CLASSROOM Y2 V4 : CHAPITRE 3


Une lutte contre la solitude

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Traduction : Raitei
Correction : Raitei
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Après avoir épousseté les toiles d’araignée qui s’étaient emmêlées autour de moi, j’enlevai lentement mon sac à dos et le posai sur le sol. L’examen entrait dans son neuvième jour et il faisait toujours aussi chaud et humide. Tout juste en arrivant à la quatrième zone désignée, j’avais déjà la respiration lourde, mais j’avais réussi tant bien que mal à atteindre la destination prévue. La sueur sur mon front commença lentement à couler sur mon nez alors je l’essuyai avec la manche.

D5, zone désignée révélée à 15h se trouvait très éloignée de la zone précédente, H9. Il avait fallu beaucoup d’efforts pour y arriver dans le temps imparti. J’étais même tombé sur une tâche intéressante en cours de route, mais j’avais choisi d’y renoncer afin de minimiser le risque d’accumuler des pénalités.

J’avais mis deux longues heures pour venir jusqu’ici, mais il ne semblait pas y avoir beaucoup de groupes, car j’avais réussi à obtenir la prime de rapidité pour la troisième place. Après avoir décidé de mettre de côté pour le moment mon plan avec Sakayanagi, je fis un rapide compte rendu de la journée.

Moi — Avec tous les points gagnés aujourd’hui, je suis passé à 112.

Le groupe de Kuronaga, qui avait conservé sa 10e place, avait un score total de 123 points. C’était seulement 11 points d’avance sur moi qui étais remonté à la 13e place. Vu qu’il était bientôt 17h, cet écart de 11 points n’allait pas bouger plus. Mon objectif initial fut la 11e place, mais à cause de l’incident avec Nanase et les mauvaises conditions météo, je n’avais pas pu réaliser la chose. Mais je pouvais tolérer une différence de 11 points et j’avais finalement obtenu la position stratégique que je visais depuis le début.

En fait, je visais la 11e place depuis bien avant que l’examen spécial de l’île ne commence. La 13e place était certes un peu plus bas, mais ce n’était pas ce qui importait ici. Je devais juste m’assurer d’une chose : ne pas atteindre la dixième place.

Pour monter sur le podium, il faut travailler dur pour accumuler des points.

Cependant, que l’on soit seul ou dans un groupe de sept grâce à la carte « Membre supplémentaire », en faisant partie du top 10 on finissait inévitablement par attirer l’attention, même si on ne le voulait pas. Par conséquent le danger augmentait considérablement, car il pouvait venir de tous les côtés ce que je voulais éviter. Pour cela, la 11e place était la position idéale, mais il y avait tout de même des inconvénients. Au vu de la nature de l’examen, il n’était pas évident de garder le contrôle de son score. Ainsi, mon nom pouvait apparaître par inadvertance dans le top 10 même si ce n’était que pour un temps. Si cela devait arriver, toute ma stratégie tomberait à l’eau.

Un autre désavantage encore plus contraignant était le fait qu’elle dépendait fortement du score du groupe de la 10e place. Plus l’écart entre la 10e place et la 1re place était faible, plus il était facile de grimper dans le top. En revanche, si l’écart était plus important, il allait être de plus en plus difficile de renverser la situation, car il fallait gagner un plus grand nombre de points pour rattraper le retard. C’est précisément pour cette raison qu’il était important que les groupes de tête s’efforcent d’entraver activement la progression des groupes en dessous.

Mais ça se passa moins bien que prévu. Tellement que certains groupes avaient pris l’avantage. Heureusement, l’absence de pression de la part des seconde et terminale signifiait que les première avaient un avantage relatif, même si cela ne signifiait pas grand-chose étant donné tous les autres inconvénients. Pour que les groupes puissent interférer les uns avec les autres, ils devaient sacrifier leur propre capacité à gagner des points, il était donc difficile de mettre en œuvre des stratagèmes à moins d’avoir déjà un nombre conséquent de points en main.

J’étais curieux de savoir ce que Nagumo allait faire à l’avenir, car il fallait prendre des mesures pour contrer Kôenji, son concurrent direct pour la première place. Mais de ce que j’avais vu de mes précédentes recherches GPS, rien n’indiquait qu’il comptait agir Pour le moment, il se concentrait seulement d’obtenir autant de points que possible.

Moi — À ce rythme, même si je ne gagne pas, je ne m’en plaindrai pas si Kôenji prend la première ou la deuxième place.

En restant à la 11e place ou même un peu plus loin derrière, je n’allais pas beaucoup attirer l’attention.

Et même si ma progression était freinée à cause d’Amasawa ou d’un autre élève de seconde, je ne me retrouverais pas en bas du classement. Tout ce que je devais faire à ce stade était de maintenir un rang élevé jusqu’à la fin du douzième jour de l’examen.

Je pris un repos bien mérité à l’ombre d’un arbre voisin, et une fois que la sueur disparut de mon front, je remis mon sac à dos et partis en direction de la zone voisine. Plutôt que d’établir un camp juste à la frontière, je voulais trouver un endroit agréable et ouvert, situé un peu plus loin.

Juste au moment où le soleil commençait à se coucher et où je devais prendre une décision quant à l’endroit où je camperais pour la nuit, j’aperçus une tente isolée pour un seul individu, plantée dans une clairière non loin devant moi. L’entrée était fermée par une fermeture éclair malgré la chaleur étouffante, donc personne ne devait se reposer à l’intérieur. Peut-être que cette personne était en train d’explorer les environs ou était partie faire ses besoins.

Moi — Quel bel endroit !

C’était difficile de trouver un endroit aussi plat et ouvert dans ce coin de la forêt. Ça rendait les choses beaucoup plus faciles pour monter la tente dans les environs. Cependant ce je n’étais plus avec Nanase. J’étais un garçon seul alors si c’était une fille, ma présence pouvait se révéler problématique si elle ne me faisait pas confiance. De plus la personne était-elle seule depuis le début ou agissait-elle séparément du reste de son groupe ? Si c’était la deuxième option alors je devais la connaître. Que je m’installasse ici ou pas, je voulais tout de même voir de qui il s’agissait alors je décidai d’attendre.

Si elle était partie se promener, elle devait être de retour avant le coucher du soleil. Et, s’il y avait du bruit dans les alentours, je pouvais toujours signaler ma présence en l’appelant. J’aurais pu même appeler dans le vent sans attendre, mais je préférai tout de même attendre avant. Si ça se trouve, cette personne faisait une sieste dans la tente en étant allée dormir plus tôt que prévu.  Une dizaine de minutes après, Il n’y avait toujours aucun bruit.

Comme je n’avais aucune raison de croire que quelqu’un se présenterait, je décidai finalement de passer à l’action.

Moi — Il y a quelqu’un ?

Je retins ma respiration pendant quelques secondes et j’écoutai attentivement afin de scruter une réaction, mais tout resta parfaitement silencieux.

Moi — J’aimerais monter ma tente à proximité. Est-ce que je gêne. Je m’excuse d’avance pour l’intrusion.

