CLASSROOM Y2 V12 : CHAPITRE 6
Larmes de frustration
Le compte à rebours des dix minutes de pause s’écoulait petit à petit sur l’écran. Après avoir vaincu Hamaguchi sans perdre la moindre vie, Horikita attendait maintenant sur sa chaise le pilier adverse, Kanzaki. Même si ce dernier arrivait à la fin des dix minutes, peu lui importait, Horikita allait en attendant regarder de nouveau les règles de l’examen spécial pour bien les avoir en tête. Le nombre de vies accordées au pilier est de sept. En dehors des réductions causées par les erreurs de l’adversaire, le nombre maximum de vies pouvant être ôtées en une seule fois était de trois.
Bien qu’il soit naturel de vouloir prendre l’initiative, nominer quelqu’un dès le début comportait des risques. Mais passer continuellement faisait jouer sur la défensive et c’est ce qui avait conduit à la défaite de Hirata. Horikita essayait d’imaginer le type de joueur que pouvait être Kanzaki Ryûji. Il semblait privilégier la défense, un peu comme Hirata ou Hamaguchi.
Horikita — Mais il y a aussi de fortes chances qu’il passe à l’offensive pour changer le cours des choses…
Les mots qu’elle avait en tête sortirent par inadvertance. Si l’adversaire décidait de faire des nominations à la chaine, il allait être difficile de s’en sortir indemne. Cela rendrait le combat contre le général plus difficile. Horikita essaya de trouver des idées pour vaincre Kanzaki sans subir de dommages. Mais elle avait beau élaborer des stratégies, ses options étaient limitées.
En fin de compte, s’agit-il d’avoir l’œil pour reconnaître les rôles en premier ? Ou peut-être, si je parviens à l’amener habilement à continuer à passer…
Alors qu’elle n’avait pas encore trouvé sa stratégie pour le prochain combat, la porte de la salle de classe s’ouvrit et Kanzaki apparut. Il restait un peu moins de quatre minutes au compte à rebours. Kanzaki examina silencieusement la salle de classe, puis se plaça sur son siège avant de reprendre son souffle.
Horikita — J’espère que nous ferons bon match.
Malgré ces politesses, Kanzaki la regarda d’un air sévère.
Kanzaki — Qui a eu l’idée de faire d’Ayanokôji le général ?
Horikita — C’est une question bien soudaine.
Kanzaki — Toi, Horikita ? Ou bien était-ce Ayanokôji lui-même ? Pourquoi Ayanokôji l’a-t-il accepté ? Quand cela a-t-il été décidé ?
Il la fixait intensément. Ce n’était plus une simple enquête.
Horikita — Tant de questions et pourtant, cela ne regarde que nous.
Kanzaki — L’Ayanokôji que je connais n’est pas du genre à se mettre en avant. Quelqu’un a dû lui proposer.
Horikita — Sûrement. Mais peut-être qu’il change petit à petit.
Cela n’avait pas été explicite, mais elle avait accepté la proposition d’Ayanokôji d’être le général. À condition bien sûr qu’il ne soit plus sollicité plus tard. Il n’était donc pas loin de l’Ayanokôji que Kanzaki connaissait.
Horikita — Avons-nous fini ? J’aimerais me concentrer sur l’examen.
Kanzaki — …Bien.
L’annonce arriva et Horikita fixa sa tablette. Elle sélectionna ensuite un nouveau groupe. Au fur et à mesure des tours, il était naturel que les rôles des participants soient révélés, mais les étudiants les plus habiles dissimulaient bien leur rôle. En revanche, c’était l’autre extrême pour ceux ne sachant pas jouer la comédie. Le choix de tenter de décrypter le comportant d’un participant habile ou non variait selon les représentants.
[Première discussion]
Participants
1ère B
Ijûin Kou | Sudô Ken | Miyake Akito | Ichihashi Ruri | Onodera Kayano | Nishimura Ryûko | Matsushita Chiaki
1ère D
Norihito Watanabe | Yonezu Haruto | Sumida Makoto | Aragaki Itsuki | Iguchi Mashiro | Himeno Yuki | Ninomiya Yui
Horikita avait choisi un groupe bien adapté, à savoir des élèves calmes, audacieux ou qui savait ne rien laisser transparaître comme émotion. Suivant les instructions de l’écran, les quatorze participants se placèrent sur les chaises en cercle. Les tablettes posées sur le bureau affichaient maintenant les rôles attribués à chacun d’eux. Les deux représentants cherchaient déjà des comportements suspects ou d’éventuels contacts visuels. Cependant, tous les élèves étaient sérieux, ne laissant aucun indice. Horikita fut soudainement heureuse de voir Sudou capable de garder son calme. Dans le passé, jamais elle ne l’aurait choisi pour un tel groupe. Il avait tellement mûri que Horikita fut momentanément enveloppée d’une émotion similaire à celle d’un parent.
Surveillant Sudou chaleureusement, mais sévèrement, elle continua d’observer toute la discussion alors que le compte à rebours de cinq minutes commençait. Peu d’élèves avaient laissé d’indices alors les deux représentants avaient fini par passer. Ainsi, durant les deux premiers tours, deux élèves furent exclus par les élèves d’honneur. Mais les deux représentants ne pouvaient pas rester spectateurs indéfiniment. C’est alors que commença le troisième round. Miyake, prétendant être « diplômé », stipula que Norihito était un élève d’honneur. Naturellement, un débat s’ensuivit, Norihito niant la chose.
Cela conduisit à la troisième nomination. Passer à ce moment-là de la partie pouvait comporter des risques élevés, mais c’était aussi une opportunité. Mais, personne ne passa. La question était de savoir s’il fallait faire confiance à Miyake. Kanzaki jugea bon de croire en lui et choisit de désigner Norihito comme « élève d’honneur ». De son côté, Horikita décida que c’était Miyake lui-même « l’élève d’honneur », ne sachant pas vraiment pour Norihito.
Horikita-san a réussi à identifier Miyake-kun comme élève d’honneur. Kanzaki-kun perd donc trois vies. Par ailleurs, Kanzaki-kun a fait une nomination incorrecte et perd une vie de plus.
Une légère différence de jugement renversa la situation, passant de 7-7 à 7-3 vies. Miyake était un « élève d’honneur », et Norihito ne l’était pas. Il ne restait donc plus qu’un seul élève d’honneur dans la discussion. Les participants s’étaient rendus compte d’une chose au cours de cette discussion : contrairement à ce qui se passait dans des jeux similaires, annoncer son rôle n’aboutissait pas toujours au résultat escompté.
Le seul risque pour les « rôles clés » de se faire identifier était de se faire nominer. Étant donné qu’il était très difficile pour les « élèves d’honneur » de gagner, ces derniers pouvaient obtenir des récompenses si les représentants, ou eux-mêmes désignaient quelqu’un ayant un « rôle clé ». Miyake semblait avoir opté pour cette dernière solution. Cependant, l’objectif principal restait l’examen spécial et il fallait que les représentants gagnent. Cela avait la priorité sur les gains personnels. Les « rôles clés » avaient l’avantage de stimuler les discussions permettant une progression en douceur.
