Sword V1 Chapitre 2


Homme et Démon (2)

—————————————-
Traduction : Calumi
Correction : Vrael / Raitei / Vwyr
———————————————–

Le souvenir de cette nuit-là s’estompe au fil des années. Mais même aujourd’hui, je me rappelle qu’il pleuvait. Jinta termina son rapport à Itsukihime, et rentra chez lui pour la première fois en deux jours, heureux de commencer une nouvelle journée. Sa maison n’était pas loin du pied de la colline où se tenait le sanctuaire. Un toit en paille surmontait des murs de pisé renforcés d’écorces de cèdre, comme les maisons étaient construites depuis longtemps. Il y avait un espace en terre battue qui servait à la fois d’entrée et de cuisine, un espace avec des planchers en bois, un irori [1] et deux pièces tapissées de tatamis. Ce n’était pas une grande maison, loin de là, mais c’était bien plus que ce dont lui et sa sœur avaient besoin pour vivre. Il avait reçu cette maison lorsqu’il avait accédé à la position de gardien du sanctuaire à l’âge de quinze ans, et c’était la même maison que celle où ils avaient vécu avec Motoharu et Shirayuki.

— Suzune, réveille-toi. C’est déjà le matin.

Jinta secoua légèrement sa sœur qui ronflait. Au lieu de se lever, Suzune s’obstina et se roula en boule. Ce geste enfantin lui réchauffa le cœur. Depuis toutes ces années qu’ils vivaient ensemble, les difficultés de sa sœur à se lever n’avaient pas changé. En fait, essayer de la réveiller était devenu l’un de ses rares plaisirs. Il la contempla dans son sommeil et repensa à ses souvenirs. Tous deux étaient nés dans une famille de marchands assez aisée d’Edo et avaient grandi sans manquer de rien. Cependant, leur mère était morte en donnant naissance à Suzune, leur père les avait donc élevés seul. Malgré cela, le père de Jinta avait toujours trouvé le temps, entre la gestion de son magasin, pour jouer avec lui et lui préparer son plat préféré : des isobe-mochi grillés avec de la sauce s oja et enveloppés dans des algues.

Le père de Jinta avait été strict, et un homme sérieux lorsqu’il s’agissait de travailler, mais ce dernier le savait être un père bienveillant. Malgré tout, cela n’avait pas été suffisant pour le faire rester car la gentillesse de son père ne s’étendait pas à Suzune.

— Cette chose n’est pas ma fille.

Ce que leur père ressentait à l’égard de Suzune ne pouvait être décrit que comme de la haine. Il lui faisait du mal, il la maltraitait. À cet âge, Jinta ne pouvait pas blâmer son père pour son attitude, car ce dernier voyait en Suzune celle qui avait tué sa mère. Alors Jinta faisait de son mieux pour donner à sa sœur un peu de répit, de toutes les façons possibles. Suzune s’était attachée à Jinta, le seul à lui témoigner de l’affection. Leur père l’avait réprimandé pour cela, mais il ne cessa jamais de s’occuper d’elle, restant à ses côtés pour qu’elle ne subisse pas d’autres mauvais traitements. Jinta aimait sa sœur et son père. Il essayait de maintenir un semblant de ce qu’il pensait être une famille, même s’il n’était qu’un enfant. Mais c’était peine perdue.

— Ce monstre est parti. Il ne reviendra plus jamais ici.

Le visage haineux de son père, lorsqu’il prononça ces mots en cette nuit pluvieuse, était si différent du regard sévère, mais doux qu’il avait avec Jinta. Il avait abandonné Suzune sans remords. Il l’avait frappée, lui avait donné des coups de pied, lui avait dit des choses odieuses, puis l’avait jetée dehors. Il ne l’avait jamais considérée comme sa fille. Jinta aimait son père, mais il ne pouvait plus faire abstraction de ce qu’il avait fait. Il courut donc après Suzune et partit avec elle. Même sous la pluie, sans endroit où aller, il savait qu’il voulait rester à ses côtés jusqu’à la fin. C’est ainsi qu’ils quittèrent leur ville natale pour se retrouver dans le village de Kadono, treize ans auparavant. De retour dans le présent, Suzune marmonna :

— Encore un peu…

Jinta ne put s’empêcher de sourire en constatant qu’elle pouvait se permettre de faire la grasse matinée. Leur vie à Kadono était paisible, bien plus que leur vie à Edo. Sa décision de quitter Edo avait été prise sur un coup de tête, mais ce fut pour le mieux. Mais une inquiétude le taraudait.

— Tu n’as pas changé. Pas le moins du monde !

Il passa ses doigts dans ses cheveux auburn, comparant son apparence actuelle à celle qu’il avait dans ses souvenirs. Elle n’avait pratiquement pas changé depuis leur arrivée à Kadono. Même après treize ans, elle donnait toujours l’impression d’avoir sept ans.