Je fis preuve de courtoisie et après avoir conclu qu’il n’y avait vraiment personne à l’intérieur, je mis mon sac à dos au sol à bonne distance de la tente. J’étais encore curieux de savoir avec qui je partageais l’endroit, mais je finis rapidement de monter ma propre tente. À maintes reprises, je fus impressionné par la facilité de montage de cette tente par rapport à celle utilisée lors de l’examen de l’an passé.

Et ce n’était pas la seule chose. C’était aussi agréable d’avoir une tente pour moi tout seul, sans avoir à se soucier de partager l’espace avec quelqu’un d’autre. Cependant, cette façon de penser quelque peu sauvage était peut-être la raison pour laquelle j’avais si peu d’amis. Une personne lambda dirait probablement que dormir seul n’avait rien d’amusant. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si un jour, je le penserais aussi.

Moi —…J’ai dû mal à l’imaginer.

C’était un futur qui n’arriverait probablement jamais.

— J’avais bien entendu une voix. Dire que c’est toi…

Au moment où je préparais mes vêtements de rechange pour le lendemain, une voix m’interpela à l’arrière. Apparemment, la tente appartenait à Ibuki.

Moi — J’ai fait trop de bruit ?

Ibuki — Pas vraiment.

Sa réponse fut brève et son regard, perçant. Je pensais qu’elle allait dire autre chose, mais elle retourna immédiatement dans sa tente. Sentant que quelque chose n’allait pas, je décidai d’aller voir ce qu’elle faisait.

Moi — Tu as une minute ?

Je l’appelai de l’extérieur de sa tente, mais elle m’ignora. La seule chose que je pouvais entendre était un bruit faible et indistinct venant de l’intérieur.

Moi — Je veux te demander quelque chose.

J’essayai de l’appeler à nouveau, mais elle ne répondait toujours pas. Au début, je pensai qu’elle m’ignorait simplement, mais en y regardant de plus près, j’avais eu l’impression qu’elle préparait quelque chose.

Moi — Je vais dézipper la tente, d’accord ?

Par sécurité, j’attendis une trentaine de secondes avant de le faire.

Ibuki — Qu’est-ce que tu veux ?!

En regardant à l’intérieur, j’ai vis Ibuki assise, semblant mâcher quelque chose.

Moi — Tu… Attends, qu’est-ce que tu manges ?

Ibuki — Bœuf séché…

Moi — Du bœuf séché ? Mais ce n’est pas proposé dans le manuel.

Elle s’était donc procuré de la viande fraîche je ne sais comment et l’avait séchée. Mais il fallait beaucoup de temps et d’efforts pour faire ça seul. Au début de l’examen, elle avait commencé par provoquer Horikita avant de se rendre tout de suite après dans la première zone désignée. Si elle avait transporté de la viande crue à ce moment-là, elle n’aurait pas perdu de temps à faire ça au vu de la haute chaleur qui faisait pourrir la viande.

Il était plus logique de penser que cela faisait partie d’une stratégie à laquelle l’ensemble de la 1re B participait. Un groupe s’était probablement chargé de préparer une grande quantité de viande séchée pour le reste de la classe, car c’était rentable. Bien que pratique, l’achat de nourriture ayant une longue durée de conservation n’avait pas un bon rapport qualité/prix en raison des prix élevés que l’établissement aurait établis pour ces produits. Ainsi, plutôt que d’acheter l’aliment déjà transformé, il était bien plus judicieux de fabriquer sa propre viande séchée.

Je n’avais pas vu quelle était la situation alimentaire de Ryuuen au moment où j’avais croisé son chemin, mais on pouvait supposer qu’il transportait également avec lui d’autres rations autre que ce bœuf séché. Même si c’était du bonus, les élèves de la 1re B pouvaient ignorer les tâches grandement concurrentielles qui fournissaient de la nourriture aux participants.

Ibuki — Qu’est-ce que ça peut te foutre ? Ça te regarde pas.

Je pouvais faire ce que je voulais, elle ne semblait pas vouloir coopérer.  En tout cas Ibuki n’était pas apparue dans les dix derniers groupes alors qu’elle était seule. Elle s’en sortait bien jusque-là. Prendre la première place dans une tâche centrée sur les capacités académiques n’était pas possible pour elle. Sa principale source de points devait être les primes d’arrivée et de rapidité. Elle devait aussi participer aux tâches uniquement sportives ce qui devait la fatiguer bien plus qu’un élève lambda au vu du stress physique et mental. Il était même possible qu’elle ait déjà dépassé sa limite.

Moi — Tu as parlé avec combien de personnes depuis le début ?

Ibuki — Qu… ?

Elle n’avait pas l’air d’avoir très bien dormi, car je pouvais voir de légers cernes se former sous ses yeux.

Ibuki — …Juste Horikita. T’étais là quand j’ai dit que je ne perdrais pas contre elle non ?

Moi — En gros, tu n’as eu aucune conversation normale depuis le début.

Au mieux, elle n’avait ouvert la bouche que pour répondre à des questions fermées pendant le processus d’enregistrement d’une tâche.

Moi — Tu devrais discuter avec quelqu’un. Même un peu.

Ibuki — Hors de question que je parle avec mes ennemis !

Moi — Alors parle avec un camarade de classe. Si tu te balades assez longtemps, tu pourras tomber sur l’un d’entre eux.

Ibuki — Je ne considère pas mes camarades comme des amis !

Elle était comme ça, car elle s’était fermée au monde extérieur pour se réfugier dans sa coquille. Et dire qu’elle était comme ça depuis neuf jours maintenant, et qu’il lui en restait encore cinq avant la fin de l’examen. Si le fil qui tenait Ibuki en place se rompait, tout s’écroulerait autour d’elle. Vu qu’elle est seule, si elle devait se retirer de l’examen alors l’expulsion serait quasi certaine.

Néanmoins cet examen spécial faisait qu’une classe voulait empêcher l’expulsion de ses élèves. Ainsi, l’idéal était qu’Ibuki puisse se donner une journée de repos pour récupérer la majorité de son énergie. La connaissant, elle a géré comme il faut les quatre jours restants. Mais cette pause était plus facile à dire qu’à faire, car rien ne disait qu’elle allait récupérer mentalement. Et puis une journée de manquée signifie une accumulation de points de la part de nos rivaux ce qui chamboule notre classement. Une personne ordinaire ne supporterait pas de se vider l’esprit pendant que tout le monde grappillait des points. Aussi, manquer quatre zones désignées d’affilée entraînait une pénalité continue ce qui rendait pénible le parcours post repos.

Ibuki— Tu peux sortir ?

Moi — …D’accord.

Avec le soleil qui s’enfonçait de plus en plus sous l’horizon, il n’était pas vraiment approprié pour un garçon de regarder à l’intérieur de la tente d’une fille seule. Même si Ryuuen était là, il n’aurait probablement pas réglé son problème. Après avoir quitté la tente d’Ibuki, je retournai trier mes vêtements. La journée avait été assez venteuse aujourd’hui, j’espérais donc que cette nuit soit un peu fraîche.

Ibuki — Hey.

Juste au moment où j’avais atteint une étape dans mon tri, Ibuki sortit de sa tente. Elle tituba un peu lorsqu’elle se leva, mais elle retrouva ses appuis assez rapidement. Les mains dans les poches, elle se dirigea vers moi.

Ibuki — Combien de points t’as là ?

