COTEY3 T1 - ÉPILOGUE
Ce qui nous attend
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Traduction : Calumi
Correction : Raitei
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C’était l’après-midi du lendemain de ma fête de bienvenue, et de ma rencontre avec Kushida. Il y avait un problème lié à la classe que je voulais régler rapidement avec une certaine personne, mais à ma surprise, elle vint me trouver en premier me donnant rendez-vous urgemment. C’est ainsi que je quittai la salle de classe pour aller le voir. Dans le couloir, des élèves, déjà prêts à rentrer chez eux, commençaient à apparaître les uns après les autres.
Je tombai par hasard sur des anciens camarades, Hondô et Okitani, mais tous deux détournèrent instinctivement le regard. Leur réaction semblait refléter non seulement l’histoire du transfert, mais aussi les résultats du dernier examen. Leur image de moi semblait doucement changer. Sans leur accorder trop d’attention, je me dirigeai vers la sortie et quittai le bâtiment. Sur le chemin du retour vers le dortoir, je tombai sur Utomiya et Tsubaki, qui marchaient en sens inverse.
Tsubaki — Ah…
Utomiya — …Salut.
Utomiya m’adressa un bref signe de tête, sans chercher à cacher son absence totale d’enthousiasme.
Ayanokôji — Ça faisait longtemps que je vous avais pas vus ensemble, tous les deux.
Tsubaki — On n’est pas toujours collés l’un à l’autre.
Elle répondit d’un ton détaché. Comme il n’y avait rien de particulier à dire, je tentai de les dépasser sans m’arrêter.
Tsubaki — Il paraît que tu as changé de classe.
Elle n’avait pas l’air vraiment intéressée par le sujet, mais lança la conversation comme on jetterait un mot au hasard.
Tsubaki — Passer de la classe A à la classe C juste après avoir enfin atteint la classe A… c’est loin d’être banal.
Utomiya — Bah, Senpai n’est pas quelqu’un de normal, non ?
Moi — Peut-être bien.
La dernière fois que j’avais échangé avec Tsubaki, c’était un matin, très tôt, pendant le camp d’entraînement durant une brève discussion. On avait parlé de la personne qu’on aimerait revoir après l’obtention du diplôme. Puis Horikita et Ibuki s’étaient réveillées, interrompant la conversation. Même si j’avais eu l’impression qu’on aurait pu continuer, l’occasion ne s’était jamais représentée depuis. Et même maintenant, en la croisant ainsi, elle ne semblait pas vouloir aborder quoi que ce soit d’important.
Tsubaki — On doit aller quelque part, alors on te laisse.
Moi — D’accord.
Moi aussi, j’avais un rendez-vous à respecter. Je ne pouvais pas me permettre de bavarder plus longtemps. Nous reprîmes chacun notre marche et nous croisâmes sans nous arrêter. À ce moment-là, du coin de l’œil, Tsubaki me lança un regard perçant. Après l’avoir dépassée, cette Tsubaki qui semblait étrangement attentive, un sentiment de nostalgie m’envahit.
Moi — Tsubaki Sakurako… hein.
Un souvenir oublié. Des souvenirs devenus inutiles. L’humain est une créature bien étrange. Même lorsqu’on croit avoir tout oublié, il est surprenant de voir ce que l’on est encore capable de retrouver.
Tsubaki — Quoi ? C’est flippant quand tu me sors mon nom complet comme ça, d’un coup.
Elle s’arrêta net en entendant sa voix prononcée et se retourna avec un air un peu contrarié. Dire que c’était « flippant » était sans doute exagéré, mais c’est vrai qu’entendre son nom complet pouvait mettre mal à l’aise.
Au début, la façon qu’avait Morishita de m’appeler ainsi m’avait dérangé. Aujourd’hui, j’essayais de ne plus y prêter attention.
Moi — Je me suis rappelé de notre discussion pendant le camp d’entraînement.
Tsubaki — Hein ? Tu te souviens de ce qu’on s’était dit ? Ça devait pas être bien important pour toi, Senpai.
Utomiya — Vous avez parlé de quoi, tous les deux ?
Tsubaki — Ah, ça n’a rien à voir avec toi, Utomiya-kun.
Il était intervenu brusquement avant de détourner les yeux, un peu mal à l’aise.
Moi — À l’époque, notre conversation avait été interrompue.
Tsubaki — Oui, mais pour toi, c’était pas si important, alors bon…
Moi — Récemment, j’ai repensé à quelqu’un que j’aimerais revoir, outre ma famille. C’est sûrement grâce à l’histoire que tu avais racontée ce jour-là. Alors je me suis dit que je devrais au moins te remercier.
Tsubaki — …Outre ta famille ? Qui ça ?
Je pensais que Tsubaki serait ennuyée par ce genre de détails, mais pour une raison que j’ignorais, elle me retourna la question.