Il regarda sa sœur endormie, toujours aussi jeune, et dit :

— Bon, il est temps de se réveiller pour de bon.

Il la secoua plus fort cette fois-ci, ce qui la réveilla enfin.

— Mhn… Bonjour, Jinta.

Elle se redressa lentement, encore assoupie, en balançant la tête de haut en bas. Il lui donna une pichenette sur le front.

— Va te laver la figure pour te réveiller. Le petit déjeuner est prêt.

— Okaaay.

Toujours dans les vapes, Suzune se leva de son futon et se dirigea vers la cuisine d’un pas chancelant. Jinta la regarda arriver en titubant et poussa un soupir joyeux. Pour eux, une matinée comme les autres.

— Tu ne devais pas y aller en avance aujourd’hui ?

— Non, j’ai jusqu’à midi avant de devoir me rendre au sanctuaire.

— Vraiment ? He he he, yay !

Ils prirent un petit déjeuner simple composé d’orge, de riz bouilli et de légumes marinés. Ensuite, Jinta prépara ses affaires. Un messager devait venir au sanctuaire ce matin, alors on lui avait dit de se présenter au moment où le soleil atteignait son zénith et non pas plus tôt, comme il le faisait d’habitude. Grâce à cela, il profitait d’une rare matinée de détente. Heureuse d’avoir plus de temps à passer avec lui, Suzune grimpa sur les genoux de Jinta et s’appuya contre lui. Il trouvait cela absolument adorable et s’arrêtait de temps en temps pour lui caresser les cheveux et la regarder.

— Hm ? J’ai quelque chose sur le visage ?

Elle se retourna et sourit. Le pansement qui couvrait son œil droit s’était légèrement détaché.

— Ton bandage est défait.

— Ah…

Elle arrangea rapidement le bandage.

Depuis Edo, elle avait gardé son œil couvert. Pendant longtemps, Jinta ne comprit pas pourquoi, jusqu’à cette nuit de pluie fatidique. Il s’en souvenait encore aujourd’hui : la vue de sa jeune sœur sous une pluie torrentielle, abandonnée par leur père, sans nulle part où aller.

Ne t’en fais pas. Je suis heureuse tant que tu es à mes côtés.

Elle lui avait souri à ce moment-là, malgré toute la douleur qu’elle endurait. Mais il vit aussi autre chose. La pluie avait mouillé son bandage et, alors qu’il se défaisait, il entrevit la véritable cause des abus infligés par leur père. Jinta était certain de ce qu’il avait vu. L’œil droit de Suzune était rouge. Elle arrangea son bandage et regarda Jinta avec inquiétude.

— C’est mieux là ?

— Oui.

Les yeux rouges constituaient la preuve de la nature démoniaque d’une personne. Suzune avait compris que son père l’avait maltraitée à cause de son œil droit rouge, et c’est pourquoi elle l’avait caché, même après avoir quitté Edo. Cela n’avait pas d’importance maintenant. Les deux vivaient à Kadono depuis de nombreuses années, mais Suzune avait encore l’apparence d’une enfant. Ça, ainsi que son œil caché, suffisaient aux autres pour saisir sa véritable nature. Et pourtant, aucun des villageois n’en avait jamais parlé. Ni le chef du village, malgré sa sévérité, ni Kiyomasa, dont l’arrogance n’était pas à prouver.

— Nous sommes vraiment bénis tous les deux, déclara Jinta.

Kadono était devenu un endroit où ils pouvaient vraiment se sentir chez eux. Le village avait fini par les accepter, lui, un étranger, et elle, une fille au sang de démon. Il ne ressentait que de la gratitude envers Motoharu pour les avoir amenés ici, ainsi qu’envers Yokaze, pour les avoir accueillis.

— Être avec toi me suffit amplement, Jinta.

Sa démonstration d’affection, peut-être trop directe, était authentique, mais son regard enfantin semblait sonder profondément le cœur de Jinta pendant qu’elle parlait.

— …Mais peut-être serais-tu plus heureux avec la prêtresse ?

— Ngh…

Jinta eut du mal à répondre. Comme il hésitait, Suzune poursuivit.

— Veux-tu l’épouser ?

— Non.

Cette fois, il répondit sans hésiter. Sa réponse n’était pas due à leur différence de statut, mais bien à ce qu’il ressentait vraiment.

— Est-ce parce qu’elle est Itsukihime ? demanda-t-elle.

— Ce n’est pas ça, soupira-t-il. Je suppose qu’il n’y a plus de raison de le cacher, hein ? J’aime Shirayuki. Mais je n’ai pas particulièrement envie de l’épouser.

— Même si tu l’aimes ?

— C’est justement parce que je l’aime.

Suzune fit la moue en signe de frustration. Jinta lui caressa la tête, amusé de voir qu’elle avait l’air encore plus jeune que d’habitude. Il poursuit en disant :

— J’aime Shirayuki. Mais je respecte encore plus Byakuya. C’est tout.

