascenseur.

Moi — Tu ne sors pas ? Tu as oublié quelque chose ?

Ibuki — Je ne sais pas ce que tu voulais, mais je rentre chez moi.

Elle appuya sur le bouton de fermeture pour partir, mais les portes de l’ascenseur restèrent ouvertes.

Moi — On dirait que l’ascenseur veut que tu descendes aussi.

Ibuki — C’est parce que tu le bloques de l’extérieur en appuyant sur le bouton !

Moi — Au fait, as-tu des choses préférées en particulier ? Des choses que tu chéris ?

Ibuki — C’est quoi le rapport?

Moi — Réponds juste à la question.

Ibuki — Non.

Moi — Non ?

Ibuki — Non, euh, …… je ne sais pas. Aucune idée, mais des fraises peut-être.

Moi — Tu as un côté étonnamment mignon là, enfin bref oublie ça.

Ibuki — Tu m’as posé une question et maintenant tu me dis ça ! Enlève juste ton doigt du bouton.

Comme Ibuki était de plus en plus mécontente, je décidai d’aller droit au but. Je réalisai que c’était mieux pour elle si nous écourtions la conversation.

Moi — Je vais aller voir Kushida maintenant.

Ibuki — Et alors ? Pourquoi tu ne vas pas la voir toute seule ?

Elle continuait à appuyer sur le bouton pour fermer les portes, mais cela ne marchait pas.

Moi — Ça ne marche pas comme ça. Elle n’est pas venue à l’école depuis une semaine, et il n’y a aucun signe d’elle sortant de sa chambre. J’ai besoin de toi pour la faire sortir. Tu as compris ?

Ibuki — Quoi ? Attends, pourquoi je ferais ça ?

Moi — Aider ton prochain, ça ne te dit rien ?

Ibuki — J’aide même pas les gens de ma classe, grognasse !!

Je savais qu’il n’y avait aucune chance qu’Ibuki accepte mon offre. Mais si elle pouvait obtenir une chose qu’elle aimait, peut-être ça valait le coup d’essayer. L’ascenseur était ouvert depuis un bon moment, et le bip d’avertissement avait commencé.

Moi — Tu sais que je te donnerai une bonne récompense.

Ibuki — Je n’en veux pas. Si tu penses que je suis motivée par l’argent, tu te trompes.

Moi — Oui, je suppose que tu as raison. Mais je suis sûre que ma récompense sera quelque chose que tu désires beaucoup.

Ibuki — …… Je ne pense pas qu’un truc comme ça existe.

L’esprit d’Ibuki était inflexible. Mais avec la bonne carotte, peut-être que…

Moi — Je te laisse la possibilité de t’inscrire à l’avance à un maximum de cinq événements du festival. Tu es libre de choisir les épreuves et les équipes auxquelles tu veux participer. C’est principalement utilisé comme une mesure pour compléter les événements requis ou pour éviter les adversaires forts, mais c’est aussi un système qui te permet de combattre certains adversaires spécifiques.

Après lui avoir expliqué cela, les yeux d’Ibuki s’illuminèrent.

Moi — Je suis sûre que tu attends le bon moment pour te battre contre moi, n’est-ce pas ? Mais je vais devoir attendre le dernier moment. Il y a donc de fortes chances que je ne sois pas totalement libre de mes choix, donc m’affronter sera compliqué.

Ibuki — Alors, si je t’aide, tu m’affronteras au festival sportif ?

Moi — Oui. Je t’affronterai dans l’un de tes sports préférés. Bien sûr, ce ne serait pas facile parce que tu n’es pas dans ma classe, donc tu ne pourras pas gagner de points. Si tu es d’accord avec ça.

Ibuki — Haha. Ça devient intéressant là. Mais je serai pas satisfaite avec une seule manche. Il en faut au moins trois. Deux victoires et une défaite et là seulement j’accepte de coopérer avec toi.

Moi — Trois ? Tu n’es pas un trop gourmande ?

Je faisais semblant d’y réfléchir alors que le bip d’avertissement retentissait.

Ibuki — C’est pas négociable !

Elle avait raison, on ne pouvait pas décider d’une gagnante en seulement une victoire.  Mais avec deux ou quatre confrontations, il y avait toujours la possibilité d’un match nul. Je m’attendais à trois rounds depuis le début, mais si je l’avais dit dès le début elle en aurait sûrement proposé cinq. Si elle était prête à accepter trois rounds, cela me convenait.

Moi — D’accord, j’accepte de t’affronter trois fois pendant le festival sportif. Ça te va ?

Ibuki — Ok c’est décidé. Pas le droit de changer plus tard.

Moi — Bon, tu peux sortir de l’ascenseur maintenant.

Quand je retirai ma main du bouton, l’ascenseur commença à fermer lentement ses portes.

Moi — Mais tu vas devoir m’aider jusqu’à ce qu’on trouve une solution.

Ibuki — Dis-moi exactement ton problème ?

Moi — L’objectif est de faire en sorte que Kushida vienne à l’école lundi. C’est tout.

Ibuki — Ça a l’air simple, mais j’imagine qu’il y a autre chose non ? Si même des gens comme Kushida sont malades, qui est à l’abri ?

Chabashira-sensei m’avait dit que presque personne n’était au courant du secret de Kushida. Mais le plus important était qu’il ne devait pas être divulgué inutilement. Je suivis son conseil et décida de tout lui dire. Si Ibuki répétait tout, alors elle était une élève sociable et bien intégrée et je l’aurais mal jaugée tout ce temps… Je serais dans le pétrin et ce serait mérité.

Et dans une telle situation, il allait me falloir trouver un plan B. Comme si nous n’avions déjà pas assez de problèmes comme ça… Mais je pris mon courage à deux mains et lui racontai toute l’histoire, dans les moindres détails. Sa vie d’avant, sa personnalité, ce qu’elle traversait actuellement…

Pendant que nous parlions, Ibuki écoutait d’un air désintéressé, regardant dans une direction quelconque. En temps normal, cette attitude m’aurait profondément déplu, mais là bizarrement ça m’arrangeait beaucoup. Quand je finis enfin de lui dire la vérité sur les raisons de son absence à l’école, elle laissa échapper un soupir exaspéré.

Ibuki — C’est absurde.

Ne montrant aucun intérêt pour sa vraie nature, elle se contenta de commenter le constat.

Moi — Tu n’as pas l’air surprise. Tu le savais déjà ?

Ibuki — Non, pas du tout. Mais je fais pas confiance aux personnes trop gentilles. Kushida, Hirata, et Ichinose… On dit toujours que les gentils cachent une part bien sombre, un peu comme des hypocrites.

Moi — C’est un point de vue intéressant.

J’étais tentée de dire qu’elle avait raison.

Moi — Est-ce que Ryuuen a une haute estime de toi ? Il est manifestement pourri de l’intérieur comme de l’extérieur.

Ibuki — Je ne l’aime pas beaucoup plus, d’ailleurs je n’aime pas les gars comme Ayanokôji qui se la jouent inoffensifs. Ils sont tellement ennuyeux.

Avec son raisonnement, y avait-il quelqu’un qu’elle pouvait apprécier ?

Ibuki — En vrai, ça ne me dérange pas de la faire sortir. J’ai toujours voulu dire deux mots à « Mère Theresa ». 

Si elle dépassait les bornes, je devais l’arrêter. Mais parfois être aussi direct était une qualité.

Ibuki — On doit juste faire sortir Kushida, n’est-ce pas ?

Moi — Oui.

Ibuki semblait assez sûre d’elle et marchait d’un pas vif vers la chambre de Kushida.

Moi — Tu as l’intention de le faire seule ?

Ibuki — Tais-toi et regarde.

Je me tus et observais. Alors qu’elle se dirigeait vers la chambre de Kushida, Ibuki se tint soudainement le ventre et s’accroupit sur place.

Ibuki — Ah, aïe, aïe, aïe !

Puis elle cria, cela résonna dans le couloir. Pendant un moment, je n’avais pas compris ce qu’elle faisait, je regardai la scène avec consternation.

Ibuki — Kyu, j’ai trop mal au ventre… Ma chambre est trop loin…

Hein ? Un mal de ventre ? Incroyable… Elle voulait que Kushida ouvre la porte pour qu’elle puisse aller aux toilettes ? Outre le scénario d’acteur, le jeu d’acteur était terriblement mauvais. La chambre d’Ibuki ne se trouvait pas à cet étage premièrement. Même si on n’était pas à son étage, c’était toujours plus rapide de courir vers sa chambre.

Ibuki — Des toilettes, des toilettes, des toilettes !

J’appuyai rapidement sur la sonnette de la chambre de Kushida pour l’appeler. Je continuais de faire cela pendant environ 10 secondes, mais il n’y avait aucun signe d’elle. Il n’y avait aucune chance pour que cela fonctionne, n’est-ce pas ?

Je continuais à appuyer sur la sonnette pendant quelques secondes encore…

Ibuki — Elle n’est pas là, non ?

Moi — Je suis presque sûre qu’elle est dans sa chambre.

Ibuki — Tu es sûre ? Si elle ne se laisse pas prendre à ce jeu, c’est qu’elle n’est vraiment pas normale.

Moi — Oui, bien sûr.

Je pensais qu’il ne fallait pas la contredire là-dedans, puisqu’elle avait l’air sérieuse. Je lui demandai de me suivre tranquillement, j’ouvris la boîte du compteur électrique intégré à la chambre de Kushida.

Moi — Tu peux voir le disque ici, non ? S’il ralentit, il y a de fortes chances pour qu’elle ne soit pas dans sa chambre. Mais si elle y est et qu’elle utilise la télé ou l’ordinateur, il va accélérer.

Le disque commença à tourner un peu plus vite.

Moi — Maintenant, tu sais qu’il est plus que probable qu’elle soit dans sa chambre, n’est-ce pas ?

Ibuki — Tu sais tellement choses, comme si t’étais une voleuse.

Moi — N’exagérons pas, J’ai beaucoup appris le week-end dernier pendant que je l’attendais devant la porte.

Elle me fixa d’un air circonspect.

Moi — As-tu d’autres idées ? Si tu n’en as pas, j’ai bien peur de devoir te considérer comme incompétente.

Ibuki — Je l’ai mal fait.

Moi — Quoi ?

Ibuki — C’est pas possible autrement. Je vais forcer Kushida à sortir.

Je pensais que j’allais avoir besoin de la raisonner, mais ensuite je pus constater son esprit combatif et décidai de lui accorder une autre chance. Je gardais mes distances, alors qu’elle se dirigeait à nouveau vers la porte.

Ibuki — Hé, Kushida. J’ai beaucoup entendu parler de toi. J’ai entendu dire que tu faisais l’hypocrite jusqu’à maintenant et qu’ils l’ont découvert pendant l’exam !

Alors que je me demandais ce qu’elle allait faire, elle avait commencé par lui dire la vérité. Pendant un moment, mon cerveau me dit de l’arrêter… Mais au fond le mal était déjà fait.

Ibuki — Je n’avais vraiment rien vu venir. Mais qu’est-ce que ça fait de perdre son statut de fille populaire ? Oh, j’imagine qu’Ichinose est la plus haute dans le classement des bonnes personnes maintenant. Qu’est-ce que ça fait de tomber à la deuxième place ?

Cette approche était toujours meilleure que sa mise en scène ridicule. Mais il n’y avait toujours aucune réaction du côté de Kushida. Ibuki-san ne sembla pourtant pas se décourager et continua de multiplier les provocations.

Ibuki — Montre-moi ta sale gueule !

Elle frappa la porte avec son pied droit en mettant une certaine force, pour l’inciter à sortir.

Ibuki — Horikita m’a soulé, j’ai envie de me défouler.

Les véritables intentions d’Ibuki n’étaient pas de sauver Kushida. Je pensais que se défouler sur la porte de quelqu’un n’était pas une si mauvaise idée pour évacuer le stress.  Je comprenais un peu ce que ressentait Ryuuen quand il y avait recours. Ses coups de pied répétés semblaient être pour déstresser. Après plusieurs coups de pied, j’entendis enfin un bruit émanant de l’intérieur de la pièce. Ibuki était sur le point de frapper à nouveau, quand soudain la porte se déverrouilla.

Kushida — C’est fatigant, alors peux-tu arrêter, Ibuki ?

Kushida se montra enfin, en mode décontracté. Elle ne s’attendait probablement pas à autant de violence…… J’étais un peu choquée, je me demandais à quoi avaient servi tous mes efforts de la semaine dernière.

Ibuki — Bah voilà !!

Connaissant le caractère de Kushida, peut-être qu’il y avait une partie d’elle qu’Ibuki pouvait comprendre.

Kushida — Tu peux arrêter ? Ça commence à me faire chier.

Ibuki — Ah ouais ? Bizarrement je trouve que t’as l’air plus sympa comme ça. 

Kushida — Je n’ai jamais eu un bon feeling avec toi. Je suis comme Horikita qui se cache là-bas.

Elle n’avait pas l’air paniquée le moins du monde. Comme il n’y avait plus de raison de se cacher, je me dirigeai vers la chambre de Kushida sans hésitation.

Horikita — Si ça ne te dérange pas, je peux entrer ? J’ai attendu trop longtemps et je suis fatiguée.

Kushida — Eh bien, ce n’est pas comme si je pouvais fermer la porte.

Ibuki avait placé son pied pour bloquer la fermeture. Kushida, qui regardait le pied d’Ibuki le piétinait aussi fort que possible.

Ibuki — Ah !

Elle continuait à l’écraser de plus en plus fort, mais Ibuki ne voulait pas lâcher l’affaire.

Ibuki — On l’a eue ! Ça ne se fermera pas !

Kushida — Ça suffit !

Pendant que nous essayions de forcer la porte, elle recula immédiatement et nous accueillit avec un visage impassible.

Kushida — Entrez. C’est peut-être la première et la dernière fois que je fais ça, alors prenez bien votre temps.

