Le prix de la victoire
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Traduction : Lost
Correction : Kenshiro
Q-check : Nova, Raitei et Ayano the best
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L’examen spécial du consensus et le week-end étaient passés pour laisser place au 20 septembre. Le début de la semaine commençait. Je me réveillai vers 6h30, allumai la télé et commençai à préparer mon petit déjeuner. Encore un autre lundi qui arrivait, mais le quotidien qui m’attendait allait certainement être différent de la semaine dernière. Il n’y avait pas à beaucoup réfléchir pour savoir pourquoi.
D’une manière générale, il y avait deux problèmes majeurs. Tout d’abord, les révélations explosives d’une Kushida acculée avaient brisé quelque chose dans les relations entre les élèves de notre classe.
Ensuite, le fait que nous soyons revenus sur notre idée d’expulser le traître, c’est-à-dire Kushida, ce qui a ébranlé la confiance de la classe envers Horikita et moi. Pour rappel, la motion 5 suggérait, en échange de l’expulsion d’un camarade de classe, l’obtention de 100 pc. Pour que chaque élève change son vote afin de voter en faveur de la motion, je leur avais promis que nous n’expulserions que le traître. J’avais ensuite executé mon plan en utilisant ce que j’avais préparé jusqu’ici pour pousser Kushida dans ses derniers retranchements, la forçant à avouer qu’elle était la traîtresse pour la conduire à l’expulsion.
Alors qu’il y avait des élèves qui la défendaient, parce qu’ils l’aimaient ou voulaient croire en elle jusqu’à la fin, elle montra sa vraie nature et commença à révéler les secrets de la classe au grand jour. Ce fut ainsi qu’elle perdit définitivement leur confiance.
Et alors que je n’étais qu’à un pas de la conduire à l’expulsion, un évènement inattendu fit son apparition : Horikita Suzune affirma que Kushida était une personne essentielle pour la classe même si elle était l’une des premières à connaître toute la vérité. Ainsi elle s’était à ma grande surprise, totalement opposée à l’idée d’expulser Kushida, allant jusqu’à la défendre.
Dans le peu de temps qu’il nous restait, les seules options que nous avions étaient soit de laisser Kushida et subir la pénalité de 300 pc pour avoir échoué à l’examen, soit de réussir l’examen en expulsant quelqu’un d’autre.
La confiance de la classe envers Horikita avait en tout cas pris un sérieux coup car elle avait changé le cours des choses et je n’y faisais pas exception car j’avais orienté l’expulsion sur quelqu’un d’autre.
Entre ceux qui avaient vu la coqueluche de la classe se briser en mille morceaux, ceux qui se méfiaient des autres au vu des secrets révélés, et enfin ceux qui avait vu leur amie partir … La situation était grave et les causes interminables.
Mais, les révélations et leurs conséquences n’étaient pas une grande préoccupation car j’avais anticipé cela dès le début. C’était un mal nécessaire et inévitable pour briser une personne intouchable comme notre Kushida. Il était normal pour la classe de considérer cela comme une situation négative mais c’était une étape à franchir pour le changement pour permettre potentiellement à tout le monde de grandir.
De toute la promo, nous étions les seuls à avoir expulsé un élève. Nos camarades étaient profondément meurtris mais en contrepartie, nous avions gagné des points de classe.
Non… il était très important pour nous de changer de perspective. Au lieu de penser que nous avions pris un coup dur et de se laisser aller, nous devions envisager l’avenir. C’était justement pour que cette blessure ne soit pas vaine qu’il nous fallait considérer cela comme une opportunité de renforcer nos liens. En faisant cela, la classe de Horikita pouvait devenir encore plus forte.
Combien d’éléments de notre classe avaient compris cela ? Ils ne devaient en tout cas pas s’enfuir mais affronter ce problème de front. L’examen spécial n’était pas tout à fait fini pour nous… Nous devions composer avec le poids et la valeur de ces 100 pc. C’était l’occasion parfaite de réfléchir à nos propres actions. Bien sûr, si les choses restaient telles qu’elles étaient, il y avait la possibilité que la classe s’enlise, nous devions donc faire attention. Toute négligence pouvait étendre davantage la plaie.
Après le petit déjeuner, je vérifiai mon téléphone d’une main tout en me brossant les dents. Il semblait qu’il n’y avait pas eu de nouveaux messages depuis minuit.
Moi — Mais, quand même…
Le résultat de l’examen n’était pas celui que j’avais prévu à l’origine. J’avais clairement été pris de cours. Logiquement, objectivement, raisonnablement, il n’aurait pas dû y avoir d’autre choix que d’expulser Kushida, qui s’était obstinément attachée à son vote Contre, jetant la classe dans le désarroi. J’avais déterminé que l’expulser était la solution avec le moins de conséquence pour la classe afin de pouvoir se concentrer rapidement sur le Festival sportif.
Selon moi, ne pas expulser la traîtresse Kushida Kikyô était une décision irrationnelle de sa part. Malgré tout, j’avais décidé de la soutenir en pointant Airi. Autrement dit, j’avais mis mes talents au service d’un jugement erroné, chose que je n’aurais jamais faite avant. Pourquoi avais-je décidé de la suivre à ce moment-là ?
Horikita Suzune était, d’une certaine manière, très attachée à Kushida. Dire qu’elles étaient des amies proches aurait été tout à fait incorrect, mais il était indéniable que pour Horikita, Kushida était une personne spéciale. Vouloir empêcher quelqu’un de spécial pour soi d’être expulsé était naturel, mais pas au détriment d’autres personnes. Après tout, cela pouvait être perçu comme un abus de pouvoir.
Prenons par exemple le point de vue de Haruka, une amie proche d’Airi, pour bien illustrer ça. Pour Haruka, la personne qui avait continué à voter pour l’expulsion d’un camarade de classe, c’est-à-dire Kushida, aurait dû être expulsée. Horikita et moi avions promis de faire de l’expulsion de ce mal la prémisse d’un futur pour la classe. C’est pourquoi elle avait également changé son vote lors de la motion. Et pourtant, elle avait dû payer le prix de la préférence de Horikita pour Kushida, par l’expulsion de son amie proche. Comment avoir confiance après une telle trahison ? Un « Faisons de notre mieux maintenant <3 » n’allait sûrement pas avoir l’effet escompté.
Cependant, il ne fallait pas oublier que ce n’était pas non plus un choix facile à faire pour Horikita. Lors de l’examen spécial elle avait été forcée de prendre une décision difficile. En déclarant son soutien à Kushida, elle avait accepté les conséquences. Cette décision aurait été impossible à prendre pour la plupart des élèves. Sachant très bien qu’elle allait être méprisée pour favoritisme, Horikita croyait toujours que garder Kushida était bénéfique pour la classe.
Moi — Là, maintenant, je suis vraiment incapable de dire si elle a fait le bon choix…
Avant la tenue de l’examen spécial du consensus, il était évident que Kushida apportait plus à la classe qu’Airi. On pouvait même dire qu’après avoir révélé sa vraie nature, elle avait toujours de l’avance sur Airi, mais à tout moment cette avance allait certainement diminuer. En plus de cela, je n’avais pas l’impression que cela avait donné à Kushida des envies de repentir… Il était donc probable qu’elle ne coopère pas avec la classe de sitôt.
À ce stade, il n’y avait absolument rien soutenant l’idée que garder Kushida allait nous aider. Les prévisions de Horikita à son sujet n’étaient pas fondées. En tout cas, ça n’allait pas être si automatique qu’elle le pensait. Il n’y avait qu’une seule raison pour laquelle j’avais soutenu Horikita malgré tout, c’était parce que je voulais voir son évolution. La direction dans laquelle elle se développait et où cela allait nous mener.
Des actions que ma personne, Ayanokôji Kiyotaka, n’entreprendraient jamais, où pouvaient-elles mener ? Je voulais voir ce qui allait se produire en laissant Kushida dans la classe. Cela allait-il permettre à Horikita de s’emparer de la classe A, prouvant que ce choix était le bon ? Ou cela allait-il détruire la classe ? Ou alors… Cela allait-il conduire à un autre changement inattendu ? Quant à moi, je m’attendais à des conséquences plus sournoises, entre autres.
D’un seul coup, je vérifiai l’OAA sur mon téléphone et le nom de Sakura Airi avait déjà disparu de la liste des élèves de notre classe. C’était comme si elle n’avait jamais existé. Je rangeai mon téléphone dans ma poche droite, pris mon sac et me dirigeai vers l’entrée.
Outre notre situation, il y avait des événements dans les autres classes qui avaient piqué mon intérêt.
Tout d’abord, Ryuuen et Sakayanagi avaient choisi de s’affronter lors de l’examen de fin d’année. Il était naturel pour Ryuuen de choisir la classe A et de voler leurs points, mais Sakayanagi ? Elle n’avait rien à gagner à affronter la dernière classe au classement. Était-ce parce qu’elle était alliée à Ichinose ?
Ou avait-elle décidé que détruire Ryuuen était la meilleure chose à faire ?
La promesse entre Sakayanagi et Ryuuen y était-elle pour quelque chose ? Il valait mieux que nous restions également sur nos gardes de ce côté-là. Certes, notre classe avait abouti à une issue pas si défavorable mais tout était encore si incertain.
Je quittai alors ma chambre et me déplaçai pour sortir du dortoir. Dans le hall à l’extérieur de l’ascenseur, une silhouette familière était assise sur le canapé, elle attendait sûrement quelqu’un. Elle m’avait jeté un coup d’œil, mais elle ne semblait pas vouloir se lever. Mais, peut-être parce qu’il n’y avait personne autour, après un bref délai, elle se leva et s’approcha de moi.
Moi — Tu attends Kushida ?
