COTEY3 T1 - CHAPITRE 4
Regard extérieur
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Traduction : Raitei
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Le matin suivant la cérémonie d’ouverture, je parvins à me rendre jusqu’à l’école depuis le dortoir sans croiser aucun ancien camarade. Cela tenait au fait que j’étais parti avec plus de trente minutes d’avance sur mon horaire habituel. Ce n’était pas pour éviter d’attirer l’attention ou un simple caprice de ma part. Je devais juste comprendre en détail la classe C. Cela impliquait de saisir la situation en interne et pas seulement à travers l’application OAA. L’observation directe était de mise afin de recueillir des informations moins superficielles. Rester passif ne servait à rien.
Le matin, qui arrivait le plus tôt en cours et le plus tard ? Les élèves bavards, les silencieux, ceux qui perçoivent les non-dits, et ceux qui en sont incapables. Observer ces comportements était la première étape pour apprendre à les connaître. J’arrivai devant la salle de classe des terminale C et ouvris lentement la porte, en pensant qu’elle serait encore vide. Mais…
Une scène inattendue vint freiner mon élan. Je pensais être le premier à arriver, mais ce n’était pas le cas. À côté de ma place, une élève utilisait sa tablette. Lorsque la porte s’ouvrit, elle se retourna avec un air légèrement surpris. Je n’avais pas eu l’intention d’ouvrir la porte bruyamment, mais peut-être qu’elle ne s’attendait simplement pas à voir un autre élève arriver aussi tôt. Son expression s’adoucit toutefois rapidement.
Moi — Salut.
Après un court instant, je saluai ma voisine en retour. C’était Shiraishi.
Shiraishi — Bien le bonjour.
Elle me répondit poliment.
OAA : Shiraishi Asuka
Capacités académiques B+(76)
Capacités physiques D (34)
Adaptabilité C+ (57)
Contribution sociale C– (44)
Résultat global C (54)
Shiraishi possédait des capacités académiques supérieures à la moyenne, mais ses compétences physiques étaient faibles. Elle n’était pas non plus du genre à aller vers les autres, ni connue pour avoir tissé des liens avec les élèves d’autres classes. C’était à peu près tout ce que je savais d’elle depuis l’OAA. À partir de là, je commençai à mémoriser de nouveau son apparence et ses caractéristiques. D’abord, ce grain de beauté sous son œil gauche, sa longue chevelure blonde, et son grand serre-tête. Elle dégageait une aura paisible, donnant l’allure d’une élève calme qui ne cherchait pas les histoires. En fait, au cours des deux dernières années, à travers nos brèves rencontres, je n’avais jamais ressenti que Shiraishi possédait une personnalité exubérante.
Même si ce n’était pas exactement ce que j’avais prévu, cela pouvait bien constituer le résultat que je cherchais. Je ne savais pas quand aurait lieu un éventuel changement de place, mais il était peu probable que cela se produise de sitôt. Et sympathiser avec un voisin de bureau était une norme.
C’était un peu comme ce qui s’était passé avec Horikita il y a deux ans.
En me basant sur cette expérience, j’avais décidé d’emprunter à nouveau la même voie. La question était de savoir comment engager la conversation. Je ne savais rien des goûts, loisirs ou traits de personnalité de Shiraishi à partir des données disponibles.
Je devais donc y aller à tâtons, depuis zéro. En m’approchant de ma place, je réalisai qu’elle semblait étudier depuis ce matin, stylo en main, travaillant sur quelque chose ressemblant à un devoir sur sa tablette.
J’attendis un instant avant de lui adresser la parole.
Moi — Je ne m’attendais pas à voir quelqu’un. Tu es plutôt matinale.
Shiraishi — …Oui, je me suis réveillée exceptionnellement tôt aujourd’hui. Mais toi aussi, tu es en avance, Ayanokôji-kun.
Pour l’instant, notre échange restait courtois. Elle hésitait un peu dans ses mots, peut-être parce qu’elle n’était pas habituée à moi. Ou peut-être qu’elle n’avait pas envie de parler, mais vu qu’on était seuls dans la pièce, elle avait fini par répondre à contrecœur. Je ne pouvais pas encore le dire avec certitude.
Moi — Puisque j’ai changé de classe, c’est comme si j’étais un nouvel élève venant d’un autre établissement. Plutôt que d’attendre d’être accueilli, je me suis dit qu’il valait mieux jouer celui qui accueille.
Je choisis de mélanger un peu de vérité dans mes propos, avec l’intention de continuer à lui parler tant qu’elle ne manifestait pas clairement son désintérêt. Rester silencieux dans une classe vide à deux était un peu gênant.
Moi — C’est une drôle de coïncidence, deux lève-tôt qui se retrouvent assis l’un à côté de l’autre dans une salle aussi grande et vide.
Shiraishi — Peut-être bien.
