SotDH T3 - CHAPITRE 2 : PARTIE 2
Pièce manquante (2)
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Traduction : Calumi
Correction : Raitei
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Supposons, un instant, que cette nuit pluvieuse, ils soient rentrés chez eux.
Auraient-ils pu rester une famille ainsi ? Son père aurait-il accepté une fille orpheline comme sienne, tout de même ?
Il était inutile de réfléchir à cela. Se tourner vers le passé n’apportait rien. Mais peut-être, juste peut-être, y avait-il un monde où il n’avait jamais rencontré la femme qu’il aimait et où il aurait, à la place, accueilli une seconde petite sœur. Une partie de lui y croyait, tout au fond de lui.
— Enfin…
Et c’était cette partie de lui qui, de façon inhabituelle, troubla Jinya à ce moment.
— Na…tsu ? balbutia-t-il.
La chaleur contre sa poitrine lui donna un frisson le long de l’échine. Il ne voulait pas de cela. Il était un fils ingrat qui s’était enfui de chez lui ; il n’avait aucun droit de se considérer comme le fils de Jyuuzou. Natsu était le seul enfant dont son père avait besoin, alors Jinya choisit de ne rien lui dire, pour le bien de Natsu et de Jyuuzou.
— Cher frère, enfin revenu à moi, bien que trop tard…
Pourquoi l’appelait-elle son frère, à présent ? L’ultime acte de service qu’il avait essayé de rendre à son père n’avait-il donc servi à rien ? Peut-être avait-il eu tort de chercher à être attentionné. Peut-être qu’un démon comme lui n’avait pas le droit de se comporter comme un humain.
Il tenta de repousser Natsu, mais elle s’accrocha fermement. Finalement, elle demeura accrochée à son bras.
— Que signifie tout ça ? demanda-t-il, cherchant à avancer malgré tout, ne parvenant pas à se défaire d’elle.
Il était étrange de tenter de discuter sérieusement de quelque chose alors qu’elle était attachée à lui comme une partenaire amoureuse, et cela se voyait. Ofuu et le propriétaire du restaurant semblaient mal à l’aise, et Jinya lui-même affichait une mine plus impassible que d’habitude.
— Elle a mis une barrette achetée hier, et tout à coup, elle s’est figée, dit Ofuu.
— La barrette a semblé briller un instant, puis plus rien, ajouta le patron du restaurant. — Tu es arrivé peu après, alors on n’en sait pas beaucoup plus que toi.
Une barrette en forme de coucou, sobre mais élégante, ornait les cheveux de Natsu. Jinya ne s’y connaissait guère en accessoires et n’y voyait qu’une barrette ordinaire, mais s’il y avait eu une lueur, alors elle pouvait être maudite.
— Natsu, tu peux me passer la barrette que tu portes ?
— Bien sûr.
Elle la lui tendit sans hésitation, ce à quoi il ne s’était pas vraiment attendu. C’était l’objet le plus suspect ici, mais même une fois retirée, l’état de Natsu ne changea pas. Elle restait tout aussi brûlante et absente qu’avant.
— Peut-être qu’on devrait la casser ? proposa le patron.
— Non, c’est une mauvaise idée, répondit Jinya.
S’ils la brisaient et que Natsu redevenait normale, tant mieux, mais si elle ne se rétablissait pas, cela pourrait être dramatique. Mieux valait ne rien tenter de radical sans en savoir davantage.
— Grand frère…
Natsu tendit la main vers lui, hésitante. Il réfléchit un instant, puis lui rendit la barrette. Elle la remit dans ses cheveux avec un sourire, puis enlaça de nouveau son bras.
— …Qu’est-ce qui se passe, au juste ? s’interrogea tout haut le patron. L’état de Natsu était manifestement anormal. Elle ne lâchait plus Jinya et l’appelait « grand frère » d’une voix douce et cajoleuse. Ce n’était pas dangereux en soi, mais c’était tout de même très, très étrange.
— Dis, si ça se trouve, Natsu-chan a toujours eu envie que Jinya-kun s’occupe d’elle comme ça.