Avant qu’elle ne puisse parler, j’avais commencé par ça. Elle s’étouffa un instant et répondit :
Horikita —On dirait que tu as vu clair en moi. Oui. Au cours du week-end, je suis allée plusieurs fois devant sa chambre, mais…
Il semblait qu’elle essayait de rallier Kushida à sa cause, mais n’avait pas encore pu établir de contact. C’était probablement parce que pour Kushida, cela avait dû être la plus grosse humiliation de sa vie. C’était sûr qu’elle n’allait pas vouloir revoir Horikita si peu de temps après. Horikita attendait probablement ici depuis ce matin.
Le plus inquiétant était que les cernes sous les yeux de Horikita permettaient facilement de dire qu’elle ne dormait pas assez.
Moi — On dirait que tu es inquiète pour Kushida.
Horikita — Eh ? Ahh, ce n’est pas ça. Mis à part mon manque de sommeil, c’est pour une autre raison. Elle n’a pas quitté sa chambre une seule fois. Je lui ai rendu visite plusieurs fois mais elle faisait semblant de ne pas être là. Elle s’est vraiment enfermée là-dedans. Malgré cela, je voulais la rencontrer quoi qu’il arrive, donc j’ai tenu bon mais…
Moi — Elle est terrée là-dedans, c’est ce que tu veux dire ?
Donc tu attends à sa porte tous les jours ?
Même si ce n’était que le week-end, tenir le coup de l’aube jusqu’au crépuscule était quelque chose.
Horikita — J’ai continué à sonner à la porte et à l’attendre, mais elle n’a même pas fait de bruit.
Il n’aurait pas été surprenant que Kushida stocke suffisamment de nourriture dans sa chambre pour se confiner deux à trois jours.
Horikita — Je devrais faire attention, n’est-ce pas ? Cela ne nous aiderait pas si les autres classes découvraient que Kushida-san ne quitte pas sa chambre.
Elle devait être sur ses gardes, faire attention à chaque personne qui descendait le couloir. C’était un week-end difficile pour elle. Une élève ordinaire perdrait probablement face à la ténacité de Horikita, mais Kushida était Kushida. Elle n’avait même pas montré la moindre sympathie.
Horikita — Après tout ce qui s’est passé l’autre jour, elle ne peut plus continuer comme avant.
Moi — Depuis que tu as fait le choix de garder Kushida, il est évident que tu dois te donner corps et âme pour que ton choix soit justifiable.
Horikita hocha la tête avec détermination, mais ce n’était pas comme si elle n’avait pas ses propres pensées à ce sujet.
Horikita — Quant à toi, comment s’est passé ton week-end, Ayanokôji-kun ?
Bien sûr, par-là, elle évoquait la situation du groupe Ayanokôji. Puisque j’avais choisi Airi, du point de vue de Horikita, elle-même se doutait bien que ça n’allait pas être sans incidence sur mes relations.
Moi — J’ai parlé avec Keisei et Akito, mais c’est à peu près tout.
Même si nos conversations ne portaient jamais spécifiquement sur Airi. Ce n’était pas qu’ils ne pouvaient pas aborder le sujet, mais qu’ils ne savaient pas comment le faire. Quant à Haruka, je ne pouvais voir son indicateur « lu » sur aucun de mes messages. Je ne savais pas grand-chose sur le fonctionnement de l’application, mais elle aurait certainement pu me bloquer ou quelque chose du genre sans quitter le groupe.
Horikita — Tu n’as pas encore pu parler à Hasebe-san, n’est-ce pas ?
Moi — En effet. Naturellement, je n’ai pas eu le courage de lui envoyer un message.
Horikita m’adressa un regard d’excuse et baissa la tête. Une confrontation avec Haruka allait sûrement se révéler contreproductive. Au lieu d’essayer de réparer les pots cassés, il était plus réaliste pour eux de me quitter et de rester tous les trois. Par conséquent, la meilleure option pour moi était de les surveiller à distance. De cette façon, Haruka pourrait encore m’en vouloir, mais cela laissait un espoir que ça s’arrange plus ou moins avec le temps dans le cas idéal.
Mais je devais me préparer au pire. Si elle continuait à en vouloir à Horikita, à la classe et à moi-même, il était difficile d’exclure la possibilité que Haruka puisse nuire à tout le monde en raison de sa situation personnelle. Bien que ses capacités ne soient en aucun cas indispensables à la classe, perdre une pièce parfaitement utilisable désavantagerait en quelque sorte notre groupe et réduirait sa valeur. Pire, il y avait moyen qu’elle influence Akito et Keisei.
Horikita — Je suppose que tout ce que tu vas essayer de lui dire ne passera pas pour le moment. Il vaut mieux attendre.
En tout cas, ce n’était pas quelque chose dont nous pouvions discuter ici. Après la fin de notre discussion, Horikita soupira doucement.
Horikita — À cause de ma décision, ton groupe risque d’en pâtir.
C’était moi qui avais porté le coup fatal à Airi, mais je l’avais fait de mon propre chef. Tout du moins, c’était entièrement sur moi que cela allait retomber.
Moi — Tu n’as pas besoin de t’excuser. Si tu penses que c’était la bonne chose à faire, je suis d’accord avec ça.
Horikita — Mais tu m’as couverte. Non, ce n’était pas que ça…
Comme si elle essayait de mettre de l’ordre dans sa tête, elle choisissait soigneusement ses mots.
Horikita — Dans cette situation, si c’était moi qui avais proposé l’expulsion de Sakura-san, Hasebe-san n’aurait certainement jamais cédé, même à la toute fin. Par conséquent, nous n’aurions pas pu éviter la pénalité pour avoir dépassé le temps imparti.
Après s’être calmée pendant le week-end, elle avait pu voir clairement la situation. Le poids du fardeau de nommer quelqu’un pour qu’il soit expulsé et la difficulté de l’exécuter. Ce fut une bataille incroyablement difficile compte tenu du temps imparti. Alors qu’elle était soulagée que nous ayons évité le pire des cas, je pouvais voir un sentiment d’inconfort dans ses yeux.
Plus que tout, je sais qu’elle souhaitait que personne ne soit expulsé. Elle aurait préféré un monde où aucun des trente-neuf ne manquait. Peut-être même que sacrifier les points de classes aurait permis, en plus de protéger nos amis, de resserrer nos liens en vue d’atteindre cette fameuse classe A. Horikita elle-même savait que ces pensées étaient celles d’un lâche et c’est pourquoi, alors qu’elles bouillonnaient à l’intérieur, elle les évinça.
Horikita — On dirait que tu avais compris cet examen dès le début.
Moi — J’ai juste envisagé toutes les possibilités. Rien de plus.
Horikita — C’est déjà incroyable. Je peux me projeter dans une certaine mesure, mais je ne peux pas tout anticiper. Alors que toi, tout se passe toujours plus ou moins comme tu le prévois.
Petit à petit, elle commençait à réaliser comment je pensais et voyais le monde.
Moi — C’est bien d’analyser le passé, mais pour l’instant, je pense qu’il faut d’abord résoudre les problèmes de la classe, n’est-ce pas ?
Horikita — O-Oui. C’est exact…
Moi — Tu ne dois pas t’attendre à ce que notre groupe soit le même.
Horikita — Bien sûr que j’en suis consciente. Il ne fait aucun doute que Hasebe-san m’en veut, Yukimura-kun et Miyake-kun probablement aussi. Et puis il y en a qui ne sont pas d’accord avec le fait que je nous aie forcé à garder Kushida-san.
Elle disait qu’elle en était consciente, mais j’avais du mal à dire si elle mesurait vraiment l’ampleur de la situation. Combien de jours paisibles nous restaient-ils avant que ces décisions soudaines nous rattrapent ? S’il ne s’agissait que de changements positifs, cela ne me dérangerait pas, mais pour la plupart ce n’était pas le cas. Il n’y avait aucun moyen que nos camarades estiment Horikita autant qu’il y a quelques jours.
Moi — Tu devrais aller en cours.
Horikita était bien occupée avec Kushida, il était donc inutile d’avoir une longue discussion ici.
Moi — Ce ne serait pas bon de nous faire remarquer, en plus.
Après tout, ce n’était pas un dortoir qui regroupait que les élèves de notre classe. D’autres élèves que nous pouvions qualifier d’ennemis comme Sakayanagi et Ryuuen, vivaient aussi ici.
Certes garder le secret sur la vraie nature de Kushida était illusoire, mais cela ne signifiait pas que nous devions pour autant le crier sur tous les toits.
La classe avait certainement acquis beaucoup de points. Que nous soyons capables ou non de faire face au prix à payer de ces points ne tenait qu’à nous.
Mais avant tout ça… Que devais-je faire, à l’échelle personnelle ?
1
En entrant en classe, je m’étais tout de suite rendu compte que l’ambiance pesante laissée vendredi était toujours là. Quelques élèves m’avaient d’abord regardé. Puis un nombre inhabituellement élevé de personnes avec qui je n’avais pas d’interaction en temps normal, commencèrent à me regarder également, mais cela n’était pas une surprise. Si l’on considérait que j’avais passé la plupart de mon temps à ne pas m’impliquer dans certaines choses, j’avais fait pas mal de progrès. Et la découverte de l’histoire de Kushida avait dû leur faire un choc, même si personne n’avait eu le courage de venir m’en parler.
Matsushita — Salut, Ayanokôji-kun.
Au milieu de tout cela, Matsushita s’approcha de moi, elle semblait heureuse de me voir.
Moi — Bonjour !
L’atmosphère changea d’un coup devant son comportement inattendu. Bien que Matsushita m’ait salué de loin, c’était probablement la première fois qu’elle interagissait de cette manière depuis que nous nous connaissions.
Était-ce par rapport à ce qui s’était passé l’autre jour, ou avait-elle un autre but ? Matsushita avait une bonne appréciation de mes capacités, j’étais donc plus ou moins au courant. Le fait que j’essayais d’expulser Kushida et la façon dont je m’en étais occupé avait peut-être renforcé ses suspicions au lieu de les diminuer. Même pendant le processus pour l’expulsion d’Airi, Matsushita fut l’une des seules élèves admettant que c’était inévitable.
