CLASSROOM Y2 V11 Chapitre 2

Le camp de découverte

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Traduction : Kai / Seya / Totoz
Correction : Raitei
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À 9h30 un jeudi matin, une floppée de cars était présente sur le parking. Dans la fumée s’échappant des pots d’échappement, les élèves entrèrent dans leur car respectif. Pour la plupart des première, c’était la troisième fois qu’ils quittaient l’établissement depuis le début de l’année. Seuls ceux qui avaient des compétitions sportives, avaient pu sortir davantage. Après l’examen sur l’île déserte et le voyage scolaire, nous partîmes cette fois-ci en camp de découverte avec toutes les promotions. Cependant, on nous avait prévenu que ça n’allait pas être la même chose que le camp d’entrainement de l’an passé. Seul le terme « camp » restait le même.

Et cette fois, on ne parlait pas d’examen spécial. Avant le départ, ce qui interpelait surtout était le nombre de cars présents pour les élèves. Avec un par classe, il devait y en avoir douze au total et non neuf. Le mystère fut rapidement résolu en regardant les élèves à bord, car il y avait seulement un car pour les terminale. Apparemment, seulement 20 élèves parmi eux allaient partir avec nous. C’était encore à confirmer, mais il y avait visiblement, cinq élèves de chaque classe. Comme nous étions libres de nous placer, Kei se précipita vers moi.

Karuizawa — Je vais m’asseoir avec toi, Kiyotaka !

Malgré le regard froid de certains garçons, j’acceptai et montai dans le bus, en prenant la place côté fenêtre, dans les rangs du fond. Kei s’installa à côté.

Moi — Ça n’aurait pas été mieux que tu ailles avec les filles ?

Karuizawa — On verra sur le retour. Je peux rester avec toi là, hein ?

Ce n’était pas comme si nous passions en général peu de temps ensemble pour qu’elle ait cette envie soudaine de rester avec moi sur le trajet. Je ne savais pas ce qu’il y avait de différent en elle, mais elle semblait plus heureuse que d’habitude. Une fois les cars prêts à partir, Chabashira-sensei fit son entrée.

Karuizawa — Ça me rappelle le camp de l’année dernière. On a pu beaucoup échanger avec les autres à ce moment-là aussi.

Moi — C’est vrai.

Un an s’était écoulé depuis. À ce moment-là, aucun de nous pensait que notre relation irait aussi loin. Pas seulement entre Kei et moi, mais avec tout le monde de manière générale. Toutes nos relations ont vraiment changé.

Karuizawa — Oh c’est vrai ! J’ai vu hier que mon film favori allait être diffusé bientôt. Allons au cinéma ensemble lorsque ça sera le cas.

Kei me montra l’affiche du film avec des yeux brillants. Pour elle, c’était une conversation naturelle, mais pour moi, il y avait quelque chose qui me dérangeait un peu.

Moi — Quand est-ce que le film sort ?

Karuizawa — Um, je ne sais plus trop. De mémoire, sur le trailer que j’ai vu hier, c’était prévu pour ce printemps.

Moi — Il me faudrait une date.

Karuizawa — Huh ? Pourquoi ? Voyons-voir… Oh ! C’est écrit ici.

Sur la page que Kei me montrait, il était écrit que le film devait sortir le 26 Mars. Heureusement, c’est avant le début de la nouvelle année scolaire, pendant les vacances de printemps.

Moi — Je vois… on pourra y aller.

Karuizawa — Yay ! C’est super cool tu verras. Je pense que ça devrait te plair…

Kei me dit cela avec le sourire, puis s’immobilisa en regardant mon visage.

Moi — Qu’est-ce qu’il y’a ?

Karuizawa — Non, rien.

Kei, qui venait de répondre, détourna le regard de moi, puis commença à préparer la séance en se renseignant sur le film. Elle scrollait la section des relations entre les personnages, tout en fredonnant une chanson. Après cela, les élèves continuèrent de discuter tout en regardant le paysage. 20 minutes après avoir quitté la ville, Chabashira-sensei prit le micro pour nous faire une annonce.

Mlle Chabashira — Je pense que c’est le moment de vous donner des détails sur ce camp qui durera quatre jours et trois nuits. Durant ce séjour, vous aller pouvoir échanger avec les élèves des autres années.

En général, il y avait des moments de tensions lorsque Chabashira-sensei faisait ce genre d’annonce, mais pas aujourd’hui. En l’écoutant parler, ils continuaient de regarder à l’extérieur ou à se reposer, ce qui créait une atmosphère différente. Ce camp était là juste pour favoriser les échanges.

Mlle Chabashira — Je vous rappelle que vous ne devez pas prendre ce camp comme un examen spécial. Les points de classe ne seront pas impactés. À moins que votre comportement soit problématique, vous ne risquez pas l’expulsion. Vous pourrez obtenir des points privés en participant à des jeux, mais c’est sur la base du volontariat.

Elle était obligée de confirmer la chose, car les élèves étaient prudents. Surtout que c’était une sortie hors campus. Il était logique d’être sceptique.

Mlle Chabashira — C’est dommage que Ichihashi doive rester chez elle, car elle est malade, mais c’est un mal pour un bien.

Il y avait pas mal d’élèves absents à cause de la vague de froid assez récente.

Mlle Chabashira — Je pense que certains d’entre vous l’ont remarqué, mais il y a cinq élèves de terminale par classe.

Elle énonça vite fait cette information, mais sans rentrer dans les détails.

Mlle Chabashira — Votre objectif principal sera d’interagir avec les élèves de seconde, mais nous ne sommes pas dupes. Nous savons bien que vous n’irez pas les voir de vous-même. Dès notre arrivée, vous serez répartis en vingt groupes. Chacun sera dirigé par un élève de terminale. C’est d’ailleurs ces derniers qui ont réalisé les groupes.

Nous n’avions donc pas notre mot à dire. Ça allait être la surprise.

Mlle Chabashira — Je vais faire circuler la liste donc retenez votre groupe. Ce n’est pas parfait, mais ça a été un peu ajusté. Des jeux seront organisés entre les groupes afin de faire ressortir un gagnant.

Elle tendit les listes aux élèves devant elle. Ils regardèrent leur groupe avant de faire circuler la feuille derrière eux.

Mlle Chabashira — Vous avez aussi la liste des récompenses et la manière de les obtenir. N’hésitez pas à y jeter un œil.

Ike — Ce n’est pas un examen, donc je suis rassuré, mais je veux quand même des points. On dirait que les récompenses vont dépendre de la force de nos groupes, je me trompe ?

Mlle Chabashira — C’est ça.

Il était normal d’espérer un maximum d’élèves talentueux. Bien sûr, d’autres épreuves pouvaient faire appel à des capacités plus exotiques. Hondô, qui se trouvait devant nous, nous passa la liste des groupes.

Karuizawa — J’espère que je suis avec toi, Kiyotaka.

Nous pouvions voir la liste des activités ainsi que les gains. On avait également reçu une carte individuelle. Les élèves de notre classe étaient surlignés, il était donc facile de pouvoir identifier mon groupe. Il y avait deux absents en première, Ichihashi et Ichinose et quatre absents en seconde, dont Ishigami. J’imagine que ce n’était pas voulu de leur part, mais en tout cas, je n’allais pas pouvoir interagir avec eux.

Karuizawa — Je suis dans le groupe 7 de Tanaka-senpai. Tu n’es pas dans mon groupe… Mais…

Kei, qui avait rapidement trouvé son nom au milieu de la page, semblait déçue, mais à la fois rassurée. Je me demandais pourquoi

Moi — Ça ne va pas ?

Karuizawa — Pendant le séjour, on va devoir partager le dortoir avec les gens du même sexe de notre groupe. Du coup, il y avait une fille que je voulais absolument éviter.

Effectivement, nous allions être placés en dortoir selon ce qui était écrit. Elle n’avait pas précisé de quelle fille elle parlait, mais il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait d’Ichinose. Lors du dernier examen spécial, elle avait eu la surprise d’être nominée en boucle par cette dernière même si l’intention derrière était louable.

Karuizawa — Ce n’est pas que je déteste Ichinose-san ou quoi, mais je ne sais pas. J’ai un peu peur depuis quelque temps.

Elle marmonna cela avant de me fixer à nouveau.

Karuizawa — Tu es assez proche d’Ichinose-san, Kiyotaka. J’ai quelques doutes parfois.

Kei murmura ces mots en faisant attention à ce que personne n’entende.

Moi — Voilà donc pourquoi tu es perturbée.

Karuizawa — Est-ce qu’il y’a une chance que tu sortes avec elle ?

Etonnamment, la présence d’Ichinose avait un effet négatif sur Kei.

Moi — Je suis dans le groupe 20 de Kiryûin-senpai, en fin de liste.

Je regardais rapidement les autres groupes, et comme Chabashira- sensei l’avait dit plus tôt, il y avait un certain ajustement. Chaque classe avait entre un et trois représentants par groupe. Mais quelques groupes n’étaient pas vraiment équitables. Comme tout le monde n’avait pas regardé la liste, peu avaient remarqué, mais des questions allaient bientôt être posées. Kei, qui n’avait pas vu la chose non plus, continua d’observer tristement le papier. C’était l’effet de notre séparation. Je me concentrai sur la première page :

Récompenses de classement pour chaque élève du groupe

1ère place — 30 000 pp
2e place — 20 000 pp

3e place — 10 000 pp
4e à 10e place — 5 000 pp

11e à 15e place — 3 000 pp
16e à 20e place — 1 000 pp

*Les points obtenus ne sont pas transférables.
*La dépense de ces points se limite au centre commercial Keyaki
*Pour recevoir la récompense, vous devez remplir les conditions de votre carte de camp
.

Ce n’était pas un examen spécial alors pas de grosses récompenses à la clé. Et aucune classe n’allait être favorisée par les récompenses.

Mais même un petit bonus de 1000 ou 2000 pp n’était pas négligeable. Il était intéressant de viser la première place même si nous étions limités par des conditions strictes bloquant toute stratégie. C’était cohérent avec l’idée de n’avantager personne. Les élèves continuaient ainsi de regarder la liste.

Sonoda — Hum, Chabashira-sensei. Je peux vous poser une question ?

Elle leva la main après avoir eu un aperçu des groupes.

Mlle Chabashira — Bien sûr, je t’écoute.

Sonoda — Concernant les activités, est-ce vraiment équitable ? Je sais que l’équilibrage n’est pas parfait, mais j’ai l’impression que le groupe de Nagumo-senpai sort beaucoup trop du lot.

Mlle Chabashira — Les groupes ne sont pas du tout formés selon l’OAA. Ce décalage est donc logique.

En réponse à cette question, elle donna une réponse brève, mais honnête.

Ike — Wow, c’est vrai ! Le groupe de Nagumo-senpai est trop fort !

En regardant la liste une nouvelle fois, Ike observa le groupe de Nagumo. Venant de la part d’un ancien président avec un OAA parfait, ce n’était guère étonnant. Mais il y avait vraiment trop de talents rassemblés ici.

Seconde

Classe A — Takahashi Osamu, Toudou Rin, Amasawa Ichika
Classe B — Hagiwara Chihaya, Fukushi Hinano
Classe C — Namekaza Azuki, Iguchi Yuri
Classe D — Tatewaki Aoi, Osaki Noa

Première

Classe A — Sanada Kousei, Sawada Yasumi
Classe B — Horikita Suzune, Hirata Yôsuke
Classe C — Kaneda Satoru, Katsuragi Kohei
 Classe D — Kanzaki Ryuji

Tous étaient de brillants élèves, aussi bons sur le plan académique que sportif. Il n’avait pas hésité à choisir des élèves qui pouvaient s’intégrer facilement dans un groupe. Certains élèves avaient encore des capacités supérieures comme Sakayanagi, Ryuuen ou Kôenji, mais l’alchimie au sein d’un groupe avec eux était assez questionnable. J’imagine que cela avait été étudié. Certains groupes faisaient donc pâle figure à côté.  S’il y avait eu des bons éléments placés avec des personnes comme Sakayanagi ou Ryuuen, il y aurait eu matière à rivaliser. Mais dans le cas présent, la défaite était inévitable pour la majorité des groupes, notamment si les jeux se basaient sur des compétences académiques.

