Le monologue de Chie Hoshinomiya
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Traduction : Zark
Correction : Raitei
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À mes yeux Sae-chan est à la fois une véritable amie et une rivale.
À première vue ce propos peut paraître contradictoire, mais il est étonnamment cohérent. Puis je pense qu’il n’est pas rare que deux sentiments opposés s’entremêlent.
Malgré les apparences, j’ai pas mal d’amis. Ceux du collège et de la primaire, les amis que j’ai rencontrés dans ce lycée et à l’université, et ceux que j’ai rencontrés une fois dans la vie active. Cependant il n’y a qu’avec Sae-chan que j’ai gardé une relation où je parle sans masque[1], même si je ne sais pas ce qu’elle en pense.
Mais si je perds face à quelqu’un d’autre, je ne peux pas perdre face à Sae-chan. C’est ce quotidien passé ensemble à viser la classe A qui m’a implanté ce sentiment. À l’origine, Sae-chan ne voulait pas forcément devenir professeure. Cependant, depuis ce jour où elle a su que le diplôme en classe A était fini, elle a sûrement voulu devenir enseignante pour viser une nouvelle fois la classe A. C’est pour ça que je l’ai suivie dans cette profession. Honnêtement c’est assez loin de la vie professionnelle à laquelle j’aspirais. On se fait quotidiennement cracher dessus par des élèves insolents, et on ne peut espérer un très bon salaire. Malgré tout, j’ai pu supporter ces défauts.
J’ai un seul objectif, celui de ne donner aucun espoir de voir le rêve de Sae-chan se réaliser. En effet, elle m’a privé de la classe A à cause de son histoire d’amour ridicule. Sans cela, je n’aurais pas eu à devenir professeure, et j’aurais pu vivre une vie plus en adéquation avec ce que je désirais. Quoi ? Seule Sae-chan aurait le droit d’atteindre la classe A pour exorciser le passé ? Je refuse ! Je suis encore captive de son passé alors elle peut compter sur moi pour lui barrer la route.
Si durant l’examen spécial de fin d’année ma classe perd…
Si la classe de Sae-chan passe en classe A…
Dans le pire des cas, je l’arrêterai en utilisant tous les moyens possibles. Je me fiche d’être jugée comme une mauvaise prof. Ce n’est pas grave si je me fais bannir de l’enseignement. Même si je l’emmène dans ma chute, tout ce qui importe est de la faire couler.
C’est ce que je me suis jurée au plus profond de mon être.
L’examen spécial de fin d’année des première est pour bientôt. En fonction de ces résultats, le destin de ma classe qui se trouve actuellement au bord du précipice se dessinera.
Que ce soit pour moi, ou mes élèves, c’est le début d’une bataille cruciale que l’on ne peut absolument pas se permettre de perdre.
[1] Concept du « tatemae ». Il n’y a pas vraiment d’équivalent en français. Cette dualité entre l’être et le paraître en société existe dans toutes les cultures mais prend une autre dimension au Japon. C’est le contraire du « honne » qui est de garder ses pensées pour soi.
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