Matsushita — Sommes-nous enfin sur le chemin pour la classe A ?
Moi — Je ne sais pas.
Je l’évitai, puis je partis, comme si je n’avais pas besoin d’approfondir le sujet. Après cela, elle déplaça son regard sur le côté.
Matsushita — Il se peut qu’il se passe beaucoup de choses pendant un certain temps, mais je ne pense pas que tu devrais t’inquiéter.
Après avoir dit cela, elle ajouta.
Matsushita — Puisque c’est Ayanokôji-kun, je suppose que ça ira.
Elle semblait ne pas mâcher ses mots.
Matsushita — L’important, c’est que ce ne soit pas Horikita-san ou toi qui soyez expulsés.
Matsushita semblait mieux me comprendre que Horikita lorsqu’il s’agissait de savoir comment je ressentais les choses. Les problèmes risquaient d’être Shinohara, Haruka, Mii-chan et Kushida, les plus affectées par l’examen spécial. Un regard douloureux de Shinohara était parfois dirigé vers moi. Enfin…il se dirigeait plutôt vers Matsushita, qui ne semblait pas s’en soucier.
Matsushita — J’ai essayé de lui parler ce week-end, mais elle a refusé.
Elle chuchota, remarquant peut-être le regard de Shinohara.
Moi — Les filles ont tendance à faire durer les choses dans ces situations.
Matsushita — C’est difficile.
Moi — Et bien, c’est ma faute.
Tout commença lorsque Kei, Matsushita et d’autres filles se moquèrent du couple Shinohara/Ike. Il était naturel pour Shinohara d’être en colère, car on avait dit du mal d’elle dans son dos.
Matsushita — Et ça c’était quelque chose de complètement banal. Il y a eu des moments où c’était bien plus cru.
La logique des relations entre filles était quelque chose que le garçon lambda ne pouvait pas comprendre. Je ne voulais clairement pas en savoir plus.
Après cela, aucun élève en particulier ne m’approcha et le temps passa. Horikita était aussi en retard, mais il n’y avait aucun signe de Kushida. Sudou et quelques personnes essayèrent de parler à Horikita mais comme elle arriva juste à l’heure, la cloche sonna et chacun se mit à sa place. Kushida, qui ne s’était pas montrée devant Horikita ce week-end, semblait toujours se cacher. Il y avait plusieurs chaises vides pendant le cours du matin et lorsque Chabashira-sensei arriva dans la salle, elle remarqua immédiatement la chose.
Mlle. Chabashira — Kushida, Hasebe et Wang sont absentes. C’est une bien entendu exceptionnel.
Nous ne connaissions pas les détails de leur absence, mais Chabashira-sensei devait probablement savoir des choses.
Mlle. Chabashira — Concernant Hasebe et Wang, elles ont justifié leur absence. Pour Kushida, nous n’avons pas eu de nouvelles, nous l’appellerons donc plus tard. Je suis sûre que nous saurons bientôt si elle s’est endormie ou si elle est trop malade pour se lever.
Même si on sentait l’exagération dans ses propos, elle était partie du principe que Kushida était souffrante. Il n’était pas rare que les élèves soient absents pendant de longues périodes scolaires. Mais c’était la première fois en un an et demi que trois personnes l’étaient en même temps. Jusqu’à présent, même quand quelqu’un n’était pas là, Chabashira-sensei ne disait jamais rien. Loin était le temps où elle ne se préoccupait même pas de nous.
Dans une école normale, les absences de quelqu’un étaient dommageables seulement pour lui mais ici, la responsabilité d’une personne était aussi celle de tous. Aucun d’entre eux ne s’exprima, mais j’étais sûr que Chabashira-sensei comprenait leurs préoccupations.
Mlle. Chabashira — Ne vous inquiétez pas. Un jour ou deux d’absence n’affectera pas vos points de classe. C’est juste qu’elles sont tombées malades en même temps.
Elle assura ainsi qu’il n’y aurait pas d’impact ce qui dût soulager tout le monde.
Mlle. Chabashira — En revanche, si leur absence dure trop longtemps ou qu’il s’avère qu’il s’agisse d’une maladie simulée, les problèmes remonteront lentement à la surface.
Elle fixa le siège de Kushida, qui n’avait pas encore informé le lycée. Peut-être que le terme de « maladie simulée » était exagéré, mais il y avait une limite à la durée pendant laquelle on pouvait être malade sans justification.
Mlle. Chabashira — Je leur souhaite un bon rétablissement.
Même si elle ne le voulait pas, tous les regards se tournèrent vers Horikita. Lors de l’examen spécial, elle avait déclaré qu’elle suivrait ses propres idées et empêcherait l’expulsion de Kushida. Naturellement, la plupart des reproches étaient destinés à Horikita. Même sous la pression des regards, cette dernière ne bougeait pas d’un pouce. Après avoir observé la situation, Chabashira-sensei toussa et détourna de force l’attention des élèves sur Horikita.
Mlle. Chabashira — Je suis moi aussi préoccupée par les absentes, mais nous ne pouvons pas nous permettre de nous attarder sur ce point. L’examen spécial du consensus est terminé, et vous devez porter votre attention sur le prochain examen.
Elle posa légèrement la paume sur le moniteur derrière elle pour faire apparaître l’écran.
Mlle. Chabashira — Je voudrais vous expliquer les détails du Festival sportif et les règles spéciales qui s’appliqueront cette année. Veuillez écouter attentivement.
Le festival sportif qui nous attendait allait être le même que l’année dernière. En tout cas, c’est ce que pensait la classe.
Sudou — Règles spéciales… Ça veut dire qu’on va avoir un festival sportif différent de celui de l’année dernière, sensei ?
Chabashira-sensei hocha la tête en réponse à la question de Sudou, qui était plus qu’excité que quiconque à y participer.
Mlle. Chabashira — Le président du Conseil des élèves a proposé de nouvelles règles pour le Festival sportif de cette année et l’établissement a accepté. Ce sera comme pour l’examen spécial de l’île déserte, à savoir un programme qui met l’accent sur les capacités individuelles.
Lors de l’examen sur l’île déserte, Kôenji, avec ses grandes capacités académiques et surtout ses extraordinaires capacités physiques, avait obtenu de très bons résultats et avait gagné des points de classe ainsi qu’une énorme quantité de points privés.
C’était une véritable représentation de ce qu’était la méritocratie. En revanche, les élèves qui n’étaient pas assez bons risquaient l’expulsion. Il s’agissait d’un festival sportif mettant l’accent sur les compétences individuelles comme à l’époque. En théorie donc, cela risquait d’être difficile pour des élèves comme Keisei, dont le point fort résidait bien davantage sur ses capacités académiques que sur ses capacités physiques.
Mlle. Chabashira — Cependant, le Festival sportif de cette année a été conçu de telle sorte qu’aucun élève ne sera renvoyé ou ne subira de préjudice parce qu’il n’est pas assez bon. Parce que tout le monde n’est pas capable d’être à la fois bon pour les études et le sport.
Peut-être pour éviter une légère crise de panique, Chabashira-sensei apportait des réponses tout en douceur. Certains élèves se regardèrent avec surprise en entendant le ton le plus doux de Chabashira-sensei, différent de la semaine dernière. Inutile de préciser que le moniteur montrait les grandes lignes et les règles du Festival sportif.
Festival sportif
Présentation d’ensemble
- Festival sportif inter-années avec participation à divers événements.
- Horaires du festival : 9h à 16h. Pause de 12h à 13h.
- Les élèves pourront choisir librement les événements auxquels ils participeront et le classement général des classes se fera en fonction du total de points accumulés.
Règles :
- Chaque élève se verra attribuer 5 points au début du festival.
- Les élèves participant au festival doivent participer à au moins 5 épreuves différentes
- La participation à un événement accordera à l’élève un prix de participation de 1 point.
- Les participants peuvent recevoir d’autres récompenses en fonction des règles de l’événement.
- À partir du sixième événement, l’élève devra payer 1 point pour participer et ne recevra plus le prix de participation de 1 point.
- Un élève peut participer à un maximum de 10 événements.
- Si un élève n’a pas participé à au moins 5 événements à la fin de l’examen, tous les points qu’il possède seront perdus.
- Si un élève se désiste ou ne participe finalement pas, sauf circonstances atténuantes, il perdra 2 points.
- Les élèves qui ont terminé de participer à une compétition doivent se rendre dans l’une des zones désignées.
Ce qui précédait avait été affiché sur le moniteur. D’un simple coup d’œil, on pouvait voir que c’était totalement différent de l’an passé.
Mlle. Chabashira — Voici les grandes lignes du Festival sportif de cette année. Contrairement à la configuration habituelle où tout l’établissement assiste à une prestation sportive globale, plusieurs événements auront lieu en parallèle à divers endroits.
Sudou — Whouaaa ça a l’air chaud on va avoir une journée chargée.
Sudou était troublé après avoir tenté de visualiser la chose.
Mlle. Chabashira — Participer à toutes sortes d’évènements et gagner les récompenses avec un bon classement sera votre première priorité, mais il vous faudra préparer au mieux vos journées. Si vous prévoyez de gagner en participant à de nombreux événements, vous allez avoir des journées éprouvantes. Il existe pour résumer deux types de compétitions. Le premier type concerne les compétitions individuelles, avec des récompenses fixes : le premier prix recevra 5 points, le deuxième 3 points et le troisième, 1 point. Il y a de plus 1 point pour la participation. Le deuxième type, les compétitions spéciales, sont en fait des épreuves par équipe. Vous devrez participer dans des équipes d’au moins deux personnes. Les batailles par équipe ont des récompenses plus élevées et tous les membres de l’équipe participante recevront un nombre égal de points. Bien que leurs récompenses élevées les rendent attrayantes, il y a aussi des inconvénients, tels que le besoin de coordination et le temps supplémentaire.