Une coïncidence en cascade à n’en point douter ce qui était amusant. Du moins, Shiraishi ne semblait pas incommodée. Restait à savoir comment poursuivre la conversation. Dans ce genre de situation… parler m’apparaissait plus difficile que prévu. Plusieurs idées me vinrent, mais je ne savais pas si elles étaient bonnes pour briser la glace. Si ça avait été Hirata Yôsuke, il aurait naturellement lancé et poursuivi la discussion sans aucun effort apparent.
Shiraishi — Pourquoi ce transfert chez nous, Ayanokôji-kun ?
Dans mon hésitation, ce fut Shiraishi qui posa une question tout à fait naturelle. Elle poursuivit, montrant son intérêt.
Shiraishi — Je n’arrive pas à croire que tu aies choisi de descendre dans une classe inférieure alors que tu avais atteint la classe A.
Nous nous étions croisés plusieurs fois au cours des deux dernières années, mais c’était la première fois que je lui parlais de vive voix.
Moi — Effectivement, dans une situation normale c’est étrange.
Shiraishi — Alors… pourquoi avoir changé Ayanokôji-kun ?
Le regard de Shiraishi était d’une clarté très prononcée. Elle semblait vraiment vouloir connaître la véritable raison.
Moi — Hashimoto et les autres ont dû te l’expliquer. Je suis venu dans cette classe en tant que renfort.
Shiraishi — Bien sûr, je comprends la chose. Tu es venu nous sauver, mais personne ne nous a expliqué ce que tu gagnais dans l’histoire, Ayanokôji-kun. Des rimeurs stipulent que tu aurais reçu une grande somme de points privés en secret ou que tu allais en recevoir bientôt.
Elle posa cette question difficile sans la moindre hésitation. Peut-être que l’environnement vide y était pour quelque chose. La réponse à sa question était simple : Rééquilibrer les quatre classes. Pour cela, il fallait que la classe C et la classe D rattrapent les classes supérieures. Et pour exécuter ce qui serait impossible de l’extérieur, il fallait le faire de l’intérieur. Cependant, les discussions d’alliance n’ayant pas encore été rendues publiques, je n’avais pas l’intention de révéler cela pour le moment.
Shiraishi — Pour être franche, à part quelques-uns, on est encore sceptiques. On doute que tu puisses avoir un véritable impact sur la classe, ou même que cet impact suffise à redresser la situation.
Moi — C’est tout naturel.
Shiraishi — Certains se demandent même si ta présence est nécessaire.
Moi — Mais c’est trop tard désormais. Vous avez eu le temps de vous y opposer pourtant.
Shiraishi — Certes. Tes mots sont durs, mais la classe était en pleine confusion après l’expulsion de Sakayanagi-san pendant les vacances de printemps.
L’une des conditions de mon transfert était l’obtention de l’accord unanime de la classe C. Avec le départ de Sakayanagi, la classe s’était retrouvée affaiblie à tous les niveaux. Elle cherchait désespérément une solution rapide.
Que moi, Ayanokôji Kiyotaka soit compétent ou non, proposer de faire venir quelqu’un de la classe A pour compléter les effectifs n’était pas une mauvaise idée en soi. Hashimoto avait payé la majeure partie, mais pour chacun, la contribution restait importante. Il était donc normal d’attendre un retour à la hauteur de l’investissement.
Moi — En effet, peu d’élèves choisiraient volontairement de quitter la classe A pour descendre en classe C.
Shiraishi — Je pensais que c’était un cas similaire à celui de Katsuragi-kun, mais il avait perdu sa place dans cette classe. Lui, il voulait probablement se venger de Sakayanagi-san.
Moi — Et tu n’envisages pas un conflit entre la classe A et moi ?
Plutôt que de répondre, je choisis de lui retourner une question.
Shiraishi — Je ne pense pas que ce soit le cas. La classe A comptait sur toi, et j’ai l’impression que tu t’y étais bien intégré.
Cela pouvait sonner comme des flatteries, mais ses propos semblaient sincères. Autant les prendre comme tels pour pouvoir poursuivre.
Moi — Je ne me souviens pas avoir affiché un tel comportement.
Shiraishi — Vu de l’extérieur, on remarque beaucoup de choses. Et puis, durant les examens spéciaux de fin d’année, tu occupais des postes clés. Ce n’est pas possible si ta classe n’avait pas confiance en toi.
Moi — Je vois. Alors, Shiraishi, que penses-tu de mon transfert ?
Shiraishi — Comme je l’ai dit, j’ai une haute estime de toi, Ayanokôji-kun, donc honnêtement, j’en attends beaucoup. D’ailleurs, Hashimoto-kun et Morishita-san, ceux qui se sont donnés du mal pour ton transfert, te tiennent encore en plus haute estime. Et…
Moi — Et ?
Les paroles intéressantes sur le fond de Shiraishi furent interrompues par l’arrivée d’un autre élève.
Yoshida — S-Salut, Shiraishi.
Shiraishi — Bonjour, Yoshida-kun.
Malgré l’emplacement lointain, il s’adressa à elle dès l’entrée. Puis, après m’avoir lancé un regard perçant, il posa son sac sur son bureau et s’approcha.
Yoshida — Tu es bien matinal Ayanokôji, hein ?