— Je ne comprends pas. Les gens ne sont-ils pas censés vouloir rester ensemble pour toujours avec ceux qu’ils aiment ?

— J’imagine. Mais je ne peux pas vraiment faire ça.

— Mais tu l’aimes quand même ?

— Oui. …Même moi, je trouve ça étrange.

La conversation se termina sans véritable conclusion. Un silence s’installa entre eux et Suzune se mit à trembler légèrement, avant de se blottir contre Jinta, non pas par un besoin d’affection, mais par peur.

— Jinta…

Ils étaient assez proches pour sentir leur chaleur mutuelle, et pourtant, elle semblait si désemparée. Jinta se demandait ce qu’elle pouvait bien craindre.

***

Le fer pouvait être fabriqué en chauffant du sable ferrugineux avec du charbon de bois familièrement appelé charbon de tatara. Il était généralement fabriqué à partir de chênes japonais brûlés jusqu’à ce qu’ils soient partiellement carbonisés. Le charbon de tatara jouant un rôle essentiel dans la fabrication du fer, le village devait en fabriquer de temps à autre. Pendant ces périodes, un épais nuage de fumée surplombait les habitations du village. Combiné aux marteaux des forgerons qui martelaient le fer en rythme, cela voilait le village d’une ambiance étrange.

Même s’il n’était pas impliqué dans la fabrication du fer, les activités du village piquaient la curiosité de Jinta. Du coin de l’œil, il regarda le nuage de fumée s’élever tandis qu’il se dirigeait vers le sanctuaire, sa fidèle épée à la ceinture. Le soleil était presque au zénith, ce qui signifiait qu’il était temps pour lui de commencer son travail. Le cling-clang du fer que l’on frappait résonnait au loin, comme une mélodie à ses oreilles. Cependant, sa bonne humeur fut de courte durée lorsqu’il vit qui se tenait sur son chemin.

— Eh bien, eh bien. Si ce n’est pas Jinta.

Kiyomasa afficha son sourire désagréable habituel. Il brandit un paquet de sa main droite et ricana.

— Tu ne vas voir Byakuya que maintenant ? Ah oui, c’est vrai. Tu es le seul à ne pas avoir été appelé ce matin. Comment ai-je pu oublier ?

— Kiyomasa, essaie au moins de faire attention à ce que tu dis en dehors du sanctuaire. Cela porte atteinte à la prêtresse.

On ne savait jamais où et quand quelqu’un pouvait entendre une conversation. Jinta pouvait passer outre les insultes qui lui étaient adressées, mais il ne pouvait laisser Kiyomasa utiliser directement le nom de leur prêtresse en public.

— C’est bon, elle m’a dit de l’appeler comme ça.

Kiyomasa sourit, sans se laisser impressionner par le regard de Jinta. Il était étrangement de bonne humeur, même si cela ne changeait rien à ses manières désagréables.

— …Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Whoa, whoa, tout doux. Tu n’arriveras jamais à trouver une femme avec une tête aussi effrayante.

Kiyomasa méprisait Jinta depuis leur première rencontre. Il ne savait pas pourquoi, mais il lui arrivait de ressentir de l’hostilité de la part de cet homme. Pour tout dire, Jinta ne se voyait pas également s’entendre avec lui un jour.

— Si tu n’as rien à me dire, je m’en vais.

En tant que gardien du sanctuaire, Jinta agissait aussi calmement que possible, mais il était en réalité assez facile à énerver. Malgré son apparence calme, il en avait assez entendu.

— Oh, j’ai failli oublier. Tiens.

 Kiyomasa lui jeta le paquet. Confus, Jinta le dévisagea avec méfiance.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Juste un peu de manju. Un marchand est passé, alors j’en ai acheté.

Les pensées de Jinta se figèrent. Pourquoi diable un homme comme lui donnait-il du manju ? La logique de la chose le rendait perplexe. Kiyomasa grimaça.

— Ce n’est pas pour toi, idiot, mais pour Suzune-chan. Tu sais bien qu’elle ne sort pas beaucoup.

Jinta ne comprenait toujours pas. Les deux n’étaient pas amis, alors pourquoi Kiyomasa se donnait-il la peine d’offrir un cadeau à sa sœur ? Jinta le fixa longuement, essayant de comprendre ses arrière-pensées. Kiyomasa détourna maladroitement le regard et s’exclama :

— Je veux dire, je suis sûr que Suzune-chan aimerait quelque chose de sucré de temps en temps.

Malgré sa maladresse, on pouvait sentir sa sincérité. Jinta était encore un peu choqué, mais il restait poli pour montrer sa gratitude. Il s’inclina et, à contrecœur, dit :

— Désolé. Je t’en suis reconnaissant.

— Ugh, peu importe. Comme si ta reconnaissance signifiait quelque chose. Assure-toi de lui donner, d’accord ?