Mlle Chabashira — Certains pensent que la composition des groupes est assez injuste, mais nous n’y pouvons rien. C’est normal que les meilleurs élèves soient dans des groupes stables.

Sonoda, qui avait posé la question, reprit une posture normale. C’était un argument recevable, que personne ne pouvait vraiment contredire. Au vu des réactions des élèves, Chabashira se montra rassurante.

Mlle Chabashira — Mais vous savez, ce n’est pas parce que ce sont d’excellents éléments qu’ils vont remporter ce camp haut la main.

Elle expliqua à Sonoda qu’il y avait encore de l’espoir et continua.

Mlle Chabashira — Tous les groupes s’affronteront dans des matchs avec une série de duels. Les épreuves ne seront pas annoncées à l’avance et le contenu sera décidé aléatoirement.

Elle continua d’expliquer, mais on pouvait tout résumer comme suit :

Vue d’ensemble

Durée — 3 jours
Jour 1 — 5 épreuves
Jour 2 — 7 épreuves
Jour 3 — 7 épreuves
Intervalle de 30 minutes entre chaque épreuve
Épreuve choisie aléatoirement. Chaque match se fera en une série de duels.
L’ordre des matchs n’est pas révélé.

Règles

  • Pour chaque épreuve, 5 joueurs doivent être sélectionnés par équipe
  •  Seuls les élèves de seconde et de première participent.
  • Chaque duel se passera en 1 contre 1. La victoire ira au premier groupe à atteindre 3 victoires (Format BO5).
  • Les 5 parties devront être joués même en cas de victoire assurée.
  • Les élèves peuvent participer à tous les événements s’ils le souhaitent.
  • L’établissement choisira aléatoirement les épreuves parmi une liste.
  • Les prix seront attribués en fonction du nombre de victoires.
  • En cas d’égalité pour la 3e place et plus, il y aura d’autres épreuves.

Comme prévu, le contenu n’était pas lourd. C’était évident au vu de la liste, qu’on y retrouve des épreuves uniques comme un atelier de composition florale ou de la poterie. Il y avait aussi des jeux plus classiques comme le UNO et d’autres jeux de cartes. Il y avait même du sport comme le tennis de table. Bien sûr, certaines activités demandaient certaines compétences académiques, mais elles étaient en nombre réduit. On y retrouvait même la préparation d’un bouquet de fleurs, ou le taillage d’un bonsaï, ce qui était intéressant en soi. On pouvait faire ces activités en dehors de la compétition et un même jeu pouvait être également tiré au sort plusieurs fois au cours du camp. Tout était clair, ce camp avait pour but de nous faire interagir avec les seconde à travers des activités compétitives pour renforcer nos liens. Cela pouvait être ennuyeux pour certains, mais personnellement, j’avais hâte.

Mlle Chabashira — Vous recevrez une carte de camp pour collecter des tampons en participant aux activités. En obtenir un certain nombre est une condition pour recevoir vos points. Soyez donc vigilant.

Cette carte servait à inciter les élèves à s’impliquer un minimum. Il y avait aussi une limite de tampon par jour, mais ce n’était pas important. L’objectif pour moi était surtout de découvrir de nouvelles choses. Une fois toutes les spécificités précisées, les groupes faibles avaient leur chance. On pouvait même dire qu’on partait tous sur un pied d’égalité.

Mlle Chabashira — J’espère que c’est clair, et que j’ai pu dissiper vos doutes. Vous l’avez compris, la victoire n’est pas une priorité absolue. Bien sûr, vous pouvez toujours la viser, mais l’objectif premier est la cohésion de groupe. Faire des rencontres est tout aussi important.

Nous étions jusque-là toujours en compétition au travers d’examens spéciaux. Pour la première fois, la consigne numéro 1 n’était pas la victoire.

Karuizawa — Ce voyage à l’air d’être reposant pour une fois. Même si on termine dernier, on obtient quand même 1000 points.

Pour l’instant, certains élèves, Kei compris, étaient rassurés.

Ike — Oui. Le fait qu’il n’y ait pas de pénalité est un énorme avantage.

L’ambiance devint de plus en plus détendue. On entendait des soulagements.

Mlle Chabashira — N’oubliez pas de respecter les horaires imposés par l’école, même si vous ne participez pas à tous les événements.

Cela mit un petit coup au moral. Kei et moi observâmes ainsi les horaires.

Réveil — 7h

Petit déjeuner — 8h
Session du matin — 9h à 12h
Repas du midi — 12h à 13h
Pause — 13h à 14h

Session de l’après-midi — 14h à 18h
Dîner — 19h à 20h

Extinction des feux — 22h
*Grands bains :  Matin de 6h à 8h // Soir de 20h à 22h

En dehors des périodes de jeux, nous étions relativement libres. Dans des cas extrêmes, il était possible de sauter un repas pour aller faire une sieste ailleurs. Le chef de groupe ne pouvait pas non plus imposer de participation. Nous devrions arriver pour le déjeuner. À partir de là, nous serons placés en groupe et puis nous devrions effectuer la session de l’après-midi.

Mlle Chabashira — J’espère que vous ne mettrez pas vos senpais dans l’embarras avec des comportements inappropriés.

Après avoir terminé ses explications, elle posa le micro et s’assit à nouveau.

1

Après deux heures d’autoroute, la vue fut masquée par les montagnes. Le car s’arrêta devant une auberge différente de l’an passé, et les élèves descendirent. L’aire était beaucoup plus ouverte que je ne l’imaginais. Les bâtiments ressemblaient à de vieux gîtes, plein d’histoire. D’après l’école, c’était un centre de loisirs durant la période de la bulle spéculative japonaise de 1986. A l’intérieur, il y avait une salle pour chaque activité. La lise devait se baser là-dessus. Mashima-sensei saisit un mégaphone et prit la parole.

M. Mashima — Rejoignez votre groupe. À partir de maintenant, et pour les trois prochains jours, suivez les indications de vos responsables de groupe. Profitez de ce moment pour faire connaissance.

Les vingt élèves de terminale se placèrent devant nous et c’était Kiryûin, les mains dans les poches, qui se positionna devant ma personne.

Karuizawa — Bien, à plus tard, Kiyotaka !

J’observai Kei, pas trop contente de partir, puis me dirigeai vers Kiryuin.

Moi — Je suis impatient de travailler avec toi, Kiryuin-senpai.

Kiryuin — Je compte sur toi.

Le groupe de Kiryûin se rassembla. Nous étions seize.

Seconde

Classe A — Toyohashi Goro, Kosumi Dan
Classe B — Yanagi Yasuhisa, Eikura Mani
 Classe C — Tsubaki Sakurako, Shintoko Taro
Classe D — Obokata Yukiki, Jute Misora

Première

Classe A — Hashimoto Masayoshi, Yamamura Miki, Morishita Ai
Classe B — Ayanokôji Kiyotaka, Nishimura Ryoko
Classe C — Oda Takumi, Shiina Hiyori
Classe D — Hatsukawa Maho

Kiryûin nous dirigeait et ma première impression était que nous avions un groupe assez varié, que ce soit au niveau sportif ou académique. Cela aurait pu nous jouer des tours dans une autre configuration, mais les activités ici étaient assez banales. Parmi les seconde, je n’en connaissais aucun à part Tsubaki alors faire connaissance prenait tout son sens.

Hashimoto — Je ne m’attendais pas à ce qu’on soit ensemble.

Pendant que nous nous rassemblions, il commença à discuter avec moi.

Moi — Moi non plus.

L’autre jour, j’avais beaucoup discuté avec Hashimoto et ses camarades, mais il était étrange que nous soyons tous les quatre tombés ensemble.

Hashimoto — Je suis à la fois content et triste. J’aurais voulu que soyons ensemble pour un examen plus important.

On dirait qu’il avait beaucoup d’attentes envers moi alors que je ne lui avais rien promis.

Hashimoto — Même si c’est juste une simple classe de découverte, j’aimerais bien me faire une belle somme en terminant premier. Par contre, communiquer avec les seconde est obligatoire. Je t’ajouterai au groupe plus tard.

C’était pratique d’avoir quelqu’un qui se dévouait pour organiser. C’était une tâche bien complexe.

Moi — Peut être que je devrais supprimer ton numéro de mes contacts le mois prochain. Tu devrais faire attention.

Hashimoto — Hey, hey, tu te prends pour Morishita à faire ce genre de blagues pas drôles ?

Il est vrai que Morishita aurait pu dire la même chose. Cette étrange personne déteignait sur moi sans que je ne le réalise ? Alors que je pensais à ça, une douce voix atteignit mon oreille.

Hiyori — Bonjour, Ayanokôji-kun.

Hiyori, qui venait à peine de nous rejoindre, m’adressa la parole.

Moi — Salut ! Je compte sur ta coopération. C’est rassurant de t’avoir.

Hiyori — Idem. J’étais rassurée de voir que nous étions ensemble.

J’avais l’impression que tout le monde pouvait être heureux d’accueillir Hiyori dans son groupe. Sa vision du monde était vraiment différente des autres. J’étais content de voir qu’une amie était là.

Hiyori — Hashimoto-kun, je suis impatiente de travailler avec toi aussi. Hiyori, qui se tenait près de moi, inclina légèrement la tête.

Hashimoto — Je suis toujours prêt à accueillir de jolies filles. Mais tu sais, je vous trouve très mignons comme ça, côte à côte.

Moi — Comment ça ?

Hashimoto — Ne le prends pas mal, mais je te préfère avec elle que Karuizawa. Vous ressortez beaucoup mieux.

Est-ce que c’était nos points communs, comme la lecture, qui lui faisait dire ça ?En tout cas, ce n’était pas nécessaire de prendre toutes ses paroles au sérieux. Il avait déjà détourné son attention de nous de toute manière. Kiryûin ignorait le groupe et se contenta de contempler les montagnes enneigées. Hashimoto en profita pour prendre les devants.

Hashimoto — Hum, est-ce que tout le monde est là ? Ah non, il manque quelqu’un ? Un, deux, trois…

Hashimoto compta rapidement le nombre de personnes dans le groupe.

Hashimoto — 15, 16 avec moi. Il manque encore quelqu’un.

Il manque quelqu’un ? Je pensais que nous étions tous là. Me suis-je trompé ?

Moi — Nous sommes 17. Yamamura Miki est là aussi.

Hashimoto — Oh, tout le monde était là… Désolé Yamamura !

Il corrigea rapidement son erreur et s’excusa de ne pas l’avoir remarquée.

Yamamura — Non… C’est moi qui m’excuse.

Pour je ne sais quelle raison, Yamamura s’excusa alors qu’elle n’était pas en faute. Se faire oublier par Kiryûin et par son propre camarade, Hashimoto, montrait à quel point sa capacité à se faire petite était devenue meilleure. Cependant, une fois sa présence remarquée, un changement brutal avait eu lieu, comme si d’un seul coup, son existence se faisait plus impactante. Je devais être le seul à avoir cette impression. En questionnant Hiyori sur Yamamura, elle m’avait répondu n’avoir jamais eu de conversations avec elle. J’allai donc voir Yamamura afin de lui présenter Hiyori.

Moi — On dirait que l’on se croise souvent ces derniers temps.

Yamamura — C’est vrai. Je suis contente d’être avec toi.

Hiyori — Ravie de te rencontrer, Yamamura-san.

Lorsque Hiyori lui adressa un sourire radieux, Yamamura se figea.

 Yamamura — Ah… Shiina-san… C’est bien ça ?

Elle salua Hiyori avec hésitation. Son agitation était réelle.

Hiyori — Oh ? Tu as quelque chose à me demander ?

Yamamura — Ah, heu… Tu es différente de ce que je pensais.

Hiyori — Moi ?

Lorsque Hiyori la regarda d’un air intrigué, Yamamura marmonna.

