Revoyons-nous un jour
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Traduction : Raitei
Correction : Raitei
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Après cet intense examen de fin d’année, nous étions déjà le samedi 19 mars. À 7h du matin, Ryuuen quitta seul le dortoir et se dirigea aux abords de l’école. En cette heure bien matinale, alors que beaucoup dormaient encore, la température était quelque peu fraîche. En arrivant à destination, il remarqua que la personne qu’il devait rencontrer était déjà arrivée. Dos tourné à Ryuuen, elle semblait tranquillement admirer le paysage. Après l’avoir observée de loin un moment, il fit exprès de rendre ses pas plus bruyants en s’approchant.
Ryuuen — T’es arrivée vite.
Dit-il en prenant soin de ne pas la surprendre. Ils ne s’étaient pas vus depuis leur dernière rencontre décisive. Quelle expression allait-elle montrer en se retournant ? Qu’allait-elle répondre ? Ryuuen ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie, il voulait vraiment savoir. Se retournant lentement, appuyée sur sa canne, Sakayanagi fit face à Ryuuen avec sa confiance habituelle.
Sakayanagi — Malheureusement, mes jambes sont ce qu’elles sont, je dois m’y prendre plus tôt pour faire les choses.
Après avoir expliqué pourquoi elle était arrivée en avance, elle continua.
Sakayanagi — Et puis, sachant que c’est la dernière fois que je peux voir ce paysage, je me sens réticente à m’en séparer.
Ainsi, elle laissait entendre qu’elle était venue se promener un peu plus tôt. Mais celui qui l’avait convoquée était Ryuuen et cette dernière attendait maintenant qu’il commence la conversation, mais il se contenta du silence.
C’était intentionnel, pour qu’elle ne puisse pas lire son expression ou ses gestes, ce qu’il ressentait en cet instant. Ryuuen essayait de voir si aller droit au but était la bonne approche. Elle, sentant sa méfiance accrue, décida de briser un peu la glace.
Sakayanagi — Merci de m’avoir accordé cette période de grâce. J’avais encore des affaires à terminer ce qui nécessitait du temps alors ce délai m’a été très utile.
Le pari stipulait en effet que le perdant devait quitter l’école immédiatement après l’examen. Cela n’aurait pas été étrange que Sakayanagi ait fait ses bagages en même temps que Maezono. Elle avait pu rester uniquement parce qu’elle avait reçu l’autorisation de Ryuuen. Dans ce pari, l’établissement n’avait qu’un rôle de médiateur. C’était un abandon volontaire pour l’un des partis et les élèves avaient le dernier mot. Il n’y avait pas de règles détaillées qui stipulaient le moment du départ. Par conséquent, il avait été convenu qu’elle partirait dans un délai d’un mois et l’école avait accepté cet arrangement.
Ryuuen — Tu crois que je l’ai fait par considération pour toi ?
Sakayanagi — Oh, ce n’était pas le cas ?
Ryuuen — Tu te trompes complètement. C’était juste plus pratique pour moi. C’est mieux d’avoir du temps pour bien graver la réalité de ton expulsion dans l’esprit des élèves de la classe A.
S’il avait laissé Sakayanagi disparaître juste après l’examen, sans contexte, le choc n’aurait pas eu le même impact.
Ryuuen — Oups, la boulette. Tu n’es plus en classe A, hein ?
Il eut un rire surfait et Sakayanagi se contenta de répondre par un sourire.
Sakayanagi — Je vois. Alors je vais retirer mes remerciements.
Voyant son attitude impassible, il ricana et mit les mains dans ses poches.
Sakayanagi — Comme promis, je vais bientôt quitter cette école, mais quel était ton but en me convoquant ici ?
Voyant qu’il n’allait pas au but, Sakayanagi montra qu’elle était bien consciente de la situation, l’encourageant à parler pour lui faciliter la tâche.
Ryuuen — Avant ton départ pathétique, j’aimerais entendre quelque chose de la part d’une perdante comme toi.
Ryuuen la provoqua encore, se montrant sans pitié.
Sakayanagi — Si c’est quelque chose à quoi je peux répondre, volontiers.
Comme si elle était venue ici dans ce but, elle se montra chaleureuse. Malgré tout, lorsque Ryuuen ouvrit la bouche, il la referma tout de suite après.