— D’accord. Mais pourquoi elle ?

Kiyomasa et Suzune n’interagissaient quasiment pas. Jinta ne comprenait pas pourquoi il faisait tous ces efforts pour elle.

— …Nous sommes semblables, elle et moi. Donc, je comprends sa douleur…bien que je ne puisse pas être aussi fort qu’elle.

Avec cette réponse vague, Kiyomasa passa devant Jinta, le laissant seul avec le manju, toujours confus. Au moment il s’en allait, quelque chose dans son allure donna l’impression à Jinta qu’il était quelque peu démoralisé.

— Ah, vous êtes là.

Au moment où Jinta entra dans le sanctuaire, le chef poussa un soupir de soulagement. Les autres personnages influents du village présents se regardèrent les uns les autres, également soulagés. Jinta trouva leurs réactions étranges, mais s’avança jusqu’à l’écran de bambou et s’agenouilla avant de s’incliner devant Byakuya.

— Votre gardien, Jinta. Présent.

— …Nous vous attendions, dit la voix au-delà de l’écran.

Il ne pouvait pas distinguer son expression, mais sa voix était teintée d’inquiétude. Il avait dû se passer quelque chose. Avec hésitation, Byakuya poursuivit.

— À l’origine, tu devais me protéger ici, mais…

— Mais les circonstances ont changé, dit le chef. L’une des filles du village cueillait des herbes lorsqu’elle a repéré deux personnes qui rôdaient dans la forêt d’Irazu. L’une des deux semble avoir un corps beaucoup plus grand qu’il n’est humainement possible.

L’expression de Jinta se crispa lorsqu’il comprit où le chef du village voulait en venir. Pour un gardien du sanctuaire, peu de choses avaient la priorité sur la garde d’Itsukihime, et l’élimination des créatures qui menaçaient leur village de montagne en faisait partie.

— Nous demanderons à Kiyomasa de garder le sanctuaire, dit Byakuya. Quant à toi, Jinta, tu vas chasser les démons. Va voir s’il y a quelque chose d’inhabituel dans la forêt d’Irazu. Si tu estimes que ce qui s’y trouve constitue une menace pour le village, élimine-la.

Jinta se redressa et laissa cet ordre résonner à travers son corps alors qu’il fixait droit devant lui avec un regard perçant. Il n’y avait qu’une seule réponse à donner, et il la prononça à voix basse, mais avec fermeté :

— À vos ordres. J’assumerai mon devoir de chasseur de démons.

La forêt d’Irazu était le nom local des bois qui entouraient Kadono, en particulier la partie qui s’étendait vers le nord au-delà du sanctuaire. Sa végétation dense constituait une source abondante de plantes des montagnes et de fleurs médicinales. Elle était si abondante que les femmes du village pouvaient s’y rendre et remplir leur panier en un rien de temps. Contrairement à son nom, que l’on pourrait traduire par « forêt interdite », la forêt d’Irazu était un élément essentiel de la vie à Kadono. La raison pour laquelle elle fut nommée ainsi restait un mystère. Selon la légende, Mahiru-sama vivait autrefois dans la forêt sous la forme d’un renard, mais la véracité de cette information était discutable. Quoi qu’il en soit, la réalité était que la forêt d’Irazu était simplement connue des habitants de Kadono comme un lieu de cueillette de plantes sauvages, rien de plus.

— Par ici, Jinta-sama !

Chitose, la fille qui avait aperçu les deux personnes étranges dans la forêt, ouvrit la marche. Jinta fronça les sourcils, envahi par l’odeur de la végétation. L’été battait son plein.

— Nous avons fait un bon bout de chemin, dit-il.

Chitose avait quelques années de moins que Shirayuki, mais elle restait une fille de Kadono, le village métallurgique. Elle avait de l’endurance et son souffle était resté régulier tout au long de leur longue marche dans la forêt. Elle suivait le sentier des animaux sans ralentir.

— Cette zone est propice à la cueillette du mouron blanc… monsieur, dit-elle.

Le mouron blanc est une petite fleur que l’on peut faire bouillir pour obtenir un médicament digestif. Les herbes sauvages étaient indispensables dans un village de montagne comme Kadono, où les apothicaires se rendaient rarement. La cueillette des plantes était généralement l’affaire des femmes.

— J’ai vu les deux silhouettes ce matin quand je suis venue en cueillir. L’une d’elles était plus grande que vous, Jinta-nii, hum… Jinta-sama, et, hum…

Entre sa nervosité et son jeune âge, il n’y avait pas beaucoup d’information à tirer de son explication. Ce qui préoccupait surtout Jinta, c’était le ton qu’elle avait.

— Chitose…reprit-il. Tu n’as pas besoin d’être aussi formelle. Tu peux me parler comme d’habitude.

— Mais je ne peux pas me montrer grossière envers un gardien du sanctuaire.