— Papa !
— Ooh, je plaisantais, je plaisantais. Pas la peine de faire cette tête.
La remontrance d’Ofuu envers son père un peu bouché parut plus sévère qu’à l’accoutumée, sans doute parce qu’elle s’inquiétait pour l’une de ses rares amies.
— Tu as une idée, Jinya-kun ? demanda-t-elle.
— Hm…
Peut-être que la barrette avait influencé son esprit, ou bien qu’elle fût possédée. La première hypothèse n’expliquait pas pourquoi elle l’appelait « grand frère ». Il était bien sûr possible qu’elle ait appris le lien entre Jinya et Jyuuzou, mais sans pouvoir l’interroger directement, impossible de le vérifier. Et si elle était effectivement possédée, alors par quoi ?
…Une possibilité lui traversa l’esprit, mais il l’écarta aussitôt.
Suzune ne s’adresserait plus jamais à lui avec une telle familiarité, pas après ce qui s’était passé. Au bout du compte, il n’avait pas assez d’éléments pour tirer la moindre conclusion. Il fallait donc commencer par en apprendre davantage sur cette barrette.
— D’où vient cette barrette ? demanda-t-il.
— Elle l’a achetée hier, au marché des lanternes, répondit Ofuu. Il y avait un marchand venu de Kyôto, un certain Akitsu, qui tenait un étal.
— Akitsu ? Comme celui à qui on livre de temps en temps ? s’étonna le patron du restaurant.
C’était une chance qu’ils connaissent déjà cet homme. Inutile d’y aller à l’aveuglette si on pouvait interroger directement le responsable.
— Ofuu, tu peux m’emmener voir ce Akitsu ?
— B-bien sûr.
Jinya se leva, mais sentit son bras tracté. En baissant les yeux, il vit Natsu lui sourire tendrement. Elle se leva à son tour.
— Je viens avec toi.
Allez savoir pourquoi, il ne trouva pas la force de la repousser. Dans l’enceinte bondée du temple Sensô, un secteur était dédié à la vente de lanternes, dont les bulbes rougeoyants se balançaient au gré du vent.
— Il était par ici, hier.
Ofuu les guida vers l’endroit où Akitsu Somegorou avait installé son étal, mais celui-ci semblait avoir déjà plié bagage.
— Tu saurais où il pourrait être, sinon ?
— Je ne sais pas… J’ai déjà fait des livraisons à l’auberge où il logeait, mais je doute qu’il y soit encore.
D’après Ofuu, Somegorou était venu de Kyôto. Il avait d’abord séjourné dans une auberge, mais ce genre d’endroit n’était pas fait pour de longs séjours. Cela faisait un moment qu’il était à Edo, il avait sûrement trouvé un logement plus stable entre-temps.
— Je vois. Donc, aucune piste.
— On dirait bien… Désolée.
— Ne t’en fais pas. Je ne pensais pas qu’on le retrouverait aussi facilement, de toute façon.
Mais il espérait quand même le retrouver rapidement. Natsu s’accrochait toujours à lui. L’enceinte du sanctuaire regorgeait de visiteurs, et parmi eux, de nombreux couples qui marchaient bras dessus bras dessous. Vu les regards qu’on leur lançait, il était clair que les gens autour les prenaient pour un de ces couples, ce qui le mettait particulièrement mal à l’aise.
— Natsu, tu pourrais me lâcher un peu ?
— Non.
— C’est un peu difficile de marcher, quand même.
— Non.
Il avait tenté de la raisonner avec douceur, mais elle refusait net de le lâcher. Il aurait pu la repousser de force, mais cela lui paraissait excessif. Il n’eut d’autre choix que de céder et d’avancer à deux.
— Rien ne saurait me faire te lâcher, mon frère, maintenant que nous venons à peine de nous retrouver, dit-elle en levant vers lui des yeux candides, empreints d’innocence.
Son visage n’avait pas changé, mais elle se comportait comme une tout autre personne. Et le fait qu’elle l’appelle « frère » ravivait en lui de douloureux souvenirs d’un passé désormais révolu.