Il s’agissait d’une déclaration implicite, mais je pense qu’elle s’y était préparée. Ce n’était pas une mince affaire pour Kushida d’essayer de maintenir le statu quo pour toujours et causer des problèmes à la classe. Elle dut nous inviter ici parce qu’elle avait quelque chose en tête. C’était donc notre première et dernière chance.

En un coup d’œil, je pus constater que la chambre de Kushida était propre et harmonieuse. J’eus l’impression qu’elle aimait prendre soin de sa chambre encore plus que moi.

Ibuki — Heh, heh. C’est tellement bien rangé.

Dit-elle avec stupeur en observant la chambre. Kushida observa son attitude.

Moi — La chambre d’Ibuki est un bazar. Ses vêtements sont partout.

Ibuki — Kyaa ! Comment tu le sais ? T’es jamais venue !

Au vu de sa réaction, il était évident que j’avais raison.

Kushida — Asseyez-vous. Pas la peine de vous offrir à boire ou à manger.

Moi — Oui, ça va.

Quand elle nous demanda de nous asseoir, nous nous regardâmes un moment, puis nous nous assîmes en gardant nos distances. Kushida se mit en face de nous, et nous étions maintenant dans une situation de deux contre un de l’autre côté de la table.

Kushida — Pourquoi vous foutiez le bordel devant ma chambre ?

Moi — Tu le sais très bien… Tu as été absente toute la semaine !

Kushida — En effet.

Elle répondit d’un air absent et continua.

Kushida — Tu penses vraiment que je peux retourner en classe après ce que j’ai fait ? Je ne suis même pas surprise que tu lui aies parlé de moi. Enfin, je suppose…

Moi — Ne t’en fais pas, ce n’est pas son genre de parler dans le dos des autres.

Kushida — Vraiment ? Je peux te faire confiance ?

Moi — En tout cas c’est peut-être pas l’envie qui lui manque, mais elle manque de personnes pour le faire !

Ibuki — Hey.

Elle tapa du poing sur la table et me fixa, mais je l’ignorai. C’était un fait.

Kushida — Même si c’est le cas, tu ne penses pas aux sentiments des autres personnes.

Cela me porta un coup direct qui me blessa.

Moi — As-tu le droit de dire ça ?

Kushida — Même si je n’en ai pas le droit, ce n’est pas une raison pour toi de ne pas tenir compte de moi, non ?

L’échange de mots vifs se répéta rapidement.

Moi — Allons de l’avant. Je sais que j’ai mes défauts. Mais tu es celle qui a initié l’hostilité en premier lieu. N’est-ce pas ?

Kushida était juste une camarade de classe. Mais elle me voyait toujours comme quelqu’un qui devait être expulsé de l’école.

Kushida — Je ne le nie pas, mais je n’y peux rien, car je ne pouvais pas le supporter.

Moi — Je me demande ce que j’aurais dû faire. Même avec du recul, je n’arrive pas à trouver une réponse claire.

Kushida — Je sais ce que tu veux dire. J’ai pensé à la même chose plusieurs fois. Je suis arrivée à une conclusion. Pour mon bien, qui ne supporte pas ta présence, n’aurais-tu pas dû me renvoyer de l’école ?

Moi — Peux-tu s’il te plaît arrêter d’être absurde ? Ce n’est pas une conclusion, c’est juste ta théorie.

Kushida — C’est une vérité. Juste une vérité.

Bien qu’elle répondît à nos questions, ce n’était pas exactement de manière amicale. Mais je pense qu’à ce moment-là on pouvait dire qu’elle était sincère. Ibuki, qui au début était plus ou moins disposée à écouter, commença à s’impatienter.

Moi — Je me demande si tu ne voudrais pas qu’on mette tout ça derrière nous.

Kushida — Je savais que tu allais dire, ne me fais pas rire.

Moi — Tu es bonne dans ce que tu fais et tu mérites d’être ici.

Kushida — Je sais.

Elle ne montra même pas de signes de modestie et répondit de manière immédiate.

Ibuki — T’es bien sûre de toi.

Quand Ibuki murmura quelque chose, Kushida répondit.

Kushida — Tu crois ? Je ne pense pas…

Ibuki — Je ne le pense pas non plus. Pour moi, tu n’as rien d’exceptionnel. Si tu veux, on peut tester ça ici et maintenant.

Elle serra les poings.

Kushida — Tu es encore plus stupide que je ne l’imaginais, Ibuki-san. Tu ne sais pas ce que ça signifie. Pourquoi tu ne jetterais pas un coup d’œil à l’application OAA ? Tes compétences dans cette école, ce sont tes bonnes notes. Je pense que la différence entre toi et moi est plus grande que tu ne le penses.

Ibuki s’énerva, sortit son téléphone portable et vérifia son OAA. Après avoir comparé, elle ferma silencieusement son téléphone.

Moi — Je veux que tu utilises tes capacités pour le bien de la classe. Si tu continues à être absente de l’école sans permission, tu finiras par perdre ta place.

Kushida — C’est bien parti, pourtant.  Horikita, tu t’es opposée à mon expulsion de l’école par dépit, n’est-ce pas ? C’est pourquoi tu seras pénalisée si je deviens inutile. Je peux comprendre pourquoi tu essaies désespérément de me forcer comme ça.

La situation dans la classe était très claire pour Kushida.

Kushida — Je suis vaincue. Il n’y a plus de place pour moi. Mais la seule raison pour laquelle je suis restée tranquille à la fin de cet examen spécial unanime était de te faire du mal. Si je continue à sécher les cours, l’école va punir la classe qui a créé de l’absentéisme, n’est-ce pas ? Et la responsabilité de cette punition te reviendra.

Il était vrai que si Kushida continuait, la classe allait continuellement subir des dommages comme si elle était empoisonnée. Il était possible que sa stratégie de l’école buissonnière finisse par s’enliser dans des examens spéciaux. Ainsi donc Kushida voulait prendre sa revanche.

Moi — Tu ne gagnes rien dans tout ça.

Kushida — C’est trop tard maintenant. Je n’ai rien à perdre, donc c’est normal de vouloir engloutir la classe avec moi.

Ibuki — Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? C’est pas normal ! C’est pas parce que t’as un bon OAA que tu peux te permettre de tout faire !

Kushida — Je t’ai invitée sans réfléchir, et on dirait que j’ai eu raison de le faire. Tu es drôle, Ibuki. S’il n’y avait eu que moi et Horikita, ça aurait été une conversation ennuyeuse. C’est vrai que j’ai peut-être mal utilisé le mot « normal ». Ce qui est normal pour moi doit être anormal pour les autres, non ?

Ibuki — Donc tu admets que tu es anormale ?

Kushida — Je dois être la première. Je ne peux pas tolérer tout ce qui n’est pas bon pour moi.

Ibuki —T’es vraiment immonde.

Moi — Elle ne peut pas s’en empêcher. Elle est née comme ça.

Elle s’en fichait qu’on appelât cela de la rancune ou du ressentiment. L’état d’esprit de Kushida était terriblement calme, encore plus que d’habitude, c’était tellement perturbant. Elle était beaucoup plus forte depuis le jour où on avait révélé sa faiblesse.

Kushida — Jusqu’à ce que l’école me force à faire quelque chose, je continuerai à être une nuisance pour la classe.

Elle avait déclaré vouloir être une nuisance pour la classe tant que l’école n’agissait pas à son encontre.

Kushida — Que vas-tu faire ?

Moi — Il n’y a rien que je puisse faire, je ne peux que continuer à te parler comme ça.

Kushida — Tu n’as vraiment aucune idée ? Tu es très différente d’Ayanokôji-kun.

À la mention du nom d’Ayanokôji-kun, les oreilles d’Ibuki se hérissèrent.

Kushida — Je pensais avoir l’avantage, mais en fait c’était complètement faux, car pendant tout ce temps il complotait contre moi. Je n’aurais vraiment pas dû faire de lui mon ennemi.

Moi — Je pense qu’Ayanokôji a la capacité de bien se projeter sur certaines situations. Ce n’est que récemment que j’en suis venue à le réaliser.

Kushida — Alors tu penses comme moi.

Moi — Oui.

Un bref silence suivit.

Kushida — Tu es assez stupide aussi, Horikita. Ça aurait été plus facile si tu m’avais simplement coupé la parole.

Moi — Je ne sais pas, peut-être que je suis stupide. Une intuition sans fondement. Je n’y peux rien. Je ne peux pas te reprocher de penser cela. Cependant, il ne fait aucun doute que tu es une excellente élève. Bien que tes impulsions envers Ayanokôji et moi, qui connaissions ton passé, t’aient été fatales à certains égards et dans une certaine mesure, elles ne changent pas le fait que tu as contribué à la classe depuis au moins un an et demi.

Je n’avais pas honte d’admettre qu’elle était essentielle à la classe.

Moi — Si causer du tort à la classe est vraiment ta priorité, tu pourrais obtenir ta vengeance juste en continuant à être absente. C’est ce que tu veux ?

Kushida — Qu’est-ce que tu essaies de dire ?

Moi — Je me demande si c’est vraiment suffisant pour toi ?

Kushida — Je suis satisfaite. Je ne veux rien de plus que ça pour le moment. Tu auras beau essayer de me persuader, je resterai inflexible.

En entendant ces mots, j’avais eu l’impression qu’une chose était coincée dans ma gorge. C’était vrai que je voulais que Kushida revienne en classe pour lui prouver que mon choix n’était pas une erreur et elle le savait mieux que quiconque. Vu que c’était pour ma propre satisfaction personnelle, était-ce différent de Kushida ? Quelle était la bonne réponse pour la convaincre ?

Moi — J’ai peut-être fait une erreur.

Kushida — Que veux-tu dire ?

Moi — Je pensais que j’étais ici pour te convaincre. Mais ce n’est pas le cas. En fin de compte, c’était pour moi. Pour prouver à la classe que j’avais fait le bon choix. Je n’ai pas tenu compte de tes sentiments.

Kushida — Quoi ? Maintenant tu essaies d’avoir ma compassion ?

Moi — Je viens de réaliser que c’était une erreur de t’emmener dans un endroit où tu ne voulais pas aller.

Kushida — Alors on a fini de parler. Si je deviens un fardeau, Horikita-san, tu tomberas avec moi. J’espère que tu souffriras longtemps sans moi dans cette école.

Moi — Ne t’inquiète pas pour moi. Mais en même temps, c’est toi qui vas en souffrir le plus.

Kushida — Je vais en souffrir ? Comment ça ?

Moi — Tu as encore une chance de te rattraper et de revenir en classe où on peut arranger les choses en discutant, mais tu vas la perdre à cause de ton égoïsme.

Kushida — Tu es devenue bien égoïste, n’est-ce pas ? Je n’ai plus d’endroit où retourner désormais.

Plus je pensais à elle, plus les émotions montaient en moi.

Moi — Tu me rends folle.

Kushida — Huh ?

Moi — Tu fais l’enfant gâtée, les faits sont là, tu n’as fait que des mauvais choix depuis le début. Cela ne serait pas arrivé si tu n’avais pas essayé de te débarrasser de moi, une personne qui n’a pas de secrets et qui ne connaissait pas grand-chose de ton passé. C’est la même chose avec Ayanokôji-kun.

Kushida — Je te le dis. Je ne peux pas le supporter.

Moi — C’est puéril, c’est ce que je disais.  

La première personne qui fut touchée par l’impact des mots fut Ibuki, qui écoutait en silence. Elle éclata de rire, sûrement car Kushida commençait à être visiblement irritée.

Moi — Tu es déjà une lycéenne, tu sais. Tout ce que tu as à faire, c’est d’aller en classe, et tu ne peux même pas faire ça. Ne reste pas allongée sur ton lit tout le temps, lève-toi et marche toute seule.

Kushida — Ce n’est pas très gentil de ta part, Horikita. Mais je suis une fille qui souffre. Si je devais aller à l’école maintenant, mes camarades de classe auraient peur de moi. Les choses ne peuvent être comme avant. C’est cruel de ta part d’essayer de me forcer à retourner dans un endroit aussi douloureux. Tu n’es pas là pour moi.

Moi — Je ne veux pas parler au nom des autres, mais je sais que c’est une période difficile pour toi.

Kushida — ………..

Moi — La classe connaît ta vraie nature, tu ne peux pas changer ça. Donc je vais essayer d’arranger ça. Quand tu pleurais en classe, tu ressemblais à une enfant. Non, plutôt à une petite fille en fait. J’ai l’impression d’avoir affaire à une petite fille.

Kushida — Ne sois pas ridicule !

Elle leva la main et l’agita sans relâche sur ma joue. J’attrapai calmement son bras et le retins avec force.

Moi — Je sais que tu veux te moquer de moi. Tu dois te sentir comme une enfant pour te donner autant de mal à me taquiner, juste pour ton propre plaisir.

Kushida — Je suis censée être la seule à devoir souffrir, endurer et coopérer avec toi et le reste de la classe ?

Moi — Ne le prends pas mal. D’accord ? Tu as de solides capacités, alors utilise-les pour ton propre bien peu importe ce qui se passe autour de toi. Si tu fais des choses pour toi, si tu passes en classe A pour toi-même, c’est ta réussite. Si tu veux faire la même chose, tu peux aller quelque part où personne ne connaît ton passé cette fois. Il reste encore un an et demi dans cette école. Ce n’est pas si difficile, non ? Pendant un an et demi, tu as réussi à maintenir une façade de la meilleure manière qui soit. Ce sera beaucoup plus facile pour toi maintenant que tout le monde connait ta vraie nature. Ou c’est trop dur à supporter ?

Je pouvais sentir les mains de Kushida trembler de colère alors qu’elle les serrait. Mais j’étais arrivée à une autre conclusion.

Moi — C’est la dernière fois que je viendrai te voir. La balle est dans ton camp. Si tu es toujours mon ennemie après tout ça, je n’ai plus d’espoir de te sauver. Tu resteras une enfant pour le reste de ta vie.