Moi — Comment dire… Si je devais l’expliquer simplement, je dirais que c’est sans doute… une amie d’enfance. On peut dire ça.
Oui. Je m’en étais souvenu à nouveau. J’avais oublié la plupart des noms, mais il y avait des enfants de mon âge avec qui j’avais étudié à la White Room. Parmi eux, il y avait une fille. Elle s’appelait Yuki. C’était ce nom, du moins dans mon souvenir. Je ne pouvais pas l’affirmer avec certitude, mais je m’en étais peut-être souvenu à cause de l’association entre ce nom et le camélia d’hiver, le Yuki-Tsubaki[1].
Et peut-être l’aura que dégageait Tsubaki m’avait inconsciemment ramené à Yuki. C’était sans doute ce petit déclencheur qui avait ravivé cette mémoire lointaine. Ou alors… était-ce vraiment juste une coïncidence ?
« Senpai, est-ce que tu aimes la neige[2] ? »
C’était une question que Tsubaki m’avait posée pendant le camp. À l’époque, elle m’avait semblé anodine. Mais aujourd’hui… elle sonnait différemment.
Tsubaki — …Et qu’est-ce que tu comptes faire, si tu la retrouves ?
Tsubaki n’aurait pas dû s’intéresser à ça. Pourtant, elle poursuivit.
Moi — Je ne compte pas vraiment la retrouver. C’est juste que je me suis senti nostalgique d’un coup. Je me suis dit que j’aimerais bien la revoir tout simplement.
Le passé et le présent qui s’entremêlent…
Si on s’était revus… peut-être que tout aurait eu un autre goût.
Mais il valait mieux ne pas se revoir. J’avais seulement eu l’impression que les choses auraient pu être différentes, rien de plus.
La réalité, elle, n’avait sans doute pas changé.
Les émotions nouvelles qui auraient pu surgir… ne mèneraient probablement à rien.
Qu’il y ait un lien réel ou non entre cette fille et Tsubaki, cela restait une affaire vaine, sans valeur ni importance.
1
L’endroit où cette personne m’avait donné rendez-vous se trouvait près de la zone de traitement des déchets, à l’arrière du dortoir. Comme il était encore assez tôt après les cours, c’était un coin peu fréquenté. Lorsque j’arrivai, cette personne s’était déjà fondue dans l’ombre, m’attendant silencieusement.
Moi — Désolé, je t’ai fait attendre ?
À mon appel, une silhouette sortit de l’obscurité.
— C’est bien… tu n’as pas fui.
Ce n’était autre qu’un élève de la classe C, Kitô Hayato. Depuis mon transfert, je n’avais encore jamais eu une seule conversation avec lui.
Moi — Lorsqu’un camarade m’appelle, c’est mon devoir de répondre.
Kitô — …Tu joues déjà les chefs de classe ?
Moi — Je pense ne pas me tromper sur ma perception. Il me semble raisonnable qu’on me laisse prendre les rênes, dans une certaine mesure. Cela dit, tu sembles penser le contraire.
Je n’estimais pas avoir une relation particulièrement bonne avec Kitô, mais elle n’était pas mauvaise non plus. Du moins avant mon transfert, j’avais le sentiment qu’on s’entendait assez pour pouvoir se saluer sans problème.
Kitô — Je ne te reconnais pas comme leader.
Moi — Eh bien, vu qu’on n’a jamais eu une vraie discussion ni même échangé un regard, je m’en doutais. Tu n’arrives pas à reconnaître quelqu’un d’autre que Sakayanagi, pas vrai ?
Kitô — Non… Peu m’importe que ce soit Sakayanagi.
Moi — Ah oui ? Alors pourquoi l’as-tu suivie aussi docilement ? C’est curieux tout ça.
Kitô — Tant que ce n’est pas moi qui dirige la classe, quelqu’un doit prendre les devants. Et entre Katsuragi et Sakayanagi, j’ai juste choisi celle qui avait le plus de chances de gagner… Parce que c’était, selon moi, le meilleur moyen d’obtenir mon diplôme en classe A.
À mesure qu’il parlait, le visage de Kitô se tendait, gagnant en irritation.
Kitô — Mais… au final, Sakayanagi ne pensait qu’à elle. Elle se fichait complètement de la classe et faisait juste ce qui lui plaisait tant que ça l’amusait. Mais j’ai laissé faire tant qu’elle produisait des résultats.
Pour le silencieux Kitô, l’identité du leader importait peu. Tant que quelqu’un était capable de conduire la classe en A, il était prêt à le suivre. Il avait simplement parié sur Sakayanagi parce qu’il avait vu en elle une probabilité de victoire plus élevée. Il voulait faire comprendre qu’il ne s’agissait ni d’affection ni d’aversion. Il portait son jugement de manière purement froide et logique, en ne tenant compte que des avantages ou inconvénients du leader.
Kitô — Voilà ce qui arrive quand on confie tout à quelqu’un d’autre.