Les batailles individuelles et les batailles en équipe étaient clairement délimitées et les batailles en équipe pouvaient rapporter plus de points. Les élèves ayant des performances médiocres en sport pouvaient être soulagés de la considération qui leur avait été témoignée car même en contre-performant, ils pouvaient avoir la récompense du groupe.
Mlle. Chabashira — Étant donné que les récompenses des événements en équipe varient d’un événement à l’autre, assurez-vous d’être au taquet.
Les règles étaient très simples à comprendre, mais il y avait étonnamment beaucoup de choses que nous devions faire.
Tout le monde allait commencer avec 5 points et en recevoir au moins 5 comme prix de participation. Ainsi, en participant simplement au Festival sportif, peu importe la performance, on recevait 10 points. Si un élève ne pouvait pas satisfaire aux exigences de base du test en raison d’un accident par exemple, pour chaque élève, la classe perdrait 10 points.
En supposant que chaque élève participe, la classe d’Ichinose avec 40 personnes à ce moment obtiendrait 400 points, et notre classe avec deux personnes manquantes obtiendrait 380 points. Par conséquent, nous partons avec un handicap de 20 points dès le début.
Pour l’instant, nous ne connaissions que les récompenses des événements individuels. En considérant cela, obtenir la première place nous rapporterait 5 points. Nous devions donc obtenir au moins les quatre autres premières places. Cela pouvait ne pas sembler être un gros problème, mais un élève ne pouvait participer qu’à 10 épreuves. Cela signifie qu’il allait être impossible pour Sudou de participer à toutes les épreuves pour engranger des points. Mais de toute manière, cela aurait été un trop gros fardeau pour lui.
Mlle. Chabashira — Comme dit précédemment, il est possible de participer à plus de cinq événements en payant des points mais la décision appartient à l’élève et à sa classe, vous serez donc libres de choisir. À la fin du festival nous calculerons le total des points gagnés par une classe et déterminerons un classement pour chaque année.
L’écran changea et les récompenses de chaque année s’affichèrent.
Récompenses de classes en fonction du classement
Première place : 150 points
Deuxième place : 50 points
Troisième place : 0 points
Quatrième place : -150 points
Par rapport aux tests habituels, cela semblait être un assez gros changement de points. Je suppose que c’était parce que le Festival sportif était un grand événement qui impliquait l’ensemble des élèves, et l’impact en points de classe du Festival culturel qui fut annoncé allait être relativement léger.
Mlle. Chabashira — Ce sont les récompenses pour chaque classe. Maintenant, je vais annoncer les récompenses individuelles.
Les récompenses de classe elles-mêmes étaient très motivantes, mais cela ne s’arrêtait pas là. Pour un festival sportif explicitement marqué comme portant sur les capacités individuelles, il était nécessaire que l’établissement prépare également des récompenses individuelles. Sudou était au bord de son siège tout excité, attendant que l’écran change. C’était le seul événement de l’année où il pouvait vraiment briller, et il le savait mieux que quiconque.
Récompenses individuelles (par promo et par sexe)
Première place : 2 millions de points privés ou un ticket de changement de classe (durée limitée)
Deuxième place : 1 million de points privés.
Troisième place : 500 000 points privés.
Sudou leva les poings en signe de triomphe face aux généreuses récompenses.
Une d’entre elles semblait inédite.
— Ticket de changement de classe… Attendez, vous voulez dire… ????!!!
La classe afficha sa surprise d’une manière que je n’avais jamais vue auparavant.
Mlle. Chabashira — L’établissement est très prudent quant à l’introduction de ce nouveau système. Les points de protection étaient déjà une nouveauté mise en place il y a peu. Cependant, les élèves qui ont démontré leur capacité individuelle ont naturellement le droit de se hisser au sommet.
Dans cette école, les seuls gagnants étaient ceux diplômés en classe A. Dans un événement comme le festival sportif qui faisait appel à des capacités athlétiques incroyables, il n’était pas du tout surprenant que l’établissement ait décidé qu’obtenir la première place de l’année scolaire valait la peine de recevoir le droit de changer de classe.
C’était peut-être aussi parce que le Festival sportif n’était techniquement pas considéré comme un examen spécial.
Une chose qui avait attiré mon attention, cependant, le billet de changement de classe était considéré comme ayant une valeur équivalente à deux millions de points. Normalement, le montant requis pour changer de classe était de 20 millions de points, c’était un ordre de grandeur supérieur. Malgré cela, il nous donnait la possibilité de changer de classe. La raison de ce déséquilibre était probablement contenue dans la mention « durée limitée ».
Sudou — Limité… Vous voulez dire, même après avoir changé de classe, nous devrons revenir après un certain temps ?
Ike — Ça ne peut pas être ça, n’est-ce pas ? Ce serait pas logique.
Sudou et Ike tiquèrent également devant cette mention.
Mlle. Chabashira — Vous aurez le droit de changer de classe. Mais cela ne signifie pas que vous pourrez le faire quand vous voudrez. « Durée limitée » fait ici référence à la période pendant laquelle vous pouvez utiliser le billet. Ainsi, ici, vous ne pourrez exercer ce droit qu’au cours du second trimestre. Par conséquent, si vous ne l’avez pas fait au début du troisième, le ticket expirera.
Il y avait donc une période de temps fixe pendant laquelle on pouvait utiliser ce ticket. Compte tenu de cela, je pensais qu’il était compréhensible que sa valeur soit de seulement 2 millions de points. Si on pouvait le conserver jusqu’à l’obtention du diplôme, cela garantissait une place dans la classe A, mais en raison du délai imparti, il fallait être capable d’identifier quelle classe allait rester en tête. Si on passait d’une classe à une autre et que notre ancienne classe s’avérait être celle qui a obtenu son diplôme de classe A, on risquait de regretter à jamais ce billet.
Toutefois, quand bien même ce scénario ne se réalisait pas, il fallait un certain courage pour utiliser le ticket. Après tout, ce n’était pas facile de quitter la classe avec laquelle on s’était familiarisé depuis plus d’un an et demi. Même si Sudou en avait le droit, lorsqu’il se demandait objectivement s’il allait laisser Horikita et ses amis pour aller en classe A, il ne pouvait pas facilement l’imaginer. Objectivement parlant, j’avais du mal à l’imaginer en tout cas.
De plus, même s’il s’agissait d’un événement sportif de haut niveau, cela ne signifiait pas qu’un seul succès lui garantissait une place dans la classe A. Il fallait en tenir compte. Enfin, cette idée d’attachement tient surtout pour des 1ère. En 2nde, à ce stade-là, les gens n’étaient pas encore forcément très proches les uns des autres, donc le dilemme se posait sûrement moins. Quant aux terminale, c’était une occasion en or de basculer dans la classe de Nagumo. Cela signifiait être diplômé en classe A à quasi coup sûr.
Pour chaque année donc, la possibilité de changer classe et les enjeux étaient différents. Nous devions également faire attention à l’impact que cela pouvait avoir sur nous à l’avenir. Après tout, l’établissement était sûrement dans une espèce de phase test pour savoir si elle allait pouvoir sortir plus de récompenses de ce genre. Globalement, je trouvais que c’était un gain intéressant et pour le coup, pas excessif.
Mlle. Chabashira — Le garçon et la fille qui se classeront premier pourront choisir. Sudou, si tu as l’intention de prendre la première place dans la compétition individuelle, tu ferais mieux d’y réfléchir à deux fois.
On pouvait voir le dos de Sudou se raidir. Il n’avait pas à choisir automatiquement ses amis et prendre les deux millions de points, il devait penser à son avenir avant tout. Devait-il rester dans la classe de Horikita, ou devait-il passer dans la classe de Sakayanagi, qui avait une marge d’avance sur les autres ? Il avait le droit de réfléchir à son avenir et d’étudier attentivement toutes ses options.
Mlle. Chabashira — Passons à autre chose, entrons un peu plus dans les détails. Il y aura des épreuves ouvertes au public, convenues à l’avance, et celles qui ne sont ouvertes à tous que le jour-même. Autrement dit, il y aura un certain nombre d’épreuves auxquelles vous devrez faire face au dernier moment, sans préparation.
Outre les événements principaux tels que la course de 100 m et la course de haies, certains événements intéressants et étranges furent également présentés. Tir au but, concours de lancer-franc au Basket-Ball, tennis simple et double mixte, etc…
Des épreuves qui n’auraient pas existé dans un festival sportif en temps normal.
Mlle. Chabashira — En raison des restrictions sur le nombre de participants et des délais, il n’est pas garanti que vous puissiez participer à tous les événements que vous souhaitez. Si vous planifiez votre journée sans tenir compte de l’horaire, vous risquez de ne pas arriver à l’heure à l’événement et vous serez disqualifié. N’oubliez pas que vous courez le risque de perdre des points de cette façon.
Les élèves dont les capacités athlétiques étaient excellentes devaient participer à autant d’événements que possible dans le but de récolter un maximum de points. Toutefois, il y avait aussi un aspect intellectuel à ce festival, notamment de par cette planification nécessaire pour ne pas s’emmêler les pinceaux. Savoir qui allait participer et où. Logique sinon tout le monde allait sûrement finir paniqué le jour J en se précipitant sur toutes les épreuves. D’ailleurs, l’établissement devait sûrement avoir pensé à une façon d’éviter un surplus d’inscription à un évènement.