Moi — Pas tant que ça. Je comptais être le premier, mais Shiraishi est arrivée avant moi.
Yoshida — Dans ce cas, viens dès l’ouverture des grilles à partir de demain. Arriver le premier en cours est une façon de montrer l’exemple. Continue jusqu’à ce que tout le monde t’accepte.
Moi — Je vois.
L’école autorisait l’entrée dès 7h15 ce qui était vraiment tôt. C’était une routine rude à mettre en place, mais pourquoi pas ne pas le faire au début.
Shiraishi — Ce n’est pas un peu exagéré ?
Juste au moment où j’allais donner mon accord, elle lui répondit doucement.
Shiraishi — Et puis, qu’entends-tu exactement par « accepter » ?
Yoshida — Eh bien, euh… je n’avais pas réfléchi jusque-là…
Pris au dépourvu, Yoshida ne put cacher sa confusion.
Shiraishi — Dans ce cas, si l’envie t’en prend, Yoshida-kun, tu pourrais très bien être le seul à ne jamais l’accepter juste pour l’humilier.
Yoshida — Non, je ne ferais jamais ça !
Shiraishi — Si c’est un malentendu, tu ne devrais pas d’abord retirer ce que tu viens de dire ?
Yoshida — Ok, j’ai compris. Je retire ce que j’ai dit, donc oublie.
Gêné, Yoshida dit cela en haussant le ton vers Shiraishi.
Shiraishi — Je suis soulagée. Je savais que tu comprendrais.
Yoshida — En effet… j’ai peut-être un peu trop parlé pour rien.
Shiraishi — Oui. Yoshida, comme tu es populaire dans la classe, pourquoi tu n’aiderais pas Ayanokôji-kun à mieux s’intégrer ?
Yoshida — Hein ? Quoi ? Moi, aider Ayanokôji ?
Shiraishi — Pourquoi pas ?
Yoshida — Non, mais comment ça ? Te moque pas de moi !
Yoshida était donc populaire. Je pris mentalement note de ces mots, même s’il était encore trop tôt pour savoir si c’était le cas ou seulement de la flatterie.
Shiraishi — Vraiment ? Alors est-ce que je peux me porter volontaire ? Je ne suis peut-être pas douée avec les garçons, mais je peux faire le lien avec les filles. Un de ces jours, pendant un jour de repos peut-être, je te présenterai quelques amies. Tu pourras te joindre à nous ?
Comme on dit, l’avenir sourit à ceux qui se lèvent tôt. Il n’y avait aucune raison de refuser l’offre de Shiraishi.
Moi — J’accepte avec plaisir.
Yoshida — Attendez une minute ! Je suppose que je n’ai pas le choix, je vais t’aider moi aussi.
Malgré ce qu’il avait dit un peu plus tôt, Yoshida revint sur ses propos en s’avançant vers moi.
Shiraishi — Tu es sûr, Yoshida-kun ?
Yoshida — Eh bien, j’ai quand même mauvaise conscience d’avoir refusé sa fête. Il lui a fallu du courage pour se faire transférer dans une classe adverse. Vu que c’est une nouvelle classe, tu as besoin d’un coup de main, non ? Alors, on fait ça quand ? Je suis dispo n’importe quand.
Yoshida me demanda ça, ou plutôt, il s’adressa à Shiraishi avec un sourire.
Moi — D’accord. Je vous contacterai tous les deux quand ce sera décidé.
Yoshida — Ok ! Ne tombe pas malade d’ici là, Ayanokôji.
Dépassé par cette énergie débordante, je me contentai de hocher la tête.
Peu après, les élèves de la classe C commencèrent à entrer les uns après les autres, et Yoshida retourna en vitesse à sa place.
Shiraishi — Yoshida-kun est plutôt simple, non ?
Marmonna-t-elle en jetant un bref regard vers lui. Elle me fixa ensuite.
Shiraishi — Il m’aime bien.
Moi — En effet.
C’était évident qu’il avait un faible pour elle, mais c’était rare qu’une personne concernée l’admette aussi clairement.
Shiraishi — C’est pour ça qu’il ne supporte pas que je voie d’autres garçons pendant les jours de repos, ou alors il espère qu’il se passera quelque chose entre nous. Mais même s’il ne restait plus que Yoshida-kun et moi sur Terre, il peut toujours rêver.
Elle était consciente de son attirance, mais cela ne semblait pas lui plaire.
Était-ce simplement parce qu’elle n’éprouvait rien pour lui ?
Ou parce qu’elle le considérait comme acquis ?
Shiraishi — La prochaine fois, je veux que tu me dises la vraie raison de ton transfert, d’accord ?
Shiraishi me sourit en détournant les yeux, comme pour dire qu’elle n’avait pas oublié.
Une voisine aimable… mais peut-être qu’il y avait plus à comprendre sur Shiraishi que ce que j’avais analysé jusqu’ici.
1
C’était le premier samedi depuis mon transfert. Que je change de classe ou d’année, ma routine restait fondamentalement la même. Après avoir terminé mon petit-déjeuner, j’envisageais d’aller à la salle de sport lorsque je remarquai un message sur mon téléphone.