Moi — Je ne suis pas bien placé pour juger les autres, mais… à cause des caprices de certains, la classe a perdu deux rangs. On est presque au fond du classement. C’est naturel que tu sois mécontent.
Kitô — Tu es comme Sakayanagi. Toi non plus, tu ne te soucies pas vraiment d’obtenir ton diplôme en classe A.
Moi — En effet, j’ai aussi l’intention d’agir selon mes envies. C’est embêtant pour toi, Kitô. Mais je compte au moins amener notre classe à un niveau où elle pourra viser la classe A. Ce n’est pas suffisant ?
Kitô — Je ne te fais pas confiance.
C’était exactement pour ça que, cette fois, il avait décidé de se mouiller lui-même. C’est ce que trahissait son regard.
Kitô — Je vais juger par moi-même si tu es digne de confiance…
En disant cela, il remonta ses gants en cuir noir et serra fermement ses poings.
Kitô — Tu es fort, je le sais déjà… Montre-moi si ta force suffit à étouffer mon mécontentement.
Il se fichait de mes capacités à élaborer des stratégies ou de ma faculté à lire l’adversaire. Peu importe mes accomplissements, ses doutes persisteraient. Pour le convaincre, il fallait lui prouver une supériorité physique.
Moi — Cette logique ressemble à celle de Ryuuen. Simple, mais pas idiote. Si tu veux me jauger comme ça, je suis prêt à jouer le jeu. Mais avant ça, j’ai un avertissement.
Prêt à se battre, Kitô n’avait aucune idée du sujet que j’allais aborder.
Kitô — Un avertissement… ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
Moi — Certes, tu manques d’aisance à l’oral, mais tu as confiance en ta force. Quand Ryuuen a fait irruption, tu aurais dû intervenir vite.
Kitô — Tu voulais que je frappe Ryuuen ?
Ayanokôji — Non. Je dis que si tu avais agi assez vite, tu aurais pu éviter que Sawada ne se retrouve en danger. Elle aurait pu être blessée.
Kitô, assis à proximité de Sawada, avait sciemment choisi de ne pas intervenir.
Kitô — Me fais pas rire. Je ne te reconnais pas comme…
Moi — Ne pas me reconnaître comme leader est une excuse trop puérile. Même Kôenji, parfois, bouge pour protéger un camarade en danger. Je ne parle pas ici de valeurs dépassées où les hommes doivent protéger les femmes, mais si on est camarades de classe, les plus forts n’ont pas besoin de raison pour protéger les plus faibles.
Kitô — Camarades de classe… ? Si je ne les considère pas comme tels, c’est plus mon problème, non ?
Moi — Si tu le penses vraiment alors oui, il n’y a pas de problème. Mais dans ce cas, l’existence de Kitô Hayato n’a pas sa place en classe C.
Un camarade qui refuse de coopérer et qui exige sans rien donner, un tel comportement ne peut être toléré que s’il s’accompagne d’une force incontestable. Sinon, il ne reste qu’une option : l’élimination.
Kitô — Très bien… Si tu gagnes, je te suivrai à partir de maintenant… Mais seulement si tu gagnes.
Il s’interrompit et tendit son long bras vers moi. Avant qu’il n’atteigne ma poitrine, je saisis et bloquai son mouvement. Mais il ne paniqua pas. Au contraire, il tenta de m’attirer vers lui avec le bras que je venais de saisir. Je compris aussitôt son intention : placer un coup décisif malgré la situation, un coup destiné à briser ma volonté de me battre. N’importe qui aurait été réduit au silence par une intimidation pareille.
Kitô — Mmm… !?
Mais en sentant qu’il ne pouvait pas m’attirer aussi facilement, il écarta immédiatement mon bras. Plutôt que de se jeter imprudemment dans une attaque de suivi, Kitô choisit d’observer la situation. Il avait l’habitude de se battre et ainsi, son corps reconnut instinctivement le danger. Il prit un instant, puis donna un petit coup du pied sur le sol, comme pour me provoquer, tout en restant léger.
Kitô — Quand je fixe les gens du regard, la plupart ressentent un mélange de peur et de dégoût.
Ce n’était pas seulement parce qu’il était fort. Il faisait aussi allusion à son apparence, une forme amère d’autodérision.
Moi — Ce genre de choses superficielles ne m’intéresse pas.
Mon indifférence sembla le déranger. Son regard se fit plus tranchant.
Il s’élança d’un pas ferme et décocha un direct du poing droit. Un coup net, précis, sans mouvement superflu, le bruit du vent fendu par son poing siffla à mes oreilles. Sans paniquer, je reculai légèrement et esquivai. Je continuai à éviter ses attaques deux, trois fois d’affilée. Finalement, Kitô s’immobilisa, l’air contrarié.
Kitô — …Pourquoi tu ne ripostes pas… ?
Moi — Va savoir.
