Une invitation
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Traduction : Colonel Raclette
Correction : Nova, Raitei
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Alors que les prémices à l’examen spécial de l’île prenaient fin, tout le monde semblait aller à 200 à l’heure. Cela témoignait d’à quel point cette période était tendue.
À une semaine seulement, la phase de formation des groupes atteignait sa plus haute intensité. À ce stade, plus de 90% des élèves de l’école étaient en petits groupes de 2 ou 3, et maintenant leur destin était définitivement lié.
Ishizaki, Matsushita et les autres qui m’avaient invité à rejoindre leurs groupes avaient progressivement renoncé. Après tout, plus le groupe était formé tardivement, plus le danger encouru était grand.
Je me demandais ce que les 10% restants allaient décider de faire d’ici vendredi prochain. Pendant que j’y réfléchissais, je reçus un message vers 9h30, un samedi matin. L’expéditeur était Ishizaki de la 1ère B. J’avais beaucoup été en contact avec lui ces derniers temps, mais cette fois, le contenu était différent de ce que je recevais habituellement de lui. En effet, il m’avait demandé de venir au café pour rejoindre Ryuuen. La forme du message ne donnait pas l’impression que c’était une demande, donc je suppose qu’ils ne me laissaient pas vraiment le choix.
Bien sûr j’aurais pu refuser, mais cela serait probablement retombé sur Ishizaki. Même si j’avais l’intention de passer du temps avec le groupe Ayanokôji aujourd’hui, le rendez-vous était vers 13h00 je me disais que ça n’allait normalement avoir aucune incidence.
Je me préparai donc et, 15 minutes plus tard, j’étais en route pour le centre commercial Keyaki. Un quart d’heure suffisait pour arriver à l’heure.
Alors que la phase de formation du groupe était sur le point de prendre fin, il semblait que Ryuuen rompait le silence qu’il avait maintenu et était enfin en train de bouger.
Pour l’instant, Ryuuen n’avait formé de groupe avec personne. Il était possible qu’il m’invite dans son groupe, mais ça me paraissait assez improbable. Ainsi, j’étais intéressé par ce qu’il allait me dire.
Sur le chemin du centre commercial Keyaki, je tombai sur Kanzaki qui était probablement sur le chemin du retour du dépanneur, deux bouteilles de 2 litres étant visibles dans son sac plastique.
Kanzaki — Tu vas au centre commercial Keyaki à cette heure-ci ?
Moi — Je n’aurai pas le temps de me détendre après le début de l’examen, après tout.
Comme j’avais du temps à perdre, j’étais allé le voir pour lui parler.
Kanzaki — Il semble que la plupart des gens de la classe D aient formé des groupes, mais t’es toujours tout seul ?
Moi — Contrairement aux autres, je n’ai pas vraiment beaucoup d’amis, donc…
J’espérais échanger quelques blagues et avoir une conversation légère, mais Kanzaki resta sérieux.
Kanzaki —Horikita et toi allez agir tous les deux comme des renforts pour les groupes de votre classe ? J’imagine que d’excellents élèves pourraient laisser leur marque dans n’importe quel groupe pendant l’examen.
Récemment, à mesure que l’opinion de Kanzaki sur moi s’élevait, il était devenu également plus méfiant à mon encontre. Par conséquent, pour lui, les choses devaient être comme il le pensait.
Moi — Au moins pour l’instant. T’es toujours solo, Kanzaki, donc cela doit signifier que tu joues également ce rôle.
Kanzaki, de la classe C, était dans la même situation. Il n’avait encore fait équipe avec personne.
Kanzaki — Ayanokôji, Ichinose semble t’estimer beaucoup mais est-ce qu’on peut vraiment te faire confiance ?
Moi — Si je te disais que oui, tu le ferais, Kanzaki ? Kanzaki — J’y réfléchirais au moins.
Les bouteilles refroidissaient l’air autour d’elles et des gouttelettes d’eau se condensaient dessus. La chaleur estivale de plus de 30 degrés s’était abattue sans pitié sur nous.
Moi — Bien que nous ayons rompu notre alliance, je ne considère pas Ichinose comme un ennemi.
J’étais vraiment sincère.
Kanzaki — Cette déclaration laisse beaucoup de place à l’interprétation. Es-tu en train de dire que tu ne considères pas la classe C comme un ennemi ?
Je pensais pouvoir m’en tirer avec ma première phrase, mais la garde de Kanzaki était plus haute que ce à quoi je m’attendais.
Moi — Kanzaki, qu’est-ce que tu veux de moi ?
Il semblait différent de d’habitude, presque comme s’il essayait de me pousser vers quelque chose. J’avais peut-être ma petite idée, en y réfléchissant.
Moi — Essayes-tu d’obtenir une sorte de déclaration de ma part et de le reporter à Ichinose ?
Kanzaki — Toi… Ichinose… non, nous avons sous-estimé ta perspicacité. Quand on s’était rencontrés pour la première fois, j’avais ce sentiment étrange, mais je ne pouvais pas vraiment mettre le doigt dessus. Enfin, je peux clairement voir ce que c’était. Tu es la raison pour laquelle la classe D fait de si grands progrès.
Moi — Qui sait ?
Kanzaki — Je vais simplement parler franchement et te demander de l’aide. Ichinose te fait énormément confiance. C’est pourquoi je veux que tu le lui dises toi-même: comme elle est en ce moment, elle n’est pas à la hauteur.
Une goutte d’eau du sac en plastique était tombée au sol alors qu’il s’approchait de moi.
Moi — Alors tu t’attends à ce que cela fasse un déclic dans sa tête ? Kanzaki — C’est ça.
Moi — Désolé, mais je ne peux pas t’aider. J’aimerais continuer à voir sa propre façon de gérer les choses.
Kanzaki — Alors tu veux nous voir, ton ennemi, tomber ?
Moi — Je ne peux pas te reprocher de voir ça comme ça mais…
J’y réfléchis un instant. À ce stade, il était difficile de se projeter sur l’avenir d’Ichinose. Cependant, vu qu’elle était déjà tombée si bas, la chute suivante allait sûrement être sa dernière …
Juste une seconde, je ne savais pas si je devais dire à Kanzaki ce que je pensais ou non. Cependant, je m’arrêtai immédiatement. Faire une chose aussi inutile que je n’avais pas pris en compte n’allait pas améliorer la situation.