Jinta soupira. Le gardien de la prêtresse était, comme son nom l’indique, quelqu’un qui protégeait Itsukihime. De fait, c’était aussi le protecteur du village. C’est pourquoi presque tous les villageois, et pas seulement le chef ou d’autres personnalités influentes le traitaient avec respect. Pourtant, cela lui faisait un peu bizarre que Chitose lui donne le titre honorifique de « sama ». Avec un sourire, il dit :

— Je ne verrais pas d’inconvénient à ce que tu m’appelles Jinta-nii comme tu le faisais avant, tu sais ?

— C’est…

Chitose rougit d’embarras. Dans le passé, elle l’appelait « Jinta-nii », utilisant l’expression honorifique un peu enfantine que les enfants utilisent pour les garçons qui étaient proches de leur âge. Elle fut la toute première amie de la timide Suzune et, par la même occasion, l’une de ses connaissances les plus proches. Parfois, Suzune préférait même jouer avec Chitose que de passer du temps avec lui. Aujourd’hui encore, il se souvenait de leur allure lorsqu’elles couraient ensemble. Il s’était senti un peu triste que sa sœur s’attache à quelqu’un d’autre que lui, mais il était aussi heureux pour elle.

— Cela faisait longtemps que nous n’avions pas parlé comme ça, déclara-t-il.

— En effet.

— Tu vas bien ?

— Oui. Ma santé est l’une des rares choses dont je peux me vanter… monsieur.

Cependant, à un moment donné, il avait cessé de voir les deux jouer ensemble. Que s’était-il passé ? Il y pensa et se remémora, en fronçant les sourcils.

Tu es encore si petite, Suzune-chan.

Bien sûr, Chitose avait grandi, mais Suzune, elle était restée une enfant. Se rappelant le sang de démon qui coulait dans ses veines, et ne voulant pas perdre sa première amie, Suzune avait volontairement pris ses distances avec Chitose. D’un ton humoristique, pour ne pas paraître en colère, Jinta dit :

— Oh là là, je suppose que tu me détestes trop pour me traiter comme tu le faisais avant.

— Ce n’est pas… ! Ce n’est pas vrai, mais…

Chitose s’interrompit. Il lui était apparemment trop difficile de le traiter comme elle le faisait auparavant, après tout. Ils avaient cessé de se parler lorsque Chitose et Suzune s’éloignèrent l’une de l’autre. Après toutes ces années, il n’était plus « Jinta-nii » pour Chitose, mais Jinta, le gardien de la prêtresse. Il comprenait maintenant pourquoi Byakuya était aussi vindicative quant à son attitude rigide et stricte.

— Je vois. C’est plutôt inconfortable de ne plus être traité de la manière dont on avait l’habitude.

— Pardon ? dit Chitose.

— Oh, rien. Je me parle à moi-même. Tu m’as mené assez loin. Tu peux faire demi-tour.

Il posa la main gauche sur sa fidèle épée, le pouce contre la garde. En expirant doucement, il se concentra sur son environnement.

La forêt était silencieuse. Aucun insecte, aucune feuille ne bougeait. Silence complet et absolu.

— Tu vas… t’en sortir ? dit-elle.

— Oui. Dépêche-toi avant qu’il ne fasse sombre.

— D’accord, je vais y aller alors.

Sentant certainement que l’atmosphère autour de lui avait changé, ou peut-être simplement parce qu’on lui avait demandé, Chitose se retourna pour partir sans un mot de plus. Cependant, elle s’arrêta après seulement quelques pas.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda Jinta.

La jeune fille se retourna et, avec beaucoup d’hésitation, demanda :

— Um… Suzune-chan va bien ?

C’était une question posée par la Chitose du passé. Comprenant cela, il répondit en tant que « Jinta-nii » et non en tant que gardien du sanctuaire.

— …Oui. Mais elle se lève toujours aussi tard.

Les yeux de Chitose s’écarquillèrent, surpris par la réponse. Avec un sourire très enfantin pour son âge, elle dit :

— Merci beaucoup. Hu-um, je m’en vais pour de bon cette fois-ci !

— Fais attention à toi en rentrant.

— Oui, toi aussi, Jinta-nii, heu… Jinta-sama !

Elle fit un grand signe de la main en partant. Il sourit. Pendant un bref instant, il avait pu retourner dans le passé. Mais sa nouvelle solitude apporta une teinte de tristesse à côté du bonheur qu’il ressentait. Le trio que formait Jinta, Shirayuki et Suzune avait toujours été ensemble dans leur jeunesse, mais avec le recul, il réalisa que Suzune n’était devenue proche d’eux qu’après sa séparation avec Chitose. Comment sa sœur cadette s’était-elle sentie lorsqu’elle s’était éloignée de sa première amie ? Triste ? Seule ? Non. Ces choses étaient faciles à exprimer, mais ce qu’elle gardait au fond d’elle-même était probablement quelque chose qui dépassait tout ce que les mots pouvaient exprimer.