Yamamura — Je te pensais plus… Indifférente.

Elle, qui observait seulement les gens de loin, avait cette impression. Je pensais la même chose avant également. C’est seulement en discutant et en apprenant à la connaitre que j’ai compris à quel point j’étais dans l’erreur.

Yamamura — Désolée. Je ne sais pas très bien communiquer avec les gens. J’ai peut-être dit quelque chose de blessant.

Hiyori — Moi non plus. On se ressemble sur ce point.

Yamamura — Ah oui ?

Dans sa réponse, on voyait dans ses yeux que Yamamura ne la croyait pas.

Hiyori — Hmm, je dirais que c’est sûrement grâce à Ayanokôji-kun.

Yamamura — Ayanokôji-kun ?

Moi ?

Yamamura se posa la même question que moi dans ma tête.

Hiyori — Oui. Même si ce n’est pas mon fort, j’ai réussi à apprécier discuter avec mes amis. Je suis sûre que tu changeras aussi.

Elle saisit la main de Yamamura, qui était sur ses gardes, et affirma une seconde fois son message. Hiyori exagérait sûrement en disant que c’était grâce à moi, mais j’espère qu’un jour Yamamura pensera la même chose.

Morishita — Bonjour, Ayanokôji Kiyotaka.

Elle me salua sans utiliser de suffixes honorifiques, mais avec un ton poli.

Moi — Content de te voir.

Morishita — Et tu dois être Shiina Hiyori ? Ai Morishita, enchantée.

Elle inclina légèrement la tête.

Hiyori — Je suis Shiina, ravie de te rencontrer aussi, Morishita-san.

En commençant par Yamamura, les première faisaient connaissance. Ensuite, ils approchèrent des seconde, qui restaient entre eux. Kiryûin, qui n’était pas intervenue jusque-là dans les conversations, prit enfin la parole.

Kiryûin — Maintenant que les présentations sont terminées, je propose que nous allions manger. Vous pouvez vous séparer pour l’instant.

Hashimoto — Une minute, Kiryûin-senpai. Ce ne serait pas mieux que nous mangions tous ensemble afin de renforcer l’esprit de groupe ?

Hashimoto prit les devants et interpela Kiryûin sur sa dernière déclaration. Au vu du contexte, la proposition de Hashimoto n’était pas si mal. On voyait une certaine unité qui se formait dans les autres groupes.

Kiryûin — Alors je te laisse t’en occuper.

Elle accepta, mais fît comprendre qu’elle n’allait pas nous rejoindre. Puis elle partit en direction de l’auberge seule.

Moi — On peut l’ignorer. Je suis d’accord pour que l’on reste ensemble.

Hashimoto ne pouvait pas non plus prendre les décisions tout seul, alors j’avais décidé de le soutenir un peu.

Hashimoto — Elle a dit qu’on était libre, donc autant rester ensemble.

Il se mit à agir rapidement, estimant inutile de trop perdre de temps pour ne pas perturber les seconde. Même si certains n’étaient pas forcément partant pour manger avec leurs senpais, le but principal était l’échange. Seuls des caractères forts comme Hôsen pouvaient trouver à redire.

— Attends, Kôenji !

Derrière Hashimoto en train de discuter avec les seconde, on pouvait entendre un autre groupe se disputer. Kôenji, qui était dans le groupe 6, avait quitté les lieux contre l’avis du leader. Nous avions tous l’habitude de ce comportement au sein des première mais ce n’était pas le cas des autres. Même Inogashira, une camarade, semblait anxieuse, mais elle accepta son impuissance. Pendant un court instant, elle et moi échangeâmes un regard, avant qu’elle ne se retourne à nouveau vers son leader en colère.

Hiyori — Je me demande ce qui arrive à Kôenji.

Elle, qui ne comprenait pas trop la situation, marmonna cela en regardant Kôenji partir au loin.

Morishita — Il est toujours très solitaire, il ne reviendra sûrement pas. Hiyori — Ah oui ?

Morishita — Kôenji Rokusuke ne travaille jamais en groupe. C’est quelque chose que nous savons depuis longtemps. Je vous plains !

Elle avait bien cerné le personnage. Elle garda les mains jointes un moment comme si elle priait pour le groupe 6, déjà en manque de cohésion.

Morishita — Si tu avais été dans ce groupe, Ayanokôji Kiyotaka, est-ce que tu aurais tenté de l’arrêter ? En tant que camarade.

Moi — Je n’aurais rien fait. Je sais déjà que c’est inutile.

Peu importe nos liens, Kôenji était un élément incontrôlable.

Hashimoto — Venez tous, nous allons manger ensemble.

Tout le groupe 20, hormis Kiryûin, le suivit. Dès notre entrée dans l’auberge avec nos chaussures, nous pouvions sentir l’humidité de l’endroit. Il ne devait pas être très souvent fréquenté. Tous les élèves se dirigeaient en ligne vers la cafétéria avec Hashimoto en guise de chef provisoire. Pendant que nous mangions, c’était lui qui parlait le plus. Il encourageait les seconde plus timides à interagir avec les autres afin de les intégrer aux discussions. Pour quelqu’un comme moi, ce genre de personne était une aubaine.

 — Hum… Hashimoto-senpai. Les règles du camp stipulent que nous ne sommes pas obligés d’être présents pour les épreuves. C’est vrai ?

Hashimoto — Oui. Chaque match se jouera avec 5 personnes, mais tout le monde n’est pas obligé de participer, et une personne peut participer aux 20 activités s’il en a envie.

Tout ce dont nous avions besoin était la présence d’au moins 5 personnes et du leader au moment des jeux.

Hashimoto — Au vu de son attitude, Kiryûin-senpai n’est pas vraiment intéressée par cet événement, donc nous pouvons faire ce que nous voulons… Mais j’aurais bien aimé qu’elle nous dise ce qu’elle a en tête.

Puisque le leader est celui qui décidait de la participation, elle devait attendre l’annonce des épreuves. Hashimoto semblait dépité, car Kiryûin n’avait même pas pris la peine de demander qui était fort en quoi.

 — Kiryûin-senpai est incroyable, non ? Elle devrait sûrement avoir des informations sur nous, je me trompe ?

Une fille en seconde D, Jute Misora, lui posa la question. Sans même la connaitre, on pouvait voir en Kiryûin de grandes capacités.

Hashimoto — C’est impossible à mon avis. Comment elle pourrait savoir qui est fort pour préparer des bouquets de fleurs

Hashimoto était sceptique et il n’avait pas tort. Il était impossible de vraiment connaitre les points forts et faibles de chacun.

Hashimoto — Je voulais surtout qu’on mange tous ensemble pour parler des activités et des points forts de chacun. Mon idée c’est que vous allez vous donner une note sur cinq pour chaque discipline.

C’était une idée simple, mais plutôt efficace, pouvant inspirer les autres leaders. Chacun utilisa le téléphone pour se noter tout en mangeant, mais certaines activités n’étaient pas simples à jauger, surtout si elles étaient trop créatives ou si elles étaient inconnues. Et ici, pas d’entraînement préalable. Dans ce cas-là, c’était la note minimale de « 1 » qu’il fallait mettre, tandis qu’un « 2 » montrait que l’on était prêt à se familiariser. Il y avait beaucoup d’activités proposées, donc certains prirent le temps du repas entier pour finir de se noter. Grâce à cela, nous avions récolté des données pertinentes pour la bonne marche du groupe. Les notes furent directement partagées dans le groupe que Hashimoto avait créé.

Hashimoto — Ça ne va vraiment pas le faire.

Ses premiers mots après le constat furent assez durs. Comme il le craignait, presque tous les élèves avaient mis des notes de 1 ou 2 à la plupart des activités. Hashimoto semblait avoir renoncé à la première place.

Hashimoto — Peut-être qu’on devrait oublier la première place et juste passer du bon temps.

Il était encore trop tôt pour faire un tel jugement, d’autant plus que cette situation devait être identique à celle des autres groupes.

Hashimoto — J’ai l’impression que seulement certains groupes sont vraiment sérieux pour l’instant. Bon, je vais montrer ces informations à Kiryûin et lui demander des précisions. On a besoin de connaître la marche à suivre.

Finalement, cette discussion allait décider de l’issu de ce camp. Si Kiryûin était vraiment motivée, alors les kôhais allaient suivre sans trop de soucis.

Mais dans le cas contraire, ça nous enlèverait à tous de la pression pour laisser place à une vraie classe de découverte.

Personnellement, la deuxième option me convenait très bien.

2

Après avoir fini mon repas, je me levai de mon siège en regardant un message d’une certaine personne sur mon téléphone. C’était juste avant 13h, Il restait donc environ une heure avant la première activité de la journée.

Moi — Excuse-moi, mais pourrais-tu me laisser sortir un moment. Est-ce que ça te va si on se voit dans notre dortoir ?

Hashimoto — Oui, c’est bon. Je m’occuperai des seconde et leur ferai faire des révisions ou autre chose.

Je remerciai Hashimoto, qui avait pris la responsabilité de senpai et me dirigeai vers la salle de repos en suivant l’indication du panneau. À mon arrivée. Je vis la personne m’ayant fait venir assise, seule sur un canapé à deux places, regardant la fenêtre par un air ennuyé. Il semblait y avoir une autre personne debout regardant à travers la fenêtre. Ça ne semblait pas être une coïncidence, vu à quel point ils étaient proches.

Moi — As-tu besoin de mon aide, Nagumo-senpai ?

Nagumo — Besoin ? Ce n’est pas vraiment un besoin, mais je dois parler de quelque chose avec toi.

Usant le bout de ses doigts, il me fit signe d’approcher. Je m’exécutai et m’assis sur le fauteuil vide en face de moi. La personne se tenant à côté de la fenêtre, Asahina, se retourna.

Asahina — Hey, par ici ! Ayanokôji-kun !

Elle se dirigea vers le canapé, poussant Nagumo sur le côté droit avant de prendre place près de lui.

Nagumo — Je m’attendais à un examen plutôt spécial, mais c’est une simple classe de découverte. Je suis vraiment contrarié.

Il m’avait exprimé sa déception sans attendre.

Nagumo — Je n’ai vraiment pas de chance.

Il se lamentait, secouant légèrement la tête avec un petit sourire.

Nagumo — Tu penses la même chose, n’est-ce pas ?

Disait-il dégouté, la joue sur le bras, situé sur l’accoudoir.  

Moi — Effectivement, contrairement au camp de l’an passé, celui-là est un cran en dessous. C’est pourquoi c’est un simple camp de découverte plutôt qu’un examen spécial.

L’année dernière, il y avait un risque d’expulsion, mais cette année, pas de pénalité. Je pouvais comprendre la grande déception de Nagumo.

Nagumo — Mais tu savais que ça allait arriver, n’est-ce pas, Asahina ? Vu le timing de ce camp.

Asahina — …Oui, je pense

Maintenant que le mois de février avait commencé, il était difficile d’imaginer un examen spécial complexe qui impliquerait toutes les promotions. C’était ce qu’Asahina essayait d’exprimer.

Moi — Il aurait été virtuellement impossible de faire participer tous les terminale comme l’an dernier.

Après mon intervention, Nagumo répondit.

Nagumo — Beaucoup de terminale révisent les examens ou sont à la recherche d’un travail en ce moment.

Seulement ceux qui avaient déjà décidé de leur futur pouvait participer au camp pour tuer le temps. Peu importe le nombre de points privés qu’ils pouvaient obtenir en retour, la majorité préférait plutôt économiser chaque seconde de leur temps. Les terminale avaient créé un système pour collecter et contrôler les points privés. Tout passait par Nagumo. Avec 20M de points accumulés, l’un d’entre eux pouvait être amené en classe A. Mais cette fois, il était impossible de transférer la somme gagnée, ne pouvant qu’être dépensée au centre Keyaki. De toute manière, le gain était dérisoire. Je n’étais pas familier avec le système universitaire, mais les examens d’entrée dans les facs privées commençaient généralement fin janvier. Pour le public, c’était un mois plus tard. Considérant le fait qu’on était en début février, alors les examens étaient pour bientôt. C’était bien trop cher payé que de perdre trois nuits et quatre à jour à s’occuper de nous.

