CLASSROOM Y2 V12 Épilogue

En vérité

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(Ryuuen)

Avant que l’examen spécial ne commence, j’arrivais en premier aux toilettes et m’appuyai sur la dernière porte des nombreuses cabines, en attendant Ayanokôji. Mes bras croisés et mon attention élevée, j’avais décidé de me concentrer sur la bataille contre Sakayanagi. Les règles venaient d’être révélées, donc je simulais continuellement les méthodes pour la combattre. Parce que les représentants et les participants étaient complètement séparés, la plupart des stratégies que j’avais préparées étaient malheureusement inutilisables. Mais Sakayanagi devait se plier aux mêmes conditions alors je n’avais pas le droit de me plaindre.

Si les capacités académiques avaient été à l’ordre du jour, l’issue ne faisait aucun doute. On pouvait dire que j’avais donc passé le premier obstacle. C’était justement intéressant parce qu’il n’y avait aucune garantie. Quelques moments après, je fus enveloppé par une sensation qui m’irrita la peau. C’était un pari, et si je devais perdre contre Sakayanagi, alors ainsi soit-il. Si c’était nécessaire, ma revanche contre Ayanokôji pouvait même continuer en dehors de l’établissement.

Après quelque temps, il arriva. Son visage vide d’expression, responsable de l’atmosphère lugubre qui l’entourait, était quelque chose que je n’avais pas remarqué jusque-là. Mais maintenant, je pouvais sentir son anormalité dans son intégralité.

Moi — Je vois que tu as remarqué mon appel.

Ayanokôji — Accouche. Je n’ai pas de temps à perdre avec toi aujourd’hui.

Alors même que je mettais la pression, Il ne flancha pas d’un poil.

Ayanokôji — Durant l’examen, j’ai besoin de toi pour transmettre un message.

Moi — Hein ? Un message ? Tu te fous de moi ? Fais-le toi-même.

Sakayanagi attendait silencieusement dans la salle d’attente pour la sélection des groupes. Il y avait beaucoup d’opportunités de lui parler.

Ayanokôji — C’est un message spécial à transmettre en pleine rencontre.

Un message qui ne faisait sens que lors du face-à-face entre Sakayanagi et moi.

Moi — Ah ! Je comprends pas.

Ayanokôji — Ce n’est pas grave. Le message doit juste lui parvenir.

Que préparait-il ? C’était peu probable, mais s’était-il allié à Sakayanagi ?

Ayanokôji — Ne t’inquiète pas. Je ne suis ni ton allié ni celui de Sakayanagi. Je ne suis qu’un spectateur.

Il ajouta ceci, lisant dans mes pensées alors que j’observais la situation.

Moi — J’ai quelque chose à gagner pour m’impliquer dans un truc aussi chiant ?

Ayanokôji — Désolé, mais pas particulièrement. Tu es libre de refuser. De plus, s’il s’avère que tu bats Sakayanagi, ce message ne sera pas nécessaire.

Je n’étais pas enclin à coopérer avec Ayanokôji, mais sa dernière remarque n’était pas quelque chose que je pouvais ignorer.

Moi — Tu penses que je vais perdre ?

Ayanokôji — Je ne dirais pas cela. Ce message est juste un peu spécial.

Il continua à dire des choses que je ne pouvais pas comprendre.

Ayanokôji — Tu n’auras qu’à simplement te souvenir de notre conversation.

Je n’aimais pas ce qu’il disait, mais ce mec avait une capacité inquiétante à anticiper les choses. Au minimum, cette action n’avait rien d’inutile.

Moi — Je n’ai pas l’intention de perdre, mais je t’écoute. C’est quoi ?

Ce message transmis de manière détournée piqua mon intérêt. Mais…

Ayanokôji — Le contenu du message n’est connu que de Hashimoto.

Moi — Quoi ?

Ayanokôji, une fois encore, dit quelque chose qui dépassa mes attentes.

Ayanokôji — Dis juste à Sakayanagi d’écouter le message de Hashimoto.

Moi — T’es sérieux là ? Comment tu veux qu’ils se parlent pendant le match ?

Ayanokôji — C’est simple. Nomme Hashimoto comme intrus.

Il continua de déblatérer ses inepties.

Moi — Ne me fais pas rire. Hashimoto est un traître qui n’évoque que la défiance. Il n’y a aucune chance que Sakayanagi puisse utiliser son groupe dans un match contre moi.

Nommer Hashimoto semblait stupide car il n’allait jamais être appelé.

