La décision de Horikita Suzune
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Traduction : Lost
Correction : Kenshiro
Correction : Raitei, Nova
Relecture : Ayanokoji is the best
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Mlle. Chabashira — Voici les résultats du vote.
Résultats du dixième tour
Pour 1
Contre 38
Ce fut une scène qui se répétait inlassablement. Lui demander de se manifester n’y changerait rien et les discussions répétées n’allaient en rien la convaincre. Le nombre de votes favorables n’augmentait pas, mais il ne diminuait pas non plus. Les résultats nous faisaient se demander à quoi tout ça rimait, mais le même écran était montré encore et encore.
Mlle. Chabashira — Place une nouvelle fois à l’entracte.
Chabashira-sensei annonça une nouvelle fois la chose, montrant des signes de lassitude. Après avoir parlé de son passé, la seule chose qui lui restait à faire était de voir comment tout allait se terminer en tant que professeur.
Yukimura — On va vraiment continuer comme ça ?
Il était logique que Keisei fasse cette remarque. À ce stade, le débat ne servait plus à rien, même si nous étions encore en train de nous disputer. Combien de fois Horikita et Yôsuke avaient essayé de persuader la personne ?
Hirata — Ceux qui ont voté « Contre », veuillez lever la main……
Comme appeler ceux qui étaient en faveur de la proposition était inutile, Yôsuke demanda aux autres élèves de lever la main. Il était déterminé à trouver le coupable même s’il devait utiliser des moyens illogiques. Les mains droites ou gauches de trente-huit personnes se levèrent sans hésitation. Le seul qui ne leva pas la main fut Kôenji.
Kôenji — Je ne vais pas lever la main, mais j’ai bien voté « Contre ».
Yôsuke regarda Kôenji avec anxiété.
Hirata — Je peux te croire sur parole ? Permets-moi de douter.
Sudou — On va jamais en finir à ce train-là.
Pour Sudou, cela n’avait pas d’importance dans la mesure où tout le monde pouvait mentir et personne ne pouvait le prouver.
Horikita — Je n’ai guère envie de me méfier davantage, mais cette fois je vais regarder chacun d’entre vous dans les yeux. Veuillez être honnête avec moi en disant que vous avez voté « Contre ».
Durant l’entracte, Horikita fit l’effort de discuter avec chaque personne. Elle devait être aussi fatiguée que nous, mais elle avait pris sur elle. Haruka, Akito et le reste lui répondirent à chaque fois dans les yeux qu’ils avaient voté « Contre ». Horikita arriva ainsi au denier élève avec des yeux mêlant impatience et anxiété. Malgré tout, ils restèrent bien grand ouverts.
Horikita — Et toi, Ayanokôji-kun ?
Moi — Bien sûr, j’ai voté « Contre ».
Horikita — ……Je vois.
L’interrogatoire était fini et Il n’y avait eu aucun changement. La seule chose à faire était de prier pour un changement d’avis de cette personne.
Mlle. Chabashira — Le temps est écoulé. Retourne à ta place, Horikita.
Il ne restait plus qu’à voter maintenant.
Résultats du onzième tour
Pour 1
Contre 38
Le résultat était la même réalité implacable qui n’avait que trop duré.
Sudou — Aaaaaaaah, merde, j’deviens fou bordel ! Je capte pas !
Se grattant la tête en signe de désarroi, il donna un coup de coude au bureau.
— Hé, hé, mais on va faire quoi ? On va manquer de temps, non ?
Les élèves pensaient que la personne allait céder au bout d’un moment par la contrainte du temps. Ils devaient tous s’imaginer passer à autre chose après. Mais que ce soit dans dix, trente minutes ou bien une heure, rien n’allait bouger. La seule chose qui les attendait était le pire scénario possible.
Il restait neuf minutes avant le prochain vote et passer sous la barre des deux heures restantes. Pendant les dernières heures, Horikita avait lutté désespérément pour faire passer cette motion finale. Non pas que sa stratégie fut naïve, loin de là. C’était juste perdu d’avance. Pourquoi ? Car la persuasion, la négociation et toutes sortes d’autres actions étaient inutiles. Le plus effrayant ici était que la personne ayant voté pour l’adoption de la motion ne considérait pas le manque de temps comme le pire scénario.
En étant objectif, l’ordre d’importance était le suivant : Contre ≧ Pour > Entracte. Il s’agissait d’une inégalité absolue commune dans les quatre classes. C’était cette priorité qui rendait les examens spéciaux réalisables pour ainsi dire. Mais que se passait-il si un élève remettait en cause ce principe établi avec « Pour > Entracte > Contre » ? La motion serait tout bonnement impossible à rejeter et serait facteur de confusion totale.
Voilà pourquoi l’établissement avait des règles strictes pour éviter toute intervention extérieure. Ainsi, impossible de passer des contrats avec Sakayanagi ou Ryuuen, entre autres, invitant à saboter sa propre classe en laissant le temps s’écouler en échanges de points privés. Ainsi il n’y plus avait qu’une chose à faire, voter « Pour ». Il fallait ouvrir la voie, car même si Horikita devait y penser, elle n’était pas encore prête à agir. Expulser un camarade n’était pas la décision la plus facile à prendre, car une fois le premier pas franchi, il n’y avait plus de retour en arrière possible.
Même si cela signifiait perdre un temps précieux et que c’était le moment de passer au vote « Pour », je pris d’un seul coup un virage à 180 degrés. Un sentiment d’irrationalité que je n’avais jamais ressenti s’empara de moi. Quelle décision aurait prise Horikita Manabu ? Je décidai de modifier mon plan.
Mlle. Chabashira — Maintenant, place aux résultats…
Après avoir compté les résultats, Chabashira resta momentanément sans voix.
Résultats du douzième tour
Pour 2
Contre 37
— Ugh, c’est une blague ? Y’a un vote de plus ?
Après tout ce temps, une personne de plus s’était prononcée en faveur de la motion. Cela pouvait avoir un impact suffisant pour faire craquer l’opposition.
— Quel cauchemar…
Ce vote était le mien. Horikita, perdue dans ses pensées, commença à réfléchir de nouveau. Elle avait rapidement compris que c’était plus un vote pour éviter le manque de temps qu’un vote d’adhésion. C’était pour éviter le pire scénario, car si personne n’était expulsé et que les autres classes validaient les cinq motions, alors la différence serait de 350 pc voire de 450 pc même si une classe expulsait quelqu’un. Un tel écart à un an et demi de notre diplôme était très risqué. Je dirais même qu’il était impossible à remonter. Éviter l’expulsion était synonyme d’adieu à la classe A. Il était donc inévitable que l’on commence à s’interroger sur l’intérêt de continuer à voter « Contre ». Un vote unanime « Pour » était clairement réalisable, laissant juste la difficulté d’élire quelqu’un.
— Eh bien, je pense qu’il faut voter « Pour ».
— T’es sérieux là ?
— On parle d’expulser quelqu’un !
— Oui, mais c’est mieux que de perdre 300 pc !
La vision de la classe commença progressivement à changer et les premiers concernés étaient ceux qui avaient la certitude de ne pas être expulsés. Cependant, peu probable que quelqu’un assume avoir voté « Pour » de peur d’être menacé. Il fallait plus de votes « Pour » pour débattre à armes égales.
Résultats du treizième tour
Pour 5
Contre 34
Qui avait voté « Pour » ? En tout cas, nous étions toujours minoritaires.
Résultats du quatorzième tour
Pour 12
Contre 27
Le « Pour » était en augmentation constante et pour la première fois, il passa à deux chiffres soit près d’un tiers. Il restait une heure et demie et ce n’était plus qu’une question de temps avant que cela n’augmente.
Hirata — Attendez ! Vous avez tort si vous pensez que c’est la solution.
Incapable de résister à la crise, Yôsuke espérait un retournement de situation.
Hirata — Oui le temps joue contre nous, mais vous pensez vraiment que c’est la meilleure solution ? Nous devrons prendre une décision unanime plus tard pour élire quelqu’un. Ce sera encore plus difficile que d’avoir un vote unanime « Contre ». Il ne reste qu’une heure et demie !
Effectivement, cela allait être une autre paire de manches.
Hirata — Il n’est pas trop tard pour revenir en arrière !
Horikita — Je suis d’accord. Ne vous laissez pas emporter !
Mes camarades furent secoués par leurs émotions. Ce fut un tournant dans la mesure où plus personne ne pouvait réfléchir calmement.
Hirata — Il y a 12 votes, mais personne n’a assumé ce choix.
Même si le vote « Pour » progressait, il fallait une intervention pour avoir l’unanimité. Je décidai ainsi d’avancer mon plan maintenant.
Moi — Est-ce que je peux donner un avis ?
Horikita — Eh…… ?
Elle ne s’attendait pas à ce que j’intervienne.
Moi — Horikita, j’ai voté « pour » à partir du 14e tour.
Ce fut bien entendu un mensonge. J’avais voté cela depuis le 12e tour.
Horikita — Pourquoi Ayanokôji-kun… ?
Moi — On va manquer de temps. Je pense que tout le monde l’a compris.
Pour augmenter le nombre de personnes, il fallait que quelqu’un assume ce rôle. À côté de moi, Satô me regarda avec une certaine appréhension. Non, il n’y avait pas qu’elle d’ailleurs, mais beaucoup de personnes.
Horikita — C’est une fausse solution. Et puis nous devrons débattre pour savoir qui expulser.
Moi — C’est vrai, mais on peut briser le statu quo. Si on sait qui a voté « Pour » alors il sera facile de déterminer un coupable. Je sais que c’est forcé, mais c’est le seul moyen d’avoir l’unanimité. Même si on a aucune garantie que ce soit cette personne, on a tous les deux nos doutes.
Horikita — En effet.
Hirata — De quel droit cette personne mériterait d’être expulsée ?
Sans surprise, Yôsuke m’attaqua sur ce point.
Moi — S’il n’y a pas de vote unanime, la classe A ne sera qu’un rêve. Vu la situation, cet élève ne vote pas « Pour » pour notre bien.
Hirata — Mais plus on se rapprochera de la limite, plus il comprendra.
Moi — La limite ? Tu comptes impliquer toute la classe dans ce point de non-retour ? Si on attend plus, même l’unanimité « Pour » sera inutile.
Ils le savaient tous. Le plus grand obstacle était de ne pas faire le premier pas.
Moi — Je sais que beaucoup d’entre nous hésitent à voter « Pour » alors mieux vaut identifier la personne qui nous bloque afin de l’expulser. C’est pour assurer la sécurité de tous que je propose cela.
Satô, qui m’avait écouté plus que n’importe qui, leva une petite main.
Satô — Ok mais si on ne trouve pas l’identité du coupable alors on finira par expulser au hasard et ça…. Ça me fait peur….
Miyamoto — Si on n’arrive pas à réduire la liste des gens à expulser, on manquera de temps. Ça ne vaut pas plus le coup d’attendre ?
Pour les aider à sauter le pas, il fallait leur donner des éléments.
Moi — Horikita a mentionné certaines choses à ce sujet, j’ai aussi une idée de la personne qui a voté « Pour ».
Miyamoto — Mais Horikita n’a pas dit son nom depuis tout à l’heure. Ça devait être du bluff pour forcer la personne à voter « Contre ».
Son raisonnement n’était pas correct, mais c’était normal de penser ça.
Hirata — Si tu sais qui est cette personne alors, allons la convaincre.
Moi — Je ne peux pas, c’est pourquoi je préfère la jouer comme ça.
Mentionner son nom n’allait que la braquer, ce que je voulais éviter. Il s’agissait autant d’une porte de sortie pour le groupe qu’un signal de sympathie envers elle pour lui montrer que nous menacions de l’exposer. Ainsi c’était sa dernière chance de voter « Contre ».
Moi — Prépare-toi, Horikita. L’adversaire essaie de t’expulser. Il n’y a pas d’autre moyen que de chasser ou d’être chassé.
À part la silencieuse Horikita, je regardais aussi une autre personne.
Moi — Yôsuke, je comprends que tu ne veuilles aucune expulsion, mais le bien de la classe doit être la priorité si tu vois ce que je veux dire.
La veille de l’examen, j’avais prévenu Yôsuke à ce sujet. Je pus voir du coin de l’œil qu’il luttait pour se lever. Son désir de résister était compréhensible.
Hirata — Mais je….
Moi — Le prochain vote décidera de notre sort.
Hirata — … Je …
Ce fut une décision difficile, cependant, Yôsuke n’était plus le même qu’avant.
Hirata — Oui, tu as raison. Ce …… Ce n’est pas bon de pénaliser toute la classe juste à cause de mon opinion.