Moi — Eh bien, fondamentalement, on doit s’occuper de sa propre classe par soi-même. Pas vrai ?
Kanzaki — …Ouais. J’ai peut-être été trop enfantin.
Kanzaki inclina sa tête vers moi, comme s’il regrettait ses paroles.
Kanzaki — J’allais trouver une solution par moi-même. Mais je pensais qu’il y avait un moyen de résoudre le problème autrement, qu’il y avait une solution facile, alors j’ai essayé de la prendre.
Kanzaki était retourné à son dortoir après avoir dit cela.
Comme il était à court d’options, il devait être désespéré. Mais, comme on dit, un rat acculé peut même mordre un chat.
Lors du prochain examen spécial, Kanzaki allait également se dresser sur notre chemin en tant que redoutable adversaire.
1
J’étais arrivé au café du centre commercial Keyaki un peu en avance. Alors que je payais ma boisson au comptoir, deux types qui ne seraient généralement pas ensemble s’approchèrent de moi.
L’un d’eux était Ryuuen, qui m’avait appelé, et l’autre était…
Katsuragi — Tu avais dit qu’il y avait quelqu’un d’autre, tu parlais d’Ayanokôji ?
Kôhei Katsuragi de la 1ère A me regardait avec une expression raide.
Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils étaient comme de l’huile et de l’eau, mais les deux hommes en face de moi n’étaient certainement pas en bons termes.
Moi — Quel genre de réunion c’est censé être, au juste ?
Ryuuen — Quoi, tu veux rester debout pendant qu’on parle ? Assieds- toi.
Ryuuen souriait suspicieusement. Suivant ses instructions, j’avais pris une place vide. L’atmosphère était particulière, cela ne ressemblait à rien de ce que j’avais connu auparavant.
Katsuragi — Tu ne m’as jamais donné la sensation d’être un élève ordinaire, Ayanokôji, mais c’était un bonne ruse que tu avais cachée dans ta manche. Obtenir un score parfait à ce test !
Katsuragi, qui ne m’avait même pas parlé une seule fois depuis le début de la nouvelle année scolaire, commença par des observations plutôt indiscrètes.
Ryuuen — Kuku, ne l’admire pas trop, Katsuragi. C’est du passé.
Katsuragi — Le passé ? Tu te dois d’être prudent lorsqu’un ennemi d’une force inattendue apparaît. Tu es devenu trop arrogant après avoir vaincu la classe B de Ichinose.
Ryuuen — Va te faire foutre. Ichinose était en train de sombrer d’elle- même, elle n’a même jamais été sur mon radar.
Effectivement, cette combinaison inattendue de personnes créa immédiatement une atmosphère sinistre.
Katsuragi — …Alors ? Dis-moi pourquoi tu m’as appelé.
Les paroles de Katsuragi avaient confirmé que Ryuuen était l’hôte de cette réunion, et j’attendis donc avec lui que Ryuuen prenne la parole.
Ryuuen — Pourquoi se presser ? Détends-toi mec !
Katsuragi — Il n’y a aucun moyen que je puisse me détendre. Si les gens me voient avec toi, j’aurai des ennuis.
Katsuragi était préoccupé par les gens autour de lui, il n’était donc pas surprenant qu’il ait exhorté Ryuuen d’aller droit au but. Même si c’était le matin d’un jour sans classes, il y avait encore beaucoup d’élèves autour. J’étais en tout cas sûr que nos camarades de classe respectifs auraient été choqués de nous voir ensemble.
Ryuuen — Que vise la classe A pour le prochain examen ?
Katsuragi — Que veux-tu dire, « viser » ? Je suis sûr que tout le monde vise la même chose.
Ryuuen — Vous voulez monopoliser les points de classe ? Ou il s’agit d’autre chose? J’ai vérifié la composition du groupe en utilisant l’OAA, et même si vous semblez avoir formé des groupes de classe C et D, Kitô semble être seul. Et puis, peu importe comment vous le tournez, Ichinose, Shibata et Sakayanagi ensemble dans un groupe c’est assez bizarre. Vous travaillez ensemble ?
Cela m’intéressait également. En plus des trois personnes nommées par Ryuuen, Hashimoto de la classe A et Kamuro avaient formé un groupe avec l’un des meilleurs élèves de la classe C, Ninomiya. Et puis, la carte spéciale
« Membre supplémentaire » qu’Asakura était censée avoir était maintenant avec Hashimoto de la classe A. Cela ne peut pas être une simple coïncidence.
Katsuragi — Tu es libre de l’interpréter comme tu le veux, mais je ne peux rien confirmer.
Ryuuen — Je ne veux pas de ces conneries diplomatiques, je veux juste des réponses directes.
Katsuragi — Alors, voici une réponse directe : je ne vais rien te dire, enflure.
Katsuragi n’y allait pas par quatre chemins. Même si Katsuragi et Sakayanagi étaient des rivaux dans leur classe, il n’allait jamais révéler ses plans à Ryuuen, qui était leur ennemi.
Katsuragi — Ce n’est que le jour de l’examen que nous saurons comment va agir Sakayanagi, et personne ne le saura avant qu’elle ne le dise. Donc la meilleure façon pour toi de le savoir est encore de le lui demander.
Ryuuen — Oh, donc tu ne sais pas juste parce qu’elle ne te fait pas confiance ?
Katsuragi — Eh bien, ça pourrait être vrai.
Comme Ryuuen l’a dit, Katsuragi ne connaissait pas nécessairement la situation dans laquelle se trouvait la classe A. Il était peut-être le seul de la sa classe à ne pas être membre de la faction de Sakayanagi, tout comme leur ennemi. C’était un fait bien connu qui n’avait pas besoin d’être mentionné.
Quoi qu’il en soit, tout cela n’était qu’un préambule.
