CLASSROOM Y2 V12,5 : BONUS

Histoires courtes

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Traduction : Raitei
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Mots de l’auteur

Après être entré dans le mois de novembre, le froid s’est soudainement installé. Ici Kinugasa pour vous.

Mon fils est actuellement en pleine folie Mario, il a insisté pour se déguiser en Koopa rouge pour Halloween, et tout tourne autour de Mario quand il regarde la télé. S’il l’aime autant, j’aimerais l’emmener à l’USJ[1] un jour. Je veux faire de mon mieux en tant que parent, mais reste à voir si ce sera réalisable… Aussi, concernant mon état de santé récent, ma hernie s’est rétablie à environ 40 % par rapport à la période où c’était sévère. Je ne peux pas encore travailler aussi longtemps d’affilée qu’avant, mais je peux me forcer un peu plus. J’espère pouvoir vous apporter de meilleures nouvelles la prochaine fois.

À propos de ce tome. Cette fois, il s’agit de l’épisode des vacances de printemps, un volume que je pense paisible et heureux pour tout le monde. Oh, mais ce n’est que mon avis personnel, alors pas de plaintes si la réalité est différente. Vous devrez le lire vous-même pour en juger, mais avec ce volume, l’arc Y2 se conclut. Il y avait des parties difficiles à intégrer à l’histoire principale ou que j’ai dû douloureusement couper à cause des limites de pages. C’est dommage, car elles auraient peut-être approfondi la compréhension de l’œuvre… Mais j’aimerais avoir la possibilité de publier une histoire courte sur ces événements de vacances de printemps quelque part.

Quoi qu’il en soit, merci à tous d’avoir suivi l’histoire jusqu’à la fin ! Mais l’arc Y3 va bientôt commencer, alors continuez de nous soutenir ! Cette fois, on reviendra aux bases, avec des batailles de la même année, comme lors de Y1. Même si le décor reste la même, les positions ont énormément changé, donc je pense que nous pourrons offrir une histoire rafraîchissante jusqu’à la fin.

Ah oui. Le guide officiel de la série va sortir. Ce serait génial si vous pouviez le prendre, car il fait le point sur la série jusqu’à présent et prépare le terrain pour Y3. J’ai hâte de l’avoir en main pour pouvoir repenser aux événements passés.

On se retrouve aux alentours de mars. À bientôt !

Depuis quand…

(Chabashira)

J’attendais près du Keyaki l’arrivée d’Ayanokôji car il m’avait demandé une consultation. Honnêtement, il m’était difficile d’imaginer un tel scénario avec un élève il y a quelques années au vu de la froideur dont je faisais preuve. Dans un tel état, personne ne pouvait m’ouvrir son cœur et venir me consulter. Mais récemment, les élèves avaient commencé à s’ouvrir petit à petit et à me parler.

Que ce soit pour leur orientation professionnelle, la recherche d’emploi ou leurs amitiés. Ayant touché au passé et au présent, à la lumière et à l’ombre de l’examen spécial du vote du consensus, j’ai pu changer. Et cela, c’est indéniablement grâce à Ayanokôji. Je suis devenue capable d’affronter mes élèves, et moi-même.

Moi — Mais bon…

Rencontrer un élève en tête-à-tête un jour de congé était pour le moins inattendu. Si ce n’était pas Ayanokôji qui avait demandé cette consultation, lui à qui j’avais une dette, je ne l’aurais jamais accepté. Je n’avais pas l’intention de mêler vie privée et travail mais cette fois, c’était différent.

Ayanokôji — Désolé de vous avoir fait attendre.

L’intéressé arriva enfin.

Moi — M’avoir fait attendre ?

Je vérifiai l’heure, juste au cas où.

Moi — Tu ne m’as pas vraiment fait attendre. Il reste encore un peu de temps avant notre rendez-vous. Ne t’inquiète pas.

Mais plus que cela, cette situation en tête-à-tête restait troublante.