Kushida — Pendant que je stagne, tu continueras d’avancer.

Même si je ne lui avais pas tout dit, je suis sûre que Kushida avait compris.

Horikita — Tu finiras renvoyée de cette école, tandis que je serai diplômée en classe en A et en train de réaliser mon rêve. C’est une grande différence, non ?

Ces mains étaient encore pleines de force, mais elles finirent par se détendre.

Kushida — Tu penses vraiment que je peux revenir ?

Moi — C’est à toi d’en décider. Décider si tu veux te battre ou pas.

Kushida — Je vais au moins écouter ce que tu as à dire. Fais-moi part de la stratégie que tu as en tête.

Après de nombreux rebondissements, nous étions enfin arrivées au moment où Kushida était prête à m’écouter. Cependant, je ne devais pas essayer d’arranger les choses juste pour qu’elle se sente bien. Je devais la convaincre que mon plan lui garantissait une survie dans la classe. Il y avait plusieurs réponses éventuelles, mais je devais les adapter pour arriver à la réponse idéale.

Moi — Je ne pense pas que tu puisses encore faire la sainte nitouche jusqu’à la fin de ta scolarité alors que tout le monde connaît ton vrai visage maintenant.

Kushida — Non, je ne peux pas. Je veux dire, c’est impossible, non ? Mes camarades de classe ont vu ma vraie nature, et rien ne peut changer ça.

Moi — Oui. Mais autrement dit, face à quelqu’un qui ne te connait pas, tu peux jouer ton personnage non ?

Elle montra un léger geste de considération, mais murmura ensuite.

Kushida — Je ne sais pas. Avant, il n’y avait que quelques personnes qui connaissaient la vraie moi, Ayanokôji-kun et toi. C’est pourquoi je pouvais encore rectifier le tir et faisais tout pour ça. Mais maintenant tout le monde la connait non ? Des gens intelligents, mais aussi beaucoup de merdes au Q.I négatif.

Kushida n’avait pas tort. Mais avant que je puisse réagir, Ibuki prit la parole en premier.

Ibuki — T’es vraiment une salope en fait !

Ibuki avait réagi de manière hypersensible au moment où elle avait dit « merdes » et « Q.I négatif ».

Kushida — Je ne parlais pas de toi, donc ça n’a pas d’importance, non ? Si tu ne peux pas te taire, Ibuki-san, tu peux partir.

Ibuki — Oh, oui. Je me tire. Tu tiendras ta promesse, n’est-ce pas ?

Alors qu’elle essayait de se lever, je lui disais ce qu’elle devait savoir.

Moi — Non, tu ne peux pas. Si tu pars maintenant, je considérerai cela comme un abandon et j’annulerai le contrat.

Ibuki — Quoi ? Tss je vais me taire alors grouillez.

Kushida — Promesse ? C’est quoi cette histoire ?

Moi — C’est juste une promesse de me battre avec elle au festival si elle m’aidait à te ramener.

Je finis d’expliquer pourquoi Ibuki était ici.

Kushida — C’est de ça qu’il s’agit hum, Je me demandais pourquoi Ibuki était là, mais maintenant je comprends mieux.

Moi — Grâce à elle, j’ai pu entrer dans ta chambre, donc ça valait le coup.

Ibuki-san fit une grimace comme si elle avait beaucoup de choses à dire, mais se retint. Je respectais son esprit de compétition qui lui faisait tout endurer.

Kushida — Pour en revenir au sujet, tu es d’accord pour dire que c’est impossible de garder la face devant toute la classe après tout ça ?

Moi — Oui, c’est vrai. De toute façon ça ne sert à rien de continuer à vouloir nous expulser donc essayer de se trouver un nouveau but pourrait t’être profitable.

Jusqu’à présent, si elle avait expulsé Ayanokôji-kun ou moi, elle aurait pu continuer à jouer son faux rôle d’amie sociable. Mais expulser la classe entière était presque impossible. Au collège, quand Kushida était dans une situation similaire, elle avait expulsé tous les éléments perturbateurs de sa classe. Elle avait donc essayé de faire la même chose cette fois-ci.

Moi — Alors tu peux peut-être prendre un nouveau départ, quitte à ne pas traîner avec les autres si ça te fait du mal. Au début du moins.

Kushid & Ibuki — Vraiment ?

Ce fut une réponse inattendue non seulement pour Kushida, mais aussi pour Ibuki, et les deux réagirent de la même manière.

Kushida — D’ailleurs, même si je me tais dans une certaine mesure, il n’y a aucune garantie que la classe garde mon secret aussi.

Exposer le secret de Kushida engendrait la perte de la moitié de son efficacité, elle pouvait étudier et faire du sport, mais elle n’était pas au top dans les deux cas. Elle était seulement une élève dans le haut du panier. Même si elle était supérieure à Sakura, elle manquait de talent dans plusieurs domaines.

Kushida — Personne ne me fera plus jamais confiance maintenant.

Moi — C’est vrai que ce ne sera plus comme avant. Moi-même je n’ai plus confiance en moi. Qu’est-ce que tu en penses ? Ibuki-san.

Ibuki —…

Moi — Ibuki-san, réponds s’il te plaît.

Ibuki — Tu m’as dit de me taire, non ?

Moi — Je t’autorise à parler.

Ibuki — Je ne veux pas qu’on me dise si j’ai le droit de parler ou pas. T’es ma prof ou quoi ?

Moi — Tu veux toujours te mesurer à moi, n’est-ce pas ?

Ibuki — Ugh bien !

Se grattant la tête, Ibuki répondit.

Ibuki — Je ne crois pas aux personnes parfaites. En fait, je pense que tu étais plus louche avant. Si je devais choisir entre l’ancienne et la nouvelle toi, je dirais que la nouvelle toi est plus naturelle.

Elle dit ce qu’elle pensait rapidement. Je pense que Kushida était touchée du fond du cœur parce qu’elle n’avait pas eu à recourir à des filtres ou à des ruses pour être complimentée.

Moi — C’est une réponse intéressante. Tu as une façon inhabituelle de penser, n’est-ce pas ? Mais tout le monde n’est pas Ibuki-san. En fait, les gens normaux la détesteraient.

Kushida — Elle n’est définitivement pas normale !

Ibuki — Hé !

Moi — Tout le monde a deux visages, petits et grands. Ibuki a apprécié le fait que tu agisses pour toi-même avant tout parce que tes vrais sentiments ne changeront jamais.

C’était une erreur de parler de changer ses vrais sentiments en premier lieu.

Ibuki — En vrai, si tu parles comme d’habitude, impossible pour les gens qui n’ont pas vu ta vraie nature de vraiment te griller. Peu importe ce que tu expliques avec des mots, les gens ne comprendront jamais jusqu’à ce qu’ils en fassent l’expérience.

Kushida — Que veux-tu dire ?

Ibuki — Par exemple, Honami Ichinose. C’est encore une meilleure personne que toi, hein ? Mais est-ce que tu me croirais tout de suite si je te disais que c’était une personne violente et grossière qui aimait voir les autres échouer ?

Kushida — C’est difficile à dire. Elle n’a clairement pas le profil.

Ibuki — Perso, j’ai des doutes.

Kushida — Il ne s’agit pas d’Ichinose, mais de l’existence même des gens bien, n’est-ce pas ?

Ibuki — C’est vrai qu’on ne peut pas comprendre quelque chose avant de l’avoir vu de ses propres yeux. Je n’ai pas pu me faire une idée de la vraie nature de Kushida en entendant Horikita en parler. Au moins pendant la dernière année et demi, Ichinose a été une bonne personne. Même si quelqu’un devait faire une révélation du genre, je ne pourrais pas le croire. Mais si tous ses camarades de classe devaient dire qu’Ichinose joue un double jeu, on serait tous suspicieux. Mais là encore, ce serait dur à visualiser.

Essayer d’imaginer qu’Ichinose était une personne violente et abusive. Peu importe qui le dirait, impossible de le croire. Même si on était méfiant, on ne pouvait pas le croire à moins de le voir vraiment par soi-même.

Ibuki — On ne peut pas comprendre quelque chose avant de l’avoir vécu. Dans les arts martiaux, même si les techniques sont bien expliquées verbalement avec les étapes et les risques, on ne comprend pas tout… Il faut pratiquer pour réellement saisir !

Kushida — C’est typiquement toi de comparer ça aux arts martiaux, n’est-ce pas, Ibuki-san ? Mais le doute suffira à entacher la confiance que les tiers me porteront.

Moi — C’est là que tes compétences entrent en jeu. C’est à toi de bien le faire à l’avenir. Au moins, c’est un fait que tes compétences en matière de relation sociale et de communication sont meilleures que celles des autres.

À ce stade, on ignorait si elle parviendrait à regagner leur confiance ou non.

Kushida — C’est bien pour les autres classes, mais qu’en est-il de mes camarades ? Shinohara-san, Wang-san, et surtout Hasebe-san ont sûrement une grosse dent contre moi. Je ne pense pas qu’on va redevenir copines.

Moi — Peut-être pas toutes. Tu ne pourras peut-être pas regagner la confiance de tout le monde, mais tu pourras faire la différence si tu utilises tes capacités.

Si elle continuait à avoir des résultats supérieurs à la moyenne, les élèves qui avaient des résultats inférieurs à ceux de Kushida ne pourraient pas se plaindre facilement.

Moi — Je t’aiderai quand ton côté obscur ressortira.

Kushida — Tu penses vraiment qu’ils vont croire ces mots doux ? Ils vont sûrement penser que je vais les trahir de nouveau non ?

Moi — C’est normal de douter. Moi-même j’attends ce jour où tu me trahiras peut-être.

Kushida n’avait plus rien à perdre à ce stade. C’était à elle de décider si elle voulait se relever. Après le plus long silence de la journée, Kushida ferma les yeux. Elle commença à marmonner quelque chose, mais je ne pouvais pas l’entendre. Finalement, elle était arrivée à une conclusion et ouvrit les yeux.

Kushida — Je vais faire de mon mieux pour le reste de ma scolarité juste pour moi et je contribuerai à la classe. Je ne me battrai pas pour toi Horikita ou nos camarades. Tu es d’accord avec ça ?

Moi — Je ne me plains pas du tout. Je suis seulement satisfaite du résultat.

Kushida se leva, mais cette fois elle tendit la main gauche au lieu du poing.

Moi — Ça devrait être l’inverse, non ?

Lorsque je tendis la main droite, Kushida ne répondit pas.

Moi — Il semble qu’une poignée de main de la main gauche signifie l’hostilité.

Kushida — C’est vrai ? J’ai tendu quelle main ?

Moi — Ta main gauche.

Il semblait qu’elle ne s’en souvenait pas clairement, puisqu’elle répondit immédiatement. Cela signifie qu’elle avait compris et qu’elle voulait encore me serrer la main gauche. Je me levai également et tendis la main gauche en réponse à la sienne.

Kushida — Tu ne crois pas que ça nous ressemble pas ?

Moi — Pour une fois nous sommes d’accord !

Elle me serra la main, pendant que je fis de même.

Kushida — Au fait. Il y a quelque chose que j’aimerais te demander, Horikita-san.

Moi — Quoi donc ?

Elle sourit et étendit lentement ses bras vers moi. Ses mains étaient passées au-dessus de ma tête et s’étaient approchées de mon visage. Puis elle appuya doucement sur mes deux joues. Je sentis une décharge d’électricité simultanément des deux côtés.

Moi — Qu’est-ce que tu fais …… !?

Kushida — Je te déteste vraiment, Horikita-san.

Puis elle me pinça la joue encore plus fort.

Kushida — J’ai été frustrée dès le moment où nous nous sommes rencontrées aujourd’hui, et je le suis encore maintenant alors que nous sommes en phase de coopération. Je pense que je vais subir beaucoup de stress si je dois faire ce qu’on a dit à partir de lundi. J’ai besoin de me défouler comme ça pendant un moment.

La force qui avait été mise en place avait pris encore plus d’ampleur et ne semblait pas vouloir s’arrêter.

Moi — Ce n’est pas suffisant ?

Kushida —Non, non, non. Ce n’est pas suffisant.

J’étais prête à lui faire un peu plaisir, mais elle était tellement excitée qu’elle ne voulait pas arrêter de tirer sur mes joues. Si elle ne voulait pas se détendre du tout, alors j’avais aussi une idée.

Je tendis les bras et pinçai les joues de Kushida de la même manière.

Kushida — Quoi ! ?

Moi — Tu vas me lâcher maintenant ?

J’étais sûre qu’elle allait arrêter une fois que j’allais lui rendre la monnaie de sa pièce, mais…

Kushida — Ahh, tu peux te débarrasser de ce visage hideux ?

J’attrapai ses joues du bout des doigts avec la détermination de les déchirer.

Mais Kushida n’avait pas faibli d’un pas, elle serra avec toute la force qu’elle avait.

C’était une bataille pour savoir qui avait la plus forte volonté.

Ibuki — Pourquoi vous ne le faites pas toutes les deux en vous tirant les cheveux ? Ça craint, je m’en vais.

Ibuki, calme, disait qu’elle partait la première. La bataille de volonté dura deux ou trois minutes, et la douleur commença à s’estomper. Nous avions toutes les deux réalisé que nous étions ridicules, alors nous lâchâmes toutes les deux les joues de l’autre. Quand je vis le visage de Kushida devenir rouge, je sus que j’étais dans le même bateau.

Moi — Viens à l’école lundi.

Kushida — Tu es trop persistante. Tu peux juste rentrer chez toi ?

Elle me repoussa et je sortis de sa chambre

Moi — Pour l’amour de Dieu…

Je me caressais la joue douloureuse en regardant l’ascenseur, en voyant Ibuki-san y rentrer.

Moi — Est-ce que tu m’attendais, par hasard ?

Alors qu’elle s’éloignait, Ibuki tira la langue et appuya sur le bouton de l’ascenseur.