En inclinant la tête, il décida d’agir de sa propre initiative.
Hirata — Je voterai « Pour ». Comme l’a dit Ayanokôji, je pense que nous devrions nous organiser pour expulser cette personne !
La décision de Yôsuke, le cœur de la classe, changea la situation encore plus.
Moi — Il ne reste que toi, Horikita. Il est temps pour toi de te décider si tu veux qu’on évite de perdre plus de temps.
Le temps pressait avant le début du prochain tour.
Horikita — S’il vous plaît. Juste une fois de plus. Regardons si le « Contre » est unanime. Si ce n’est pas le cas alors d’accord.
Nous réussîmes ainsi à créer une dernière situation d’espoir. Le dernier tour pour l’unanimité « Contre » commença. Tout le monde vota en quelques secondes, mais la réalité nous rattrapa de plus belle.
Résultats du quinzième tour
Pour 1
Contre 38
Sudou — Putain, c’est toujours inutile !
C’était une façon judicieuse de forcer une unanimité « Contre », mais cela n’avait pas réussi. C’était sûr, elle n’allait pas changer d’avis.
Moi — Horikita, Yôsuke, vous êtes bons ?
J’avais réussi à confirmer leur détermination et à obtenir clairement leur approbation. Maintenant que leur intention était claire, pas mal de votes allaient suivre. Mais ceux qui s’inquiétaient de se voir expulser allaient hésiter. Ceux qui allaient passer « Contre » savaient désormais ce qu’ils risquaient.
— S’Il y a toujours des votes « Contre » au tour suivant alors il faudra s’expliquer, car on perd dix minutes à chaque fois.
Avec du temps à perdre, il n’était pas surprenant que certains élèves se sentent insatisfaits. Mais à près d’une heure de la fin, notre issue était verrouillée. Les élèves qui hésitaient devaient savoir qu’ils n’avaient plus le choix.
— Vous êtes sérieux ?
Horikita — Je ne veux pas non plus cela, Mais si nous n’expulsons personne, les conséquences seront désastreuses.
Perdre 300 pc était un coup fatal, il ne fallait plus hésiter désormais.
Résultats du seizième tour
Pour 39
Contre 0
Le vote fut unanime. Ce résultat avait suscité l’anxiété chez tout le monde.
Mlle. Chabashira — Avis favorable à l’unanimité !
Murmura-t-elle, déterminée. On pouvait finir par manquer de temps, mais cela signifiait la fin de notre lutte des classes. Ainsi, dans pas moins d’une heure, une personne allait être expulsée et j’avais ma petite idée de qui viser.
Mlle. Chabashira — Les personnes sont désignées soit sur la base du volontariat, autorisé qu’une seule fois, soit en étant sélectionnées sur la tablette par les élèves via la majorité. Toutefois, s’il n’y a pas de candidat ou de nomination majoritaire, ce sera une nomination aléatoire.
Naturellement, de nombreux élèves nous regardaient, Horikita et moi, et j’entendais son nom être murmuré çà et là, témoignant de la pression. C’était un entracte on ne peut plus sérieux où il fallait désormais nommer la personne à exclure.
Horikita — Maintenant que nous en sommes là, j’aimerais que la personne se montre. Si elle s’explique, on peut décider de la gracier.
Bien entendu, cette suggestion ne servit pas à étouffer la critique. Après tout, cette personne se fichait de mettre au fond la classe, mais Horikita supportait les plaintes pendant que j’attendais le bon moment pour intervenir. Cet entracte fut difficile tant les élèves épiaient le moindre de nos gestes et se plaignaient de nous. Bien sûr, nous ne pûmes choisir une expulsion spécifique, et la fin de l’entracte approcha. Il était difficile de voir son nom affiché dès le premier vote et une unanimité dès le premier élan était difficile à atteindre.
Hirata — Sensei, je peux me présenter n’est-ce pas ?
Mlle. Chabashira — Bien entendu.
Hirata — Alors, s’il vous plaît, votez pour moi.
Yôsuke se présenta juste avant que le temps ne soit écoulé.
Expulsion de Yôsuke Hirata
Choix : Pour | Contre
Ce vote eut un poids complètement différent des précédents.
Si des élèves votaient « Pour », alors cela montrait qu’ils étaient prêts à tout.
Résultats du dix-septième tour
Pour 6
Contre 32
Le silence était tel qu’on put entendre les élèves respirer. Le sentiment de soulagement face à la majorité de « Contre » et la présence invisible des six « Pour » allait normalement le hanter un certain temps, mais Yôsuke fut probablement soulagé que sa candidature ait franchi le premier obstacle.
— Qu’est-ce qu’on va faire ? On va devoir expulser l’un des nôtres, non ?
Yukimura — Le temps est compté. Laissez-moi vous demander à tous les deux, qui est l’élève ayant voté « Pour » tout ce temps ?
Incapable d’attendre, Keisei demanda une réponse.
Moi — Bien sûr, je vous donnerai le nom de l’élève auquel je pense. Mais je pense aussi que les choses ne sont pas aussi simples.
Yukimura — Pas aussi simples ? Nous n’avons plus le choix. Maintenant que nous avons décidé d’expulser quelqu’un, nous devons découvrir qui est cette fameuse personne le plus vite possible.
Il y avait encore beaucoup d’élèves qui regrettaient et qui étaient angoissés d’avoir choisi ce vote « Pour ». Ils ressentaient également la pression mentale d’avoir perdu encore dix minutes d’examen. Je voulais la faire culpabiliser.
Sudou — Au prochain vote, la désignation est aléatoire, non ?
Pas étonnant que Sudou était agité, car même Yôsuke avait obtenu six voix.
Ike — T’inquiète, Ken. Je voterai « Contre », alors fais de même !
Sudou — Bien sûr, Kanji. Ouais, si on se protège, tout ira bien !
Kushida — …!!
Mes camarades de classe commencèrent à perdre leur sang-froid. Quand tout à coup un faible cri échappa de l’une d’entre eux. Elle avait essayé de retenir sa bouche et de cacher ses yeux, mais sa voix en disait long.
Wang — Ki…Kikyô-chan … Est-ce que… est-ce que ça va ?
Mi-chan se précipita et mit sa main sur le dos de Kushida.
Kushida — Hmm, désolée… C’est sorti tout seul… Je me suis mise à penser à l’expulsion et je me dis que j’aurais dû voter « Contre ».
Wang — Même chose pour moi. Mais on ne peut plus revenir en arrière…
C’était un sentiment partagé par tous.
Kushida — Je regrette vraiment mon choix…
Yukimura — On le regrette tous, mais c’était ça ou on perdait 300 pc.
Pour justifier son vote favorable, Keisei disait que c’était inévitable.
Kushida — Oui mais ça n’enlève rien au fait qu’on a été forcé à voter !
Elle confia ses regrets, mais aucun mot ne sortit de la bouche des autres, préférant plutôt se lancer des regards.
Ike — Ne sois pas si dure envers toi-même, Kushida-chan.
Sudou — Vraiment, on est tous dans le même sac pour le coup !
Sudu et Ike la réconfortèrent.
Kushida — Désolée …… Désolée…..
Des larmes coulèrent sur ses joues. Les essuyant, elle se leva, tremblotante.
Kushida — Si nous avions été persistants et persuasifs, je pense que la personne qui a voté « Pour » aurait fini par comprendre.
Sudou — C’est… mais on n’avait pas masse temps non plus.
Kushida — J’ai compris la position de Horikita-san et d’Ayanokôji-kun, mais même si nous étions pénalisés à la fin, nous aurions dû être une classe ne laissant personne tomber !
Kushida exprima ses sentiments accumulés jusqu’à présent.
Kushida — La faute incombe clairement à ceux qui ont voté « Pour » maintenant. Personne ne mérite d’être expulsé, peu importe ses capacités.
Kushida était même prête à couvrir tout le monde.
— Mais, mais… alors tu préconises d’expulser comment ?
— Et si on faisait un tirage au sort ?
Kushida — Non, un tirage aléatoire frustrera tout le monde.
Essuyant ses larmes débordantes du bout des doigts, elle continua.
Kushida — Je suis prête à être jugée pour ce que je vais dire, mais…
Mettant sa main sur sa poitrine, Kushida se tourna vers ses compagnons.
Kushida — Pour moi, Horikita-san, le leader de cet examen et Ayanokôji-kun qui a encouragé le vote « Pour », doivent en prendre la responsabilité.
Je me doutais qu’elle allait dire ça. Pour Kushida, l’expulsion d’élèves comme Ike et Sudou n’avait aucune utilité. Ces mots étaient le désir intense de la personne anonyme qui avait voté « Pour » tout ce temps.
Kushida — Je me sens tellement mal d’avoir mentionné leurs noms que je me déteste presque. Mais nous ne pouvons pas laisser le temps s’écouler. Quelqu’un doit porter le poids de cette affaire. Donc je vais jouer le mauvais rôle.
Personne ne voulait être expulsé, mais c’était inévitable désormais de tous endurer la même souffrance. Kushida voulait assumer pleinement ce rôle ingrat. Il fallait beaucoup de détermination et beaucoup de raison pour donner des noms. Avec la bonne formulation, elle avait fait en sorte que nos camarades nous ciblent sans éveiller les soupçons. Kushida était bien plus intelligente que je ne le pensais. En temps normal, le coupable serait resté silencieux jusqu’à la fin, mais elle avait la confiance de beaucoup de personnes. Même si Horikita et moi savions déjà que Kushida était la coupable, il allait maintenant falloir redoubler de prudence dans notre offensive si on ne voulait pas que cela se retourne contre nous, car une déclaration contre Kushida pouvait faire croire aux autres que l’on se venge.
Karuizawa — Ne sois pas stupide !
Ce n’était pas Horikita ou moi qui nous levâmes ainsi contre Kushida, mais Kei.
Karuizawa — Pourquoi Kiyotaka devrait être expulsé ? Le temps passait vite alors il a juste dit ça pour nous sauver la mise.
Kushida — Tu as raison Karuizawa-san. C’est une erreur de le citer pour être honnête, mais il faut avancer, car le temps presse justement.
Karuizawa — Je ne voterai pas pour l’expulsion de Kiyotaka ! Et je ne serai pas la seule à empêcher ce vote !
Hondou — Attends une minute, Karuizawa. C’est un peu égoïste non ?
Karuizawa — Hein ? Hondou-kun, tu viens de promettre de ne pas voter contre Onizuka-kun, n’est-ce pas ? C’est la même chose.
Hondou — Peut-être, mais il faut l’unanimité avant.
Karuizawa — Sale égoïste. Comment je peux empêcher son expulsion si je ne dis rien pour le défendre ? Kiyotaka est la seule chose qui compte pour moi, je me fiche d’être en classe B ou D.
Kei évacua sa colère sans pitié, mais il était temps d’arrêter.
Moi — Arrête, Kei. Le raisonnement de Kushida est juste.
Karuizawa — Peut-être, mais !
C’était là que Kei s’arrêta, regardant Kushida, agacé.
Moi — Si tu laisses tes émotions prendre le dessus, l’attention sera détournée de moi et de Horikita si tu vois ce que je veux dire.
Karuizawa — ………..
Si elle perdait son sang-froid, elle allait être encore plus agressive, mais cela n’allait pas arriver. Il fallait juste que je la secoue un peu pour qu’elle se calme. Et puis, il n’y avait rien de mal à dire ce que l’on pensait.
Sudou — Moi je suis contre l’expulsion de Suzune. Ce n’est pas de sa faute si on en est arrivé là, mais au connard qui n’a pas voulu se dénoncer en votant « Pour » tout le temps. Vous pensez aller en classe A sans elle ? Yukimura, t’as bien convaincu tout le monde pour qu’on donne un point protection à Horikita, non ?
Yukimura — J’ai en effet décidé qu’elle devait recevoir un point de protection, mais ça ne fait plus sens si on perd 350 pc.
Répondit Keisei en levant ses lunettes.
Sudou — Il faudrait juste que Suzune revienne dans le jeu !
Yukimura — Ce n’est pas aussi simple. Les 300 points obtenus par Kôenji sur l’île relèvent du miracle. Ça mis à part, combien de temps nous a-t-il fallu pour avoir nos points actuels ? La perte de Horikita serait dommageable, mais la perte de 350 pc l’est encore plus.
On pouvait combler le désavantage de 350 points avec Horikita, ou on pouvait tout aussi bien se battre sans elle. Il était difficile de donner une valeur numérique à une personne, mais ce que disait Keisei n’était pas faux pour autant.
Hasebe — Je ne suis pas d’accord pour expulser Kiyopon ou Horikita et je reste objective. Je pense que nous devons d’abord les écouter parce que le coupable, comme l’a dit Sudou-kun, est toujours là lui.