Mlle. Chabashira — Pour les événements qui seront ouverts en amont, vous pourrez utiliser une application spéciale pour réserver votre participation à partir de 22h aujourd’hui. Ce sera « premier arrivé, premier servi » dans toute l’école. Vous serez autorisé à annuler jusqu’à une semaine avant le Festival sportif, mais vous ne pourrez pas utiliser la fonction d’annulation plus de trois fois. La date limite de réservation est de deux jours avant les festivités. Si vous n’avez pas réservé d’événements d’ici là, une place disponible vous sera automatiquement attribuée.
Quand elle dit cela, le moniteur montra une capture d’écran du calendrier, sûrement intégré à l’application.
Mlle. Chabashira — Pour la démonstration, inscrivons-nous pour la course de 100 mètres.
L’écran afficha autre chose désormais.
[Course de 100 mètres. Un événement où jusqu’à sept élèves d’une même année, garçons et filles séparés, peuvent participer. Il y aura quatre courses au total. Les élèves peuvent se préinscrire pour une course de leur choix. La participation sur place est également possible s’il y a des disponibilités. Les participants doivent arriver au moins cinq minutes avant leur course pour compléter les procédures d’inscription. Il n’est pas nécessaire d’attendre une fois la course terminée. La première course de la journée devrait commencer à 10h15.]
À partir de là, un total de 56 élèves pouvaient participer à la course de 100 mètres, en considérant à la fois les garçons et les filles. Disons que l’on participait à l’une des courses, car la compétition commençait à 10h15, on devait y arriver au moins cinq minutes en avance. Si on tenait compte du fait que nous n’avions pas besoin d’attendre après la fin de notre course, participer à la première nous permettrait de terminer plus tôt et d’aller à une autre compétition. En revanche, participer à la quatrième course signifiait être bloqué pendant une longue période. L’écart dans le temps pouvait causer une perte à long terme.
Mlle. Chabashira — Un autre point important est que vous ne pouvez pas participer à un événement s’il appartient à un club dont vous êtes ou avez déjà été membre. Hirata ne peut pas participer à des événements liés au football et Sudou ne peut pas participer à des événements liés au basket-ball.
Ainsi, les élèves qui appartenaient à un club n’étaient pas avantagés en fait, c’était même plutôt le contraire. En effet, il n’y avait probablement aucun élève qui pouvait gagner contre des habitués comme Yôsuke et Sudou, alors l’établissement voulait éviter que les compétitions ne deviennent simplement des matchs entre membres du club. Si Sudou jouait au football ou que Yôsuke jouait au basket, même les autres élèves avaient leurs chances.
Toutefois, il y avait aussi quelques élèves qui avaient sûrement fait partie d’un club au collège mais qui ne s’étaient pas réinscrits au lycée. Cela pouvait également créer un léger déséquilibre.
Sudou — À part ça, ça ressemble à ces apps de réservation pour le ciné.
Murmura-t-il après avoir écouté attentivement jusqu’ici. Il n’avait pas tort.
Mlle. Chabashira — En effet. Si vous appuyez sur le bouton d’un créneau horaire, vous pourrez voir en temps réel qui participera à cet événement à ce moment-là.
Sudou — Vous voulez dire qu’il y aura peut-être des gens qui annuleront parce qu’ils ne veulent pas m’affronter ?
Sudou renifla, croisant les bras avec fierté.
Mlle. Chabashira — Oui. Mais, tôt ou tard, ces personnes épuiseront leurs trois annulations.
Étant donné que le nombre d’élèves pouvant participer à chaque compétition et leurs horaires étaient connus, le réflexe allait être de réserver rapidement les compétitions auxquelles on était bon ou les courses que l’on souhaitait. Mais réserver trop tôt augmentait les chances de rencontrer un concurrent puissant. Comme le nombre de fois où on pouvait se retirer était limité, on devait faire attention. Avant même le début du Festival sportif, la bataille allait débuter en ligne.
Mlle. Chabashira — Si plusieurs élèves obtiennent individuellement les mêmes nombres de points, la récompense sera partagée entre eux et ils ne pourront pas obtenir le ticket de changement de classe.
Dans le cas improbable où les élèves conspireraient pour que beaucoup de gens obtiennent la première place avec le même nombre de points, un grand nombre de billets de changement de classe pouvaient être acquis et le système s’effondrerait. C’était une mesure pour empêcher cette possibilité. Enfin, peu importe, participer au Festival sportif et obtenir la première place seul nous permettait de prendre soit le ticket de changement de classe, soit une grosse somme d’argent. C’était une récompense digne du système méritocratique que Nagumo mettait en place. Même si nous n’avions pas l’intention de changer de classe dans l’immédiat, une somme de 2 millions de points pouvait être utile pour de nombreuses raisons.
Parmi celles-ci, il y avait la possibilité d’économiser 20 millions de points pour se garantir de changer plus tard pour la classe A. D’un autre côté, ceux qui avaient un faible niveau sportif devaient participer au minimum à cinq épreuves et s’arrêter. Car à partir de la sixième épreuve il fallait dépenser un point, ils avaient donc de grande chance de le perdre. Mais ce choix pouvait aussi dépendre du style de combat de la classe. Chabashira-sensei termina son explication et quitta la pièce ce qui réveilla la classe comme un geyser.
Sudou — Ok Suzune, on commence la réu tout de suite !
Cria-t-il à tue-tête. L’explication des règles l’avait tout d’un coup très excité. Yôsuke aussi se leva et commença à marcher vers Horikita. Tout semblait se passait comme d’habitude. Cependant, une autre partie de la classe les regarda froidement. Ils étaient remplis de doutes quant à la légitimité de Horikita de gérer la situation.
Horikita — Avant de commencer à parler du Festival sportif, il y a quelque chose que je dois d’abord dire à tout le monde.
Elle devança tout le monde et parla. Elle se leva de son siège et se retourna pour faire face à la classe.
Horikita — Lors de l’examen spécial de la semaine dernière, j’ai rompu ma promesse envers tout le monde et j’ai forcé mon choix pour empêcher Kushida-san d’être expulsée. Je voudrais commencer par m’excuser pour cela.
Horikita baissa la tête après avoir dit cela. Mais après l’avoir levée, ses yeux montrèrent sa détermination.
Horikita — Mais je pense que j’ai fait le bon choix. Elle peut devenir un atout pour la classe.
Shinohara — Je ne pense pas.
Shinohara fut la première à répondre aux paroles de Horikita. Elle faisait partie des victimes blessées par les révélations de Kushida.
Shinohara — Après avoir découvert le genre de personne qu’est Kushida, personne ne lui fera plus jamais confiance. Même si personne n’a parlé de Kushida à qui que ce soit des autres classes, tu ne penses pas que ce n’est qu’une question de temps ?
Shinohara mit de côté ses sentiments personnels et parla plutôt objectivement de la situation. Il était clair que nous avions tout intérêt à ce que les autres classes ne soient pas au courant. Cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied. Alors qu’il était évident que garder le silence nous servirait bien, il était étonnamment difficile de mettre cela en pratique. Surtout pour l’opposition actuelle qui était Shinohara car Kushida lui avait causé énormément de chagrin.
Il n’aurait pas été surprenant qu’elle en ait déjà parlé publiquement, mais pour l’instant, elle semblait avoir gardé le secret. Shinohara elle-même n’avait pas l’air d’en comprendre l’avantage. Cela devait signifier qu’une autre personne qui l’avait compris, comme Yôsuke, devait l’avoir encouragée à garder le secret au préalable.
Mais combien de temps tout cela allait-il durer ? Le moment où l’anxiété ou la méfiance des gens envers Kushida allait commencer à se répandre, cela allait signer la fin pour nous.
Shinohara — Hé ! Horikita-san. Peux-tu vraiment me certifier que garder Kushida-san était le bon choix ? Réponds-moi !
Shinohara commença à perdre patience avec Horikita, qui ne faisait que la regarder jusqu’à présent, elle essaya de la presser pour avoir une réponse.
Horikita — Ce n’est pas une question à laquelle on peut répondre pour l’instant. Cela s’applique à toi, à moi et à tous nos camarades de classe. Elle devra se faire pardonner tout au long de son année scolaire.
Shinohara — Quoi ? Je veux une réponse maintenant. Peu importe ce que tu penses, Kushida-san sera-t-elle un obstacle pour la classe ?
Horikita — Bien sûr, elle t’a peut-être fait du mal pendant l’examen spécial du consensus. Elle pourrait aussi avoir blessé Wang-san et Hasebe-san, qui sont toutes deux absentes aujourd’hui. Mais Kushida a contribué à cette classe tout au cours de l’année dernière, ça tu ne peux pas lui enlever. Ou peux-tu dire ouvertement que tu as contribué plus qu’elle à cette classe ?
Même si elle avait causé un énorme problème, ses contributions passées n’avaient pas disparu comme ça. Elle avait réuni la classe, conseillé les autres et augmenté la moyenne de la classe dans les domaines académique et sportif. Shinohara ne pouvait sûrement pas se targuer d’en avoir fait autant.
Horikita — Je ne peux pas te reprocher de ne pas avoir apprécié mon changement de décision et la persistance de Kushida-san à défendre l’option de l’expulsion. Mais comment aurais-tu pu être sûr que l’expulser aurait été la meilleure solution ? Comment pourrais-tu accepter que la moyenne de la classe baisse et que nous perdions l’examen spécial ?
Shinohara — Bah… On peut pas savoir, l’avenir va nous le dire tiens !
Horikita — Oui nous ne pouvons pas savoir. Il en va de même pour mon choix. Nous ne pouvons pas savoir à moins d’essayer.
L’un ou l’autre choix aurait laissé l’avenir incertain. Le pouvoir de Shinohara n’était pas suffisant pour abattre facilement Horikita.
Hirata — Puis-je dire quelques mots ?
Yôsuke leva la main et se mit debout alors que Horikita et Shinohara se regardaient.
Hirata —Il y a quelque chose qui trotte dans mon esprit ces derniers temps. Si nous voulons utiliser au maximum les compétences de Kushida-san, nous devons garder son secret au sein de cette classe. C’est pourquoi j’avais demandé à tout le monde de se taire à ce sujet.