Cette série de nominations influença grandement le tour suivant. En effet, le départ de Miyake avait visiblement déstabilisé Ninomiya. Tout le monde pensait maintenant qu’il était un « élève d’honneur ». Horikita et Kanzaki, tous deux convaincus par sa réaction, le désignèrent et ce fut bien le cas. La discussion se solda par une victoire des « élèves » et se termina, car les deux « élèves d’honneurs » avaient été exclus.
Kanzaki — …Puis-je te parler un instant ?
Après avoir perdu quatre vies dans cette discussion, il voulut interagir.
Horikita — Bien sûr. Je t’écoute.
Jetant un bref coup d’œil au compte à rebours des dix minutes affiché sur l’écran, elle s’était préparée à ce que Kanzaki la secoue psychologiquement. Kanzaki, plein de solennité, se leva de sa chaise et s’approcha d’elle.
Kanzaki — J’ai une faveur à te demander… Je sais que c’est étrange de demander cela, mais je ne peux plus me permettre de faire le difficile. Pourrais-tu nous concéder la victoire de cet examen spécial ?
Elle était prête à répondre à toutes les questions, mais fut prise de court.
Horikita — Tu es sérieux ? Je m’excuse, mais c’est bien inattendu.
Demander à l’adversaire de perdre dans un examen spécial crucial pour le classement était difficile à digérer. Ce n’était pas une déclaration faite dans l’espoir qu’elle l’accepte. S’en doutant, Horikita prit une expression sévère.
Kanzaki — Cela peut sembler absurde, mais je suis sérieux. La classe D est au pied du mur. Si nous perdons alors ce sera la fin. L’écart à rattraper sera trop conséquent.
Si la classe de Sakayanagi gagne et que celle d’Ichinose perd, l’écart allait être bien déprimant. Même avec une ou deux victoires éclatantes lors d’examens spéciaux, c’était vraiment juste.
Kanzaki — L’avantage de cet examen, c’est que l’on ne perd pas de points. Ta classe aura encore ses chances l’année prochaine. Même si Sakayanagi gagne comme prévu, une année suffira pour combler l’écart.
Kanzaki, ne pouvant se permettre aucun faux-semblant mit de côté toute sa fierté pour prouver sa sincérité en s’inclinant profondément devant Horikita.
Horikita — Même si tu t’inclines, ce n’est pas quelque chose que je peux accepter comme ça. S’il s’agissait d’une affaire personnelle pourquoi pas, mais il s’agit d’une bataille entre classes. Tout comme tu te bats avec le poids de ta classe, j’ai la responsabilité de la mienne aussi.
Kanzaki — Bien sûr, je comprends.
Horikita — Alors tu sais bien que je ne peux répondre à tes attentes.
Kanzaki — Je sais, mais je n’ai pas d’autre choix… Bien sûr, je n’ai pas l’intention de te demander cette victoire gratuitement. Je me rattraperai à la hauteur de ce que cela me coûtera. Tu auras notre soutien total en terminale. Vu qu’on parle d’Ichinose, tu peux lui faire confiance.
Il mentionna le nom de son leader comme s’il s’agissait d’une garantie.
Horikita — En effet, ce n’est pas le genre d’Ichinose-san de trahir les autres, mais c’est à elle de le verbaliser. Est-ce approprié que tu négocies à sa place en abusant de sa confiance ? As-tu eu la permission ?
Kanzaki — C’est…
Horikita — Si tu perds, Ichinose-san te remplacera. Tu n’as qu’à lui en parler lors de la passation, non ? Ou alors elle n’est pas au courant ?
Il ne put s’empêcher de laisser échapper un bruit. La logique était implacable.
Horikita — Tu n’es même pas le chef de classe, et pourtant, tu nous garantis un soutien total l’an prochain. C’est trop bien imprudent.
Kanzaki — Ce n’est pas le genre d’Ichinose d’implorer la pitié. Mais elle doit penser la même chose. Avec Ayanokôji, nous sommes condamnés.
Pour la victoire, Kanzaki devait à tout prix battre Horikita et réduire ne serait-ce qu’un peu les vies d’Ayanokôji. Cependant, il était incapable d’infliger le moindre dégât à Horikita et se trouvait dans une situation chaotique.
Horikita — Tu tiens Ayanokôji-kun en haute estime.
Kanzaki — …Oui. Il est redoutable. L’issue est presque claire.
Horikita — Je n’aime pas ça.
Kanzaki — Qu’est-ce qui ne te plaît pas ? Ce n’est qu’un constat.
Horikita — Ce n’est pas la question. Je n’aime juste pas ça.
Voyant Kanzaki accepter déjà la défaite, elle ressentit à la fois de la déception et de la colère. Il était vrai que l’allié l’attendant derrière était fort et que la crainte qu’il inspirait était une bonne chose. Pourtant, Horikita se mit à la place d’Ichinose, comme si elle était une camarade.
Horikita — Tu sous-estimes Ichinose-san. Dès l’annonce du contenu de l’examen, j’ai tout de suite vu une bataille féroce. Son réseau et sa perspicacité ne sont pas à prendre à la légère. Elle pourrait être bien plus gênante que Sakayanagi-san ou Ryuuen-kun. Voire Ayanokôji-kun.
Kanzaki, en position de stratège de classe, était celui qui avait le moins confiance en son leader. Ichinose elle, devait croire pleinement en lui pour lui confier ce poste de pilier. C’est pourquoi Horikita n’aimait pas son attitude.
Horikita — Si tu veux mon avis, l’on se bat à armes égales.
Kanzaki — Égales ? Égales ? hein… ? Je me le demande.
Malgré cette explication, Kanzaki ne changea pas d’attitude.
Horikita — …Finissons-en. Cette discussion m’est désagréable.
« Retourne à ta place », lui communiqua-t-elle du regard. Mais Kanzaki ne bougeait pas, les pieds bien immobiles.
Kanzaki — Impossible ! Si nous perdons, c’est vraiment la fin !!
Horikita — Tu continues à te plaindre alors que cela ne mène à rien ?
Horikita répondit sans élever la voix. Pourtant, de légères vibrations s’agitaient à la surface de son esprit.
Kanzaki — Je me fiche du regard que l’on me porte. Je suis juste prêt à tout pour que notre rêve d’aller en classe A ne s’arrête pas là !
D’autres élèves l’auraient regardé avec consternation et colère, mais Kanzaki persista. Il était parfaitement conscient qu’il n’avait pas à demander ça. Même si c’était très honteux, sa classe était au bord de l’effondrement.
Horikita — Tu es clairement déterminé, mais tu ne devrais pas baisser la tête et supplier de la sorte. En tout cas, je ne souhaite pas négocier.
Horikita pouvait sentir le courage qu’il fallait pour cela. C’était un appel douloureux. Malgré sa colère, elle ressentait encore une certaine sympathie. Cependant, cela ne signifiait pas qu’elle allait faire de compromis avec Kanzaki ou quoi que ce soit. Elle ne pouvait juste pas.
Horikita — Il est désagréable de refuser une demande, quelle qu’elle soit.
Kanzaki — Je sais que c’est gênant…
La tête de Kanzaki restait baissée, complètement immobile. Il avait essayé de rassembler des élèves qui n’étaient pas aveuglés par Ichinose et qui commençaient à agir. Cependant, il fallait du temps et des efforts constants. Une défaite majeure en cours de route rendrait son projet de réforme inutile. Il savait que si Ayanokôji ne tentait rien durant cet examen, il y aurait encore une chance. Mais aujourd’hui, Ayanokôji était général.