Moi — L’an dernier, le camp s’était certes tenu un mois plus tôt, mais n’est-ce pas une période difficile pour les terminale ?

Nagumo — En effet. Il y avait beaucoup d’élèves qui avaient apporté leur manuel. J’imagine que l’administration a dû calmer le jeu.

La génération de Horikita Manabu devait avoir eu son lot de difficulté. Peut-être que l’école avait préparé certaines mesures de secours, mais on ne pouvait pas le savoir. Même si c’était une période chargée, l’objectif de ce camp était de se détendre, ainsi, seuls ceux qui avaient un objectif clair pour continuer leurs études ou trouver un emploi avaient décidé de participer.

Moi — C’est donc du volontariat ?

En réponse à ma question, Asahina hocha la tête

Asahina — On cherchait 5 volontaires dans chaque classe. Si on n’atteignait pas les vingt élèves, l’école aurait ajusté le nombre de groupes.

L’établissement savait donc faire preuve de considération pour ses élèves.

Moi — Je n’ai pas posé la question, mais tu comptes faire quoi après le diplôme, Nagumo-senpai ?

Nagumo sembla surpris par la question.

Nagumo — Tu es si curieux de le savoir ?

Il semblait satisfait d’avoir suscité mon intérêt. Je sentais qu’en répondant vaguement, je pouvais le contrarier. Je décidai de hocher la tête sincèrement.

Nagumo — Je vais aller à l’université. Et je n’ai clairement pas l’intention d’utiliser les privilèges de la classe A.

Autrement dit, il était confiant en ses compétences.

Asahina — Je vais aussi aller à l’université, comme Miyabi, mais ce ne sera pas la même. Je n’ai pas atteint les points nécessaires au concours commun d’entrée. Je ne pense pas avoir le niveau. Avoir mon diplôme en classe A me suffit. J’aurais pu utiliser ce privilège pour forcer mon entrée dans une top université, mais je préfère l’utiliser plus tard.

Je ne savais pas dans quelle faculté elle allait, mais celle de Nagumo devait être bien prestigieuse. La décision d’Asahina était bonne. Comme l’avait dit Keisei, il valait mieux utiliser ce privilège dans le monde du travail, car suivre le rythme n’était pas garanti en entrant dans une top université.

Nagumo — Et sais-tu pourquoi je ne compte pas utiliser ce privilège ?

Moi — Parce que tu n’en as pas besoin. Tu crois en tes compétences.

Nagumo — C’est une des raisons de ma domination écrasante ici. Que je finisse en classe B ou D, je peux clairement obtenir l’université ou le travail que je veux au vu de mes capacités.

Asahina le regarda avec une expression de dégoût, mais il disait vrai.

Moi — Si tout le monde s’était uni pour te faire descendre en classe B, ça n’allait rien changer aux choses. Tu aurais renversé la tendance. Tout le monde savait à quoi s’attendre.

Il hocha la tête. La différence de point de vue se situait dans le fait que l’on considérait soit la chose comme un privilège, soit comme une assurance.

Moi — D’ailleurs Horikita-senpai se trouve aussi dans l’université que tu vises. Ça montre à quel point tu l’admires.

Peu importe le niveau de la faculté, c’était Horikita Manabu qu’il voulait.

Nagumo — Lâche-moi avec ça. Tu n’auras qu’à passer l’examen d’entrée là-bas. Je t’accueillerai avec grand plaisir.

Moi — Ça va demander beaucoup trop d’efforts.

Asahina — Pour moi, c’est mort alors que je m’en sors niveau notes.

Asahina avait bu mes paroles, n’hésitant pas à me comparer à elle. Mais Nagumo ignora la chose, se contentant de rigoler en haussant les épaules.

Nagumo — Allons droit au but. Dans ce camp, il n’y a rien à perdre, seulement des points privés à gagner. Il y a beaucoup moins de gens sérieux en conséquence et du coup ce n’est pas si excitant, mais je préfère voir le bon côté des choses.

Un match était un match et c’était sans aucun doute sa dernière chance.

Moi — J’imagine que tu comptes m’affronter ?

Nagumo — En effet, oui.

Pour les terminale, c’était une simple classe de découverte avec peu de gain en retour. Nagumo avait donc pris le temps d’organiser un match contre moi. En entendant ces mots, Asahina approcha la tête de Nagumo.

Asahina — C’était sûr en fait ? Tu es vraiment obsédé par lui.

Nagumo — Alors tu es venue pour le protéger ? Quelle gentillesse.

Asahina — Mais Ayanokôji n’a rien fait de mal. Ce n’est pas juste que tu le prennes pour cible comme ça. Pourquoi cet acharnement ?

Ses épaules entrèrent en collision avec celles de Nagumo. Cela irrita légèrement Nagumo qui fit une sorte de demi-sourire.

Nagumo — Sais-tu pourquoi Suzune Horikita est au Conseil, Nazuna ?

Asahina — Ce n’est pas pour suivre les pas de son grand frère ?

Nagumo — Pas du tout. Je ne saurais dire si c’est toujours le cas, mais à l’origine ce n’était pas sa motivation.

Asahina — Ah oui ? Alors qu’elle était la raison ?

Nagumo — Lui ! Ayanokôji s’est servi de Suzune pour me surveiller.

Asahina — Eh ?

Asahina fut bouche bée.

Nagumo — Je suppose qu’il était parti du principe que j’étais un mauvais président. Mais ce n’est pas le cas finalement, n’est-ce pas ?

Bien sûr, Nagumo avait eu parfois des réactions extrêmes, mais il faisait toujours en sorte de ne pas avoir Horikita Manabu dans le collimateur.

Moi — Il est vrai que je salue les changements que tu as mis en place.

Nagumo — Peut être que tu as trop été influencé par Horikita-senpai pour le meilleur ou pour le pire.

Avant d’entrer à l’école, je n’avais eu jusque-là aucune interaction sociale avec les gens. Il était certain que j’avais grandement été influencé par Horikita Manabu. L’établissement préférait la stabilité tandis que Nagumo voulait tout réformer. Les deux systèmes n’étaient pas destinés à cohabiter.

Moi — Disons que Horikita-senpai m’a en effet passé le relais.

Nagumo — Alors tu l’admets.

Moi — Il est trop tard pour le nier maintenant.

Asahina — Attendez une minute. Quoi ? Je ne m’attendais pas à ça.

Perturbée et la bouche grande ouverte, elle nous regardait alternativement.

Nagumo — Il a l’air de rien comme ça, mais il cache bien son jeu.

Il prit une pause avant de continuer.

Nagumo — Je peux donc considérer que tu acceptes mon duel ?

Moi — J’imagine qu’il y a un enjeu en plus. Mais pourquoi ne pas se contenter des règles du camp de découverte, tout simplement ?

Nagumo — J’ai pensé à laisser les choses telles quelles, mais je ne veux pas que moi, ex-président, sois soupçonné de te piéger en utilisant ce camp comme prétexte pour mes désirs personnels. Cela causerait bien des problèmes.

Il n’avait pas tort là-dessus. Il valait mieux éviter de se faire remarquer. D’autant plus que nous n’étions pas de la même année scolaire.

Nagumo — Le terme duel est exagéré. C’est plus comme un petit pari.

Ayanokôji — Un pari tu dis ?

Nagumo — Oui. Si tu gagnes le pari, tu seras bien récompensé.

Moi — Et ma défaite n’aurait aucune conséquence.

Nagumo — En effet. Facile, non ?

C’était plus un jeu finalement, mais était-il le seul à être désavantagé ?

Moi — Je ne vois pas de raison de refuser, mais avec les règles actuelles, nous sommes un peu limités. En tant que chef de groupe, tu ne peux pas participer directement aux épreuves, non ?

C’était pareil pour Kiryûin. Seuls les première et seconde participaient. D’emblée, nous n’étions pas sur le même plan.

Moi — Tu comptes m’affronter en dehors des matchs officiels ?

La zone était bien assez grande pour permettre un duel ailleurs.

Nagumo — Ça aurait été une bonne idée, mais dans ce cas, aucun intérêt à ce qu’on attende le camp de découverte pour ça.

Moi — En effet, à l’école nous aurions pu avoir un duel plus légitime.

Nagumo — Certes, mais je préfère suivre les règles de l’école.

Il fit une pause avant de reprendre.

Nagumo — Ça aurait été bien de te voir leader. On aurait eu un affrontement en dirigeant les première et les seconde.

Cela pouvait marcher si Kiryuin-senpai suivait mes directives, mais il avait anticipé qu’elle ne jouerait pas le jeu.

Nagumo — Ce serait pas mal non ?

Asahina — Oui mais pour que cela soit équitable, il aurait fallu qu’il choisisse lui-même les membres de son groupe.

Il avait eu en effet le loisir de choisir alors que je devais composer avec les choix de Kiryûin. Tout ça s’était déroulé à l’insu des seconde et première.

Nagumo — Vu le système mis en place, mon groupe n’affrontera le tien qu’une fois durant ces trois jours. Ce n’est pas si excitant, n’est-ce pas ? Voilà pourquoi je veux pimenter les choses.

En disant cela, il pointa son index vers moi.

Nagumo — Tu participeras à toutes les épreuves. Si tu perds trois fois, je gagne le pari.

Moi — Je n’ai donc pas à me préoccuper des résultats de mon groupe ?

Nagumo — En effet. Même si le groupe de Kiryûin perd 19 fois d’affilées, tant que tu ne perds contre personne, ce sera ta victoire.

Il y avait 19 épreuves. Il fallait donc en gagner 17 individuellement.

Moi — Tu es tellement généreux de me laisser perdre deux fois.

Nagumo — Si tu devais rester invaincu, imagine perdre dès la première épreuve. Ce serait la douche froide assurée, non ? C’est bien plus drôle de préserver le suspens.

C’était donc pour son propre plaisir.

Asahina — Eh ? Ce n’est pas trop désavantageux pour Ayanokôji-kun ? Les jeux de cartes reposent sur la chance.

Nagumo — Il n’a rien à perdre et ce sont nos règles qui priment.

Asahina — Ah, eh bien… peut-être.

Je n’étais pas si satisfait, mais même si la difficulté était maximale, je n’avais aucune raison de refuser. Je ne risquais rien.

Nagumo — Je ne désire que ta défaite. Mettre les chances de mon côté est tout à fait cohérent. Les points privés sont là pour compenser.

Moi — Tu crois qu’il est judicieux d’effectuer de telles manœuvres avec un première comme moi juste avant ton diplôme ?

Nagumo — C’est comme ça que j’aime interagir avec toi.

Réaliser son souhait ne faisait pas de mal. Il allait être diplômé en mars prochain dans tous les cas.

Moi — Très bien. J’accepte sans hésiter.

Nagumo répondit avec un léger hochement de tête.

Nagumo — Bien sûr, j’ai dit à Kiryûin que tu participais à tous les jeux.

Il était donc parti du principe que j’allais accepter.

Asahina — Je sais que je n’ai pas de légitimité, mais tu peux refuser tu sais ? Ok, tu ne perds rien en soi, mais une défaite est une défaite.

Surtout que pour Nagumo, me voir perdre lui suffisait.

Nagumo — Il a accepté. Nul besoin de ton intervention futile.

Rejetée brutalement, Asahina fit la moue pour montrer son irritation. Mais elle changea ensuite de visage quand elle vit que je le vivais bien.

Moi — Mais tu ne t’es vraiment pas retenu avec tes sélections, senpai. Les élèves des autres groupes étaient surpris.

Il se mit à faire un petit sourire comme si c’était naturel.

Nagumo — Certes, c’est un cadre sans prise de tête, mais un duel reste un duel. En tant qu’ex-président, je dois me montrer digne.

Il comptait sortir vainqueur du camp avec son groupe dans tous les cas et ce, peu importe qui gagnait notre duel. Mais ce n’était pas mes affaires.