Ryuuen — C’est vraiment triste, Katsuragi. L’an dernier c’était la bonne époque, je te considérais comme un adversaire digne dans mes stratégies. Cependant, il ne reste aucune trace de cette personne. On dirait que c’est la fin de la route pour le perdant de la guerre des factions, eh ?
Katsuragi — N’as-tu pas aussi perdu contre Ishizaki à cette époque ?
Rétorqua Katsuragi. Ryuuen rit de façon extrême.
Ryuuen — Tu ne veux pas revenir au sommet ? Ce Totsuka qui te retenait, il est parti maintenant, non ?
Katsuragi claqua soudainement son poing droit sur la table. Parce que Yahiko l’admirait tellement, il ne pouvait plus cacher sa colère.
Katsuragi — Si tu voulais me mettre en colère, alors t’as réussi, Ryuuen. T’es satisfait maintenant ?
Ryuuen — Quoi, tu n’es pas encore vidé de toute émotion ? J’en suis un peu soulagé.
Ryuuen frappa trois fois dans ses mains, puis dit à Katsuragi.
Ryuuen — Tu ne penses pas que ce serait un développement intéressant si on arrivait à expulser Sakayanagi lors du prochain examen ?
Katsuragi — Quoi ?!
Ryuuen — Si cette fille n’est plus là, alors la classe A cessera d’avoir un leader. De cette façon, tu pourrais reprendre cette place.
Katsuragi — Je ne sais pas ce que t’essayes de faire, mais c’est impossible. Même si tu la pièges sur l’île, elle a bien trop de points privés en cas d’urgence. De plus, si par chance, quelque chose la neutralise, elle a toujours son point de protection pour retomber sur ses pattes.
Il était extrêmement dur d’avoir Sakayanagi, qui avait assez de points privés et de point de protection si jamais la situation tournait en sa défaveur.
Ryuuen — C’est vrai que si tu veux la voir disparaître, tu devras la poignarder au moins deux fois. Eh bien, l’expulser lors du prochain examen était une blague. L’objectif de l’examen de l’île n’est pas de faire tomber ses ennemis, mais de monter soi-même au sommet.
Je pouvais voir Ryuuen orienter progressivement la conversation vers le sujet principal de la réunion.
Ryuuen — La récompense en obtenant de la 1ère à la 3ème place est suffisante pour être à portée de tir de la classe A, mais les règles semblent un peu gênantes. Alors, je voulais me préparer à l’avance.
Katsuragi — Est-ce pour ça que tu m’as appelé ici avec Ayanokôji ? Ryuuen — Exactement.
Quelle que soit la stratégie, je ne pensais pas que Katsuragi l’accepterait facilement. Même si Katsuragi ne considérait pas Sakayanagi favorablement, faire d’elle son ennemi revenait à frapper sa propre classe. Cela aurait peut- être fonctionné au début de la lutte pour le leadership, mais dernièrement ces luttes intestines ne valaient peut-être pas tant le coup.
Ryuuen — Même comme ça, Ichinose a vraiment accepté de faire équipe avec cette fille. Elle était bourrée ? Ou alors elle est si incompétente qu’elle pensait que c’était tout ce qu’elle pouvait viser ?
Katsuragi — Je ne sais pas. Et si Sakayanagi entendait cette question, elle te demanderait la même chose. Peu de gens aimeraient faire partie de ton équipe. Tu restes un délinquant, après tout.
Au lieu de trahir Sakayanagi, Katsuragi l’avait défendue avec sa réponse.
Ryuuen — Dans ce cas-là, tout le monde ici est ce genre de délinquant.
Tous les trois, nous n’avions encore formé de groupe avec personne et travaillions seuls. Mais pourquoi essayait-t-il de tenter Katsuragi ? Il était évident qu’il ne trahirait pas Sakayanagi facilement, peu importe combien il essayait de l’inciter.
Ou… était-ce justement pour confirmer qu’il n’allait pas la trahir ?
Ryuuen — Tant mieux pour ta classe, Katsuragi. Tu es toujours sage. Katsuragi — Me flatter ne fonctionnera pas, Ryuuen.
Ryuuen décida finalement de se mettre au travail et redressa sa posture.
Ryuuen — Le plus important à propos de cet examen spécial est de ne pas perdre de points en 1ère. Je ne veux pas que les 2nde et les Terminale me fassent les poches. Pour ça, on devrait au moins former une alliance, non ? Si on ne compte que sur nos propres classes, on manquera forcément de puissance de combat.
Au moment où les formations de groupe touchaient à leur fin, Ryuuen proposait de travailler ensemble.
Ryuuen — Si les petites frappes de la classe B étaient ajoutées à ce groupe, alors je ferais mieux de me battre seul, mais si je pouvais puiser dans une puissance de feu d’ailleurs, alors ce serait une autre histoire.
Il regarda Katsuragi avec un sourire diabolique.
Katsuragi — Tu me demandes sérieusement de travailler avec toi ?
Ryuuen — Pas seulement toi. Ayanokôji aussi, qui fait pot de fleur en nous écoutant parler.
Il se tourna ensuite vers moi.
Moi — …Moi aussi ?
Ryuuen — Pourquoi est-ce que je t’appellerais ici, sinon ?
Je pensais que c’était improbable, mais il me demandait sérieusement de l’aider !
Katsuragi — Je refuse. Bien que la classe A puisse également obtenir les récompenses, je ne veux pas faire partie d’une équipe avec quelqu’un comme toi.
Ryuuen — Quelle décision irréfléchie. Tu devrais m’écouter jusqu’à la fin.
Katsuragi — Ce n’est pas nécessaire. Mais… Pourquoi appeler Ayanokôji
? Je veux d’abord le savoir.
Ryuuen — Tu me demandes pourquoi ?
Katsuragi — C’était surprenant qu’il ait obtenu une note parfaite en mathématiques lors de l’examen spécial de la fin avril. Je conviens qu’il a une grande capacité académique. Mais tu peux vraiment dire qu’il est la bonne personne à choisir si tu voulais gagner ?
Bien que Katsuragi ait immédiatement rejeté la proposition de collaborer, il exprima ses doutes sur la stratégie de Ryuuen. Il semblait incapable de l’accepter, car cette stratégie avait été faite en me prenant en compte.