Je détournai la question, et Kitô claqua doucement la langue avant de relancer son poing. Cette fois, il utilisa principalement son bras gauche, mais son coup ne m’atteignit pas non plus. Face à un adversaire comme Kitô, au gabarit longiligne, la stratégie classique aurait été de réduire la distance et de l’emmener au corps à corps à l’aide de jeux de jambes.
Mais Kitô connaissait ce type d’approche. C’est pourquoi il n’osait pas avancer trop franchement. Agacé par mes mouvements imprévisibles et par mon absence totale de riposte, son irritation ne faisait que croître. Cette fois, il semblait décidé à utiliser ses jambes et lança un coup de pied. Lorsque la pointe de son pied s’approcha de mon abdomen, je l’esquivai comme ses poings, créant une large ouverture. Je ne laissai pas passer cette occasion et repoussai le corps de Kitô d’un revers de la main.
Kitô — Ugh… !?
Déséquilibré, Kitô fit un pas en arrière, ses appuis devenus instables. À la différence de Ryuuen, qui utilisait aussi bien ses bras que ses jambes et savait attaquer de façon imprévisible, Kitô était moins à l’aise avec les coups de pied.
En revanche, ses mouvements du haut du corps étaient bien plus précis que ceux de Ryuuen, et il maîtrisait l’avantage que lui conférait l’allonge de ses bras dans un affrontement. Au moment où il tenta de retrouver son équilibre, concentré sur ses appuis, Je fis vriller mon poing gauche dans son abdomen.
Douleur. Et puis le silence.
Il avait été trop sûr de lui, persuadé que je n’attaquerais pas si tôt. Kitô comptait utiliser ses bras pour riposter, mais par réflexe défensif, il les ramena vers son ventre. Je n’avais pas l’intention de multiplier les assauts. Ce coup devait suffire à clore l’échange. Je n’avais même pas utilisé mon bras dominant. Mais selon moi, c’était amplement suffisant.
Pourtant, Kitô plia les genoux et reprit aussitôt sa posture de combat.
C’était sans doute sa ténacité qui l’empêchait de céder si facilement.
Même après ce bref échange, l’écart de niveau aurait dû être évident. Mais sa volonté, elle, restait intacte. Avant même que son cerveau ne réalise qu’il était dans une impasse, Kitô donna une impulsion au sol, étendit les bras et réduisit de nouveau la distance entre nous.
J’aurais pu facilement dévier ses bras, mais je choisis de relever le défi. Usant de ses deux mains, il saisit ma nuque et me plaqua violemment contre le mur dans son élan. Normalement, face à une telle pression, on chercherait à se libérer en attrapant les bras de l’adversaire. Mais c’était une erreur. Il n’est pas si simple de repousser des bras par la force brute.
J’écartai brusquement les mains et frappai les deux oreilles de Kitô à plat avec mes paumes. Pris au dépourvu par cette attaque inattendue à laquelle il était vulnérable, son visage se tordit de douleur. Il relâcha son emprise et recula vivement. À cet instant, je lançai un coup de pied frontal qui le força à fléchir de nouveau les genoux.
Kitô — Ugh… !
Malgré la grimace que lui arracha le choc violent, Kitô se laissa tomber sur un genou. Il ne s’effondra pas totalement, affirmant ainsi avec fermeté qu’il n’avait pas encore perdu.
Kitô — Tu es bon… Il y a vraiment autant d’écart… ?
Moi — Tu es bien assez fort. C’est justement pour ça que tu devrais employer ta force comme il faut. Dans une vie scolaire normale, la violence n’a pas sa place. Mais il existe des moments où certains élèves se retrouvent en danger à cause de choses qu’ils ne peuvent pas contrôler. Je veux que tu protèges ces élèves-là. En échange, même si ça peut sembler étrange, je te promets de faire en sorte que la classe C rivalise avec la A.
Kitô — Je ne vais pas croire ça aussi facilement.
Moi — Ce n’est pas un problème. Les résultats parleront d’eux-mêmes, avec le temps.
Je tendis la main vers Kitô, qui me fixait avec intensité, sans la moindre peur.
Kitô — Tu n’as pas peur que je saisisse cette main un jour… pour t’entraîner vers le fond de force ?
Ayanokôji — J’attendrai ce jour avec impatience.
À ma réponse, Kitô hocha légèrement la tête et saisit ma main.
Pour mes débuts dans la classe C, ce genre d’échange musclé n’était pas forcément une mauvaise chose.
Une conversation, pour ceux qui en cherchaient une.
Une démonstration de force, pour ceux qui la réclamaient.
Je devais me rapprocher de chaque élève de la manière qui lui convenait le mieux.
Et pour cela, j’étais prêt à m’engager dans n’importe quoi.
