CLASSROOM Y2 V12,5 : CHAPITRE 1

Comparer les réponses de chacun

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Traduction : Raitei
Correction : Raitei
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Le 14 mars. Le crépuscule tombait juste après la fin de l’examen spécial de fin d’année. Les représentants retournèrent dans leurs salles respectives, toujours incapables de se remettre de leur émotion. Ou plutôt, c’étaient peut-être les participants qui se sentaient encore plus troublés que les représentants. Ils avaient dû commencer par comprendre toute la portée de l’examen, ce qui s’était passé dans les coulisses et comment tout cela avait été résolu.

Il ne suffisait pas de savoir qui avait gagné ou perdu. Ils devaient avant tout avoir la vue d’ensemble. Sur le chemin vers la salle où les participants attendaient, Horikita et Yôsuke allaient avoir de nombreuses questions concernant la confrontation entre Ichinose et moi. Cependant, peut-être parce que Chabashira-sensei était présente, ils restèrent silencieux tout le trajet.

Mlle Chabashira — À titre de clarification, cet examen spécial était assez unique comparé aux années précédentes. Une condition importante était que les informations données entre les représentants et les participants soient différentes. La seule compréhension commune concernait la victoire ou la défaite de la classe, ainsi que l’existence d’éventuelles expulsions. Je ne m’attarderais pas là-dessus une fois en classe.

Horikita — Et les règles données aux représentants… Est-il permis de les expliquer aux participants afin de dissiper tout malentendu ?

Mlle Chabashira — Bien sûr. Vous faites ce que vous voulez à ce niveau. Il est temps de rentrer alors tu feras ce que tu as à faire.

Dit-elle en se retournant vers nous avant de toucher la porte de la salle.

Horikita — Oui. Les représentants ne connaissent pas les détails de nos duels et nous pensons qu’il est nécessaire de partager les informations.

Les représentants ne savaient pas quelles actions chacun avait entreprises. Malgré cela, ils voulaient surtout avoir les détails de la confrontation entre Ichinose et moi. La seule chose qu’ils savaient, c’était qu’Ichinose avait été vaincue et que Maezono avait été expulsée.

Horikita — Ayanokôji-kun, tu auras du temps pour nous, n’est-ce pas ?

Moi — Bien sûr. Je n’ai jamais eu l’intention de garder le suspens.

Satisfaite par cette affirmation, Horikita hocha la tête, et Yôsuke fit de même. L’enseignante et les trois représentants retournèrent en classe. Les participants qui nous accueillirent lancèrent rapidement des regards curieux et disparates dans notre direction. Quand Chabashira-sensei rendit les téléphones confisqués aux élèves, je parcourus rapidement les messages reçus en allumant mon téléphone. Ensuite, je le remis dans ma poche.

Mlle Chabashira — L’examen spécial de fin d’année s’est soldé par votre victoire. Avec cela, la 1ère B a obtenu un nombre significatif de points de classe. Dès le mois prochain, en terminale, vous serez promus en classe A pour la première fois. Cependant, la situation a également conduit à l’expulsion de Maezono. Il m’est difficile de vous féliciter directement dans cette situation. Mais malgré tout, je tiens à saluer vos efforts.

Dans une situation où il était inapproprié de se réjouir sans retenue, elle loua les efforts des élèves. Cependant, la joie parmi les camarades de classe était minime. La réalité de leur victoire était encore floue et Maezono avait été expulsée. Se réjouir excessivement maintenant n’aurait fait qu’attirer les reproches. Tout le monde était impatient de connaître les détails.

Sudou — Maezono a vraiment été expulsée ?

Parmi tous les élèves hésitants, ce fut Sudou qui osa ouvrir le bal.

Mlle Chabashira — C’est à moitié vrai. En effet, Maezono est en train de finaliser son expulsion en salle des professeurs sauf si vous pouvez réunir les points privés nécessaires dès maintenant pour la sauver.

Elle devait connaître le nombre total de points privés de la classe. Sachant qu’il ne devait pas y avoir 20 millions, le sauvetage n’était pas une option viable. Entretenir un faible espoir pour Maezono aurait été cruel. En réalité, même si nous avions tenté un tour de force, il aurait été trop tard. Il n’y avait plus qu’à accepter son expulsion en silence.

Wang — Est-ce que j’aurais encore le temps de la voir ?

Mii-chan fut anxieuse. Maezono avait un caractère bien trempé, tout le contraire de Mii-chan

C’était un duo improbable s’entendant étrangement bien. En effet, elles passaient beaucoup de temps ensemble. Il était naturel qu’elle ne puisse pas accepter ce départ soudain.

Mlle Chabashira — Je me le demande bien. Pas tout de suite en tout cas. Elle vient tout juste d’apprendre son expulsion et elle est profondément bouleversée. Si elle ne retrouve pas ses esprits, ce sera compliqué.

À la mention de son état, les élèves échangèrent des regards troublés.

Mlle Chabashira — Je comprends votre curiosité, mais je n’ai pas le droit de parler des détails. Si vous avez des questions, il serait bon de les poser entre vous plus tard. C’est tout pour moi.

Elle mit rapidement fin à la conversation, tenant compte de la situation à venir.

Horikita — Est-ce que tout le monde peut rester encore un moment ?

Nishimura — Tu vas nous parler de l’expulsion de Maezono-san ?

Horikita — Oui. Je me suis dit qu’il ne fallait pas vous laisser dans le brouillard. Vaut mieux en finir maintenant, mais je ne peux pas le faire seule. Est-ce que je peux compter sur votre coopération à tous ?