Nagumo — Même si tu as plusieurs victoires d’affilée, je pourrais mettre fin à ta série en manipulant les membres de mon groupe.

Asahina — Wow. Tu es vraiment impitoyable Miyabi.

Moi — Non, Nagumo-senpai pense de la bonne manière.

Attirer un adversaire sur son terrain était une compétence en soi. Il fallait savoir créer une situation favorable. Vu le système des rencontres et l’ambiance détente, difficile d’établir combien de fois quelqu’un participait aux activités. Et c’était à mon avantage, car voir un élève de première diriger un groupe aurait attiré l’attention. Il n’avait donc pas que pensé à lui.

Nagumo — Nazuna se méprend, car la victoire ne repose pas seulement sur les compétences de quelqu’un. Si ce dernier ne sait pas diriger alors c’est vers la défaite qu’il se dirige.

Il avait raison. Peu importe le nombre de pièces que l’on avait au shogi, si nos compétences n’étaient pas suffisantes, la victoire n’était pas assurée.

Kiryûin — Désolée pour le retard. Est-ce que la discussion est finie ?

Kiryûin se montra dans la salle de repos.

Nagumo — Ah, oui. Tout se déroulera comme convenu.

Il se retourna ensuite vers moi.

Nagumo — Kiryûin a dû sentir que je comptais te défier. Voilà pourquoi elle s’est portée volontaire pour diriger ton groupe.

Kiryûin — En effet.

Elle acquiesça.

Kiryûin — Je peux même te donner l’autorité en tant que leader de coulisses si tu le souhaites. Je n’aurais qu’à faire semblant.

C’était gagnant-gagnant, mais faisait-elle ça pour que j’obtienne une victoire totale sur Nagumo ou pour gagner des points privés sans rien faire ?

Moi — Je vois. J’avoue que ça me travaillait un peu. Mais je comprends mieux la présence de ces trois élèves de la classe A dans notre groupe.

Quand Hashimoto et Morishita m’avaient accompagné à la supérette, nous étions tombés sur Yamamura et Kiryûin. Dans le cas où elle voulait me léguer l’autorité, j’imagine que l’objectif était de choisir des éléments avec qui j’avais déjà quelques liens afin de me faire gagner du temps.

Kiryûin — Je ne connais pas vraiment ton cercle d’amis et cette rencontre à la supérette était une coïncidence. Mais je voulais que tu puisses montrer tes capacités aussi confortablement que possible.

Avec Hashimoto et Hiyori la communication n’était pas un problème.

Moi — J’apprécie ta considération, mais je vais devoir décliner l’offre. Malheureusement je ne suis pas bon pour socialiser et je vais être trop occupé à essayer de m’entendre avec les kôhais.

Malgré la petite déception affichée de Kiryûin, ça n’avait pas non plus l’air de la déranger plus que ça.

Moi — Je ne m’attendais pas à ton implication, Kiryuin-senpai.

Nagumo et Kiryûin n’étaient pas vraiment amis. On pouvait même dire que c’était le contraire. À ma réponse, elle eut un sourire amusé.

Kiryûin — En tout cas, je suis contente que le duel ait lieu, Nagumo. Dommage que les terminale ne puissent pas participer directement.

Le pensait-elle vraiment ? Quoi qu’il en soit, elle avait tenu ces propos.

Nagumo — Dois-je en conclure qu’avec une participation des terminale, tu te serais donnée à fond ?

Kiryûin — Bien sûr. C’est une rare opportunité impliquant Ayanokôji et j’aurais voulu être à la hauteur de ses attentes.

Nagumo — Huh, tu crois fort en lui. Si tu veux, on peut se défier ici ou ailleurs. Vu que nous sommes tous les deux en terminale, aucune raison de se retenir. Je peux même mettre en jeu un ticket en classe A.

Kiryûin — Désolée, je vais devoir refuser. Ce ticket de transfert est imbibé du sang et de la sueur de toute notre promo. C’est bien trop lourd pour quelqu’un comme moi en retrait jusque-là.

Kiryûin était assez confiante pour ne pas imaginer perdre. Ses mots étaient forts. Elle sous-entendait fortement qu’en étant sérieuse, elle aurait gagné.

Nagumo — Quel dommage.

Nagumo d’un autre côté était habitué et ne semblait pas intéressé plus que ça par elle après l’avoir connue pendant trois longues années.

Kiryûin — Bon, j’ai à faire en tant que leader. Je me retire. À plus !

Après s’être brièvement occupée de ses affaires, Kiryûin partit.

Asahina — Fuka-chan a toujours trop la classe.

Nagumo — C’est une femme, après tout.

Asahina — Wow, c’est terrible ce que tu dis Nagumo. Nous sommes dans une époque où un rien peut mener à une plainte.

Nagumo — N’interprète pas mal les choses. Je veux juste être au sommet de la catégorie masculine. Moi, tu ne me parles pas de discrimination ou je ne sais quoi.

Le fait qu’elle soit du sexe opposé lui ôtait toute fougue.

Asahina — Même, tu es trop sec. Ça peut créer des malentendus.

Elle n’avait pas tort. Il ne perdait rien à faire preuve de plus de tact. Quand je me levai, Nagumo et Asahina m’imitèrent. Nous quittâmes ainsi la salle.

Nagumo — Tu devrais aussi t’échauffer.

Moi — Ce sera fait.

Amasawa — Ah, enfin ! Vous avez fini de parler, pas vrai ?

Juste avant qu’on se sépare, Amasawa apparut à la sortie et s’approcha de nous comme si elle attendait avec impatience notre arrivée. Nagumo se gratta le derrière de la tête.

Nagumo — N’as-tu pas entendu mes instructions ? Je t’ai dit d’attendre, non ?

Amasawa — Ça ira.  Je bosserai deux fois plus dur pendant les exams.

Nagumo — Je ne peux vraiment pas te faire confiance. Si tu refais quelque chose comme ça, tu n’auras plus d’autre chance !

Amasawa — Olalala ! J’ai compris, je vais suivre bien sagement les ordres.

Asahina — Nagumo, cette fille c’est …um…

Nagumo — Amasawa. En seconde A.

Asahina — Oh, Amasawa-chan. Tu dois être vraiment forte pour avoir été prise dans le groupe de Miyabi, huh ?

Amasawa — Ben, pas tant que ça…

Ce n’était pas surprenant étant donné que dans l’OAA, elle avait une note de A à la fois en compétence académique et physique. Un véritable exploit. Mais en considérant les compétences globales et la réflexion critique, Amasawa n’était pas nécessairement la meilleure candidate à choisir.

Nagumo — Je ne l’ai pas choisie en soi. Elle s’est débrouillée je ne sais comment pour tomber sur des rumeurs qui parlaient de ce camp et de tout ce que ça implique.

Amasawa — C’est pourquoi je me suis impliquée. J’ai promis de contribuer à l’obtention de la première place.

Nagumo — Honnêtement, j’ai un peu hésité avant de la recruter.

Il n’avait pas précisé si c’était à cause de sa personnalité ou des soupçons concernant sa relation avec moi. Il avait probablement fini par la recruter, considérant qu’il s’agissait d’un problème mineur.

Nagumo — Tu dois aussi organiser ton groupe, Nazuna. Tu es en classe A, alors vise la victoire. Ou tu comptes rester passive ?

Asashina — Oh mon Dieu, il est déjà si tard !? Je dois y aller, mais n’hésitez pas à me consulter si vous avez le moindre problème !

Après avoir vérifié l’heure sur son téléphone, elle partit en courant en trébuchant presque. Elle réussit à prendre le tournant avant de disparaître.

Nagumo — Je me demande si Nazuna peut diriger un groupe.

Elle sourit et se pencha vers un Nagumo soupirant.

Amasawa — Se pourrait-il que tu sortes avec Asahina-senpai ?

Nagumo — Hein ? Non, pas du tout.

Amasawa — Mais tu m’as dit d’attendre dehors parce que tu avais une discussion importante avec Ayanokôji-senpai. Si tu as gardé Asahina-senpai à tes côtés, c’est qu’elle est spéciale, n’est-ce pas ?

C’était peut-être un peu exagéré de tirer une telle conclusion, mais qui sait ?

Nagumo — Ce ne sont pas tes affaires.

Amasawa — Eh~ eh bien si. Ça fait d’elle ma rivale en amour pour conquérir Nagumo-senpai !

Nagumo — Je vais être bientôt diplômé, tu sais ?

Amasawa — Je suis patiente et puis une relation à distance me va.

Nagumo — Désolé, mais je n’aime pas celles qui font semblant de me flatter en faisant mine d’être mignonnes !

Elle eut une réaction excessive, comme blessée par son rejet brutal. Le fait d’avoir évité Amasawa du regard montrait qu’il n’appréciait guère la chose.

Nagumo — Je m’en vais maintenant. Fais de ton mieux, Ayanokôji.

Après son départ, il ne restait plus qu’Amasawa et moi dans le couloir.

Amasawa — Suis-je détestée ?

Moi — Eh bien c’est ce qui arrive si tu fais tout pour l’être.

Amasawa — Mais comme il ne t’apprécie pas non plus, Ayanokôji-senpai, je voulais être dans le même club.

Quel est ce club au juste ?

Amasawa — Ils ne sont pas ensemble, mais leur relation est spéciale.

Moi — Eh bien, oui. On dirait qu’ils ont dépassé le stade de l’amitié.

J’étais d’accord sur ce point avec Amasawa.

Moi — D’ailleurs, comment étais-tu au courant pour ce camp ?

Amasawa — On nous avait dit tout ça à l’avance.

Ce « nous » incluait Yagami et elle. Tsukishiro avait dû les briefer à l’avance du programme. Pour m’expulser, il fallait en effet donner toutes les infos.

Moi — Mais pourquoi faire équipe avec Nagumo ?

Amasawa — Eh ? Parce que son groupe est fort et c’est l’ancien président. Une fille de mon âge a besoin de points privés, vois-tu ?

Il était clair qu’elle mentait. Cependant, elle se corrigea rapidement, comme si elle n’avait pas l’intention de cacher ses véritables sentiments.

Amasawa — Je me doutais que Nagumo-senpai et toi alliez entrer en compétition. Mais être dans ton camp ne serait pas amusant, pas vrai ?

Moi — C’est vraiment la raison ?

Amasawa — Oui. C’est l’occasion de faire un bon match contre toi.

Amasawa soupira et se tint la joue.

Amasawa — La déception de Nagumo-senpai est logique. Gagner un pierre-papier-ciseaux ou une partie de cartes, c’est bof.

Moi — On ne peut rien y faire à ce sujet.

Amasawa — Il m’a dit que tu avais le droit à deux échecs. En tout cas, j’ai senti son envie de te vaincre. J’ai hâte d’assister à tout ça.

Moi — Je comprends ton impatience, mais il y a de fortes chances que je perde trois fois de suite sans rien prouver.

En effet, cela ne serait pas surprenant au vu de la diversité d’épreuves.

Amasawa — Nous savons ce que tu vaux Nagumo-senpai et moi.

Moi — Tu comprends aussi les sentiments de Nagumo ?

Amasawa — Je m’étais moquée de lui. Ça explique ma mise à l’écart.

Moi — Tu t’es risquée à encore l’énerver juste pour venir me saluer ?

Amasawa — Je ne devais pas ?

Il n’y avait surtout aucune raison de s’attirer ses foudres. Pour être accepté au sein d’un groupe, il fallait certes être fort, mais aussi apprécié.

Amasawa — Mon groupe m’appelle alors j’y vais. À plus tard.

D’un geste rapide, elle s’en alla joyeusement. L’ambiance avec elle était toujours détendue, mais quelque chose me dérangeait. Si Tsukishiro l’avait vraiment prévenue à l’avance alors il y avait quelque chose d’illogique jusque-là dans notre discussion.

Moi — Je me demande ce qu’elle prépare.

Il serait bon de faire quelques recherches.

3

Avant, que les détails ne soient annoncés et que les matchs commencent, je décidai de parler à Hashimoto, en train de tapoter sur son téléphone. Hashimoto allait remarquer cette situation anormale si je gardais le silence alors que je participais à toutes les épreuves. Il valait mieux éviter des soucis. Je dois me focaliser sur Nagumo.