Elle sortit enfin de sa tente, me posant une question indiscrète ;

Moi — Nous sommes « ennemis » il me semble.

Ibuki — Donc tu diras rien ?

Elle marmonna un mot de reproche incompréhensible, mais je n’avais toujours pas l’intention de divulguer cette information. Je n’avais rien à y gagner.

Moi — C’est comme ça et puis c’est tout.

Ibuki — Dis-moi au moins si t’es plus haut ou plus bas. Je suis à la …

Avant qu’elle ne divulgue son classement, je tendis la main pour l’arrêter.

Moi — Peu importe comment tu poses la question, tu n’auras pas ma réponse. Désolé.

Lui répondre allait lui donner un indice, que je mente ou pas. On pourrait croire que c’était sans risque de mentir en lui disant que j’étais moins bien classé. Mais si on l’apprenait, on pouvait essayer de me faire exclure.

Je devais empêcher toute information à mon sujet de circuler afin qu’on n’entrave pas mes mouvements. Ibuki fit claquer sa langue, les mains toujours dans ses poches.

Ibuki — Quelle perte de temps. J’aurais pas dû faire l’effort.

Moi — Exact. D’ailleurs, ta véritable cible ici est Horikita, non ?

Dès que le nom de Horikita sortit de mes lèvres, l’attitude apathique d’Ibuki changea du tout au tout. Elle sortit la main de sa poche et me fit un doigt d’honneur plein de hargne.

Ibuki — La prochaine fois que tu vois cette salope, fais-moi plaisir et dis-lui que je vais la poutrer.

Moi — Je veux, mais bien, mais c’est pas moi qui dois recevoir ce doigt.

Ibuki — Toi ou elle quelle différence ? Vous êtes en bons termes !

Pas du tout. Elle était complètement à côté de la plaque, mais vu de l’extérieur, il est vrai qu’on pouvait s’y méprendre. Elle commença à retourner à sa propre tente sans un autre mot comme si elle n’avait plus rien à dire.

Moi — Attends une minute.

M’écriai-je en la suivant… Mais elle se retourna au moment où j’essayai de lui attraper le bras. Elle était déjà plus que méfiante à mon égard, mais en voyant ce que je faisais, cette méfiance s’accrut au maximum et elle bougea instantanément pour esquiver ma main.

Ibuki — Haaa ? Tu fous quoi là ?!

Elle serra les poings en parlant. Elle pensait que je cherchais à me battre.

Moi — Ce n’est pas ce que tu crois, je…

Laissant ma phrase inachevée, je tendis mon bras une seconde fois et, sans lui laisser l’occasion de s’échapper, saisis aussitôt son poignet.

Ibuki — Mais c’est quoi ton problème ?!

Elle me donna coup de pied dans un mouvement de panique, ce qui me poussa à bloquer son pied avec ma main libre. Je m’attendais à ce qu’elle recommence, mais elle poussa un soupir de résignation et détourna le regard.

Ibuki — J’admets que je ne peux pas te battre, mais un de ces quatre, je me ferai un plaisir de te casser les dents.

Je préférerais qu’elle ne se fixe pas un objectif aussi déroutant.

Ibuki —C’est Horikita qui t’envoie pour me freiner c’est ça ?

Non seulement elle n’avait pas compris mes véritables intentions, mais elle était aussi arrivée à une conclusion encore plus étrange. En tant que camarade de Horikita, je n’avais aucune chance de lui faire entendre raison. En y réfléchissant plus longuement, les chances qu’Ibuki accepte de faire une pause étaient minuscules depuis le départ.

Moi — Ton pouls s’emballe.

Ibuki — Hah !?

Moi — L’intérieur de ta bouche est sec, sans parler de tes lèvres gercées. Tu es clairement déshydratée.

À ce rythme, il n’aurait pas été surprenant que sa première alerte se déclenche dans l’instant. En effet, elle avait clairement dépassé ses limites et la raison pour laquelle elle était assise comme ça dans sa tente n’était sans doute pas seulement à cause de la fatigue. Elle essayait également d’empêcher une alerte de se déclencher en raison de son rythme cardiaque anormal.

Ibuki — Je n’ai pas si soif que ça… plus maintenant.

Moi — Plus maintenant ? Donc tu as eu un soif un moment donné ?

Je lâchai son poignet et elle s’éloigna aussitôt avec un air ouvertement hostile.

Ibuki — Occupe-toi de tes affaires. Je vais bien.

Elle tourna le dos de plus belle, mais je la rattrapai et me mis devant la tente.

Ibuki — Qu’est-ce que tu fous ? Qu’est-ce que tu fous je te dis ?

Elle n’allait pas m’écouter, même si je lui expliquais clairement la situation. Ainsi, j’entrai dans sa tente et sortis son sac à dos.

Moi — Montre-moi ce qu’il y a dedans.

Ibuki — Haaa  Jamais ! Pas à un mec ! Même pas à une fille en fait !

Moi — Je me doute.

Comme elle n’allait pas me laisser, j’ouvris la chose sans sa permission.

Ibuki — Hé ! J’ai dit non !

Dans son sac il y avait des vêtements, des produits du quotidien et un peu de nourriture dont du bœuf séché. Il y avait aussi une bouteille d’eau de 500 ml, mais elle était déjà vide. L’établissement avait installé des poubelles à certains endroits comme les sites des tâches, elle aurait déjà dû jeter ce qui n’était plus nécessaire d’autant plus qu’il n’y avait pas une seule goutte d’eau à l’intérieur de la bouteille ce qui indiquait qu’elle était vide depuis un certain moment.  Elle ne semblait pas non plus avoir de talkie-walkie pour communiquer.

Moi — Depuis combien de temps tu n’as pas bu ?

Ibuki  — Je n’ai rien à te dire !

Moi — Je vais me répéter. Depuis combien de temps tu n’as pas bu ?

Je posai à nouveau ma question, cette fois avec un ton plus fort et un regard rigide et sans complaisance.

Ibuki — …Une bonne journée…Même un peu plus.

Moi — Alors tu t’es juste baladée sans eau comme si de rien était ?

Ibuki — Non. Je me suis reposée ici toute la journée aujourd’hui.

Moi — Tu mens. Il n’y avait aucun signal GPS près d’ici ce matin.

Ibuki — T’as fait une recherche GPS ?

Bien entendu, je bluffais et en aucun cas elle n’allait le voir. En tout cas, elle était prête à tout pour battre Horikita alors je ne l’imaginais pas faire une pause de son plein gré.

Moi — Ta première alerte s’est déjà déclenchée ?

Ibuki —… Il y a une heure à peu près. Du coup je me suis couchée tôt même si je ne voulais pas.

Les alertes d’avertissement ne s’arrêtaient que lorsque l’anomalie détectée ne cessait de se produire. Si l’anomalie devait refaire surface, une autre alerte d’avertissement ferait son apparition et non une alerte d’urgence.

Moi — Si tu ne te réhydrates pas à un moment donné, ça va continuer à sonner même si tu te reposes.

Si elle ne parvenait pas à contrôler son rythme cardiaque rapide, une alerte d’urgence allait à tout moment tomber. Sachant que sa déshydratation ne faisait qu’augmenter, si elle passait au contrôle médical, le médecin forcerait son retrait.

