Hyouka t4 - POSTFACE
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Traduction : Raitei
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Bonjour à tous, ici Yonezawa Honobu.
Je vous présente le quatrième tome de la série. Cette fois, il s’agit d’un recueil de nouvelles.
En repensant à mes années d’école, j’avais toujours la conviction, presque de principe, que tout comme demain succède à aujourd’hui, le premier trimestre viendrait toujours après le troisième, dans une boucle infinie. Je ne dirais pas que la vie d’élève était agréable, mais, sans doute par crainte de la sensation de limite que le temps impose, j’ai préféré détourner le regard et me laisser dériver. En somme, j’ai toujours eu du mal avec la notion même de temps.
En matière d’histoires aussi, je n’ai jamais été à l’aise avec le fait de déplacer le cadre temporel ou de modifier des relations déjà établies. J’ai toujours voulu que Tripitaka soit sans cesse assailli par les démons de La Pérégrination vers l’Ouest, et que Yaji et Kita[1] poursuivent indéfiniment leurs aventures folles et insouciantes. Je n’ai jamais souhaité qu’ils atteignent Tenjiku[2] ou Ise[3].
Mais le protagoniste de ce livre, lui, est fixé dans le temps. En laissant de côté la période maladroite de leurs premières rencontres, les histoires se découpent en six moments : premier trimestre, vacances d’été, deuxième trimestre, vacances d’hiver, troisième trimestre et vacances de printemps.
Si je devais détailler pourquoi les pensées et les émotions des personnages évoluent, cela ne tiendrait plus de la postface, mais d’un commentaire analytique de ma propre œuvre. Pour le dire simplement, je dirais que ces changements tiennent au temps et aux compromis.
Après avoir passé une année entière ensemble, la distance entre les personnages ne pouvait demeurer la même. C’est cette transformation que j’ai voulu dépeindre ici.
Cependant, ce changement ne se manifeste pas par des bouleversements soudains, mais par des glissements doux et progressifs. C’est pour cette raison que ce livre s’intitule « La poupée qui fit un détour ».
Puisqu’il s’agit d’un recueil, j’ai pu varier les situations et expérimenter plusieurs formes d’énigmes. Certains lecteurs familiers de la série, ou du genre policier en général, auront sans doute remarqué que « L’affaire du chocolat maison » relève du mystère inversé[4].
Si ce livre a pu éveiller chez vous l’envie d’élargir vos lectures de romans à énigme, j’en serais honoré.
Et si « Ceux qui savent quelque chose » vous servait de porte d’entrée vers The Nine Mile Walk de Harry Kemelman, et « Conne année » vers Le Problème de la cellule 13 de Jacques Futrelle, alors j’aurais pleinement atteint mon but.
Juin 2010
Yonezawa Honobu
[1] Yaji et Kita, duo comique du classique japonais Tôkaidôchû Hizakurige.
[2] Tenjiku est l’ancien nom de l’Inde dans la tradition bouddhique japonaise.
[3] Ise : région où se trouve le sanctuaire shinto le plus sacré du Japon.
[4] Sous genre du roman policier où l’on connait déjà le coupable.