Je lui expliquai un peu les choses, mais Hashimoto ne put contenir sa surprise vu qu’il s’agissait de l’ancien président. Après avoir fini mon histoire, il soupira à plusieurs reprises, se montrant aussi compréhensif.

Hashimoto — Tu dépasses toujours mes attentes. Tu le sais ça, non ?

Moi — J’aurais aimé éviter tout ça.

Hashimoto — C’est incroyable que tu sois contre Nagumo-senpai. En plus, tu es jugé sur tes perfs. Tu dois gagner 17 de tes 19 matchs.

Je savais que notre échange allait bien se passer, mais il était trop enjoué.

Hashimoto — Il s’intéresse à toi. Mes yeux ne me trompent jamais !

Moi — Même s’il s’agit d’un échange privé, ça reste égoïste. C’est un acte qui perturbe la dynamique du groupe. C’est pourquoi je t’en ai parlé pour préserver la coopération.

Hashimoto — Je vois, c’est là que j’interviens. Mais pas d’inquiétude.

Moi — Comment ça ?

Hashimoto — Réfléchis. Ce camp ce n’est pas plus le fun incarné. Personne ne se battra pour faire de l’oshibana[1] ou de la broderie.

J’étais très intéressé personnellement malgré la non popularité.

Moi — Alors c’est une bonne chose selon toi de participer à tout ?

Ça m’arrangeait que les choses se passent sans encombre.

Hashimoto — Tu comptes remporter ce camp ? Je me demande ce qu’en pense Kiryûin-senpai. Elle est au taquet ?

Moi — Elle n’est pas aussi excitée que Nagumo en tout cas. Elle se fiche de laisser ses kôhais tout gérer à sa place.

Kiryûin n’était intéressée que par mon duel avec Nagumo au vu de mon passif. C’était l’occasion pour elle de se divertir avant le diplôme.

Hashimoto — Même si les points privés que l’on gagne ici ont une utilisation limitée, c’est quand même une somme. Je compte bien gratter un max vu que je dois faire attention à mes dépenses.

Il s’était fait des ennemis de toute part. Ces gains étaient en effet importants.

Hashimoto — D’ailleurs, essaye de t’entendre avec les seconde.

Moi — M’entendre, huh…

Hashimoto — Tu penses qu’il est difficile de faire ami-ami avec eux ?

Après avoir réfléchi un peu, j’acquiesçai.  Il se leva en se tapant le genou.

Hashimoto — Ok, faisons de mieux. Je vais faire la tchatche pour bien m’entendre avec eux d’ici ce soir en tout cas.

Pour lui, c’était une promenade de santé.

Hashimoto — Je vais aussi essayer de récolter autant d’infos que possible, mais tant que Kiryûin-senpai ne bouge pas, ta force est indispensable. Quand il fera nuit, essaye de socialiser avec eux, ok ?

Je ne pouvais pas faire des demandes sans rien offrir en retour. Il valait mieux soutenir Hashimoto, qui visait clairement la victoire du groupe.

Moi — Si je peux aider, oui pourquoi pas.

Il valait mieux être honnête en lui montrant que je n’étais pas confiant, mais Hashimoto avait finalement bien compris.

Hashimoto — Laisse-moi m’en occuper. Je suis plutôt doué pour ce genre de choses. Je suis content de pouvoir être tes bras et jambes. Cela servira également à contrer la princesse, et ce n’est pas quelque chose que Ryuuen pourra ignorer.

Il coopérait avec moi tout en alignant ses propres intérêts. Avoir quelqu’un d’aussi calculateur avec soi n’était pas plus mal. En cas de conflit, il serait plus à même à résoudre une situation que quelqu’un de bienveillant.

Hashimoto — Au fait, combien tu gagnes en battant Nagumo-senpai ?

Moi — Je ne sais pas. Je n’ai pas demandé le montant exact.

Hashimoto — Étant donné qu’il représente les terminale, ce ne sont pas juste quelques milliers ou dizaines de milliers, n’est-ce pas ?

Ce qu’il voulait savoir n’était pas le montant, mais où irait l’argent de la récompense par la suite.

Moi — Je comprends. Si nous gagnons, je distribuerai équitablement la récompense à tout le groupe, donc sois tranquille.

Hashimoto — Heureux de l’entendre. Mais plus qu’une distribution équitable, je préconise plutôt une rémunération en fonction de l’impact de chacun des membres du groupe dans la compétition.


Il montra clairement qu’il voulait être payé davantage pour prendre l’initiative, même si je n’étais obligé en rien.

Hashimoto — Eh bien, je vais partir un instant. Je devrais pouvoir caler une ou deux discussions pendant mon temps libre.

Comme s’il chérissait chaque seconde, Hashimoto partit rapidement.

4

Le premier tour commença. Nous reçûmes l’épreuve et les règles. Notre premier adversaire était le groupe 9, avec Ike et Keisei. Le thème portait sur l’oshibana et la rencontre avait lieu dans un oshibana kyôshitsu[2]. Certains élèves eurent un petit rire, mais je prenais la chose très au sérieux. La question était de savoir comment gagner. La qualité du produit fini était d’une importance capitale alors il fallait trouver des pétales avec la bonne quantité d’humidité, et sélectionner du matériel floral adapté aux différentes tailles, pour ne pas les endommager, car elles étaient d’une délicatesse extrême. Le gagnant était décidé sur tous ces facteurs.

 Je n’avais rien pu expérimenter jusque-là alors je me rendis sur place. Nous avions reçu un bref cours, mais c’était plus approfondi que prévu. Le travail fut effectué par tous les participants en même temps et, à la fin, nous nous affrontâmes en duel. Du premier au cinquième, les représentants étaient choisis à l’avance. Dans la zone de match, il y avait les participants des deux groupes, soit dix personnes et deux chefs, ainsi que quelques spectateurs, dont Hashimoto. Parmi eux se trouvait Takahashi Osamu, un seconde A du groupe de Nagumo. Conformément aux directives, je me plaçai 3e position.

— Tu pratiques également l’oshibana, Ayanokôji-senpai ?

Nanase Tsubasa, de la seconde D, qui faisait partie des adversaires, s’approcha de moi en me posant la question.

Moi — Non, c’est une première. J’ai juste reçu quelques conseils d’une amie qui s’appelle Hiyori.

Elle fabriquait des marque-pages de type oshibana depuis longtemps et par conséquent, elle avait acquis beaucoup d’expérience.

Nanase — Je vois. Je te pensais doué. Tu es le seul garçon à participer.

Peut-être parce qu’il fallait une certaine adresse, j’étais le seul garçon parmi les dix. Je n’étais clairement pas à ma place, mais je ne devais rien révéler de mon duel avec Nagumo. Je n’avais pas à impliquer Nanase inutilement.

Nanase — Je n’ai pratiqué la chose qu’une ou deux fois alors, à voir.

Moi — Ménage-moi en tout cas.

Je craignais que les critères de notation ne soient un peu vagues, mais il semblait que la personne en charge de l’atelier avait l’expertise pour juger. Heureusement, elle n’était pas si douée ce qui m’avait donné la victoire. Quant au groupe, il s’imposa de justesse en arrachant la victoire dans la dernière manche. 3 victoires pour 2 défaites.

Hiyori — Tu es incroyable, Ayanokôji-kun. Pour une première fois !

Moi — Je suis loin d’être aussi bon que toi Hiyori.

Les deux présentations étaient belles à première vue, mais la qualité différait grandement. Si j’avais affronté Hiyori, j’aurais été complètement vaincu.

Hiyori — Tu as un don pour la chose, Ayanokôji-kun. Si tu aimes vraiment ça, faisons un atelier ensemble la prochaine fois.

Moi — Oui, j’aimerais aussi m’améliorer dans ce domaine.

J’étais soulagé qu’une adversaire aussi redoutable soit mon alliée. Le fait que j’aie gagné la compétition individuelle n’était pas anodin. J’aurais aimé rester dans l’oshibana kyôshitsu et ne faire que ça jusqu’à la fin du camp. Mais malheureusement, je devais réprimer cette envie.

Désolé, oshibana. À plus tard…

Après le premier match, Kiryûin m’interpela discrètement.

Kiryûin — C’est un bon début. Pourtant, je n’ai ressenti aucune tension.

Moi — C’est vrai.

Je préférai ne pas dire à quel point j’étais très sérieux. Les chuchotements étaient autorisés pendant le match, mais il était normal de trouver ça barbant.

Kiryûin — Tout est basé sur l’apprentissage par l’expérience. Rien d’étrange à ce qu’il y ait un gagnant ou perdant. C’est une manière intéressante de mise à l’épreuve. Ça n’a pas de sens de rassembler les plus forts en termes d’OAA. Chaque groupe doit avoir ses chances.

Même le grand Nagumo ne pouvait pas prévoir ou déterminer si Horikita et les autres feraient de bons oshibana. La même chose valait pour nous. Le rôle du chef ici était de nous faire pratiquer le plus possible pour que l’on s’améliore ne serait-ce qu’un peu dans un laps de temps court.

Kiryûin — Hashimoto a dressé une liste pour moi, ce qui facilite les choses. Il est étonnamment utile.

Quoi de mieux que d’éviter les responsabilités tout en essayant de gagner. Kiryûin semblait se réjouir. C’était bien aussi de profiter de ces trois jours sans se prendre trop au sérieux.

Moi — Si on continue comme ça, tu pourras oublier ton rôle de chef.

Kiryûin — Je te suis reconnaissante. J’attends surtout la fin de ton duel.

Comme prévu, elle ne semblait pas avoir l’intention de faire quoi que ce soit.

Moi — Je ne pense pas que les résultats seront à la hauteur.

Alors que je discutais avec Kiryûin, je remarquai qu’Inogashira nous regardait seule. À en juger par la situation, elle n’avait probablement pas participé à la première épreuve.

Elle a dit qu’elle était douée pour la couture et qu’elle aimait aussi l’oshibana. Elle ne s’était pas entrainée durant son temps libre.

Moi — Quoi de neuf, Inogashira ?

Elle s’approcha soudainement de moi, un peu nerveuse. Voyant cela, Kiryûin recula pour lui permettre de parler plus facilement.

Inogashira — Hum… euh, tu es bon ami avec Kôenji-kun, n’est-ce pas ?

Moi — Hein ?

Je m’exprimai sans hésiter. C’était la première fois qu’on me disait ça.

Inogashira — Ah… C’est ainsi… ? Je vois…

Moi — Qu’est-ce qui se passe ?

Inogashira — Eh bien, Tatebayashi-senpai m’a dit de le ramener…

Tatebayashi, en terminale D, était le chef de leur groupe.

Moi — Il est vraiment en colère ?

Inogashira — Oui…

En tant que membre du même groupe et camarade de classe, il semblait que la timide Inogashira était forcée d’assumer la responsabilité de Kôenji.

Inogashira — J’ai pensé que tu pouvais peut-être faire quelque chose…

Elle avait observé la scène un peu plus tôt et nos regards s’étaient croisés. Elle devait être venue demander une aide désespérée. Mais le problème était que Kôenji était bien trop difficile à gérer.

Moi — Pourquoi ne pas demander à Yôsuke ?

Je tentai une solution plus viable, mais Inogashira secoua la tête.

Inogashira — Je ne peux pas demander à Hirata-kun de faire quelque chose comme ça. Ce serait trop lui demander.

Et du coup pour moi ce n’est pas trop demander ?

Je me posais la question, mais il était impoli de me comparer à Yôsuke, qui était très serviable. Si on le lui demandait, il accepterait sûrement, tentant de persuader Kôenji sans relâche. Je pouvais comprendre qu’Inogashira se sente coupable.

Moi — Je m’excuse, mais je ne peux rien faire.

Inogashira — Je vois… merci, je vais essayer de trouver autre chose.

Elle inclina légèrement la tête et s’éloigna lentement.

Kiryûin — Tu ne peux vraiment rien faire ?