Kanzaki — S’il te plaît !
Il l’interpela encore une fois. Peu importe le nombre de fois qu’il plaidait, sa proposition avait peu de chances d’aboutir. Il le savait, mais il persistait.
Horikita — Je ne me retiendrai pas. Je respecte vos capacités à Ichinose-san et toi, mais je dois tout donner, quel que soit l’adversaire.
Personne n’aimait s’humilier comme ça. Pourtant, Kanzaki l’avait fait pour le bien de sa classe. Horikita lui témoigna la plus grande considération possible. Il fallait se battre de toutes ses forces et répondre avec des résultats.
Kanzaki — …Je vois…
Il ne restait plus beaucoup de temps avant la fin de la pause. Kanzaki, la tête baissée, retourna s’asseoir. L’écran s’alluma, car une nouvelle discussion était sur le point de commencer. Horikita détourna le regard de Kanzaki pour le reporter sur l’écran. Elle ne pouvait plus se permettre de se concentrer uniquement sur lui. Ce qu’elle devait faire maintenant, c’était discerner les rôles des participants à la discussion qui se déroulait de l’autre côté de l’écran. Kanzaki semblait regarder l’écran, mais de manière passive. À la fin du tour, elle choisit de passer. Kanzaki passa également, ses mouvements étant lents. La discussion reprit, mais Kanzaki ne s’engageait toujours pas sérieusement. On aurait dit qu’il n’attendait que la défaite.
Horikita — Tu as abandonné ?
Dit-elle, sa voix perçant le son provenant de l’écran.
Kanzaki — Peu importe mes résultats, l’issue est déjà claire.
Il s’avérait que Kanzaki avait abandonné l’idée de se battre sérieusement dès le début. Même en battant Horikita, il aurait de toute manière fini par négocier avec Ayanokôji. Incapable de supporter plus longtemps son apathie, Horikita se leva au milieu de la discussion et fit face à Kanzaki.
Horikita — Tu as été choisi comme l’un des représentants de ta classe, n’est-ce pas ? Alors tu devrais avoir la ferme résolution de nous vaincre, Ayanokôji-kun et moi. C’est le minimum pour tes camarades.
Kanzaki — Arrête de remuer le couteau dans la plaie. M’enfin bref…
Horikita — En effet. Je devrais ne rien dire.
Le match fut décidé. À partir de ce moment-là, la discussion et les tours s’enchainèrent sans évènement notable. Kanzaki continua de passer, ayant complètement abandonné. Horikita se rappela qu’il ne fallait pas sympathiser avec lui et fit sa deuxième nomination sans se montrer négligente.
Horikita-san a réussi à identifier Mine-kun comme « élève d’honneur ». Kanzaki-kun perd donc trois vies. Kanzaki-kun a ses vies à zéro. Il est donc prié de quitter la salle.
Même après l’annonce, Kanzaki ne bougea pas, comme s’il n’avait rien entendu.
Horikita — Kanzaki-kun.
Il fut perdu dans ses pensées un moment avant de regarder Horikita.
Kanzaki — …Ah, c’est vrai. J’ai perdu…
Il marmonna cela comme s’il n’était pas concerné, puis recula la chaise avant de se lever. Horikita hésita à l’appeler au moment où il partait, mais se retint. Le gagnant et le perdant avaient été décidé et rien de ce qu’elle allait dire pouvait avoir un impact positif. Jusqu’à présent, elle s’était concentrée sur la gagne, mais une victoire impliquait forcément une défaite. Seule dans la pièce, elle fixait l’écran qui affichait la salle de discussion désormais inoccupée.
Horikita — Je me bats pour passer en classe A. C’est mon objectif…
Pour Horikita, l’obtention du diplôme en classe A avait une signification importante. Non pas pour son avenir, mais pour obtenir la reconnaissance de son frère. Elle voulait être félicitée pour avoir mené la classe D au sommet.
C’était sa plus grande motivation.
Et Kanzaki ? S’agissait-il d’avoir un avenir meilleur, comme des perspectives d’études ou d’emploi ? Ou était-ce pour aider ses camarades ?
N’ayant que peu de liens avec lui, elle ne pouvait pas comprendre les véritables intentions qui se cachaient derrière les désirs du perdant. Cependant, il était certain que lui aussi avait une bonne raison.
Tout comme elle…
En attendant que son prochain adversaire, Ichinose, n’apparaisse, elle continuait à réfléchir à cette question.
1
Pendant ce temps, entre Katsuragi et Sakayanagi, la discussion se déroulait sans encombre et le premier tour se termina. Katsuragi observait attentivement les deux camps, mais ne trouvait aucune info percutante.
Katsuragi — Tous les participants agissent de manière très convaincante. Difficile pour nous de déduire quoi que ce soit, on dirait.
Sakayanagi — …En effet.
Elle semblait aussi perdue, ce qui aurait normalement dû le soulager. Mais on parlait de Sakayanagi. Il n’était pas facile de discerner le vrai du faux. En pensant cela, Katsuragi se débarrassa de tout sentiment de soulagement.
Katsuragi — Si tu comptes indulgent avec moi, je t’arrête tout de suite.
Sakayanagi —Tu penses donc que j’ai déjà deviné des rôles ?
Katsuragi — Je suis certes un pilier, mais ne baisse en aucun cas ta garde.
Sakayanagi — Si c’est ce que tu penses, alors nul besoin que tu t’évertues à me prévenir, n’est-ce pas ?
Katsuragi avait essayé de sonder Sakayanagi pour avoir des indications sur son comportement, mais ce n’était pas facile. Il jugea qu’il était dangereux de pénétrer imprudemment sur le territoire adverse et recula. Il avait encore beaucoup de vies ce qui lui laissait une bonne marge de manoeuvre.
Katsuragi — Malheureusement, je n’ai pas assez d’indices pour ce tour. Je vais te laisser faire le premier pas.
Prudent, il retira sa main de la tablette.
Sakayanagi — C’est typique de toi. Quand c’est difficile, tu joues la sécurité. Tu cherches à me vaincre par tes propres moyens, mais même avec l’expérience de tes manches passées, tu essayes de réduire progressivement mes points de vie au lieu d’y aller franchement.
Katsuragi — C’est naturel pour moi. Se précipiter ne mène à rien.
Sakayanagi — C’est noble, mais n’es-tu pas trop méfiant envers moi ?
Il se sentit légèrement surpris par l’accent qu’elle mettait sur le « trop ». Ce n’est pas comme s’il ne l’était pas du tout, mais son instinct lui disait qu’il ne fallait pas admettre ici qu’elle le perturbait un peu.
Katsuragi — Pas du tout. Il est vrai que je suis ici pour te vaincre, mais contrairement à Kitô, je n’ai pas l’intention de mettre mes sentiments personnels sur le devant de la scène. C’est un combat d’équipe.
Il affirmait ainsi rester pro. C’était ainsi que les choses devaient se passer.
Sakayanagi — Fufufufu.
Bien amusée, elle leva lentement son petit bras et pointa le cou de Katsuragi.
Katsuragi — Quoi… ?
Sakayanagi — Quelle blague. Je sais que je te préoccupe. Tu aimerais vraiment laisser tes émotions déferler et me vaincre sans tenir compte de tes coéquipiers. Toi ! Tu veux m’abattre de tes mains quoi qu’il en coûte ! N’est-ce pas ce que tu ressens vraiment ?