Moi — Tu as le don  de mettre les gens en colère…

Mais c’était vrai que c’était à elle que je devais mon face à face avec Kushida.

Je devais lui donner mes meilleures performances lors du festival sportif, comme elle le voulait.

2.1

(Wang)

Sortant ma lourde tête du lit, je quittai la chambre. Je n’avais pas de fièvre, mais une légère migraine. La cause était évidente : j’avais raté cinq jours d’école parce que je me sentais coupable. Je ne manquais jamais une journée d’école à moins d’être malade. J’avais si honte, et j’avais beau essayer de me vider la tête je n’arrivais pas à me changer les idées. Si c’était si simple, je ne serais pas restée enfermée 5 jours.

Il était temps de changer de rythme. Alors, j’attrapai mon téléphone portable. Je cliquai sur le dossier des photos, laissant les messages non lus, et j’accédai à mes premiers enregistrements. En faisant défiler les photos, je les regardai avec nostalgie. La première qui attira mon attention était celle prise juste après mon entrée à l’école, quand je n’avais pas d’amis. C’était la première et la seule photo de moi avec Hirata-kun souriant gentiment à côté. À cette période, j’avais du mal à sourire correctement. Je n’étais toujours pas douée pour sourire, mais je pensais m’être beaucoup améliorée depuis.

Moi — Ça me manque…

Je n’étais pas familière avec le système scolaire japonais. La première personne qui m’avait aidée à me détendre était Hirata-kun.  À cette époque, je n’étais pas encore consciente de ce que je ressentais pour lui. Je pensais seulement qu’il était beau, gentil et que c’était une bonne personne. En Chine, où la concurrence était féroce et le niveau d’étude exigeant, il n’y avait pas le temps pour les histoires d’amour alors je n’avais pas réalisé le moment où j’étais tombée amoureuse. Mais dès le jour où ça a été le cas, je sus que je ne pouvais pas lui en parler.

Hirata-kun était très populaire, et ce n’était pas quelqu’un à ma portée. Je ne voulais pas l’embarrasser en lui parlant de tout ça et le fait d’être auprès de lui me rendait déjà heureuse.

Moi — Et pourtant…

Rien que d’y repenser, je me sentais honteuse. Effrayée, j’étais au bord des larmes.

Moi — Que dois-je faire… ?

Tout le monde dans ma classe savait que j’aimais Hirata-kun. Je suis sûre qu’ils savaient que j’essayais d’être près de Hirata-kun pendant le changement de place. Je ne savais pas ce qui allait se passer quand j’allais retourner à l’école. Après être arrivée à cette conclusion, un autre sentiment de culpabilité me rongea. Sakura fit preuve à la fois de sa gentillesse et de sa dureté envers Hasebe et finit par être expulsée de l’école.

Je suis sûre que ses sentiments étaient plus douloureux que je ne pouvais l’imaginer. Mais j’étais tellement focalisée sur moi-même que j’avais appuyé sur le bouton pour qu’elle soit expulsée de l’école, espérant que l’examen se finisse rapidement.

Moi — Je suis un monstre…

Je me détestais tellement. C’était mon petit problème… J’étais sur le point d’éteindre l’écran de mon téléphone parce que je ne voulais pas me voir sourire si maladroitement, quand je me souvins du message que j’avais reçu d’Ayanokôji-kun lundi soir. Je me demandais comment il se sentait en ce moment. Je me demandais s’il était encore capable d’aller à l’école après que sa précieuse amie ait été expulsée à cause de lui. J’aimerais le voir et lui parler en personne à un moment donné. Ayant cela en tête, je lisais le message qu’il m’avait envoyé.

Ayanokôji — J’aimerais te parler en face à face.

Moi — Oh…

Le message d’Ayanokôji-kun fut lié au mien, comme s’il lisait dans mes pensées. Il y avait un numéro de téléphone et un numéro de chambre attachés. Pouvait-il m’aider ? Il y avait plusieurs messages divers en plus de celui d’Ayanokôji-kun qui s’inquiétait pour moi.

Ayanokôji — Est-ce que tu vas bien ?

Ayanokôji — Tu as besoin de te confier ?

Ayanokôji — Il n’y a pas besoin de te forcer, OK ?

J’appréciais ces mots gentils, mais je ne me sentais pas capable de résoudre le problème, quelle que soit ma réponse. Cependant, Ayanokôji-kun était disponible… Je voulais l’écouter. Je voulais entendre ce qu’il avait à me dire. Allons-y….

Il était toujours 17h30, encore tôt pour dîner. Je pensai que c’était impoli de passer comme ça. Je réfléchissais dans la chambre pendant un moment, mais le temps passait vite alors je décidai de rendre visite à Ayanokôji. Je pris mon téléphone et l’appela nerveusement. Cinq fois, six fois… Quand la dixième sonnerie arriva, je me demandais si je devais raccrocher, mais Ayanokôji-kun prit l’appel et je m’empressai de parler.

Moi — Oh, c’est moi, Wang ! C’est toi, Ayanokôji-kun ?

Ayanokôji — Tu m’as appelé, n’est-ce pas ?

La voix d’Ayanokôji-kun avait un faible écho et le bruit de la douche qui coulait avait atteint faiblement mes oreilles.

Moi — Oui. Ça fait longtemps que j’ai du mal à sortir de ma chambre. Je me sens un peu mieux. Donc je me demandais si tu pouvais m’écouter pendant un moment, disons maintenant ?

Ayanokôji — Maintenant ?

Moi — Est-ce que ça te dérange ? Je ne savais pas si c’était un bon timing pour te rendre visite. Je suis désolée de t’appeler si soudainement.

Ce fut un mauvais moment, et je ne savais pas si je pouvais y faire quelque chose.

Ayanokôji — Ce n’est pas ça. Mais tu peux attendre un peu ? Je serai prêt dans 30, non, 20 minutes.

Moi — Oh, merci beaucoup ! Je serai là dans 20 minutes ! Excuse-moi !

J’étais si étrangement nerveuse que je n’en pouvais plus. Je raccrochai immédiatement le téléphone.

Moi — J’étais tellement nerveuse.

Le fait que je ne parlai à personne depuis une semaine y était peut-être pour quelque chose. Pendant l’attente, je pris une douche puis me préparai pendant les 20 minutes restantes avant de quitter la chambre. Quand j’ouvris la porte d’entrée, elle me sembla plus lourde que d’habitude.

Moi — Oh, c’est encore ici.

Près de ma porte, il y avait un sac en plastique.

Moi — Ils sont encore passés aujourd’hui.

Le sac contenait de la gelée, du thé, des sandwiches et d’autres choses. Tout avait commencé un lundi soir quand j’avais discrètement quitté ma chambre pour aller à l’épicerie. Au début, je pensais que quelqu’un l’avait laissé là par erreur, mais il y avait un petit bout de papier dans le sac de plastique avec le numéro de ma chambre. Comme c’était anonyme, je ne savais pas qui c’était.

Moi — Oh, il y a une salade là-dedans aujourd’hui, aussi. …… Mais …… ce n’est pas trop ma préférée.

C’était une salade au poulet avec beaucoup des protéines. Malgré tout, le fait que la composition change un peu tous les jours était aussi un signe de bonté.

Moi — Je me demande qui c’est.

Il n’y avait rien d’autre dans le sac en plastique qui pouvait me donner des indices, pas même un reçu. En remerciant « Sans Nom », je le laissai à la porte d’entrée pour le moment et pris les escaliers jusqu’au quatrième étage où se trouvait la chambre de Ayanokôji-kun. Je me sentais étrangement nerveuse à l’étage où se trouvait la chambre des garçons.

Avec cette idée en tête, j’ouvris la porte et entrai dans le couloir. Juste au moment où j’arrivai, la porte de la chambre s’ouvrit. Je me demandai un instant qui était sorti de la pièce, mais c’était Karuizawa-san. Elle n’avait pas sa jolie queue de cheval habituelle, mais ses cheveux étaient raides et lisses.

Je me demandai s’ils n’avaient pas un rendez-vous dans sa chambre. Si c’était le cas, mon coup de fil devait vraiment mal tomber.

J’étais sur le point de déprimer à nouveau, mais je ne pouvais pas m’enfuir après être allée si loin. Mes yeux avaient croisé ceux de Karuizawa, qui s’était empressée de regarder autour d’elle.

Karuizawa — Oh, c’est la personne à qui tu parlais. À plus, Kiyotaka !

Je pris une profonde inspiration, ce qui me rendit nerveuse, Karuizawa prit également deux profondes inspirations.

Allait-elle me parler de Hirata-kun ?

Karuizawa — Salut !

Moi — Qu… quoi ?

Je m’étais préparée mais elle se contenta de me saluer rapidement sans contact visuel. Je l’arrêtai alors qu’elle s’éloignait rapidement.

Moi — Hum, Karuizawa-san !

Karuizawa — Qu’est-ce qu’il y a ?

Moi — Je suis désolée d’avoir appelé Ayanokôji-kun si soudainement. Je suis désolée de vous avoir dérangés.

Karuizawa — C’est rien t’inquiète.

Moi — Mais …..

Karuizawa — Mais, tu avais besoin de le consulter, non ? C’est ce que Kiyotaka m’a dit. Il a dit que si tu venais maintenant, tu trouverais le courage de sortir de ta chambre à nouveau.

Il semblait que mes sentiments lui avaient été transmis à l’autre bout du fil. Karuizawa s’arrêta et revint un peu en arrière en me souriant gentiment.

Karuizawa — Je pense que c’est bien de lui demander des conseils sans hésiter. Il n’est pas vraiment doué pour la conversation, mais je pense qu’il pourra te donner la réponse que tu cherches.

Moi — Oui.

J’avais fait tout ce chemin. Je devais lui dire tout ce à quoi je pensais. Grâce à Karuizawa, je pus trouver encore plus d’énergie.

Karuizawa — Alors je t’attends lundi, sans faute !

Elle m’encouragea et appuya sur le bouton de l’ascenseur. Mais quand elle réalisa que l’ascenseur ne venait pas de sitôt, elle prit les escaliers de secours et partit.

Moi — Merci, Karuizawa.

Au moins, elle n’avait pas l’air d’être énervée contre moi. J’avais toujours eu l’impression qu’elle était effrayante quand elle était en colère, mais… Aujourd’hui, Karuizawa semblait plus douce… Mais je ne pouvais pas me permettre de penser à autre chose en ce moment, donc je devais me dépêcher de rejoindre la chambre d’Ayanokôji-kun. J’appuyai sur la sonnette et la porte s’ouvrit en 30 secondes environ. Quand Ayanokôji-kun m’accueillit silencieusement, je devins très nerveuse.

Moi — Oh, hum, j’ai reçu un…Ton message…Que tu étais d’accord pour me parler !

2.2

(Ayanokôji)

Mii-chan ne pouvait cacher sa nervosité, mais elle ne montrait aucun signe de retour en arrière. Je ne l’avais vue qu’un court instant, mais je pouvais voir qu’elle faisait des efforts. Elle ne voulait pas rester enfermée dans sa chambre, contrairement à Kushida et Haruka.

Moi — Veux-tu quelque chose à boire ?

Wang — Non merci. C’est gentil.

Elle refusa poliment et s’assit sur le tapis d’un air réservé. Je m’assis en face d’elle et me préparai à lui parler.

Moi — La raison pour laquelle tu es ici, c’est parce que Kushida a dévoilé tes sentiments envers Yôsuke, n’est-ce pas ?

Ses épaules s’affaissèrent à la mention de son nom, puis Mii-chan hocha la tête silencieusement.

Wang — Je veux savoir comment la classe se porte. Shinohara-san, Matsushita-san, et Hasebe-san. Au minimum, je veux savoir comment vont les gens qui souffrent beaucoup plus que moi. Et aussi toi, Ayanokôji-kun.

Je ne m’attendais pas à ce qu’elle mentionne mon nom ici, mais je suppose que je ne devais pas être surpris.

Moi — Tu ne reçois pas beaucoup d’appels ?

Wang — Heureusement, il y a beaucoup de gens qui se soucient de moi. Mais je ne peux pas lire les messages, je ne pourrais pas m’empêcher d’y répondre sinon.

Elle avait seulement lu les noms, mais ne répondait pas.

Moi — Tu as raison, n’hésite pas à me poser des questions.

Ce n’était pas souvent que nous pouvions parler tous les deux et puis hésiter n’allait pas résoudre nos problèmes. Il était préférable de trouver un moyen d’apprendre à se connaître.

Wang — Merci. Oh, mais avant cela, juste pour confirmer, est-ce toi Ayanokôji-kun qui a acheté et placé les sacs devant ma chambre ?

Comme je ne comprenais pas ce qui se passait, Mii-chan me l’avait expliqué.

Il y avait une personne qui lui livrait de la nourriture chaque jour. Il y avait un morceau de papier avec seulement le numéro de chambre de Mii-chan dessus, mais rien pour identifier l’expéditeur.

Pendant un moment, j’avais pensé à Yôsuke, mais je n’avais rien entendu à ce sujet à propos de Kushida ou Haruka. Yôsuke traitait tous ses camarades de façon égale, s’il avait donné de la nourriture à Mii-chan, il aurait fait la même chose pour les autres élèves, et il m’en aurait sûrement parlé lors de nos nombreuses rencontres.

Moi — Je suis désolé, mais ce n’est pas moi, et je n’en ai aucune idée.

Wang — Je vois. Cette personne m’a beaucoup aidé, et j’aimerais pouvoir la remercier.

Moi — Même si tu es absente, il y aura toujours des élèves qui se soucient de toi.

Certains lui envoyaient des messages, certains l’appelaient, d’autres lui apportaient des cadeaux. Même s’ils ne l’appelaient pas, il y avait probablement beaucoup d’élèves qui s’inquiétaient pour elle. Elle hocha la tête pendant un moment, puis me posa une question.

Wang — Ayanokôji-kun, tu vas toujours en cours, non ?