Horikita — C’est exact. Si Hirata n’avait pas donné d’instructions en arrière-plan, cela aurait sûrement déjà fuité.
Horikita s’était dit la même chose, car les rumeurs sur Kushida n’avaient pas encore circulé.
Hirata — Mais Horikita-san n’a pas donné cette instruction. Pourquoi ?
Horikita — Si je vous avais demandé quoi que ce soit ce jour-là, je pense que vous auriez fait exactement le contraire. Ce n’était qu’une question de temps avant que tout le lycée ne soit au courant.
Quelle que soit la règle, ils ne tenaient qu’à eux de décider s’ils voulaient céder ou non à leurs émotions et de se venger de Kushida en exposant sa vraie nature, ou de garder le secret pour le bien de la classe.
Matsushita — Je n’en aurais pas parlé même si Hirata-kun ne me l’avait pas demandé. Notre groupe s’est réuni pendant le week-end, et nous avons commencé à parler du cas Kushida. Si nous laissons cette information se propager ce ne serait pas bon pour la classe. Bien sûr, je ne dis pas que nous n’avons pas nos propres opinions sur Kushida-san.
Comme prévu de Matsushita. Elle était intelligente. Bien qu’elle soit l’une des personnes touchées par les révélations de Kushida, elle était bien consciente des inconvénients de répandre des rumeurs à son sujet. Après tout, n’est-ce pas humain de vouloir se venger de quelqu’un qui nous a causé du tort ? Même pour une maigre récompense immédiate.
Horikita — Je vais la ramener. Si je ne peux pas… j’en assumerai la responsabilité de toutes les manières possibles.
Les élèves qui la regardaient froidement frémirent face à sa ferme détermination à prendre ses responsabilités. Shinohara ne fut pas exception.
Shinohara — Vas-tu vraiment prendre tes responsabilités ?
Horikita — J’étais déjà préparée à ça quand j’ai choisi de garder Kushida-san. Si cela se produit, vous pourrez me juger.
Akito et Keisei regardaient aussi tranquillement. Nous ne pouvions pas imaginer ce qu’ils ressentaient en entendant Horikita. Quoi qu’il en soit, les paroles puissantes de Horikita avaient conclu la discussion et nous pouvions enfin avoir du temps libre.
Horikita ne me regardait pas, mais quelqu’un d’autre. Cette personne lui rendit son regard et après un moment, Horikita quitta la classe. Au même moment, la personne qui était à un siège vide de moi, Kôenji se leva également et quitta la salle. J’étais curieux de savoir ce qui se passait, alors je décidai de m’approcher de la porte, en l’ouvrant un peu pour vérifier.
Kôenji — Tu as l’air d’avoir quelque chose à me dire. Dis-moi tout, ma petite Horikita… Ou devrais-je dire « Madame Horikita » désormais !
Horikita — Je voulais confirmer quelque chose avec toi à propos du Festival sportif.
Kôenji —Hum. Je ne suis pas obligé d’aider la classe, tu le sais ?
Horikita — Bien sûr. Mais je veux savoir tes intentions. Tu n’as aucun problème à m’en parler, n’est-ce pas ?
Notre stratégie pouvait changer selon que nous pouvions compter sur Kôenji ou non. Kôenji sourit et posa sa main sur l’épaule de Horikita. Agacée, elle essaya de l’écarter, mais son bras ne bougea pas.
Kôenji —Tu es une fille très chanceuse, on dirait.
Alors même qu’il l’agaçait avec son bras sur l’épaule, elle lui ôta les mots de la bouche
Horikita — Tu es donc prêt à participer, je suppose ?
Kôenji —J’ai gagné un peu de sous durant l’examen de l’île déserte et la chasse au trésor, mais en ce moment je suis à sec. Donc, de mon point de vue, il n’y a aucune raison pour que je ne participe pas.
Après avoir montré sa puissance écrasante dans l’examen de l’île déserte, nous pensions que Kôenji ne ferait rien avant un long moment, mais peut-être que les examens avec une grosse récompense à la clé allaient le motiver. Pour Horikita, c’était comme trouver de l’argent dans la poche de son manteau. Elle n’avait rien à redire si elle obtenait plus de points supplémentaires possibles. Surtout parce que Kôenji pouvait facilement marquer 10 ou 20 points.
Cependant, il y avait une autre chose intéressante à propos des récompenses cette fois-ci. Horikita hésita un instant, mais à la fin, elle posa la question.
Horikita — Si tu gagnes la première place, avec le droit de changer de classe… Que feras-tu ?
Kôenji était de loin le plus gros enfant à problèmes, non, il était la personne la plus libre de toute l’école. S’il avait le choix de changer de classe, hésiterait-il à nous abandonner ? Savoir si Kôenji allait être bon pour la classe dans le futur était une autre question, mais Horikita ne voyait pas la perte de camarades comme une bonne chose.
En plus de cela, s’il participait sérieusement à des événements offrant d’énormes récompenses, il avait toutes les chances de l’emporter… Et de devenir un ennemi redoutable !
Kôenji —Tu n’as aucun souci à te faire à ce sujet-là, pour l’instant. Il n’y a rien que les autres classes ont pour moi à ce stade qui vaut l’accord que j’ai avec toi, ma petite Horikita.
Horikita — Pour l’instant, hum…
Il voulait dire que selon les circonstances, il lui était toujours possible de changer de classe.
Kôenji —Pour l’instant oui, nous sommes en sécurité.
Horikita craignait cette éventualité, mais personnellement j’étais sceptique quant au fait qu’une autre classe veuille de Kôenji. Bien sûr, il avait ses avantages, mais tellement de points noirs.
Horikita — Très bien, je te crois sur parole. C’est juste que je ne te fais pas confiance non plus si tu pars sur un coup de tête. Tu auras assez de points pour prendre la première place, c’est bien ça ?
Kôenji —Oui cela me convient. Après tout, je n’ai pas à faire équipe avec qui que ce soit.
On dirait qu’il allait participer aux compétitions en solitaire. Considérant que c’était Kôenji, il lui était tout à fait possible d’obtenir la première place à chaque fois. Il était fort probable qu’il obtienne le score maximum possible de 55 pts.
Moi — N’as-tu vraiment aucun intérêt pour la classe A ?
Kôenji avait répondu en riant et retourna dans la salle de classe.
Kôenji —Tu aimes écouter aux portes à ce que je vois.
Avait-t-il remarqué qu’elle était entrouverte, ou le savait-il depuis le début ? Kôenji s’arrêta derrière moi et me demanda.
Moi — Je ne peux pas dire que je ne suis pas curieux de savoir ce que tu feras au Festival sportif.
Kôenji —Restons-en là, alors.
Moi — Je peux te poser une question, Kôenji ?
Kôenji —Les récompenses du Festival sportif m’excitent au plus haut point alors pose-moi ta question et j’y répondrai.
Moi — Tu as une promesse avec Horikita. Toutefois, il ne s’agit pas d’une garantie à 100 %. Il y a une possibilité qu’elle soit rompue, tout comme elle a laissé Kushida rester dans la classe. Tu en penses quoi ?
Je lui avais demandé s’il s’inquiétait de savoir si sa promesse serait tenue ou non. Certes Kôenji était toujours partant quand il y avait des points privés en jeu, et il suivait toujours Horikita même dans ses plus bizarres décisions. Tant que ça ne contrevenait pas à ses intérêts.
Kôenji —J’avais déjà tout compris. Si la tournure des événements m’avait conduit à devenir candidat à l’expulsion, j’aurais voté contre la motion avant cette étape. Ce que j’ai dit à propos de faire confiance à Horikita était fondé sur cela.
Moi — Je comprends. Ce n’est pas comme si tu faisais entièrement confiance à Horikita.
Kôenji —Je ne confierais jamais ma vie à quelqu’un d’autre. Toi non plus, n’est-ce pas ?
Moi — Peut-être.
Kôenji semblait insouciant, un vrai esprit libre, mais en réalité c’était un fin calculateur. C’était peut-être justement ce qui lui permettait d’être libre.
Je pouvais lire entièrement dans tous les autres élèves, mais lui restait une énigme peu importe à quel point je l’analysais.
2
Horikita — Ayanokôji-kun, tu aurais une minute ?
Dès le début de la pause déjeuner, Horikita m’interpella.
Moi — En ce moment, Kei est…
Karuizawa — On va manger ensemble, désolée. Je ne peux pas te laisser déjeuner avec Kiyotaka.
Kei accourut et s’interposa de force entre nous pour intercepter l’invitation de Horikita. Elle écarta les mains et fit signe que « non ».
Karuizawa — Je veux dire, c’est assez bizarre de demander ça à un gars qui a déjà une petite amie non ?
Horikita — Je suis d’accord mais la personne qui veut lui parler n’est pas moi, et ce n’est pas non plus une fille. Néanmoins, je me demande si tu peux me donner ton approbation.
Elle tourna son téléphone vers moi. Kei réagit plus vite que moi et jeta un coup d’œil à l’écran.
Karuizawa — Yagami… Takuya ?
Moi — Peu importe qui a envoyé le message, c’est le contenu qui compte.
Yagami semblait avoir envoyé ce message à Horikita il y avait à peine une heure.
Pendant la pause déjeuner, pourrais-tu faire venir Ayanokôji-senpai dans la salle du Conseil des élèves ? Le président aimerait le voir. Si besoin je pourrais éventuellement me déplacer, s’il n’accepte pas.
C’était ce qui était écrit.
Horikita — J’ai également des fonctions en tant que membre du Conseil. Si on me dit qu’un camarade de classe est nécessaire pour quelque chose, je ne peux pas refuser la demande.
Cela signifiait qu’elle n’avait pas d’autre choix que de venir lui transmettre ce qu’il avait à dire.