Katsuragi — Je ne me laisserai pas faire. Désolé, mais tu te trompes.
Sakayanagi — Soit. Commence déjà par remettre ta cravate en place.
Katsuragi — …Cravate ?
Il baissa les yeux et son menton pour observer sa cravate. Il réalisa alors qu’elle n’était plus aussi bien nouée qu’au début. Quand cela s’était-il produit ? Tout en pensant cela, il prit une grande inspiration et la resserra doucement.
Sakayanagi — Si tu n’avais pas été perturbé Katsuragi-kun, tu aurais immédiatement remarqué la chose. Mais face à ton ennemi juré qui n’était même pas encore entré, ton attention fut constamment tournée vers cette porte pendant ces longues dix minutes, n’est-ce pas ?
Elle se mit à rire, montrant sa perspicacité digne d’une caméra de surveillance.
Sakayanagi — Tu ne veux juste pas avouer que je te préoccupe.
Katsuragi — …C’est une supposition hasardeuse. Tu n’as aucun moyen de savoir quand ma cravate s’est desserrée.
Il essaya de garder son calme, mais Sakayanagi avait prévu cette réponse.
Sakayanagi — Tu as l’air bien agité pourtant. Tu devrais réfléchir à ce qui a provoqué ça. Ne serait-ce pas parce Kitô-kun a été vaincu et qu’il s’en est pris à toi par frustration ?
Katsuragi — Il n’avait que Ryuuen en tête. La rage a eu raison de lui.
Sakayanagi — Oui, mais a-t-il agi par simple frustration ? Et si ce n’était pas que ça ? Peut-être l’ai-je chargé de te prendre par le col.
Un nouveau représentant n’était logiquement pas au courant des batailles qui s’étaient déroulées auparavant dans cette salle. Anticipant cela, Sakayanagi avait tendu un petit piège à l’avance. Si Kitô devait perdre contre Katsuragi, elle lui avait demandé de l’attraper par le col pour lui desserrer la cravate. Ainsi, c’était un marqueur facile à repérer.
L’action pouvait paraître insignifiante, mais cela pouvait en dire long sur le véritable état d’esprit et les motivations de Katsuragi. Même si cela n’avait pas été d’une grande aide, cette action expliquait pourquoi elle avait accepté Kitô comme représentant. Un élève comme Sanada n’aurait jamais pu accomplir cette tâche.
Katsuragi avait réussi à garder une longueur d’avance, gérant calmement à la fois Sanada et Kitô. Il tenta de combattre Sakayanagi à armes égales ou avec un avantage psychologique grâce à cet élan victorieux, mais cette marge de manœuvre fut enterrée avec cet échange dès la fin du premier tour. La situation avait été complètement renversée. La redoutable ennemie en face de lui semblait voir à travers tous ses faits et gestes et elle voulut le lui faire comprendre.
Sakayanagi regarda l’écran avec le sourire.
Sakayanagi — Alors, puisque nous ne savons toujours rien tous les deux, pouvons-nous passer au deuxième tour ?
Des voix se firent à nouveau entendre de l’autre côté de l’écran, et la discussion reprit avec cette fois, treize participants.
2
Horikita avait facilement battu Kanzaki. Heureusement, dans les trois rencontres, y compris celle avec Hamaguchi, elle n’a jamais été mise au pied du mur. Lors du troisième match, Kanzaki n’avait même pas joué le jeu. Environ cinq minutes plus tard, la porte s’ouvrit, et Ichinose apparut enfin.
Ichinose — Incroyable, tu as même battu Kanzaki-kun sans perdre la moindre de vie.
Horikita —…Je n’ai rien fait de particulier…
Elle répondit avec humilité tandis qu’Ichinose esquissa un sourire en s’asseyant. Horikita observa tous ses mouvements, incapable de détecter la moindre impatience ou nervosité. Elle semblait étonnamment calme.
Ichinose — Donnons tout ce que nous avons et faisons de notre mieux.
Horikita — …Bien.
Elle, qui avait l’expérience de l’examen jusque-là, semblait étonnamment tendue. Elle se demanda si elle devait demander à Ichinose ce qu’il en était de Kanzaki. Il restait encore quelques minutes de pause, et il était possible de parler de la façon dont il avait perdu pendant ces quelques instants. Elle ne savait pas s’il avait parlé honnêtement de sa défaite, qui ressemblait presque à une capitulation. Non, il était plus probable qu’il n’en ait pas parlé pour ne pas la perturber.
Ichinose — Au fait, j’ai l’impression que tu as changé, Horikita-san.
Alors qu’elle hésitait, Ichinose engagea la conversation comme si elle faisait un brin de causette.
Horikita — Ah oui ? Je ne pense pas avoir changé pourtant, hormis la longueur de mes cheveux.
Ichinose — Non, pas physiquement. C’est plutôt que tu t’es adoucie… tu sembles plus aimable. Auparavant, on avait plus de mal à t’approcher.
Horikita — …Vraiment ? Je n’ai rien fait de particulier pourtant.
Ichinose — Mais tu discutes et sors avec plus de gens qu’avant, non ?
Horikita —…C’est… eh bien, oui. Peut-être que j’ai un peu changé…
C’était quelque chose que Horikita n’aurait pas pu imaginer dans le passé. Elle était d’accord avec cela.
Ichinose — On me parle souvent de toi ces derniers temps, Horikita-san.
Les groupes furent choisis, et une nouvelle discussion allait commencer.
Horikita — Ah oui ? Qui parle de moi ?
Ichinose — Hmm ? Pas mal de gens.
Ichinose fixa l’écran le sourire aux lèvres.
Ichinose — Je pense vraiment qu’il est merveilleux de pouvoir réduire la distance avec ses camarades de classe afin de nouer des liens d’amitié plus profond. J’ai interagi avec tout le monde pour essayer de m’entendre avec eux sans aucune arrière-pensée. Et toutes ces interactions sociales ont porté leur fruit aujourd’hui.
C’était vraiment une conversation banale. Cependant, Horikita ne pouvait s’empêcher de ressentir un certain malaise. Jusque-là, il n’y avait pas une différence d’atmosphère avec Hamaguchi ou Kanzaki.
Lorsque la discussion commença sérieusement, elles cessèrent l’échange. Pendant les cinq minutes, Horikita avait tranquillement observé la discussion de ces quatorze participants, mais elle n’avait pas encore tiré de conclusion.

Naturellement, elle avait d’abord envisagé de passer pour jouer la sécurité, mais elle voulait voir si Ichinose allait passer ou nominer quelqu’un. Étant donné qu’aucune information significative n’était ressortie du premier tour, passer était la seule solution. Le compte à rebours était presque écoulé alors elle sélectionna la chose sur la tablette avant la fin du temps imparti.
Cependant…
Ichinose-san a réussi à identifier Chiba-kun comme ayant un « rôle clé ». Horikita-san perd donc une vie.
Ichinose eut une déduction réussie à la grande surprise de Horikita.
Ichinose — Vraiment, ça ne m’étonne pas de Chiba-kun.