Vu qu’elle n’était pas en contact avec le monde extérieur, il n’était pas surprenant qu’elle ne sache pas exactement ce que je faisais. Si j’avais eu un coup au moral comme elle, il aurait été difficile pour moi de conseiller quelqu’un.

Moi — Je suis allé à l’école cette semaine comme d’habitude, sans aucun changement.

Wang — Ce n’est pas dur pour toi ? Non, bien sûr que c’est dur, mais quand même, faut le faire.

Ayanokôji — Tu me demandes ça de manière générale ? Je n’ai jamais été du genre à prendre l’initiative sur mes camarades de classe, et je suis sûr que tout le monde a été surpris lorsque j’ai poussé Kushida à bout et que j’ai fait expulser mon amie.

Wang — Oui. Tu n’étais plus le Ayanokôji-kun que je connaissais. C’était un peu effrayant.

Elle était franche. Il n’y avait pas lieu de parler de la supériorité ou de la priorité des amis ou des camarades de classe ici. Nous avions déjà abordé ce sujet dans l’examen spécial, il n’était donc pas nécessaire de l’aborder maintenant.

Moi — J’essayais juste de couvrir ma propre lâcheté. Je n’ai jamais été doué pour exprimer mes émotions, donc personne n’avait remarqué. Je pense que la raison pour laquelle j’arrive à aller à l’école sans manquer un jour est que je ne voulais pas que les gens sachent que je souffrais après ce qui s’est passé.

Wang — Je ne voulais pas que les gens sachent que je souffrais à cause de la révélation de Kushida en prenant quelques jours de congé. Lundi matin, j’ai mis mon uniforme et j’ai marché jusqu’à la porte. Mais j’avais du mal. Puis après un jour de pause, la porte était devenue encore plus difficile à atteindre. C’est entièrement de ma faute…

Puis, comme si elle s’en souvenait, Mii-chan baissa la tête.

Wang — Je suis désolée d’avoir dû prendre une semaine de pause pour quelque chose comme ça.

Moi — Je ne voulais pas que tout cela arrive. Il a dû te falloir une certaine quantité de courage pour venir ici. Et tu n’as pas complètement abandonné l’idée d’aller en cours, n’est-ce pas ?

Wang — Bien sûr que non ! Je veux vraiment y aller, tout de suite même. Mais j’ai tellement honte. C’est au-dessus de mes forces.

Indépendamment du nombre d’élèves qui en étaient conscients, il était compréhensible qu’elle se soit sentie profondément blessée quand son secret fut révélé au public.

Moi — Je ne peux pas dire que je comprends ce que tu ressens, ni que je peux faire quelque chose pour t’aider. Mais toute la classe se fait du souci pour toi.

Wang — Oui…

Moi — Je ne vais pas te mentir, en ce moment tu causes du souci à la classe en étant absente.

Soudain, une larme coula sur la joue et elle eut une respiration haletante. “Ne t’inquiète pas pour ça” “ Nous attendons toujours”. C’était facile de dire des choses positives mais elles ne servaient qu’à repousser l’inévitable. Dire ceci pouvait sembler être une thérapie brutale pour une personne non avertie, mais cela pouvait avoir encore plus d’impact.

Moi — Mais heureusement, Kushida et Haruka sont aussi absentes, donc personne ne s’est plaint encore. Mais la semaine prochaine, je ne pourrai pas te dire si la classe sera toujours aussi conciliante. Que se passerait-il si elles venaient à l’école et toi toujours pas ? Tu vois le truc ?

Imaginer ce genre de situation était quelque chose que même les élèves en primaire pouvaient faire. Elle hocha la tête, ses bras tremblants légèrement alors que la peur montait en elle. Je pensais que si le stimulus était trop fort, je devais le réduire, mais étonnamment, il n’y avait aucun signe de danger. Elle était petite et timide, mais son esprit était relativement solide, et je jugeai qu’il ne se briserait pas si facilement.

Moi — Viens juste en classe sans te soucier des autres. Tu n’es pas obligée de dire quoi que ce soit de spécial à Yôsuke.

Wang — Mais… Je suis assise devant Hirata-kun, donc …

Moi — Au fait, pendant le changement de siège, Mii-chan, tu as pris le siège impopulaire du milieu avant tout le monde. Était-ce parce que tu pensais que Yôsuke prendrait le siège derrière toi ?

Wang — …… !

Son silence voulait tout dire.

Moi — C’est ce que je veux dire. Tu as bien observé et compris Yôsuke.

Wang — Ugh, je suis tellement gênée.

Elle serra ses genoux et secoua son visage de chaque côté. Il semblait que l’embarras était le problème le plus fort.

Wang — Est-ce que Hirata-kun a dit quelque chose sur… moi ?

Elle entra dans la partie qui avait dû la tracasser pendant un long moment.

Mais son visage fut caché, donc je ne pouvais pas la voir.

Moi — Bien sûr, il se soucie de toi.

Wang — C’est parce qu’il est en colère contre moi, n’est-ce pas ?

Puisque c’était elle qui était concernée, il était naturel qu’elle se préoccupe davantage de Yôsuke que d’autres problèmes.

Moi — C’est différent. Il se sent désolé d’avoir été la cause de ton absence.

Wang — Il n’a rien fait de mal….. Hirata-kun, mais …… !

Moi — Je suis sûr que tu sais quel genre de personne il est. Tu le sais depuis longtemps, même plus longtemps que moi.

Apprécier la joie de quelqu’un d’autre comme si c’était la nôtre. Être malheureux face à quelqu’un de malheureux comme si c’était son propre malheur. C’était le genre de personnalité qu’avait Yôsuke. Il souffrait aussi à cause de l’absentéisme de Mii-chan. Comprendre cela était la chose la plus efficace et la plus importante pour surmonter la situation actuelle. Elle releva sa tête lentement et ses yeux étaient un peu rouges, mais elle ne laissa pas paraître ses larmes et baissa les genoux.

Wang — En effet, j’en avais conscience. Je n’ai juste pensé qu’à moi-même.

Je n’avais donc pas à la formater, elle avait juste besoin d’un petit coup de pouce. En tant que 1ère, Mii-chan était quelqu’un de presque accompli.

Moi — Rien qu’à te voir, on dirait que tu vas mieux.

Wang — Merci beaucoup. T’avoir parlé m’a rendue mieux oui.

Moi — C’est rien, ne t’inquiète pas. La force, tu l’as trouvée seule.

Wang — Ce n’est pas vrai. Je savais que te parler allait m’aider, Ayanokôji-kun.

Ces paroles pleines d’assurance venaient du fond de son cœur, elle s’inclina pour me remercier.

Wang — Je vais revenir en cours lundi.

Moi — D’accord, mais tu n’es pas obligée de te forcer si tu ne te sens pas bien, tu peux y aller doucement.

Wang — Je vais bien. Je ramperai même lundi s’il le faut.

On dirait que je réfléchissais trop. Si elle était si motivée, c’était suffisant.

Wang — L’autre chose qui m’inquiète est la personne qui m’a apporté ces cadeaux. Je lui ai donné beaucoup de courses à faire au cours des cinq derniers jours, et je pense que le montant total de l’argent dépensé doit être proche de 10 000 points.

S’il ne s’agissait que d’une seule personne, cela représentait une certaine somme. Et ce n’était pas les dépenses qui manquaient.

Wang — Je suppose que c’est comme ça que mes parents m’ont élevée !  

Cependant, c’était trop. Elle était trop polie, même avec ses camarades de classe. Mais c’était l’un des charmes de Mii-chan.

Maintenant qu’on avait résolu un problème, je devais finir ce que je n’avais pas pu faire faire dans ma chambre. Récemment, de plus en plus d’élèves venaient chez moi, donc je n’avais pas une minute pour ma personne.

J’avais hâte de voir ce que Horikita, Yôsuke, et le reste des élèves nous avaient réservés.

3

À peine avais-je repris mon nettoyage rapide que la sonnette de la porte d’entrée retentit de nouveau. Je regardai rapidement mon téléphone portable, mais aucun message de Kei ou d’un camarade de classe. Une visite à l’improviste… ça tombait bien mal ! Je restais silencieux un moment, mais 30 secondes après j’entendis de nouveau la sonnette retentir.  

Il commençait déjà à faire sombre et j’avais éteint toutes les lumières de la pièce. Je fis glisser le couvercle du judas et regardais dans le couloir. La personne qui se tenait devant la porte n’était autre qu’Ichika Amasawa. J’eus comme un air de déjà-vu. Au passage, elle portait son uniforme alors qu’on était samedi, peut-être avait-elle eu quelque chose à faire dans l’établissement.

Je me demandais si cette visite était le fruit du hasard. Mais vu ce qui s’était passé la dernière fois, je ne pouvais m’empêcher de me dire que non. Il était évident qu’elle savait que j’étais là. Pendant que je l’observais, elle sonna à la porte une troisième fois.

Amasawa — Hé ! Je suis venue m’amuser un peu !

Alors qu’elle attendait ma réponse, Ichika s’exprima avec une voix douce.

Moi — Je suis désolé, mais je suis un peu occupé… Tu pourrais repasser, disons, demain ?

Amasawa — J’ai vu que senpai était avec une autre fille alors je suis venue enquêter… Tu as donc intérêt à ouvrir !

Sa voix résonnait dans le couloir, me forçant à ouvrir la porte. Si je la laissais sans réponse, les voisins finiraient par entendre son vacarme. Je n’avais pas d’autre choix que d’ouvrir la porte et de faire face à Ichika.

Moi — Et je peux savoir où tu as entendu ça ?

Amasawa — Nulle part.

Moi — C’est pas très fiable comme source…

Amasawa — Tu as fait venir Karuizawa et Wang aujourd’hui, n’est-ce pas ?

Ce n’était pas juste une intuition, elle avait même mentionné les deux noms. Elle aurait pu deviner le nom de Kei, mais pas celui de Mii-chan. C’était évident qu’elle savait ce que je faisais.

Amasawa — Partons du principe que je n’ai pas placé de dispositifs d’écoute dans ta chambre, d’accord ?  Ce n’est pas comme si l’école nous laissait en acheter facilement.

C’est vrai qu’il n’était pas aisé de se faire livrer ça au lycée. Cependant, Ichika avait sûrement eu un moyen de s’en procurer.

Moi — Je ne serais pas surpris que tu en aies un ou deux vu que tu étais en contact avec Tsukishiro avant.

Elle continuait à me regarder avec un sourire sur le visage, même quand je le lui fis remarquer.

Amasawa — Je peux entrer pour le moment ?  Désolée de t’interrompre.

Avant que je ne puisse donner la permission, Ichika était entrée dans la chambre, enlevant ses chaussures. Puis, sans hésitation, elle se mit à courir dans la pièce.

Moi — Qu’est-ce que tu fais ?

Amasawa — Hein ? Oh, je vérifie juste la chambre.

Moi — J’aimerais que tu me dises ce que tu vérifies au juste ?

Elle continua à regarder vivement autour d’elle et s’approcha de mon lit avec ses yeux.

Amasawa — Tu te demandes comment j’ai pu savoir pour Wang ? L’ai-je vue aller et venir, ou alors…? 

Moi — Bon, tu es juste venue faire étalage de ton réseau d’information ?

Elle ne le nia pas, mais semblait chercher quelque chose tout en effaçant les plis du lit avec sa main.   Je m’assis par terre et observai Ichika, qui semblait effectivement en pleine enquête.

Amasawa — Ta petite amie a les cheveux longs, n’est-ce pas ? Cela signifie que tu aimes les filles avec ce genre de coupe. C’est pourquoi j’ai décidé de les laisser pousser.

Elle continuait à bouger ses mains et ses yeux tout en parlant de ses cheveux, ce que je ne lui avais pas demandé. Je ne pouvais pas la forcer à s’arrêter, donc je n’avais pas d’autre choix que de la regarder, puis elle cessa soudainement de bouger. Elle attrapa quelque chose sur l’oreiller du lit avec son index et son pouce et me le montra.

Amasawa — Qu’est-ce que c’est ?

Elle brandit un long cheveu doré comme si elle tenait la tête d’un démon.

Moi — C’est probablement celui de Kei. Elle vient souvent me rendre visite ces jours-ci.

Amasawa — Oui, mais pourquoi est-il près de l’oreiller ?

Moi — Ai-je besoin de faire un dessin ?

Amasawa — Non, en effet.

Puis elle se mit à genoux sur le sol et commença à regarder par terre comme une détective, cherchant quelque chose. Je ne savais pas ce qu’elle cherchait, mais je n’étais pas sûr qu’elle trouve.

Moi — T’ont-ils appris à saccager les chambres des gens dans la White Room ?

Lorsque je posai une question sur la White Room, Ichika s’arrêta.

Amasawa — Tu ne te méfies pas de moi ? J’ai été envoyée dans cette école dans le but de te faire expulser après tout. Bien qu’on soit déjà au second semestre et que cette tâche n’ait pas trop avancé…

Moi — Au moins, tu es considérée comme un déchet par la White Room.

Amasawa — Je ne le nie pas… Mais, au fait, que penses-tu des autres élèves de la White Room ?

Moi — Ils ne m’intéressent pas.

Amasawa — Si tu le dis. De toute façon, du moment que tu restes vigilant, tout devrait bien se passer.

Moi — Je te recommande de profiter de ton séjour sur le campus.

Amasawa — Je suis d’accord avec toi. Je pense que tu devrais faire de même…

Après une courte pause, Ichika continua à fouiller ma chambre.  Lorsqu’elle me tourna le dos et souleva ses fesses, la jupe courte de son uniforme révéla ses sous-vêtements. Elle le savait, mais elle continua à ramper pour me faire savoir que je pouvais regarder. Quand elle mit son visage sous le lit, ses sous-vêtements étaient encore plus exhibés.

Amasawa — Tu es si vilain senpai à regarder mes sous-vêtements.

Moi — Je suis désolé, mais je suis encore plus inquiet de ce que tu ferais si je regardais ailleurs.