Haruka, qui ne parlait pas habituellement, avait fait irruption, ce qui surprit tout le monde. Elle n’essayait pas de me protéger en tant qu’amie, mais disait juste qu’il était trop tôt pour décider de mon expulsion.
Kushida — Oui, tu as raison. J’ai peut-être aussi perdu un peu mon sang-froid. Mais si Ayanokôji se trompe dans le nom du coupable, et même s’il ne se trompe pas d’ailleurs, cela ruinerait tout lien entre nous.
Je ne dirai pas son nom par erreur. Je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir ce genre de pression. Quoi qu’il en soit, le relais m’était à nouveau passé.
Mlle. Chabashira — Je suis désolée de vous couper, mais c’est bientôt la fin. Décidez vite au risque d’avoir une nomination aléatoire.
Horikita — Très bien alors je me porte candidate !
Sudou — Hé, hé, Suzune ! Qu’est-ce que tu fais ?!!!
Horikita — Si nous devons voter alors autant vérifier dès maintenant combien d’élèves veulent mon départ.
Comme pour se tester, elle se proposa en levant la main. Si le vote était unanimement « Pour » alors elle serait expulsée. Dans le cas inverse, elle ne serait plus éligible à l’expulsion.
Mlle. Chabashira — Nous allons commencer le décompte.
Combien d’élèves allaient voter pour son expulsion ? Après trente secondes, tous les votes furent exprimés et les résultats apparurent sur l’écran.
Résultats du dix-huitième tour
Pour 16
Contre 22
Etais-je le seul à penser que ce résultat était intéressant ? La seule personne pouvant indiscutablement voter « Contre » était Sudou, voire Kôenji qui ne voulait pas perdre son pacte. Le reste de la classe n’avait pas de raison en particulier de la défendre et il y a avait seize personnes qui considéraient pouvoir se passer de Horikita dans leur scolarité. Ou alors ils voulaient juste se protéger.
Sudou — Levez la main les enfoirés qui ont voté « Pour » !
Horikita — Arrête, Sudou-kun.
Sudou — Je ne peux pas laisser passer ça !
Horikita — C’est une perte de temps. Soyons plus constructifs.
Hirata — Horikita-san a raison. L’unanimité est la règle essentielle. Tant que tu continueras à voter « Contre », Horikita-san ne sera pas expulsée.
En effet, il suffisait d’avoir une personne dans son camp pour s’assurer une défense de fer. Perdre ce vote de confiance s’était s’exposer à l’expulsion.
Hirata — On manque de temps. Révèle-nous son identité.
Moi — Oui mais avant de répondre, j’aimerais faire une suggestion.
Hirata — Une suggestion ?
Moi — Je vais donner un nom, mais ce ne doit pas être que des mots au risque d’attenter à sa réputation si j’ai tort.
Hirata — C’est vrai.
Moi — Sachez que c’est fondé et s’il s’avère que je mentionne la mauvaise personne, alors j’en prendrai la responsabilité.
Karuizawa — Sérieux, Kiyotaka ?
En entendant ces mots, la classe fut en émoi.
Kushida — Oh, tu es sûr Ayanokôji-kun ? Même toi ? Tu fais partie des nôtres, tu sais ? Je ne veux vraiment perdre personne.
Moi — Merci pour ta sollicitude, Kushida, mais ça ira.
Kushida — Même si tu dis ça, Karuizawa-san votera « Contre ».
Moi — Je ne laisserai pas la chose se produire. Je lui dirai de voter pour mon expulsion explicitement.
Kushida — Je… je comprends, mais j’espère qu’on n’en arrivera pas là.
Moi — Tu as raison de dire que je suis en partie responsable de cette situation, car j’ai pris l’initiative de voter pour l’expulsion. Mais c’est à cause de l’obstination de cet anonyme. Il doit aussi assumer.
Karuizawa — Oui, oui, c’est vrai, il y a un élève dans cette classe qui se cache pour faire expulser quelqu’un.
C’était là que Kei intervint pour me protéger.
Sakura — Oui, cette personne doit assumer la responsabilité.
Hasebe — Je plussoie.
Miyake — En effet.
Airi, Haruka, et même Akito avaient suivi cette tendance pour me soutenir.
Kushida — Tu as déjà pris ta décision, n’est-ce pas ?
C’était un dernier avertissement. Les yeux anxieux de Kushida me fixaient.
Moi — En donnant un nom, je dois être prêt à en payer le prix et je nommerai cette personne seulement si je suis sûr 100%.
Kushida — Je vois. Alors je vais te faire confiance Ayanokôji-kun.
Elle continuait ainsi de me regarder après avoir insisté sur le mot « confiance ». C’était le bon moment pour révéler son nom et je vis l’intérêt des autres élèves qui attendaient avec attention cette révélation afin de passer à l’offensive. Mais la personne coupable était bien plus agitée encore que les autres.
Moi — Le nom de cette personne est ──────────.
Qui était la personne que j’allais nommer ? J’allais tout révéler ici.
Moi — C’est toi, Kushida !
Un silence…un monde complètement dépourvu de son, où même le bourdonnement dans les oreilles n’aurait pu empiéter, s’en était suivi. Horikita comprit qu’elle n’avait d’autre choix que de se résigner et je comprenais sa douleur, vu qu’elle s’était retenue jusque-là. Mais Kushida ne recula pas pour autant. Elle était déterminée à expulser l’un de nous. Qu’elle se rende compte ou non de ce qu’elle faisait n’importait plus, car j’avais décidé que Kushida ne pouvait pas être réhabilitée. Je n’avais pas mentionné son nom jusqu’à présent, par égard pour la classe, mais je ne savais pas à quoi pensait Horikita. Peut-être qu’elle se disait que je n’avais pas à me sacrifier, mais en tout cas Kushida me regardait plus calmement que je ne le pensais. De plus, elle était prête à m’affronter alors nous n’avions plus qu’à nous battre. Je devais la vaincre.
Kushida — Eh ?
Une voix incompréhensible s’échappa. C’était probablement un sentiment partagé par presque tous les élèves, pas seulement par Kushida.
Kushida — Eth… Moi ?
Elle n’avait toujours pas l’impression que son nom avait été prononcé et se pointa du doigt. Même si je m’étais préparé pour ce moment, je ne m’attendais pas à ce que ça sorte vraiment de ma bouche. J’avais mes faiblesses.
Moi — Oui c’est bien toi qui jusque-là a voté « Pour ».
Même nos camarades, qui furent avant prêts à en découdre, se turent.
Kushida — Car…j’ai dit que vous deviez prendre la responsabilité ?
Voyant les larmes de chagrin de Kushida, Hondou se précipita.
Hondou — Ayanokôji, ça ne peut pas être Kushida-chan ! Dis-le autant de fois que tu veux, je vois juste une vengeance !
Moi — Peu importe, je pensais à elle bien avant qu’elle ne me nomme.
Kushida — C’est… attends. J’ai voté « Contre » jusqu’à la dernière minute ! Tu ne te souviens pas ? Pourquoi aurais-je fait ça.
Moi — En quoi est-ce une preuve ?
C’était juste une excuse bidon qui n’échappait à la vigilance de personne.
Moi — Rien ne prouve que tu as voté « Contre » depuis le début vu que le vote est anonyme. Mais si j’arrive à montrer que tu as bien voté « Pour » depuis tout ce temps, personne n’y verra d’objection, hein ?
Kushida — J’étais préparée à être calomniée en donnant vos noms, mais c’était pour le bien de la classe. C’est vraiment horrible ce que tu dis.
Peu importe ce que je disais, sa ligne de défense pour convaincre ses partisans était que je ne proférais que des mensonges.
Moi — Tout d’abord, je vais dire pourquoi je pense que c’est Kushida. Sachez qu’elle veut nous éliminer Horikita-san et moi. Voilà pourquoi elle nous a désignés. Croyez-le ou non, mais écoutez-moi jusqu’à la fin.
De nombreuses personnes ne savaient pas de quoi je parlais. Kushida, qui était bouleversée plus que quiconque, choisit calmement ses mots.
Kushida — Tu veux juste te venger parce que je t’ai désigné.
Moi — Pas du tout. Depuis le début de notre vie de lycée, tu as toujours perçu Horikita comme étant une menace extrême.
Si j’abordais ce sujet c’était pour faire comprendre à Kushida que j’allais tout révéler. Je ne pouvais malheureusement pas arrêter son cinéma pitoyable.
Moi — Les autres ne sont pas au courant de ton lien avec Horikita ?
Kushida — D…de notre…lien ?
Je devais être le plus extérieur possible à la situation. J’aurais pu être plus incisif, mais ça pouvait se retourner contre nous.
Kushida — Ah…..oh, tu dis ça parce qu’on vient du même collège ?
Personne n’avait entendu parler d’une telle histoire jusqu’à maintenant. Nos camarades de classe furent tous choqués d’entendre cette information et c’était parfait qu’elle le révèle d’elle-même pour la crédibilité de la chose.
Moi — Oui. Mais je vois que personne d’autre n’est au courant.
Horikita, fixait maintenant l’estrade, alors nous ne pûmes voir son expression. Mais nos camarades de classe la fixaient.
Kushida — Eh bien, c’est vrai que je n’en ai jamais parlé à personne, mais je n’ai juste jamais eu l’occasion de le faire. C’était une grande école et nous n’étions pas dans la même classe. Il m’a fallu un certain temps pour comprendre que nous fréquentions le même collège.
Kushida disait en substance que ce n’était pas une raison pour vouloir son expulsion. À ce moment-là, certains élèves commencèrent à réagir.
Ike — Arrête Ayanokôji. J’ai écouté en silence jusque-là, car tu avais dit que tu savais, mais impossible que ce soit Kikyô-chan !
Ike nia la chose catégoriquement. Et il fut supporté tout de suite après.
— C’est vrai. Ayanokôji-kun, ce n’est pas gentil.
— Tu t’en prends juste à Kushida-san, c’est quoi ce délire ?
— Tu veux l’exclure parce qu’elles étaient dans le même collège ? Et tu y étais aussi avec elles, Ayanokôji ?
Mes camarades m’assaillirent et les plaintes à mon égard s’accumulaient. Les amies de Kushida apparurent les unes après les autres sans qu’on leur demande. C’était une arme puissante que Kushida avait dans les mains.
— Ayanokôji t’as toujours été comme ça ? T’es bizarre là.
— C’est clair, c’est flippant. Il est toujours calme d’habitude.
Non seulement ils la protégeaient, mais certaines personnes commencèrent à se méfier de moi parce que je n’agissais pas comme d’habitude…
Kushida — Ne lui en voulez pas les filles. Je suis sûre qu’il ne pensait pas à mal. Je comprends qu’on ait besoin de trouver un fautif vu la situation.
Elle reprit très bien leurs propos et les mit en œuvre pour se protéger
— Tu es très gentille, Kikyô-chan. Ne le laisse pas dire n’importe quoi.
Moi — Je…
Lorsque les amis de Kushida se mirent en colère, ils me privèrent du droit de parler. Mais j’avais aussi mes propres armes pour contrer cela.
Hirata — C’est Ayanokôji-kun qui parle. N’intervenez pas !
Dit Yôsuke, en donnant un avertissement à tous ceux qui interféraient.
Ike — Allez, Hirata. Inutile d’écouter ses mensonges plus longtemps.
Hirata — Nous devons entendre toute l’histoire avant de dire s’il ment ou pas. Bien sûr, si c’est le cas, je ne lui pardonnerai pas.
Ike — Ça vaut vraiment le coup de perdre du temps ?
Hirata — Oui, c’est quelque chose que l’on doit entendre, car ça peut nous guider dans nos décisions à tous, eux deux y compris.
J’avais demandé à Yôsuke de fluidifier le flux des discussions pour éviter la perte de temps, mais bien entendu, je ne lui avais pas parlé de Kushida. Il devait juger les choses de manière neutre pour ne pas commettre d’erreur.
Moi — En fait, que nous ayons fréquenté le même collège ou non n’est pas important ici. Ce qui l’est c’est que Kushida a un grand secret.
Kushida — Arrête, Ayanoôji-kun, ne dis plus de mensonges…
Les larmes commencèrent à couler sur ses joues.
Hasebe — Kiyopon, je suis avec toi, mais je suis aussi avec Kikyô-chan. Tu comptes vraiment continuer à jouer à ce jeu-là ?
Haruka qui appartenait au groupe Ayanokôji, était effectivement de mon côté. Bien qu’elle n’avait pas beaucoup d’amis, elle s’entendait bien avec Kushida en dehors du groupe. Il était normal qu’elle tente de mettre fin au conflit ouvert.