Horikita — Il semble que le président Nagumo veuille te rencontrer. Qu’as-tu encore fait ?
Moi — Je n’ai rien fait.
« Récemment », pensai-je. En cas de refus, Yagami-kun allait venir ici. Si je persistais, peut-être même Nagumo… Horikita n’était qu’une messagère.
Moi — Désolé, Kei. Si j’ignore les ordres du président, cela deviendra gênant pour moi plus tard.
Karuizawa — Tch. Eh bien, si c’est lui qui te demande en personne, je suppose qu’on n’y peut rien… Satô-saaan, on bouffe ensemble ?
Comprenant qu’elle n’avait d’autre choix que d’accepter la situation, Kei se précipita immédiatement vers Satô et les autres.
Horikita — Elle change rapidement d’avis ta petite amie, n’est-ce pas ?
Soit par admiration, soit par exaspération, elle marmonna cela.
Moi — J’y vais de ce pas.
Horikita — D’accord, je vais prévenir Yagami-kun.
Moi — Je me demande pourquoi Nagumo ne t’a pas sollicitée pour te demander ça, au lieu de passer par Yagami ?
Horikita — La seule personne du Conseil dont j’ai le contact est Yagami-kun, car il a pris l’initiative de m’ajouter.
Alors que je quittais la salle de classe, Horikita sortit également dans le couloir avec moi.
Horikita — Je ne sais pas pourquoi il t’a appelé, mais je te recommande de faire de ton mieux pour ne pas le mettre en colère.
Horikita me donna quelques conseils. Je me séparai d’elle et décidai à contrecœur de me diriger vers la salle du Conseil des élèves. J’avais au moins ainsi un petit temps de préparation, ce qui n’aurait pas été le cas si Nagumo avait débarqué pour me demander expressément de venir.
J’arrivai devant la salle du Conseil et frappai doucement à la porte. Peu de temps après, en ayant confirmé que j’avais entendu la voix de Nagumo de l’intérieur, j’ouvris la porte. Comme prévu, il n’y avait personne d’autre.
Nagumo — Yo, Ayanokôji, comment ça va ? Ta vie va comme tu veux ? Tu n’as rien remarqué d’étrange j’espère !
Il commença doucement. Les choses qui perturbaient ma vie quotidienne étaient dues aux instructions données par nul autre que le président du Conseil en face de moi. La pression des regards quotidiens que je recevais des TLe n’avait pas diminué le moins du monde.
En fait, les TLe qui ne connaissaient pas grand-chose sur moi, me regardaient comme une menace. Sans aucun doute, pour les classes supérieures, j’étais l’outsider le plus célèbre. Même sans en connaître les détails, il avait ancré en eux que j’étais le seul 1ère ayant osé défié le grand Nagumo.
Moi — Peu de choses ont changé, c’est ce que j’aimerais dire… Mais bon, j’ai quelques soucis.
C’était facile de prétendre que je n’avais rien remarqué, mais je craignais aussi qu’il ne monte d’un cran si je ne paraissais pas du tout affecté.
Nagumo — En tant que président du Conseil des élèves, tu peux me parler de ces soucis, tu le sais ?
Moi — J’en fais peut-être trop. Si vraiment ça va mal, je m’assurerai de venir te voir.
Si je le flattais, il était possible que Nagumo recule.
…Non, c’était définitivement trop optimiste. La seule chose que Nagumo désirait était ma chute. Il n’allait sûrement pas en rester là. D’ailleurs il ne m’avait sûrement pas fait venir juste pour ça, alors il changea de sujet.
Nagumo — Tu as pris connaissance des règles du Festival sportif, n’est-ce pas ? Cela signifie que le moment où nous pouvons régler nos comptes est venu, Ayanokôji. Il y aura des compétitions inter-promo alors affronte-moi.
Moi — J’ai vu ton OAA. À moins qu’il ne s’agisse de compétitions impliquant une grande part de chance, peu importe ce que je fais, je n’ai aucune chance de gagner. Le résultat est clair comme le jour.
Même si ma seule option était de me comporter modestement, cela n’allait pas convaincre Nagumo.
Nagumo — Tu réponds toujours comme ça. Tu penses que si tu agis humblement, je serai satisfait. Non, je suppose que je ne peux pas te le reprocher, parce qu’actuellement tu n’as pas trop le choix.
Il semblait qu’il était le genre d’homme qui pouvait voir à travers mes pensées superficielles.
Nagumo — Je sais que tu n’es pas impatient. Pour moi aussi, passer trop de temps sur toi est une perte de temps. C’est pourquoi, si tu me bats dans un seul match en face à face lors de ce festival sportif, je passerai l’éponge sur ce qui a pu arriver entre nous.
Moi — Une victoire, c’est ça ?
C’était beaucoup plus laxiste que je ne l’avais imaginé.
Nagumo — On dirait que tu penses qu’une seule victoire suffit. Est-ce si facile pour toi ?
Moi — Ce n’est pas le cas. Cependant, je pense que j’ai une chance.
Nagumo — Néanmoins, exiger que des séries de victoires sans aucune défaite serait peut-être un peu extrême aussi…
Il joua les conciliants, mais ce n’était qu’un moyen de mieux m’appâter.
Nagumo — Mais il y a une condition. Tu participeras aux cinq évènements que je désignerai. Peu importe qui gagne ou perd, mais en manquer ne serait-ce qu’un seul signera ta défaite.
Moi — Que feras-tu si je perds ? Seras-tu satisfait de cette victoire, président du Conseil ?
Nagumo — Ce serait bien, mais… Je continuerai certainement de t’embêter, de t’interpeller comme ça. Encore et encore… Tes soucis seront toujours là !
Moi — Je dois aussi tenir compte du plan de ma classe. Peux-tu me donner un peu de temps ?
Nagumo — En tout cas, j’ai dit ce que j’avais à dire. Je te donne une semaine. Contacte-moi d’ici lundi prochain.
Moi — Je comprends. Si c’est tout ce dont tu voulais parler, je peux partir maintenant ?
Nagumo — Pourquoi te hâter comme ça ? Tu as quelque chose de prévu ? Tu n’en as pas fait mention en arrivant…
Moi — Je n’ai rien de prévu.
Nagumo — Je suis soulagé de l’entendre.
Nagumo vérifiait de temps en temps son téléphone tout en me parlant. Il semblait qu’il n’avait pas encore l’intention de me laisser partir.
— Je rentre.
De l’autre côté de la porte, j’entendis une voix que je n’avais pas entendue depuis longtemps.
Ichinose — Eh…
C’était Ichinose, portant un sac en plastique à la main.
Ichinose — Désolée de t’avoir fait attendre, Nagumo-senpai.
Nagumo — Désolé, je n’ai pas pu venir l’acheter avec toi aujourd’hui.
Ichinose — Ce n’est pas grave…
Nagumo — Ah, ça ? Dernièrement, je déjeune tous les jours avec Honami ici. Le Conseil me tient occupé, vois-tu, alors j’ai mal à la main droite.
Dernièrement, je ne la croisais plus autant pendant le déjeuner. Je me doutais bien que ça avait possiblement un lien avec le Conseil, car leur salle n’était pas accessible aux élèves normaux.
Nagumo — Quand nous ne sommes que deux, elle me raconte ses soucis elle aussi. N’est-ce pas ? Honami.
Ichinose — O-oui.
Nagumo — Je lui ai dit que nous aurions un visiteur aujourd’hui. Joins-toi à nous pour le déjeuner, Ayanokôji.
Je pouvais voir trois bentos dans le sac. Dès le début, après avoir terminé notre conversation, il avait l’intention de me faire manger ici. Refuser était la facilité. Pour Ichinose aussi, cela n’allait pas être évident non plus. Cependant, j’étais verrouillé et j’avais déjà donné ma parole.
Nagumo — Tu as dit que tu n’avais rien à faire, n’est-ce pas ? Alors assieds-toi.
En plus il donnait des ordres ! Naturellement, je n’avais pas le droit de refuser. Je m’assis dans un siège légèrement éloigné de Nagumo. Peut-être qu’Ichinose mangeait habituellement aux côtés de Nagumo, puisqu’elle lui tendait mécaniquement le sac plastique avant de s’installer près de lui. Elle commença à attaquer son déjeuner avec un regard légèrement baissé, ses yeux restant loin de moi. Il n’y avait aucun moyen que Nagumo ne remarque pas ce comportement contre nature, devant se souvenir de la scène sur le bateau.
Ichinose — Les règles du Festival sportif sont assez différentes de celles de l’année dernière.
Nagumo — En fait, tu devrais me remercier. Parce que si le festival avait exactement les mêmes règles que l’an passé, ma victoire aurait été certaine.
Les règles du festival sportif de l’année dernière nous divisèrent en deux équipes, rouges et blanches, qui s’affrontaient.
Nagumo avait le contrôle de toute son année. Cela signifiait qu’il pouvait faire en sorte que les élèves de l’équipe adverse perdent leurs matchs. Peu importe les efforts déployés par les autres élèves.
La conversation était essentiellement entre Nagumo et Ichinose, je me contentai donc de manger silencieusement.
Ils n’étaient même pas à la moitié de leur repas quand je terminai. Je fermai le couvercle du bento et le tins en main.
Nagumo — Oh, déjà fini ? Tu peux laisser la boîte vide là-bas.
Moi — Merci beaucoup !
Je répondis, mais l’attention de Nagumo n’était déjà plus sur moi. Son regard était fixé sur Ichinose. Cette dernière, essayant peut-être de m’éviter du regard, faisait également face à Nagumo.
Moi — Je vais partir du coup.
Ça ne servait à rien de rester là, alors je quittai la salle du Conseil des élèves.