Ibuki — Je verrai demain si j’en ai besoin. Je retournerai même à la zone de départ s’il le faut alors laisse tomber et laisse-moi tranquille.

Moi — Il y a plus de 2 km entre ici et la zone de départ. Si tu t’évanouis en cours de route, tout sera fini.

Ibuki — J’ai qu’à faire une tâche à proximité ou une merde dans ce genre.

Moi — Tu ne peux pas sinon tu ne serais pas dans cet état.

La seule façon d’atténuer l’irrationalité d’Ibuki était de lui proposer une offre équitable. J’allai chercher mon sac à dos dans ma tente et y sortis deux bouteilles d’eau de 500 ml que j’avais obtenues dans les tâches aujourd’hui.

Moi — On échange.

Ibuki — Quoi ?

Moi — En fait je suis à court de nourriture, mais j’ai un peu trop d’eau. Je veux négocier avec toi du coup en toute équité.

Ibuki déglutit en regardant cette eau pure contenue dans la bouteille même si elle n’était pas fraîche.

Moi — Tu en penses quoi ? Je vais répéter juste pour être sûr, mais je veux un marché équitable. Tu dois me donner une quantité convenable de nourriture en échange.

Ibuki — Tu me prends pour qui ?

Moi — Tu peux dire non, mais c’est à prendre ou à laisser.

Je maintins une attitude ferme tandis qu’Ibuki s’emmura dans le silence.

Moi — Si tu te retires à cause de la déshydratation, ce sera une défaite de plus contre Horikita. D’ailleurs, je l’ai rencontrée il y a peu et elle était en pleine forme. Elle avait l’air de bien gérer ses provisions.

Plutôt que d’insister sur la menace imminente d’expulsion, Je brandis le nom de Horikita. Il n’y avait rien de plus efficace pour la faire réagir.

Ibuki — J’ai capté… Marché conclu. Quelle quantité du coup ?

Avec ce qu’elle avait là, Ibuki allait être à court de nourriture dans un peu moins de deux jours. Mais si je ne demandais que quelques miettes, cela n’allait pas être un échange équitable.

Moi — La moitié de la nourriture qu’il te reste devrait suffire.

Ibuki — Seulement ?

Moi — C’est mieux que de me nourrir aléatoirement d’herbes

Ainsi, nous finalisâmes l’échange. Dès qu’Ibuki eut l’une des bouteilles en main, elle fit sauter le bouchon et bu la moitié d’une traite. J’aurais préféré qu’elle économise l’eau, mais vu qu’elle était déjà déshydratée, il valait mieux boire dès que possible. Il semblait qu’elle n’apprécia pas que je voie cette facette d’elle, car son habituel regard acéré revint à la charge.

Même si sa condition physique s’améliorait un peu, mentalement elle n’était pas normale. Elle avait été soumise à un grand stress et n’avait pas pu se reposer. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander combien de temps elle pouvait encore tenir.

Quelques heures ou quelques jours ? Avec un peu de chance, elle était capable de persévérer jusqu’à la fin. Ibuki et moi avions des routes différentes, donc une fois séparés, nous n’allions probablement pas nous revoir avant la fin de l’examen. C’est pour ça que je me permis de la conseiller.

Ibuki — Je ne vais pas te remercier si c’est ce que tu cherches. C’est censé être un échange équitable, tu te souviens ?

Moi — Ce n’est pas ce que je veux.

Ibuki — Alors qu’est-ce qu’il y a ?

Elle semblait sensible au contact humain parce qu’elle était constamment sur ses gardes depuis un jour ou deux. Cet état d’esprit était utile à court terme, mais dans la situation actuelle, il ne faisait qu’entraîner sa propre destruction.

Moi — Si t’as pas mal de points déjà, que dirais-tu de passer la grosse partie de la journée de demain à te reposer ? Soit ça, soit passer à une stratégie pour seulement rassembler des provisions ?

Ibuki — Tu veux que j’arrête de marquer des points ? Tu te fous de moi ?

En entendant ma suggestion, Ibuki s’enflamma et perdit son sang-froid.

Ibuki — Je ne fais pas tous ces efforts parce que je veux éviter l’expulsion, mais parce que je veux battre Horikita.

C’est précisément parce que je comprenais ce qui la motivait que je lui donnais les conseils pour augmenter ses chances de réussite. Ibuki me détestait depuis qu’elle avait découvert que j’étais le ‘X’ que Ryuuen recherchait.

Vu son point de vue déformé sur la personne que j’étais, mes véritables intentions n’avaient aucune chance de lui être transmises.

       Ibuki — J’ai plus rien à te dire.

Ibuki retourna dans sa tente et zippa l’entrée. Ma persuasion avait échoué, mais mes mots avaient au moins eu un impact.

Tout allait dépendre d’elle, mais Ibuki devrait aller bien les deux prochains jours. Elle devra se remettre sur pied et se procurer de la nourriture et de l’eau.

Comme elle était seule, je m’inquiétais un peu de son score, mais ayant vu sa détermination pour son duel face à Horikita, je fus quelque peu rassuré.

Alors que la nuit n’était pas encore tombée, j’avais dépensé beaucoup d’énergie aujourd’hui. Je décidai donc de me coucher tôt.

Malgré la forte chaleur de l’été, je passai le reste de la soirée à me détendre avant de m’endormir.

1

À la première heure, je quittai le campement pour aller aux toilettes dans la forêt environnante Quand je revins avec mon sac hygiénique à la main, j’aperçus Ibuki accroupie de manière suspecte près de ma tente.

Moi — Qu’est-ce que tu fais ?

Ibuki — !

Sa tête se leva vers mois, surprise. Elle était tellement concentrée sur la fouille de mon sac à dos qu’elle n’a pas remarqué mon retour.

Moi — Tu voulais voir ma tablette ou tu voulais autre chose ?

Malheureusement pour elle, il était impossible pour un tiers d’obtenir un accès à ma tablette puisque j’avais activé l’écran de verrouillage.

Ibuki — T’as trop cru ! Je voulais juste… Je voulais juste m’assurer que notre échange était vraiment équitable, c’est tout.

Après avoir dit cela, elle s’éloigna rapidement de mon sac à dos.

Ibuki — Il ne reste qu’une bouteille d’eau là-dedans, et tu en as déjà bu une partie ! Je croyais que tu avais dit que tu avais trop d’eau ?

Je n’avais été absent qu’une minute, mais c’était quand même de la négligence de ma part. Ce laps de temps fut suffisant pour qu’elle comprenne. Cela dit, je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir, étant donné que j’avais fouillé dans son sac la veille. Même si je mentais en disant que j’avais bu le reste de mon eau hier soir, elle n’aurait qu’à demander où se trouvait la bouteille vide. Après tout, il était interdit de jeter des déchets sur l’île.

Ibuki — T’essayais de m’aider pour que je t’en doive une c’est ça ?

Moi — Si tu n’avais pas fouillé dans mon sac à dos, jamais tu n’aurais pensé m’en devoir une.

Ibuki — Grr…

Mes mots firent mouche, provoquant un léger tressaillement de sa joue.

Moi — La vérité n’a pas d’importance. C’était un échange équitable.