Ryuuen — Tu penses que j’ai mis au point une stratégie bâclée ?
Katsuragi — C’est ça. Si tu inclues Ayanokôji, cela réduira la récompense en points de classe à un tiers chacun. Puisque tu m’invites de la classe A, de toute façon, ne serait-il pas préférable d’inviter Kitô dans le groupe ? De plus, si on aurait besoin de trois classes, Kanzaki de la C est toujours seul, et il devrait avoir la priorité sur Ayanokôji.
Katsuragi agit en tant que conseiller, recommandant des candidats appropriés.
Ryuuen — Quelqu’un qui ne le connaît pas ne comprendrait pas, mais j’ai fait le bon choix. Pas vrai, Ayanokôji ?
Moi — Je ne sais pas de quoi tu parles.
J’avais fait écho à Katsuragi tout en haussant les épaules comme pour dire que je ne savais pas pourquoi j’avais été appelé.
Ryuuen — Arrête un peu ton numéro. Tu es l’homme qui m’a battu et m’a fait taire.
Ryuuen dit cela sans prendre en compte mes sentiments à ce sujet.
Bien que cela puisse être considéré comme une blague, dans cette situation, Katsuragi ne semblait pas le penser.
Katsuragi — De te faire taire ?… Est-ce vrai ?
Il se tourna vers Ryuuen et moi pour confirmer si c’était la vérité.
Ryuuen — Ah, je me suis fait remettre à ma place. Grâce à ça, j’avais presque décidé de quitter l’école.
Quand il entendit cela, Katsuragi commença à reconstituer le puzzle.
Ryuuen — Allez, admets-le, Ayanokôji. Même si tu continues à le cacher à Katsuragi comme ça, je vais continuer à parler, d’accord ?
En disant toutes ces choses inutiles, c’était presque comme s’il me menaçait.
Moi — Même si je l’admets, penses-tu que je vais t’aider ?
Ryuuen — Eh bien, comme avec Katsuragi, ce ne sera pas aussi simple.
Katsuragi, qui nous écoutait, soupira.
Katsuragi — Non, je ne peux pas accepter ça. Je ne peux pas croire qu’Ayanokôji t’ai battu. Et pour revenir à ce que j’ai dit plus tôt, si vous avez trois classes qui travaillent ensemble, même en arrivant à prendre la première place, tu n’obtiendras qu’une moyenne de 100 points. L’écart entre toi et la classe A sera impossible à combler.
Katsuragi remit fortement en question l’importance de l’existence de ce groupe.
Ryuuen — Ouais ouais, j’ai complètement oublié ça. T’es vraiment qualifié pour donner des conseils.
Ryuuen laissa entrevoir un sourire en disant cela et reporta son attention sur Katsuragi. Même dans cette situation, Ryuuen maintenait son attitude frivole.
Katsuragi — Je vois, proposer de s’associer à trois classes de manière inefficace et dire des bêtises comme quoi Ayanokôji t’a battu, il semble que tu n’avais pas l’intention de négocier sérieusement depuis le début.
Katsuragi, qui pensait toujours que Ryuuen plaisantait, se prépara à quitter son siège.
Ryuuen — Une négociation sérieuse ? Tu savais que c’était impossible depuis le début, n’est-ce pas ? Mais tu es quand même venu. T’a-t-on demandé d’espionner pour la classe A ?
Katsuragi accepta une réunion qu’il aurait pu refuser.
Mais en effet, il devait y avoir une raison derrière cela.
Ryuuen — Tu es un homme mort et tu cherches une chance de revenir à la vie. Ai-je raison ?
Totsuka Yahiko, grand admirateur de Katsuragi, avait été expulsé de l’école à cause de Sakayanagi. Et maintenant, Ryuuen essayait de savoir si Katsuragi avait pardonné à Sakayanagi de l’avoir fait.
Katsuragi — Que ce soit vrai ou non, cela n’a rien à voir avec toi. Ryuuen — Puisque t’es déjà là, écoute-moi jusqu’à la fin.
Katsuragi — Peu importe ce que tu dis, il n’y a aucune chance que je travaille avec toi. C’est vrai que j’ai une relation à moitié antagoniste avec Sakayanagi. Toutefois, je ne veux pas troubler mes camarades de classe. Je ne veux pas travailler avec toi.
Entendant les mots de Katsuragi, Ryuuen frappa à nouveau joyeusement dans ses mains. Comme si il attendait ces mots de Katsuragi depuis le début.
Ryuuen — Tu ne veux pas causer de problèmes aux autres ? Depuis l’examen de l’île de l’année dernière, les gars de la classe A me transfèrent de l’argent tranquillou chaque mois à cause de ce contrat que t’as passé avec moi, tu as oublié ?
Katsuragi, toujours debout, reporta à nouveau son attention sur Ryuuen.
Katsuragi — C’était un contrat équitable, nous avions obtenu 200 points de votre classe et, en retour, la classe A avait remboursé son prêt. Toutes mes actions ne visaient qu’à conduire la classe A sur une meilleure voie.
Ryuuen — Bien sûr, si tu ne regardes que les chiffres. Cependant, qu’en est-il de l’impact psychologique que votre classe subit chaque mois ? Pourquoi devriez-vous tous partager vos points privés avec nous pendant si longtemps ?
Les humains étaient des créatures étonnamment avides. Même s’ils avaient accepté de payer à l’avance, ils se sentiraient toujours insatisfaits de leur achat. Mois après mois, Ryuuen continuait à obtenir 20 000 points de chaque élève de la classe A. Même s’il y avait une personne de moins maintenant, le nombre total de points privés pris à toute leur classe était toujours de 780
000. C’était 9,36 millions de points par an. Cela aurait été bien si le destinataire était en quelque sorte un allié, mais continuellement payer son tribut à l’homme qui représentait la plus grande menace pour leur position était quelque chose dont ils n’étaient pas très heureux. Et finalement, le contrat n’avait pas été signé par Sakayanagi, leur chef actuel, mais par Katsuragi, qui était maintenant tombé dans l’ombre.
Ryuuen — Ça fait mal, n’est-ce pas, Katsuragi ? Perdre et ne pas être capable de se venger.