Moi — Haruka. Tu attendais que cet anonyme se dévoile, n’est-ce pas ? Alors tu devrais écouter cette histoire jusqu’à la fin.
Hasebe — Mais, on parle de Kikyô-chan quand même ce n’est…
Moi — Tu penses que ce n’est pas juste ? Je comprends ton inquiétude, mais Kushida n’est pas celle que tu crois. Désolé, mais je dois continuer. Le secret de Kushida réside dans sa vraie nature.
Hasebe — La vraie nature de Kikyô-chan …… ?
Moi — Oui. En surface c’est une bonne personne. Elle est gentille, attentionnée, bonne partout, bref, la fille idéale. Mais en réalité, elle est profondément envieuse. Sa nature fait qu’elle ne peut pas être satisfaite tant qu’elle n’est pas la meilleure. Lorsque sa vraie nature est révélée, elle est capable de détruire sa classe, comme au collège.
Hasebe — C’est honnêtement difficile à croire. Mais même si c’est vrai, ça n’a pas de sens. Dans le cas de Horikita-san, elle peut connaître son passé. Mais comment es-tu au courant de ça ?
Moi — C’est parce que j’ai accidentellement été témoin de la vraie nature de Kushida peu de temps après être entré dans ce lycée. Ce n’est pas la fille généreuse et sincère que j’ai vue, mais un amas de frustration.
Même après tout cela, Kushida n’avait pris aucune mesure pour contredire mes propos. Elle continuait juste à jouer le rôle de la gentille fille qui regardait de haut un pauvre élève qui racontait des mensonges. Elle était si fière d’elle parce qu’elle savait que si elle le faisait, tout irait bien. Bien sûr, le fait que l’on dise du mal de soi, que ce soit vrai ou faux, est négatif et peut impacter notre futur, mais c’était aussi un signe de sa forte volonté d’expulser Horikita de l’école.
Moi — Elle veut être considérée comme une chic fille. Notre présence à Horikita et moi est donc intolérable, nous sommes une menace pour elle, car nous pourrions exploiter cette faiblesse. C’est un obstacle pour elle qui veut prendre le contrôle de la classe.
Mlle. Chabashira — L’entracte se termine dans environ une minute.
Nous étions au milieu d’une conversation, mais juste au cas où, Chabashira-sensei nous informa de l’heure.
— On vote qui du coup ?
— Pour le moment, on devrait voter pour Ayanokôji non ?
Dans la situation actuelle, j’étais, bien sûr, le prochain sur la liste.
Kushida — Arrêtez ça…
Mais ce n’était pas Kei, Haruka, mais Kushida qui les arrêta.
Kushida — Assez ! Mon cœur n’en peut plus ……
— Kushida-san ?
Kushida — Je ne veux pas les expulser. J’ai même laissé Ayanokôji-kun mentir sans me défendre. Mais j’en ai marre de cette discussion douloureuse. Je préfère quitter l’établissement comme ça, ce sera mieux pour tout le monde ! Expulsez-moi ! Je me porte volontaire.
Kushida se porta volontaire pour être candidate à l’élimination.
Mlle. Chabashira — Tu es sûre, Kushida ? Tu ne pourras pas te rétracter.
Kushida — Oui, je m’en fiche. Veuillez tous coopérer s’il vous plait.
Lorsque le nom de Kushida fut sélectionné, le vote s’afficha sur la tablette. Les élèves furent bouleversés par cette nomination inattendue.
Résultat du dix-neuvième vote
Pour 5
Contre 33
L’opposition fut écrasante.
—Pourquoi ?
—Quoi qu’il arrive, on empêchera l’expulsion de Kushida-san !
Tous les élèves ayant voté « Contre » hochèrent la tête en guise de solidarité.
— Ayanokôji. Pour être honnête, je pense que c’est dégoûtant d’attaquer Kushida-chan juste pour ne pas être expulsé.
Il y avait quatre personnes ayant voté comme moi, ce qui était déjà bien.
—Ayanokôji sera le prochain, non ?
Ils venaient de rater leur meilleure chance d’obtenir une unanimité d’expulsion. Maintenant, j’allais profiter des dix prochaines minutes pour attaquer.
—Ayanokôji, tu parles de vraie nature, mais je ne te crois pas.
— Ouais ! Et puis Kushida a déjà essayé de renvoyer Horikita ? Si elle voulait vraiment l’expulser, elle aurait agi depuis longtemps, n’est-ce pas ?
Il était normal qu’on continue de rejeter mes propos.
Moi — Ce n’est pas facile de faire expulser un camarade. Mais Kushida m’a visé une fois. Lors d’un examen similaire l’an passé.
Évitant de le dire franchement, je laissais mes camarades de classe y penser.
Hondou — Oh, le vote de classe. Avec Yamauchi-kun et Kushida-san.
En effet c’était bien l’épreuve du vote de classe où nous avions perdu un camarade pour la première fois. Yamauchi avait été expulsé de l’école à ma place, mais l’une des personnes qui s’était servie de lui pour me pousser à l’expulsion était Kushida. C’était sûrement encore frais dans sa mémoire.
Moi — Est-ce une coïncidence ? Deux examens similaires et deux fois où elle a voulu m’expulser. À chaque fois, Kushida est impliquée.
En y repensant bien, on comprendrait que c’était étrange.
Hondou — C’est vrai que c’est une coïncidence douteuse, mais Ayanokôji, si Kikyô-chan essaie délibérément de te faire expulser, pourquoi attendre à chaque fois le dernier moment ?
Je voulais abréger, mais ce n’était pas une histoire simple.
Moi — Elle pensait que j’étais son allié. Elle n’aurait jamais pensé que j’exposerais tous ses secrets cachés comme ça, n’est-ce pas ? Kushida.
Kushida — Un allié ?
Moi — Oh. Je me trompe ?
Kushida — Je… Que dois-je faire, Ayanokôji-kun ? Quelle serait la bonne façon de répondre ?
Fondamentalement, Kushida ne pouvait que nier ou écouter. Tant que je ne n’affirmais rien, j’avais toujours l’initiative.
Hondou — Donne-nous une preuve, Ayanokôji. Si tu veux continuer à accuser Kushida-chan, c’est absolument nécessaire.
Il s’avança avec force. Il semblait avoir des sentiments particuliers pour elle.
Moi — Tu as raison. Il est probablement inutile de continuer à parler sans preuve. Je vais vous dire pourquoi Kushida m’a fait confiance jusqu’à maintenant. C’était il y a longtemps. Kushida m’avait fait établir un contrat selon lequel je devais lui donner la moitié de mes points privés mensuels en échange de sa coopération.
Personne n’avait imaginé qu’une telle histoire serait mentionnée, et cela avait légèrement surpris le groupe qui la défendait.
Moi — N’est-ce pas ? Kushida
Kushida — ……..
Peut-être qu’elle ne s’attendait pas à ce que cette affaire soit révélée, ou peut-être qu’elle cherchait une réponse, en tout cas Kushida resta sans voix. Elle ne pouvait pas honnêtement admettre qu’elle obtenait des points privés. D’un autre côté, il était difficile de nier qu’elle ne les avait pas reçus. Même si elle pouvait dire qu’elle ne les avait pas reçus à ce moment-là, la vérité allait tôt ou tard éclater. Le fait de savoir qui avait effectué le transfert, à qui et combien, était enregistré dans les registres de l’école.
Moi — Peux-tu me dire que tu n’as pas reçu un seul point ?
Kushida — C’est le cas…..
Je ne la laissais pas prendre son temps. Au moment où elle s’apprêtait à tourner son regard vers Chabashira-sensei, les lèvres de Kushida tremblèrent.
Kushida — Oui, je reçois des points privés chaque mois d’Ayanokôji-kun.
Elle avait nié ce que j’avais dit jusqu’à maintenant, mais elle n’eut pas d’autre choix que d’admettre cela. Si Chabashira avait suivi les transactions, elle se serait tiré une balle dans le pied en s’adressant à elle. Elle ne prit pas le risque.
Kushida — M…mais pour des raisons complètement différentes. Il m’avait demandé de les garder pour lui, et bien sûr je n’ai rien utilisé.
Il n’y avait qu’une ou deux façons de justifier le fait qu’elle recevait chaque mois la moitié des points privés d’un camarade. Soit elle disait que je lui avais demandé de les garder temporairement, soit elle disait que je les lui donnais. Dans le deuxième cas, ça jouait en sa défaveur.
Moi — Ce n’était pas mon intention que tu les gardes. C’était une condition, un prix que je devais payer pour que tu me foutes la paix.
Kushida — Tu mens…
Le contrat fut passé par moi et Kushida se souvenait bien de tout. Elle prit même le temps d’enregistrer soigneusement ce jour-là notre entretien. Cette protection était aussi une arme qui pouvait se retourner contre elle.
Moi — Mais, Kushida, quand tu as signé ce contrat avec moi, tu as dit que tu avais fait un enregistrement pour ta propre assurance, non ? Si cet enregistrement est sur ton téléphone, cela prouvera ton mensonge.
Kushida — Enr…enregistrement ? Je ne sais pas de quoi tu parles.…
Même si elle était dos au mur, elle niait en bloc. L’enregistrement était probablement stocké quelque part, mais pas sur son portable. J’imagine qu’elle n’était pas du genre à se balader avec un enregistrement aussi sensible. Cela aurait été plus rapide, mais cela n’avait plus d’importance.
Moi — Kushida même si tu caches l’enregistrement dans un endroit inconnu, nous avons signé le contrat en février de cette année, et j’ai également enregistré la conversation que nous avons eue au cas où.
Elle ouvrit grand les yeux, en me fixant. Elle n’aurait jamais pu imaginer ça.
Moi — J’ai écouté l’enregistrement plusieurs fois et je me souviens de chaque mot. « Je vais te donner la moitié de mes points privés », voilà comment il commence.
Kushida — C’est un mensonge ! Je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose. Ce n’est certainement pas un mauvais deal. Mais désolée, je n’ai pas de problème de points privés. J’en ai plus qu’assez.
C’était ainsi qu’elle répondit.
Kushida — Je n’en ai vraiment aucune idée…
Moi — Si tu veux, je peux demander à Chabashira-sensei d’apporter mon téléphone maintenant.
Kushida — Ça ne me dérange pas. Mais tu ne peux pas faire ça, tu es au milieu d’un examen spécial, tu te souviens ?
Moi — L’utilisation du portable peut conduire à la tricherie, on le confisque donc. Mais si je laisse la manipulation à Chabashira-sensei et lui demande seulement de lire les données enregistrées alors c’est bon.
Ainsi, la possibilité de triche est écartée. Bien sûr, je ne pensais pas que ces exceptions étaient accordées sans condition lors des examens spéciaux. Mais elle était agitée et dirigea son regard vers le Chabashira-sensei.
Moi — Tu ne veux pas que j’apporte mon téléphone pour ne pas réduire à néant tes efforts, mais tu imagines bien que je ne compte pas m’arrêter.
Que pensait Kushida ? Elle ne dit rien et me tourna le dos, restant immobile. Comme si elle s’était raidie, elle garda le regard droit devant elle. Bien entendu, Kushida se souvenait de ce jour-là et, en tant que personne prudente elle avait veillé à ce que l’enregistrement fonctionne correctement. Autrement dit, elle l’avait écouté à plusieurs reprises. En se remémorant tout l’échange, certains mots correspondaient aux souvenirs de l’enregistrement dans sa mémoire.
Moi — Même si on a assez de points, ce n’est jamais une mauvaise idée d’en avoir plus en cas d’urgence.
Elle y eut un grand changement chez Kushida, qui jouait le rôle de la victime jusqu’à présent. Elle ne pouvait plus continuer à jouer à l’ange.
Kushida — Ferme-là maintenant !
Mes camarades avalèrent leur salive. J’entendis une voix demandant qui avait dit ça. Elle était maintenant dans une impasse.
Moi — Comme Chabashira-sensei l’a dit, les points privés sont pour notre propre protection.
Kushida — Tais-toi, tais-toi, tais-toi !
Je continuai jusqu’au bout, malgré ses mots de rejet.
Moi — Peu importe comment on voit les choses, je suis la victime. Voici la conversation entre Kushida et moi avant notre accord. Si vous écoutez l’audio alors vous comprendrez.
Peu importe que j’aie l’enregistrement ou non, la seule chose nécessaire était que les lignes de la conversation correspondaient à l’échange réel.
Kushida — Assez, assez !