Comme je gardais mes yeux sur elle, elle sortit son visage du lit et se tourna vers moi Elle commença à ramper vers moi avec une façon si mature qui était impensable pour une élève de seconde.

Amasawa — Je crois qu’il commence à perdre le contrôle. Pour lui,  les moyens justifient la fin et non l’inverse. Il est plus préoccupé par le fait de te faire expulser que par retourner dans la White Room.

Elle murmura cela juste en face de moi, quelques centimètres séparant nos lèvres. L’odeur sucrée atteint mes narines.

Moi — Pas comme si ça m’intéressait.

Amasawa — Mais c’est la vérité pourtant.  J’y ai beaucoup pensé ces derniers temps, et je me suis dit qu’il valait peut-être mieux te dire qui est l’autre envoyé de la White Room quitte à me faire expulser.

Moi — Si ça se trouve c’est moi qui finirais expulsé.

Amasawa — Hahaha, que c’est drôle.

Ce n’était pas drôle du tout.

Amasawa — Que veux-tu que je fasse ? Tu veux savoir qui c’est ?

Après s’être rapprochée d’un centimètre, Ichika attendait ma réponse.

Moi — J’apprécie ta suggestion. Mais je vais passer mon tour.

Amasawa — Est-ce parce que tu n’as pas confiance en tes capacités pour gagner même en ayant eu connaissance de son identité ?

Moi — Si sa véritable identité était dévoilée par une source inattendue, celui qu’il suspectera en premier sera toi, Ichika et quel en sera le résultat ?

Amasawa — Bien sûr, la faute pourrait me retomber dessus.

Moi — Je n’ai pas besoin de rendre ta vie scolaire pénible juste pour découvrir qui est l’autre élève de la White Room.

Je ne la tolérerai pas si elle se dresse sur mon chemin en tant qu’ennemi, mais Ichika ne semblait pas le faire pour le moment.

Amasawa — Tu es très gentil, senpai.

Cela allait devenir un autre problème si je commençais à lui faire trop confiance.

Si elle avait une certaine stratégie en tête, je ne pourrais pas nier la possibilité que la déclaration d’Ichika soit un piège.

Amasawa — Je vais rentrer maintenant que j’ai tout vérifié.

Moi — Tu as fait tout ce chemin jusqu’à ma chambre juste pour jeter un coup d’œil ?

Amasawa — Eh bien, qu’est-ce que c’est ?

En riant diaboliquement, Ichika se tourna immédiatement vers la cuisine pour regarder le sac poubelle, qui ne contenait pas grand-chose.

Amasawa — J’ai visité ta chambre plusieurs fois, mais ta poubelle semble toujours vide. Je pensais que tu étais le genre de personne qui attendait que le sac soit plein à ras bord pour le jeter.

Moi — J’ai juste beaucoup de déchets crus qui ne peuvent pas attendre la fin de la semaine, comme ceux du poisson.

Amasawa — Dans ce cas, veux-tu que je sorte tes poubelles en partant ?

Moi — Je te remercie, mais désolé, il est interdit de sortir les poubelles après 20h.

Amasawa — Je vois que tu respectes les règles.

Je ne m’attendais pas à la visite d’Ichika, mais c’était une bonne chose qui avait résolu un mystère.

Moi — Tu es venue ici pour me faire une suggestion. La raison pour laquelle tu as fouillé chaque recoin de la pièce était parce que tu voulais être sûre que personne d’autre n’écoute.

Le fait qu’elle fasse semblant de trouver quelque chose d’intime sur moi était un signe de prudence. Ichika savait que l’élève de la White Room avait déjà mis en place un piège.

Amasawa — Senpai. Je suis sûre que tout ira bien, mais si je venais à être expulsée, il faudrait t’attendre à des actions contre toi.

Sur ces mots, Ichika quitta la chambre. En vérifiant mon téléphone portable pour voir s’il n’y avait pas quelque chose d’inhabituel, je reçus un message d’Akito.

Miyake — Haruka viendra à l’école lundi prochain.

C’était une bonne nouvelle pour l’instant. En tant que membre du groupe, il devait avoir réussi à la persuader. Le problème était que le message n’avait pas été envoyé dans le groupe Ayanokôji. Après avoir regardé mon écran pendant un long moment, je reçus un nouveau message.

Miyake — S’il te plaît, garde un oeil sur Haruka discrètement pendant un moment

Le message en lui-même était simple, mais le mot « discrètement » était mis en valeur. Elle allait revenir en cours mais ne souhaitait pas me parler. C’était simple à comprendre. Si elle revenait en classe, je devrais me garder d’engager tout contact avec elle pendant un moment.

Moi — Je comprends. Je ferai très attention.

Miyake — Merci de ton aide. J’espère que tout redeviendra comme avant

Dans les instants qui suivirent, je reçus plusieurs messages d’encouragement d’Akito, et quand le moment fut venu, je mis fin à la discussion.

Moi — Un autre problème résolu ?

Mais cette « solution » n’était pas une vraie solution. Il était préférable de le voir comme une tentative de renaissance de Haruka. Après quelques heures, je me sentais plus fatigué que d’habitude.

Je pensais qu’il valait mieux que je me couche tôt aujourd’hui. Cependant, je me rappelai qu’il fallait sortir les poubelles avant.

4

Un nouveau lundi était sur le point de commencer.

Samedi fut une journée très active, avec Mii-chan qui était directement venue me parler puis Akito qui m’avait informé indirectement de l’intention de Haruka de retourner à l’école. Pourtant, rien ne garantissait qu’elle allait revenir en cours, c’était à elle de décider si elle voulait le faire ou non. Dans le cas de Kushida, Horikita ne m’avait pas contacté une seule fois jusqu’à ce matin.  

Même si elle revenait en cours, il était impossible de prédire les réactions de la classe. J’arrivai à l’école à la même heure que d’habitude et m’assis pour attendre si elle allait réellement venir. Environ un quart de la classe était déjà présente et pour je ne sais quelle raison, la plupart des filles qui passaient m’avaient accueilli avec un grand sourire. Mii-chan entra dans la salle de classe, l’air réservé.

Wang — Bonjour… et Merci.

Mii-chan, qui revenait à l’école, leva les yeux vers moi avec appréhension.

Les filles l’accueillirent sans même mentionner le sujet.

Hirata — Bonjour, Mii-chan.

Wang — Oh, bonjour, Hirata-kun.

Hirata accueillit également Mii-chan avec un sourire qui n’avait jamais changé.

À ce stade, je ne savais pas si la vie amoureuse de Mii-chan allait décoller ou non.

Cependant, même si elle n’avait pas commencé, elle n’était certainement pas terminée. Il se pourrait qu’il y ait un tournant majeur pour eux deux au cours de leur scolarité.  Après ça, les filles n’avaient pas lâché Mii-chan, encore un peu tendue, et commencèrent à rire de ce qui s’était passé la semaine dernière en cours. Après que la classe se soit bien remplie, Haruka se présenta à la porte avec Akito qui l’accompagnait, comme il ne savait pas quand elle allait s’enfuir, il la suivit jusqu’à son siège au cas où.

Je n’étais pas sûr de pouvoir faire la même chose qu’elle en tout cas et je n’aurais jamais pensé être soulagé de ne pas être à côté de ces trois lorsque nous avions changé de place. Haruka me regarda un instant, mais détourna le regard rapidement pour son téléphone. Après avoir regardé la scène, Akito et Keisei s’échangèrent quelques mots et retournèrent à leur place.

Mii-chan et Haruka étaient revenues à l’école aujourd’hui. Toutes deux avaient des amis qui pouvaient les soutenir lorsqu’elles étaient dans le mal. Pour Mi-chan, c’était plusieurs filles. Pour Haruka, c’était Akito et Keisei. Bien qu’ils étaient peu nombreux, ils pouvaient être considérés comme des meilleurs amis. À ce moment-là, la pénalité de recevoir une sanction pour absentéisme fut évitée.

Mais qu’en était-il de la dernière personne qui manquait à l’appel ? Moins de trois minutes avant le cours du matin, Horikita, le visage raide, arriva seule en classe. Elle jeta un coup d’œil à la place de Kushida, puis alla s’asseoir à sa place, regardant le tableau. J’espérais la voir puisqu’elle n’était pas dans le hall ce matin, mais je suppose qu’elle n’avait pas pu venir.

Shinohara et d’autres élèves avaient dû penser la même chose quand ils aperçurent le dos de Horikita. La sonnerie finit par retentir, c’était l’heure du cours du matin. Chabashira-sensei arriva dans la salle de classe, observant toutes les places prises à l’exception de celle de Kushida.

Mlle. Chabashira — Vous vous sentez mieux toutes les deux j’imagine. L’été a été long et rude, mais prenez davantage soin de vous maintenant.

Elle leur fit un petit reproche, mais sans les blâmer, puis confirma leur présence.

Mlle. Chabashira — Kushida est-elle encore absente ? Je n’ai pas eu de nouvelles la concernant.

À ce moment-là, j’entendis le bruit de la porte de la classe s’ouvrir derrière moi. Elle était légèrement essoufflée, mais se ressaisit rapidement.

Kushida — Je suis désolée pour mon retard.

D’une voix calme, Kushida entra dans la classe.

Mlle. Chabashira — C’est la première fois que tu es en retard. Tu as été absente pendant une longue période, te sens-tu mieux ?

Kushida — Oui, je ferai attention la prochaine fois.

Elle répondit sans s’affoler et s’assit à sa place. Elle n’échangea aucun mot ni regard, se contentant juste d’avancer jusqu’à sa place. Une atmosphère tendue commençait à monter dans la classe, mais il n’y avait pas de place pour les conversations privées et le silence s’installa.

Mlle. Chabashira — Je sais que vous avez traversé beaucoup de choses, mais c’est la première fois que nous sommes tous ensemble depuis une semaine.

Bien que la situation de la classe fût encore instable, Chabashira-sensei hocha la tête en guise de satisfaction.

Mlle. Chabashira — Le festival sportif approche à grands pas. Je m’attends à ce que vous fassiez de grands progrès et que vous soyez performants.

Après cela, le cours se termina et la classe était en effervescence. Bien sûr, inutile de dire que c’était dû au fait que Kushida était revenue à l’école. Les élèves la fixaient comme si elle était une paria. Allait-elle rester silencieuse, ou allait-elle sourire comme d’habitude ? Ou allait-elle encore montrer ses crocs ?

Je me levai de la chaise pour quitter la classe et me diriger vers le couloir. Puis j’ouvris la porte de ce même couloir pour ne pas me faire remarquer par mes camarades. Je reçus ainsi un message sur mon téléphone qui me disait : « Je veille, ne t’inquiète pas ».

Dans le couloir où je ne montrais que mon visage, Chabashira-sensei me trouva et répondit d’un hochement de tête. Après confirmation, je décidai de fermer la porte pour que personne ne nous remarque. Je suppose que Chabashira-sensei essayait de faire tout son possible pour nous aider.

Dans cette situation où chacun était statique, tout pouvait arriver. Alors que Horikita était sur le point de se lever, Kushida se leva pour l’arrêter.  Avec cette seule action, elle semblait la menacer de ne rien faire en retour. La première chose qu’elle fut était d’aller en face de Mii-chan, dont le bureau était également près du sien. Alors que Mii-chan avait finalement réussi à revenir en classe, elle s’était raidie comme une grenouille qui regardait un serpent.

Kushida — J’ai appris par Horikita-san que tu étais absente à cause de moi.

Wang — Ah, bien…

Kushida — Est-ce que tu me détestes maintenant ?

Wang — Non, pas du tout…

Kushida — Tu n’es pas obligée de m’apprécier, Mii-chan. J’ai révélé ton secret en public et on ne peut pas revenir en arrière. Mais je n’ai pas l’intention d’être amie avec toi. Je suppose que tu l’as bien compris.

Wang — Moi non plus je n’en ai pas l’intention.

Le ton de sa voix était plus doux, mais ces mots forts avaient renforcé la détermination de Mii-chan la rendant plus confiante. Plusieurs élèves qui regardaient la situation furent en proie à l’anxiété et au doute. Normalement, cela aurait été assez douloureux, mais cela n’eut aucun effet sur Kushida.

Kushida — Je sais que je ne peux pas te demander de comprendre ce que j’ai ressenti à ce moment-là, mais je n’avais pas d’autre choix que de le faire. Je m’excuse de t’avoir causé du tort.

Elle inclina profondément la tête. Elle semblait sincère dans ses excuses au moins montrant qu’elle n’avait pas de mauvaise intention.

Kushida — Je m’excuse des problèmes que je vous ai causé Shinohara-san et Matsushita-san, mais il semble que vous vous soyez réconciliées.

À mon avis, la distance entre les groupes de Shinohara et de Matsushita s’était en effet réduite à nouveau. Yôsuke et Sudou avaient dû réussir à les réconcilier ce week-end.

Shinohara — Tu penses vraiment que tes excuses suffiront ?

Sans faire de pause, Shinohara lui adressa des mots assez durs.

Kushida — Je suis désolée, mais si je ne m’excuse pas, par où commencer alors ?

Shinohara — C’est vrai….., mais ton attitude quand tu t’excuses…

Kushida — C’est la vraie moi.

Le faux masque qu’elle avait porté tout ce temps n’existait plus. Ce seul fait rendit toute la classe nerveuse.

Kushida —À l’avenir, j’ai l’intention de maintenir un semblant d’apparence comme je l’ai fait dans le passé. Ainsi, je pourrai recueillir des informations auprès des autres classes lorsque l’occasion se présentera. Mais si quelqu’un dans la classe veut interférer avec cela, je n’y vois aucun inconvénient.

Peu importe combien on essayait de se faire bien voir de l’extérieur, cela ne pouvait pas durer si une faille venait de l’intérieur.

Kushida — Je vous laisse le choix d’utiliser ou non mes armes.

Si Kushida est une personne qui apprécie ses amis et craint d’être seule, l’isoler serait un moyen de se venger d’elle. Mais au lieu d’être passive, elle passa à l’offensive.