Ses paroles s’enchainèrent naturellement, stipulant l’évidence même. Jusqu’à présent, il n’y avait eu aucune nomination au premier tour que ce soit avec Hamaguchi ou Kanzaki sans compter Horikita elle-même. Bien que les détails n’étaient pas connus pour elle, ce devait être la même chose pour Hirata. Les élèves derrière l’écran furent troublés à l’annonce du départ de Chiba, car ils ne savaient pas pour quel rôle il avait été nominé.
Horikita — C’est vraiment très bien joué.
Elle ne put s’empêcher de montrer son admiration.
Ichinose — J’ai observé les gens plus attentivement que n’importe qui ici. Même sans entendre Chiba-kun, il y a des moments où je peux dire s’il ment ou non en me basant sur ses gestes.
Elle semblait tout savoir de ses proches camarades.
Horikita — Tu étais plutôt proche de lui à l’époque, n’est-ce pas ?
Ichinose — Proche ? Pas particulièrement. Je pense que j’en suis capable pour tous les autres aussi. J’ai ma petite idée sur les autres élèves ayant un rôle clé, mais je ne suis pas encore tout à faire sûre. J’attends de voir.
Horikita sentit un frisson lui parcourir l’échine. Elle avait dit ça en toute décontraction. En cinq minutes de discussion, elle avait déjà plusieurs nominations en tête. Pour Sakayanagi ou Ryuuen, cela aurait pu être douteux.
Mais il s’agissait ici d’Ichinose. Elle pouvait clairement en être capable.
Horikita — Je vois. Si tu dis vrai, ça ne m’arrange pas du tout.
Insatisfaite de cette situation pesante, elle redressa sa posture comme pour résister à la pression. Ichinose n’était pas du genre à mentir alors si bluff il y avait, il était très efficace. Dans tous les cas, nominer quelqu’un dans la panique n’était pas la solution. Certes, il était impressionnant d’arriver dès le début à distinguer les « rôles clés », mais elle n’était pas encore convaincue de la perspicacité d’Ichinose. Parmi les quatorze participants, il y en avait quatre avec un rôle clé alors les probabilités n’étaient pas si mauvaises. Soit c’était une coïncidence, soit un coup de chance lié à la prise de risque.
Horikita se rappela qu’il pouvait y avoir différents schémas de pensée derrière la réponse correcte d’Ichinose afin de se rassurer un peu. Paniquer n’allait pas l’aider à réussir et elle ne pouvait pas se permettre de prendre un risque. C’est ainsi qu’elle se mit à réfléchir à diverses solutions. Perdre une vie n’était pas très grave alors elle retrouva son calme facilement. Il fallait surtout obtenir des résultats au prochain tour. À la fin du second tour, Horikita ne trouva guère d’indices malgré la volonté de devancer Ichinose. Le temps passa très vite et l’heure des nominations sonna.
Elle réfléchissait à chaque fois si elle devait passer ou non, se demandant s’il y avait eu des indices qu’Ichinose avait pu trouver. Elle se demandait si la déclaration qu’elle avait faite à la fin du premier tour était vraie. Horikita n’avait pas encore trouvé assez d’éléments pour passer à l’offensive. Deux personnes avaient déjà été éliminées en raison des nominations faites par Ichinose et l’élève d’honneur. Elle décida que nominer quelqu’un en tant que « rôle clé » pouvait être une bonne chose.
Ichinose-san a correctement identifié Minami-san comme ayant un rôle clé. Horikita-san perd une vie. De plus, Horikita-san a fait une nomination incorrecte, elle perd donc une autre vie.
Horikita avait décidé de nommer quelqu’un, mais la situation avait empiré. Non seulement elle s’était trompée, mais Ichinose avait bien deviné. La seule consolation était qu’elle avait nommé un « élève », ce qui limita la casse.
Horikita — Tu savais vraiment que Minami-san avait un rôle clé ?
Ichinose — Oui, elle faisait partie des personnes où j’étais presque sûre.
Elle avait réussi une nouvelle nomination et toujours avec d’autres candidats en tête. Horikita sentit qu’elle ne mentait pas et eut un léger vertige.
Horikita — Tu es en train de dire que tu vas pouvoir faire d’autres nominations, étant donné qu’il y a moins de participants ?
Ichinose — Oui. Je ne sais toujours pas qui sont les élèves d’honneur, mais j’ai trois personnes en tête dont les rôles sont définis.
Elle regarda Horikita avec sincérité. Ichinose allait continuer ses nominations de manière calme et méthodique jusqu’à débusquer les « élèves d’honneur ». Horikita devait donc riposter rapidement malgré le coup dur survenu.
N’est-elle pas invincible ? Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, cela ne changerait rien.
Horikita ne pouvait s’empêcher de ressentir un sentiment d’effroi face à la remarquable perspicacité d’Ichinose. Durant ces dix minutes, elle n’avait pas obtenu le moindre indice significatif. Elle se demandait même si elle était passée à côté de certains détails, mais il n’en était rien.
Ichinose — J’ai eu de la chance. Ce sont des amis que j’ai pu identifier.
Sur ces mots, elle retrouva un peu de sang-froid. S’il y avait une différence, c’était bien ça. Horikita ne connaissait pas du tout la classe d’Ichinose tandis que cette dernière comprenait ses camarades mieux que quiconque. Il ne restait plus beaucoup de temps alors Horikita décida d’être agressive. Elle partait du principe qu’Ichinose allait continuer à dominer tant dans le domaine de l’observation que dans sa connaissance des participants. Elle n’avait pas d’autre choix que de secouer les choses afin de l’embrouiller.
Horikita — Tu m’as bien battue. Mais avec mon expérience des manches précédentes, j’ai comme l’impression que les rôles clés sont répartis de manière équitable entre les deux classes. Si c’est le cas, il pourrait y avoir deux rôles clés parmi mes camarades. Cela va se corser pour toi.
Elle voulait que Ichinose pose le regard sur les participants de sa classe afin de réduire l’efficacité de sa perspicacité.
Ichinose — Horikita-san, si ce que tu dis est vrai, cela signifie que tu me donnes un indice, n’est-ce pas ? Pourquoi me donner si facilement une information aussi importante alors que c’est un avantage conséquent ?
Elle s’interrogeait simplement sur la raison de cette soudaine gentillesse.
Horikita — Tu as eu deux bonnes identifications concernant les rôles clés, car ils étaient dans ta classe. Je voulais juste te dire que ça ne sera pas aussi facile la prochaine fois.
Bien sûr, c’était un mensonge. Cela tenait plus de l’excuse désespérée, mais ce n’était pas grave. Même si Ichinose pensait qu’il y avait 99% de chances que ce soit un mensonge, elle prenait ces 1% volontiers. En fait, la façon dont les « rôles clés » étaient choisis n’avait rien de clair. Mais l’établissement faisait toujours preuve d’équité et pour ne créer aucun avantage, il fallait une répartition des rôles proche d’un ratio 1:1.
Ichinose — Alors je vais devoir faire plus d’efforts.
Elle acquiesça et reporta son regard sur l’écran avec un sourire immuable. Le troisième tour, très mouvementé, s’acheva.
Horikita-san a réussi à identifier Hatsutori-kun en tant que rôle clé. Le rôle exact de la cible est le kôhai. Horikita-san gagne donc une vie.