L’exclusion de Maezono, le prix de la victoire. Une bataille floue, dont les détails restaient inconnus. Il n’aurait pas été surprenant que Kôenji se lève pour partir, mais il restait toujours là. Il se contenta de déplacer son regard pour évaluer la situation, fixant son reflet dans un miroir de poche. On dirait qu’il n’était pas complètement désintéressé par les détails de l’examen, ou peut-être qu’il n’avait rien écoute jusque-là, absorbé par son reflet dans le miroir. Quoi qu’il en soit, il semblait certain qu’il allait rester un moment.

Horikita — Commençons par clarifier le plus important.

Horikita avait pour objectif de réduire les écarts de compréhension entre les représentants et les participants. Ce que chacun savait et ignorait, les règles pour déterminer la victoire, etc. Yôsuke transmit honnêtement que sa manière de faire n’avait pas bien fonctionné et Horikita exprima que tout s’était déroulé sans accroc jusqu’à sa défaite cuisante contre le général adverse, Ichinose. Maintenant, l’attention de tous commença à se concentrer sur ce qui s’était passé ensuite, car moi, général, j’avais complètement neutralisé Ichinose.

Pourtant, Horikita l’avait qualifiée d’adversaire redoutable. Qui plus est, le processus avait conduit à l’expulsion de Maezono, mais les représentants comme Horikita et Yôsuke ne connaissaient pas non plus les circonstances.

Horikita — Il y avait certainement un risque d’expulsion pour l’intrus, mais si les règles avaient bien été comprises, le risque aurait été nul. Je pensais que Maezono-san et Ayanokôji-kun avaient bien compris cela.

À l’évocation de mon nom, la plupart de mes camarades tournèrent leur regard vers moi. Je n’eus d’autre choix que de me lever et de m’avancer. Chabashira-sensei aurait pu partir, mais elle voulait observer la discussion.

Moi — Tout d’abord, je tiens à m’excuser pour l’expulsion soudaine d’une camarade.

Je dis cela en m’inclinant pour m’excuser. Comme d’habitude, il était important de mener la discussion de manière ordonnée.

Moi — Le rôle d’intrus comportait des risques et des gains. Si l’intrus était identifié, il était expulsé, mais s’il ne l’était pas, il pouvait recevoir 5M de pp ou 50 pc. Peu importait ce que Maezono avait l’intention de choisir, n’importe qui aurait envisagé de prendre la récompense au moins une fois. Cependant, en raison de la nature du rôle d’intrus, plus il restait en jeu et plus il finissait par divulguer les rôles à la classe adverse. Par conséquent, le trouver vite était la meilleure chose à faire.

C’était la première chose à laquelle des représentants comme Horikita et Yôsuke auraient pensé. Et puis les participants se seraient dévoilés facilement.

Moi — Horikita, en tant que représentante, tu peux certifier qu’Ichinose était une adversaire redoutable, n’est-ce pas ?

Horikita — …Oui, elle était forte. Je n’imaginais aucun moyen de gagner.

Après avoir obtenu confirmation, je hochai la tête.

Moi — Idem. Avant le duel, je pensais pouvoir m’en sortir, mais dès que l’examen avait commencé, je n’ai vu aucune issue. C’était l’examen parfait pour Ichinose, car elle connaissait ses amis comme ses adversaires. Elle avait le discernement nécessaire pour voir qui mentait ou non.

Horikita hocha la tête, les yeux fermés, se remémorant sûrement le duel.

Moi — Il n’y avait aucun moyen de gagner à la loyale. Mais en tant que général, je devais trouver un moyen de gagner. Après avoir réfléchi dans la hâte au vu du temps imparti, je n’ai pu trouver qu’un seul moyen.

Je marquai une pause ici, laissant tout le monde digérer mes paroles.

Moi — La méthode pour gagner était d’expulser l’intrus dès le début.

Naturellement, en entendant cela, tout le monde fut figé dans sa réflexion. Je pouvais voir la confusion dans leur regard avec des « Comment ça » ?

Horikita — Faire expulser Maezono allait nous faire gagner ?

Elle, qui se tenait à mes côtés, posa la question que tout le monde pensait.

Moi — Je ne peux pas battre Ichinose dans un combat direct. Pour vaincre un tel adversaire, le seul moyen est une attaque-surprise. Je me suis approché d’Ichinose tôt dans la partie pour négocier, lui proposant que nous utilisions tous les deux nos droits de désignation. Si les deux camps perdent ce droit, aucun handicap n’est créé, et personne n’est expulsé. Pour Ichinose et sa vision des choses, c’était du pain béni.

Elle détestait plus que quiconque sacrifier des camarades. Pour être précis, elle n’acceptait pas l’expulsion de qui que ce soit. C’était quelque chose que tout le monde avait ressenti au cours des deux dernières années.

Moi — Mon objectif était d’impliquer Ichinose dans l’expulsion. C’était la seule méthode à laquelle j’ai pu penser.

À ce moment-là, la classe devint momentanément bruyante. Ceux qui comprenaient l’explication, ceux qui ne la comprenaient pas, et ceux qui étaient un peu dans les deux cas. Seule Chabashira-sensei, qui observait objectivement, resta calme.

Horikita — Utiliser les droits de désignation de l’intrus des deux côtés… En effet, ce serait facile à établir avec Ichinose-san, et cela l’impliquerait indirectement dans l’expulsion de Maezono-san. C’était donc ton but.

En tant que représentante, Horikita imagina naturellement le scénario plus rapidement que les participants.

Moi — Face à cette réalité, Ichinose fut très troublée. Avec ce fort sentiment de culpabilité, elle ne pouvait plus se donner à fond. Sa concentration avait fortement diminué.