Moi — Je suis désolé pour elle, mais ce gars n’écoute personne. Nous avons essayé plusieurs choses au cours des deux dernières années, et c’est la conclusion à laquelle nous sommes parvenus.

Kiryûin — Bien sûr, c’est toi qui vois. Mais indépendamment des détails, le fait qu’elle soit venue te voir en premier montre un truc.

Moi — Tu es sérieuse là ? Certes, mais ça ne m’enthousiasme pas.

Mes positions à l’égard de Kôenji s’étaient solidifiées depuis la dernière fois que j’avais parlé à Mii-chan. Maintenant, sans examen spécial menaçant d’expulsion, tout contact ou communication inutile était un gâchis.

Kiryûin — Il reste encore un peu de temps avant la prochaine épreuve, pourquoi ne pas tenter le coup ? D’après ce que j’ai vu, le groupe de Tatebayashi est petit et a peu de chances de gagner, mais si Kôenji se montre compétent, la situation pourrait se retourner. N’est-ce pas ?

Il ne semblait pas du genre à s’inquiéter pour les autres, mais il était déplacé de ma part de dire cela. J’avais envie d’essayer pas mal de choses, mais force est de constater que ce temps était un luxe.

Moi — Bon, je vais essayer de le contacter pour l’instant. Peut-être que Kôenji fera des efforts s’il pense aux points privés.

Kiryûin — C’est une bonne idée.

En fait, c’était la seule chose qui pouvait potentiellement motiver Kôenji. Tout en pensant qu’on m’avait demandé de faire quelque chose de pénible, je décidai de tenter le coup.

5

Je voulais trouver Kôenji pendant les 30 minutes de pause entre les épreuves, mais ce n’était pas facile. Je me rendis dans la chambre de Kôenji, mais comme prévu, il n’y était pas et ni dans le hall d’ailleurs. Après avoir erré dans le bâtiment pendant cinq minutes, demandant parfois des infos à des connaissances, j’obtins un très bon indice vingt minutes avant la fin de la pause. J’aperçus Kôenji un peu plus haut sur un chemin de montagne derrière le bâtiment. J’arrivai près d’un espace ouvert servant autrefois de parc à chiens. On aurait dit un véritable terrain vague, car peu exploité.

Moi — Il m’a fallu du temps pour trouver cet endroit. Je ne savais pas qu’il y avait des zones comme celles-là.

Je vis Kôenji courir joyeusement, frappant le terrain vague de ses puissantes jambes. Je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’il faisait seul ici, mais si je l’ennuyais, je perdrais toutes mes chances. Voyant un rare spectateur, Kôenji ralentit et s’approcha de moi. Je pensais qu’il allait m’ignorer, mais ce ne fut pas le cas à ma grande surprise.

Kôenji — Ayanokôji boy, as-tu besoin de quelque chose de ma part ?

Ce n’était qu’un caprice pour moi, mais je ne pouvais pas gâcher l’occasion.

Moi — Je t’ai vu quitter le groupe. Je voulais avoir ton ressenti.

Kôenji — Je vois. Tant que tu ne viens pas me demander de les aider parce que j’en ai la capacité, ça me va.

Je suppose que cet homme n’avait pas besoin de faux-semblants.

Moi — J’ai vu qu’Inogashira te cherchait. Elle semblait anxieuse.

Kôenji — Et que veux-tu que j’y fasse ?

Moi — Quelles sont les raisons qui t’empêchent d’aider le groupe ?

Kôenji — Tu connais déjà la réponse, n’est-ce pas ?

Moi — Je ne comprends pas pourquoi tu refuses de coopérer.

Kôenji — Je vais te dire quelque chose d’incroyable : 1+1 = 2. La réponse ne change pas, quoi que tu fasses.

Moi — Tout dépend du regard que tu lui donnes. En décimal, c’est vrai, mais en binaire, un plus un est à égal à dix[3].

Il ne perdit pas son sourire malgré ma réponse ridicule à la sienne.

Kôenji — Haha, quel bon sens de l’humour, mais c’est faux. Tu es tordu dans ton raisonnement. 1+1 = 2 est la seule réponse recevable, c’est tout. C’est clair comme de l’eau de roche.

Il me fit comprendre qu’il ne voulait pas de ma présence plus longtemps.

Kôenji — Ils doivent gagner par eux-mêmes, n’est-ce pas ?

Moi — Ton groupe n’as pas cette chance malheureusement. C’est pourquoi je suis ici. Ta présence améliorerait ton impression à l’égard des autres. Cela ne te faciliterait-il pas la tâche à l’avenir ?

Kôenji — Je suis fier d’être le meilleur et le plus fort. Et je n’ai pas besoin de le montrer aux autres. Ta question n’a aucun sens.

Kôenji ricana et me tourna le dos.

Kôenji — Cette fois, j’ai décidé de faire une pause complète. Je me fiche bien des épreuves. Les jeux peuvent se faire dans tous les cas avec cinq personnes, non ? Veille à le faire savoir aux autres.

En effet, rien n’obligeait tous les membres d’un groupe à se réunir et à participer à des réunions. Si Kôenji n’était pas coopératif, c’était une perte de temps que de l’inviter.

Moi — Je ne devrais pas vraiment dire ça aux autres. Je ne peux rien contre ton manque de coopération. C’est juste une chose que je ne comprends pas.

Kôenji — Hmm. Ça te dépasse, hein ? Veux-tu savoir pourquoi je ne suis pas coopératif ?

Alors que je m’apprêtais à abandonner et à faire demi-tour, il m’arrêta.

Moi — Tu vas me le dire ?

Kôenji — Je n’y vois pas d’inconvénient. Mais avant cela, puis-je te poser une question ?

Lorsque je me retournai, Kôenji commença à parler.

Kôenji — Si un test papier est organisé ici sans aucun préavis. Disons, un test qui interroge les capacités académiques. Qui selon toi gagnerait entre nous deux ?

Si ce n’était pas Kôenji, je n’aurais pas répondu sérieusement. Mais ici, je sentais intuitivement qu’il valait mieux parler avec le cœur.

Moi — Je gagnerais.

Je répondis immédiatement, sans hésitation, mais Kôenji ne semblait pas surpris. Au contraire, il répondit sur-le-champ comme si c’était la réponse à laquelle il s’attendait.

Kôenji — Tu as vraiment confiance en toi. Supposons que c’est le cas. Penses-tu alors que notre supériorité, notre excellence et nos valeurs en tant qu’êtres humains sont déterminées uniquement par cela ?

Moi — Non. Cela ne suffit pas.

Ce n’était que le reflet de résultats sur des papiers d’examen.

Kôenji — Ensuite, si toi et moi nous battions sérieusement, quel serait, selon toi, le résultat ?

C’était une question sur la force cette fois. J’avais observé Kôenji Rokusuke pendant deux ans et j’avais déjà la réponse en tête.

Moi — Si c’est un combat basé sur des règles spécifiques, je pense que tu aurais l’avantage.

Vu son physique et sa masse musculaire, Kôenji était sans aucun doute meilleur. C’était un résultat qui ne pouvait pas être changé. Si des règles étaient imposées ici, comme la boxe ou le judo, et que les compétences de Kôenji étaient les mêmes, je ne pouvais nier la possibilité d’un combat difficile.

Kôenji — C’est une drôle de réponse. Elle est différente de ce que j’imaginais, mais j’y réfléchirais.

D’après Kôenji, il n’y avait aucune possibilité qu’il perde, règles ou non. Bien sûr, pour savoir, il fallait se battre réellement.

Kôenji — Penses-tu pouvoir juger qui est le meilleur ou le pire avec ces seules informations ?

Moi — Difficile à dire. Mais je pense qu’une tierce personne devrait évaluer objectivement les deux camps sous différents angles. Il faudrait tout quantifier au niveau académique et physique. Mais cela ne signifie pas que ce juge perçoive objectivement la valeur humaine.

Kôenji — C’est exact. Quelle que soit la façon dont on l’envisage, la détermination de la valeur humaine n’est pas quelque chose qui peut être facilement jugé. Même si l’on parle de perspectives globales, on ne peut pas tout voir.

Moi — Si tu devais nous comparer, je conseillerais la méthode que je viens de mentionner.

Kôenji — Je ne suis pas d’accord, Ayanokôji-boy.

Moi — Alors, comment juges-tu de la valeur d’une personne ?

Comme s’il attendait que je pose cette question, Kôenji grimaça.

Kôenji — La réponse est extrêmement simple et n’a rien à voir avec nos capacités. Et pourtant c’est ce qui détermine la supériorité.

Même s’il me faisait un peu réfléchir, en fin de compte, cela se résumait à ça.

Moi — Sur quoi bases-tu ta confiance ?

Kôenji — Je te le dis volontiers. C’est l’adaptabilité. Je ne succomberai à aucun environnement. J’ai la confiance nécessaire pour survivre dans n’importe lequel d’entre eux. Que ce soit dans une grande entreprise ou dans une jungle pleine de bêtes, j’ai le pouvoir de m’adapter parfaitement et parfaitement[4]. C’est quelque chose qu’un tiers ne peut pas comprendre.

Ça faisait un peu pléonasme, mais c’était voulu.

Moi — Cette longue séance de questions-réponses n’a aucun sens. Même si tu es parfait, cela n’a rien à voir avec la raison pour laquelle tu ne coopères pas, n’est-ce pas ?

Kôenji — Si tu penses ça, c’est tout simplement que tu n’as rien compris. Peux-tu te tenir aux côtés d’enfants de maternelle qui ne savent rien faire et travailler sérieusement ? Il y a un tel fossé entre moi et les gens qui m’entourent. Si j’ai fait des pieds et des mains pour obtenir la première place à l’épreuve de l’île déserte, c’est pour me démarquer de ces maternelles.

Il n’avait pas envie de travailler en groupe parce qu’il méprisait ceux qui l’entouraient. Voilà pourquoi il n’aidait personne.

Moi — Tu n’es pas fait pour cette école.

Kôenji — Toi et moi sommes des êtres complètement différents, mais je pensais que tu avais la même philosophie. Je ne m’attendais pas à ce que tu dises cela. Je pense aussi qu’il aurait été plus judicieux pour moi de me consacrer à mon entraînement en retournant en Chine. Mais certaines circonstances m’ont empêché de le faire.

Peu importe comment j’y réfléchissais, c’était une impasse. En fin de compte, coopérer ou non était une décision qu’il devait prendre. Je ne pouvais pas reprocher à Kôenji de rester sur ses convictions.

Moi — C’est dommage, Kôenji. Si tu étais différent, tu pourrais attirer plus l’attention, et ce d’une bien meilleure façon.

Kôenji — Comme toi. Il faut dire que tu commences à être considéré.

Moi — Je n’attire pas vraiment l’attention.

Nous avons eu une conversation intéressante. J’avais souvent eu l’occasion de parler ainsi avec Kôenji ces derniers temps. Je me demande si l’ambiance était similaire au camp d’entraînement de l’année dernière. L’énigme que représentait la personne en face de moi m’apparaissait à nouveau.

Kôenji — Tu comprends pourquoi tu ne peux pas me contrôler ?

Moi — Oui, je crois.

Kôenji — Alors pourquoi tu continues à t’occuper de moi ? Je ne fais même pas partie de ton groupe cette fois-ci.

Finalement, c’était une histoire étrange. Si quelqu’un d’autre regardait ma situation de loin, il me dirait que je devrais le laisser tranquille. Cela pouvait me faire perdre du temps et affecter mon match avec Nagumo.

Moi — Même si je sais que c’est inutile, je ne peux pas m’empêcher d’essayer…

Kôenji — Parce que si tu quittes la classe, tu ne pourras pas protéger Horikita girl, n’est-ce pas ?

Il avait comme lu dans mes pensées. Je voyais Kôenji comme un obstacle pour Horikita, qui allait continuer à se battre à l’avenir. Cet homme avait vu clair dans tout cela. Son instinct extraordinaire était vraiment imprévisible. Bien qu’il ne le montrait pas beaucoup, il semblait sentir les choses.