Ichinose, malgré son élan victorieux, avait choisi de passer tandis que Horikita, maintenant soulagée, avait réussi une nomination. Cependant, ce fut un « kohai » alors Ichinose ne perdit pas de vie. À ce stade, on savait qu’il restait deux « élèves d’honneur ». Trois « rôles clés » avaient été exclus et l’on ne savait pas si le dernier « rôle clé » avait été exclu par un « élève d’honneur » ou non. Le nombre total de participants avait bien diminué, laissant présager une fin de discussion au prochain tour. Le moment fut décisif ce qui incita Horikita à évoquer un certain sujet, jouant le tout pour le tout.
Horikita — Lorsque j’ai combattu Kanzaki-kun tout à l’heure, je l’ai en effet battu à plate couture ? Mais t’a-t-il révélé qu’il s’est laissé perdre ?
Ichinose — Non, Kanzaki-kun n’a rien dit.
Horikita — Ah bon ? Alors sais-tu au moins où je veux en venir ?
Horikita tenta de piquer son intérêt en dévoilant peu à peu des informations intrigantes. Mais Ichinose répondit sans changer d’expression.
Ichinose — Oui. Kanzaki-kun a dû désespérer en voyant l’ombre d’Ayanokôji-kun derrière toi, Horikita-san, pensant qu’il ne pouvait pas gagner. Il a essayé de faire de son mieux, mais tu lui as brisé ses minces espoirs. C’est pourquoi il avait perdu la volonté de se battre.
Horikita fut surpris par la justesse de sa remarque, mais se reprit.
Horikita — Tu ne me ferais pas marcher, là ? Kanzaki-kun te l’a dit, non ?
Elle ne voyait pas comment Ichinose avait vu aussi juste.
Ichinose — Je t’assure que non. Je savais aussi qu’Ayanokôji-kun participait, et ce n’est pas comme si le sort de ma classe m’était indifférent. Je comprends bien les sentiments de Kanzaki-kun.
Elle insista sur le fait qu’elle ne mentait pas, expliquant les raisons. Horikita était sur le point d’exprimer ses doutes, mais se stoppa, pensant qu’elle ne pourrait pas la percer sous cet angle. Elle ajusta son approche.
Horikita — Alors, tu penses aussi ne pas gagner contre lui ?
Ichinose — C’est exact. Honnêtement, je pense que ce sera difficile. Mais maintenant que j’ai commencé l’examen, je suis convaincue de réussir.
Horikita — Tu es donc confiante contre Ayanokôji-kun… ?
En moins de 20 minutes, les positions de Horikita et d’Ichinose furent établies. Pour Horikita, c’était maintenant clair. Ichinose avait un avantage écrasant.
Ichinose — Je peux vaincre Ayanokôji-kun.
Elle montra sa confiance. La tentative de Horikita pour la perturber fut un échec. Elle essayait tant bien que mal de contenir son rythme cardiaque qui s’emballait, passant de l’assurance d’avoir Ayanokôji à la peur qu’Ichinose puisse le vaincre. Si un « élève d’honneur » était identifié, les vies de Horikita allaient être réduites à deux. Elle espérait trouver des indices concluants pour en identifier un ou du moins, qu’une nouvelle discussion commence. Elle fixait l’écran avec espoir, mais le comportement silencieux d’Ichinose attira son attention. Elle laissa momentanément son regard s’éloigner.
Horikita — … !
Leurs yeux se rencontrèrent. C’était comme si Ichinose avait anticipé le coup d’oeil de Horikita et qu’elle l’attendait. Elle fit un léger sourire sans détourner le regard. C’était un moment crucial, et il était étrange qu’elle ne regarde pas l’écran avec attention.
Horikita — Qu’est-ce que tu… as l’intention…
Captivée, Horikita ne put détourner le regard et l’interrogea.
Ichinose — Qu’est-ce que tu veux dire ?
Horikita — Pourquoi ne regardes-tu pas l’écran… ? Tu n’as pas besoin de trouver « l’élève d’honneur » ?
Ichinose — Ah… Ça ira.
Horikita — « Ça ira » ? Comment ça ?
Elle n’en dit pas plus. Instinctivement, elle ne voulait pas entendre la suite. Mais sans pitié, Ichinose continua comme si de rien n’était.
Ichinose — J’ai déjà trouvé qui sont tous les élèves d’honneur.
Au-delà des frissons et de la peur, Horikita sentit ses sens s’évanouir. Ces mots avaient été prononcés avec conviction, sans la moindre once de mensonge. Plus rien n’avait de sens maintenant. Horikita savait que sa défaite était quasi inévitable, une certitude même. Pourtant… Horikita détourna le regard d’Ichinose pour se tapoter les joues. Elle ne pouvait pas se permettre de se laisser engloutir par le déshonneur plus longtemps.
Même si la défaite semblait probable, elle ne pouvait pas abandonner avant la fin. Il y avait encore une chance. Il y avait encore une bonne possibilité de faire une nomination qui annulerait celle d’Ichinose. Pour le bien d’Ayanokôji aussi, elle devait faire perdre des vies à son adversaire, ne serait-ce qu’un peu.
Horikita ouvrit ses paupières lourdes et regarda l’écran.
L’adversaire n’est pas une machine.
Elle s’était dit qu’Ichinose pouvait bien faire des erreurs.
3
Le match entre Sakayanagi et Katsuragi passa au deuxième tour. Grâce à une manœuvre de Katsuragi ayant correctement désigné un « rôle clé », les vies de Sakayanagi furent réduites à neuf. Mais il fut ensuite submergé par ses attaques, et avant qu’il ne s’en rende compte, il ne lui restait qu’une vie.
Katsuragi — …Fooo…
Il prit une profonde inspiration et examina les options qui s’offraient à lui. Devait-il passer son tour et miser sur le prochain round, ou bien passer à la contre-attaque ? Les informations recueillies étaient limitées, et passer son tour semblait être un choix judicieux. Cependant, face à lui se trouvait Sakayanagi, son ennemie jurée et sa plus grande menace. Si elle désignait un élève ayant un « rôle clé » ou un « élève d’honneur », la défaite était assurée. Pour que Katsuragi ait une chance de survivre, il fallait au moins un match nul à ce tour. La seule information dont il disposait pour l’instant était qu’il ne restait plus qu’un « élève d’honneur ». Comme le nombre de participants diminuait, il décida que s’il y avait un moment pour prendre un risque, c’était maintenant. Katsuragi réfléchissait ainsi à son prochain coup.
Sakayanagi — Tu réfléchis beaucoup, on dirait.
Katsuragi — Si tu as trouvé quelqu’un, dépêche-toi de le désigner.
Il avait bien vérifié que les doigts de Sakayanagi ne bougeaient pas.
Sakayanagi — J’ai réalisé quelque chose malgré ma petite expérience.
Katsuragi — Qu’as-tu réalisé au juste ?
Désespérément à la recherche d’une piste, il lui répondit.
Sakayanagi — Lors d’une nomination, on doit toucher le nom de l’élève, puis son rôle exact ou le « rôle clé », avant de confirmer par « oui » ou « non ». Cela fait trois touches. De la même manière, lorsque l’on passe, on doit également appuyer sur « passer », puis « confirmer », et enfin « reconfirmer ».
Katsuragi — C’est pour empêcher l’adversaire de voir notre choix.
En effet, si le nombre de touchers était différent, on aurait pu voir si l’élève passait ou nominait quelqu’un.