— Pathétique, murmura-t-il.

De nombreuses années s’étaient écoulées depuis cette nuit pluvieuse. Jinta était devenu un peu plus fort, mais il détestait être toujours aussi impuissant pour aider sa propre sœur. Motoharu avait dit un jour, « Rien de ce qui existe n’est immuable », mais Jinta eut le sentiment qu’il n’avait pas changé d’un iota. Il ne parvenait toujours pas à protéger ce qui lui était cher.

Il s’enfonça dans la contemplation, mais réalisa rapidement que ce n’était pas le moment d’être sentimental. Il secoua la tête, chassant les pensées inutiles, puis leva les yeux. En ce début d’été, le nouveau feuillage d’arbres denses masquait le ciel. Des rayons de soleil aveuglants filtraient à travers, et le parfum entêtant des arbres emplissait ses poumons.

Toujours aucun bruit. Pas de stridulation d’insectes. Pas de bruissement de feuilles.

Une forêt bien silencieuse.

Il n’avait pas bougé, mais avait le sentiment d’être dans un monde complètement différent. Sentant que quelque chose n’allait pas, il pressa son pouce contre la garde de son épée, la détachant de son fourreau.

Soudainement, le vent se mit à rugir.

Pendant un bref instant, Jinta crut que le son était revenu dans la forêt, mais en réalité, il s’agissait d’une silhouette de sept shaku, un shaku entier plus grand que Jinta, qui balançait un poing vers lui.

Jinta ne fut pas ébranlé par l’apparition soudaine de l’assaillant. Son visage resta impassible alors qu’il faisait un bond en arrière. Un bruit sourd retentit tandis que le sol s’ébranlait tel un tremblement de terre. L’endroit où Jinta se tenait il y a quelques instants n’était plus qu’un cratère. Alors que la poussière commençait à se dissiper, son assaillant apparut. Un genou à terre, il fixait le sol sans cligner des yeux et déclara :

— J’espérais qu’une attaque-surprise suffirait.

Le panache de poussière se dissipa complètement. Il leva lentement le poing et se releva. Il avait la peau cuivrée, des cheveux détachés en bataille, deux cornes et des muscles.

Sans compter son physique aux proportions inhumaines et une apparence générale grotesque. Bien entendu, le détail le plus révélateur était ses yeux rouges. La créature musclée qui se tenait calmement devant Jinta était, sans aucun doute, un démon.

— Tu ne pouvais pas attendre la nuit avant de me déranger ?

Jinta se permit un sourire en coin, clairement dépité par l’apparence caricaturale de ce démon. Puis il reprit sa concentration, lançant un regard acéré.

— Certes, les esprits ne sont censés agir que la nuit, mais ce n’est pas forcément vrai. Je ne peux pas parler pour la racaille, mais les démons supérieurs comme moi agissent quand bon leur semble.

— Alors, un démon peut se sentir supérieur ?  Je ne savais pas que vous, les bêtes, aviez assez de fierté pour vous soucier de la hiérarchie.

Jinta se moquait, mais ne détacha pas son regard du démon, à l’affût de son prochain mouvement. Le démon était clairement un combattant expérimenté. Même s’il donnait l’impression d’avoir baissé sa garde, il maintenait une distance sécurité entre lui et Jinta.

Un homme qui emmène une femme pour chasser les démons, peut-il parler de fierté ?

Jinta fit claquer sa langue. Le démon devait l’observer depuis un bon moment. Il dit :

— Si tu observais, tu aurais dû attaquer avant que l’on ne se sépare.

Si le démon avait attaqué alors que Chitose était encore là, Jinta n’aurait pas pu esquiver la première attaque aussi facilement. Alors pourquoi ne les avait-il pas attaqués tous les deux ? Le démon se révolta en disant :

— Je ne suis pas si grossier.

Il parut offensé par l’idée, répondant avec une colère brute des plus visible. Il était peut-être prêt à attaquer par surprise, mais il semblait considérer que s’en prendre à une femme était indigne de lui.

C’était étrange.

Les démons avaient une espérance de vie de près de mille ans et étaient naturellement plus forts que les humains. Mais pourtant, les paroles d’un faible humain heurtaient si facilement l’orgueil de ce démon.

— Assez parlé. Plus loin se trouvent nos terres, démon. Fais demi-tour maintenant, dit Jinta, sans baisser sa garde.

Il s’ancra dans le sol. Le démon répondit en serrant les poings.

— Tu pensais que j’allais obéir ?

— Pas vraiment.

Le démon regardait derrière Jinta. Son but devait être Kadono, après tout. Dans ce cas, il n’y avait qu’une seule chose à faire pour le gardien du sanctuaire.

— Cela n’a pas vraiment d’importance. Tu n’iras pas plus loin.