Elle cria malgré le silence. Kushida devait avoir du mal à se rappeler de la suite. Tout avait commencé parce qu’elle voulait connaître les points faibles de tous les élèves de seconde. J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec elle sur quelques secrets bien gardés de nos camarades. Quand elle m’avait demandé quelque chose en échange de son aide, je lui avais offert mes propres points privés. Et j’étais également sûr que la conversation préalable à l’accord, laquelle Horikita et moi fûmes invités à quitter l’école, était restée intacte. Elle pensait pouvoir jouer avec moi, mais elle avait commis une grosse erreur dans la mesure où elle avait laissé trop de traces qui menaient directement à sa propre chute.
Moi — Peux-tu me dire exactement quelle partie de la conversation veux-tu écouter ? Comme ça tout le monde entendra.
Ils espéraient tous une erreur et la regardaient avec une certaine détresse.
Kushida — ……Désolée.
Peu après, Kushida marmonna des excuses.
Moi — De quoi veux-tu t’excuser ?
Kushida — C’est vrai, en échange de la moitié de tes points privés mensuels, j’avais promis de ne pas essayer de t’expulser.
Ses excuses furent destinées à ses camarades pour avoir menti.
Kushida — Mais je n’y pensais vraiment plus. Je veux être amie avec eux ! Ce n’est pas moi qui ai voté « Pour » !
Kushida ne voulait toujours pas admettre que c’était elle, mais la façon dont ses camarades de classe la regardaient était très différente de tout à heure.
Elle savait qu’elle n’allait plus retrouver sa vie paisible d’antan. Mais le regard de Kushida n’était toujours pas mort.
Kushida — Ce n’est pas toi Ayanokôji-kun qui aurais voté « Pour » ?
Moi — Qu’est-ce que tu veux dire ?
Kushida — Tu voulais me renvoyer de l’école. Tu as donc pris des mesures pour forcer l’expulsion. Parce que d’habitude tu es silencieux et tu ne dis pas grand-chose, c’est bizarre que tu prennes l’initiative.
Kushida essaya de rejeter sa culpabilité sur moi, mais c’était prévisible.
Kushida — Hé, Karuizawa-san.
Tout en se grattant les cheveux, elle tourna son regard vers Kei.
Karuizawa — Quoi ?
Kushida — Il semblerait que tu sortes avec Ayanokôji-kun. Tu savais qu’au début de l’an passé, il voulait désespérément sortir avec moi ?
Karuizawa — C’est quoi ça ? De quoi tu parles ?
Kei était capable de voir les choses de manière plus objective et plus calme que la plupart des gens, mais même elle avait ses faiblesses notamment lorsqu’il s’agissait d’amour, des émotions incontrôlables surgissaient. Plus tôt, quand je fus candidat à l’expulsion elle se tint prête à me défendre seule contre tous. Dès ce moment-là, elle vit la faille dans le cœur de Kei.
Kushida — Tu as même touché ma poitrine contre mon gré dans le noir.
Karuizawa — Quoi…? Ça veut dire quoi ça, Kiyotaka ?
Kushida — Tu ne le savais pas ? Il m’a fait des choses horribles au début.
Un sentiment de dégoût commença à se répandre parmi les filles, y compris parmi les garçons amis de Kushida.
Kushida — Je lui avais dit gentiment d’arrêter, mais j’avais trop peur.
Moi — Je n’ai rien fait de tel. Tu écris un roman là.
Karuizawa — Ki… Kiyotaka c’est vrai ce qu’elle dit !?
Kushida — Tu ne me laisses pas le choix, mais je jure qu’Ayanokôji-kun a touché mes seins.
Karuizawa — Kushida je te déteste ! C’est dégoutant ce que tu dis !
Kushida — J’ai des preuves aussi, même si ce n’est pas aussi fort qu’un enregistrement. J’ai toujours l’uniforme avec les empreintes d’Ayanokôji dessus. Tu sais ce qui se passerait si je montrais ça, n’est-ce pas ?
Elle utilisa la même astuce que moi finalement. Si cela s’avérait, plus tard, c’est moi qui aurais des problèmes.
Karuizawa — Explique-moi ce que ça veut dire.
Du point de vue de Kei, à qui on avait raconté l’histoire objectivement, il était compréhensible qu’elle demande une explication.
Moi — Tout dépend de comment on tourne les choses. Elle a dit qu’elle avait des empreintes sur ses vêtements, mais comment seront-elles conservées ? Ça fait déjà un an et demi alors Il n’est pas facile d’obtenir une empreinte sur un vêtement s’il n’est pas bien conservé.
Même la surface des vêtements était grumeleuse à cause du tissu, ce qui rendait difficile de voir les empreintes. En tenant compte de facteurs tels que les rayons UV, l’humidité et la sécheresse, c’était clairement impossible.
Kushida — ….
Tout comme l’enregistrement, aucune de ces cartes n’était utile. Peu importe le nombre d’autres cartes qu’elle avait en main, je pouvais la contrer. La seule chose qu’il lui restait à faire était se rendre.
Moi — Si j’avais vraiment fait ça, tu aurais dû te plaindre immédiatement.
Kushida — Parce que… Parce que… Parce que….. Parce que !
Kushida qui se rapprocha de moi, m’attrapa le col et le serra fort. À l’action extrême de Kushida, je réagis avec calme.
Moi — Jusqu’à il y a peu, tu t’étais même associée à Ryuuen pour nous expulser, Horikita et moi, n’est-ce pas ?
L’un après l’autre, les secrets de Kushida étaient exposés à la lumière du jour. À ce stade, cela ne servait plus à rien d’apporter de nouvelles informations qui étaient en partie fausses.
Kushida — Parce que…. pourquoi !!!!
La main qui saisit mon uniforme devint plus forte.
Kushida — Pourquoi tu me trahis !!! Tu as dit que tu ne voulais pas faire de moi ton ennemie, tu te souviens ?!
Moi — Bien sûr, je ne voulais pas te contrarier. Je n’étais même pas intéressé par le fait que tu avais une double personnalité. C’est pourquoi nous avons voulu un vote unanimement « Contre » jusqu’à la fin, sans avoir à citer de nom. Mais quand l’expulsion d’une personne est en jeu, il n’y a plus le choix. C’est pour protéger nos camarades de classe.
Depuis un an et demi, elle avait établi un faux lien avec ses amis. Là, tout s’écroula devant elle. Comme le silence régnait, elle commença à baisser le ton.
Kushida — Ah… c’est inutile, n’est-ce pas ?
Avec un air de résignation sur son visage, comme si elle avait tout compris, Kushida tordit son visage de mécontentement. Cependant, elle retrouva rapidement son sang-froid, sourit et retira sa main de ma poitrine.
Kushida — C’est vrai, j’ai été stupide. Cet accord était une erreur…….
L’attitude colérique disparut instantanément et elle s’exprima simplement.
Kushida — Je savais que tu étais un adversaire redoutable, mais je ne pensais pas que tu me trahirais maintenant. C’est inattendu.
Hondou — Euh, c’est un mensonge, n’est-ce pas Kikyô-chan ? Ce qu’Ayanokôji-kun vient de dire est un mensonge, n’est-ce pas ?
Kushida — Un mensonge ? Ah ce que vous êtes détestables.
Hondou — P… Pourquoi ?
Kushida — Il y a des choses qu’il faut protéger à tout prix, pigé ? Ah c’est vrai… comment pourrais-tu comprendre ? Ah…tout est fini.
Elle haussa les épaules, sans se préoccuper de sa propre situation.
Kushida — Oui. Je ne pouvais pas supporter leur existence. Je ne pouvais pas leur pardonner de connaître mon secret qui devait être bien gardé. J’attendais la bonne opportunité pour les expulser.
Moi — J’ai été surpris par le contenu de la dernière motion, mais, tu aurais dû te douter de ce qui se passerait si tu essayais de la forcer.
Même si elle éprouvait des sentiments de haine, elle avait eu amplement le temps de se retirer. Au lieu de ça, elle força les choses dans une stratégie en demi-teinte. Ce n’était pas le style de Kushida. À ce moment-là, ses yeux s’assombrirent de contrariété, mais ce fut de courte durée. Avant l’examen, elle avait demandé à Horikita d’être le leader. Elle savait donc ce qui l’attendait.
Kushida — Pas vraiment. Je ne pouvais pas supporter que les gens connaissent encore mon passé. Je savais qu’il était très difficile de convaincre Horikita-san de partir, mais je n’ai pas pu résister à l’envie.
Les élèves qui l’avaient protégée restèrent sans voix. Le fait qu’elle ait planifié l’expulsion de Horikita n’était pas suffisant pour la rendre fautive, mais le problème était qu’elle avait entraîné toute la classe pour une expulsion très difficile à mettre en place.
Moi — Tu as perdu ta chance de nous expulser, c’est dommage.
Kushida — Le prochain vote sera pour m’éliminer. Cette classe obtiendra des points pour mon sacrifice. Je suis heureuse pour vous, car vous allez tous pouvoir passer en classe B.
Il était difficile de penser que ces mots furent pour ces amis avec lesquels elle s’entendait bien jusqu’au milieu de la journée.
Moi — Tu n’as aucune chance de changer les choses.
Kushida — Haha, tu as probablement raison. Mais…
Elle approcha son visage de mon cou et murmura froidement.
Kushida — Au moins, je peux montrer un peu de résistance, hein ?
C’était un chuchotement, mais plus que suffisant pour que la classe l’entende. On pouvait supposer qu’elle s’y était préparée personnellement.
Moi — Tu ne peux pas. Tu n’as plus d’amis sur qui compter.
Kushida — Tu n’y es pas. Si je dois être expulsée, autant tout détruire.
Cette nature qui avait conduit à l’effondrement de sa classe de collège, commença à émerger.
Moi — Que veux-tu dire ?
Kushida — Tu ne comprends pas ? Je parle des secrets de cette classe que je suis la seule à connaître ! Il reste encore un peu de temps avant la fin de l’entracte. Je dévoilerai tout.
Moi — Tu ne gagneras rien en faisant ça.
Kushida — Pas de mal à cela, mais tu sembles inquiet alors en avant.
Laisser sortir la vérité et le stress accumulé depuis si longtemps. De cette façon, tout le monde allait être choqué. C’est ainsi que toute compassion allait disparaitre pour laisser place à une unanimité afin de l’expulser.
Kushida — Il y a quelque temps, à côté de Karuizawa-san… Shinohara… tu m’avais consultée sur beaucoup de choses, n’est-ce pas ?
Satsuki Shinohara fut sa première cible parmi les filles.
Shinohara — Qu… qu’est-ce que tu veux dire ? !
Kushida — « Shinohara-san, n’est pas particulièrement mignonne. En fait, elle est affreusement laide. C’est peut-être pour ça que les gars dégueux comme Ike-kun et Komiya-kun la draguent » Cette conversation entre Matsushita, Karuizawa-san, Mori et les autres a eu lieu et elles ont toutes bien ri, n’est-ce pas Mori ?
Mori — Non, arrête ! Tu mens !
Mori nia immédiatement, mais Kushida n’eut pas l’intention de s’arrêter. Une seule racine peut être divisée en d’innombrables morceaux et en un instant, un par un, les noms furent appelés et les cibles, réparties.
Kushida — Hein ? Tu as ri avec force en disant qu’ils étaient le couple parfait. Je me souviens encore de ton rire moqueur parce que j’étais parfaitement d’accord avec toi !!
Shinohara — C’est vrai… Nene-chan ?
Mori — Non… ce n’est pas… J’ai juste …
Kushida — Shinohara-san, il semble qu’Ike-kun se soit déclaré sur le bateau et tu es sortie avec lui. Juste avant ça, tu hésitais entre Komiya-kun et lui, mais Ike était une cible bien plus facile n’est-ce pas ? Tu avais l’intention de rendre jaloux Komiya-kun qui, pour le coup, te plait plus ?
Ike — Hé, Satsuki !?
On voyait Kushida lancer des contenus d’informations qui enflammèrent toute la salle de classe. Quand un feu démarrait à un endroit et commençait à se propager, les mots volaient rapidement vers de nouvelles choses.
Kushida — En parlant de relations amoureuses, Wang-san m’a aussi consulté sur beaucoup de choses.
Wang — Non, s’il te plaît, arrête !
Kushida — Tu veux que je ne dise pas le fait que tu aimes Hirata-kun ?
Hirata — …!?
Soudain, dans la classe, ils mentionnèrent tous le nom de la personne que Mii-chan aimait. En un instant, son visage devint rouge et elle se mit à pleurer en voyant Yôsuke la regarder.
Kushida — Ça ne fait que commencer. Vous voulez quelque chose de plus lourd ? Eh bien, commençons par Hasebe.