Ibuki — Je suis pas convaincue, mais ok. Je te rendrai pas l’eau !

Moi — Mais si je faisais ça pour une faveur, tu me l’aurais rendue ?

Ibuki — Même pas en rêve.

Moi — Je vois.

Apparemment, elle avait été obligée de fouiller dans mon sac à dos simplement parce qu’elle ne pouvait pas se résoudre à me faire confiance. Comme nous n’avions plus rien eu à nous dire ensuite, je retournai dans ma tente.

Il n’était que 6h30 quand j’entendis des bruits venant de la tente d’Ibuki. Je dézippai l’entrée de ma tente pour jeter un coup d’œil à ce qui se passait, mais je constatai qu’elle avait déjà commencé à ranger ses affaires. Si cela avait été le deuxième ou le troisième jour de l’examen, j’aurais pu penser qu’elle débordait tout simplement de motivation, mais j’avais l’impression qu’elle me disait ne pas vouloir être dérangée. Je détournai ainsi le regard.

7h du matin arriva très vite avec la première zone désignée de la journée, qui a été annoncée comme étant en E4. Je décidai immédiatement de dépenser un point pour lancer une recherche GPS et repérer l’emplacement de tous les autres élèves sur l’île.

Cette recherche valait bien le seul point qu’il fallait payer pour l’effectuer. Mon score était si proche de celui du groupe de Kuronaga (10e) que je pouvais accidentellement le dépasser. En dépensant un point ici, l’écart entre nos scores passerait à 12 points. De cette façon, même si je gagnais 11 points en prenant la prime de rapidité, je serais toujours un peu en dehors du top 10

En regardant la carte, il y avait à peu près trois autres groupes qui avaient le potentiel pour me disputer cette prime.

Parmi eux, il y avait un adversaire particulièrement redoutable, qui se trouvait dans une position idéale pour rafler le bonus. Dans ces conditions, je décidai de renoncer à me battre pour l’obtenir. De toute manière, ma priorité absolue pour le moment était de regagner des provisions.

Par ailleurs, cette recherche GPS m’avait également permis de voir combien d’élèves se trouvaient à proximité des tâches qui m’intéressaient. Autrement dit, cela m’avait permis de voir si les futures tâches valaient la peine que j’y consacre du temps ou non.

Le temps que je finisse de me préparer et que je mette un pied hors de ma tente, Ibuki fut déjà introuvable. Il n’y avait pas grand-chose à gagner à agir avant le début de l’examen du jour, mais je suppose qu’elle voulait simplement s’éloigner de moi le plus vite possible.

2

Bien que la zone désignée fût proche de mon campement, il me fallut environ une heure et demie pour y arriver.

Inutile de dire que lorsque j’avais enfin posé le pied dans la zone, ma montre n’indiqua pas que j’avais gagné la prime de rapidité, me laissant avec le simple point d’arrivée à la place.

Bien sûr, je n’étais pas mécontent de cette situation puisque j’avais participé à une tâche en cours de route.

La zone E4 était située à une altitude assez élevée, au sommet d’une falaise, et la vue était suffisamment bonne pour que je puisse surveiller une bonne partie de l’île.

 — Tu en as mis du temps pour arriver jusqu’ici, Ayanokôji.

Dans ma vision périphérique, je repérai Kiryuuin. Elle me parla sans même regarder dans ma direction, les yeux rivés sur le bas de la falaise.

Moi — On dirait bien.

Lorsque j’avais effectué une recherche GPS ce matin, c’était elle l’adversaire redoutable que j’avais mentionnée. Elle partageait la même route que moi.

Kiryuuin — Si j’ai bien compris Ayanokôji, tu me cèdes toutes les primes de rapidité ?

Moi — Je me le demande. On peut parfois se retrouver dans la même zone alors qu’on a des routes différentes. Plus important, je pensais que tu n’étais pas intéressée par le top 10, Kiryuuin-senpai.

Plus tôt ce matin, Kiryuuin était passé de la 10e place à la 9e.

Kiryuuin — Eh bien, cet examen a été plus intéressant que je ne le pensais. C’est un peu indigne à mon âge, mais je suis tout excitée.

Dit-elle alors qu’elle n’avait qu’un an de plus que moi…

Kiryuuin — Pour le moment, je vais continuer à mon rythme.

Moi — Donc tu ne veux pas obtenir la première place, senpai ?

Kiryuuin — Tout le monde cherche la première place. Si je me mêlais à la masse, je ne pourrais pas m’amuser comme il se doit. Quoique, si Nagumo et Kôenji tombent alors ça pourrait changer un peu les choses.

Moi — C’est mal parti pour que ces deux-là s’écroulent.

Kiryuuin — Tu crois vraiment que Nagumo laissera Kôenji libre de ses mouvements ?

Apparemment, Kiryuuin avait également prévu comment les choses se dérouleraient à l’avenir, du moins dans une certaine mesure.

Kiryuuin —Là il est difficile de dire que Nagumo est assuré de sortir vainqueur. Il a observé patiemment la situation jusqu’à présent, mais il finira par agir. Enfin, il s’attaquera à Kôenji. S’il y a une guerre ouverte entre eux, leur gain de points sera freiné.

Sauf si l’un des groupes se faisait écraser. Il descendrait dans le classement.

Moi — Pas faux. Mettre son adversaire à terre est important, après tout.

Bien qu’il n’y ait aucun moyen de dire exactement quand cela se produira, ils s’affronteront certainement à un moment ou à un autre. Ou, du moins, il était sûr de dire que Nagumo arrêterait la progression de Kôenji.

Kiryuuin — Et toi alors ? Tu vises les premières places, Ayanokôji ?

Moi — Malheureusement, je ne me vois pas trop entrer dans le top 10.

Kiryuuin — Ah bon ? Je pensais que tu avais à peu près le même nombre de points que moi.

Elle semblait très intéressée par moi et mes résultats. Pour être exact, ce n’était probablement pas seulement moi qui l’intéressais. Elle cherchait sûrement à analyser les stratégies de chacun des élèves de l’établissement.

Kiryuuin — Un conseil, la plupart des groupes vont très probablement commencer à ralentir bientôt, alors n’abandonne pas et continue à faire de ton mieux.

Même si je ne connaissais pas Kiryuuin depuis très longtemps, il était clair pour moi qu’elle avait une certaine influence. C’était en tout cas une élève exceptionnelle, tant par la profondeur de sa perspicacité que par l’étendue de ses capacités intuitives, des qualités que même le système OAA n’a pas su prendre en compte.

Kiryuuin — Je change de sujet, mais d’après ce que j’ai vu sur ma tablette, il semble qu’aucun groupe ne se soit retiré. Un avis ?

Moi — Ça signifie simplement que je ne peux pas me permettre d’être négligent. Pas même un instant, voilà tout.

Kiryuuin — Hmm… J’ai découvert quelque chose d’intéressant lors d’un arrêt à la zone de départ hier. Il parait que certains groupes manquant de provisions ont adopté une mesure d’urgence. Ils se sont séparés de certains de leurs membres pour économiser leurs ressources.

Moi — C’est une sage décision.

Peu importe le nombre de points accumulés, si tout le groupe se retire c’est l’expulsion assurée. Dans ces conditions, il était plus sage de faire abandonner une ou deux personnes dans la zone de départ, même si cela impliquait une baisse globale de l’efficacité.