Ayanokôji — Cela dépend de la situation. Selon le déroulé des évènements, cela pourrait ne pas être si difficile.

Il ne me mettait pas la pression non plus, mais il m’irritait clairement

Moi — C’est une cause perdue. Je ne sais pas si cela aura encore du sens d’ici là, mais délivre lui ce message par toi-même à la fin de l’examen. Tu devrais avoir assez de temps pour la rencontrer.

Ayanokôji — C’est un message spécial que seule Sakayanagi peut comprendre durant l’examen spécial.

Moi — Tu ne comptes pas me laisser utiliser mon droit de désignation de l’intrus comme je veux, du coup ?

Sakayanagi n’allait sans doute pas utiliser Hashimoto, mais dans le cas où elle le ferait, je devais garder cet atout crucial pour le dernier moment.

Ayanokôji — C’est peut-être le cas, en effet.

Moi — Ne me fais pas rire. Ce message ne parviendra jamais à Sakayanagi.

Je me sentis stupide de l’avoir écouté alors je mis fin à la conversation.

Ayanokôji — Fais ce que tu veux. Je ne te forcerai en rien.

Avec ces mots, il finit rapidement et partit. Je claquai ma langue, agacé.

Moi — C’est quoi comme genre de message ? Putain, pourquoi faire tout un cinéma pour lui faire parvenir ?

Alors que la bataille s’annonçait rude, ce con avait osé me faire une demande pareille.

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Ryuuen utilisa son droit de désignation de l’intrus et un interrogatoire eut lieu.

Hashimoto — Ça sent le roussi, n’est-ce-pas ?

Lui qui venait d’arriver plus tôt, marmonna ceci en riant alors que Sakayanagi entrait.

Hashimoto — Au moment où mon groupe est choisi, Ryuuen utilise son droit de désignation. Le timing sent très mauvais.

En disant cela, il s’enfonça profondément dans la chaise. Sakayanagi s’avança avec la canne, et prit place dans le siège en face de lui.

Hashimoto — Je sais que je ne peux pas avoir de détails, mais c’est la fin, non ?

Sakayanagi — Comment ça ? Malheureusement, je ne peux pas rien te dire.

Il s’attendait à un développement où Ryuuen prenait le dessus. C’était ce qu’il espérait. Toutefois, Sakayanagi avait une expression très calme.

Hashimoto — Et bien, tant pis. Il faut attendre que tout se finisse alors. Mais pourquoi as-tu choisi mon groupe, Sakayanagi ?

Comme pour fuir la réalité, il essaya de changer subtilement le sujet de conversation.

Sakayanagi — Oh. Maintenant que tu me vois comme une ennemie, tu as décidé de laisser tomber les suffixes honorifiques[1] ?

Hashimoto — Nous sommes seuls ici alors je ne vais pas faire semblant.

Sakayanagi — Bien. Je comprends que tu te sois préparé ainsi.

Il gardait la face, mais sa fréquence cardiaque était bien plus élevée qu’à l’accoutumée.

Sakayanagi — Tu as choisi de faire équipe avec Ryuuen-kun. Quel dommage qu’il s’agisse d’un examen spécial où tu n’as aucun pouvoir.

Hashimoto — Exactement. J’avais espéré renverser la situation en te trahissant, mais il se passe le contraire.

Il exagéra sa déception causée par l’issue défavorable qui se profilait.

Hashimoto — Pourquoi avoir choisi mon groupe ? Même si je ne peux pas interférer dans cet examen, tu es du genre à toujours rester sur tes gardes.

Selectionner le groupe de Hashimoto ne pouvait apporter que des inconvénients.

Sakayanagi — C’est vrai. Je n’avais en aucun cas prévu de te sélectionner.

Hashimoto — Alors pourquoi ? Ne me dis pas que tu comptes m’expulser ?

C’était absolument impossible, Hashimoto en était convaincu.

Hashimoto — Désolé mais je vais te décevoir. Je suis l’intrus. On peut en finir.

Sakayanagi — Je me fiche de ce que tu es. Je t’ai fait venir seulement pour écouter le message que tu as eu d’Ayanokôji-kun.

Hashimoto — …Un message ?

Sakayanagi — Il n’y a que toi et moi ici, nul besoin de le cacher, n’est-ce-pas ?

Hashimoto — Attends une minute. Je ne comprends pas de quoi tu parles.

Se montrant confus, Hashimoto croisa les bras et réfléchit.

Sakayanagi — N’as-tu pas parlé à Ayanokoji-kun avant le début de l’examen ?