Hasebe — Kikyô-chan…
Kushida — Faut que t’arrêtes avec ces surnoms débiles. Tu ne peux même pas te faire de vrais amis alors tu fais ça pour te sentir proche d’eux. Personne n’ose te le dire mais… ce malaise !
Alors que Kushida attaquait, tout le monde écoutait ses calomnies. L’entracte était sur le point de finir et attendre plus était synonyme de plus d’infos révélées.
1
(Horikita)
Seulement quelques minutes après avoir écouté Ayanokôji-kun, l’opinion des gens sur Kushida opéra un revirement. Ses amis étaient censés être aussi forts et proches que le groupe d’Ayanokôji-kun. Maintenant, la relation semblait terriblement fragile. Même sur moi, qui connaissais le passé de Kushida avant tout le monde, cette histoire eut un effet si puissant que si Ayanokôji-kun m’avait demandé de la nommer, je l’aurais fait.
J’avais aussi vu le jeu d’Ayanokôji-kun bien avant tout le monde, mais la classe était plongée dans le chaos. À la fin de cet entracte, le vote pour l’expulsion de Kushida allait commencer.
Cet examen spécial était donc probablement terminé. Notre classe allait pouvoir obtenir 100 pc en faisant ce sacrifice, un atout précieux dans notre route pour la classe A. La situation était à portée de résolution et j’étais sûre que tout le monde voulait en terminer, mais pour moi, chaque seconde qui passait était au ralenti. Les secondes défilaient, lentement mais sûrement. La trotteuse de l’horloge analogique, qui semblait se déplacer dans une salle de classe, ralentissait comme si elle était sur le point de s’arrêter à tout moment.
Quel était mon objectif ? Je devais le découvrir moi-même. De toute évidence, la réponse était d’obtenir un diplôme en classe A. Pour cela, des points de classe étaient nécessaires alors, combien valait Kushida-san ? Il était difficile d’attribuer une valeur exacte à chaque élève, mais il était évident qu’elle valait bien plus que 100 pc. Je devais changer de mode de pensée. Échouer ici c’était perdre 350 pc précieux, car difficile à récupérer. La plupart devaient se dire qu’elle ne valait pas la perte de 350 pc.
Alors qu’est-ce que moi, Suzune Horikita, je voulais tenter ? Qu’est-ce que je voulais faire de la dénommée Kushida ? Est-ce que je voulais la sauver ou est-ce que je voulais couper les ponts ? En me concentrant au maximum, je fis fi du temps et du bruit inutile autour de moi.
Devais-je simplement laisser le plan se dérouler comme le voulait Ayanokôji-kun ? Non, je ne pouvais pas.
Je devais encore réfléchir. Quelle était la bonne réponse ? Quelle était la mauvaise réponse ? Y avait-il quelque chose que je pouvais faire ?
Je devais reconnaître la force du dénommé Ayanokôji et la prendre en compte avant de réfléchir de nouveau.
Un seul phare de lumière brilla à travers cette obscurité.
Oui, c’était clair désormais.
J’arrivai à la seule réponse correcte. Expulser Kushida-san ici n’était pas la bonne solution. Et maintenant, il n’y avait personne d’autre que moi qui pouvait sauver Kushida-san.
Le temps figé se remit en marche et l’horloge recommença à tourner.
2
Un par un, les élèves commencèrent à soutenir la décision d’expulser Kushida de l’école, mais une élève se leva. Après que Kushida ait révélé certains secrets, Horikita vint mettre un terme à son action.
Horikita — Ne dépasse pas les bornes, Kushida-san. Si tu dis quelque chose de plus, tu ne pourras pas le retirer.
Kushida — Hein ? Enfin, nous arrivons à la partie la plus intéressante. Ne m’interromps pas, Horikita-san.
Horikita — Je n’écouterai plus ces histoires désagréables.
Kushida — La vérité est-elle vraiment si désagréable ?
Comme si c’était un compliment, elle regardait Horikita, tout sourire.
Horikita — C’est la vérité certes, mais ce n’est pas agréable à entendre. Mais tu es loin d’être la seule à qui je fais des reproches. Je les vois en train de murmurer ton expulsion, mais ils ne valent pas mieux.
Devant ces réprimandes inattendues, nos camarades crièrent d’exaspération.
— On a rien de fait mal !
Horikita — Pourquoi avoir révélé tout ça à Kushida-san ?
— O…On avait juste confiance en elle…
Horikita — Oui, Kushida-san avait la confiance de tout le monde. C’est une prouesse d’en être digne, encore plus de devenir un confident. Peu de personnes sont aptes à être considérées comme telles. Bien entendu, Kushida-san n’aurait jamais dû révéler ces secrets comme ça. Elle a fait tomber son masque en quelque sorte. Mais qui n’en porte pas au juste ?
En effet, peu de personnes vivaient une vie réellement transparente.
— Oui, mais c’est impardonnable d’avoir voulu l’expulsion de quelqu’un.
Horikita — Oui. Pour nous expulser Ayanokôji-kun et moi, elle a entraîné toute la classe et nous devons lui faire sentir le poids de sa décision. Le moyen d’y parvenir n’est pas de voter pour elle, mais d’utiliser ses capacités en la faisant payer de nombreuses fois à l’avenir.
Autrement dit, elle préférait faire payer Kushida tout en la rendant utile.
— Tu suggères de ne pas voter pour Kushida-san ?
Horikita — Exactement. Je veux que Kushida-san reste dans notre classe.
Kushida — Hein ? Tu m’as interrompue juste pour dire ça ?
Kushida elle-même avait été la première à s’opposer à sa non-expulsion.
Kushida — Pourquoi tu me défends ? C’est pas comme s’il y avait un autre candidat plus qualifié à l’expulsion. Ou bien tu as besoin de moi comme punching-ball ? J’imagine que ça t’occuperait bien.
Horikita — Je ne suis clairement pas du genre à plaisanter.
Kushida — Si c’est ce que tu penses sérieusement, je vais te faire changer d’avis tout de suite. Revenons à notre chaos.
Horikita — Ton cirque n’a rien d’une situation chaotique.
Kushida — Vraiment ? Alors, dis-moi comment tu considères la chose ?
Horikita — Tu es juste une sotte qui s’amuse à exposer sa laideur.
Kushida — Hein ?
Horikita — En vérité, tu es meilleure que la plupart des gens sur le plan scolaire, mais tu es folle. En méditant sur tes erreurs, tu as décidé de venir dans ce lycée, mais par un malheureux hasard, tu es tombée sur moi. Qui plus est, peu après ton inscription, tu t’es révélée sans faire exprès à Ayanokôji-kun. Quelle malchance ! Alors que je n’avais aucun intérêt pour toi, tu as décidé arbitrairement que tu ne pouvais me supporter en tentant de m’expulser. Tu as même conclu un accord avec Ayanokôji-kun qui s’est retourné contre toi. Malgré ton obsession pour exclure quelqu’un dans ce vote, tu as encore fini par te faire prendre à ton propre jeu. Comme c’est pathétique. Tout ça pour ça.
Horikita soupira nonchalamment après son discours humiliant. Le visage de Kushida qui jusqu’à présent se délectait de la situation d’un sourire malicieux se transforma en une expression de rage.
Kushida — Tu ne sais même pas ce que je ressens, alors ferme-la ! Je veux être la meilleure ! Même si je dois vivre dans un stress permanent, je veux ressentir ce sentiment de supériorité sur les autres ! Comme tu étais un obstacle, j’ai essayé de me débarrasser de toi. Est-ce mal ?
Horikita — C’est vrai que je ne sais pas ce que tu ressens. Ton seul but dans la vie est d’écouter les soucis des autres et de les collectionner comme des timbres. Tu n’as jamais pu trouver quelqu’un à qui parler de tes propres sentiments.
Kushida serra les poings à tel point que les vaisseaux semblaient sortir.
Horikita — Ta personnalité est un problème, mais cela vaut pour moi. Sauf que tu as fait plus d’efforts pour compenser tes faiblesses.
Kushida — Arrête de faire la meuf ! J’en chiale de tes beaux discours à deux balles !
Horikita — Pourtant c’est cette vérité qui te plait tant. Honnêtement tu as un don pour te lier d’amitié avec autrui et j’en suis jalouse.
Lorsqu’elle avait dit cela, les élèves, agacés par Kushida, répliquèrent.
— Kushida-san a été horrible avec nous tous et tu la jalouses ?
Horikita — Faire semblant d’être gentil, vous pensez que c’est horrible ? Réfléchissez à la difficulté d’être gentil tous les jours. Avez-vous le talent de sourire à tout le monde et de tendre la main à quiconque est dans le besoin ? D’écouter les préoccupations des autres ?
Cela devait être stressant pour elle au quotidien. Beaucoup d’entre nous auraient aimé être comme Kushida, mais nous savions que nous ne pouvions pas. Écouter les histoires sans importance des autres n’était pas pour une personne ordinaire. En plus elle les conseillait en gardant le sourire.
Kushida — Arrête ! Arrête ça ! Je ne veux plus entendre tes conneries !
Horikita — Pourquoi ça ? Tu es douée pour sonder les cœurs des gens, alors tu devrais le savoir, non ? Je n’ai pas l’intention de me moquer de toi ou de t’humilier. Ce sont des compliments sincères.
Horikita arrêta les élèves avant qu’ils ne reviennent à la charge.
Horikita — Ce serait une grande perte pour la classe si nous devions t’expulser de l’école, car tu as un talent que personne d’autre ne possède.
Kushida — Ferme-la !
Horikita — Voilà pourquoi nous ne pouvons expulser Kushida-san. Je veux que notre classe profite de sa force, quoi qu’il en coûte.
Kushida — Mais ta gueule je te dis !!!!
Horikita — On ne sait jamais, n’est-ce pas ? Ce n’est que lorsque j’ai appris ton passé que j’ai développé une grande estime de toi.
En y réfléchissant, Kushida, pour une raison quelconque, nous avait parlé en détail de son passé, qu’elle voulait pourtant garder caché. Peut-être que ce n’était pas un acte pour se faire expulser, mais parce qu’au fond d’elle-même elle voulait que les gens sachent tout. Elle avait envie de partager ça avec les autres.
Le visage de Kushida était couvert de larmes. Et puis, comme une enfant, elle pleurait de manière inconsolable, incapable de parler distinctement et de cacher sa frustration.
Kushida — Frus…trant…fr…tran…frus…trant…f…trant…frustr…trant…
Ces mots furent répétés durant ses sanglots.
Maintenant que tout le monde avait vu sa vraie nature, ils allaient s’éloigner d’elle.
Cependant, pour une raison quelconque, Horikita, avait gardé une certaine distance avec Kushida. Horikita, qu’elle détestait tant, était paradoxalement celle qui la comprenait le mieux, mais est-ce que la classe allait accepter ça ? En tout cas pour Kushida, c’était certainement un tournant. J’avais décidé qu’il était impossible de la persuader, j’avais donc élaboré une stratégie pour m’en débarrasser, mais Horikita avait opté pour la protéger ce qui n’était pas sans soucis.
Mlle. Chabashira — C’est la fin de l’entracte. Qu’avez-vous décidé ?
Horikita — Il me faut plus du temps. Ceux qui veulent expulser Kushida-san, changez votre nomination pour moi. Je vous expliquerai plus tard.
Elle fit appel à nos camarades de classe pour qu’ils la nomment, car elle ne pouvait plus utiliser sa nomination volontaire.
Kushida — N… ne sois pas stupide ! Tu vas voter pour moi, n’est-ce pas ? Dépêche-toi de me nommer et de voter pour moi.
Horikita — Je ne plaisante pas. Comme je l’ai dit depuis le début, tu vas devoir tout assumer. Je n’accepterai pas que l’expulsion soit ta punition. Si tu t’en vas comme ça, là je perdrai à jamais toute estime pour toi.
Je savais que certains élèves n’étaient pas sûrs de savoir qui nommer à la fin, mais ce n’était pas le but.
Mlle. Chabashira — Il est grand temps. Nous allons commencer à voter pour Horikita, qui a reçu plus de la moitié des nominations.
Même si Kushida était élue par nomination, cela n’aurait aucun sens tant que Horikita voterait « Contre ». Il y avait eu un vote « Pour », probablement celui de Kushida.
Résultats du vingtième tour
Pour 1
Contre 37
Horikita — Pour poursuivre, je suis contre l’expulsion de Kushida-san.