— [On va à la salle ensemble aujourd’hui ?]
C’était une invitation d’Ichinose, qui était aussi ma partenaire d’entraînement. J’avais déjà prévu d’y aller, même sans son message, alors je confirmai ma venue. Le message fut lu de suite. Après quelques échanges, nous décidâmes de nous retrouver là-bas, et nous commençâmes à nous préparer. Les élèves s’étaient déjà rassemblés près de l’entrée du Keyaki, attendant l’ouverture. Je ne me joignis pas à eux, et tentai de tuer le temps à distance. C’est alors que Hôsen Kazuomi, un 1ère D que je ne côtoyais pas, s’approcha de moi.
Avec sa carrure imposante et son allure peu engageante, les seconde aux alentours commencèrent à s’éloigner comme pris de panique. L’an passé, les interactions avec les seconde avaient débuté dès le début de notre première. Mais cette année, on n’avait pas encore eu l’occasion de connaître les nouveaux. Il n’aurait donc rien d’étonnant à ce qu’un élève talentueux ait rejoint l’école discrètement. Pendant ma réflexion, Hôsen s’approcha de moi. Il faisait partie de ceux qui avaient attiré l’attention au printemps dernier.
Hôsen — Hé, Ayanokôji-paisen1. J’ai entendu des rumeurs fortes à propos d’un senpai débile qui aurait volontairement rejoint la classe C alors qu’elle est en chute libre. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
Il me posa la question avec enthousiasme, mais son regard n’avait rien de léger. Le sujet ne semblait pas vraiment l’intéresser.
Moi — Qui sait ce qu’il avait en tête ?
Je répondis délibérément comme si cela ne me concernait pas. Hôsen esquissa un petit sourire et s’approcha encore davantage.
Hôsen — Hah, enfin bon, peu importe.
Clairement, ce n’était pas pour ça qu’il était venu. Il reprit la parole.
Hôsen — J’ai l’impression que mes talents s’émoussent, et ça me perturbe. Je cherche un punching-ball. Une idée ?
Il balança son gros bras en l’air, d’un geste lourd de sens.
Moi — Désolé, mais me battre ne m’intéresse pas.
Hôsen — T’es vraiment pas drôle.
Moi — Si c’est ce que tu veux, demande plutôt à Ryuuen.
Je pensais lui fournir une excellente info, mais Hôsen poussa un soupir exagéré, visiblement déçu.
Hôsen — Ce type est un lâche qui refuse les duels.
Moi — Ce serait pas plus excitant un combat contre plusieurs ?
Hôsen — Une fois, ok. Mais c’est galère si c’est constamment le bordel.
S’il s’en prenait à Ryuuen, il gagnerait sûrement sur le coup. Mais à un moment ou un autre, ce dernier riposterait avec n’importe quel coup tordu. Hôsen semblait avoir anticipé cela. Sur l’île déserte, ils s’étaient affrontés directement. Mais depuis, aucun examen inter-promo n’a refait surface. Et puis, personne ne s’en prenait volontairement à Ryuuen ici, sauf peut-être quelques seconde mal informés. En un sens, il s’était forgé une défense efficace.
Moi — D’ailleurs, tu penses pouvoir monter jusqu’en classe C ?
Comme il devenait inutile de continuer à discuter de sujets aussi sombres, je lui posai une question anodine sur la situation des première. Le classement était resté tel quel depuis le début, mais toutes les classes, y compris la D, étaient encore en lice.
Hôsen — Qui sait ? Tant que je touche du fric, ça me va. J’ai refilé tout ça à Nanase.
Moi — Nanase ? Je ne pensais pas que tu étais du genre à déléguer. C’est une bonne idée. Elle semble plus apte à diriger une classe que toi
Hôsen — Ah ouais ? Alors comme ça, tu veux te battre, hein ? Viens là !
Il tenta de tout ramener à la violence, mais…
— Ayanokôji.
Alors que je faisais face à ce Hôsen agressif, Chabashira-sensei apparut, l’air légèrement tendu. En voyant l’enseignante, Hôsen claqua discrètement la langue et s’éloigna, comme s’il avait été interrompu.
Hôsen — À plus, Paisen. Je vais m’amuser un peu avec quelques seconde intéressants et après ça, tu seras mon partenaire d’entraînement.
Moi — Sans façon.
Je me contentai de répondre, d’une voix trop basse pour être entendue. À peine eus-je fini de lui répondre que Chabashira-sensei me saisit par le bras.
Mlle. Chabashira — Viens avec moi un instant.
Sans me laisser le temps de protester, elle m’emmena dans un coin à l’écart.
Moi — Qu’est-ce qu’il y a au juste ?
Mlle. Chabashira — Je voulais te parler. En tant que prof… non, en tant qu’ex-professeur principal, je me suis dit que ce n’était peut-être pas approprié de te contacter sans raison. Je n’ai pas pu m’en empêcher.
Chabashira-sensei exprima ce qu’elle avait gardé en elle. Son visage manquait de vigueur. La chose avait dû la travailler toute la semaine.