Hashimoto — Oui mais je n’ai pas reçu de message pour toi.

Sakayanagi — Le temps est limité. Si tu as été chargé d’un message, je ne vois pas l’intérêt de maintenir inutilement le suspens.

Hashimoto — Non non, je n’en ai sérieusement aucune idée. Attends une seconde, je vais essayer de m’en souvenir.

Il avait en effet vu Ayanokôji, mais il ne se souvenait pas d’un message à transmettre. Il fouillait désespérément dans sa mémoire.

Hashimoto — Ah, non… Ce serait… ça ?

Sakayanagi — Il semblerait que tu te rappelles quelque chose.

Hashimoto — Non, ce n’était clairement pas un message. C’est juste que…

Alors qu’il allait commencer à parler, il s’arrêta.

Sakayanagi — De quoi s’agit-il ?

Hashimoto — Il m’a juste dit de ne pas me mentir à moi-même.

Sakayanagi — Tu es un menteur après tout. Peut-être était-ce son conseil.

Toutefois, en considérant que Hashimoto avait hésité à le dire, ce n’était sans doute pas le message pour Sakayanagi.

Hashimoto — Voilà. Vraiment, je n’ai rien d’autre. Je n’ai pas eu de message.

Sakayanagi réfléchit à nouveau. Il ne semblait pas mentir. D’un autre côté, Ryuuen ne semblait pas mentir également. Le fait qu’il ait abandonné l’examen spécial était clair, étant donné qu’il ne regardait plus l’écran. Il n’y avait donc qu’une réponse possible.

Sakayanagi — Tu as été chargé d’un message, mais tu ne le sais pas. C’est pourquoi tu ne trouveras rien même en te creusant les méninges.

Hashimoto — Comment ça ? Si c’est le cas, je ne peux pas vraiment pas aider.

Sakayanagi — Ne t’inquiète pas, je trouverai ce message pour toi.

Pour faire cela, elle allait devoir utiliser la grande majorité du temps imparti.

Sakayanagi — Cher examinateur, je vais tiens à vous informer que je vais maintenant lui demander s’il est l’intrus ou non. Mais je veux écouter tout ce qu’il a à dire alors ne prenez pas ses déclarations pour une confession.

Après avoir informé l’examinateur de ne rien valider, elle se confronta à Hashimoto.

Sakayanagi — Peux-tu me révéler si tu es l’intrus ?

Hashimoto lança un regard à l’examinateur, et ils hochèrent la tête.

Hashimoto — Que veux-tu dire par là ?

Sakayanagi — Il faut discuter. Tu l’as dit plus tôt, n’est-ce-pas ? Ayanokôji-kun t’a dit de ne pas te mentir à toi-même. Je veux vérifier si c’est vrai. Si tu es du côté de Ryuuen, il ne devrait y avoir qu’une seule réponse.

Hashimoto — Même si tu as notifié l’examinateur, je ne te ferais pas confiance imprudemment. Donc laisse-moi le dire ainsi. S’il m’était demandé d’avouer maintenant, je pourrais répondre que je ne suis pas l’intrus.

En étant ambigu, il faisait en sorte que ses dires ne se retournent pas contre lui.

Sakayanagi — Je vois. Tu as donc été appelé ici en ayant un rôle différent ?

Hashimoto — Oui, si tu veux savoir ce que je pense.

Sakayanagi — Très bien, pour l’instant cette position est bonne. Si tu peux parler honnêtement, je sens que nous allons arriver au message éventuellement… Parlons un peu avant la confession.

Une conversation frontale qui n’avait rien à voir avec l’examen commença.

Hashimoto — Donc, que veux-tu me demander ?

Sakayanagi — Je te prie de me parler de choses que je n’ai pas pu demander auparavant. Habituellement, je ne m’intéresse pas aux histoires d’autrui, mais ta personnalité et tes pensées sont basées sur des expériences passées.

Hashimoto — Peut-être que oui, peut-être que non.

Sakayanagi — Même si tu ne mens pas, ne peux-tu pas répondre honnêtement ?

Hashimoto — Nous n’entretenons pas une relation où on peut librement partager notre passé.

Sakayanagi — Alors laisse-moi creuser un peu plus. J’ai investigué sur tes amis comme tes ennemis. Je sais que tu as des habitudes étranges. Quand tu te sens troublé ou inquiet, tu te caches dans une cabine des toilettes, n’est-ce pas ?