Hirata — Attends une minute, s’il te plaît.

Yôsuke, incapable de se contenir, se leva brusquement.

Hirata — En tant que représentant, je n’ai certes pas été utile, et je comprends que je n’ai pas le droit de me plaindre. Mais malgré tout, ça valait le coup de sacrifier une camarade ? Même si expulser Maezono signifiait une chance de victoire à 100 %, je ne peux pas simplement être d’accord avec ça. Et si nous avions perdu ? Cette possibilité, tu l’as envisagée au moins ? Peu importe le représentant, je pense que cette méthode frôle les limites de ce qui est acceptable.

Ichihashi — En effet. Je conçois qu’Ichinose-san soit troublée, mais cela ne garantit pas du tout la victoire, n’est-ce pas ?

Certains élèves comme Ichihashi semblaient d’accord.

Moi — Il est vrai qu’avec du recul c’est tout ce qu’il y a à dire. Mais c’était soit une lutte vaine avec 100% de chance de perdre, soit une victoire potentielle. En pesant le pour et le contre en tant que général, j’ai choisi la deuxième option. Je pensais qu’une défaite ici pouvait être fatale. Si la classe A avait gagné et que notre classe avait perdu, l’écart en points aurait été de 300 pc. Il n’y a aucune garantie que nous aurions pu réduire l’écart l’an prochain. Ça vaut pour n’importe quel examen, mais surtout celui-ci. On ne pouvait pas se permettre de perdre.

Malgré quelques manipulations dans le raisonnement, le déroulement ayant conduit à l’expulsion de Maezono était réel. Perdre sans sacrifice, ou viser la victoire avec un sacrifice, fondamentalement, il était impossible pour quiconque de fournir une réponse parfaite. Mais perdre ici signifiait clairement rater une opportunité importante pour rester en lice dans la course.

Moi — Je n’essaie pas de me justifier, mais cela ne me dérangerait pas de faire un vote ici. Je crois que la plupart d’entre nous ne diraient pas qu’il aurait été mieux de perdre l’examen que de sacrifier Maezono.

La classe sombra dans le silence. Les élèves se regardaient ou détournaient les yeux. Il était évident qu’ils ne voulaient pas voter. Très probablement, Horikita n’allait pas proposer la chose non plus. Cela ne ferait que causer de la douleur à tout le monde. La réponse était déjà comprise. Aussi douloureux que cela puisse être, le fait que cette classe ait gagné était plus impactant.

Un monde où Sakayanagi gagnait et Horikita perdait était le scénario qu’il aurait fallu éviter et personne ne pouvait ignorer ce calcul. Et puis, ce n’étaient pas comme s’ils avaient été sacrifiés. Nier la chose aurait nécessité de repenser le sacrifice de Maezono.

Hirata — Ce n’est pas un peu trop présomptueux de ta part ? Ce n’était pas à toi seul de décider. Même un représentant n’a pas le droit de décider du sacrifice de quelqu’un.

De tels étudiants comme Yôsuke, capables de protéger les autres plus qu’eux-mêmes, existaient. Mais ces objections étaient à prévoir.

Moi — C’est vrai. Mais vu que je ne pouvais consulter personne, je n’avais pas d’autre choix que de décider seul. Certes, je ne pense pas pareil que toi, mais on m’a confié le destin de la classe. J’ai considéré que la priorité absolue était d’apporter la victoire.

Je confrontai l’objection de Yôsuke directement avec mon opinion.

Hirata — Mais… Quand je pense que Maezono a été choisie au hasard…

Moi — Justement, il y avait une raison bien précise pour que ce soit elle.

Avant de me faire couper par diverses indignations, je continuai.

Moi — Si j’avais choisi quelqu’un de mon propre chef, je peux comprendre les conséquences. Mais ce n’était pas gratuit.

Horikita — Tu prétends que ton choix était justifié ?

Essayant de rester calme, Horikita comprit ce que je voulais exprimer.

Moi — La raison pour laquelle Maezono a été choisie c’est parce qu’elle a fait fuiter que j’aurais le rôle de général, une information cruciale.

Ichihashi — Il me semble que Horikita-san avait bien dit à tout le monde de garder ça secret, non ? Que personne ne devait le savoir.

Ichihashi se rappela de cette consigne.

Moi — Oui. À l’origine, j’avais demandé à Horikita de garder ça secret. Une des raisons pour lesquelles j’ai assumé ce rôle de général était de miser sur un effet de surprise. Tout le monde s’attendait à voir Horikita à ce rôle alors je voulais faire en sorte que nos adversaires soupçonnent des choses qui n’existent pas afin de les embrouiller. En conséquence, cela aurait pu déstabiliser Ichinose et ses camarades. Si ce plan avait fonctionné, nous aurions peut-être pu gagner sans expulser personne. Cependant, la veille de l’examen, les élèves de la classe d’Ichinose savaient déjà que je participais en tant que général.

Ichihashi — Donc, l’information a vite fuité. Et c’était Maezono ?

Moi — Oui. J’avais demandé à ce que ça ne fuite sous aucun prétexte, car c’était une information liée à ma stratégie qui allait affecter directement le résultat. J’ai commencé à enquêter après avoir découvert que cela avait fuité dans d’autres classes.

À ce moment, Sudou, peut-être en proie à quelques doutes, leva la main tout en restant assis et commença à parler.

Sudou — Y’a des preuves que Maezono a divulgué l’info ? Si c’est le cas, où ? Comment elle a fait pour se faire avoir aussi facilement ?

Suivant correctement la discussion, Sudou posa une question légitime.