2
Après les cours, Ayanokôji quitta rapidement la classe. Dès qu’il fut parti, Morishita se leva d’un bond et, munie d’un stylo, planta violemment la pointe dans l’épaule gauche de Hashimoto, qui était assis à son bureau, le regard plongé dans son téléphone. Ce n’était pas une simple tape, mais un véritable coup. Grimaçant de douleur, Hashimoto se retourna. Morishita lui fit un signe du regard, et tous deux sortirent seuls dans le couloir. Quelques instants plus tard, Hashimoto sortit de la classe, tenant son épaule gauche de la main droite.
Hashimoto — Hé, ça fait mal, Morishita. Pas la peine de m’appeler comme ça aussi violemment…
Morishita — Je vais aller droit au but. Sors avec moi.
Hashimoto — …Hein ?
Il en oublia la douleur tant il était choqué.
Hashimoto — Attends, t’es sérieuse là ? T’es plutôt audacieuse… Mais franchement, j’aurais jamais cru que tu m’appréciais…
Morishita — Hein ? Tu crois quoi, au juste ? Je veux que tu viennes avec moi jusqu’au bureau du Conseil tout de suite après ça, c’est tout.
Hashimoto — Ce changement de sujet… Tu l’as fait exprès, en plus.
Morishita — Dans le cas où tu t’imaginerais déjà que je suis ta petite amie, que tu me visualiserais en sous-vêtements, voire moins, ou que tu fantasmerais à l’idée de me toucher, ou d’autres choses dans le genre… je me suis dit que ce serait une bonne occasion d’instaurer une distance appropriée entre nous en tant que camarades de classe.
Hashimoto — Qu’est-ce que tu racontes. Tu débites en plus. Bref, t’inquiète pas, t’es pas mon genre.
Morishita — Même comme ça, on dit que tous les hommes sont des bêtes. Tu n’étais pas en train de réfléchir à un vieux proverbe tel que « Le déshonneur d’un homme, c’est de refuser un repas déjà servi[3] », en l’adaptant à notre époque ?
Hashimoto — Je ne prévois rien de tout ça… Mais si tu veux que je t’accompagne, agis juste en étant digne de ça. D’ailleurs, pourquoi moi précisément ? J’ai rien à voir avec le Conseil des élèves.
Hashimoto comprenait bien que Morishita se méfiait de lui, ou, plus probablement, ne l’aimait pas.
Hashimoto — Si tu te sens seule, t’as qu’à demander à Ayanokôji.
Morishita — Je pense qu’il se retenait d’aller aux toilettes ou quelque chose comme ça. Alors il est parti précipitamment.
Hashimoto — Vraiment ? Alors peut-être que demain, ou…
Morishita — C’est urgent. Je veux vérifier l’état de Horikita Suzune.
Hashimoto — …Horikita ? Pourquoi elle ?
Pour la première fois, il manifesta un léger intérêt pour les projets de Morishita. La douleur s’étant enfin apaisée, il laissa retomber sa main droite.
Morishita — Elle a été vaincue par la classe d’Ichinose Honami à l’examen spécial d’hier, et je veux voir comment elle va. Si j’entraîne Ayanokôji Kiyotaka avec moi, ça compliquera les choses. Je n’ai aucun intérêt à la voir dans un moment de détresse.
Hashimoto — Eh bien, si tu emmènes Ayanokôji, la conversation sera inévitablement centrée sur son transfert. C’est un problème qui dépasse largement les résultats de l’examen spécial.
Morishita — Dans ce cas, tu as des liens avec Horikita Suzune, et tu sembles capable de soutirer des informations grâce à ton éloquence.
Hashimoto — Je dois prendre ça pour un compliment ?
Morishita — Bien sûr. C’est ta spécialité, en tant que traître.
Hashimoto — Encore ça… Bon, j’ai rien de prévu, alors autant venir.
Morishita — Même si cette occasion renforce notre complicité, ne te méprends pas. Tu ne seras pas dans le game d’un iota.
Hashimoto — Il n’en est pas question…
Au moment où Morishita s’apprêtait à se mettre en marche, une voix s’éleva.
— Puis-je me joindre à vous ?
Celle qui parla, les yeux plissés avec un air d’intérêt, n’était autre que Shiraishi.
Hashimoto — Shiraishi !? Depuis quand t’es là… ?
Shiraishi — Quand je vous ai vus sortir discrètement tous les deux, ma curiosité a été piquée.
Morishita — Malheureusement, tu n’es pas invitée, Shiraishi Asuka.
Shiraishi — C’est bien les secrets, mais on est camarades et alliés, non ?
Malgré les paroles sèches de Morishita, Shiraishi répondit avec douceur.
Morishita — Je préfère éviter d’emmener les camarades non proches.
Shiraishi — Oh, alors Hashimoto-kun est un camarade proche ?
Morishita — Bien sûr que non, mais c’est une question de degré… comme l’avant et l’arrière d’une lunette de toilettes.
Hashimoto — Dans cette analogie, je suis l’avant, non ? Même si, franchement, j’aimerais pas être l’avant non plus.