Sakayanagi — L’établissement a pris de telles mesures au point de mettre un film anti tricherie sur l’écran de la tablette.
Katsuragi — Et alors ?
Sakayanagi — Malgré ces précautions, as-tu réalisé qu’il y a un moyen de savoir à l’avance avec certitude ce que l’adversaire a choisi de faire ?
Katsuragi — …Quoi ?
Difficile à croire, mais si c’était vrai, cela n’était pas rien. Katsuragi sentit la salive s’accumuler dans sa bouche alors qu’il fixait Sakayanagi.
Sakayanagi — Laisse-moi te dire comment. C’est assez simple.
Elle tapa l’écran deux fois et tint la tablette à deux mains, la tournant vers lui.
Katsuragi — Qu’est-ce que…
L’écran était visible, affichant « Sawada » et « élève d’honneur ».
Sakayanagi — Là, tu vois bien le choix de ton adversaire, n’est-ce pas ?
Tout en disant cela, elle garda l’écran tourné vers Katsuragi et tapa sur le bouton « oui » pour confirmer la sélection. Comme pour dire qu’elle n’avait plus besoin de la tablette, elle la posa sur son bureau.
Katsuragi — Qu’est-ce que tu essaies de faire ?
Sakayanagi — Eh bien, tu avais l’air d’avoir du mal à trouver l’élève d’honneur. Nous sommes arrivés jusqu’ici, tu ne veux pas en profiter ?
Si son choix était correct, alors Katsuragi pouvait l’imiter afin de faire match nul et survivre un nouveau tour. Tout autre choix signifierait la défaite. Si elle bluffait, les deux perdraient au moins une vie.
Sakayanagi — En sachant mon choix, n’est-ce pas plus facile ?
Elle comprenait bien comment cela allait affecter le mental de son adversaire.
Katsuragi — Est-ce un mensonge pour en finir avec moi ?
Ce que Sakayanagi voulait éviter maintenant, c’était la chance sur huit qu’avait Katsuragi pour deviner l’ « élève d’honneur ». Plutôt que de risquer perdre trois points de vie, il valait mieux attirer Katsuragi avec une fausse nomination et le vaincre. Il avait conclu que c’était la stratégie logique de Sakayanagi.
Sakayanagi — Un mensonge ? C’est une supposition scandaleuse. Il faut savoir accepter la gentillesse des autres.
Katsuragi — Je ne tomberai pas dans le piège.
Coupant court à toute velléité, Katsuragi choisit de passer son tour. Si son adversaire décidait de s’autodétruire, il pouvait alors être en mesure d’infliger des dommages significatifs au prochain tour. Il tapota la tablette trois fois afin de passer. Katsuragi avait décidé de jouer la carte de la sécurité.
Sakayanagi-san a réussi à identifier Sawada-san comme élève d’honneur. Katsuragi-kun perd donc trois vies. Comme cela ramène ses points de vie à zéro, Katsuragi-kun est prié de quitter la salle.
Une annonce impitoyable se fit entendre.
Katsuragi — C’est idiot ! Tu disais donc la vérité ? Quel était le but ?
Sakayanagi — Idiot ? Pas vraiment. Tu pensais que je voulais gagner rapidement, quitte à sacrifier des points de vie, mais c’est là que tu t’es trompé. Crois-tu vraiment que j’allais te laisser me prendre ne serait-ce qu’une seule vie ? C’est justement pour ça que j’ai révélé mes cartes, afin de faire un match nul et passer au tour suivant dans le pire des cas.
Katsuragi — En quoi est-ce avantageux ?
Sakayanagi — Ta stratégie était simpliste. Au fur et à mesure que le nombre de participants diminuait, tu te préparais à la défaite en voulant m’ôter un maximum de points de vie dans ta chute. Je ne voulais pas perdre des vies à cause d’une tactique si ennuyeuse.
Même Sakayanagi, qui avait confiance en sa capacité à lire ses adversaires, n’était pas infaillible. Cette discussion prolongée, évidente par le nombre décroissant de participants pouvait conduire Katsuragi à lancer une dernière attaque autodestructrice. Avec un match nul, une nouvelle discussion aurait démarré, car le dernier « élève d’honneur » aurait été exclu.
Ainsi, avec une nouvelle discussion, il y aurait eu pendant deux ou trois tours une phase de collecte d’informations sur les participants. Dans tous les cas, elle avait percé à jour Katsuragi. Ce dernier s’affaissa un peu sur la chaise.
Sakayanagi — Tu t’es bien débrouillé, compte tenu de ta position de pilier. J’ai même perdu une vie.
Il avait réussi à vaincre le garde et l’avant garde à lui tout seul, ne perdant qu’une seule vie. Bien qu’il ait réussi à arracher un point de vie à Sakayanagi, il fut complètement dominé par la suite. Sa quête de vengeance s’arrêta net. Était-ce simplement dû à la malchance ou à un manque de compétences ? Katsuragi, montrant sa frustration, était douloureusement conscient que c’était la seconde option.
Katsuragi-kun, veuillez quitter la salle immédiatement.
Alors que l’annonce résonnait, Katsuragi se leva lentement.
Katsuragi — Je voulais encore réduire tes vies, mais j’ai fini par danser dans la paume de ta main.
Sakayanagi — Je suis ravie de voir que tu restes lucide malgré la défaite.
Se mordant la lèvre, il commença à se diriger vers la sortie lorsqu’elle l’interpela.
Sakayanagi — Contrairement à l’époque où nous étions dans la même classe, tu sembles beaucoup plus vif. Ryuuen-kun et moi sommes des profils agressifs. En principe, tu ne devrais pas être compatible avec lui.
Katsuragi — Tu donnes l’impression que c’est le cas, mais laisse-moi clarifier la chose. Je ne suis pas compatible avec Ryuuen.
Sakayanagi — Je n’y peux rien si en apparence, cela a l’air d’être le contraire.
Ses supplications furent ignorées et Katsuragi quitta la salle de classe en bon perdant sur ces dernières paroles.
Les classes A et C étaient enfin prêtes pour un affrontement entre leurs généraux.
4
L’écran de la salle d’attente afficha le résultat. L’issue fut décidée.
Résultat
Classe de 1ère B – Pilier – Horikita Suzune – Vies restantes : 0
Classe de 1ère D – Général – Ichinose Honami – Vies restantes : 10
——————————————
Classe de 1ère B – Général – Ayanokôji Kiyotaka
Ayanokôji Kiyotaka est prié de se rendre en salle de classe immédiatement.
Temps restant pour la pause : 10:00
Horikita avait perdu contre Ichinose. Bien que le combat aurait pu durer plus longtemps, les résultats et le temps indiquèrent qu’elle fut battue à plate couture. Yôsuke, assis à côté de moi, poussa un profond soupir.
Hirata — Si seulement je m’étais un peu mieux battu…
Moi — Non, ce n’est pas impactant. La défaite totale de Horikita n’est pas une simple coïncidence. Cet examen spécial n’est pas entièrement dépourvu de chance, mais des nominations peuvent s’annuler entre elles ou alors l’on peut finir sur un match nul. Ce résultat prouve clairement que Horikita n’était pas à la hauteur d’Ichinose.
Même si Yôsuke avait vaincu Hamaguchi et Kanzaki, cela n’aurait rien changé.
Hirata — Ça montre à quel point Ichinose-san est redoutable.