Moi — Pour expliquer ça, je dois d’abord parler de la raison pour laquelle Maezono a divulgué l’information en premier lieu. Bien sûr, il est difficile d’imaginer qu’elle fasse fuiter des infos comme ça.

Les élèves, à commencer par Sudou, hochèrent la tête en écoutant.

Moi — Qui ici sait que Maezono et Hashimoto sortent ensemble ?

Je passai les explications détaillées pour poser directement cette question. La plupart des élèves se regardèrent, surpris, ce qui montra clairement que la majorité n’était pas au courant. Cependant, comme prévu, certains possédaient cette information. Immédiatement, Kushida et Matsushita levèrent la main. Ensuite, avec une certaine hésitation, Mii-chan fit de même. Cela faisait un total de trois personnes.

Moi — Hashimoto est bien connu pour accorder une grande importance à la collecte d’informations, y compris dans sa propre classe. Il utilisait intentionnellement sa relation avec Maezono pour ça.

Sudou — Donc, elle a fait ça parce que son copain le lui a demandé ?

Moi — Il semblerait qu’elle se fasse exploiter depuis le début, oui.

Si Maezono et ceux proches d’elle savaient cela, la pilule aurait été dure à avaler. Pour rendre mon point plus convaincant, je me tournai vers Sudou.

Moi — Sudou, est-ce que Maezono t’a déjà réuni avec d’autres pour parler de moi ?

Je posai la question, et il pencha la tête comme s’il ne s’en souvenait pas immédiatement. Cependant, en mentionnant les noms de plusieurs participants et la période, il sembla peu à peu se rappeler.

Sudou — Ah, ouais, t’as raison. Tu sais plein de choses, hein ?

Bien que je ne connaisse pas directement la scène ou les conversations, si le sujet principal portait sur moi, il n’était pas étrange qu’ils aient décidé de garder cela secret. Ce fut donc surprenant que j’aie pu obtenir ces détails.

Moi — Cette réunion n’était pas seulement une idée de Maezono. Elle a été orchestrée sous les instructions de Hashimoto en coulisses.

Sudou, repensant aux événements passés, resta sans voix. Ike, visiblement confus, intervint.

Ike — Hé, comment tu sais ça, Ayanokôji ? C’était censé être un secret…

Je savais bien que ce sujet soulèverait de telles questions. À ce stade, il serait idéal qu’elle prenne l’initiative de parler plutôt que de laisser les autres entendre cela de ma bouche.

Matsushita — Je lui ai dit. Ce que dit Ayanokôji-kun est vrai.

Matsushita, qui avait été présente lors de la réunion, leva la main et s’identifia avec assurance comme témoin. Son évaluation de la situation était précise, et son timing irréprochable. Bien que plus de la moitié de la classe n’était pas encore totalement convaincue, cela suffisait à empêcher les objections sur l’expulsion de Maezono. Il n’était pas nécessaire de convaincre tous les élèves. Convaincre une partie tout en laissant planer un certain doute chez les autres était bien suffisant.

Sudou — Bon, ok, je suis convaincu. Mais je peux dire un truc ?

Tout en exprimant son accord, Sudou semblait encore quelque peu perplexe.

Sudou — Je comprends que tu as fait tout ce que tu pouvais pour que la classe gagne. La stratégie du début a échoué à cause de la fuite de Maezono et Ichinose était plus forte que prévu alors tu n’avais pas le choix. Mais est-ce que l’expulsion de Maezono était vraiment la seule option ? Je pensais que toi, Ayanokôji, tu aurais trouvé un moyen de gagner sans sacrifier personne.

Voyant l’occasion, l’élève à côté de moi prit la parole avant que je ne puisse répondre. Je pensais à délibérément rester vague, mais bon.

Horikita — Ayanokôji-kun est certainement assez compétent pour qu’on lui confie le rôle de général. Mais, elle était vraiment très forte. Je peux le garantir, pour avoir combattu directement contre elle. Je ne pouvais vraiment pas lui tenir tête. J’ai réalisé tout de suite que je ne pouvais pas gagner. Lors du changement, j’étais convaincu qu’Ayanokôji-kun aussi allait perdre. J’ai été forcée d’accepter la défaite au point de ne même plus croire en la victoire d’un camarade.

En tant que leader, Horikita avait affronté l’examen avec une détermination extraordinaire. La pression qu’elle avait ressentie suffisait à donner du crédit à ses paroles sans qu’il soit nécessaire d’entrer dans les détails.

— Je vois… Ichinose était si forte que ça…

En temps normal, personne n’imaginait une Ichinose intimidante. L’intervention honnête de Horikita convainquit de nombreux camarades de classe.

Horikita — Puis-je dire quelque chose ? Ayant été témoin de sa force directement, je suis arrivée à la conclusion que je ne peux pas blâmer Ayanokôji-kun pour sa décision. Non, en regardant la vue d’ensemble, je pense maintenant que c’était le seul et le meilleur choix qu’il pouvait faire. C’était nécessaire pour que notre classe gagne.

Une réponse en tant que leader. Bien sûr, elle ne pouvait pas simplement être heureuse. Son rôle était de faire tout ce qui était possible pour éviter les expulsions. Mais elle acceptait les mesures nécessaires, bien qu’à contrecœur. Non, elle n’avait pas d’autre choix que d’accepter. Rien de ce qui était dit ici ne pouvait ramener Maezono. Il était inutile de regarder en arrière.

Sudou — …Compris. Si notre leader le dit alors je suis. Après tout, Ayanokôji s’est battu avec la détermination d’être détesté par ses camarades pour le bien de la classe.