Katsuragi — Alors… Alors quoi !?
Katsuragi se mit à nouveau en colère, et il semblait qu’il était sur le point de saisir Ryuuen. Comme il avait trouvé ce qu’il voulait dans ces yeux, Ryuuen poursuivit.
Ryuuen — Viens en classe B, Katsuragi.
Une invitation si audacieuse de Ryuuen. Katsuragi oublia sa colère pendant une seconde alors qu’il contemplait la proposition soudaine de Ryuuen.
Katsuragi — Es-tu fou ? Tu me demandes de venir en classe B ?
Ryuuen — Bien sûr, nous paierons pour les points manquants.
Katsuragi — Même si vous avez les points nécessaires, pourquoi devrais-je venir en classe B ? Tu penses que j’abandonnerais ma place en classe A ?
Ryuuen — Je vais bientôt vaincre Sakayanagi, puis toute la classe A tombera. En gros, rester en classe A ne sert à rien, non ?
Sans Sakayanagi, leur tête, il était difficile pour la classe A de continuer à se battre sur les lignes de front.
Ryuuen — Combien en as-tu sous la main ? Katsuragi — … Environ 1,8 million de points.
Ryuuen — C’est pas la folie hein ! Même si tu es pourri, tu es toujours en classe A, eh ?
C’est vrai, c’était encore loin des 20 millions de points nécessaires. Même avec les envois de fonds mensuels de l’école et l’argent collecté auprès de la classe A, cela n’ajoutait que 800000 points en remplissant le portefeuille de Ryuuen chaque mois. Cela aurait été vraiment bizarre s’il avait eu ne serait-ce que 10 millions de points en main en ce moment.
Sachant que sa proposition allait être repoussée, il sortit un morceau de papier et le posa sur la table.
Ryuuen — Tu vois, ça ? C’est le contrat que j’ai signé avec toi l’année dernière.
Katsuragi — …Oui.
Ryuuen — Après avoir négocié avec Sakayanagi, j’abandonne ce truc pour 5 millions de points.
Même si c’était assez élevé, si on calculait simplement le montant qui lui serait payé jusqu’à l’obtention de son diplôme, cela faisait environ 10 millions de points. De plus, leur fardeau psychologique de donner constamment leurs points à Ryuuen allait être éliminé. Peu importe comment on le voyait, c’était une mauvaise affaire pour Ryuuen.
Bien sûr, s’il vendait le contrat pour un remboursement immédiat, quoique la moitié de la valeur initiale, Sakayanagi pouvait se douter de ce que Ryuuen allait faire avec l’argent : dans le cas de cet examen, il s’agirait de former la meilleure équipe ou de collecter des cartes plus solides. Cependant, Sakayanagi avait accepté malgré la connaissance des risques.
Si j’étais Sakayanagi, j’aurais également accepté la proposition de Ryuuen.
Katsuragi — Tu lui as dit que les points seraient utilisés pour me
« vendre » ?
Ryuuen — Ne me dis pas que tu crois qu’elle aurait refusé, sinon ? Katsuragi — … Non, c’est Sakayanagi, elle l’accepterait.
Katsuragi ne pensait pas que Sakayanagi rejetterait une proposition qui n’avait que des avantages pour eux.
Ryuuen — Tu n’auras pas d’occasion comme celle-ci, Katsuragi.
Il allait utiliser l’argent de l’annulation du contrat qui liait Katsuragi pour le
« voler ».
En d’autres termes, il paie une énorme somme de 20 millions de points à Katsuragi pour permettre à ce dernier de se battre contre Sakayanagi ouvertement.
Katsuragi — Pourquoi… irais-tu aussi loin pour quelqu’un comme moi
?
Ryuuen — Hé, Katsuragi, t’as une opinion étonnamment basse de toi- même. Mais pour être honnête, t’es pas vraiment bon marché.
En fin de compte, la seule chose que Ryuuen voulait faire était de battre la classe A. Même si Sakayanagi était vaincue et expulsée, ce n’était toujours pas une bonne chose que Katsuragi soit toujours là. Si Katsuragi, qui valorisait la défense, retournait à sa position de chef, la classe A allait inévitablement devenir une solide forteresse.
Cependant, si Katsuragi partait le premier et que Sakayanagi était expulsée plus tard, la classe A risquait de s’effondrer sur elle-même. C’est pourquoi Ryuuen était prêt à payer autant qu’il le faudrait. En plus de ça, Katsuragi avait également une capacité individuelle élevée. Selon l’OAA, Katsuragi serait le meilleur élève de la classe B.
Ryuuen — Les 5 millions pour l’annulation du contrat plus ton nombre de points actuel… Les points restants ont été collectés auprès de la classe. Je les ai poussés dans la pauvreté pour t’accueillir dans notre classe !
Entre mai et la fin juillet seulement, 39 personnes peuvent accumuler près de 6,5 millions de points privés. Resterait donc à payer environ 200 000 points privés par élève. Bien sûr, les fonds de la classe B allaient être épuisés pendant une courte période, mais s’ils pouvaient obtenir un élève de haut niveau, cela en valait la peine. Ryuuen avait sorti un autre contrat qu’il avait préparé à
l’avance. Sur celui-ci, l’utilisation des 20 millions de points fournis était écrite, ainsi que les arrangements pour le transfert de Katsuragi en classe B.
Ryuuen — Allez, signe-le. Utiliser 20 millions de points pour changer de classe nécessite plusieurs conditions. Tu ne peux pas forcer une personne à changer de classe. Au final, la personne doit accepter, puis utiliser ses fonds pour effectuer un transfert dans la classe de son choix.
Le contrat visait à empêcher Katsuragi de prendre cette énorme somme d’argent et de l’utiliser à d’autres fins. Eh bien, même si Katsuragi utilisait vraiment autant d’argent pour ce qu’il voulait, il risquait d’être soupçonné de fraude par l’école.
En d’autres termes, le but de ce contrat n’était pas d’empêcher Katsuragi de faire quoi que ce soit de malhonnête, mais plutôt de l’empêcher de changer d’avis plus tard.
Katsuragi — Tu sembles être sérieux.