Mais cette fois, c’était légèrement différent. Contrairement à ses intentions, il ne put immédiatement trouver les mots. Il y avait des choses que Ryuuen voulait demander et qu’il ne pouvait savoir que maintenant. Pourtant, une hésitation surgit. Devait-il chercher à avoir confirmation ?
Malgré ses idées claires sur le sujet, voir Sakayanagi fit vaciller sa détermination. Pour éviter d’afficher son hésitation, Ryuuen commença à marcher et dépassa Sakayanagi. Une fois dos à dos, il s’arrêta de nouveau.
Ryuuen — Malgré ton expulsion déjà décidée, tu sembles toujours la même qu’avant. Tu fais semblant d’être courageuse ?
Sakayanagi — Eh bien, qu’en penses-tu ? Comment me vois-tu ?
Ryuuen — …Hmmff.
Rien n’avait changé. Elle était toujours aussi audacieuse. C’était l’impression franche de Ryuuen. Tant que l’autre partie gardait une telle détermination, Ryuuen ne pouvait plus se permettre d’hésiter. Il y avait des choses qu’il devait demander et transmettre.
Ryuuen — Je ne suis pas satisfait de cet examen.
Les mots furent difficiles à prononcer. Il faisait émerger des sentiments qui n’avaient jamais existé en lui auparavant, les exposant à la lumière du jour.
Sakayanagi — Ah oui ? Pourtant tu as gagné. Je dois partir de l’école.
Ryuuen — Arrête tes conneries ! J’ai admis ma défaite à la fin.
Il reconnaissait avoir été battu peu importe la frustration qu’il ressentait. Il essayait de se faire à son expulsion, mais il n’y arrivait pas.
Ryuuen — Tu ne m’as pas ménagé tout ça pour finir par perdre volontairement. Ça n’aurait jamais dû se finir comme ça.
Ce qu’elle avait pensé être une victoire s’était révélé être une défaite et inversement pour lui. De telles choses arrivaient souvent en compétition.
Ryuuen — Mais cette fois c’est différent. Si c’était entre nous, je l’aurais accepté, mais cette décision a été prise à cause d’un message d’Ayanokôji. Tu t’attends à ce que j’accepte les choses aussi facilement sans me plaindre ?
Sakayanagi — Que tu l’acceptes ou non, c’est comme ça.
Elle restait terre à terre tandis que l’autre essayait de contester comme il peut.
Sakayanagi — Mais je t’ai compris Ryuuen-kun. Ça doit être comme une arête coincée dans ta gorge, car tu ne comprends pas ma décision.
La situation où la défaite était certaine à 99 % avait été renversée. Sans aucun doute, le message d’Ayanokôji que Ryuuen avait reçu en était la raison.
C’est forcément à cause de son message. J’avais ressenti un malaise quand il m’a dit de transmettre ça, mais jamais je n’aurais imaginé qu’un seul message suffirait à complètement renverser la situation.
Ryuuen — Tu pouvais gagner, mais tu as opté pour l’expulsion et ignoré l’intrus qu’était Hashimoto. C’était quoi ce message au juste ?
La seule façon de le découvrir était de confronter Ayanokôji ou Sakayanagi.
Sakayanagi — Eh bien, je trouvais ça intéressant de te laisser cet arrière-goût désagréable en bouche, mais puisque j’ai dit que je répondrais à tes interrogations si je le pouvais alors je vais le faire de ce pas.
Après avoir dit cela, Sakayanagi se remémora ses sentiments pendant l’examen, arborant un sourire teinté d’autodérision. Ryuuen, dos tourné, ne pouvait pas voir son expression. Peut-être avaient-ils tous deux des expressions dont ils ne voulaient pas que l’autre voie.
Sakayanagi — Le message que j’ai reçu de lui, par ton intermédiaire et celui de Hashimoto-kun, concernait l’avenir qu’Ayanokôji-kun envisage.
Ryuuen — …Hein ?
Sakayanagi — Il lui reste encore un an de vie scolaire. Il te voulait, toi, pas moi. Si l’un de nous devait être expulsé et disparaître, il voulait affronter Ryuuen Kakeru, pas Sakayanagi Arisu.
Voilà le message qu’Ayanokôji avait transmis à Sakayanagi.
Ryuuen — Donc tu dis que tu as perdu de ton plein gré, en tenant compte de ses souhaits ? Même si cela signifiait de ne pas écraser Hashimoto ? Impossible !