— Heu… je vais aller demander un peu partout si quelqu’un sait où se trouve Akitsu-san, lança Ofuu.
Elle n’était visiblement pas la seule à se sentir mal à l’aise. Elle disparut aussitôt, laissant Jinya seul face à Natsu. Profitant de l’occasion, Natsu se blottit contre lui, visiblement insatisfaite de ne faire que s’agripper à son bras.
Jinya sentait sur eux de nombreux regards, au milieu de la foule du temple. Il poussa un soupir, puis l’entraîna plus loin dans l’enceinte, derrière un pavillon, à l’écart des passants. Elle le regarda d’un air intrigué, juste avant qu’il ne lui lance d’un ton ferme.
— Écoute… je suis désolé, mais je n’ai pas la moindre idée de ce que tu essaies de faire depuis tout à l’heure.
— Hein ? Heu…
— Je ne comprends pas pourquoi tu es si collée à moi, ni pourquoi tu m’appelles ton frère. Je ne saisis rien à ton comportement.
Ce n’étaient pas les mots posés d’une tentative d’éclaircissement : c’étaient de simples plaintes, exprimées sans filtre.
— Quelle raison aurait l’oiseau d’abandonner sa fleur ? Je ne ferai donc point autrement, et resterai auprès de mon frère, répondit-elle en souriant, le visage teinté de rose, les yeux vagues comme plongés dans un rêve. — Ah… J’ai tant attendu ce moment, ce vœu de vivre enfin dans la vérité… Ah… je nage dans le bonheur.
Et en effet, elle paraissait transportée par une félicité telle qu’il n’osa pas insister davantage.
Ils retrouvèrent Ofuu, et se rendirent ensemble à l’auberge où Somegorou avait séjourné, dans l’espoir d’y trouver une piste. Ils interrogèrent les employés de l’auberge et les commerçants alentour, mais, sans grande surprise, ils revinrent bredouilles. Le soleil commençait à décliner lorsqu’ils regagnèrent le restaurant Kihee.
— Que se passe-t-il ?
Zenji arriva peu après leur retour, inquiet de ne pas voir Natsu rentrer.
— Tu vas droit au but, hein ? fit Jinya.
— Bah, c’est qu’il s’est visiblement passé un truc. Mlle Natsu ne me reconnaît pas, parle de façon bizarre, et se comporte avec classe pour une fois. On dirait une autre personne. Alors ?
Même de retour au Kihee, Natsu restait agrippée au bras de Jinya, ce qui agaçait quelque peu Zenji.
— Je vous en prie, cessez cela ! Il n’y est pour rien… susurra-t-elle, effondrée contre la poitrine de Jinya.
Son attitude enjôleuse laissa Zenji complètement déconcerté. Il voyait Natsu comme une petite sœur, et la voir ainsi, collée à un homme le bouleversait plus qu’il ne l’aurait cru. Il en oublia même de se mettre en colère.
Une fois mis au courant de la situation, Zenji poussa un long soupir. Il fallait que ça tombe encore sur Natsu… Être mêlée à une nouvelle histoire surnaturelle, quelle malchance. Il croisa les bras, l’air soucieux.
— Alors elle est maudite, ou un truc du genre, hein ? Bon, et qu’est-ce qu’on peut faire ?
Il paraissait plus calme à présent, sans doute parce qu’il avait compris que la vie de Natsu n’était pas en danger.
— Celui qui lui a vendu la barrette s’appelle apparemment Akitsu Somegorou. Notre premier objectif, c’est de le retrouver.
— Hein ? Attends, de quoi tu parles ? demanda Zenji en lançant un regard perplexe à Jinya.
Celui-ci fronça les sourcils.
— Il y a un problème ?
— Ben… ouais. Akitsu Somegorou est mort depuis longtemps.
— Quoi ?
— C’était un artisan d’il y a plusieurs décennies. Il fabriquait des peignes, des barrettes, et même des pièces pour des sabres. C’est un métallurgiste assez renommé. Même notre boutique a du mal à obtenir ses créations.