Moi — Donc vous m’avez suivi depuis le dortoir.
Mlle. Chabashira — …Tu l’avais remarqué ?
Moi — C’était assez évident.
Son niveau en filature était équivalent à celui de Morishita, et pour être poli, ce n’était pas brillant.
Moi — Rien ne garantissait que je quitterais le dortoir. Vous attendiez depuis combien de temps exactement ?
Il faisait encore frais le matin, malgré le réchauffement progressif. Assez froid pour tomber malade, mais elle ne semblait pas s’en soucier.
Mlle. Chabashira — Peu importe. Ce que je veux savoir, c’est… le transfert. Pourquoi changer de classe sans rien dire à personne… ?
Moi — Le transfert, hein ? Franchement, on m’a posé cette question tellement de fois cette semaine que je m’en lasse un peu.
Mais c’était la première fois qu’un professeur me confrontait. Du point de vue d’un enseignant, il serait impossible de réagir à chaque décision d’élève.
Mlle. Chabashira — Explique-moi ce qui se passe.
Moi — C’est difficile à expliquer comme ça. Il n’y a aucun problème à ce qu’un élève exerce son droit de changer de classe, non ?
Je n’avais aucune obligation d’en expliquer les circonstances. Et Chabashira-sensei, tout en le sachant, n’était pas du genre à abandonner facilement.
Mlle. Chabashira — Il n’y aurait pas quelque chose… un problème qui t’aurait forcé à faire ce transfert ?
Moi — Et ce serait quoi ?
Mlle. Chabashira — C’est…
Elle resta sans voix, incapable d’articuler une réponse.
Moi — J’ai oublié de le dire plus tôt, mais le problème avec Hoshinomiya-sensei est réglé, donc vous pouvez être tranquille. Elle ne devrait plus causer d’ennuis ni aux professeurs, ni à l’école.
Mlle. Chabashira — Toi… !
Elle faillit lâcher quelque chose sous l’impulsion, trahissant ses véritables émotions. Peut-être qu’elle ne put finalement pas se retenir.
Elle saisit mes épaules et ouvrit la bouche.
Mlle. Chabashira — C’est vraiment à cause de moi ? Parce que j’étais embarrassée par ChiE ? Tu t’es sacrifié pour arranger ça ?
Moi — Je me doutais que vous penseriez à ça, Chabashira-sensei. Mais ne vous en faites pas. J’avais déjà l’intention de changer de classe avant même que le problème avec Hoshinomiya-sensei ne survienne.
Elle me regarda dans les yeux, essayant de voir si je disais la vérité.
Mais elle ne pouvait écarter l’idée que je masquais quelque chose. Elle devait toutefois avoir compris que je n’éprouvais ni hésitation, ni regret.
Mlle. Chabashira — Ce n’est pas juste de la considération, hein… ?
Moi — Non. J’avais déjà réduit mes options à la classe C ou D. Je n’ai rien contre vous ou la classe.
Mlle. Chabashira — Alors pourquoi ? Pourquoi prendre une décision aussi insensée ?
Moi — Insensé ou non, tout dépend de comment on voit les choses. Vous savez bien que le diplôme en classe A ne m’attire pas.
Mlle. Chabashira — Oui…
Moi — Ce transfert, c’est entièrement pour moi. J’ai jugé qu’il serait difficile d’accomplir ce que j’ai à faire dans cette école en restant dans votre classe. Mais je ne révélerai pas ici de quoi il s’agit.
Avec tout ça, elle pouvait comprendre que le transfert était volontaire.
Mais je ne comptais pas en dire plus. Chabashira-sensei pourrait très bien partager cette conversation avec Horikita ou d’autres.
Moi — Il est temps pour moi d’aller à la salle, je vais donc vous laisser.
En tant qu’enseignante, elle ne pouvait probablement pas insister davantage.
Elle hocha la tête en silence, luttant pour cacher ses émotions.
Mlle. Chabashira — Je comprends. Je vois… pardon d’avoir pris ton temps.
Je laissai Chabashira-sensei derrière moi et me dirigeai vers la salle de sport au deuxième étage.
2
Il était un peu midi passé, et le Keyaki débordait d’élèves venus pour le déjeuner. Après s’être séparée d’Ayanokôji devant la salle de sport, Ichinose, qui descendit seule au premier étage par l’escalator, avait prévu de déjeuner avec des camarades de classe à 12 h 30.
Amasawa — Ichinose-se~npai !
Sur le chemin de son rendez-vous, Ichinose fut interpellée par Amasawa Ichika de la première A. Même s’il n’y avait pas de lien profond entre elles, elles se parlaient à l’occasion et entretenaient une relation cordiale. Amasawa s’approcha avec un sourire innocent, et Ichinose lui rendit son sourire.
Amasawa — Tu es allée à la salle aujourd’hui ?
Elle leva les yeux vers la salle de sport à l’étage et l’interrogea sans détour.
Ichinose — Oui, pendant environ une heure.