Kushida — Et je ne tolérerai pas qu’on essaie de me contrarier. J’ai seulement révélé peu de choses dans l’examen spécial. Je suis sûre qu’il y a beaucoup d’autres personnes qui ont quelque chose à cacher, non ?

Elle marmonna comme si elle menaçait toute la classe, et pas seulement une personne en particulier.

Kushida — Mais je vous promets une chose. Tant que vous n’essayez pas de me piéger, je ne révélerai aucun de vos secrets. Ce n’est pas pour le bien de la classe, mais pour mon propre intérêt. Je fais ça pour avoir mon diplôme en classe A. C’est ma dernière ligne de défense pour ne pas perdre ma dignité.

Tant que nos camarades de classe nourrissaient du ressentiment, de l’insatisfaction et de la méfiance à son égard, elle courrait le risque de se faire poignarder. Afin d’éviter que cela ne se produise, elle avait décidé de se défendre en ne révélant pas ses autres secrets. Mais si elle revenait sur son pacte, personne ne lui pardonnerait.

Elle avait tout de même promis de contribuer à la classe pour se protéger après tout. D’autant plus que le profil de Kushida est l’un des meilleurs du lycée. Du moins sur les plans scolaires et physiques.

Kushida — Hasebe. Tu es d’accord avec ça aussi, non ?

Elle s’adresse à Haruka, qui n’avait pas bougé de sa chaise et qui ne regardait même pas la classe, laissant dériver son regard vers la fenêtre.

5

Ma vie quotidienne commença à changer radicalement au cours de la dernière semaine. Le groupe Ayanokôji n’avait plus de réunion depuis l’apparition de Haruka en classe. Avec la disparition de nos rassemblements habituels, j’allais passer le temps de manière bien différente.

Les pauses de dix minutes pendant les cours furent généralement passées seules ou en parlant avec Kei. Parfois, je parlais avec des élèves comme Sudou et Matsushita car les occasions de parler avec Akito et Keisei étaient logiquement réduites. Au début, cette nouvelle vie me parut étrange, mais mon corps commença petit à petit à s’adapter.

Le cycle était similaire à l’heure du déjeuner, mais quand Kei sortait dîner avec ses amies, je me présentais à la bibliothèque. C’était un moment de repos pour moi, ce qui ne changeait pas depuis mon arrivée dans cet établissement. Le seul problème, était que Hiyori ne venait plus à la bibliothèque ces derniers temps pour nos conversations sur les livres. C’était bien dommage. La journée se termina ainsi.

Kei m’informa qu’elle rentrait chez elle pour passer du bon temps avec ses amies et comme je n’avais rien de prévu, je décidai de retourner au dortoir dès que possible. En effet, rester dans le secteur aurait fait peser une charge mentale trop lourde sur Haruka. Cependant, en voyant mon geste, un développement inattendu se produisit.

Haruka — Kiyopon, tu as le temps de parler maintenant ?

Quand je sortis dans le couloir pour rentrer chez moi, Haruka, que je pensais ne jamais pouvoir entrer en contact avec moi, s’approcha dans ma direction. Peut-être que sa venue en cours n’était pas pour la classe mais pour pouvoir me parler. Sans me retourner pour vérifier son expression, je lui répondis.

Moi — Je vais voir si je peux trouver du temps.

J’essayai de donner l’impression que j’avais des projets mais…

Hasebe — Alors prend le temps qu’il faut, d’accord ?

Elle n’avait pas l’air de vouloir s’éloigner de moi.

Hasebe — J’ai déjà parlé à Horikita-san. Je t’attendrai d’abord au café du centre commercial de Keyaki.

C’était tout ce qu’elle avait à dire, et elle quitta la classe. Peu après, Akito la suivit et vint vers moi.

Moi — Elle est venue en cours avec l’objectif de discuter avec moi ?

Miyake — Je ne sais pas… Elle ne m’a rien dit. Mais dans tous les cas je ne pense pas pouvoir être de ton côté.

Akito s’excusa auprès de moi, mais je comprenais.

Moi — C’est bon.

Après une brève conversation, Akito et Keisei quittèrent également la classe. Il semble qu’ils avaient rassemblé tous les membres du groupe Ayanokôji en y ajoutant Horikita. Bien sûr, il était certain que la conversation porterait sur l’expulsion d’Airi. Horikita s’approcha de nous au moment où nous partions tous les trois.

Horikita — J’ai essayé de m’assurer qu’il n’y avait que moi, mais elle ne voulait rien entendre, disant qu’il était absolument nécessaire que tu viennes.

Elle essaya d’être prévenante et de résoudre le problème par elle-même, mais les circonstances ne s’y prêtèrent pas. Nous quittâmes tous les deux la classe et nous nous dirigeâmes vers le café désigné. Je décidai de confirmer ce qui me tracassait avant d’entamer une sérieuse conversation.

Moi — Je suis surpris que tu aies réussi à faire sortir Kushida de sa chambre. Honnêtement, j’étais impressionné.

Horikita —Elle est officiellement de retour. Mais il y a encore beaucoup d’incertitudes. Ce n’est pas la même chose qu’avant.

Moi — Pourtant, on ne peut pas demander beaucoup plus que ça pour le moment.

Bien qu’elle ait une manière très différente de parler, elle revint avec une solution qui était proche de la meilleure pour l’avenir de la classe. J’étais sûr que les conseils de Horikita avaient beaucoup aidé. Heureusement, les fuites de ce qui lui était arrivé vers les autres classes furent minimes. Même si les gens finissaient par l’apprendre, un certain temps aura passé d’ici pour oublier.

Moi — Comment l’as-tu persuadée ? Elle n’est en aucun cas réceptive.

Puisqu’elle était venue en classe aujourd’hui, il dut y avoir de nombreux rebondissements pour cette prouesse. C’était ce qui m’intéressait le plus, mais l’expression de Horikita était… complexe.

Horikita — J’ai fait quelque chose d’enfantin et d’indigne de mon âge, quelque chose que je ne préfère pas mentionner.

La façon dont elle évita de parler des détails me montrait sa détermination. Je n’eus d’autre choix que d’abandonner.

Horikita — Mais je pense que j’ai fait le bon choix au vu du personnage.

Elle répondit en caressant légèrement sa joue avec sa main gauche, comme si elle se souvenait de chaque détail.

Moi — Ça a pris une semaine, mais nous avons réussi.

Horikita — Oh, au fait, la dispute des filles s’est également réglée.

J’avais dit à Yôsuke de se fier à Horikita, donc elle était certainement impliquée.

Horikita — Le cas de Shinohara-san a été initié par Hirata-kun, et ils se sont réunis au centre commercial Keyaki le dimanche.

Moi — Tu y étais aussi ?

Horikita — Oui. Nous avions convenu de tourner la page.

Shinohara-san avait fortement protesté pendant un moment, mais Ike l’avait calmée, ce qui avait été d’une grande aide. Les mots de Horikita indiquèrent qu’Ike avait joué son rôle de petit ami.

Horikita — Tant d’élèves commencent à mûrir sans même le savoir.

Moi — Tu n’as pas l’air heureuse.

Horikita — Je suis heureuse, mais ça me donne l’air relativement pathétique. Je ne suis pas sûre d’avoir moi-même mûri comme il faut.

Il était facile d’évaluer les autres, mais difficile de s’évaluer soi-même. Il fallait savoir trouver un équilibre entre être indulgent et strict.

Moi — Éventuellement, une tierce personne pourra te donner une réponse.

Horikita — ….. En effet.

Nous devrions d’abord nous concentrer sur la remise en route de la classe.

Son auto-évaluation pouvait attendre.

Horikita — J’ai entendu dire que tu avais aidé Wang-san jusque là injoignable. Merci.

Moi — Je donnais juste quelques conseils. Même si je n’avais rien fait, quelqu’un d’autre aurait fini par l’aider.

Horikita — Tu m’as aidée à me remettre sur pied très vite et ça a été le cas de beaucoup d’autres personnes. J’ai l’impression d’avoir été confrontée à l’impossibilité de faire les choses toute seule.

Moi — Oh d’ailleurs, je voudrais te demander de donner un message au président du Conseil.

Horikita — Moi ? C’est vrai que j’ai le rôle d’intermédiaire. Que dois-je lui dire ?

Moi — Dis-lui juste que je suis ouvert aux suggestions.

Horikita — …Ouvert aux suggestions ?

Moi — C’est tout ce qu’il a besoin de savoir.

Horikita — Très bien. J’irai dans la salle du Conseil plus tard et lui dirai exactement ce que j’ai entendu.

Je n’avais toujours pas décidé si je voulais participer au festival sportif ou pas.

Mais comme la date limite était déjà dans une semaine, je supposais que j’allais devoir accepter. J’étais sûr que Nagumo allait se sentir mal si je ne participais pas à la compétition tôt ou tard.

Moi — Maintenant, nous devons nous concentrer sur le cas Hasebe. Honnêtement, je ne sais pas ce qu’elle va me dire.

Horikita — À en juger par son comportement de la journée, je ne serais pas surprise qu’elle cherche à renouer les choses.

Moi — Je pense qu’il est préférable de ne pas être naïf.

Mii-chan avait surmonté ses difficultés et avait réussi à venir en cours. Mais Haruka était différente. Il y avait une forte probabilité qu’elle devienne un obstacle dans le futur.

Horikita — Alors que j’attendais de pouvoir discuter avec Kushida ces derniers temps, Miyake et Yukimura m’avaient brièvement contacté plusieurs fois.

Je ne savais pas qu’elle faisait attention non seulement à Shinohara et aux autres, mais aussi au groupe Ayanokôji.

Horikita — Celle qui a eu le plus de séquelles avec l’examen spécial était Hasebe. Il était inévitable que je la surveille.

Malgré cela, l’expression de Horikita ne s’éclaircit pas, probablement parce qu’elle n’avait rien réussi du tout.

Horikita — Elle m’avait ouvert la porte mais sans dire quoi que ce soit. Miyake-kun m’avait ensuite dit de la laisser seule pendant une semaine. J’avais fini par décider de la surveiller de loin.

C’était donc ce qui s’était passé aujourd’hui. Horikita ne s’attendait probablement pas à ce que Haruka vienne en classe.

Moi — En conséquence, Akito a réussi à la persuader et à la faire venir. C’est une bénédiction déguisée en quelque sorte.

Horikita — J’espère que c’est le cas……. Mais c’est trop beau pour être vrai, je présume.

Il était normal de penser que quelque chose se passait puisqu’elle avait décidé de venir aujourd’hui. Ce n’était pas comme si elle allait encore faire de son mieux à partir de maintenant.

Moi — C’est moi qui ai expulsé Airi et qui l’ai poussée à bout. Tout ce que tu as fait, c’est écouter ce que j’avais à dire.

Horikita — Je ne le pense pas. J’étais du même avis, nous sommes donc tous les deux responsables. Non, tout cela est dû au fait que je suis revenue sur ma parole. Je dois tout assumer.

Moi — Tu dois te concentrer sur le festival sportif, même si c’est important de prendre soin de Haruka.

Il nous fallut déjà une semaine pour résoudre le problème de la classe. Pendant ce temps, la classe A avait déjà commencé ses préparatifs du festival sportif. Nous ne pouvions pas nous permettre de nous rater.

Horikita — Bien sûr, je réfléchis à notre tactique pour le festival. J’ai déjà une bonne idée de ce que nous allons faire.

Il me semble qu’elle faisait tout de son côté pour régler la situation avec Kushida et Shinohara.

Moi — Je t’écoute. Quel est notre objectif pour le festival sportif ?

Je demandai à Horikita ce qu’elle avait prévu.

Horikita — Je viserai la première place sans avoir besoin qu’on me le demande. Non, je vais certainement prendre la première place, il le faut.

La confiance de Horikita était évidente.

Moi — Il n’y a rien de mal à se fixer des objectifs ambitieux surtout avec notre effectif. Alors, tu as trouvé une stratégie ? L’accent sera essentiellement mis sur le score global de la classe et il faut dire que Sakayanagi et Ryuuen peuvent trouver des stratégies imprévisibles.

Horikita — Si nous validons moins de cinq épreuves, alors nous perdons tous nos points. Ryuuen pourrait potentiellement simuler un accident pendant la compétition et essayer de se blesser pour en sortir.

Comme Horikita fut ciblée l’année dernière, il n’était pas surprenant que Ryuuen choisisse un tel geste de lâcheté. Si c’était Sakayanagi, elle regarderait pour guider ses camarades de classe vers les meilleures positions.

Moi — Que comptes-tu faire ?

Horikita — C’est un plan plutôt direct. Laisser Sudou et Onodera accumuler un maximum de points et laisser des élèves comme moi et Kushida s’occuper du reste. Nous ferons juste ce qu’il faut pour gagner.

Moi — Si nous pouvons gagner avec ça, nous n’aurons pas de problème. Cependant il y a un inconvénient c’est que nous n’avons que 38 élèves dans la classe.

Horikita acquiesça immédiatement. Il semble qu’elle s’attendait dès le départ à ce que je réponde ainsi.

Horikita — J’ai donc décidé de ne prendre qu’un seul risque. Je m’y prépare maintenant.

Moi — Un risque ?

Horikita — Je me demandais si tu pouvais rester avec moi après les cours demain pour parler des détails.

Moi — Tu veux dire que tu as besoin de mon aide pour quelque chose ?

Horikita — Non, j’ai juste besoin que tu sois avec moi et que tu m’écoutes, et enfin, j’ai besoin que tu me donnes une réponse objective pour savoir si ça vaut le coup de prendre le risque.

Moi — C’est vraiment tout ce que tu veux ?

Horikita — Comme la dernière fois, je ne peux pas continuer à profiter de toi.

Elle n’avait pas besoin de mon aide ou de mes conseils parce qu’elle avait déjà une certaine idée. Dans ce cas, nous attendrons de voir quelle sera la stratégie de Horikita pour le festival sportif.