Ryuuen — Et ça te convient non, Katsuragi ? T’as été seul jusqu’à présent, ce qui permet de t’inviter plus facilement dans notre classe.
Si Katsuragi avait été proche de quelqu’un, cela ne serait pas arrivé.
Ryuuen — C’est ton destin. Accepte-le.
Après être resté silencieux pendant un moment, Katsuragi se rassit sur sa chaise, comme s’il y avait réfléchi.
Katsuragi avait enterré son désir de vengeance contre Sakayanagi dans son cœur. Pourtant, Ryuuen avait brillamment exploité cela et l’avait amené avec succès dans ses rangs. Ainsi, Katsuragi rejoignit Ryuuen.
Une chose était sûre, cela allait être un gros avantage pour la classe B. L’écart avec la classe A avait en effet été réduit.
Katsuragi signa lentement le contrat.
Katsuragi — Même si je ne me soucie pas vraiment que tu m’aies amené dans tes rangs, que recherches-tu exactement ? Cela ne te dérangera pas si je dis ce que je pense ?
Ryuuen — Comme tu veux. Tes opinions têtues peuvent parfois être utiles.
Tels étaient les opinions de Ryuuen après avoir reçu le contrat signé. C’était la première fois dans l’histoire de cette école qu’un individu passait dans une autre classe. Cependant, au lieu de passer à la classe A, il descendait à la classe B.
On pouvait dire que ce n’était dû qu’à un concours de circonstances. La première étant que ce n’était possible que parce que Ryuuen dirigeait sa classe comme un dictateur et pouvait obtenir leurs points en claquant des doigts. La seconde était qu’il y avait une personne isolée en classe A, mécontente et vengeresse envers la chef. Pour eux, s’il y avait quelque chose à craindre, cela aurait été d’être livrés à eux-mêmes sur l’île : après tout, le nombre d’élèves qui pouvaient se permettre le luxe de payer la sanction était limité.
Ryuuen — Hé, Ayanokôji. Tu fous quoi ? Moi — Eh ?
Ryuuen me demanda cela avec une expression déconcertée, alors que je versais de l’eau dans le cinquième restant du café.
Moi — Rien. Je me demandais juste quel serait le goût si je diluais soudainement le café 3 ou 4 fois plus que recommandé.
Après avoir répondu sans détour à la question, Ryuuen et Katsuragi semblaient encore plus déconcertés qu’avant.
Katsuragi — … T’es un cas étrange, Ayanokôji.
Katsuragi avait dit cela avec un air dégoûté sur son visage.
Katsuragi — Alors, que vas-tu faire avec Ayanokôji ? Si tu inclues un élève de la classe D dans le groupe, les récompenses obtenues seront divisées par deux.
Ryuuen — Personne n’a parlé de sa participation au groupe. Katsuragi — Alors, pourquoi avons-nous besoin de lui ?
Ryuuen — Eh bien, c’est surtout à propos de la carte « Quitte ou double » qu’il a reçue.
Ryuuen mentionna la carte qui m’avait été remise.
Ryuuen — Vends-la-moi.
Je pensais qu’il allait me demander de coopérer avec lui, mais c’était de cela qu’il s’agissait.
Moi — Tu viens juste d’acheter Katsuragi, donc je suis sûr que ta situation financière n’est pas si bonne. Peux-tu préparer suffisamment d’argent ?
Ryuuen — Je pourrais obtenir environ 500 000 points. Ça devrait être assez.
En effet, c’était la seule chance que j’avais de vendre ma carte. Bien que je ne puisse pas dire que c’était une bonne affaire, au moins je pouvais obtenir de l’argent pour Kei.
Moi — J’ai une condition. Fais en sorte qu’un élève de votre classe qui a une carte « Réduction » échange sa carte avec l’un de nos élèves qui a la carte « Rente ». Si tu acceptes ça, je te vendrai la carte que tu veux.
Si elle ne pouvait pas former un grand groupe de 6, et si Kei était frappée de la pénalité d’expulsion avec un groupe de 3 élèves, cela allait toujours pouvoir lui permettre de limiter les points à payer à 1 million en utilisant la carte
« Réduction ». Être capable de la mettre en sécurité à coup sûr était un bon marché.
Ryuuen — Kuku, je suppose que c’est réglé alors. « Réduction », hein ? Il se trouve que Katsuragi l’a, non ?
Katsuragi — Je n’aurai pas beaucoup d’argent de toute façon, alors garder cette carte ou non ne fera pas la différence…
Katsuragi avait donc reçu la carte « Réduction ». Si Ryuuen obtenait la carte
« Rente » et finissait premier, le gain possible était de 450 points de classe d’un coup. Avec cela, les points de classe de la B pouvaient également passer le palier des 1000.
2
Le 16 juillet, date limite pour la formation des petits groupes, approchait à grands pas.
Pendant que je faisais ma routine matinale, je reçus un appel téléphonique d’Ishizaki.
Ishizaki — Yo, Ayanokôji.
Moi — C’est rare que tu m’appelles.
Ishizaki — Aujourd’hui c’est le dernier jour pour former de petits groupes, pas vrai ? Je dois te parler de quelque chose d’important…
Moi — C’est à propos de Nishino ? La dernière fois que j’ai vérifié, elle n’avait pas formé de groupe.
Je n’avais pas vérifié l’OAA ce matin. La situation avait-elle changé ?
Ishizaki — En fin de compte, elle n’a trouvé personne dans sa classe avec qui faire équipe, alors elle a demandé à Ichinose de l’aider. Maintenant, Tsube de la classe C va l’aider.
Ah, Hitomi Tsube de la 1ère C. Elle était une excellente élève avec un B dans les capacités académiques et physiques.
Moi — Super alors.
Ishizaki — Ouais. On a tous formé des groupes de 2 ou plus. Sauf…
Il y avait un élève de la classe B qui n’avait pas encore de groupe.
Moi — Ibuki, non ?
Ishizaki — Ouais. Ibuki est seule. Il y a quelqu’un qui pourrait se mettre avec elle ?
Moi — Il est risqué de passer l’examen spécial par soi-même. Je comprends ce que tu ressens.