Moi — Je n’aurais jamais discuté ici avec un élève.

Ayanokôji — Cela ne vous est jamais arrivé avant ?

Moi — Bien sûr que non.

Rencontrer une personne du sexe opposé un jour férié, cela ne m’était pas arrivé depuis mes années étudiantes.

Mais mes souvenirs de cette époque s’étaient déjà estompés, et ce n’était certainement pas de bons souvenirs non plus… Non, c’est une tout autre histoire. Ce dont parlait Ayanokôji maintenant, c’était d’une relation entre une enseignante et un élève. Autrement dit, ma personnalité d’avant, froide et distante, n’avait jamais eu une telle opportunité.

Ayanokôji — Ah, je vois. Vous préférez garder de la distance avec vos élèves.

Il s’immisça impoliment dans mes pensées, sans la moindre retenue.

Moi — Ayanokôji, tu as vraiment pris la confiance.

Ayanokôji — Je m’excuse.

Moi — Une excuse ne suffit pas, tu sais.

Si nous bougions d’ici, d’autres élèves finiraient inévitablement par nous voir. Honnêtement, ce n’était pas une situation favorable.

Moi — Avait-on vraiment besoin de se rencontrer ici ?

Ayanokôji — Sachez qu’il n’y avait pas meilleur endroit, ne vous en faites pas.

Moi — J’aimerais connaître la raison de cette décision.

Ayanokôji était mon élève, et rien de plus. Mais en considérant également l’incident avec Maezono, cette situation relevait de l’urgence.

Alors que la classe visait à atteindre de nouveaux sommets, la présence d’Ayanokôji était indispensable.

En tant que professeur, je devais m’efforcer de lui apporter un soutien moral…

L’Autre côté de la promesse

(Ichinose)

Le monde était plongé dans l’obscurité, et seul le bruit de la pluie se faisait entendre lorsque la sonnerie retentit. Je serrai mes genoux contre moi et baissai la tête, expirant lentement les yeux fermés. L’heure était venue. Pourtant, je ne bougeai pas pour répondre à la sonnerie. Bientôt, le téléphone posé sur le lit s’illumina. Il vibra faiblement trois, puis quatre fois. J’écoutai le son, toujours immobile. Puis, on frappa doucement à la porte.

Ayanokôji — C’est moi. L’échéance de notre promesse approche.

C’était la voix d’Ayanokôji-kun. Je savais que j’allais l’entendre aujourd’hui. Je savais que ce moment arriverait avant que le jour de la promesse ne prenne fin. Parce qu’aujourd’hui, je n’avais cessé d’ignorer ses a^^ems depuis le matin. Il était venu transmettre sa conclusion avant que la nuit ne soit trop avancée et que la date ne change.

Ayanokôji — J’attends encore trois minutes. Après je partirai.

C’était l’ultime avertissement. Si je ne réagissais pas maintenant, Ayanokôji-kun s’en irait, au-delà de cette porte. Mais si je répondais, il me répondrait sans aucun doute en retour. J’étendis la main vers mon téléphone, à portée de bras, et tapai un message.

Moi — Pourquoi es-tu venu ?

Ayanokôji — Je te l’ai dit. Aujourd’hui est le jour de la promesse.

Moi — Il est déjà tard. Le couvre-feu est passé.

Je lui suggérais implicitement de rentrer et observai sa réaction.

Moi — J’n’ai pas le courage d’aller chez toi Ayanokôji-kun. Désolée.

Ayanokôji — Je m’en doute. C’est pour ça que je suis là.

Comme prévu, Ayanokôji-kun ne partait pas. Mais j’avais prévu la chose.

Ayanokôji — J’attendrai encore une minute. Si la porte ne s’ouvre pas d’ici là, faisons comme si cette promesse n’avait jamais existé.

Je ne comptais pas fuir.

Je devais voir Ayanokôji-kun aujourd’hui. Je devais tenir cette promesse.