Sudou hocha la tête avant de se rassoir sur sa chaise. La question inattendue de Sudou et la réponse de Horikita… La situation avait-elle évolué comme prévu ? À moitié ? Non, la grande majorité avait accepté contre toute attente et les critiques ne continuèrent pas. Je pensais à la nécessité de raviver la discussion, mais un élève engagea la discussion avec une petite voix.

Azuma — Mais, vous savez, trois personnes ont été expulsées de notre classe, non ? Yamauchi-kun, Sakura-san, et maintenant Maezono-san… Toutes avaient un lien avec Ayanokôji-kun… n’est-ce pas ?

Matsushita — Que veux-tu dire par là ?

Bien que sur un ton doux, Matsushita l’interrogea

Azuma — Eh bien… C’est pas un peu louche ?

Bien qu’hésitante, son insinuation stipulait qu’il y avait trop de coïncidences.

Sudou — Tu insinues qu’il provoque volontairement des expulsions ?

Déclarant qu’il défendait Ayanokôji, Sudou répliqua rapidement.

Azuma — Je n’irais pas jusque-là. Mais on ne deviendra pas les prochaines victimes, n’est-ce pas ?

Mori — Eh bien, je comprends ce qu’Azuma-san veut dire. Ça me met un peu mal à l’aise aussi…

Mori sembla également nourrir des doutes, appuyant Azuma. Bien que j’aurais préféré entendre quelques opinions contraires, les raisons évoquées n’avaient aucune fondation solide.

Kushida — Je ne sais pas si j’ai le droit, mais je peux intervenir ?

Avec une posture ni angélique ni démoniaque, Kushida prit la parole.

Kushida — Azuma-san et les autres pensent peut-être qu’Ayanokôji-kun provoque intentionnellement des expulsions, mais je ne pense pas que ce soit le cas. Par exemple, la raison pour laquelle Sakura-san a été expulsée était à l’origine liée à mes différends avec Horikita-san, et c’était juste parce que j’ai attaqué la classe que cela a mené à une expulsion. Si tout le monde avait été unanime, personne n’aurait été expulsé. Si Ayanokôji-kun n’avait pas agi, nous n’aurions pas réussi l’examen, et nos points de classe auraient été perdus. Autrement dit, il a simplement pris le rôle que personne d’autre ne voulait. C’est la même chose pour la trahison de Yamauchi-kun, et d’après ce que j’ai entendu, il y avait aussi des problèmes avec Maezono-san. Donc, dans une situation où nous ne pouvions pas gagner sans sacrifier quelqu’un, il a pris les devants pour minimiser les dégâts. On devrait plutôt voir ça avec le bon soupçon, n’est-ce pas ?

Kushida expliqua également à Azuma et aux autres que toutes ces mesures étaient nécessaires pour sauver la classe. Avec le soutien de Kushida et Matsushita, Azuma et son groupe baissèrent leurs mains levées à contrecœur. À ce moment, un élève qui avait reculé sa chaise se leva et se dirigea vers la porte de la classe.

Sudou — Où tu vas, Kôenji ?

Sudou, remarquant rapidement l’anomalie, interrogea Kôenji.

Kôenji — Où ? Je pensais rentrer chez moi maintenant.

Sudou — La discussion n’est pas encore terminée.

Kôenji — Je tuais simplement le temps jusqu’à mon rendez-vous. Je ne veux pas être en retard à mon rendez-vous, alors je vais vous laisser.

Kôenji, qui avait bien contrôlé son apparence dans le miroir et utilisé son téléphone, n’attendait clairement pas l’issue de la discussion. Il agissait selon sa convenance. Puisque Chabashira-sensei avait déjà conclu cette vie de classe, il n’y avait aucun problème à ce qu’il parte.

Sudou — Comme d’habitude, tu fais ce que tu veux. Tu sais que c’est une discussion importante, non ?

Kôenji — Importante ? Je ne vois rien d’important là-dedans.

Disant cela, Kôenji balaya légèrement les paroles de Sudou et quitta la classe. L’atmosphère de la classe était quelque peu lourde. Chabashira-sensei peut-être jugeant que c’était le bon moment, retourna au bureau.

Mlle Chabashira — Kôenji n’est plus là, alors peut-être devrions-nous simplement nous disperser pour l’instant.

Elle semblait penser qu’il était temps d’interrompre la discussion.

Hirata — Je suis d’accord. Si personne n’insiste pour continuer, arrêtons-nous là.

Avec un air sérieux, Yôsuke se retrouva pensif et ne formula aucune objection.

Les points de classe après l’examen

1ère A de Horikita : 1233 points

1ère B de Sakayanagi : 1093 points

1ère C de Ryuuen : 1040~1090 points

1ère D d’Ichinose : 714 points

La classe de Horikita avait légèrement pris la tête, entrant ainsi en A. Ryuuen était proche de Sakayanagi et seule la classe d’Ichinose était nettement distancée. Puisque Sakayanagi allait finir expulsée, il était presque certain que sa classe allait recevoir une pénalité. Au cours des deux dernières années, aucun élève n’avait choisi de se retirer volontairement, donc les conséquences exactes restaient incertaines. Cependant, des recherches récentes sur des cas passés révélaient qu’une pénalité de 300 points de classe avait été imposée, comme on s’y attendait initialement. Ainsi, la classe de Sakayanagi chuterait à 793 points et passerait probablement à la troisième place. Il y avait donc une forte probabilité de voir un système se former avec deux classes fortes et deux classes faibles. Avec les vacances de printemps qui approchent, il va y avoir plus de mouvements que prévu.