Shiraishi — Morishita-san, nous avons toutes les deux laissé Sakayanagi-san tout gérer jusqu’à maintenant. Cela fait deux ans qu’on observe les choses en silence. Ce ne serait pas étrange que nous voulions enfin agir pour la classe, si ?
Bien qu’elle ait été comparée à l’arrière d’une lunette de toilettes, Shiraishi ne s’en offusqua pas le moins du monde et exprima son avis avec calme.
Morishita — Tu n’as pas froid aux yeux. Tu es plutôt culottée.
Shiraishi — Je vais le prendre comme un compliment.
Morishita — Très bien. Ce serait embêtant si on croisait Ayanokôji Kiyotaka. Allez, viens vite.
Shiraishi les suivit donc, bien qu’elle n’ait pas été invitée, tandis que Morishita ouvrait la marche.
Morishita — Au fait, Shiraishi, j’ai entendu dire que tu avais emmené Yoshida et Nishikawa au karaoké avec Ayanokôji ?
Shiraishi — Oui. Je me suis dit que ce serait une bonne occasion de renforcer les liens dans la classe.
Morishita — Je ne suis pas surprise que tu invites des garçons, mais… tu ne comptes pas tenter quelque chose avec lui, j’espère ?
Shiraishi — Je n’ai pas le droit de m’entendre avec Ayanokôji-kun ?
Morishita — Je ne dis pas que c’est mal, mais tu devrais abandonner. Tu finiras blessée.
Shiraishi — Ça ne me dérange pas d’être blessée. Ça a l’air amusant.
Après cette réponse sincère, Shiraishi reprit la parole.
Shiraishi — Quoi qu’il en soit, il a accompli une victoire éclatante.
Hashimoto — Oui, c’est un excellent départ. Non seulement il a remporté la victoire facilement, mais en plus, il s’est servi de Ryuuen pour s’imposer dans la classe. C’est vraiment l’aide idéale pour nous.
Il souriait avec satisfaction, mais Morishita murmura en se retournant.
Morishita — Il me fait un peu peur, Hashimoto Masayoshi.
Hashimoto — Hein ? Peur ? De qui ?
Morishita — Ayanokôji Kiyotaka. Même lorsqu’il agit avec nous, il choisit toujours soigneusement ses mots, il repère les ennemis autour, et il se sert de nous sans qu’on s’en rende compte. Il a aussi conseillé Ichinose Honami et veillé à ce que la classe de Horikita Suzune ne gagne pas. Il n’a eu aucune pitié, même envers de vieux amis.
Hashimoto — C’est pas rien. Mais ce serait encore plus problématique s’il faisait preuve de pitié ou s’il se retenait.
Morishita — C’est vrai. Mais n’est-il pas trop impitoyable ? Même s’il veut faire ce qu’il veut dans la classe C, on dirait qu’il n’a pas de cœur.
Hashimoto — Ce n’est pas un robot. Tu te fais des idées. Il a des émotions, même si elles sont discrètes.
Morishita — Ce n’est pas qu’en surface ?
Hashimoto — Qu’est-ce que tu veux dire ?
Morishita — Je me fiche de ce qui peut t’arriver, mais je vais quand même te donner un conseil. Il n’est qu’un allié de circonstance, un renfort qu’on a impliqué dans une stratégie inévitable. Nous sommes ses outils.
L’expression grave de Morishita, et son analyse d’Ayanokôji, poussèrent Hashimoto à se racler la gorge. Bien qu’elle n’ait pas participé à la conversation, Shiraishi avait écouté avec une grande attention.
Shiraishi — Je comprends. C’est comme ça que je me comporte avec tout le monde, et ça ne changera pas.
Morishita — Très bien. Mais je te conseille de ne pas trop t’impliquer.
Hashimoto — Tu peux vraiment dire ça, toi ? T’as toujours aimé être seule, mais on dirait que tu t’es bien entichée d’Ayanokôji.
Avec un sourire en coin, Hashimoto taquina Morishita, mais elle se dirigea vers la fenêtre, les yeux légèrement plissés.
Morishita — Se pourrait-il que… ce soit…koi[4] ?
Shiraishi — En effet, les poissons dans le bassin sont les carpes que le vice-président vient souvent nourrir.
Morishita jeta un œil par la fenêtre, et Shiraishi ajouta calmement.
Morishita — Bien joué, Shiraishi Asuka. Suivre aussi bien ma routine comique des doubles sens ce n’est pas rien.
Hashimoto — Pas mal, Shiraishi.
Shiraishi — Ce n’est rien.
Morishita — Allez, arrêtons les bêtises et allons au bureau du Conseil.
Murmurant comme si de rien n’était, Morishita se remit en marche, suivie de Hashimoto et Shiraishi.
Morishita — Au fait, Shiraishi Asuka, on dirait que tu t’intéresses vraiment à Ayanokôji Kiyotaka.