Cependant…

Cela ne devait pas se faire dans sa chambre.

Moi — La porte est déverrouillée, entre.

Dans ma chambre, nous allions honorer la promesse que nous avions faite il y a un an. Ce n’était pas par manque de courage que je ne me rendais pas chez lui. Je pensais simplement qu’il valait mieux que nous nous rencontrions ici.

Mon intuition s’était transformée en conviction.

Ce qu’Ayanokôji-kun voulait me dire.

Ce que je devais dire à Ayanokôji-kun.

Je comprenais tout désormais.

Amis ?

(Hiyori)

Ishizaki-kun réfléchissait sérieusement à des moyens de convaincre Ayanokôji-kun de rejoindre notre classe. J’espérais que cela puisse arriver, mais je savais que cela allait être difficile.

Ishizaki — Ça, c’est… ! Bon alors ! Faisons comme ça !

Ayanokôji — Comment ça ?

Soudainement frappé par une nouvelle idée, Ishizaki-kun afficha un grand sourire. Je ne pouvais pas prédire ce qu’il allait dire ensuite, ce qui me rendait légèrement excitée.

Ishizaki — Si tu viens, tu pourras sortir avec Shiina ! T’en dis quoi ?

D’un coup, Ishizaki-kun attrapa à la fois la main d’Ayanokôji-kun et la mienne, les joignit et les leva haut dans les airs.

Moi — Eh, Eh ?

Je ne comprenais pas ce qui se passait, mais avant même de m’en rendre compte, je tenais sa main.

Ayanokôji — C’est quoi cette proposition, sérieux ?

Ishizaki — C’est un truc que votre classe n’a pas, mais que la nôtre a !

Ayanokôji — J’ai déjà une copine, tu sais ?

Ishizaki — Et ? Tu n’as qu’à larguer Karuizawa en changeant de classe !

La chaleur de la paume d’Ayanokôji-kun, comme en réponse, réchauffa instinctivement ma main ce qui ne manqua pas de m’embarrasser. Pourquoi est-ce que cette situation était en train d’arriver… ? Tout venait de changer en un instant, et mon esprit était en plein chaos.

Ayanokôji — C’est vraiment absurde.

Ishizaki — Alors, ça veut dire que tu n’aimes pas Shiina ?

À ces mots, je me retrouvai à le fixer involontairement.

Ayanokôji — Non, je l’apprécie.

D’abord, ce fut du soulagement, puis une joie discrète naquit au milieu de ma panique. Je devais reprendre mes esprits et me calmer. Ayanokôji-kun était un ami précieux, rien de plus, rien de moins.

Ishizaki — Dans ce cas, il n’y a pas de problème, non ? Toi aussi, tu aimes bien Ayanokôji, pas vrai, Shiina ?

Juste au moment où je pensais pouvoir me calmer, Ishizaki-kun lâcha encore quelque chose d’imprévisible.

Moi — Eh… !?

Ayanokôji-kun avait dit qu’il m’appréciait, ce qui était un soulagement. Mais là, il avait questionné mes sentiments. Bien sûr que je l’aimais bien. Parce qu’Ayanokôji-kun est… Je n’arrivais plus à contenir les émotions que j’avais presque réussi à réprimer.

Ayanokôji — Assez, tu embarrasses Hiyori là. C’est cruel de forcer quelqu’un à exprimer ses sentiments, quels qu’ils soient, devant la personne concernée. Peu de gens peuvent dire ce genre de choses en face.

Ishizaki — Mais tu sais, Shiina est plutôt directe quand elle veut.

C’est vrai que d’habitude, j’exprimais assez ouvertement ce que je ressentais. Mais cette fois, je n’étais pas sûre de devoir dire quoi que ce soit.

Moi — Hum… C’est embarrassant…

Peut-être qu’Ayanokôji-kun avait perçu mes sentiments hésitants et qu’il essayait de me ménager. Il relâcha doucement ma main encore chaude. Si seulement on pouvait être un peu plus proches, comme des camarades. Je n’étais pas aussi direct qu’Ishizaki-kun, mais c’est ce que je me surpris à penser. Pour sceller ces sentiments étranges, je devais détourner le sujet.