Amasawa — Je devrais peut-être m’y mettre aussi~ Ces temps-ci, j’ai l’impression que mon corps est tout mou.
Ichinose — Vraiment ? Si ça t’intéresse, tu pourrais essayer ou même juste venir jeter un œil. On pourrait y aller ensemble, si tu veux.
Amasawa — Mais je dépense pas mal d’argent déjà, alors un abonnement mensuel, ça ferait un peu mal.
Ichinose — Il y a des formules qui permettent de limiter les frais.
Amasawa — Ah oui ? Au fait, Ayanokôji-senpai va aussi à la salle, non ?
Elle lança le nom d’Ayanokôji avec des yeux brillants.
Ichinose — Oui, Ayanokôji-kun semblait intéressé. Je l’ai invité, et il a accepté.
Amasawa — Je vois. Je vais peut-être y réfléchir sérieusement, alors.
Ichinose continua à sourire en regardant Amasawa.
Ichinose — Hm ? La présence d’Ayanokôji-kun est importante pour toi ?
Amasawa — Bien sûr. J’aime Ayanokôji-senpai.
Elle afficha une expression adorable, formant un cœur avec ses doigts.
Ichinose — Hein ?
Elle ouvrit de grands yeux à cette déclaration inattendue.
Amasawa — Oh, je veux dire que je l’aime bien en tant que senpai, ce n’est pas romantique~
Ichinose — Je vois.
Malgré tout, elle continua de sourire à Amasawa, sans que son expression ne change. Mais pourquoi Amasawa avait-elle soudainement parlé d’Ayanokôji et lancé ce genre d’insinuations ? Un tel sujet n’avait jamais été abordé dans leur relation jusque-là, ce qui troubla Ichinose. En réponse au léger changement d’émotion qu’elle capta chez elle, Amasawa aiguisa son regard.
Amasawa — Je plaisante~ En fait, c’est vraiment romantique.
Elle s’exprima cette fois franchement.
Ichinose — Tu veux peut-être que je t’aide pour quelque chose… ?
Une déclaration d’amour envers un senpai. Si c’était ça qu’Amasawa attendait d’Ichinose, cela faisait sens. Elle s’imagina ce scénario, mais Amasawa secoua aussitôt la tête.
Amasawa — Je n’aurais jamais le courage de lui avouer, mais je suis un peu jalouse quand je te vois aussi proche de lui. Il n’y aurait pas quelque chose entre vous deux… ?
Ichinose — Moi ? Je n’ai pas ce genre de relation avec Ayanokôji-kun.
Ichinose nia calmement, mais Amasawa devint plus suspicieuse.
Amasawa — Vraiment ? Senpai, tu es si mignonne… Je me suis dit que j’aurais aucune chance si tu étais ma rivale.
Ichinose — Mais c’est la vérité pourtant.
Malgré la moue exagérée d’Amasawa, Ichinose lui répondit sérieusement.
Amasawa — Tu ne mens pas, hein ? Ichinose-senpai, tu ne me mentirais pas à moi, pas vrai ?
Ichinose — En aucun cas je ne te mentirais. Cela dit, aller à la salle pourrait être une bonne idée. Ce serait une chance de te rapprocher d’Ayanokôji-kun.
Jusqu’à présent, Ichinose avait gardé un ton posé. Mais à mesure qu’Amasawa enchaînait les remarques romantiques sur Ayanokôji, Ichinose ressentait quelque chose de différent chez elle. Amasawa essayait de la sonder.
Amasawa — Ichinose-senpai, tu ne te serais pas un peu emballée, ces derniers temps ?
Jusqu’à maintenant, Amasawa jouait la chouette fille avec Ichinose, mais cette fois, elle se fit plus piquante. Une personne normale aurait pu être déstabilisée par ce changement soudain. Mais Ichinose se montra imperturbable.
Ichinose — Si ça t’a donné cette impression, je suis désolée. Ce n’était pas mon intention…
Elle n’aurait pas pu prévoir ce genre de question, mais si vraiment elle ne l’avait pas anticipé, alors sa réaction était beaucoup trop calme analysa Amasawa.
Amasawa — Je suis plutôt perspicace, tu sais. Je trouve ça déplacé de demander directement, mais Ichinose-senpai… il y a quelque chose entre toi et lui, non ?
Ichinose — Il n’y a vraiment rien. Tu sembles t’inquiéter beaucoup dès que ça concerne Ayanokôji-kun.
Amasawa — Je te l’ai dit, j’aime Ayanokôji-senpai. C’est pour ça que je peux ressentir certaines choses. Tu ne te serais vraiment pas emballée ?
Ichinose — Pourquoi je te mentirais ?
Sans répondre à cela, Amasawa continua seule la conversation.
Amasawa — Après tout… tu as couché avec Ayanokôji-senpai, non ?
« Pourquoi je te mentirais ? », après avoir obtenu cette déclaration d’Ichinose, Amasawa lança la bombe qu’elle avait préparée.