En entendant ce message, Ryuuen sentit la colère monter avant même de pouvoir être d’accord ou non. Ce n’était pas dirigé contre Ayanokôji, qui était intervenu, mais contre la pensée excessivement naïve de Sakayanagi.
Ryuuen — Si on m’avait donné un tel message, je l’aurais ignoré. J’aurais écrasé Hashimoto et ensuite je serais allé lui régler son compte. Je ne l’aurais pas laissé s’en tirer comme il le souhaitait.
Sakayanagi — Sûrement. Faut dire que tu es plus primaire que tu ne le crois.
Ryuuen — Quoi ?
Sakayanagi — En effet, si ce message avait été transmis directement par Hashimoto-kun, un tiers ou toi, l’issue n’aurait pas été la même.
Tout en se remémorant son interaction avec Hashimoto pendant l’examen spécial de fin d’année, elle continua.
Sakayanagi — Parce que c’était un message caché, j’ai jugé que le comprendre était la meilleure chose à faire.
Ryuuen — Je ne comprends pas. Qu’est-ce que tu veux dire ?
Sakayanagi — Je suppose que c’est quelque chose que seule moi peux comprendre.
Ryuuen fronça les sourcils à cause de la frustration. Sakayanagi, sans se retourner, pouvait imaginer son expression et esquissa un léger sourire.
Sakayanagi — Bien entendu, ça m’a fait un peu mal. Honnêtement, j’ai été clouée au lit pendant une demi-journée après l’examen.
Autrement dit, il lui avait fallu une demi-journée pour s’en remettre. Dans la discussion, Ryuuen s’arrêta à nouveau, toujours dos à Sakayanagi.
Ryuuen — Peut-être que tu es la mieux placée pour affronter Ayanokôji.
Il n’avait pas prévu de faire une remarque le rabaissant, mais elle lui échappa en réponse au raisonnement absurde de Sakayanagi.
Sakayanagi — Je comprends que ce soit frustrant de ne pas avoir gagné de toi-même, mais… Enfin, inutile de s’attarder sur des hypothèses.
Ryuuen, toujours derrière elle, n’était pas satisfait de l’issue du match. Ce qui l’irritait davantage, c’était son incompréhension. Bien plus que Sakayanagi ne l’avait anticipé.
Je pensais que Ryuuen allait se contenter de n’importe quel type de victoire.
C’était là que la lecture de Sakayanagi avait été erronée. Une chose devint claire dans l’esprit de Ryuuen en tout cas :
Ryuuen — Te transmettre le message d’Ayanokôji était une erreur.
Sakayanagi — Fufufu.
Ryuuen — Qu’est-ce qui est si drôle ? Tu t’es autodétruite à cause de ce message. Il est intervenu dans le résultat sans qu’on lui demande. J’aurais dû me battre jusqu’au bout pour moi seul.
Sakayanagi — Et tu aurais perdu face à moi et accepté la défaite ?
Ryuuen — Ne fais pas de suppositions. Si j’avais utilisé les droits de désignation efficacement, j’aurais eu une chance de te vaincre.
Si Ryuuen n’avait pas planifié de transmettre le message, il aurait pu utiliser ce droit comme bon lui semblait. Il s’était battu avec un petit handicap.
Sakayanagi — Je vois. En effet. Mais même si tu avais utilisé ce droit comme il faut, je n’aurais pas perdu.
Elle affirma que c’était une certitude. Peu importait quand Ryuuen aurait utilisé la chose, elle était confiante quant à sa victoire. Cependant, il était clair que cette conversation ne menait nulle part. Personne ne cédait.
Sakayanagi — Tu es dans un état plus instable que tu ne l’imagines. Tu penses pouvoir battre Ayanokôji-kun comme ça ?
Ryuuen — Je le vaincrai. C’est décidé. C’est pourquoi je suis ici.
Sakayanagi — Je vois. Mais tu penses pouvoir gagner en un an ?
Ryuuen — Bien sûr.
Sakayanagi — Vraiment ? En te voyant comme ça, Ayanokôji-kun aurait probablement eu la même impression que moi.
Normalement, n’importe qui aurait été lassé des messages ridicules d’Ayanokôji et les rejetterait. Pourtant, Sakayanagi parlait d’Ayanokôji avec un véritable plaisir. Ryuuen, qui ne connaissait pas tous les détails, comprenait que l’attachement de Sakayanagi était réel. Elle éprouvait des émotions qui transcendaient le simple profit ou la perte.