Zenji avait sans doute raison. Il travaillait chez Sugaya, un magasin spécialisé dans les objets de petite taille. Il s’y connaissait. Alors qui était donc l’homme qu’ils poursuivaient ?
— Maintenant que j’y pense, Natsu-san a dit que cette barrette était une œuvre de Somegorou, intervint Ofuu.
— Tu plaisantes… Attends, peut-être que Somegorou est revenu d’entre les morts, sous forme de démon ? suggéra Zenji.
Jinya ne trouvait pas l’idée impossible, mais le patron du restaurant la balaya d’un ton assuré :
— Non, impossible.
— Et qu’est-ce qui te permet d’en être si sûr ? demanda Zenji.
— Je l’ai vu de mes propres yeux. C’est un humain, sans l’ombre d’un doute.
— S’il le dit, alors c’est que c’est vrai, appuya Jinya.
— Quoi ? Comment tu peux en être aussi sûr, Jinya ? Tu ne l’as même jamais rencontré, ce type !
— Je le suis, c’est tout.
Jinya avait une certaine confiance dans le jugement du patron, qui avait su percer à jour sa nature de démon sans la moindre difficulté.
— Ce qui signifie que l’homme que nous cherchons ne fait qu’utiliser le nom d’Akitsu Somegorou.
— Je ne vois pas pourquoi quelqu’un utiliserait un nom aussi évidemment faux, mais peu importe… On ne sait toujours pas où il est, fit remarquer Zenji.
Jinya se souvint alors de quelqu’un qu’il connaissait et qui disposait d’informations précieuses. Cela valait le coup d’aller interroger la fille des bas-fonds. Mais au moment où il tenta de se lever, il sentit le bras de Natsu se resserrer autour du sien. Elle s’y agrippa avec force, l’empêchant même de se redresser.
— Désolé, mais tu peux me lâcher ? demanda-t-il.
— Non, répondit-elle sèchement, sans dissimuler sa contrariété. — Je ne te relâcherai pas, mon frère, pas maintenant que je t’ai enfin retrouvé après une si longue attente.
Il ne comprenait rien à ce qu’elle racontait, mais chaque fois qu’elle l’appelait « frère », des souvenirs diffus lui revenaient. Sa vie à Kadono s’était achevée dans la tragédie, mais il n’aurait jamais voulu effacer ces jours-là. Voir Natsu se comporter comme s’il était son grand frère lui serrait le cœur. Il s’efforça d’afficher un calme de façade, dissimulant le tumulte intérieur, et la regarda droit dans les yeux.
— Je dois y aller. Attends-moi ici.
— Non. Emmène-moi avec toi.
Il lui tapota la tête à trois reprises. Peu à peu, elle relâcha son étreinte, tout en affichant une moue boudeuse.
— Je reviens vite, c’est promis.
Il se souvint vaguement avoir prononcé ces mêmes mots à chaque fois qu’il quittait la maison pour partir en mission.
À l’époque déjà, il avait droit à ce même regard triste et vexé. Mais Suzune, elle, ne l’avait jamais retenu de force. Une rancœur obscure s’éveilla en lui.
Il haïssait sa nature. En tant que démon, il ne pouvait s’empêcher de haïr Suzune, même maintenant. C’était peut-être là, au fond, la vraie raison pour laquelle Natsu l’appelant « frère » le dérangeait tant : cela lui rappelait ce qu’il était vraiment.
— Tu vas être sage et m’attendre, d’accord ?
Rien de son trouble ne paraissait dans sa voix. Au fil des années, il avait appris à masquer ses pensées. Était-ce le fruit de la maturité… ou bien le signe qu’il avait renoncé à son humanité ? Il l’ignorait.
— …Très bien.
Natsu esquissa un doux sourire, puis libéra son bras. Comme pour chasser la chaleur qu’elle y avait laissée, Jinya lui tourna le dos.
— T’as un sacré talent pour t’en sortir avec elle. Tu t’y es déjà collé, ou quoi ? lança Zenji, surpris qu’un homme aussi peu sociable que Jinya parvienne à raisonner Natsu aussi facilement.