Jinta fit un pas en avant et dégaina son épée, puis recula le pied droit et déplaça sa lame sur le côté, la pointe en arrière. Non pas qu’il s’attendait à ce que ses paroles soient d’une quelconque utilité face à un démon. Ce dernier voulait attaquer Kadono, et Jinta ne pouvait le permettre. L’affrontement était inévitable.

— Moi aussi je préfère qu’on en finisse ainsi.

Ils étaient dans une forêt épaisse, mais par chance, ils se trouvaient dans une clairière assez ouverte pour ne pas restreindre leurs mouvements. Jinta lança un regard féroce et le démon adopta lui aussi une position de combat. La conversation s’arrêta là. Sans crier gare, Jinta prit appui sur son pied gauche et se rapprocha du démon en effectuant une attaque descendante. Sa lame touchant presque son dos, il bondit, ne laissant pas son élan s’arrêter, et abattit sa lame à pleine puissance sur la tête du démon.

N’importe quelle tradition martiale pouvait s’accord sur ce point : il s’agissait d’un mouvement imprudent. Un saut suivi d’un grand balayage laissait une large ouverture. C’était comme demander à être tué. Mais la peau des démons était résistante alors des techniques plus faibles n’auraient pas laissé la moindre égratignure. Pour tuer un démon, il fallait que chaque coup soit le plus puissant possible. Le démon soupira doucement. Il croisa les bras au-dessus de sa tête, bien déterminé à encaisser le coup.

Ne t’avise pas de me sous-estimer, pensa Jinta. La lame qu’il brandissait avait été forgée à Kadono. Il était convaincu qu’elle pouvait pénétrer la peau du démon. Ce dernier, sentant peut-être la confiance de Jinta, abandonna sa garde et recula, mais il était trop tard. La lame de Jinta se planta à un 1 sun[2] (la longueur d’un ongle), dans la poitrine du démon. Du sang rouge jaillit. Il était risible de constater que même les démons avaient du sang rouge.

— …Pas mal.

La blessure ne sembla pas le faire souffrir, et il paraissait même heureux de rencontrer quelqu’un capable de le blesser. Jinta trouvait la confiance du démon irritante. Il s’avança pour frapper à nouveau, mais fut tenu à distance par une succession de coups du démon. Les mouvements du démon étaient sans finesse, se contentant de projeter ses poings vers l’avant, mais Jinta savait qu’il ne fallait pas les sous-estimer. Les démons avaient une force qui dépassait de loin celle de n’importe quel humain. Ses coups pouvaient être mortels, même sans technique.

Jinta appuya sur sa jambe droite et pivota son buste, évitant ainsi un crochet droit du démon. Désormais sur le côté du bras tendu du démon, il prépara un autre coup vertical. Cette fois, son épée suivit le chemin opposé, vers le haut. Pour compenser le manque d’élan, il se prépara à faire pivoter son torse pour obtenir un effet de levier. Il ajusta sa lame, parallèle au bras du démon, en visant la base de ce dernier. C’est alors qu’il vit quelqu’un d’autre du coin de l’œil.

Pas si vite.

Une femme en kimono fit son apparition projetant une jumonji yari [3] en direction des yeux de Jinta, le forçant à esquiver. Jinta décala son corps vers la gauche avec difficulté, sa lame manquant le bras du premier démon. Il retrouva rapidement son équilibre et recula.

— C’était moins une, hein ?

La femme avait des yeux rouges et une peau d’une blancheur fantomatique.

— C’est donc toi le deuxième démon.

Dit Jinta en faisant claquer sa langue. On lui avait dit que deux silhouettes avaient été aperçues dans la forêt, alors quand le premier démon était apparu, il aurait dû se douter que l’autre était dans les parages. Il n’avait pas prêté attention à son environnement, laissant une occasion parfaite de lui filer entre les mains. Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.

Merci pour le sauvetage, je suppose. Mais les mouvements de ce garçon à l’instant… Est-il vraiment humain ?

Les deux démons semblaient se connaître. Peut-être étaient-ils amis ?

— Va savoir. Peut-être qu’il est en train de devenir un esprit après avoir passé tant de temps avec l’une des nôtres. C’est quoi son nom déjà ? Suzune-chan ?

Le sang de Jinta se mit à bouillir en entendant la voix grinçante de la démone mentionner sa sœur. Sans même penser à leur demander comment ils connaissaient le nom de Suzune, il interrompit leur conversation et cracha un :

— Vraiment ? Alors meurs !

Ses pieds s’étaient déjà enfoncés dans la terre avant que les mots ne sortent de sa bouche. Avec une rage meurtrière palpable, il balança sa lame vers le cou de la démone. Mais sa frappe était bien trop lente et prédictible.

— Hmph.

Son épée fut bloquée avec facilité, déviée de sa trajectoire comme une vulgaire mouche. Jinta grinça des dents, furieux de ne pas avoir tué la démone. Se rendant compte de son emportement, il recula et prit une profonde inspiration pour apaiser sa colère, mais le calme ne revenait pas. Il fixa la démone avec rage et lui dit :

— Retire ce que tu as dit. Suzune n’est pas l’une des vôtres. C’est ma sœur !