Ayanokôji — …Hiyori ?

Moi — Puis-je dire juste une chose, même si je connais la réponse ?

Dissimulant mes véritables sentiments à la question inopinée d’Ishizaki, je décidais d’inviter Ayanokôji-kun une dernière fois. J’avais le sentiment que mon désir d’être dans la même classe que lui était inégalé.

Une véritable observation

Morishita rampait au sol, continuant d’observer la terre à travers une loupe. Yamamura regardait cette scène avec stupéfaction depuis plus de vingt minutes.

Yamamura — On ne devrait pas aller au point de rendez-vous là ?

Morishita — Pas encore. Ne me dérange pas et attends juste en silence.

Yamamura — Mais… nous avons déjà dépassé l’heure, tu réalises ?

Morishita — Quel mal y a-t-il à le faire attendre ? Autrefois, c’était les femmes qui attendaient. Maintenant, c’est l’ère où les hommes doivent patienter.

Yamamura — E-Est-ce vraiment le cas… ?

N’ayant jamais entendu une telle chose, Yamamura demanda à nouveau, mais Morishita l’ignora et continua son observation. Alors qu’elle serrait son téléphone en regardant l’heure, un appel d’Ayanokôji retentit enfin.

Yamamura — Ah, euh, désolée, je suis en retard.

« Je suppose qu’il faut vraiment que je me dépêche », pensa Yamamura en regardant Morishita, qui lui lança un regard perçant. Cetter dernière lui fit de grands gestes pour lui indiquer de raccrocher le téléphone.

Yamamura — Eh, raccrocher…? Mais… on est déjà en retard…

Ayanokôji — Est-ce que Morishita est avec toi, par hasard ?

Peut-être frustrée par la conversation téléphonique en cours, Morishita se leva et s’approcha de Yamamura.

Yamamura — O…oui. Euh, viens derrière le dortoir, ah, arrête de toucher

mon téléph—

Morishita attrapa alors brusquement le téléphone portable des mains de Yamamura et appuya sur le bouton pour mettre fin à l’appel.

Yamamura — Euh… Ayanokôji-kun doit être embêté là…

Morishita — Ce n’est pas grave, Yamamura Miki. Je suis en train de tester Ayanokôji Kiyotaka.

Yamamura — U-Un test… ?

Après avoir rendu le téléphone volé à Yamamura, Morishita retourna à sa recherche d’insectes.

Morishita — Oui, un test. Je veux savoir en détail quelle attitude il adopte quand on le fait attendre, comment il se comporte et comment il agit envers nous.

Yamamura — …P-Pourquoi ferais-tu une chose pareille ?

Morishita — Il y a quelque chose de louche chez Ayanokôji Kiyotaka. Il essaie de nous utiliser pour quelque chose. Et puis, j’ai entendu quelques petites choses de Sakayanagi Arisu… Oups, mais c’est un secret, d’accord ?

Après avoir répondu, Morishita devint silencieuse.

Son postérieur bougea légèrement.

Elle était tellement absorbée par sa tâche que, par moments, son sous-vêtement était visible sous sa jupe.

Yamamura — Je n’ai aucune idée de ce dont tu parles…

Elle voulait poser plus de questions, mais Morishita ne répondit pas.

Premier contact

Nous étions le 1er avril aux alentours de 16h30. Une élève, Horikita Suzune, se trouvait là, attendant quelque chose devant l’entrée du bâtiment scolaire. Elle n’avait rien à faire de particulier ici, mais si elle se trouvait là c’était pour une seule chose : voir la famille d’Ayanokôji. Sa curiosité avait eu raison d’elle.

Horikita — Ce n’est pas déjà terminé, non ?