Jinya ne répondit pas. Il ne se retourna même pas.
— Zenji. Veille sur elle pendant mon absence.
— Hein ? Attends, tu ne vas pas me la refiler comme ça !
Mais Jinya quitta le restaurant sans un mot de plus. Il partait à contrecœur, sans chercher à savoir pourquoi.
Le soir tombait lorsqu’il prit la direction d’Asakusa. Il espérait croiser la fille des bas-fonds sur une berge du quartier, mais au fond, il savait bien qu’il ne s’accrochait qu’à un petit espoir. Il poursuivit son chemin, baigné par la lueur dorée du crépuscule, l’esprit assailli par des pensées mêlant Natsu et Suzune. Il les repoussa aussitôt, refusant de se complaire dans une sentimentalité vaine. Il voulait devenir plus fort. Rien d’autre ne comptait.
Il avait un but précis, et une voie tout aussi claire pour y parvenir. Tout ce qui s’en écartait ne méritait pas qu’on s’y attarde. Pour atteindre son objectif, il devait écarter toute pensée superflue.
Il accéléra légèrement le pas.
— Magnifique coucher de soleil, n’est-ce pas ? lança soudainement un homme dans un secteur plutôt désert.
Jinya se raidit aussitôt. L’homme, vêtu d’un ample kimono de soie, se trouvait à peine à deux ken de lui, une douzaine de pas tout au plus, et pourtant, Jinya ne l’avait pas du tout remarqué. Il était certes plongé dans ses pensées, mais ne pas percevoir une présence aussi proche relevait d’une négligence impardonnable.
— J’ai comme l’impression qu’on aura droit à une belle lune, ce soir. Ça me donnerait presque envie de boire un verre.
— Vous me voulez quelque chose ? demanda Jinya, le regard soudain durci par la méfiance.
Loin de se troubler face à son regard acéré, l’homme afficha un large sourire.
— Pardon ? Je croyais que c’était toi qui venais me chercher
Cette réponse inattendue ne fit qu’accentuer la méfiance de Jinya. Il décelait une hostilité latente derrière le sourire de l’homme, et posa instinctivement la main sur Yarai.
— J’ai entendu dire que tu étais à ma recherche, poursuivit l’homme.
Tout s’éclaira. La rumeur s’était répandue : Jinya cherchait cet homme, et ce dernier, en retour, avait fini par le trouver.
— J’avais du mal à comprendre ce qu’un gaillard de presque six shaku pouvait bien me vouloir…
Les bras ballants, le sourire toujours figé sur les lèvres, l’homme ne bougeait pas. Mais Jinya sentit une émanation subtile de soif de sang, et dégaina aussitôt, la lame à demi sortie du fourreau.
— Mais je comprends mieux maintenant. Un démon aurait, en effet, de nombreuses raisons d’me chercher.
L’atmosphère se tendit aussitôt, le silence pesant. L’homme venait de révéler qu’il avait deviné la véritable nature de Jinya, et pourtant, il ne montrait pas la moindre crainte.
Devant une telle assurance, Jinya se rappela les mots de la fille des bas-fonds : Ah, au fait. On parle d’un homme qui chasse les démons en ce moment. Pas toi, mais un onmyôji qui utilise des familiers.
Les vêtements de cet homme rappelaient en effet ceux d’un prêtre shintô, il aurait parfaitement pu passer pour un onmyôji.
— Avant que nous nous battions, dites-moi votre nom, demanda Jinya en abaissant son centre de gravité, tout son corps concentré sur sa cible, prêt à bondir.
L’homme fit un geste désinvolte de ses bras, et une brume noire se forma à ses pieds. Peu à peu, elle prit consistance, jusqu’à dessiner la silhouette de trois chiens.
— Moi ? fit-il fièrement. — Je suis Akitsu. Akitsu Somegorou, l’troisième du nom.
Jinya n’eut plus le moindre doute : cet homme était bel et bien un chasseur de démons.