— Ooo, j’ai si peur. Tu as plus l’air d’un démon que moi ! Oh, mais j’admire vraiment l’amour que tu portes à ta sœur, plaisanta la démone, ignorant royalement la soif de sang de Jinta.

Le démon musclé semblait également indifférent, ne lui prêtant aucune attention et s’adressa plutôt à son compagnon démoniaque.

Alors, comment ça s’est passé ?

— Parfaitement, bien sûr. Je l’ai vue de mes propres yeux. Son visage ressemble exactement à ce que j’ai vu. En fait, je suis assez rassurée. J’ai beau l’avoir déjà vue avec mon propre pouvoir, c’est toujours aussi difficile à croire.

— Il n’y a aucune chance que ta clairvoyance se trompe. J’ai une confiance totale en tes capacités. Ce en quoi je n’ai pas confiance, en revanche, c’est que tu restes concentrée sur ta tâche sans tirer au flanc.

— On est où là ? Vraiment chelou. T’as cru t’étais mon père ?

Les deux démons se taclaient en toute tranquillité devant Jinta. Non, en y regardant de plus près, la seule qui n’était pas sur ses gardes était la démone. L’autre observait Jinta, le dissuadant d’agir par son simple regard et en ajustant continuellement sa posture.

— Chelou ? Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda le démon musclé.

— Ça signifie “vraiment bizarre”, apparemment. Avec ma clairvoyance, j’ai vu des démones dire ça. On les appelle Yamanba [4]. Elles avaient la peau bronzée, de la peinture blanche autour des yeux et des vêtements raffinés.

— Huh. Ces démons ont donc développé leur propre dialecte ? Intéressant.

Pas vrai ? Elles sont même capables de se déplacer pendant le jour. Elles doivent être des démones supérieures dotées d’une grande intelligence.

Absorbés dans leur conversation, les deux démons continuaient d’ignorer la présence de Jinta. C’était au bénéfice de Jinta qui avait gagné le temps de se ressaisir.

Calme-toi. Tu ne pourras pas vaincre ces deux-là si tu es dans tous tes états, se dit-il en apaisant sa respiration. Il fit un pas en avant et les pointa de son épée.

— Trêve de bavardages. Dites-moi ce que vous cherchez tous les deux. Qu’est-ce qui vous amène à Kadono ?

Il ne s’attendait pas à recevoir une réponse pertinente. Il voulait gagner du temps pour se concentrer à nouveau. À sa grande surprise, le démon musclé répondit :

— Un avenir. Nous voulons un avenir pour nous, les démons.

Son expression était sérieuse, et il ne donnait pas l’impression de mentir. Cela ne fit qu’embrouiller encore plus Jinta. Il s’apprêtait à demander des précisions lorsque la démone bâilla.

Allez, on se tire. On a ce qu’on est venus chercher.

Elle étira ses bras, puis posa sa lance sur l’épaule. Sans attendre de réponse, elle fit une rotation sur ses talons avant de s’éloigner. Le démon musclé, imperturbable, dit :

— Très bien. Humain, si tu veux en savoir plus viens nous trouver. Pour l’instant, nous séjournons dans la grotte au fond de la forêt.

— Vous me croyez assez stupide pour tomber dans votre piège ?

Tu es libre de croire ce que tu veux, mais sache que contrairement aux humains, les démons ne mentent pas.

Avec un sourire triomphant, le démon s’éloigna. Jinta ne tenta pas de les arrêter. Non pas qu’il aurait pu le faire s’il l’avait voulu. Il était trop imprudent de se battre contre les deux à la fois. Il était satisfait qu’ils s’en aillent. Ils cherchaient à entrer dans Kadono pour une raison inconnue, peut-être pour Byakuya ou Yarai, comme l’avait suggéré le chef du village, ce qui signifiait qu’ils allaient probablement revenir.

Lorsqu’ils le feraient, Jinta allait devoir mettre sa vie en jeu pour les combattre à nouveau.

Il n’avait pas peur…

Tel était le chemin qu’il avait choisi.

Il ne comptait pas rompre son serment. Mais cela ne signifiait pas que le chemin à suivre n’était pas dangereux.

— Je suis encore trop faible, dit-il en soupirant.


[1] L’irori (囲炉裏, 居炉裏 ou いろり?) (foyer, cheminée, en japonais) est un type de foyer-âtre domestique d’habitat japonais ancestral traditionnel.

[2] 1 sun = 0,1 shaku = 3,03cm.

[3] Lance japonaise à trois pointes.

[4] Une sous-culture de la mode qui existe dans le Japon d’aujourd’hui et qui ne ressemble en rien aux sorcières des montagnes yamanba, d’où le terme est originaire.

—————————————————
<= Précédent // Suivant =>
———————————————