Non seulement ils pouvaient boire une quantité illimitée d’eau fraîche, mais ils pouvaient également maintenir leur hygiène personnelle de façon optimale, ce qui rendait difficile le fait de tomber malade.

Moi — Les dix derniers doivent prier en ce moment pour qu’un autre groupe se retire avant eux.

Kiryuuin — On ne sait pas ce que quelqu’un au pied du mur peut faire alors sois prudent.

Moi — Est-ce vraiment quelque chose dont une jeune fille solitaire comme toi devrait s’inquiéter, Kiryuuin-senpai ?

Kiryuuin — Oh ? Hmm… Eh bien, il est vrai que ça s’applique aussi à la jeune fille délicate que je suis.

J’avais dit cela en plaisantant, mais elle prit étonnamment la chose au sérieux.

Kiryuuin — Si on en arrive là, alors oui… j’utiliserai la force.

En disant cela, Kiryuuin serra son poing. Honnêtement elle n’avait rien d’une jeune fille délicate.

Moi — Je ne peux pas dire si tu es sérieuse ou non.

Kiryuuin — Fufu, désolée de prendre autant de ton temps. Après tout, pour les gens comme nous, chaque seconde est précieuse.

Sur ce, elle leva légèrement la main et commença à s’éloigner. Au vu de la direction qu’elle avait prise, elle se dirigeait vers une tâche proche.

Kiryuuin — Tu ne vas pas venir ? Il y a peut-être de la place pour toi aussi si tu te dépêches.

Moi — Je vais passer mon tour. Je ne pense pas être capable de te battre, senpai.

À l’heure qu’il est, il restait probablement deux places maximum pour la tâche en question.

Qui plus est, il y avait déjà plus de trois autres groupes dans la zone alentour. Avec Kiryuuin qui s’y dirigeait également, mes chances de pouvoir participer étaient très peu encourageantes.

Alors que je la regardais partir, elle s’arrêta soudainement. Malgré le fait qu’elle était pressée par le temps, elle se retourna pour me dire une dernière chose.

Kiryuuin — Ah, je comprends maintenant… Il semblerait que je vais devoir aller vérifier moi-même cette tâche, au cas où.

Parlant comme si elle avait vu clair dans mon jeu, Kiryuuin en resta là et repartit pour de bon vers sa tâche cible.

3

Le soleil se coucha pour le dixième jour de l’examen et il était maintenant un peu plus de 21h. J’étais en train de revoir les classements finaux de la journée et les captures d’écran GPS que j’avais prises lorsqu’une lumière vive scintilla contre le côté de ma tente depuis l’extérieur.

Moi — Quelqu’un fait encore route si tard dans la nuit… ?

Même si c’était dangereux, il y avait des groupes qui cherchaient à rattraper les kilomètres perdus en se rendant à leur dernière zone désignée en pleine nuit. Par réflexe, je commençais à suivre la lumière depuis l’intérieur de ma tente. Qui que ce soit, il ne semblait pas pointer délibérément sa torche dans ma direction. Au contraire, étant donné les mouvements erratiques de la lumière, il semblait parcourir la zone en général, comme s’il recherchait quelque chose.

Ma curiosité piquée au vif, je décidai de quitter ma tente et de découvrir ce qui se passait. Au loin, je pouvais voir la lumière d’une lampe de poche éclairant faiblement la forêt sombre, alors qu’elle s’éloignait progressivement de mon campement. En effet, on aurait dit que quelqu’un cherchait désespérément quelque chose… ou quelqu’un. Était-ce Amasawa, qui me cherchait pour m’attirer dans une sorte de piège ? Non, si c’était elle, je ne pensais pas qu’elle utiliserait sa lampe de poche de manière aussi effrontée. Il était plus logique qu’elle confirme ma position avec une recherche GPS et qu’elle s’approche secrètement en profitant de l’obscurité.

 —…Yume-chaaan… ?

J’entendis une faible voix venant de la direction de la lampe de poche. Je n’avais pas reconnu qui c’était, mais je savais qu’il n’y avait qu’une seule personne dans cet établissement qui s’appelait Yume si on mettait de côté les surnoms. C’était très probablement Kobashi Yume de la 1re C. Si c’était le cas, on pouvait supposer que la voix appartenait à quelqu’un de sa classe. Et, si je me souvenais bien, il y avait une fille nommée Shiranami Chihiro dans le groupe de Kobashi.

En tout cas, on aurait dit qu’elle allait fondre en larmes d’une seconde à l’autre. Il était possible de faire comme si je n’avais rien vu, mais ce n’étais pas évident étant donné qu’elle faisait partie de la 1re C. Après tout, leur classe avait récemment commencé à collaborer avec Sakayanagi et le reste de la 1re A.

Je partis chercher ma tablette à l’intérieur de ma tente et allumai la torche de l’appareil. Elle était un peu faible par rapport à une lampe de poche traditionnelle, mais cela devait suffire pour qu’elle remarque ma présence. Peu de temps après, le faisceau de sa lampe de poche pointa dans ma direction.

 — Yume-chan !?

Cria-t-elle, sa voix remplie d’un mélange de panique et d’excitation alors qu’elle se dirigeait rapidement vers moi. Après avoir été momentanément aveuglée par la lumière de sa lampe de poche, la jeune fille commença lentement à être visible.

 — Yume-chan !

Moi — Désolé, mais je ne suis pas Yume.

 — Oh…

La personne qui sortit du bosquet d’arbres était bien Shiranami.

Shiranami — Uhm, Ayanokôji-kun… Bonsoir.

Même si nous n’étions pas du tout proches, elle semblait un peu soulagée de me voir. La situation était-elle si désespérée ?

Moi — C’est assez dangereux de se promener seul dans la nuit. Où sont Kobashi et Takemoto ?

Shiranami — Je, euh… Je ne sais pas… J’étais pressé de les voir, mais avant de m’en rendre compte, je ne savais plus vraiment où j’étais…

Je n’aurais pas dû poser une question dont la réponse était si évidente. Le paysage de la forêt était souvent le même, quelle que soit la direction dans laquelle on se trouvait. Il suffisait d’un seul mauvais virage pour perdre le sens de l’orientation. En gardant cela à l’esprit, il était probablement prudent de supposer que Shiranami s’était éloignée du reste de son groupe.

Moi — Depuis combien de temps tu les as perdus de vue ?

Shiranami — Je ne suis pas sûre… peut-être quinze, vingt minutes… ?

Dans ce cas, elle n’était probablement pas perdue très loin, mais assez pour que son groupe ne puisse pas entendre ses appels.

Moi — Errer sans but ne te fera perdre que plus de temps.

Shiranami — T…tu as raison.

Pour l’instant, je décidai de prendre les choses en main et de la ramener à ma tente, en utilisant ma tablette pour éclairer le chemin. Cela aurait été gênant si je me perdais aussi après tout. Je ne pouvais pas laisser mes affaires sans surveillance et partir l’aider à trouver son groupe. Jusqu’à présent, un bon nombre d’élèves avaient fini perdus comme Shiranami.

