RoTSS T12 - prologue
Prologue
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Traduction : Raitei
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Après leur visite chaotique au domaine des McFarlane, la Rose des Lames fit une brève halte à la maison familiale de Pete, signe de la fin du voyage. Puis les huit membres du groupe firent une dernière halte à la maison de Guy.
— Passe-moi le vinaigre !
— Cliff, ne monopolise pas !
— Pourquoi pas ? Premier arrivé, premier servi !
— On a des invités, crétin !
— Oui, oui, tenez-vous bien, les enfants. La nourriture ne va pas s’envoler !
La ribambelle de frères et sœurs de Guy rendait la table du dîner tapageuse, mais la voix de sa mère dominait le brouhaha. Des poêles en lévitation acheminaient un plat après l’autre depuis la cuisine, déversant leur contenu sur des grands plats, en évitant de justesse que les mets se mélangent. Laissées intactes, les montagnes de nourriture s’accumuleraient vite, mais les appétits d’enfants mages affamés soutenaient sans peine la cadence. La simple vue de ce festin pouvait rassasier, et Pete paraissait légèrement dépassé.
— … C’est exactement comme j’imaginais chez toi, Guy, dit-il.
— Épargne-moi ça. S’ils t’embêtent, n’hésite pas à les envoyer balader.
— … Hé, hé…
— C’est quoi, ça, Chela ?
— C’est si différent de ce à quoi je suis habituée. Les McFarlane ne sont pas réputés pour leurs repas de famille animés.
Elle attaqua la cuisine simple de la maison, manifestement ravie. Oliver lui jeta un bref coup d’œil ; la mère de Chela les avait assurément tous tenus occupés, mais ils n’avaient rencontré aucun autre membre de sa famille. Elle n’en parlait d’ailleurs guère, à part Stacy, qui faisait clairement exception. Être l’héritière désignée d’une famille de grand renom l’avait laissée singulièrement isolée. Oliver le sentait, mais n’osait pas encore creuser davantage.
— C’est bon, hein ? De la cuisine de ferme toute simple, mais avec ce qu’il y a de meilleur. Tous ces légumes viennent des champs d’à côté ! dit Mrs. Greenwood.
— … Hm. Il y en a encore.
Le père de Guy était un homme de peu de mots, à l’opposé de l’intarissable mère de Guy, mais il se tenait à ses côtés, préparant les ingrédients si vite que son bras disparaissait à partir du coude. Guy se renversa sur sa chaise, un sourcil levé vers eux.
— Tu pourrais être un peu plus aimable, papa ! J’ai ramené mes amis à la maison !
— … Hm, d’accord. Je vais chercher ma guitare ?
— Hors de question ! T’es nul ! Pourquoi tu tiens toujours à jouer devant les gens ?!
Guy secoua la tête et se renversa en arrière, au-dessus de la table.
Nanao avait englouti la nourriture aussi vite que n’importe lequel des enfants, quand elle sentit qu’on tirait sur sa manche. Elle se figea, la fourchette encore en main, et baissa les yeux pour découvrir un garçon qui la regardait, quatre ou cinq ans tout au plus.
— Hm ? Je peux t’aider ? demanda-t-elle.
— Apprends-moi des sorts ! exigea le petit.
Guy fit pivoter sa chaise de ce côté.
— T’es pas prêt, Colin ! T’as même pas encore ta première baguette !
— Mais je veux aller à Kimberly maintenant !
— Absolument pas ! dit leur mère en prenant son petit dans ses bras. — Un garçon dans cet endroit dangereux, c’est bien suffisant. Si tu veux vraiment y aller, il faudra d’abord grandir, puis te battre contre moi pendant un mois d’affilée. Comme ton frère l’a fait.
En face de Nanao, Katie poussa un drôle de bruit.
— … Guy, tes parents ont essayé de t’empêcher d’aller à Kimberly, toi aussi ? demanda-t-elle.
— Hm ? Ouais, je suppose. Je ne compte plus le nombre de fois où on en est venus aux prises.
— Et pourquoi pas ?! On veut qu’il reprenne la ferme, pas qu’il aille dans un endroit pareil, répliqua la mère.
— Comme je l’ai dit, je suis à fond dans les espèces anciennes et disparues. Kimberly a les deux ! Des graines rares, des fossilisées aussi, et c’est le seul endroit où les élèves peuvent mettre la main sur ce genre de trucs.
— Hmpf. Si ça devient trop pour toi, tu n’as qu’à le dire. On a déjà rempli les formulaires de transfert.
— Ouais, ça n’arrivera pas… même si, sans mes amis, ça aurait pu.
La seconde moitié de la phrase de Guy s’éteignit dans un marmonnement.
La mère de Guy soupira et jeta un coup d’œil aux visages des élèves de Kimberly.
— Têtu comme moi. Il est à toi, Oliver. On dirait que même notre garçon à la tête dure t’écoute, toi.
— Vraiment ?
— Ses lettres le disent assez. On sait à quel point vous êtes proches, et combien il te respecte.
— M’man ! se plaignit Guy en se soulevant à moitié de sa chaise.
Chela lui adressa un grand sourire.
— Un peu tard pour ça, Guy, dit Pete. — Tout le monde sait combien tu adores Oliver.
— Et c’est toi qui dis ça, Pete ?
— Moi aussi, je l’aime ! s’écria Nanao, décidée à ne pas se laisser dépasser.
Elle avait levé la main.
— Et ça se voit au premier coup d’œil, dit la mère de Guy en riant. — Tu dégages une chaleur de plat qui sort tout juste du four. Vous avez besoin de chambres séparées ?
— Ils n’en ont pas besoin, dit Teresa.
— Teresaaaa ! Tu n’as même pas hésité ! se lamenta Katie en jetant à la fille au bout de la table un regard envieux.
Du haut de sa stature, la tête presque au niveau des poutres, Marco réprima un sourire.