Kushida divaguait et marmonnait des mots incompréhensibles, mais Horikita ne lui prêta aucune attention. Cela blessait son orgueil, mais au moins, Kushida n’était plus sur l’offensive. Si Kushida était expulsée, Horikita aurait eu un gout amer. C’était compréhensible, mais inattendu de sa part. Et elle allait défendre bec et ongles Kushida, quitte à ruiner l’ambiance. Elle ne blaguait clairement pas et trouvait plus judicieux d’exploiter les forces de Kushida. Horikita avait progressé bien plus vite que je ne le pensais même si sa prise de décision n’était pas sans failles. En effet, de nombreux élèves étaient prêts à expulser Kushida pour le tabou qu’elle avait brisé. Mais Horikita avait stipulé qu’elle ne lâcherait pas Kushida, alors nous ne pouvions pas exclure la possibilité que le temps joue contre nous.
Horikita — Je suis désolée, mais ce serait inacceptable.
Hirata — Mais Horikita-san, tu comptes laisser le temps s’écouler ?
Yôsuke demanda quelque chose qui devait être confirmé immédiatement.
Horikita — Expulser Kushida est une fausse solution, voilà tout.
Hirata — Tu le penses vraiment ?
Horikita — Il faudra bien entendu que quelqu’un soit expulsé.
Cela signifiait qu’elle n’était pas seulement prête à sauver Kushida, mais aussi à éliminer quelqu’un d’autre à la place. Même si Horikita avait changé d’état d’esprit, je devais agir avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit d’autre.
Moi — Attendez un moment.
J’interrompis avec force la tentative de Horikita de continuer. Peu importe à quel point on essayait de justifier quelque chose, juger une personne ici avait un coût mental élevé. Certes c’était une expérience, mais c’était trop pour Horikita de porter ça toute seule.
Surtout, que si on faisait une seule erreur, c’était l’échec de l’examen assuré. J’étais la seule personne qui pouvait prendre une décision unanime pour expulser quelqu’un d’autre que Kushida…. Oui…J’avais bien compris la situation et Horikita me fixait, signe que nous pensions à la même chose.
Moi — Kushida était la seule élève qui continuait à voter pour l’expulsion, donc nous avons décidé que ce serait elle le maillon faible. Mais, comme l’a dit Horikita, c’est une élève talentueuse. Dans ce cas, nous n’avons pas d’autre choix que de réfléchir à une approche différente.
Ike — Attends une minute, Ayanokôji. Tout le monde dans la classe est d’accord pour expulser une traitresse, mais tu crois nous convaincre en sacrifiant quelqu’un d’autre à la place ?
Moi — Je suis sûr que ce n’est pas seulement toi Ike qui est mécontent ici, mais il faut que notre décision soit la plus équitable possible.
Ike — Cherche pas, tu trouveras pas.
Moi — On gagne des points de classe en expulsant quelqu’un alors nous séparer d’un élève prometteur ne fait pas de sens. Autrement dit si on veut être impartial, les élèves comme Horikita, Yôsuke ou Kei ne peuvent prétendre à l’exclusion par exemple de par leur rôle de leader.
Alors que le temps s’écoulait, la classe resta silencieuse.
Moi — Vous avez le droit de vous opposer, mais dans ce choix, il est préférable de se baser non pas sur des potentialités, mais des caractéristiques objectives à l’instant T comme l’OAA.
C’était la mesure de la capacité d’un élève, sans tenir compte des sentiments. Le 1er septembre, le score le plus bas ici dans notre classe était de 36 points.
Moi — L’élève avec le plus faible OAA ici est …… Sakura Airi.
Je répondis, sans regarder Airi en particulier, mais en observant toute la classe.
Hasebe — Hein ? De quoi tu parles ? C’est pas le moment de plaisanter !
Haruka se leva, furieuse.
Moi — Je reste objectif. C’est à la classe de décider.
Elle n’écouta pas mon avis et continua de parler.
Hasebe — Objectif ? Et alors Kiyopon ? Tu trouves ça normal d’expulser Airi ? Je te savais pas comme ça !
Moi — Alors, on devrait expulser qui selon toi ?
Hasebe — Eh bien, c-c’est…
Moi — Une personne qui n’est pas disposée à désigner directement une personne à expulser n’a pas son mot à dire.
Hasebe — Oh, Ike-kun ! Tes capacités scolaires et physiques ne sont pas si différentes de celles d’Airi, hein ?
C’est vrai que dans l’OAA, il avait été une fois à égalité avec Airi pour la dernière place. Mais maintenant, il avait ajouté un point à son compteur pour atteindre 37 points.
Moi — Oui, demandons brièvement aux gens. Levez la main si vous vous opposez à l’expulsion d’Airi.
Ceux qui levèrent la main immédiatement étaient Haruka, suivie de près par Akito et Keisei. Bien sûr, c’était logique pour le groupe d’Ayanokôji.
Moi — Trois personnes, alors. Qui sont les élèves qui s’opposent à l’expulsion d’Ike ?
Plusieurs garçons, dont Sudou, et les filles, dont Shinohara et Mori, qui devait une fière chandelle à Shinohara, levèrent la main. Cela faisait onze contre.
Hasebe — Pourquoi…..
Moi — Se faire des amis est aussi une compétence. Dans ce sens, Airi est clairement inférieure à Ike.
Hasebe — Tu peux dire ça en regardant Airi dans les yeux ? !
Moi — C’est ce que tu veux ?
Hasebe — Arrête !
Quand j’allais regarder les yeux effrayés d’Airi, Haruka m’arrêta.
Moi — Bon tu pourras nommer Hondou, Okitani ou un autre élève, ils ne tomberont pas en dessous des trois votes d’Airi.
Hasebe — Qu’est-ce que… Arrête de jouer là ! On a peut-être peu d’amis, mais ça ne signifie pas que tu peux jeter Airi comme ça !
Si j’avais le choix, j’aurais évité cette situation, mais il était trop tard.
Yukimura — Honnêtement… perdre 300 pc maintenant serait fatal.
Un membre du groupe Ayanokôji, Keisei, ami d’Airi, laissa échapper sa voix.
Hasebe — Yukimu… T’es sérieux là ?! Tu vas vraiment accepter ?!
Yukimura — Non ! Je ne suis pas encore d’accord !
Hasebe — « Pas encore » ? Tu veux dire que tu vas l’être ? Stop là !
Yukimura — Non… Je veux dire que…
Comme si elle réalisa l’évidence, Haruka se mordit la lèvre et prit une décision.
Hasebe — C’est dégueulasse. C’est donc ça l’amitié ?
La voix froide fut dirigée vers Keisei qui avait révélé son opinion et moi.
Hasebe — Vous êtes comme les autres ! Vous vous fichez d’Airi ! Vous ne vous souciez que de votre peau ! Normal, vous n’êtes pas proche d’elle ! Laisser passer Kikyô-chan juste parce qu’elle a une petite utilité c’est bien mieux, hein ? Oui, c’est mieux de virer quelqu’un qui fait de son mieux pour ne pas causer de problèmes ? Quelle classe !
Le commentaire de Keisei s’avéra offensant pour Haruka malgré lui. Personne ne voulait établir un contact visuel afin d’éviter d’être impliqué.
Hasebe — Je ne laisserai pas Airi être éliminée. Si vous voulez voter pour quelqu’un alors je me porte volontaire. Je la protégerai avec plaisir !
Haruka évoqua son expulsion, mais ce n’était pas la stratégie retenue, car cela ne valait pas le coup. Et puis c’était voué à l’échec.
Sakura — A-attends, Haruka-chan ! Je ne peux pas te laisser faire ça !
Hasebe —Airi, tu dois rester dans cette école. Je n’ai jamais vraiment aimé cette classe de toute façon. Mais après t’avoir rencontrée et être devenue amie avec Kiyopon, Yukimu, Miyachi et toi, je me suis amusée tous les jours. Depuis l’expulsion de Yamauchi, je me disais qu’on allait passer du bon temps tous ensemble ici, que ça ne se reproduirait pas, mais…
Avec un regard fixant Mlle. Chabashira, Haruka fit une déclaration formelle.
Hasebe — Si c’est comme ça, autant me nommer. Allez, il est temps !
Ainsi, nous devions procéder au vote pour le renvoi de Haruka.
Hasebe — Airi, je t’en supplie, vote pour moi, d’accord ? Personne d’autre ne s’en plaindra ici. Vous serez en mesure de vous protéger, donc ce n’est pas comme si l’un d’entre vous avait une raison de s’y opposer.
Sakura — C’est… JE NE PEUX PAS VOTER COMME ÇA !
Airi cria que c’était au-dessus de ses forces.
Hasebe — Si ça te fait rester, pas de regrets !
Sakura — Mais !
Mlle. Chabashira — C’est tout. Nous commençons le vote !
Avec la détermination de Haruka, nous votâmes. Les résultats s’affichèrent.
Résultats du vingt-et-unième tour
Pour 35
Contre 3
L’expulsion ne passa pas très loin et les trois personnes étaient logiques.
Hasebe — Airi !
Bien sûr, il était clair qu’Airi avait voté « Contre ».
Sakura — Je ne peux pas ! Je ne peux pas t’expulser Haruka-chan !
Hasebe — Mais c’est pour te protéger ! Miyachi et Yukimu, vous aussi !
Haruka était prête à être expulsée, mais ce n’était pas de la volonté des autres.
Miyake — Je ne te laisserai pas te faire expulser. C’est mort.
Montrant une expression amère voire d’agonie, elle répondit en fixant Akito.
Hasebe — Alors pourquoi ce serait Airi ?!
Miyake — Ce n’est pas ce que je veux, mais entre vous deux, voilà…
Yukimura — JE SUISDESOLÉ !
Soudain, Keisei se mit à crier et les interrompit. Il se leva et inclina la tête.
Yukimura — J’… j’ai voté « Pour »… À ce rythme, on manquera de temps.
Il répondit comme s’il était de son devoir de clarifier la situation maintenant.
Hasebe — Hein ? Alors qui ? Qui a voté « Contre » encore ?
Moi — C’est moi.
Hasebe — Kiyopon, que… ? ! Tu n’as aucune raison de me défendre !
Moi — Je te l’ai déjà dit. La nouvelle politique est d’exclure l’élève avec l’OAA le plus faible de la classe. Je me fiche de savoir si tu veux être expulsée ou si un autre élève est nommé. Je ne changerai pas d’avis.
Matsushita — Hasebe-san… C’est vrai que Sakura-san a le score le plus bas de l’OAA…Au fond, il est logique d’exclure celui ou celle qui contribue le moins.
Préparée à recevoir une attaque, Matsushita fit cette déclaration.
Hasebe — Tu te moques de moi ? Réfléchissez un peu ! Si vous étiez dans la même situation et que votre meilleur ami se faisait renvoyer, vous feriez comme si de rien n’était ? Pour moi c’est impossible !
Moi — C’est Airi qui doit être expulsée. Il n’y a pas d’autre option.
Hasebe — Je… Ce n’est pas normal, Kiyopon ! Peu importe qui est d’accord, toi, tu devais être du côté d’Airi !
C’était justement parce que je le savais que je faisais ça.
Moi — Mon idée est toujours la même… Haruka, à ce rythme, si tu ne peux pas accepter d’expulser Airi, cet examen sera terminé.
Hasebe — Alors fais ce que tu veux ! Je continuerai à m’opposer à l’expulsion d’Airi jusqu’au bout !
Sakura — Merci, Haruka-chan… Ce que tu dis-là, c’est plus que suffisant.
Avec une voix tremblante, Airi afficha un sourire résigné.
Hasebe — Airi ?
Sakura — S’il y a quelqu’un dans la classe d’inutile c’est bien moi. Kiyotaka-kun n’a rien dit de faux.
Hasebe — Airi !
Sakura — Si quelqu’un doit être expulsé objectivement alors ce sera moi.
Hasebe — Je ne peux pas ! Je ne peux pas te laisser te faire expulser ! Absolument pas ! Ce n’est pas grave si nous ne sommes pas en classe A ! Nous serons toutes les deux diplômées ensemble !
Sakura — Tu as tort. Même si tu me sauves, si vous n’arrivez pas à monter en Classe A à cause de moi, tu le regretteras.
Hasebe — Ne t’inquiète pas pour moi ! Tu n’as rien fait de mal ! Je te protégerai même si je dois entraîner tout le monde.
Sakura — Merci… mais je ne peux pas te laisser prendre cette responsabilité, Haruka-chan.
Hasebe — Qu’est-ce que… Comment ça ?… Non…
Empêcher les gens d’être expulsés n’était pas toujours dans leur intérêt. Si cela arrivait, voter « Contre » ne ferait que faire souffrir Airi.
Moi — L’abnégation, c’est bon. C’est réconfortant. Je suis sûr que la classe est soulagée d’avoir quelqu’un comme toi Haruka. Si ça nous permet une stabilité, alors te garder n’est clairement pas un mauvais choix. Sudou. Pourrais-tu te sacrifier pour le bien de la classe ?