Elle ne savait évidemment pas s’il y avait eu une quelconque relation physique, mais elle gardait toujours un œil sur l’entourage d’Ayanokôji. Du coup de blues d’Ichinose après l’examen spécial de fin d’année à son regain de forme actuel, sans oublier leur proximité au café après la cérémonie d’ouverture, il était clair qu’il y avait eu un déclencheur, et que c’était Ayanokôji.
Vu sous cet angle, il n’aurait rien eu d’étonnant à ce qu’ils aient des secrets inavouables. Mais la vérité importait peu à Amasawa. Ce qu’elle voulait, c’était voir comment Ichinose allait réagir.
Ichinose — Et en quoi ça aurait un lien avec un emballement ?
Amasawa — Hein… ? Tu ne nies pas ? Je suis vraiment surprise.
Ichinose — C’est toi qui m’as demandé de ne pas mentir, Amasawa-san.
Dès le départ, Ichinose avait compris qu’Amasawa n’était pas là avec de bonnes intentions. Mais en tant que senpai, et peut-être un peu prétentieusement, en tant qu’amie, elle avait tenté de gérer la situation sans blesser.
Amasawa — Je vois. Hmm, c’est vrai.
Garder le sourire jusqu’au bout et rester gentille, c’était facile.
Mais même si l’intention réelle de l’accusation restait floue, Ichinose avait choisi d’y répondre frontalement, sans fuir.
Amasawa — Donc, tu reconnais que tu as couché avec lui ?
Ichinose répondit d’un sourire, sans prononcer un mot.
Amasawa — Alors tu m’as menti, vous sortez ensemble.
Ichinose — Je ne sors pas avec Ayanokôji-kun.
Amasawa — Hein ? Mais c’est contradictoire, non ? Tu veux dire que tu as couché avec lui alors que vous n’êtes pas ensemble ?
Ichinose — Ayanokôji-kun et moi avons un lien fort. Je suppose que c’est tout ce qu’il y a à dire.
Amasawa — U-Un lien fort… pfft, kihahaha.
Amasawa plissa les yeux dans un rire sarcastique à peine dissimulé.
Amasawa — Ichinose-senpai, tu t’emballes vraiment. Tu devrais redescendre un peu sur Terre.
Ichinose — Qu’est-ce que tu entends par là ?
Amasawa — Ayanokôji-senpai a bien profité de ton joli corps, non ? Mais penser qu’un lien s’est créé grâce à ça, c’est naïf, voire trop optimiste. Une fois qu’il aura eu ce qu’il veut, il s’ennuiera. Et comme Karuizawa-senpai, tu seras jetée avec ce lien, mise à la poubelle une fois que tu ne lui seras plus utile.
Si tu t’approches trop d’Ayanokôji, tu finiras par le regretter — voilà le message qu’Amasawa avait voulu transmettre à travers toutes ses remarques provocantes jusqu’à présent.
Ichinose — Tu as un plat préféré, Amasawa-san ? Un truc que tu ne manges pas souvent, quelque chose de spécial.
Amasawa — Hein ? Un plat préféré ?
Amasawa répondit en riant, comme si le sujet avait changé soudainement.
Amasawa — Peut-être un gâteau.
Elle répondit sérieusement, plusieurs idées en tête.
Ichinose — Et si tu en manges, tu as envie d’en reprendre, pas vrai ?
Amasawa — En effet.
Ichinose — Mais si tu pouvais en manger tous les jours, quand tu veux… même si c’est ton plat préféré, tu finirais par t’en lasser, non ?
Amasawa — Évidemment, je crois que ça pourrait même me dégouter rien qu’à la vue au bout d’un moment.
Leurs opinions s’alignèrent, et elles hochèrent la tête ensemble.
Ichinose — C’est pour ça qu’il ne faut pas en manger trop souvent. Si c’est ton plat préféré, il faut le réserver aux occasions spéciales. Jusque-là, tu dois résister à l’envie. C’est justement parce que tu ne peux pas en manger quand il est juste devant toi que l’envie grandit. Et une fois que tu as goûté…
Rien n’avait changé. Elle affichait toujours le même sourire doux.
Mais sous ce sourire, Amasawa crut entrevoir la vraie nature d’Ichinose.
Amasawa — Tu veux dire que tu es ce gâteau spécial ? Mais t’as pris la grosse tête. Tu crois vraiment que ça va se passer aussi facilement ? On parle d’Ayanokôji-senpai, quand même. Si tu penses qu’il est comme les autres, alors ton raisonnement est encore plus sucré que ton gâteau.
Ichinose — Tu sembles en savoir beaucoup sur Ayanokôji-kun.
Amasawa — Oui, sans doute même plus que toi, Ichinose-senpai. C’est le genre à cacher beaucoup de choses, tu sais ?
Pour la première fois depuis le début de la conversation, Ichinose détourna brièvement les yeux d’Amasawa et balaya les environs du regard. Puis, elle replongea son regard inchangé dans celui d’Amasawa.
Ichinose — Il n’y a plus aucun secret entre Ayanokôji-kun et moi.
Son attitude était franche, montrant sa confiance totale en lui. En voyant ça, Amasawa ne put s’empêcher d’éclater de rire, tenant son ventre à deux mains.