Quand elle dit cela, il bougea instinctivement l’épaule. Il ne s’attendait pas à ce que quelqu’un remarque cette habitude, mais Sakayanagi le savait.

Hashimoto — C’est vraiment surprenant… Comment l’as-tu remarqué ?

Sakayanagi — Comme tu as dû le réaliser, Yamamura-san avait enquêté sur de nombreuses choses pendant une longue période. Parce que tu étais régulièrement en contact avec Ryuuen-kun, elle t’avait souvent observé.

Hashimoto — Tu as laissé Yamamura entrer dans les toilettes des hommes ?

Sakayanagi — Avec du recul, je lui ai imposé des tâches vraiment ardues.

Sans le démentir, Sakayanagi acquiesça.

Sakayanagi — Utiliser les toilettes sans en avoir besoin, c’est soit pour passer du temps seul ou pour échapper à réalité. Je penche pour la deuxième option.

Bien qu’elle n’eût pas beaucoup d’indices, Sakayanagi trouva doucement les clefs pour ouvrir le cœur de Hashimoto.

Sakayanagi — Que ce soit en primaire ou au collège, il doit y avoir eu un incident expliquant un tel comportement. En considérant ta personnalité, il y a des choses qui deviennent visibles.

Hashimoto applaudissant nonchalamment en riant s’exprima.

Hashimoto — Rien d’extraordinaire. À l’époque, j’étais souvent poursuivi par des gens qui ne m’aimaient pas. Il y avait ces toilettes sales et désertes dans l’établissement, donc je venais souvent m’y réfugier pour penser à diverses choses. Je n’ai juste pas été capable de me débarrasser de cette habitude.

Hashimoto aurait pu mentir, mais il considéra que cette vérité ne posait pas de problème. Après tout, il avait été averti par Ayanokôji. Il ne voulait pas se tromper et détruire son humeur.

Sakayanagi — Tu en parles vraiment positivement, mais ce passé te pèse, non ?

Hashimoto — Peut-être.

Il esquiva. Y répondre aurait naturellement fait resurgir des souvenirs désagréables.

Sakayanagi — Tu as réalisé quelque chose par ces expériences. Tu pensais que trahir avant d’être trahi était bon, et que mentir était une manière de survivre et de gagner. C’est toi, Hashimoto Masayoshi.

Hashimoto — Ne parle pas comme si tu me connaissais. Les gens qui n’ont jamais vu l’enfer ne pourront jamais comprendre.

Un soupçon de colère jaillit, et Hashimoto frappa inconsciemment ses genoux.

Hashimoto — Je m’en fous du message d’Ayanokôji ou du reste. Ce ne sont pas mes affaires. Je dois être diplômé de la classe A. J’ai besoin de résultats pour prouver à ceux qui pensent que je ne suis rien qu’un déchet.

Qu’il s’agisse de Sakayanagi, Ryuuen, ou Ayanokôji, il n’en avait rien à faire. « Je vais être diplômé de la classe A ». C’était le seul objectif pour lequel il se battait.

Hashimoto — Bon, ça suffit. Passons à la confession.

Sakayanagi — Que feras-tu à ce moment-là ? On t’a dit de ne pas te mentir à toi-même, et pourtant, tu comptes avouer en trahissant Ryuuen-kun ?

Hashimoto — Évidemment. Si, même pour la blague, j’essayais de dire que je ne suis pas l’intrus, tu me déclarerais comme tel, comme si tu avais capturé un démon ! Tu m’aurais expulsé de l’école. Je ne laisserai pas cela se produire…

Sakayanagi — En effet. Je ne peux pas te garantir que je ne te désignerai pas comme intrus. La réponse vis-à-vis de ton destin est déjà déterminée.

Hashimoto — C’est fini, cette conversation est terminée alors. Je suis…

Hashimoto, qui tenta de mettre un terme à cette conversation, perdit ses mots quand il regarda les yeux de Sakayanagi.

Sakayanagi — Quoi… Pourquoi tu fais une telle tête ?

Sakayanagi avait une expression calme comme elle ne l’avait jamais montré auparavant. Elle ne montrait aucun signe de moquerie, il s’agissait plutôt d’un sourire doux, telle une mère qui regardait son enfant.

Sakayanagi — Peut-être que je te comprends mieux, Hashimoto-kun. J’avais promis ton expulsion à Masumi-san. Mais… je pourrais reconsidérer la chose maintenant.

Hashimoto — Hein ? La bonne blague.