1

Après les cours, tous les élèves avaient quitté la salle. Kei semblait vouloir rentrer avec moi, mais lorsque je lui ai dit qu’il valait mieux qu’elle rentre avec Satô et son groupe, elle se ravisa rapidement, comprenant la situation.

La cause de l’expulsion de Maezono reposait uniquement sur moi, et immédiatement après une expulsion, être perçu comme un couple n’aurait fait qu’aggraver la réputation de Kei. Pour éviter cela, il était plus sûr de rentrer seul aujourd’hui.

Horikita et Yôsuke connaissaient mieux que quiconque les détails de la situation, et ils auraient sûrement voulu m’interroger davantage. Pourtant, ils comprirent cela et ne restèrent pas longtemps dans la salle de classe.

Moi — Bon… je suppose que je vais rentrer aussi.

En pensant cela, je fus le dernier à quitter la salle. Il ne restait plus qu’à rentrer directement au dorto…

Kushida — Hé, Ayanokôji-kun.

Alors que je sortais de la salle de classe, Kushida m’interpella. Elle semblait m’attendre, à en juger par l’absence de toute autre personne dans les environs.

Kushida — J’ai quelque chose à te demander.

Moi — Ce serait peut-être mieux d’en parler au téléphone.

Kushida — Parce que quelqu’un qui nous verrait pourrait commencer à colporter une mauvaise rumeur ?

Elle semblait bien consciente de cette possibilité.

Kushida — Si cela ne te dérange pas, parlons-en ici. Je ne suis pas d’humeur à chercher à me faire bien voir par la classe en ce moment. Et puis, il est plus logique de te demander directement.

Moi — Que veux-tu dire ?

Kushida — Tout à l’heure, devant Azuma, ou plutôt devant nos camarades, j’ai pris ta défense et arrangé les choses, mais tu as intentionnellement fait expulser Maezono, n’est-ce pas ? C’était une occasion de te débarrasser d’une traîtresse, j’imagine.

Moi — Non, ce n’était p…

Je tentai de nier vainement, mais Kushida esquissa un léger sourire et continua.

Kushida — Bien sûr, Ichinose était forte lors du dernier examen, c’est indéniable. Mais toi, Ayanokôji-kun, tu aurais pu la pousser dans ses retranchements mentalement par d’autres moyens, n’est-ce pas ?

Le choix de ses mots montrait à quel point son analyse était fine.

Kushida — Nos camarades sont naïfs et Horikita trop bienveillante pour imaginer des scénarios aussi peu réjouissants.

Sa perspicacité à force de sonder l’esprit des autres était au point.

Kushida — Et puis même si tu avais perdu, admettons, te débarrasser de Maezono t’arrangeait dans tous les cas, non ?

Si nous avions perdu, et que Maezono avait été éliminée en conséquence, la plupart des gens auraient vu cela comme un résultat purement négatif. Cependant, elle avait déduit qu’une telle perte n’aurait pas été un coup dur pour la classe même en cas de défaite.

Kushida — Je suis vraiment impressionnée.

Moi — Pourquoi ?

Kushida — Parce que tu es la personne qui m’a poussée au bord de l’expulsion. Il aurait été étrange que tu ne fasses aucun calcul.

Elle ne mentionna rien de plus. J’étais sincèrement surpris, mais il valait mieux éviter de dire quoi que ce soit d’explicite ici.

Moi — J’ai juste fait ce qu’il fallait pour gagner. C’était une adversaire redoutable.

Kushida — Hmm ?

En réalisant que c’était une excuse, elle ne poussa pas plus loin.

Kushida — Peu importe, j’ai été impressionnée par ta gestion de la situation. C’était une intervention parfaite. Beaucoup d’élèves, bien qu’ils se méfient de toi, ont reconnu l’exactitude de tes déclarations.

L’examen du consensus avait dû lui laisser une impression significative.

Kushida — Bien sûr. J’ai beaucoup perdu, alors je dois regagner du terrain et sécuriser une position sûre dans la classe, car entre tes mains, Ayanokôji-kun, qui sait ce qui se passera ensuite ?

Assurer sa position pour éviter d’être ciblée pour une expulsion. Si c’était pour son propre bien, cela allait. Si cela la motivait, alors c’était une bonne chose.

Moi — Horikita semble aussi te faire confiance, Kushida.

Kushida — Arrête. Horikita et moi sommes des ennemies, mais nous avons juste une trêve pour le même objectif.

Kushida allait sûrement continuer à user de ses capacités pour faire son chemin au sein de la classe.

Je ne pouvais pas observer cela de l’intérieur, mais j’en étais persuadé.

2

Revenons légèrement en arrière.

C’était au moment où Horikita et les autres commençaient à discuter de l’expulsion de Maezono dans la classe. Dans une autre classe, une réunion de réflexion sur l’examen spécial de fin d’année était sur le point de commencer. La classe d’Ichinose avait été poussée dans ses derniers retranchements et devait gagner à tout prix.

Les trois représentants, accompagnés de Hoshinomiya-sensei, revinrent et s’assirent à leurs places sans trop parler. Dans la classe silencieuse, Ichinose gardait la tête baissée, incapable de la relever. Cependant, elle devait expliquer la situation pour sortir de cette période d’immobilité.

Ichinose — …Tout le monde… je suis désolée.

Les mots d’Ichinose se prononcèrent non sans tension.

Ichinose — L’examen… nous avons perdu à cause de moi…

Ni les participants ni même les représentants ne connaissaient les détails de l’examen spécial. La bataille entre les représentants n’était pas publique. L’on ne pouvait que spéculer en voyant les résultats. L’expulsion d’un camarade est événement douloureux, mais la classe de Horikita avait tout de même gagné pour pallier ça. Elle avait des raisons de vouloir continuer. D’un autre côté, cette classe était différente. Seule la lourde réalité de la défaite pesait sur eux.