Mais ils retrouvaient tous leur chemin au bout d’un moment. La question était juste de savoir s’ils allaient le faire rapidement ou non. Cependant, si cela prenait trop de temps, ils devaient passer la nuit seuls dans la forêt, ce qui était pour le moins difficile. Même si ce n’était pas très éprouvant physiquement, mentalement c’était épuisant. Nous étions arrivés à mon campement peu après. Ensuite je me retournai et parla à une Shiranami agitée.

Moi — Il y a beaucoup d’insectes, alors tu peux te réfugier dans ma tente pour les éviter si tu veux.

Shiranami — Ehh !?

Plutôt que de la surprise, sa voix contenait une subtile nuance de peur.

Moi — Je n’y entrerai pas, donc tu n’as pas besoin de t’inquiéter.

Bien qu’elle et moi n’étions clairement pas sur la même longueur d’onde et qu’il y avait quelques petits problèmes avec mon raisonnement, je poussai Shiranami dans ma tente et zippai l’entrée.

Shiranami — Je suis désolée de m’imposer… sur ton lieu de repos…

Moi — T’en fais pas. Est-ce que Kobashi et Takemoto vont bien ?

Shiranami — Oui.

Dans ce cas, ils s’inquiétaient probablement du fait que Shiranami n’était pas encore rentrée. Ils devaient discuter pour savoir s’ils devaient partir à sa recherche ou rester et attendre dans leur campement.

Moi — Ton groupe a-t-il prévu un plan d’urgence pour ce genre de cas ?

Shiranami secoua la tête dans tous les sens alors je continuai à parler.

Moi — Il est possible que Takemoto parte seul à ta recherche, mais il y a des chances pour qu’il se perde. Cela dit, si Takemoto et Kobashi partaient ensemble et laissaient leurs tentes et leurs sacs sans surveillance, c’est aussi risqué.

Il n’était pas non plus très pratique pour eux de remballer leurs tentes et de prendre leurs affaires avec eux, étant donné qu’il était possible que Shiranami retourne d’elle-même à leur propre campement pour le trouver complètement désert. S’ils voulaient jouer la prudence, ils ne devaient pas s’éloigner de leurs tentes, mais plutôt patrouiller dans les environs, en gardant leurs lumières allumées et en appelant Shiranami dans l’espoir qu’elle les remarque.  

Cependant, comme ils n’avaient même pas discuté à l’avance de ce qu’ils feraient dans une telle situation, il n’y avait aucune garantie qu’ils seraient capables de garder leur calme et de prendre une décision réfléchie. Il y avait de fortes chances qu’ils soient partis à sa recherche sans même y penser.

Shiranami — Et maintenant… ?

Elle posa une question, mais elle semblait plutôt destinée à elle-même. Son erreur pouvait être considérée comme peu grave ou très grave. Il était difficile de statuer la chose alors elle se sentait anxieuse. Le problème maintenant était d’essayer de comprendre ce que Kobashi et Takemoto allaient faire. Non, selon les circonstances, cela pouvait très bien être encore plus complexe que cela.

Moi — Ton groupe est-il toujours composé de trois personnes seulement ? Ou vous avez pris d’autres membres ?

Shiranami — Ce…

Shiranami, qui n’hésitait pas à dire tout ce qu’elle savait, était soudainement à court de mots. Comme elle était certainement au courant de ce qui se passait dans son propre groupe, il devait y avoir une autre raison à son hésitation. Actuellement, la classe d’Ichinose avait noué une alliance forte avec celle de Sakayanagi.

Bien sûr, il y avait une poignée de groupes de 1ère C qui avaient été créés entre amis proches, mais la grande majorité avait été créée en tenant compte de l’alliance de la 1re A. Par conséquent, me dire si son groupe avait fusionné ou d’autres détails internes de ce genre n’étaient pas différents d’une fuite d’informations. En ce sens, la décision de Shiranami de ne rien dire était certainement la bonne chose à faire.

Moi — J’ai compris. Tu n’as pas besoin de me dire quoi que ce soit en détail. Écoute-moi juste d’abord.

Après avoir posé les choses, je continuai.

Moi — Si j’étais un membre de ton groupe, j’aurais certainement déjà remarqué ce qui s’était passé et j’en serais venu à la conclusion que tu t’étais perdue. Que tu devais te débrouiller seule dans une forêt sinistre.

Shiranami acquiesça docilement.

Moi — Bien sûr, je ne renoncerais pas à toi. Je commencerais par essayer de t’appeler. Mais comme je l’ai dit tout à l’heure, si ça ne marchait pas alors il fallait tenter quelque chose. Supposons que c’est Kobashi qui s’est perdue.  Que ferais-tu si Takemoto et toi ne la trouviez pas ?

Shiranami —…Je ne suis pas sûre… peut-être que nous irions chercher Yume-chan ensemble… ?

Moi — Même si cela vous fait courir le risque de vous blesser tous les deux et de vous retirer de l’examen si les choses tournent mal ?

Shiranami — C’est mon amie. Il n’y a pas moyen que je la laisse livrée à elle-même.

Sa réponse était vraiment à la hauteur de l’unité de sa classe, peu importe si c’était le bon choix stratégique ou non. En tant qu’élève de 1er A, Takemoto pouvait être un peu réticent à quitter le campement au début, mais au final, il céderait probablement pour aller aider.

Ceci étant dit, le plan le plus fiable pour avancer était de rester assis et d’attendre qu’ils viennent la chercher. Et si la situation ne s’améliorait pas, ils pouvaient même dépenser un point sur la recherche GPS pour essayer de nous trouver. Cependant, avec l’obscurité qui régnait, il était impossible de dire s’ils allaient réussir, même avec une ou deux recherches dans les environs.

Moi — Ton groupe a-t-il des points en réserve ? Est-ce que le fait d’en dépenser deux ou trois pour des recherches GPS mettrait ton groupe en mauvaise posture ?

Shiranami — Je me le demande. Je ne pense pas qu’on ait besoin de ça.

Il semblait qu’ils n’étaient pas très bien classés, du moins pas au point où elle se sentait à l’aise pour dépenser quelques points. Est-ce que cela allait leur coûter tout, ou est-ce que cela n’avait pas d’importance ? Il n’y avait aucun moyen de savoir quel impact cela aurait réellement avant la fin de l’examen. Shiranami n’avait probablement pas aimé l’idée que les membres de son groupe utilisent leurs points pour venir la chercher.

Comme prévu, la meilleure option qu’elle avait pour l’instant était d’attendre ici, dans ma tente, mais….je ne pouvais pas écarter la possibilité que Takemoto et Kobashi ne venaient pas la chercher, ou qu’ils abandonnent après ne pas l’avoir trouvée. Si cela devait arriver, j’étais obligé de passer la nuit dehors, car Shiranami utiliserait ma tente, ce qui me ralentirait probablement demain. Par conséquent, c’était le moment ou jamais d’agir.

Moi — Comment tu vas ?

Shiranami — Eh ?

Moi — Je te demande si tu as assez d’énergie pour marcher.

Shiranami — O…Oui. Ça devrait aller, c’est juste que…

Je dézippai l’entrée de ma tente et fait signe à Shiranami de ressortir.

Moi — Je vais t’emmener à ton groupe.

Shiranami — Mais… comment ?