Amasawa — Ahahaha, quelle blague, Ichinose-senpai. Penser qu’avoir couché avec Ayanokôji-senpai te fait tout savoir de lui, c’est trop mignon~ Je pourrais tomber amoureuse de toi, tiens.
Ichinose — De la même manière qu’une relation physique ne suffit pas à tout connaître d’une personne, toi aussi tu as un lien particulier avec Ayanokôji-kun, non ? Mais est-ce que ce lien ne te donne pas juste l’impression de le connaître, plutôt que de le connaître vraiment ?
Amasawa — Hein ? Dans ce lycée, personne ne le connait mieux que moi.
Ichinose — Il m’a tout raconté. Bien plus que ce que tu crois.
Sous le regard sceptique d’Amasawa, Ichinose poursuivit, sans hésitation.
Ichinose — Par exemple, il m’a parlé de la White Room.
Amasawa — Quoi ?
Elle, qui souriait jusque-là en la prenant de haut, se figea l’espace d’un instant. Mais elle se reprit rapidement et retrouva son calme.
Amasawa — Arrête de plaisanter, Ichinose-senpai. Ayanokôji-senpai ne parlerait jamais de ça à une étrangère.
Ichinose — C’est possible.
À moins d’être en situation critique, le cœur d’Amasawa ne vacillait jamais.
Mais là, un mot qu’on ne pouvait prononcer à la légère venait d’être lâché.
Amasawa — Attends une seconde. Tu veux dire qu’Ayanokôji-senpai t’a vraiment parlé de la White Room, Ichinose-senpai ?
Cela semblait inconcevable. Même si ce n’était pas strictement interdit, parler de la White Room à d’autres élèves tout en menant une vie scolaire normale était impensable à 100 %. Amasawa en était persuadée.
Ichinose — On dirait qu’on partage maintenant un secret en commun, Amasawa-san.
Amasawa — Non, attends. Il t’a dit quoi, exactement ?
Sans s’en rendre compte, le sourire d’Amasawa avait disparu. Mais même face à l’agitation visible d’Amasawa, Ichinose garda une attitude posée.
Ichinose — Je ne peux rien te dire. Peut-être qu’il m’a dit la même chose qu’à toi. Ou peut-être plus.
Amasawa — Pas possible… Ayanokôji-senpai… il aurait vraiment…?
À l’intérieur, Ichinose souriait. Elle ne connaissait le terme « White Room » que parce qu’elle l’avait entendu par hasard pendant l’épreuve de l’île déserte en première. Ayanokôji avait nié en connaître l’existence, et même maintenant, il ne lui avait rien dit. Mais en voyant l’attitude d’Amasawa, qui suggérait qu’elle en savait plus sur Ayanokôji que les autres, elle avait deviné qu’il y avait un lien avec ce fameux mot.
Et si Amasawa n’avait rien à voir avec la White Room, alors cela prouverait qu’Ichinose connaissait mieux Ayanokôji. Dans tous les cas, elle en sortirait gagnante. Le terme « White Room » lui avait fait penser à une sorte de centre éducatif d’élite ou quelque chose du genre. Mais cette interaction lui confirma qu’Amasawa venait très probablement de cet endroit.
Ichinose sentit une douce chaleur l’envahir en apprenant quelque chose de nouveau sur Ayanokôji.
Ichinose — Je dois retrouver des amis, je vais y aller. Et si tu veux parler salle de sport, n’hésite pas, je t’attendrai.
Elle tourna les talons et s’éloigna.
Amasawa — …Mince. C’est moi qui me suis emballée, là.
Après un moment, Amasawa se pinça la joue avec un sourire amer.
Elle n’avait eu pour but que de taquiner Ichinose, mais le résultat avait été l’inverse. Réalisant qu’elle avait été contrée et tournée en dérision, elle se mit à marmonner.
Amasawa — J’en ai des frissons. Ayanokôji-senpai a affaire à plus qu’une nana bien foutue, visiblement.
Elle fit quelques pas avant de s’arrêter net.
Amasawa — Ayanokôji-senpai est un garçon, après tout. Peut-être que… maintenant qu’il a goûté à ce plaisir charnel, elle le mène en bateau. Il obéirait donc à Grosse Poitrine-senpai à cause de ça… ? Non, c’est pas possible, pas lui.
Malgré tout, elle réévalua Ichinose, qu’elle ne tenait pas en haute estime jusque-là. C’était sans aucun doute Ayanokôji qui avait changé Ichinose.
Mais ce changement, elle l’avait accompli grâce à sa propre force.
Amasawa — Ça va être un combat intéressant pour tous les senpai de terminale. Bon, il est temps que je me mette sérieusement en marche aussi, pour rendre Ayanokôji-senpai heureux.
La raison pour laquelle elle était encore dans cette école.
Pour ne pas gâcher cela, et pour atteindre son objectif, Amasawa se remit en marche.
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1. Pour rappel, « Paisen » est l’équivalent de « Senpai », mais de manière non formelle. C’est du verlan.