Elle ouvrit le calendrier sur son téléphone pour être sûre et Ayanokôji avait bien sa réunion parent-professeur à 16h30. La discussion devait être en cours. Entrer dans bâtiment scolaire nécessitait de porter l’uniforme, ce qu’elle avait fait, mais elle n’avait pas l’intention de forcer sa présence à l’intérieur. Elle voulait seulement créer une fausse coïncidence afin de rendre la prise de contact naturelle. Si Ayanokôji n’appréciait pas, elle ne comptait pas insister. Mais une visite surprise d’un élève eut lieu. Espérant qu’il ne faisait que passer, elle ne laissa rien transparaître. Mais Ryuuen s’approcha tout de même d’elle.

Horikita — Tu as besoin de quelque chose ?

Ryuuen — Huh ? Pas du tout.

Horikita — Que fais-tu là alors ? Qui plus est, sans ton uniforme.

Ryuuen — En quoi ça te regarde ? Et puis je te retourne la question. Qu’est-ce que tu fais là ? Ta réunion n’est pas censée être terminée ?

Le calendrier des réunions n’était pas divulgué aux autres classes ce qui signifie que l’un de ses camarades lui avait transmis l’information.

Horikita — Disons que quelque chose titillait ma curiosité.

En entendant sa réponse, Ryuuen ferma les yeux avec un petit rire.

Ryuuen — Quelle coïncidence. C’est la curiosité qui m’a fait venir aussi.

En disant cela, il plaqua son dos contre le mur en se plaçant juste à côté d’elle. Il n’y avait ainsi plus de doute quant à sa destination. Horikita ne mit pas longtemps à comprendre qu’il ne pouvait être là que pour la même raison.

Horikita — Je vois. Je n’ai aucun droit de te dire quoi que ce soit.  

Elle resta en place, se contentant de croiser les bras.

Ryuuen — Difficile de ne pas être curieux de voir la personne et son mode d’éducation qui a créé ce monstre. Est-ce qu’il a grandi dans un environnement ordinaire ou pas du tout ?

Horikita — Effectivement je suis bien curieuse. Je n’arrive même pas à imaginer la chose à vrai dire.

Ryuuen — Le fait qu’il soit en présence d’un parent pourrait nous révéler de lui une facette inconnue jusque-là.

Horikita — Je n’en suis pas si sûre. J’ai l’impression qu’il reste fidèle à lui-même peu importe l’endroit ou la personne qui l’accompagne.

Alors qu’ils attendaient, épaule contre épaule, ils entendirent des bruits de pas, assez caractéristiques des chaussures d’intérieur. Les invités avaient à disposition ce type de chaussure lors de leurs venues. Inconsciemment, Horikita et Ryuuen se mirent au garde-à-vous. Après quelques instants, deux silhouettes surgirent, celle d’un adulte en costume qu’ils n’avaient jamais vu qui s’entretenait au téléphone.

— Ah, on dirait que ça va durer. Attends un peu.

Les bribes de la conversation parvinrent à leurs oreilles. Remarquant leurs regards, l’homme mit fin à son appel. Horikita s’avança instinctivement pour prendre la parole, mais l’expression sévère de l’homme la submergea, la faisant hésiter. Son aura autoritaire ne laissait aucune place à l’objection. Bien qu’il n’y eût eu aucune confirmation que l’homme devant eux soit de la famille d’Ayanokôji, Horikita et Ryuuen savaient tous deux intuitivement qu’il s’agissait sans aucun doute de son père. Cependant, Horikita avait imaginé des parents sans émotion et détachés. Cette image se brisa instantanément. Il avait juste l’air d’un père strict.

Horikita — Uh… je me permets de vous déranger…

Elle trouva le courage de parler avec toute la prudence possible.

— Et tu es ?

Horikita — Je suis une camarade de Kiyotaka Ayanokôji. Je m’appelle Horikita. En fait, je l’attendais ici…

Elle s’expliqua, elle qui pensait le voir surgir en même temps que son père.