Moi — Oui. C’est sans aucun doute l’adversaire la plus forte.
Hirata — …Oui. Penses-tu qu’il y a une chance de gagner ?
Moi — Je m’interroge. Pour l’instant, je ne veux pas perdre de temps, je vais aller voir Horikita.
Hirata — D’accord. Bonne chance.
En quittant la salle d’attente, Ryuuen me suivit rapidement dans le couloir.
Moi — Les toilettes sont de l’autre côté.
Ryuuen — Elle a aussi perdu de façon radicale. Vous avez bien fait de ne pas l’avoir choisi en tant que général.
Ignorant ma remarque, Ryuuen me délivra ses pensées sur la confrontation.
Moi — Tu m’as couru après juste pour dire ça ?
Ryuuen — Non. Mais elle s’est assez bien battue. Il est compréhensible qu’elle ait perdu. Ichinose a l’air assez redoutable ces derniers temps.
Pour lui, le résultat n’avait pas l’air si surprenant.
Ryuuen — Comme je le pensais, elle s’est fait bouffer. C’est un peu comme si un rat acculé mordait un chat[1]. Y’a un monde où tu perds.
Moi — Alors tu t’es inquiété pour moi et tu es venu me parler ?
Ryuuen — Hah.
Il se mit à rire brièvement et s’approcha de moi.
Ryuuen — C’est dommage que je ne puisse pas assister à ton affrontement face à l’actuelle Ichinose.
Moi — Tu devrais te préoccuper davantage de toi-même.
Ryuuen ricana de nouveau et retourna en salle d’attente. Il ne fallait pas qu’il perde trop de temps à s’occuper de moi. Katsuragi avait rapidement vaincu le garde et le pilier, mais on ne savait pas encore comment il allait se débrouiller face à Sakayanagi. Le tour de Ryuuen n’allait sans doute pas tarder à venir. Sur le chemin de la salle, je vis Horikita venir vers moi, marchant à petits pas dans le couloir. Cependant, elle était sur le point de passer sans me remarquer.
Moi — Tu es revenue vite. Tu ne m’as pas apporté la tête du général.
En l’interpelant, son visage abattu se redressa.
Horikita — Je suis désolée.
Malgré le sarcasme, elle répondit sans broncher. C’était compréhensible.
Horikita — Je me suis fait écraser alors tu peux bien en rire.
Moi — Tu as quand même battu le garde et le pilier adverse.
Horikita — Ces victoires furent comme données. Je n’en suis pas fière.
Apparemment, elle avait perdu beaucoup de confiance en elle. Elle était si désemparée qu’elle ne se rendait peut-être même pas compte que montrer un tel état de faiblesse risquait de saper le moral de ses alliés.
Moi — Ça a dû être difficile d’affronter Ichinose.
Horikita — Oui. Plus que prévu… Non, elle est même trop au-dessus.
Horikita poursuivit avec les plus grands éloges.
Horikita — Au vu des règles de l’examen spécial, elle est invincible. Elle a une capacité à lire les autres qui lui permettraient de vaincre n’importe qui sans effort, que ce soit Sakayanagi-san ou Ryuuen-kun.
Elle se mordit la lèvre, déplorant son impuissance. Horikita avait mené la classe tout en luttant contre la pression, mais cette défaite totale fut conséquente. Le coup fut d’autant plus fatal, car le mental fut mis à rude épreuve. L’issue de l’examen spécial dépendait de mes actions en tant que général, mais les dommages subis par Horikita risquaient de perdurer encore longtemps.
Horikita — Je suis désolée… vraiment. Si seulement j’avais pu réduire sa vie, ne serait-ce qu’un peu…
Moi — Tu n’as peut-être pas pu battre Ichinose, mais battre les autres a rééquilibré les choses. Rien que ça, c’est suffisant.
Horikita — …Ce… n’était pas assez…
Je pouvais entendre sa voix intérieure dire qu’elle voulait gagner d’elle-même. En tant que leader et guide de la classe, elle visait plus haut.
Horikita — Je devais gagner… pour la classe, je devais gagner…
Accablée par les regrets, Horikita poursuivit.
Horikita — Pas seulement pour la classe. Je voulais être reconnu par toi. Je voulais vaincre Ichinose-san et être félicitée pour ça !
Elle exprima ses véritables sentiments pour cet examen spécial. Si le résultat n’avait pas été mitigé, cela aurait été une cruelle désillusion.
Moi — Je comprends la pression. En effet tu as perdu, mais tu n’avais pas son nombre de vies et tu ne pouvais pas utiliser l’intrus.
Horikita — Arrête… Me réconforter comme ça ne sert à rien.
Moi — Désolé, mais c’est la vérité. Cet échec est une bonne expérience. Ce sera le catalyseur d’une croissance significative. Si le même examen devait se reproduire, tu obtiendrais de meilleurs résultats.
Ce n’était pas un mensonge. Faire face à un obstacle important est douloureux, mais c’est un processus nécessaire pour évoluer.
Horikita — …Mais…
Moi — Heureusement, il n’y a plus personne ici. Tu n’as pas besoin de faire bonne figure. Même si je ne connais pas les détails, je peux clairement dire en te regardant que tu t’es bien battue.
Je réconfortai sincèrement Horikita en la prenant doucement dans les bras.
Horikita — Eh… !?
Il n’est pas nécessaire de se montrer courageux quand on est seul. Les personnes faibles doivent s’appuyer sur quelqu’un et être soutenues.
Horikita — Ah, Ayanokôji-kun, qu’est-ce que tu… !
Alors que Horikita tentait de s’éloigner fébrilement, je continuai à la retenir.
Moi — Ces deux dernières années, je t’ai probablement observé de plus près plus que n’importe qui. Je connais toutes tes forces et tes faiblesses.
Elle essaya d’objecter, mais aucun mot ne sortit. Une sensation, comme si elle essayait de supporter fermement quelque chose, ainsi que de la chaleur corporelle, se transmirent à moi par le biais de son corps.
Moi — Tu as des alliés. Ne l’oublie pas.

Horikita — Des alliés…
Moi — Oui. Tu seras confrontée à des situations similaires à l’avenir. Lorsque cela se produira, ne porte pas ce fardeau seule. Compte toujours sur tes camarades de classe. Ils deviendront une grande force à coup sûr.
Je lâchai doucement Horikita, commençant à m’éloigner.
Horikita — …Ayanokôji-kun…Ichinose-san est…
Pour Horikita, anxieuse quant à l’issue du match, il n’y avait qu’une seule chose qui pouvait la rassurer à présent.
Moi — Laisse-moi m’occuper du reste. Je n’ai pas l’intention de laisser ta classe perdre cet examen spécial.
Au moment où j’avais décidé de participer à l’examen spécial, le résultat était couru d’avance. La classe de Horikita gagnerait forcément au détriment de celle de Ichinose. Sur cette pensée, je commençai à avancer.
J’arrivai devant le champ de bataille où Ichinose m’attendait. À quoi ressemblait Ichinose derrière cette porte ? Elle était probablement un peu nerveuse, j’imagine, mais…
J’ouvris la porte…
À mon entrée, comme je m’y attendais, le sourire d’Ichinose fut immédiat.

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[1] Un rat acculé mord un chat (窮鼠猫を噛む), un dicton qui signifie en gros que le désespoir donne du courage à un lâche.