Sakayanagi — Certes, si tu continues à trahir la classe, je pourrais ne plus te pardonner, mais si tu me fais confiance et que tu obéis, cela change la donne.

Hashimoto — Tu penses que je vais croire ça ? C’est évident que tu veux te débarrasser de moi.

Sakayanagi — Qu’en penses-tu ?

Hashimoto — Tu essayes de me tromper et de prendre ta revanche, n’est-ce-pas ?

Sakayanagi — C’est à toi de voir, Hashimoto-kun.

Hashimoto — Je vais définitivement me faire trahir… Je dois… te vaincre…

Soudainement, une larme coula le long de sa joue.

Hashimoto — Quoi… ?


Hashimoto ne comprenait pas ce qu’il se passait. C’est seulement en séchant ses larmes qu’il comprit.

Hashimoto — Qu’est-ce que c’est que ça ? Il n’y a aucune raison de pleurer… Qu’est-ce qu’il se passe ?

Hashimoto ne pouvait que rire face à l’état anormal de son corps.

Sakayanagi — Jusqu’à présent, personne ne t’avait compris. Tu pensais qu’il n’y aurait personne comme ça à l’avenir. Mais peut-être ton instinct a réalisé que c’était faux ?

En le regardant, Sakayanagi réfléchit sur son propre cas. En y repensant, elle ne faisait confiance à personne. Elle ne croyait qu’en ses propres pensées et repoussait les autres. Ainsi, elle perdit Kamuro à cause de son immaturité. Les ténèbres que Hashimoto portait. Le passé qui avait dû lui faire utiliser tous les moyens nécessaires pour survivre. Peut-être que si elle réduisait la distance qui les séparait, il pourrait lui en parler un jour. Sakayanagi pensa ainsi. C’était difficile de le pardonner, mais elle était elle-même largement responsable de l’expulsion de Kamuro.

Peut-être puis-je lui donner une seconde chance. Peut-être puis-je gagner l’examen spécial et le ramener à la maison.

De telles pensées tournaient en rond dans sa tête. Hashimoto avoua être l’intrus. Ainsi, Sakayanagi n’avait plus qu’à prendre une décision pour terminer l’interrogatoire. Hashimoto perdrait sa récompense et elle reviendrait dans la discussion pour cibler un « rôle clé » afin d’en finir avec Ryuuen.

Cependant…

Sakayanagi s’arrêta.

…Que voulait me dire Ayanokôji ? Quel était le message qu’il dit avoir transmis à Hashimoto ? Était-ce un message pour pardonner à ce garçon devant moi ?

Bien qu’elle trouvât la réponse, Sakayanagi ressentait toujours un fort sentiment d’inconfort. Elle ferma doucement les yeux. C’était différent du message qu’elle aurait dû avoir d’Ayanokoji. Qu’il s’agisse de pardonner ou non Hashimoto, ce n’était pas nécessaire à l’examen spécial. Cela aurait pu être réglé après la confirmation de l’expulsion de Ryuuen, pas seulement dans cette situation ambiguë.

Par conséquent, on ne pouvait donc pas dire qu’il s’agissait d’un message qui n’avait de sens que maintenant. Dans cette situation, ce qu’il voulait transmettre… Lui avec son raisonnement supérieur au commun des mortels, elle s’interrogea.

Réfléchis, réfléchis, réfléchis, réfléchis, réfléchis.

Sakayanagi — Ah…

Finalement, les pensées de Sakayanagi décryptèrent le message caché. Elle trouva enfin la réponse.

Sakayanagi — C’est vraiment ce que tu veux ?

Non. Elle ne voulait pas l’admettre. Elle ne voulait pas reconnaitre un tel message. C’est pourquoi, elle avait posé la chose sous forme de question. Bien qu’elle la remît en question, son esprit était convaincu qu’il s’agissait de la bonne réponse.

Quel était le message qu’Ayanokôji lui avait envoyé ?

C’était quelque chose que ni Ryuuen ni Hashimoto n’auraient pu un jour entendre. Les vraies intentions d’Ayanokôji, visibles seulement après avoir combattu Ryuuen.

C’était un message trop cruel pour que Sakayanagi puisse le supporter.

Sakayanagi — C’est aussi… un menteur, n’est-ce-pas ?

Une bataille mettant en jeu l’expulsion de Sakayanagi et Ryuuen. Le véritable but de cet affrontement était d’avoir la légitimité pour combattre Ayanokôji. Ce match avait été établi afin d’éliminer tous les prétendants. Sachant cela, Ayanokôji décida de ne prendre parti pour aucun des deux élèves. Malgré tout, s’il devait choisir entre les deux, il savait qui il voulait voir rester.