Je pouvais dire à la façon dont Ishizaki parlait qu’il avait essayé de la persuader plusieurs fois, mais avait échoué.
Moi — Donne-moi un peu de temps. Je pense que j’ai une idée. Ishizaki — Sérieusement ? Désolé de t’avoir balancé ça si tôt le matin !
J’avais dit à Ishizaki que j’allais le rappeler plus tard, avant de raccrocher. Ensuite, je décidai d’essayer de contacter quelqu’un qui pouvait se grouper avec Ibuki.
Heureusement, cette personne n’avait pas encore quitté le dortoir, donc j’avais décidé de la rencontrer dans le hall. Dans l’ascenseur juste après moi se trouvait Horikita, la personne que j’attendais de rencontrer. Elle était également l’une des rares qui, même maintenant, ne semblait pas sur le point de se grouper.
Moi — Qu’est-ce que tu vas faire à propos de ton groupe ?
Horikita — Il est trop tard pour en parler. Quoi qu’il en soit, je ne vais pas me grouper avec qui que ce soit cette fois. Si tu considères que le nombre maximum de personnes dans un groupe est de six, ce n’est pas une mauvaise idée d’y aller seul.
Moi — Je sais que tu fais ça pour pouvoir agir selon la situation. Mais que vas-tu faire si tu tombes malade et que tu te fais éliminer ? Si tu ne peux pas payer la pénalité incroyablement élevée, tu finiras expulsée.
Elle le savait sûrement très bien elle-même, mais…
Horikita — Je suis consciente du risque. Et je te signale que tu es également seul.
Moi — Mais, mes risques et tes risques sont différents. Horikita — Quelle différence ?
Moi — T’avais eu un problème de santé lors de l’examen de l’île.
Horikita — Je n’arrive pas à croire que tu reparles de quelque chose qui s’est passé il y a un an. Tout le monde peut tomber malade.
Moi — Ouais. Cependant, t’as également fait une pause en hiver à cause d’une fièvre. Cela fait deux fois en un an.
Horikita — Tu viens juste de passer une année sans aucune absence. Tu penses que cela signifie que tu ne seras pas malade cette fois ?
Moi — Pour ce qui est de prendre soin de moi, je suis plus confiant que toi.
Face à mon assurance, elle n’eut d’autre choix que d’admettre.
Horikita — Je vois. C’est vrai que je fais peut-être moins attention à ma santé. Je le reconnais. Mais même si c’est le cas, faire comme si c’était quelque chose d’inquiétant–
Horikita me regarda dans les yeux. Son ton avait commencé à chauffer plus tôt, alors elle se calma.
Moi — C’est suffisant que tu le saches. Loin de moi l’idée de te confronter ou quoi.
C’est important de prendre soin de soi. Si elle en était parfaitement consciente, alors tout allait bien.
Moi — Mais faut reconnaître que c’est assez dangereux d’y aller seul. Horikita — Oui.
Moi — Dans notre classe, seul toi, Kôenji et moi n’avons pas encore formé de groupe. Le reste de nos camarades de classe a formé un petit groupe d’au moins deux personnes. Il est plus sûr de former un groupe de deux, si possible.
Horikita — Toi et Kôenji êtes les seuls qui restent dans la classe. Cela signifie qu’il n’y a plus moyen de former un groupe
Moi — Seulement pour notre classe.
Horikita — Reste-t-il des filles qui n’ont pas formé de groupe ? Moi — Ah, j’ai une personne en tête.
Horikita — Tu parles de qui ?
Moi — Ibuki de la classe 1ère B. T’as pas vérifié l’OAA ?
Horikita — Eh bien, la dernière fois que j’ai vérifié, j’avais remarqué qu’elle était seule.
Moi — Ishizaki est inquiète car Ibuki n’a personne avec qui se mettre. Ça te dirait pas de te mettre avec elle, du coup ?
Horikita —Ibuki et Moi ?
Moi — S’il s’agit de deux filles, tu pourras toujours fusionner avec n’importe quel autre petit groupe plus tard. Pourquoi ne pas en tenir compte ?
Horikita — C’est vrai, je vais essayer.
Peut-être qu’elle ne pouvait tout simplement pas faire de déni. Ainsi donc elle promit de rencontrer Ibuki.
Je contactai Ishizaki, lui demandant de nous rencontrer à la pause déjeuner.
3
Pendant la pause déjeuner, j’emmenai Horikita là où je devais rencontrer Ishizaki.
Ishizaki — Hé, Ayanokôji ! Par ici !
Ishizaki sautillait pratiquement en arrivant, et quand il m’a vu de loin, il agita sa main. À côté de lui se trouvait Ibuki, qui me regardait avec ses bras croisés, visiblement mécontente.
Horikita — Est-ce qu’elle est d’accord ?
Moi — D’après l’expression de son visage, je ne suis pas sûr.
On dirait qu’elle était de mauvaise humeur après avoir entendu le plan de former un groupe. Je suppose qu’Ishizaki l’avait amenée ici sans expliquer la situation en détail.
Ishizaki — Dépêchez-vous et venez !
Ishizaki dégageait l’enthousiasme d’un lapin.
Horikita — Vous semblez être de bons amis.
Horikita était légèrement effrayée par l’attitude d’Ishizaki.
Moi — C’est un gars sympa.
Horikita — Même ainsi, je préférerais ne pas trop être proche de lui.
Il était similaire à Sudou en termes d’enthousiasme, mais Ishizaki était différent à sa manière.
Ibuki — Qu’est-ce qui se passe? Que font Ayanokôji et Horikita ici ?
Ah… Donc elle n’avait vraiment pas été prévenue. Horikita et moi nous sommes regardés d’un seul coup. Ce n’était pas très intelligent d’avoir laissé Ishizaki faire la communication.
Moi — En fait, il y a quelque chose dont nous voulions discuter, alors j’ai demandé à Ishizaki de t’appeler, Ibuki.
Je n’avais pas le choix, alors je pris les devants.
Ibuki — Et ?
Moi — J’ai entendu dire que lors du prochain examen spécial, t’allais concourir toute seule ?
Ibuki — C’est mon choix.