Moi — Eh bien, ce n’est pas comme si errer sans but dans la forêt allait résoudre quoi que ce soit, alors on va utiliser ça.

Je lui montrai la tablette que j’avais en main.

Moi — Si je fais une recherche GPS, nous saurons quelle direction prendre et approximativement quelle distance parcourir.

Cependant, même avec cela, il n’allait probablement pas facile de les retrouver. Il était exceptionnellement difficile de s’orienter correctement dans la forêt avec l’obscurité qui y régnait. Pour une élève ordinaire comme Shiranami, c’était pratiquement impossible sans l’utilisation répétée du GPS.

Shiranami — Pourquoi… Pourquoi tu m’aides… ?

Moi — Pourquoi ? Parce que cet examen spécial se résume à une bataille entre les différentes années scolaires. Voilà la raison.

Shiranami — Mais, pour que tu ailles jusqu’à utiliser une recherche GPS…

Pour moi, dépenser un ou deux points n’était pas une charge trop lourde. Je pouvais toujours gagner plus de points, tant que je n’en obtenais pas assez pour dépasser la 11e place du classement. Cependant, ça ne me servirait à rien de lui en parler, alors je me suis dit que j’allais inventer une raison.

Moi — Je suppose que c’est parce que tu es l’une des camarades de classe d’Ichinose.

Au moment où ces mots sortirent de mes lèvres, le regard de Shiranami se raidit légèrement.

Shiranami —…Es-tu…

En voyant sa réaction, je m’étais demandé si j’avais dit quelque chose de déplaisant.

Moi — Hm ?

Shiranami — Est-ce que Honami-chan et toi…

Shiranami hésita encore avant de fermer la bouche comme si elle n’avait plus rien à ajouter. J’avais tant bien que mal réussi à comprendre où elle voulait en venir, mais cela ne m’avait pas fait tilt tout de suite.

Je m’étais souvenu de tout ce que les autres camarades de classe d’Ichinose m’avaient dit lorsque j’avais croisé leur chemin il y a quelques jours.

Moi — Il n’y a rien entre nous.

Je tentai rapidement de corriger son malentendu, mais cela n’avait fait qu’accentuer son expression déjà raide. Je décidai de laisser tomber le sujet pour l’instant et poursuivis la recherche GPS.

Après un moment, j’observai les résultats. Comme les signaux GPS de Kobashi et Takemoto étaient juste au-dessus l’un de l’autre, il était clair qu’ils ne s’étaient pas séparés.

Nous commençâmes immédiatement à marcher pour partir à la recherche du groupe de Shiranami. Et ensuite, après environ dix minutes de marche dans la direction de leurs signaux GPS :

Kobashi — Chihiro-chan !!!

Kobashi a cri hurla, nous ayant repérés alors que nous sortîmes d’un trou dans les buissons. Son sac à dos était sur le dos, et à côté d’elle se tenait le troisième membre du groupe, Takemoto, qui avait lui aussi son sac à dos. Et vu que Takemoto portait un autre sac à dos dans ses mains, il semblait qu’ils étaient partis chercher Shiranami avec toutes leurs affaires. Étant donné qu’ils s’étaient dirigés directement vers nous, il semblait très probable qu’ils avaient également utilisé la recherche GPS. Finalement, nous décidâmes tous d’aller à l’endroit où j’avais installé mon camp.

Takemoto — Merci beaucoup d’avoir aidé Chihiro-chan, Ayanokôji-kun.

Moi — Non, je suis sûr que vous l’auriez retrouvée. Il n’y a pas besoin de me remercier.

Takemoto — Pas besoin de te remercier ? Elle aurait pu être blessée si elle était allée plus loin, sans parler de la difficulté que nous aurions eue à la retrouver.

Bien qu’étant d’une autre classe, même Takemoto était soulagé que Shiranami ait été trouvée si rapidement. S’ils avaient dû lui courir après alors qu’elle errait dans la forêt, cela aurait pu leur coûter plus qu’un ou deux points.

Moi — J’espère que vous ne m’en voudrez pas de demander ça, mais vous avez un talkie-walkie ?

Ayant trouvé une bonne occasion de changer de sujet, je me tournai vers Takemoto pour cette question, car j’étais curieux de le savoir.

Takemoto — Huh ? Talkie-walkie ? J’en ai un, mais…

Comme je leur avais rendu service, ils étaient probablement prêts à me le prêter un moment.

Moi — Si vous êtes d’accord, je peux parler à Sakayanagi ? Je m’inquiète pour certains de mes camarades de classe, alors j’aimerais lui demander si l’un d’entre eux est retourné à la zone de départ.

Takemoto — Si c’est pour ça alors bien sûr. Attends une seconde.

Takemoto ne sembla pas s’opposer à ma demande. En fait, il semblait heureux de me rendre la pareille, puisqu’il sortit rapidement son talkie- walkie et commença à le tripoter. En tant que produit fourni par l’établissement, les talkies-walkies étaient naturellement numériques plutôt qu’analogiques. De plus, ils étaient dotés d’un support complet pour les codes de confidentialité.

 En bref, les codes de confidentialité nous permettaient d’avoir des conversations privées avec toute personne ayant le même code dans un canal particulier, éliminant ainsi le risque que nos communications soient interceptées par un tiers. Les groupes qui avaient choisi d’acheter des talkies-walkies pour cet examen auraient dû recevoir chacun un code de confidentialité à utiliser afin d’éviter toute fuite d’informations. Assez rapidement, Takemoto parla dans le talkie-walkie pour voir si Sakayanagi était là pour répondre. Elle répondit peu de temps après, et c’est à ce moment-là qu’il me passa le talkie-walkie.

Moi — J’aimerais lui parler en privé, si c’est possible.

Voyant qu’ils hochaient tous les trois la tête en réponse, je m’éloignai poliment du campement. Bien sûr, je fis en sorte de rester là où ils pouvaient me voir afin qu’ils ne pensent pas que je préparais un sale coup. Puis, après avoir parlé avec Sakayanagi pendant un court moment, je retournai vers le groupe et je rendis le talkie-walkie à Takemoto à la demande de Sakayanagi.

Takemoto — C’est tout Sakayanagi. Désolé de te déranger si tard.

Takemoto s’adressa avec ces quelques mots à Sakayanagi en réponse, et avec cela, l’appel se termina. D’après leur bref échange, il semblait que tout s’était déroulé sans accroc.

Moi — Ça m’a vraiment aidé, j’ai pu obtenir toutes les informations dont j’avais besoin de Sakayanagi.

Takemoto — Je suis heureux de l’entendre. De plus, Sakayanagi m’a demandé de te donner ceci de façon permanente.

Moi — Ah, merci bien.

Takemoto me rendit le talkie-walkie.

Kobashi — C’est nous qui devrions te remercier, pas vrai Chihiro-chan ?

Shiranami — Oui, merci de m’avoir aidée ce soir, Ayanokôji-kun.

Tous les trois, y compris Shiranami, exprimèrent leurs remerciements une fois de plus, et c’est ainsi qu’ils commencèrent à monter leurs tentes.

Cette nuit-là, je m’endormis en les écoutant raconter des histoires sur les classes A et C, des histoires que je n’aurais normalement jamais pu entendre.

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