Moi — Une stratégie pour démontrer sa supériorité, hein…
Du point de vue d’un étranger, j’aurais l’air d’être humilié, mais cela ne servait à rien si je ne subissais moi-même aucun dommage psychologique. S’il visait cet effet, il aurait dû s’arranger pour que plus de membres du Conseil mange avec nous. S’il avait fait ça, il aurait au moins pu amener des spectateurs à me considérer comme un type pitoyable.
Cela dit, d’après ce à quoi cela ressemblait, Nagumo était en contact étroit Ichinose. Peut-être que leur relation allait même s’approfondir ? Rejoindre Nagumo conduisait-il à la croissance d’Ichinose Honami ? Si tout allait bien, elle allait pouvoir acquérir suffisamment de ses faveurs pour assumer le poste de présidente du Conseil. Cela pouvait lui donner la confiance nécessaire en ce sens.
Non, cette pensée était un peu trop naïve. Si l’attachement de Nagumo à Ichinose était dû à moi, il était tout à fait possible qu’il la brise au dernier moment. Si, après s’être donnée corps et âme, elle n’était pas élue présidente du Conseil des élèves au profit de Horikita, qui aurait moins contribué, elle n’y survivrait pas.
En ce sens, le pouvoir de Nagumo était formidable.
Même si j’avais besoin de garder un œil sur Nagumo, il y avait d’autres choses plus urgentes.
Tout d’abord le Festival sportif imminent, mais avant cela, je devais continuer à me préparer pour le Festival culturel qui suivait. Compte tenu de la situation dans la classe, je demandai aux initiatrices de l’idée, Satô, Matsushita et Maezono, une brève pause. Mais les préparatifs pour obtenir du personnel pour le maid café devaient continuer.
Je comptais à l’origine sur la participation d’Airi, mais ce n’était plus possible. Et impossible de compter sur Haruka pour l’instant… Kushida aurait pu être une autre carte puissante à jouer, mais ça aussi je ne l’avais plus.
De plus, dans mes tentatives d’apprendre les tenants et les aboutissants de ce domaine, je ne pouvais faire sans mes camarades de classe pour m’aider.
Avec la classe déchirée comme c’était le cas en ce moment, le maid café était probablement le dernier de leurs soucis. L’évoquer allait sûrement créer plus de panique qu’autre chose, panique risquant par ailleurs que notre idée fuite.
Moi — Un maid café… hein.
Je ne connaissais rien du tout à l’événement et nous devions vendre beaucoup pour couvrir le budget mis en place. Je devais rechercher des stratégies gagnantes ainsi que faire de la veille pour voir ce que faisait la concurrence.
3
Le lendemain, il était inutile de préciser que la joie n’était pas revenue dans notre classe. Nos trois camarades de classe, absentes la veille, l’étaient de nouveau. Certes, des problèmes de santé pouvaient arriver à tout le monde, mais dans le cas de ces trois élèves il y avait fort à parier qu’elles étaient absentes pour d’autres raisons.
En cas d’absences consécutives, il était généralement nécessaire de se rendre à l’hôpital du centre commercial Keyaki pour obtenir un certificat médical. Un certificat suffisait généralement à éviter les problèmes. Il suffisait de se plaindre d’une quelconque gêne pour que l’hôpital nous prenne en charge pendant quelques jours.
Cependant, d’après Chabashira-sensei, aucune d’entre elles n’avait été examinée à l’hôpital. Kushida n’avait même pas prévenu les professeurs. Combien de temps l’établissement allait-il fermer les yeux ?
L’absence de Haruka était certainement liée à l’expulsion d’Airi de l’école, pour Wang certainement à la révélation de son amour pour Yôsuke. Quant à Kushida, avais-je besoin de faire un dessin ?
Aucune des trois n’avait de problèmes médicaux.
Que risquions-nous si leur absence se poursuivait dans le temps ? Ce n’était qu’une question de temps avant que l’administration n’enquête et que ça ne se retourne contre nous, comme le disait Chabashira-sensei.
Et si seulement elles étaient les seuls problèmes. Après tout, Wang n’était pas la seule victime des révélations de Kushida. Le nouveau couple de la classe, Ike et Shinohara, avait également été touché. Shinohara ne semblait plus adresser la parole à Kei, Matsushita ou Mori, vu qu’elles avaient dit du mal dans son dos. Bien qu’aucun autre nom n’ait été prononcé, nous ne pouvions plus exclure la possibilité que ce soit pour la même raison que Shinohara n’avait pas parlé à d’autres élèves comme Satô et Maezono. Ce n’était pas forcément des filles qui se mélangeaient beaucoup avec les autres, mais globalement elles constituaient un groupe soudé alors l’ambiance de la classe en prit vraiment un coup.
Pourtant c’était le moment idéal pour commencer à choisir les élèves qui allaient participer aux compétitions d’équipe afin de grappiller quelques points pour le festival… Mais nous ne pouvions visiblement pas encore nous le permettre.
Après tout, essayer de constituer les équipes maintenant n’allait sûrement faire qu’empirer les choses. Sachant cela, Horikita était incapable de passer à l’étape suivante. Pas seulement Horikita, mais Yôsuke aussi l’avait bien compris.
Le cours du matin s’acheva et une autre matinée se termina. Peu de temps après, je reçus un message sur ma tablette.
Mlle. Chabashira — Je dois te parler une minute. Suis-moi.
C’était une brève instruction de Chabashira-sensei. Peu de temps après, elle quitta la classe. je quittai mon siège aussitôt comme si j’allais aux toilettes. Exemple type de pourquoi être assis près du couloir était une bonne idée : on remarquait à peine mon absence ! Au coin du couloir menant à la salle des professeurs, je pus distinguer Chabashira-sensei dos au mur.
Moi — C’est inhabituel que vous m’appeliez comme ça. C’est urgent ?
Pendant un moment, je pensai que c’était dû à l’absence de nos trois camarades, mais apparemment ce n’était pas le cas.
Mlle. Chabashira — Oui. Il y a quelque chose que je dois te dire. C’est à propos de Sakura.
Moi — Vous voulez dire Airi ?
Airi nous avait quittés depuis une semaine déjà. Le temps passe si vite…
Qu’avait-elle à me dire sur Airi ?
Mlle. Chabashira — Quand elle a été expulsée de l’école, elle a réalisé la procédure requise à savoir, le rangement de ses affaires et la collecte de ses points privés.
Son propos était clair, mais je la sentais un peu fragile. Je me demandais si ce n’était pas dû à l’émotion de perdre l’un de ses élèves.
Mlle. Chabashira — Les articles achetés ici sont fondamentalement la propriété des élèves, et c’est à l’élève de décider ce qu’il en fait. Il n’y a aucun problème à les laisser ici ou à les emporter avec soi. L’officialisation de l’expulsion se fait dans la salle des professeurs et du personnel, mais quelque chose d’inattendu s’était produit avant ça.
Moi — Inattendu ?
Mlle. Chabashira — Oui. Après l’examen spécial, nous avons découvert que Sakura avait utilisé environ cinq mille de ses points privés. Ou plutôt, je pense plutôt qu’elle ne savait pas trop quoi en faire.
Moi — Les points privés ne sont-ils pas retirés aux élèves expulsés ?
Mlle. Chabashira — Bien sûr. Mais, en réalité, c’est au moment de l’officialisation, en salle des professeurs, qu’ils ne sont plus disponibles. Il y a donc cette espèce de zone grise. Le règlement n’en parle pas directement, bien qu’il interdise le transfert de points privés à ce moment-là.
Moi — Je vois, certainement pour éviter qu’une personne expulsée ne transfère tous ses points au dernier moment. Et savez-vous pourquoi elle les a utilisés ?
Mlle. Chabashira — Non, elle ne les a pas dépensés pour elle…
On m’avait expliqué qu’Airi avait pu utiliser ses points privés de manière inattendue. Au fil de l’explication, je me rendis compte que je n’y étais peut-être pas pour rien dans cette histoire.
Mlle. Chabashira — En tant que professeur principal j’ai pris la peine de te prévenir et de t’appeler. Bien sûr, tu n’es pas obligé d’accepter ça. Si tu refuses, je m’en occuperai moi-même.
Les actions d’Airi eurent lieu peu de temps après que son expulsion ait été confirmée. En me doutant de la demande, je pris les devants.
Moi — Ce n’est pas une si grosse somme, je vais l’assumer.
Mlle. Chabashira — Tu acceptes donc de payer pour ça ?
Moi — Ce ne sera pas un problème, non ?
Mlle. Chabashira — Oui. Ce seront tes points privés qui seront prélevés, donc l’école ne le considérera pas comme une violation.
Moi — Je comprends.
Je finis enfin de confirmer avec elle que ce n’était pas un problème.
Mlle. Chabashira — Puis-je te demander si tu es impliqué directement dans cette histoire ?
Elle me posa la question en me regardant avec une touche de curiosité.
Moi — Non, pas du tout. J’ai juste eu une petite intuition.
Bien sûr, je ne connaissais pas encore les détails de l’utilisation de ces 5 000 points pour le moment, mais je supposais que nous n’allions pas tarder à l’apprendre.
Mlle. Chabashira — Bon, c’est toujours un problème de moins. Je ne vais pas revenir sur la situation de la classe qui me semble assez bizarre.
Il était tout à fait normal qu’en tant qu’enseignante, elle ne puisse pas s’empêcher de s’inquiéter pour sa classe.
Mlle. Chabashira — Qu’est-ce qui ne va pas avec eux ?
Moi — Comme vous l’avez souligné, la classe est instable en ce moment. Je pensais que j’allais devoir la remettre sur le droit chemin, mais peut-être que ce ne sera pas nécessaire.
Mlle. Chabashira — Qu’est-ce que tu veux dire ?
Moi — Pour l’instant, veuillez garder un œil sur eux. Regardez comment chaque élève évolue.
Chabashira-sensei eût l’air insatisfaite de ma réponse, mais hocha doucement la tête.
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