Shiraishi — Ce serait étrange que ce ne soit pas le cas, non ? C’est un type bizarre qui a été transféré dans une classe inférieure. Malgré ça, ses capacités sont indiscutables. Et surtout, il a une voix magnifique.
Morishita — Sa voix ? Bon, peu importe, mais comme je l’ai dit, c’est quelqu’un de dangereux. Tu vas te brûler.
Shiraishi — C’est pour ça que ça me va.
Morishita — …C’est pour ça que ça te va ?
D’ordinaire impassible, Morishita resta complètement déconcertée.
Shiraishi — Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Mais au fait, pourquoi est-ce qu’on va au bureau du Conseil.
Morishita — Par élimination. Si on envahit sa classe, on attirera l’attention, et ce serait pareil dans un café ou sur le chemin des dortoirs. Si on débarque dans sa chambre, elle sera forcément sur ses gardes. En revanche, peu de gens passent dans le secteur pendant les activités du Conseil. On pourra donc observer son comportement au naturel.
Finalement, tous trois atteignirent l’étage du Conseil des élèves.
Hashimoto — Tu comptes aller la voir directement, Morishita ?
Morishita — Ça dépendra de la situation, mais…
Shiraishi — Oups…
Arrivés devant la salle, la porte s’ouvrit soudainement, et Morishita, Hashimoto et Shiraishi se cachèrent aussitôt derrière un coin de mur.
Ils n’avaient aucune idée de la situation. C’était l’instinct de ceux qui agissent en se sachant un peu coupables, une réaction purement psychologique.
Horikita — Tu es vraiment très appliquée, Nanase-san.
Tapis dans l’ombre, ils observèrent en silence la présidente du Conseil, Horikita, et la secrétaire de première, Nanase.
Nanase — Ce n’est pas grand-chose. C’est surtout grâce à tes directives précises, présidente Horikita.
Tout en faisant preuve de modestie, elle exprima sa gratitude envers Horikita. Si ses paroles avaient été superficielles, elles auraient pu sonner un peu sarcastiques, mais Horikita ne les interpréta pas ainsi. Le regard pur de Nanase, ses gestes, tout en elle était sincèrement admirable. Affectée à la classe D dès son inscription, elle y était restée même après une année. Heureusement, l’écart de points avec les classes supérieures n’était pas si important.
Cependant, avec Hôsen à la tête de la classe, Horikita pensait que les qualités de Nanase ne pouvaient pas être mises à profit. Elle se disait qu’avec Nanase comme leader, ils auraient pu viser plus haut. Cela dit, en tant qu’élève de terminale, il aurait été un peu délicat pour Horikita d’exprimer ce genre de sentiment. Elle ne pouvait néanmoins s’empêcher de prendre son parti, ce qui n’était pas une posture très équitable.
Horikita — Tu vises aussi la classe A, Nanase-san ?
Nanase — Oui, je tiens absolument à être diplômée en classe A. Mais terminer ma scolarité sereinement serait la meilleure chose pour moi.
Horikita — Parce que tu peux réussir tes études supérieures ou entrer dans la vie active par toi-même ?
D’après l’OAA, les résultats scolaires de Nanase étaient excellents. Sa conduite, irréprochable. À moins d’aspirer à des sommets très élevés, elle semblait capable de tout accomplir sans difficulté.
Nanase — Ce n’est pas tout à fait ça, mais… puis-je te poser une question à propos d’Ayanokôji-senpai ?
Ses mots ne trahissaient aucune surprise particulière. Le transfert d’Ayanokôji intriguait tous ceux qui le connaissaient, même une simple kôhai.
Horikita — Bien sûr, mais je n’ai pas grand-chose à t’apprendre. Il a changé de classe sans prévenir personne.
Nanase — Sans même te prévenir, Horikita-senpai ? Ça a dû être dur.
Horikita — Je ne peux pas dire que tout va bien, mais ce qui est fait est fait. Il ne nous reste plus qu’à aller de l’avant, petit à petit.
Ayanokôji avait changé de classe, et leur défaite récente à un examen spécial était encore fraîche. Pourtant, Horikita restait étonnamment sereine.
Horikita — Tu veux que l’on prenne un thé au Keyaki, après ?
Nanase — Tu es d’accord avec ça, Horikita-senpai ?
Horikita — Bien sûr.
Nanase — Puis-je te rejoindre un peu plus tard ? Je dois passer un coup de fil à une amie.
Horikita — Bien sûr. Si c’est rapide, je peux t’attendre ici.
Nanase — Le café risque d’être bondé. Il vaut peut-être mieux que tu y ailles d’abord à mon humble avis.
Horikita — Tu as raison. Alors j’y vais.
Nanase — Oui, Horikita-senpai. À tout à l’heure.