Ryuuen — Tu es libre de croire aveuglément en Ayanokôji, mais moi, ça ne me plaît pas.
Sakayanagi — Ça ne te plaît pas ? Tu tiens des propos plutôt idéalistes. N’est-ce pas ta philosophie d’utiliser tous les moyens nécessaires pour gagner ? Tu n’as pas pu ignorer le message qu’Ayanokôji-kun voulait m’envoyer, et tu as été manipulé. Ta force était simplement insuffisante. J’ai accepté la défaite en connaissant le contenu du message, et ma force était insuffisante. N’est-ce pas tout ce qu’il y a à dire ?
Ryuuen, qui était sorti vainqueur, acceptait moins la situation que Sakayanagi. Cela irritait encore plus Ryuuen. Il connaissait la vraie raison. C’était parce que ce que disait Sakayanagi était correct.
Sakayanagi — Ne me prends pas pour une sainte. Le cœur des actions d’Ayanokôji-kun est égoïste. S’il faut des pions à jeter alors il les jettera. Je pense que moi et toi sommes similaires dans une certaine mesure Ryuuen-kun et il croit vraiment cela du fond du cœur. Il a beaucoup évolué ici et il a trouvé un but. Pour ça, il est prêt à blesser ou expulser quelqu’un, voire manipuler les victoires et les défaites des autres. Voilà qui est Ayanokôji Kiyotaka. Il utilisera n’importe quoi et n’importe qui si cela sert son objectif. Les sentiments romantiques de quelqu’un, des relations spéciales, tout est utilisé à ses propres fins.
Ayanokôji agissait comme bon lui semblait. Ryuuen lui-même avait mené de telles batailles égoïstes tout au long de sa vie, mais même dans des domaines où il excellait, Ayanokôji le surpassait aisément. Il exécutait ses plans avec une telle perfection et une telle efficacité que cela frustrait Ryuuen.
Ryuuen — Ha… Je suis impressionné que tu sois autant fascinée par un type aussi dingue.
Sakayanagi — Je suis fière des sentiments que j’ai pour Ayanokôji-kun, et ils sont inégalés.
Comme une enfant exhibant un jouet, Sakayanagi dit cela avec un fier sourire.
Sakayanagi — Mais je comprends que tu n’apprécies pas cela.
Les mots adressés à Ryuuen étaient aussi, en partie, un rappel à elle-même. Elle n’avait pas complètement abandonné la possibilité qu’Ayanokôji la considérait comme spéciale. Bien sûr, il avait probablement envisagé un futur où Sakayanagi pouvait gagner. Ayanokôji avait anticipé toutes les possibilités et s’était préparé à toutes les éventualités.
Sakayanagi — En considérant le résultat, il avait même calculé que tu t’interrogerais là-dessus. La seule façon pour son calcul d’être erroné, c’est si tu perds mentalement pied et abandonnes ton esprit combatif à cause de ça.
Sakayanagi sourit à la personne derrière elle, comme pour dire : « Tu n’es pas si faible, n’est-ce pas ? »
Ryuuen — Je…
Sakayanagi — Si tu as perdu tes crocs alors peut-être qu’Ayanokôji-kun devra pour la première fois reconsidérer que c’est moi, et non toi, qui mérite d’être sur le champ de bataille.
Ryuuen répétait intérieurement qu’il ne perdait pas son esprit combatif. Mais le sentiment d’être drainé était un fait indéniable. Sakayanagi, ressentant directement les émotions de Ryuuen, trouva cela sincèrement enviable.
Sakayanagi — C’est vraiment regrettable, n’est-ce pas ? Ne pas pouvoir continuer à observer les actions d’Ayanokôji-kun au premier rang.
Ryuuen — Alors, tu ne devrais pas me supplier ici de te laisser rester, même si cela signifie me supplier à genoux ?
En réalité, l’expulsion de Sakayanagi n’avait pas encore été mise en œuvre.
Sakayanagi — Malheureusement, je n’ai pas cette intention. J’ai déjà fait mes bagages. En plus, je pense que cet incident a été une bonne leçon pour moi. Cela a élargi mes perspectives.
Contrairement à un Ryuuen troublé, Sakayanagi était prête à aller de l’avant.
Ryuuen — Dommage. Si tu t’étais excusée en frottant ton front contre le sol, j’aurais peut-être pu négocier avec l’école pour annuler le pari.
