THE TOO-PERFECT SAINT T1 - BONUS

Le premier jour en tant que soeurs Saintes

—————————————-
Traduction : Calumi
Correction : Opale
Relecture : Raitei
———————————————–

— Philia, je prends ma retraite aujourd’hui. Je te confie notre avenir.

C’est soudainement que mon mentor, Hildegarde, m’annonça cela. Cela ne faisait même pas un an que j’étais devenue une Sainte. J’étais encore novice. L’idée d’assumer seule mes fonctions sacrées était stressant.

— Vraiment ? Je manque encore d’expérience, et il y a tant de choses à retenir… Je ne suis pas assez forte pour porter l’avenir de ce royaume sur mes épaules.

— Tu en es parfaitement capable. Tu m’as déjà dépassé en termes de puissance, et ta technique est presque irréprochable. Mais ne prends pas la grosse tête, tu dois rester motivée à combler tes lacunes. C’est pour cela que je peux te faire confiance.

Je ne pensais pas vraiment être plus puissante que tante Hildegarde, mais j’étais heureuse qu’elle reconnaisse les efforts que j’avais fournis. Cela dit, l’idée d’être seule dès demain m’angoissait.

— Oh, et autre chose : à partir de demain, tu occuperas une position supérieure. Tu dois donc cesser cette passivité et donner l’exemple.

— Une position supérieure ?

Cela signifiait que j’allais devoir prendre une Sainte plus jeune sous mon aile.

— Est-ce qu’une autre personne est devenue Sainte ? Je croyais qu’il n’y avait aucune autre candidate qualifiée, à part Mia… mais elle a seulement commencé sa formation l’année dernière…

L’Église avait reconnu le potentiel de Mia, mais elle n’avait que six mois d’entraînement derrière elle. À titre de comparaison, j’en avais eu presque pour dix ans. Mia n’avait-elle pas encore besoin de temps ? Ou bien… une autre candidate s’était-elle entraînée dans l’ombre ?

— Demain, ta petite sœur Mia fera ses débuts en tant que Sainte.

— Mia est devenue une Sainte ?

— Elle a passé l’examen de l’Église avec succès et a démontré un niveau de puissance suffisant. Il n’y a aucun doute, elle possède un grand talent. Elle pourrait même devenir la plus grande Sainte de l’Histoire.

Mia avait un an de moins que moi. Cependant, j’avais été envoyée vivre à l’Église très jeune pour y suivre ma formation, et nous n’avions eu que peu d’occasions d’échanger, assez peu pour les compter sur les doigts des deux mains.

Et à présent, elle était devenue une Sainte. Quel don exceptionnel devait être le sien ! Serais-je capable de lui donner le bon exemple, en tant que Sainte plus expérimentée, et surtout, en tant que sœur aînée ?

* * *

J’étais tellement nerveuse que j’arrivai avec plus d’une heure d’avance.

Pour la première fois depuis longtemps, ma sœur et moi allions nous retrouver seules, rien que toutes les deux. Qui plus est, j’allais désormais rencontrer une Mia devenue Sainte en tant que supérieure hiérarchique.

Tante Hildegarde avait pris sa retraite la veille, et je m’efforçais tant bien que mal de rester calme. Mais me présenter aussi tôt au lieu de rendez-vous était sans doute un peu excessif.

Je devrais peut-être méditer en attendant l’arrivée de Mia.

— Oh. Est-ce que je me suis trompée d’heure ?

Dis-je en me retournant.

— Mia, que fais-tu ici si tôt ? Il reste pourtant plus d’une heure avant l’heure du rendez-vous.

— Tu parles, grande sœur. C’est toi qui es arrivée la première. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais si nerveuse ! Ça faisait si longtemps, après tout.

— Tu ne dégages pourtant aucune nervosité.

Mia sourit chaleureusement. Elle était devenue encore plus ravissante depuis la dernière fois que je l’avais vue.

— Je suis ravie de travailler avec toi, Philia ! Je ferai de mon mieux pour ne pas te ralentir.

— Heu… oui, pareillement. Ravie de collaborer avec ta personne.

— Et si on ne se montrait pas trop formelles ? Je sais bien que tu es ma supérieure hiérarchique mais nous sommes aussi sœurs. Et si on parlait plus naturellement ? J’aimerais rattraper le temps perdu !

Le visage radieux, Mia me prit les mains dans les siennes.

Elle n’avait pas tort. Je ne me comportais pas comme la plupart des gens le feraient avec leur sœur. Si c’était ce qu’elle souhaitait, je pouvais faire un effort.

— Oui, tu as raison. Et comme ça, c’est mieux ?

— Tu gardes encore un peu une tête crispée, mais ça ira ! Je veux que tu m’apprennes tout ce qu’il y a à savoir sur le travail d’une Sainte, d’accord ?

— Entendu. Commençons par l’invocation de barrières…

Je présentai à Mia les grandes lignes des devoirs d’une Sainte. Elle assimilait les connaissances à une vitesse surprenante, et il lui suffisait d’essayer une technique une seule fois pour la maîtriser. Je comprenais comment elle avait pu devenir Sainte en à peine six mois. Une Sainte médiocre comme moi n’avait sans doute rien à lui offrir.

— Que fais-tu pendant qu’on dresse les barrières ? demanda Mia.

— Je prends des notes sur le prochain point de notre programme, ainsi que quelques astuces pour t’aider à améliorer ta technique de barrière.

— Tu arrives à te concentrer sur tout ça ? Moi, je suis déjà débordée rien qu’avec l’incantation du sort !

— Je suppose que j’en ai pris l’habitude. Les journées sont trop courtes, alors je suis obligée de faire plusieurs choses à la fois.

Une Sainte devait tout donner pour le bien de son royaume. Ses tâches étaient innombrables. Mais je ne pouvais pas me dédoubler, alors, pour en faire le plus possible, j’avais appris à faire plusieurs choses en même temps. Ces derniers temps, j’avais même commencé à étudier l’architecture et la médecine, ainsi que d’autres disciplines susceptibles d’être utiles au royaume.

— Tu es incroyable, Philia ! Maintenant je me sens un peu coupable. Je croyais que le travail d’une Sainte se limitait à lancer des barrières et exterminer des monstres.

— C’est un bon point de départ. Tu es très douée, tu finiras par me dépasser en un rien de temps.

— Je ne peux pas y croire.

Mia me flattait par gentillesse. En vérité, elle était bien plus remarquable que moi. Elle possédait un talent incommensurable, et pourtant, elle me regardait avec tant d’admiration.

Que pouvais-je faire pour cette sœur qui me mettait sur un piédestal ? Cette question ne quitta pas mon esprit tout au long de notre première journée de travail en tant que Saintes.

— Philia, tu es la meilleure ! Je l’ai toujours su. Je te promets qu’un jour, je deviendrai une Sainte comme toi !

— Mia, tu…

À ce moment-là, il m’aurait été facile de me dévaloriser. Mais en le faisant trop, je ne pourrais pas l’inspirer à atteindre son immense potentiel.

Et donc, ce jour-là, je pris une décision : celle de marcher d’un pas ferme et déterminé devant ma sœur, aussi souvent que possible. Je donnerais tout, chaque jour, pour mon unique et précieuse sœur…

En tant que Sainte, je me fis la promesse de lui montrer ce que signifiait la perfection.

— La prochaine fois que tu auras du temps libre, allons à l’opéra ensemble !

Le sourire éclatant comme le soleil, ma petite sœur me prit la main et s’élança joyeusement devant moi.