Trois personnes, retenant leur souffle, avaient écouté toute la conversation en cachette. Heureusement, Horikita prit l’escalier opposé, ce qui lui évita de croiser leur route, leur permettant de relâcher enfin la pression. Alors qu’elle regardait Horikita s’éloigner, Nanase sortit son téléphone de sa poche.
Nanase — Allô.
Il semblait que le téléphone avait déjà commencé à sonner, et Nanase poursuivit l’appel.
Nanase — Nous avions convenu de ne pas nous appeler sans raison, n’est-ce pas, Tsukishiro-san ?
Les trois, qui n’avaient aucun intérêt pour l’appel téléphonique de Nanase, échangèrent un regard en entendant un nom familier.
Nanase — Je comprends. Je vais continuer à surveiller Ayanokôji-senpai encore un an. Cela dit, Ishigami Kyô me préoccupe toujours. Comme on s’y attendait, il semble animé d’une soif de connaissance avec un rôle similaire au mien. Et puis une personne en seconde a attiré mon attention. Je doute que ce soit le cas, mais… vous n’êtes pas impliqué ?
La conversation n’avait rien de celle qu’on pouvait attendre d’une lycéenne ordinaire, et elle se poursuivit encore.
Nanase — C’est exact. Si cela devient nécessaire…
Elle sortit un second téléphone de sa poche avec sa main libre.
Nanase — Désolée, une urgence m’oblige à écourter l’appel.
Alors que la discussion semblait vouloir se prolonger, Nanase y mit soudainement fin.
Nanase — Horikita-senpai ? Y-a-t-il un problème… ? Ah, je vois. Entendu. J’y serai dans dix minutes. Oui, oui. Toutes mes excuses.
Nanase tenait désormais un téléphone dans chaque main, un dans la gauche, un dans la droite. Dans cet établissement, un règlement stipulait que les élèves ne pouvaient posséder qu’un seul téléphone portable. En réalisant qu’ils venaient probablement d’assister à quelque chose qu’ils n’auraient pas dû voir, les trois curieux cessèrent immédiatement d’espionner et se replièrent.
Cependant, ce léger mouvement produisit un petit bruit.
Le couloir était silencieux.
Avaient-ils été repérés ?
Dans cette situation délicate, ils n’osaient plus bouger d’un pouce.
Si seulement elle s’éloignait comme l’avait fait Horikita, tout irait bien…
C’est ce qu’ils espéraient, mais quelques secondes plus tard…
Nanase — Senpai ? que faites-vous donc dans un endroit pareil ?
Sans un bruit, Nanase apparut brusquement devant eux, alors qu’ils se cachaient au détour du couloir.
Hashimoto — Hein !? Non, on voulait juste voir Horikita, tu sais ?
Morishita — Oui, on vient tout juste d’arriver. Il y a un souci ?
Nanase — Vraiment ? Horikita-senpai est descendue de l’autre côté il y a environ une minute. Vous pouvez sûrement encore la rattraper, Hashimoto-senpai, Morishita-senpai et Shiraishi-senpai.
Nanase sourit, après avoir nommé les trois personnes sans hésitation.
Shiraishi — Alors tu sais qui je suis, hein ?
Nanase — Oui, Shiraishi-senpai. Je fais partie du Conseil. J’ai donc une vue d’ensemble sur les senpai de l’établissement.
Elle dévisagea Shiraishi un instant, sans que cela paraisse suspect, puis détourna le regard.
Nanase — Sur ce, chers senpai, je vous laisse.
Elle s’inclina profondément, puis descendit les escaliers.
Hashimoto — Bordel, c’était flippant. Les sueurs froides.
Morishita — J’espère qu’on ne s’est pas fait remarquer. Et en plus, elle avait bien deux téléphones, non ?
Hashimoto — Et puis, Tsukishiro ? Ce Tsukishiro ? C’est quoi le délire avec cette élève de première ?
Morishita — Le nom d’Ayanokôji Kiyotaka est sorti. Ça ne sent pas bon. Le sang de mon grand-père, détective légendaire, commence à s’agiter.
Hashimoto — Ce mensonge éhonté… Bref, on fait quoi ? On la suit maintenant ?
Shiraishi — Je pense qu’on ferait mieux de s’en abstenir, Hashimoto-kun. Elle a l’air plutôt douée pour sentir la présence des gens.
Shiraishi répondit à la suggestion de Hashimoto d’un ton bas, tout en fixant les escaliers où Nanase avait disparu.
[1] Yuki-Tsubaki est le nom japonais du camélia d’hiver, aussi connu sous le nom de Camellia japonica subsp. rusticana.
[2] Le mot yuki (雪) signifie « neige » en japonais ; il s’écrit avec le même caractère kanji.
[3] Si ce n’est pas clair, le proverbe japonais « 据え膳食わぬは男の恥 » signifie qu’il est honteux pour un homme de refuser les avances d’une femme.
[4] Il s’agit d’un jeu de mots sur « koi », qui désigne à la fois l’amour romantique en japonais et la carpe (le poisson).