Sakayanagi — Voyons, ne faisons pas de gestes si disgracieux.
Sa résolution était ferme et inébranlable. C’était un fait certain.
Sakayanagi — Mais c’est inattendu. Vu comment tu m’as provoqué lors de notre rencontre, je pensais que tu serais heureux de ce résultat…
Sakayanagi esquissa un léger sourire teinté de regret.
Ryuuen — Cet examen spécial de fin d’année était différent.
Ryuuen avait l’intention de vaincre Sakayanagi à la loyale du début à la fin. Et parce qu’il était sûr de pouvoir la battre, il avait une confiance inébranlable. Mais dans ce combat équitable, Sakayanagi avait surpassé Ryuuen. Mais plus que la frustration, il était satisfait d’avoir combattu comme ça.
Ryuuen — Que dois-je en penser ? C’est une nouvelle sensation pour moi. Une victoire est une victoire. Je devrais être content, oui. C’est toujours comme ça que j’ai fonctionné, mais… des doutes émergent.
Il aurait été facile de le rejeter ici puisqu’ils n’étaient pas alliés. C’est ce qu’il aurait naturellement fait. Mais Sakayanagi voulait sincèrement le soutenir.
Sakayanagi — Je vais te donner un conseil. Si tu n’es pas disposé à accepter la réalité de ta victoire, il vaudrait mieux que tu quittes l’école.
Ryuuen — Ah…?
Sakayanagi — Si tu veux perdre contre moi alors fais-le maintenant. Si tu choisis de partir avant moi, ce serait sans aucun doute une défaite.
Elle fit comprendre que la défaite était facile à obtenir. Ryuuen se retourna et fixa Sakayanagi du regard. Elle finit par lui sourire.
Sakayanagi — Fufu, eh bien, c’étaient mes sentiments honnêtes, mais j’admets que c’était dit de manière assez mesquine.
En disant cela, Sakayanagi, en guide, montra le chemin à un Ryuuen perdu.
Sakayanagi — Combattre contre Ayanokôji-kun signifie affronter tes contradictions intérieures actuelles. On ne peut pas le jauger simplement. Sans transformer tes contradictions en armes, tu ne pourras pas lui tenir tête. Même moi, j’ai senti que je l’avais mal évalué.
Elle qui avait observé et pensé à Ayanokôji plus que quiconque pesait ses mots.
Sakayanagi — Certes, tu peux quitter l’école maintenant. Perdre est toujours une option. Mais tu as gagné. Par conséquent, tu as encore le droit de continuer à te battre. Renoncer facilement à cela serait insensé.
Il n’avait aucune intention d’abandonner. Il avait simplement été ébranlé. Ryuuen, plus avide de victoire que quiconque, ne ferait jamais un tel choix.
Sakayanagi — Tu n’as pas d’autre choix que de continuer à te battre obstinément, à t’accrocher. Il y a des choses que l’on ne peut obtenir que dans l’action. Ce sera sûrement bénéfique pour toi, mais je ne peux pas garantir que ce qui t’attend à la fin soit de l’espoir.
À ce stade, Ryuuen était loin de pouvoir rivaliser avec Ayanokôji. Peu importe comment on voyait les choses, cette réalité ne changerait pas.
Sakayanagi — Pendant ta lutte, j’ai l’intention d’attendre avec anticipation le jour où je pourrai avoir un nouveau duel avec lui.
Ryuuen — Même s’il te juge inutile, tu continueras à le poursuivre ?
Sakayanagi — Bien sûr. Je pars, mais mes sentiments n’ont pas changé. Je me répète à ce stade, mais Ayanokôji-kun est spécial pour moi.
Après un bref silence, Sakayanagi ricana doucement.
Sakayanagi — Même affaibli, il semble que ton esprit ne soit pas mort.
Ryuuen — J’ai déjà ressenti des humiliations similaires dans cette école. Peut-être que ces expériences ont été utiles.
L’on pouvait même se dire que c’était Ayanokôji qui l’avait mené jusque-là.
Sakayanagi — Laisse-moi te donner mon meilleur conseil. Sache que tu ne peux pas le vaincre seul.
Ryuuen — C’est ça ton meilleur conseil ? Ne me fais pas rire.

Sakayanagi — Tu dois être bien conscient de la hauteur du mur qu’est Ayanokôji-kun. Tu as évolué au cours de ces deux années, mais tu ne peux pas le surmonter comme ça, en usant de violence ou non. Pour lui, c’est un jeu d’enfant, il peut te battre sur ton terrain sans hésitation.