Kôenji — Si c’est le cas, il n’y a pas à hésiter. Tu peux essayer de m’exclure à tout moment.

Moi — Ne t’ai-je pas déjà dit que je n’avais pas envie de faire ça ?

Kôenji — Huhu. Eh bien, si c’est le cas, il n’y a rien que je puisse faire.

Kôenji n’a jamais douté qu’il était le meilleur. Jusqu’à présent, il y avait eu plusieurs personnes que j’avais poussées à se développer pour l’avenir de la classe de Horikita. Et si je le pensais nécessaire, je faisais de même pour d’autres classes.

Cet homme, qui avait d’excellentes capacités, mais une personnalité difficile à contrôler était dans le même lot. Mais si je n’avais pas incité Kôenji à s’améliorer, c’est parce que j’ai jugé que le risque et l’effort étaient trop élevés.

Tout comme on ne pouvait pas transformer une personne incompétente en quelqu’un de compétent avec un simple exercice comme jouer à pile ou face. L’homme en face de moi n’allait pas changer d’avis comme ça.

Il était plus facile de l’éliminer rapidement avant qu’il ne devienne une nuisance que de le transformer en atout pour la classe. Telle était ma conclusion.

Kôenji — À plus tard, alors. Je vais retourner à mon exercice de renforcement.

Voyant qu’il était inutile de poursuivre la conversation, Kôenji se remit de nouveau à courir. Après l’avoir observé pendant un moment, je décidai à mon tour de faire demi-tour.

6

Je revins près de l’auberge pour faire un rapport sur le cas Kôenji. Mais je ne trouvai pas Kiryûin, et je ne savais pas où elle était allée. Lorsque j’interrogeai quelques personnes, elles m’avaient dit qu’il y avait un parc avec une touche artisanale à l’est du bâtiment, et qu’elles l’avaient vue s’y promener. Comme il restait peu de temps avant le prochain match, je me demandai ce qu’elle faisait là.

Le parc était composé de plusieurs structures de jeux en bois. Contrairement au parc rouillé pour chiens, cet endroit semblait encore utilisé, avec des bascules et des poutres d’équilibre qui avaient l’air récentes.

Kiryûin était sur l’une des deux balançoires. Pas seule, mais avec Asahina. De loin, on aurait dit que cette dernière lui parlait joyeusement, et que Kiryûin l’écoutait avec un regard chaleureux. C’était un duo en quelque sorte inhabituel. Je continuai mon approche pour lui parler de Kôenji.

Asahina — Nous n’avons pas l’occasion de parler d’habitude. C’est vraiment rare pour le coup, n’est-ce pas ?

Kiryûin — Tu es à ce point si heureuse de me parler ?

Asahina — Je suis contente. Tu es toujours aussi cool, Fûka-chan. Beaucoup de filles t’admirent.

Les yeux d’Asahina brillèrent. Peut-être que Kiryûin était du genre à être plus populaire auprès des filles que des garçons.

Kiryûin était un cas particulier, car elle interagissait rarement avec ses camarades de promo. Mais peut-être que ces petits moments pouvaient arriver.

Kiryûin — Ayanokôji, tu es de retour.

Moi — De quoi parliez-vous ?

Il semblait préférable de lui parler de la situation de Kôenji plus tard. Sur cette pensée, je demandai le contenu de la conversation.

Asahina — Nous parlions de diverses choses, mais pour l’instant, nous évoquions nos projets d’avenir. J’étais curieuse de découvrir le futur de Fûka-chan.

Je me souvenais qu’elle avait dit vouloir devenir une étudiante boursière à la fac lors de notre précédente rencontre.

Asahina — Alors, quelle université vas-tu choisir ?

La conversation venait à peine de reprendre qu’Asahina posait cette question. Kiryûin avait ouvertement nommé l’université spécifique qu’elle prévoyait d’intégrer. C’était une université célèbre qu’on m’aurait rabâché à plusieurs reprises si j’avais eu une vie normale.

Kiryûin — C’est le département juridique. Mais ce n’est pas un domaine qui me plait particulièrement.

Asahina frémit à l’idée d’aller dans une université d’un tel niveau, pensant que c’était impossible pour elle.

Asahina — Et que comptes-tu faire comme métier, Fûka-chan ?

Kiryûin — Hmm ? Je ne vise rien du tout. Je n’essaie pas de devenir quoi que ce soit.

Comme elle me l’avait dit auparavant, elle prévoyait de vivre comme une personne normale. Elle avait dit la même chose à Asahina.

Asahina — Eh… C’est pas un peu dommage ? Tu as l’air de pouvoir devenir n’importe qui.

Elle n’avait pas l’intention de faire étalage de ses talents, qui seraient sûrement enviés. C’est peut-être du gâchis ou alors un luxe ultime.

Kiryûin — Je peux faire n’importe quoi. Je ne manque pas de confiance, mais la vie est ce qu’elle est, ce n’est pas si simple.

Asahina — Tu n’as donc pas de rêve ?

Kiryûin — Je rêve de devenir personne. Cela répond à ta question ?

Asahina — C’est peut-être un rêve, mais je pense qu’il vaut mieux avoir quelque chose d’ambitieux. Que tu puisses le réaliser ou non, n’est-ce pas une chose à laquelle il faut penser ?

C’était particulièrement vrai pour Asahina, qui devrait être diplômée de la classe A. Kiryûin comprit et se mit à rire.

Kiryûin — C’est vrai. Ce n’est pas que je n’ai jamais pensé à un tel rêve.

Asahina — Alors dis-le-moi. Je pourrais y aspirer moi aussi.

Kiryûin répondit à contrecœur à Asahina, qui gardait les mêmes yeux pétillants.

Kiryûin — Si je devais choisir un métier pour accomplir quelque chose, je viserais peut-être celui de politicienne.

Asahina — Politicienne !? Wow… ce n’est pas courant de penser à devenir politicienne… même Miyabi n’a jamais parlé d’entrer en politique. Je n’ai même jamais vu personne autour de moi le faire.

Asahina, désireuse de savoir comment elle en était arrivée à choisir ce rêve, l’écouta attentivement.

Kiryûin — Dois-je en parler ?

Asahina — Non ? Mais je pense que c’est la dernière fois que je peux parler tranquillement avec toi… Je veux entendre.

À la demande d’Asahina, Kiryûin déclara que cela résultait de quelque chose de spécial.

Kiryûin — Quand j’étais petite, j’ai eu beaucoup d’occasions de rencontrer des politiciens grâce à mes relations familiales.

Asahina — Oh, c’est donc pour cela que tu veux en devenir une ?

Kiryûin — C’est à cause de ce genre de connaissances que j’ai décidé de ne pas devenir politicienne. J’ai laissé leur discours entrer par une oreille et sortir par l’autre.

Asahina — Ah, je suis perplexe, mais… les politiciens semblent être surtout de mauvaises personnes.

Kiryûin — C’est vrai. La plupart d’entre eux sont des corrompus que l’on voit souvent à la télévision et dans les médias. Ce n’est pas du tout une profession que j’admire.

Si c’était le cas, il devait y avoir une autre raison pour laquelle elle l’avait mentionné comme un rêve.

Kiryûin — Le monde est tellement corrompu qu’il y a aussi des gens qui brillent. Il était l’une des rares personnes que j’admirais.

Asahina — Quel est le nom de ce politicien ? Est-ce que je le connais ?

Kiryûin — C’est Kijima-san. Il est devenu très important maintenant.

Asahina — Eh, Kijima ? Hein ? Le Premier ministre ?

Asahina sembla très surprise.

Kiryûin — J’imagine que ce ne serait pas si mal d’avoir la même fonction que lui. Il est actif pour le pays.

Asahina — Mais ce n’est pas ce que tu vises… n’est-ce pas ?

Kiryûin — Je n’en ai pas l’intention pour le moment.

Asahina — Fûka-chan, tu pourrais devenir politicienne.

Kiryûin — Ne t’ai-je pas dit que la vie est ce qu’elle est ? Que ce n’est pas si simple.

Plus elle se démarquait, plus le nom de Kiryûin la suivait et elle détestait ça.

Kiryûin — Pourquoi ne cherches-tu pas à devenir un politicien pour réaliser mon rêve, Ayanokôji ?

Moi — C’est une proposition inattendue. Je n’ai jamais envisagé de faire carrière en politique.

Kiryûin — Mon intuition me dit que tu pourrais t’en sortir à merveille.

Moi — La normalité ne me dérange pas. J’irai dans une université adéquate et décrocherai un job pour un emploi ordinaire.

Kiryûin — Je vois. Nous empruntons donc la même voie. Nous sommes tous les deux des chasseurs de rêves à notre manière.

Asahina — Que ce soit Miyabi ou Fûka-chan, ils te considèrent vraiment comme quelqu’un de spécial Ayanokôji-kun.

Moi — Je suis juste la cible de leur curiosité. La prochaine épreuve est d’ailleurs sur le point de commencer.

Si nous continuions à parler, le retard allait être inévitable.

Asahina — Oh, c’est déjà l’heure ? Je dois me dépêcher !

Asahina sauta de la balançoire, nous faisant signe de manière frénétique.

Asahina — À tout à l’heure !

Kiryûin — Ne te précipite pas et surtout ne tombe pas.

Asahina — Je sais ! Whoa, whoops !

Elle avait failli trébucher. Je ne m’attendais pas à voir le même schéma deux fois dans la même journée, et encore moins en si peu de temps.

Kiryûin — As-tu rencontré Kôenji ?

Moi — Je lui ai parlé. Mais c’était une perte de temps.

Je lui expliquai le but de ma visite, à savoir que je n’avais pas réussi à le convaincre.

Kiryûin — Je vois. Kôenji est donc incontrôlable après tout, hein ?

Moi — J’ai essayé de trouver un moyen de le convaincre, mais il n’y avait vraiment aucune marge de manœuvre.

Kiryûin — Il y a donc des choses que même toi tu ne peux pas faire, Ayanokôji. J’en suis heureux.

Je fus donc félicité pour mon échec.

Moi — Tu l’as fait exprès, hein ?

Kiryûin — J’avoue que je voulais assister à ça.

Je trouvais étrange qu’elle veuille aider un autre groupe. Finalement, c’est une fille plutôt mesquine.

Kiryûin — Mais Tatebayashi abuse. Je ne supporte pas l’oppression.

Moi — Ce serait bien s’il pouvait être dur avec Kôenji, mais cela ne l’affecte pas.

De plus, il y avait une énorme différence de capacité entre eux. Vu que Kôenji montrait les crocs, Tatebayashi devait se défouler sur quelqu’un d’autre.

Kiryûin — Eh bien, nous n’y pouvons rien. Passons au deuxième match.

L’épreuve se déroula comme suit.

[Poterie]

Tout le monde était novice alors ce fut un duel d’amateurs. Je pris l’avantage grâce à mes aptitudes et finis par gagner.

[Tennis de table] × 2

Ce fut la même épreuve deux fois de suite, mais j’avais une certaine expérience du ping-pong alors j’avais gagné facilement.

[Confection de bijoux] × 2

J’étais inquiet, comme pour l’oshibana, mais mon adversaire était lui aussi inexpérimenté, et je pus me battre à armes égales. Takahashi suivait ainsi tous mes matchs, probablement parce que Nagumo l’avait chargé de confirmer chaque résultat. Jusque-là, je n’avais pas eu une d’épreuve de chance. C’était une plutôt bonne première journée. Peut-être influencé par mes cinq victoires consécutives, le groupe avait également tout gagné.


[1] Art du pressage des fleurs dans un but décoratif pour préserver leur beauté.

[2] Atelier pour enseigner et pratiquer l’oshibana. On y trouve les outils/matériaux adéquats.

[3] L’énoncé oppose l’arithmétique dans les systèmes décimaux (base 10) et binaires (base 2). En binaire, utilisé en info, 1 + 1 est égal à 10, ce qui représente 2 en valeur décimale.

[4] Le dernier mot, « parfaitement », est écrit en Katakana pour plus d’emphase.

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