Du moins, c’est ce qui aurait dû se passer.

L’atmosphère pesante ne dura pas assez longtemps pour affecter négativement la classe. Cela s’expliquait par le fait que les élèves ici n’aimaient généralement pas ce genre d’atmosphère.

Tu ne devrais pas être celle qui s’excuse, Honami-chan.

— On aurait dû mieux débattre et être plus utiles, je pense.

Les paroles prononcées ne blâmaient pas Ichinose, mais la réconfortaient.

— C’est vrai. Tu n’as pas besoin de t’inquiéter du tout.

Qui parlait et ce genre de détails n’étaient pas nécessaires ici. Ce n’était pas une seule personne, mais des mots similaires qui fusaient naturellement les uns après les autres. Oui, ce n’était en aucun cas une scène rare. C’était même plutôt ordinaire. Dans les moments tristes, tout le monde s’encourageait mutuellement, et dans les moments difficiles, tout le monde agissait avec gaieté. Ils ne ciblaient ni n’acculaient jamais une personne en particulier.

Bien sûr, cette façon de penser positive n’était pas en soi une mauvaise chose. Mais ce qui se passait devant leurs yeux n’était qu’un bandage sur leurs blessures si familières. Himeno observait la classe avec une frustration indescriptible. Cela ne peut pas continuer ainsi. Cette prise de conscience résonnait fortement en elle. Bien sûr, elle comprenait que ce n’était pas seulement la faute d’Ichinose s’ils avaient perdu.

Comme les autres élèves l’avaient dit, il y avait peut-être eu davantage qu’ils auraient pu faire en tant que participants. Himeno elle-même savait qu’elle n’avait pas obtenu de résultats dignes d’éloges. Mais pour cette dernière, aucun progrès ne pouvait être accompli si on continuait à détourner les yeux des résultats. C’est pourquoi elle voulait s’opposer et faire réfléchir tout le monde à nouveau.

Elle était déterminée à ne pas laisser cette défaite se terminer comme si de rien n’était. Elle voulait plutôt y voir une opportunité. Cependant, elle ne pouvait pas parler. Les mots atteignaient sa gorge, mais se rétractaient immédiatement. C’était une élève qui n’aimait ni s’imposer ni prendre la parole en public. Trouver le courage, ne serait-ce qu’une fois, n’était pas aussi facile qu’elle le pensait.

Elle était nerveuse, ses mains commençant à transpirer lentement. Ses lèvres restaient fermement collées l’une à l’autre et sa gorge devint sèche. Son regard ne pouvait rester fixé et sa tête commença à lui faire mal. C’était toujours comme ça, la frustration de ne pas pouvoir s’exprimer en groupe.

Mais Himeno commençait à changer. Jusqu’à maintenant, elle avait toujours été seule. Cependant, il y avait un élève proche d’elle qui la comprenait. Ainsi, cherchant de l’aide, Himeno regarda Kanzaki.

Ils avaient formé un petit groupe avec l’idée de créer un système permettant d’exprimer leurs opinions à Ichinose. Un simple mot suffirait. Si Kanzaki pouvait l’encourager ici et maintenant, elle pourrait parler. C’était la petite résolution de Himeno, différente de ses habitudes. Cependant…

Kanzaki, loin de montrer une volonté de se lever, ne regardait même pas autour de lui. Il semblait attendre que le temps passe, la tête baissée et immobile. Alors, elle se tourna vers un autre camarade, Hamaguchi. Comme si elle cherchait désespérément un soutien, elle dirigea son regard vers lui.

Hamaguchi remarqua rapidement Himeno, mais parut déconcerté et secoua doucement la tête de gauche à droite. Avec Kanzaki immobile, il semblait dire que ce n’était pas le moment. Himeno ne put obtenir l’élan dont elle avait besoin et le temps passa.

Shibata — En ce moment, nous sommes peut-être dans une impasse. Mais hey, il reste encore du temps.

Shibata se leva, déterminé à encourager Ichinose, qui essayait de porter seule la responsabilité. Il s’approcha d’elle, prenant une pose triomphante.

Shibata — Et alors, si on a perdu cette fois ? Il nous reste encore toute une année devant nous. Hey, pas vrai, tout le monde ?

Il regarda ensuite la classe, essayant de rallier tout le monde, et cria. Les sentiments de Himeno contrastaient avec la cruelle réalité. Dissimulant ses sentiments, elle finit par se synchroniser avec ses camarades cherchant à rester positifs et la boucle reprit.

Celle qui observait ces camarades avec le regard le plus froid était leur professeur principale, Hoshinomiya-sensei. Elle avait enduré autant qu’elle le pouvait, souvent au bord de la nausée. En tant qu’enseignante, elle devait éviter toute intervention inutile.

C’était la règle de l’école.

Elle n’avait guère eu l’intention de s’y conformer à l’origine, mais elle atteignit les limites de sa patience. Elle ouvrit largement ses mains, les leva haut, puis les abattit violemment sur le bureau du professeur. L’atmosphère, qui avait commencé à retrouver un semblant de vie, se figea instantanément.

Mlle Hoshinomiya — Est-ce que vous comprenez vraiment la situation ?

Elle émit un ton plat alors que les élèves soignaient encore leurs blessures.

Mlle Hoshinomiya — Je vais être franche, vous n’êtes vraiment pas normaux et je pèse mes mots.