Ryuuen — Alors, qu’est-ce que je dois faire ?
Sakayanagi — Change ta façon de penser, sois plus flexible. Il est presque impossible de vaincre Ayanokôji Kiyotaka-kun vu sa perfection. Que tu l’attaques de front ou avec la ruse, rien ne marchera. C’est pourquoi, donne-moi l’occasion de t’aider à créer une faiblesse.
Ryuuen — Tu comptes vraiment faire ça pour moi ?
Sakayanagi — Oui. Cela pourrait t’aider un jour. C’est justement parce qu’il est si brillant que des faiblesses peuvent apparaître.
Ce conseil était donné parce que Sakayanagi, à sa manière, voulait se venger d’Ayanokôji pour avoir été cruel avec elle. Avec un message que seul un génie comme elle pouvait décoder, elle était convaincue qu’elle pouvait manipuler les pensées d’Ayanokôji. Il était sur le point de laisser échapper des sentiments ridicules, comme « C’est elle qui aurait dû rester… ». Les mots étaient dans sa gorge, mais cette fois, il les ravala de force.
Sakayanagi — Cela pourrait être une bonne chose de continuer à errer un moment. Si tu n’abandonnes pas, un chemin s’ouvrira.
Ryuuen — Ne parle pas comme si tu pouvais lire dans l’esprit des autres. Tu es Ayanokôji ou quoi ?
Sakayanagi — C’est le plus grand compliment, je suppose.
Après avoir répondu, Sakayanagi tapa légèrement le sol avec sa canne.
Sakayanagi — Est-ce bientôt l’heure ? J’ai un autre rendez-vous après.
Ryuuen réalisa qu’ils avaient parlé pendant un long moment. C’était probablement la dernière conversation qu’il aurait avec Sakayanagi.
Ryuuen — Que feras-tu après avoir quitté cet endroit ?
Sakayanagi — On m’a donné le nom de l’école où Masumi-san a été transférée. Je compte lui rendre visite d’abord pour m’excuser.
Ryuuen — Elle sera surprise de te voir débarquer.
Sakayanagi — Eh bien… la connaissant, la première chose qu’elle fera sera probablement de soupirer.
En disant cela, Sakayanagi commença à marcher.
Sakayanagi — Revoyons-nous un jour. D’ici là, évite une expulsion indigne.
Sakayanagi avait toujours été en opposition avec Ryuuen. En vérité, il avait toujours été comme ça avec tout le monde. Mais maintenant, il était submergé par un sentiment de perte indescriptible. Après avoir reconnu Sakayanagi à la suite de l’examen spécial de fin d’année, quelque chose avait changé de manière significative. Un rival, s’il osait la considérer ainsi, il avait perdu un tel adversaire. Désormais, Ryuuen devait affronter Ayanokôji seul. Il ne regarda pas en arrière jusqu’à ce que la présence de Sakayanagi disparaisse. Cependant, bientôt, une nouvelle question surgit.
Ryuuen — Hein ?
Naturellement, il se retourna, mais Sakayanagi était déjà partie.
Ryuuen — Nous retrouver ? Il n’y aura pas de prochaine fois, pas vrai ? Tu trouves juste des excuses, hein ?
Il n’y avait aucun intérêt à penser à quelqu’un qui partait alors il rejeta la chose. Ryuuen, pour sa part, devait d’abord se concentrer sur les défis qui l’attendaient en terminale. Maintenant que Sakayanagi était partie, il n’avait d’autre choix que de se concentrer sur son combat contre Ayanokôji, qu’il le veuille ou non. Il était revenu sur le devant de la scène avec une augmentation significative de points de classe. Mais cela ne valait rien. Il ne pouvait pas ouvrir le chemin vers la Classe A sans vaincre Ayanokôji. Ses doutes n’avaient pas complètement disparu, mais le brouillard s’éclaircissait. Tout en ressentant une légère gratitude envers cette petite déesse impitoyable, il accepta le fait qu’il ne pouvait pas rivaliser avec elle pour le moment. Mais c’était juste provisoire pour lui, car il comptait changer la donne l’an prochain.
Ryuuen — Un an. Juste un an, hein ? Hah… Allez, je t’attends !
Pour Ryuuen Kakeru, l’année la plus importante de sa vie allait commencer.