Sudou — Non, non… Je ne pourrais pas…
Moi — Et toi Satô ?
Satô — Moi ? Je n’aimerais pas ça….
Moi — Et toi, Onodera ?
Onodera — …C’est probablement impossible pour moi…
Moi — Si tu demandes à d’autres personnes, la réponse sera la même. En fait, personne ne veut se sacrifier.
Hasebe — Si je veux partir alors où est le problème à la fin ?
Moi — Ce que je veux dire c’est que si tu es prête à te sacrifier alors autant que tu te proposes si l’occasion se présente à l’avenir. Ce ne sera pas forcément basé sur des critères objectifs.
Hasebe — Je m’en fiche ! Je veux juste protéger Airi !
Moi — Haruka, même si tu protèges Airi en t’expulsant, il est possible qu’Airi soit la prochaine sur la liste.
Hasebe — Ne parle pas d’un avenir incertain !
Moi — Notre vie ici n’a jamais et ne sera jamais un long fleuve tranquille. Par conséquent, nous devons prendre la meilleure décision possible.
Peu importe ce que je disais, Haruka ne semblait pas être capable de m’écouter. Mais tant qu’Airi écoutait, c’était le plus important.
Hasebe — Tout ira bien, Airi. Je voterai toujours « Contre ».
Sakura — Écoutez-moi tous ! Veuillez voter pour moi !
Airi dit cela avec une petite voix, mais assez fort pour qu’on l’entende.
Hasebe — Non ! Jamais ! Hier encore, on s’amusait tellement et même ce matin, c’était une matinée comme les autres. Je t’ai vue Airi comme d’habitude et ensuite on est venues ensemble en salle de classe. Nous avons parlé de petites choses comme le festival culturel et on avait prévu aujourd’hui d’appeler Kiyopon après l’exam pour le surprendre avec ton nouveau look ! Je ne peux pas croire que tout ça va nous être enlevé !
Haruka qui saisit les deux bras d’Airi et résistait désespérément. Il restait moins de dix minutes. Cela signifiait que c’était le dernier vote. Quiconque votait « Contre » allait devoir subir le poids du vote final. Airi qui secouait la tête d’un côté à l’autre, prit amicalement la main de Haruka.
Hasebe — Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas !
Elle rejeta tout en bloc et criait, se comportant comme une enfant. À chaque fois, Airi exprimait sa gratitude envers Haruka tout en essayant quand même de la convaincre de voter pour elle. Nous ne pouvions plus rien changer désormais et en réalisant tout cela, Haruka repartit vers sa place en titubant.
Moi — Les personnes sans capacité n’ont d’autre choix que d’accepter la réalité et de tourner la page. Nous avons la responsabilité de défendre la classe en répondant de manière appropriée. C’est facile pour toi de continuer à voter « Contre », mais si tu fais ça, Airi n’aura plus sa place ici. Elle ne fera que souffrir en se sentant responsable de cet examen et finira par être expulsée un jour ou l’autre sans pouvoir sortir par la grande porte. Si tu veux sauver ta meilleure amie, le seul moyen est de voter personnellement pour son expulsion et de la renvoyer la tête haute.
Hasebe — Je…
Airi enlaça Haruka par devant alors qu’elle s’effondrait.
Sakura — Merci, Haruka-chan… Merci de m’avoir aidée tant de fois jusqu’à maintenant. Je ne pourrais sûrement jamais te rendre la pareille, mais s’il te plaît, écoute mon dernier petit souhait égoïste.
Hasebe — Airi, je déteste ça….
Sakura — Vote en faveur de mon expulsion.
Elle exprima sa gratitude, caressant doucement les cheveux de Haruka qui pleurait, puis Chabashira leva la voix.
Mlle. Chabashira — Veuillez sélectionner un candidat pour le vote.
Haruka reprit son calme et s’assit tandis qu’Airi retourna à son siège. Mais à la fin des soixante secondes, Haruka se retrouva dans son délai de grâce. Il restait soixante-dix secondes avant qu’elle ne soit elle aussi expulsée. Il n’était pas étonnant qu’elle réfléchisse à disparaître en même temps que sa meilleure amie. Si elle choisissait de faire ce choix médiocre alors nous n’y pouvions rien, mais la classe subirait une perte supplémentaire malgré le consensus. Il restait maintenant quarante secondes et elle pleurait toujours, ne montrant aucun signe de vouloir voter.
Sakura — HARUKA-CHAN !!!
Dans une rage qu’Airi n’avait jamais montrée auparavant, elle se mit à hurler. Elle leva les yeux au ciel avec surprise comme si elle avait reçu une claque dans le dos et Airi hocha la tête, souriant au visage en larmes de Haruka.
Si elle ne votait pas, elle porterait atteinte à tout ce que représentait Airi.
Mlle. Chabashira — Le vote est terminé. Voici les résultats.
Résultats du vingt-deuxième tour
Pour 38
Contre 0
Chabashira, qui avait assisté à cet échange féroce, oublia de signaler la fin de l’examen et se contenta de fixer Airi et Haruka. Après avoir été renvoyée de l’école, Airi regarda droit devant elle, comme si elle avait déjà tout accepté. De son côté, Haruka, qui n’avait pas pu la protéger, tenta tant bien que mal de retenir ses larmes, mais elle ne parvint pas à les cacher devant une classe totalement silencieuse.
— Chabashira-sensei. Veuillez poursuivre.
Le surveillant, qui était jusqu’à présent silencieux et calme à peu de choses près, lui signala qu’elle avait oublié de marquer la fin de l’examen spécial.
Mlle. Chabashira — Vote unanime en faveur de l’expulsion d’Airi Sakura. La motion est donc adoptée. 100 points de classe vous sont ainsi attribués. Je vous rappelle qu’il n’y a qu’un seul moyen d’annuler cette expulsion. Il vous faut pour cela 20 millions de points privés et…
Par obligation, Chabashira essaya de poursuivre l’explication, mais s’arrêta au milieu de la phrase.
Mlle. Chabashira — Et ce sera tout.
Même si nous rassemblions tous les points privés de tous les élèves de notre classe, nous n’atteindrions jamais les 20 millions de points.
Mlle. Chabashira — Les trois autres classes ont déjà terminé leurs examens spéciaux alors vous pouvez aller où vous voulez tant que vous sortez du bâtiment. Quant à toi Sakura, tu devras m’accompagner à la salle des professeurs plus tard, alors tu peux rester ici.
Sakura — Très bien.
Airi répondit à Chabashira tranquillement, sans hésitation.
Mlle. Chabashira — Vous pouvez partir maintenant.
Nous fûmes informés et chacun d’entre nous quitta son siège à des moments différents. Airi reçut l’ordre de rester là. Elle était incapable de se lever, et bien qu’elle ait lutté pour faire tenir ses genoux tremblants, cela ne semblait pas fonctionner. Sa respiration était devenue plus laborieuse, et des symptômes proches de l’hyperventilation commencèrent à apparaitre. Hasebe et Akito, qui ne supportaient pas de la voir, se précipitèrent vers elle et la forcèrent à se lever pour la serrer dans leurs bras. Il n’y eut rien de bon à rester ici et Keisei s’empressa de partir comme moi.
Yukimura — Kiyotaka, je n’ai pas l’intention de t’en vouloir, mais… Je ne sais pas si je peux dire que j’ai fait le bon choix. Non, on ne peut plus revenir en arrière de toute manière. Oublie ça.
Bien qu’il eût envie de s’exprimer, Keisei me tourna le dos et commença à marcher dans le couloir. Cela n’aurait eu aucun sens d’attendre Haruka et Akito ici même si c’était justifiable. Il était impossible de ne pas ressentir quelque chose pour avoir contraint à l’abandon d’un membre important du groupe. Kei s’approcha de moi. Je remarquai son comportement tendu, mais je l’arrêtai du regard…Il était préférable de laisser Kei tranquille pour aujourd’hui. Il n’était pas nécessaire de créer de la haine inutile en ce temps de deuil. Si je me souvenais bien, Chabashira-sensei voulait me rencontrer après l’examen spécial. Quand je regardai mon téléphone, je vis que j’avais reçu un message et que la réunion était à 18h. J’avais encore un peu de temps. Décidant qu’il était préférable de ne pas rester, je décidai de partir. Si j’allais directement à la porte principale, je rencontrerais Keisei et les autres élèves. Mais comme j’avais une réunion avec Chabashira-sensei, je préférais rester aux alentours du bâtiment, là où il n’y avait pas trop de monde.
Horikita — Ayanokôji-kun.
Je savais qu’elle me suivait, mais elle m’approcha quand elle ne vit personne.
Moi — Qu’est-ce qui se passe, tu ne parlais pas à Kushida ?
Horikita — Non. Elle ne veut pas me parler maintenant. Je lui ai juste dit qu’elle n’avait pas intérêt à quitter le lycée.
Elle avait beaucoup d’amis jusqu’à maintenant, mais à la fin de l’examen, personne ne lui avait dit quoi que ce soit. Immédiatement après avoir montré sa vraie nature, elle était devenue naturellement difficile à approcher.
Horikita — Je suis désolée.
Alors que ses cheveux, un peu plus longs qu’auparavant, se balançaient, Horikita s’inclina profondément.
Horikita — Cet examen spécial… Je… n’ai pas été assez forte.
Moi — Tu n’étais pas assez forte ? Tu as fait du mieux que tu pouvais. C’était bien plus difficile que le vote de classe de l’an dernier.
Horikita — C’était une âpre lutte, mais je t’ai mis dans une situation délicate. Tu as pris toute la responsabilité contrairement à moi.
Il était inévitable que certains élèves soient expulsés. C’est pourquoi Horikita avait voulu partager ce fardeau avec moi plutôt que je ne le porte seul.
Moi — C’est moi qui t’ai dit de te taire alors ça ira.
Horikita — Ça n’ira pas. Ton groupe en a fait les frais. Plus rien ne sera comme avant. Vos relations vont être difficilement rattrapables.
Moi — Ça va. En fait, cette situation pourrait m’être bénéfique à l’avenir.
Il est vrai qu’en l’impliquant, j’aurais pu diviser le poids par deux, mais ce n’était pas ce que je voulais.
Horikita — Bénéfique ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Moi — Ne t’inquiète pas pour ça. C’est sans importance.
Certes, il fallut un certain temps avant que je sois satisfait des résultats de cet examen spécial, mais je ne voulais pas que les conséquences de cette situation continuent d’affecter le prochain examen.
Moi — Sois positive. Nous avons 100 pc, ce qui nous rapproche de la classe A. Nous n’avons clairement pas démérité.
Horikita — Au détriment de Sakura…
Moi — La moyenne de classe a augmenté alors c’est un bon résultat.
Horikita — Arrête ! Tu n’as pas besoin de te forcer.
Moi — Me forcer ?
J’avais essayé de le nier, mais les mots m’étaient restés coincés dans la gorge.
Moi — Peut-être que j’essaie de repousser des sentiments douloureux.
Sakura — Kiyotaka-kun !
Du bout du couloir, une voix douce et familière parvint à mes oreilles. Comme surprise par cette voix, Horikita se retourna et fut interloquée.
Horikita — Sa..Sakura-san… ?
Une Airi sans lunette à couper le souffle s’avança vers nous.
Sakura — Je vais y aller.
Moi — C’est pour le mieux.
Au moment où Horikita passa près d’Airi, elle essaya de l’appeler, mais finit par se retenir. Elle n’avait pas les mots pour sa camarade sur le départ.
Sakura — Je voulais te montrer ça avant de partir… De quoi ai-je l’air ?
C’était donc de ce nouveau look dont elle voulait me parler ?
Moi — J’ai failli te prendre pour quelqu’un d’autre, comme Horikita.
Sakura — C’est dommage. J’ai mis trop de temps à me reprendre…
Elle retira ses lunettes tout en laissant apparaitre sa coiffure tendance.
Sakura — Je suis mal placée pour dire ça, mais prends soin de Haruka-chan pour moi.
Moi — Je comprends.
Sakura — Au revoir, Kiyotaka-kun.
Airi montra un sourire comme j’en avais rarement vu. Lorsqu’elle tourna les talons pour partir, elle ralentissait parfois, mais sans jamais se retourner. Dans le couloir vide, je pus entendre les sanglots qu’elle essaya désespérément de réprimer. En voyant cela, je me remémorai toutes ces scènes de la White Room que je n’avais vues que trop souvent.
Lorsqu’il est trop tard, les vaincus regardent toujours en arrière, regrettant le passé.
Ce lycée ne faisait pas exception.