Elle répondit sèchement, comme s’il n’y avait pas de place pour la discussion.
Ishizaki — Je t’ai déjà dit qu’il vaut mieux être avec quelqu’un… Ibuki — Je n’en ai pas besoin.
Ishizaki — Eh bien, tu dis ça, mais c’est surtout qu’il n’y a personne qui veut faire équipe avec toi.
Que faisait Ishizaki ? Essayait-il de l’aider ou de l’embêter ?
Je me tournai vers lui et restai silencieux.
Ishizaki — Hein? Qu’est-ce qui ne va pas, Ayanokôji ?
Mais… Ishizaki n’avait pas compris mes intentions et m’interrogea à la place.
Moi — Ce n’est rien. Au fait, Horikita ici est dans le même cas qu’Ibuki, elle n’a encore fait équipe avec personne.
Ibuki — Et donc ?
Moi — Tu seras franchement désavantagée toute seule. Même si ce n’est pas avec trois personnes, si au moins vous vous mettez à deux ça assure une certaine sécurité si l’une de vous tombe malade.
Elle devrait maintenant comprendre ce que je voulais dire.
Moi — Et il ne reste plus beaucoup de temps avant la date limite. Ibuki — Ne me dis pas que tu veux que je fasse équipe avec Horikita ? Moi — Eh bien, c’est à peu près ça.
Ibuki — Haa ? T’es qui pour proposer des trucs comme ça ?
Ishizaki — En dehors de tes capacités physiques… t’es pas très douée pour autre chose.
Ibuki — Hé ! Dis pas ce qui te chante comme ça !
Ibuki se rapprocha impétueusement et finir par fixer Ishizaki, qui se tenait derrière elle avec un air distrait sur son visage.
Ibuki — Toi aussi, tu veux que je fasse équipe avec Horikita pour les aider, pas vrai ?
Ishizaki — Je ne savais pas que ce serait Horikita, mais ce serait super un groupe avec elle, non ?
Ibuki — Je déteste déjà beaucoup ce gars, mais ma haine pour Horikita est encore plus grande.
« Ce gars » faisait sûrement référence à moi. Tout en utilisant son doigt pour pointer directement la personne en face d’elle. Quelle politesse !
Horikita — Ayanokôji, elle ne semble pas t’aimer beaucoup.
Moi — Je ne m’en étais même pas rendu compte. Bien qu’elle semble te détester encore plus que moi.
Horikita — J’en suis honorée.
Ibuki semblait piquée par nos messes basses, et ne prit pas la peine de cacher son mécontentement.
Ibuki — Je ne sais pas si Horikita te l’a demandé mais peu importe la raison, y a pas moyen que je fasse équipe avec cette fille.
Il semblait qu’elle avait vraiment de la rancune contre Horikita. Elle avait obstinément refusé d’écouter ce que j’avais à dire.
Horikita — Ah, mais je ne me souviens pas avoir dit que je voulais faire équipe avec toi.
Observant l’attitude d’Ibuki, Horikita tenta de la provoquer.
Ibuki — Hein ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
Horikita — On dirait que tu mélange un peu les choses. Tu as été laissée pour compte parce que personne ne voulait être avec toi, et je ne me suis groupée avec personne parce que je voulais me battre seule. Bien que nous soyons toutes les deux des loups solitaires, nos situations ne sont pas les mêmes.
Répondit Horikita, presque étonnée. Cependant, ça avait allumé une flamme en Ibuki qui répondit instantanément.
Ibuki — Moi aussi je suis seule par choix ! Bref, si c’est ton cas aussi c’est parfait. C’est un défi, Horikita !
Elle avait déplacé son regard de moi vers Horikita.
Horikita — Puis-je te demander pourquoi veux-tu me battre ? Il est vrai qu’on avait concouru à l’examen de l’île déserte et pendant le festival sportif, mais ce n’était rien de spécial, non ?
Ibuki — Tu es la seule à penser ça.
Autant que je sache, Ibuki avait battu Horikita dans leur combat sur l’île, mais Horikita avait gagné dans la course de 100 mètres au festival sportif. Une victoire, une défaite, même si les circonstances étaient vraiment particulières… Horikita avait une forte fièvre lors de l’examen de l’île, alors que pendant le festival sportif Ibuki était tellement obsédée par Horikita qu’elle a perdu ses moyens pendant la course. Autrement dit, il n’y avait aucun moyen de déterminer qui était le meilleur. Même sur le toit, après avoir battu Ryuuen et Ibuki, elle m’avait encore défié ensuite. En bref, c’était le genre de personne à ne rien accepter tant qu’elle n’a pas la certitude de qui est le plus fort. Cette fois, elle voulait rivaliser avec Horikita pour l’examen de survie. Il n’y avait ainsi aucun moyen pour toutes les deux de travailler ensemble.
Horikita — Il semblerait que ce soit une perte de temps. Moi — Attends. Tu acceptes ? Ou non ?
Horikita — J’y vais seule, mais lorsque l’examen spécial commencera, je fusionnerai avec un autre groupe si nécessaire.
On dirait bien que le tête-à-tête tant espéré par Ibuki n’allait pas avoir lieu.
Ibuki — Trouillarde !
Horikita — La faiblesse n’est pas ce qui me fait changer d’avis.
Faisant savoir à Ibuki qu’elle gaspillait son énergie, Horikita la repoussa.
Horikita — Si tu insistes pour te battre seule, alors même si je forme un groupe, essaye de ne pas perdre. Si tu gagnes, je te reconnaîtrai un peu.
Ibuki — …Pareil !
Les négociations semblaient avoir échoué. Cependant, la provoquer jusqu’à la fin avait définitivement renforcé la détermination d’Ibuki. Je m’étais doucement excusé auprès d’Ishizaki, puis retournai en classe avec Horikita.
Moi — Tu savais depuis le début qu’Ibuki n’allait pas accepter, non ? T’es vraiment trop sympa.
Horikita — Je voulais la pousser à faire quelque chose d’imprudent pour la mettre dans de beaux draps.
Horikita n’était pas très honnête avec elle-même, mais ce genre de réponse lui ressemblait beaucoup.