— Je vois. Kiyotaka est encore à l’étage avec son professeur…

Horikita — Je vois. Vous êtes le père d’Ayanokôji-san ?

Incapable d’ignorer sa question, il acquiesça. Son attitude froide et intimidante déstabilisa Horikita, mais sa réponse ferme la soulagea quelque peu. Bien sûr, elle n’avait aucun moyen de savoir que cet homme était un politicien. Il est rare que des hommes politiques soient connus du grand public à la télévision. Dans un pays où les parlementaires étaient nombreux, les personnalités peu enclines aux médias comme Atsuomi Ayanokôji passaient souvent inaperçues. Malgré cela, son expression dure ne laisse aucun doute sur son caractère sévère.

M. Ayanokôji — Tu es aussi un camarade de Kiyotaka ?

Il s’adressa à Ryuuen qui observait tranquillement jusque-là.

Ryuuen — Nope. Ni son camarade ni son ami. On peut considérer que je suis son ennemi.

Horikita — Hey ! Ryuuen-kun !

Horikita paniqua, troublée par le fait qu’il se qualifie d’ennemi ouvertement devant son père. Mais au contraire, ce dernier sembla impressionné.

M. Ayanokôji — Un ennemi, hein…

Ryuuen — Il n’a cessé de me barrer la route durant ces deux dernières années. Ce gars n’est pas du tout à prendre à la légère.

Horikita — Ryuuen-kun !

Horikita recadra une nouvelle fois Ryuuen.

M. Ayanokôji — Ce n’est rien. Cela montre juste que mon fils te montre une facette qu’il ne révèle à personne d’autre.

Étonnamment, le père d’Ayanokôji accepta ses paroles avec calme et satisfaction. Horikita fut stupéfaite.

Ryuuen — J’ai tout de même une chose à demander. Quel genre d’éducation a-t-il reçu pour qu’il soit comme ça ?

Alors que Horikita fusilla Ryuuen du regard pour sa question impolie, le père d’Ayanokôji se retourna pour lui faire face directement.

M. Ayanokôji — Rien de spécial. Il a juste reçu une discipline de fer.

Il stipula qu’il n’y avait rien d’extraordinaire, mais ajouta une chose.

M. Ayanokôji — S’il y a quelque chose d’inhabituel, c’est que nous n’avons imposé aucune restriction sur le nombre ou le coût des cours de soutien, des leçons ou des activités extrascolaires auxquelles il a participé. Le fait qu’il ait pris cela au sérieux a abouti à ce qu’il est.

Une éducation privilégiée, voilà ce qu’avait avancé le père d’Ayanokôji.

M. Ayanokôji — J’ai un autre rendez-vous, si vous voulez bien m’excuser. Je vous prie de continuer de prendre soin de mon fils.

Sur ce, le père d’Ayanokôji quitta les lieux sans s’attarder.  Malgré sa présence imposante, Horikita et Ryuuen ressentirent tous deux une sorte de déception. Pourtant, un léger doute persista dans l’esprit d’Horikita.

Horikita — Kiyotaka a-t-il vraiment été élevé dans le genre d’environnement décrit par son père… ?

Ryuuen sembla partager son scepticisme.

Ryuuen — Exactement. Si c’était le cas, ce serait une sacrée anomalie génétique. Mais nous n’avons aucun moyen de savoir si ce que dit son père est vrai ou non.

Alors que Ryuuen s’éloigna, il se retourna brièvement :

Ryuuen — Bon, ça ne changera rien. Je compte bien vous faire mordre la poussière à tous les deux. Tiens-toi prête.

Horikita observa silencieusement le dos de Ryuuen pendant qu’il partait.  C’était la première fois que Horikita Suzune rencontrait Atsuomi Ayanokôji.

Mais aucun d’eux ne pouvait savoir qu’ils étaient destinés à se retrouver dans le futur.


[1] Universal Studio Japan où se trouve un parc d’attraction basé sur l’univers Mario

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