Moi — Ça marche. Je t’écouterai demain après les cours.

Quand nous arrivâmes au café, les trois membres du groupe Ayanokôji nous attendaient à leur place. Il n’y avait aucun signe de discussion, et trois boissons étaient posées sur la table. La consommation était obligatoire alors nous commandâmes quelque chose avant de nous approcher de la table.

Hasebe — Prenez place.

Haruka nous avait ainsi demandé de nous asseoir sur les deux places vides.

Hasebe — Il semble que tu aies voulu me parler plusieurs fois pendant mon repos alors j’ai pensé que je devais t’en parler.

Haruka commença à s’exprimer sans nous regarder. Il semblait que c’était à nous deux qu’elle avait posé la question, mais à cet instant-là c’était définitivement Horikita qui était la plus concernée. J’avais bien raison.

Hasebe — De quoi voulais-tu parler ?

Horikita — Le problème a été résolu d’une certaine manière, c’était parce que tu as été absente pendant plusieurs jours.

Hasebe — Tu veux dire que tu avais peur que je commence à pénaliser la classe pour avoir été absente trop longtemps ?

Horikita — Bien sûr, il ne s’agit pas seulement de cela. Tu as eu de bonnes raisons d’être absente pendant une semaine, n’est-ce pas ?

Hasebe — Je ne me sens pas bien. C’est ce que j’ai dit à l’administration donc il ne devrait pas y avoir de problème, n’est-ce pas ? Miyachi m’a dit qu’il pourrait y avoir une pénalité pour cet absentéisme, donc je suis venue aujourd’hui.

Horikita — Bien sûr. Mais si tu étais absente, ce n’était pas parce que tu étais malade.

Hasebe — Comment peux-tu en être aussi sûre ? Ça aurait pu être un problème purement physique me concernant.

Sans le nier, Horikita posa ses lèvres sur la tasse. Que cette absence soit due à des problèmes de santé ou non, ce n’était que la première étape du problème. Quelle que soit la réponse de Horikita, elle ne sera jamais satisfaite.

Hasebe — Cela peut paraître douteux, mais c’est vrai que j’ai été malade. Mais j’avais juste du mal à me lever mentalement. Je ne pouvais pas dormir et je n’avais pas la force d’aller en cours.

Akito et Keisei semblaient écouter calmement, mais ils étaient loin de l’être. Ils comprenaient vu qu’ils souffraient aussi, mais pas autant que Haruka. Ils ne purent donc qu’écouter en silence.

Horikita — Pourquoi n’arrêtes-tu pas de jouer avec les mots et dire simplement ce que tu as à me dire ?

Au lieu d’adopter une approche détournée, Horikita prit une position ferme. Cette attitude avait généralement l’effet inverse, mais Haruka resta imperturbable. C’était comme si elle avait refoulé ses émotions au plus profond d’elle-même. C’est l’impression qu’elle me donnait. Je me demandais si Horikita ressentait la même chose, c’est pourquoi elle ne mâcha pas ses mots.

Hasebe — Es-tu satisfaite des points supplémentaires de l’examen ?

Horikita — Non, je ne suis pas satisfaite, il y a encore plus de 500 points qui nous séparent de la A. J’aurais préféré atteindre la classe A sans expulser un seul élève… Mais ça ne sert à rien d’en parler maintenant, n’est-ce pas ?

Personne ne voulait voir quelqu’un se faire renvoyer mais il était inutile d’en parler maintenant.

Hasebe — Ma meilleure amie a subi les conséquences de ta décision égoïste. Est-ce que tu es consciente de ça ?

Pour la première fois aujourd’hui, les mots que Haruka voulait dire sortirent de sa bouche.

Horikita — Oui.

Pendant plus d’une semaine depuis la fin de l’examen spécial, Horikita s’était battu contre son propre jugement. On n’avait pas besoin de lui demander en face, mais on pouvait le savoir en l’observant tous les jours. Cependant son état d’âme n’était pas les affaires de Horikita. Pour elle, c’était le résultat qui comptait.

Hasebe — Tu es un grand leader mais tu te fiches de ce qu’il faut pour que ta classe gagne.

Horikita — Je ne le suis pas encore.

Hasebe — Tu as bien compris que j’étais ironique, n’est-ce pas ?

Horikita — Bien sûr.

Hasebe — Où est ta promesse d’éliminer le traître, l’élève qui à voter pour ton exclusion ?

Horikita — Plus facile à dire qu’à faire. Mais comme il était impossible de faire machine arrière, il fallait être pragmatique sur le choix de la personne à expulser.

Hasebe — Il y a des erreurs qui ne peuvent être pardonnées.

Horikita — Je ne le nie pas. Tu as raison.

Hasebe — Pour toi c’était la bonne décision de laisser Kushida ?

Horikita — J’ai décidé que c’était la meilleure chose à faire, alors je l’ai laissée faire face aux conséquences. J’ai peur de me répéter.

Hasebe — Ah, oui.

Quand Horikita ne faisait aucune concession, le ton de Haruka devint légèrement plus intense.

Horikita — Je ne vais pas faire d’excuses inutiles. Peu importe combien de temps nous discutons, le fait est que j’ai changé d’avis et décidé que Kushida devait rester. Il est naturel que tu m’en veuilles, et je pourrais même avoir à le payer un jour. Mais j’ai décidé que Kushida était un atout pour la classe. Je suis de plus en plus convaincue de cela.

Hasebe — Même si Kushida a de très bonnes notes, il y avait d’autres personnes incompétentes. Ça ne devait pas être elle.

Il y avait d’autres personnes qui auraient pu être expulsées selon elle. Devant Horikita, qui ne pouvait pas arriver à une telle conclusion, Haruka poursuivit.

Hasebe — Peu importe l’approbation des aqutres, je ne te considérerai jamais comme notre leader.

Elle essayait de contrôler ses émotions autant que possible, mais elle ne montrait aucun signe de pardon.

Horikita — Je suppose que je vais devoir travailler plus dur pour que tu m’acceptes.

Hasebe — J’ai déjà dit que je ne t’accepterai pas.

Horikita — Je suis responsable de l’expulsion de Sakura. Oui, je ne le nierai pas, mais qu’est-ce que je suis censée faire à ce sujet ? Est-ce que tu veux que je sois expulsée maintenant ?

Cela n’allait pas ramener Airi et les 100 points qu’elle avait sacrifiés pour la classe allaient être anéantis par cet acte.

Horikita — Ou tu veux que je me mette à genoux ? Est-ce que ça te soulagerait ?

Horikita avait l’air forte mais en réalité elle souffrait. Elle avait rassemblé son courage pour affronter Haruka. En m’asseyant à côté d’elle, je pus voir le vrai sens de ses yeux vacillant.

Hasebe — Rends-moi Airi.

Horikita — … Je ne peux pas satisfaire tes exigences.

Hasebe — C’est tout ce que je veux. Je me fiche de la classe, je me fiche de tout.

Elle attrapa quelques mèches de ses propres cheveux et les arracha aussi fort qu’elle pouvait.

Hasebe — Tu as pris la mauvaise décision à ce moment-là.

Horikita — Si tu étais malheureuse, tu aurais peut-être dû te battre.

Immédiatement après avoir lâché ces mots provocateurs, Horikita donna une autre poussée.

Horikita — Mais cela aurait été inutile. Même si tu t’étais battue, tu n’aurais eu aucun moyen de résister.

Hasebe — Tu as raison. Je ne pense pas que j’aurais pu faire quoi que ce soit. Kiyopon a profité des sentiments d’Airi et l’a poussée brutalement dans un coin. Une personne normale n’aurait jamais été capable de faire une telle chose.

C’était la première fois qu’elle me lançait un regard de mépris. Cependant, elle n’avait pas l’air de vouloir me parler, alors elle reporta son regard vers Horikita.

Hasebe — Va-t-elle vraiment jouer son rôle pour le bien de la classe à partir de maintenant ? Il y a des moments où elle nous trahira, n’est-ce pas ? Je suis sûre que tu le regretteras quand elle entraînera tout le monde dans sa chute.

Il était vrai qu’il n’y avait aucune garantie que Kushida serait d’une quelconque utilité pour la classe. Si Horikita dirigeait mal le navire, il se pouvait qu’un jour elle regrette sa décision d’avoir coupé les ponts avec Airi.

Horikita — Même si je devais retourner dans le passé avec mes souvenirs actuels, ce que je ferais ne changerait pas beaucoup. Je répéterai ma décision de garder Kushida et d’exclure Sakura. La seule chose qui changerait, c’est que je ne ferai pas de promesses inconsidérées.

Elle réitéra qu’elle n’aurait pas changé sa conclusion.

Hasebe — Pourquoi ? Pourquoi Airi ? …..

Horikita aurait répondu même si je n’avais rien dit, mais je décidai d’exprimer mes propres pensées ici.

Moi — C’est une question de perspective. Cet incident était un test important pour les élèves ayant un OAA médiocre. Rester en bas du classement c’est prendre le risque d’être sous le coup d’une expulsion.

Même si j’avais eu le mauvais rôle, il fallait désigner Airi.

Hasebe — C’est exactement comme la classe de Ryuuen. Si tu n’es pas assez bon, tu es éliminé ?

Moi — Oui. Je ne sais pas quel genre de politique Ryuuen suit maintenant mais ça ressemble à une politique de la peur. Jusqu’à présent, la gestion de notre classe a été trop laxiste.

Hasebe — Ça me rappelle mes débuts à l’école, quand rien n’était cohérent et que nous étions tous égoïstes.

Moi — Tu dis que c’est similaire, mais ce n’est vraiment pas le cas. À l’époque c’était différent. Dans ce cas présent, nous avons minimisé les dégâts.

Hasebe — Mais… !

À ce moment-là, pour la première fois, Haruka haussa le ton.

Moi — Horikita est arrivée à cette conclusion parce qu’elle a estimé que Kushida apportait davantage au groupe qu’Airi. Et parce que je pouvais aussi me projeter, j’ai respecté l’opinion de Horikita et j’ai décidé de l’aider.

Fondamentalement, il n’existait pas de futur précis. Nous pouvions seulement imaginer et agir pour saisir le futur que nous voyons. Nous ne sommes pas tout-puissants.

Hasebe — Même quand tu réalises qu’Airi est partie, cette classe retourne à sa routine normale.

Moi — Je comprends ta frustration, mais je me demande si tu as ressenti la même chose pour Yamauchi-kun ?

Hasebe — Il a eu ce qu’il méritait. C’est totalement différent.

Moi — C’est la même chose. Tu es juste en colère contre le sacrifice de ta propre amie.

Hasebe — Qui y a-t-il de mal à ça ?

Il n’y eut pas d’objectif clair dans cette discussion. Il n’y avait aucun moyen de résoudre le problème sauf pour Haruka de s’effondrer.

Hasebe — Je ne peux pas accepter une telle réalité. Je ne peux tout simplement pas.

Et si Haruka ne craque pas, alors il y aura un gros problème qui l’attend.

Hasebe — Horikita peut avoir décidé d’agir pour la classe mais tu penses que je vais sérieusement coopérer juste pour ça ?

Horikita — Oui, je le pense. Après une semaine d’absence, je me doutais que ça n’allait pas être facile.

Horikita dit qu’elle devait prendre des mesures immédiates, mais qu’elle était prête à prendre du recul. Après avoir perdu Airi lors du test, Haruka n’avait maintenant plus rien à craindre.

Horikita — Mais tu as pu venir à l’école aujourd’hui. Si tu voulais juste nous parler, tu aurais pu le faire pendant ton absence n’est-ce pas ?

C’était une faible attente, et elle aurait été merveilleuse si Haruka avait été capable de la sublimer et de venir à l’école. Cependant, le monde n’était pas si rose.

Hasebe — Je suis seulement venue ici parce que je n’ai pas encore les réponses.

Horikita — Les réponses ?

Hasebe — Je suis venue en cours pour chercher les réponses que je n’ai pas pu trouver en restant dans ma chambre.

En entendant ces mots, Akito baissa les yeux.

Hasebe — Je cherche à savoir comment je peux me venger de Horikita et de Kiyopon.

C’était la chose la plus froide que Haruka m’ait jamais dite. Les mots qui s’échappèrent de ses lèvres légèrement sèches étaient différents de ceux d’une menace ou d’un bluff.

Horikita —…. Tu es sérieuse, n’est-ce pas ?

Horikita remarqua également le poids des mots.

Hasebe — C’est ce que je voulais te dire aujourd’hui. Je vais définitivement te faire regretter d’avoir renvoyé Airi.

Sans même toucher à son propre verre, Haruka quitta sa chaise. Comme s’il la poursuivait, Akito la suivit. Horikita n’était pas la seule à détourner le regard, Keisei aussi.

Yukimura — Je ne pense pas que Horikita ou Haruka aient tort. C’est une façon sournoise de le dire, mais c’est ce que je ressens vraiment. Au bout du compte, il s’agit de se sauver soi-même.

Comme s’il avait honte de lui-même, il dit quand même la vérité sans la cacher.

Horikita — C’est logique. Il n’y a rien de mal à vouloir se sauver soi-même.

Yukimura — Je peux donc comprendre ce que ressent Haruka en ce moment. Mais cela ne veut pas dire que j’ai le droit de lui dire d’arrêter. Même si cela signifie causer des problèmes pour la classe.

Il tapa du poing sur la table sans effort, et Keisei se levai de la chaise.

Yukimura — Je ne sais pas trop quoi dire, mais je vais quand même être utile à la classe à ma façon. Si je ne peux pas jouer un rôle actif dans le festival sportif, je vais étudier plus dur et contribuer à la classe. Si je ne le fais pas, ……, il y a de fortes chances que je sois éliminé.

Même s’il était doué pour les études, Keisei était à la traîne en athlétisme et en contribution sociale. Il était clair qu’il allait particulièrement être désavantagé au vu du peu d’amis qu’il avait.

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