Des paroles dures continuèrent à sortir de la bouche de l’enseignante. Les élèves, forçant des sourires jusqu’à présent, virent leurs expressions se figer.

— Chi- Chie-chan ?

Un élève, inquiet de l’atmosphère glaciale qui régnait, l’interpella. Mais l’ignorant complètement, Hoshinomiya-sensei fixa du regard Shibata, qui se tenait près d’Ichinose.

Mlle Hoshinomiya — Shibata-kun, tu viens de dire qu’on avait encore beaucoup de temps devant nous, n’est-ce pas ?

Shibata — Uh, uh… Oui…

Mlle Hoshinomiya — Tu en es vraiment sûr ?

Shibata — Eh bien, oui. Je veux dire, il est trop tôt pour abandonner. Si on parle foot, on est menés, mais seulement d’un ou deux buts. Si on peut juste relancer le ballon, alors…

Mlle Hoshinomiya — Deux buts, trois buts ? Une relance ? Ne sois pas idiot. Cette défaite a vraiment été destructrice cette fois.

Shibata — Non. Mais Sensei, avec une ann…

Mlle Hoshinomiya — Une année ? En fait, tu ne comprends pas. Il ne nous reste qu’un an, en fait !

Shibata — Il y a forcément une chance de renverser la situation !

Mlle Hoshinomiya — Il n’y en a pas. Laisse-moi te donner un exemple avec ton cher football. Peu importe comment tu vois les choses, on a probablement encaissé trois autres buts aujourd’hui, et maintenant il y a comme dix buts d’écart. Voilà à quel point nous sommes à la traîne. Et en plus, nos adversaires sont meilleurs que nous. Il est temps que tu comprennes ça.

Les élèves refusaient d’affronter la réalité. Ne pouvant plus supporter cela, Hoshinomiya-sensei continua.

Shibata — Sensei, vous connaissez l’expression « tuer un géant » ? Si c’est nous, alors…

Mlle Hoshinomiya — Tais-toi, bon sang ! Ce que vous devez faire, c’est accepter la réalité et non faire miroiter des rêves fumeux.

Il était nécessaire de ramener les élèves perdus dans une profonde forêt à la réalité. Voyant Hoshinomiya hausser le ton de manière bien effrayante pour la première fois, Shibata, qui était sur le point de répliquer, finit par ravaler ses mots. Il reçut l’ordre de retourner à sa place. À contrecœur, Shibata s’éloigna d’Ichinose.

Mlle Hoshinomiya — C’est fini pour nous Ichinose-san, n’est-ce pas ?

Elle s’approcha d’Ichinose qui gardait obstinément la tête baissée.

Ichinose — Sensei…

Hoshinomiya, qui avait supervisé l’examen, savait. Elle savait qu’Ichinose avait été dévastée par Ayanokôji et qu’elle était profondément blessée mentalement. Pourtant, elle devait lui faire accepter cela. La réalité selon laquelle cette classe n’avait plus aucune chance de gagner.

Ichinose — C’est ma responsabilité. À partir de maintenant, je n’ai plus la confiance nécessaire pour continuer à mener cette classe.

Ichinose commença à exprimer son intention de se retirer de son poste. Mais Hoshinomiya ne la laissa pas finir ses mots.

Mlle Hoshinomiya — Ce n’est pas ça.

Ichinose — …Eh ?

Mlle Hoshinomiya — Je ne cherchais pas des paroles fébriles comme celles-là. Je veux juste que tu ne te voiles pas la face.

Jusqu’à il y a un instant, Hoshinomiya était en colère. Mais maintenant, elle montrait un doux sourire.

Mlle Hoshinomiya — Tu comprends que nous perdons maintenant, et qu’à ce rythme, nous ne pourrons pas gagner à l’avenir, n’est-ce pas ?

Ichinose — …Oui…

Forcée de faire face à cette dure vérité, Ichinose n’eut d’autre choix que d’acquiescer. Entendant cela, Hoshinomiya hocha la tête, satisfaite.

Mlle Hoshinomiya — Tout va bien, Ichinose-san. Je crois en tes capacités. Laisse tous tes soucis entre les mains de ta chère enseignante.

Elle tapota doucement l’épaule d’Ichinose en lui murmurant ça à l’oreille. Si elle laissait Ichinose se retirer maintenant, cela allait grandement perturber la classe. Hoshinomiya décida qu’il était crucial de retarder cette conclusion.

Mlle Hoshinomiya — Pour le moment, prend le temps qu’il te faut pour t’en remettre. Prends soin de toi, d’accord ?

Sur ces mots, Hoshinomiya quitta Ichinose et reprit son attitude habituelle. Si elle n’était pas intervenue, la classe n’aurait fait que sombrer. Pour sauver sa classe, il fallait qu’elle contourne les règles. Pour l’instant, tout ce que Hoshinomiya espérait d’Ichinose, c’était qu’elle empêche un effondrement.

Mlle Hoshinomiya — Voilà qui conclut toutes ces amères discussions. Même si nous ne pouvons pas changer le résultat de cette fois, à partir de maintenant, ce sera différent. Bientôt, ce sera les vacances de printemps, et nous aurons ces fameux rendez-vous parents-profs-élèves. Nous devrons aussi réfléchir à vos projets de carrière.

Elle essaya de clore le sujet. Elle ne voulait pas respirer cet air de défaite plus longtemps.

Bien qu’elle fût proche de la victoire, Ichinose, incapable de démontrer pleinement ses capacités face à Ayanokôji, tomba malade à partir de ce jour et commença à manquer les cours.

Et sans se montrer à l’école une seule fois, elle entra dans une sombre torpeur pendant les vacances de printemps.

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