La personne qu’Ayanokôji attend est Ryuuen Kakeru.

Bien sûr, il n’avait aucune intention d’interférer dans ce match. Il avait dit qu’il pouvait donner des conseils pour repayer sa dette, mais ce n’était qu’une simple formalité, car il était évident que Sakayanagi allait refuser. L’enchainement de ces évènements était un modeste moyen d’aider celui qui était destiné à perdre. Une tentative de renverser la situation pour Ryuuen.

Sakayanagi avait toujours attendu un vrai combat contre Ayanokôji. Mais à quoi pensait-il ? Elle savait qu’il agissait pour qu’il y ait un équilibre entre les classes. Elle avait interféré avec les plans d’Ayanokôji, voulant voir son visage troublé. Mais au fond, elle savait que c’était parce qu’Ayanokôji attendait le moment de la bataille finale pour départager. Sakayanagi espérait et pensait être un ennemi à la hauteur. Malgré tout, ce n’était qu’à sens unique. Un futur qui n’était visible que par elle, qui possédait une réflexion supérieure. Ayanokôji voulait continuer à regarder la croissance de Ryuuen et voulait accepter le challenge.

Comme Sakayanagi qui voulait encore plus apprécier ce match avec Ryuuen dans cette bataille. Il était facile d’assener le coup final à Ryuuen. Un petit effort et la victoire était assurée. Ainsi, elle pourra dire qu’elle a interféré avec ses plans à nouveau et demander un nouveau duel.

Mais pour elle…c’était une situation ridicule.

Sakayanagi n’était pas désirée par Ayanokôji Kiyotaka.

La réalité était telle que, même si elle gagnait, Ayanokôji n’allait pas être heureux. Elle pouvait voir plus loin que n’importe qui d’autre, et pour la première fois dans sa vie, elle haïssait la chose.

Elle voulait rester inconsciente, sans réaliser son ridicule.

Si elle pensait à sa classe, elle devrait prioriser la victoire ici. Des images de Yamamura et de ses camarades traversèrent son esprit. Peut-être y avait-il un futur où elle accomplissait sa promesse faite à Kamuro, ou redonnait une seconde chance à Hashimoto à nouveau.

Continuer sa vie de lycéenne n’était pas nécessairement une mauvaise chose. Mais ce que Sakayanagi désirait ne se tenait plus à l’horizon. Pour elle, c’était une dure réalité irremplaçable.

« S’il-te-plait, perd ici. »

Tel était le message d’Ayanokôji. Sakayanagi avait définitivement reçu le message que personne d’autre n’aurait pu remarquer. Même face aux mots cruels de son être cher, elle se mit à sourire légèrement et ferma les yeux. Sinon, les pleurs allaient naturellement couler comme ce fut le cas avec Hashimoto.

— Il est l’heure maintenant. Niez ou non, Hashimoto-kun.

L’examinateur signala la fin de l’interrogatoire. Jusqu’à présent, Hashimoto avait été honnête avec Sakayanagi.

Hashimoto — Ah… L’intrus…c’est…

Sakayanagi arrêta sans un bruit Hashimoto comme pour empêcher une chose qui ne devait pas être dite.

Sakayanagi — Ah oui ? Tu n’es donc pas l’intrus. Je vois.

Les yeux de Hashimoto s’écarquillèrent.

Hashimoto — Eh, Sakayanagi… ? Que veux-tu dire… ?

À ce moment, ce qu’Hashimoto allait dire par la suite n’était pas clair. Il aurait pu admettre avoir été l’intrus pour éviter son expulsion, ou il aurait pu rester honnête jusqu’à la fin, restant aux côtés de Ryuuen et niant l’être.

Mais plus rien de cela n’avait d’importance.

Que la confession de Hashimoto-kun soit dans un sens ou dans l’autre, le jugement va…

Avant que l’annonce ne se termine, Sakayanagi l’interrompit

Sakayanagi — N’avez-vous aucun tact ? Il a clairement affirmé ne pas être l’intrus. Vérifier de nouveau mènerait à un résultat identique. Je ne changerai pas ma réponse. N’est-ce-pas ? Hashimoto-kun.

Hashimoto — Pourquoi, tu… Pourquoi…

Sakayanagi — …Parce que c’est le message d’Ayanokôji-kun. C’est tout ce qu’il y a à savoir.

Elle avait ainsi conclu la chose. Même si l’annonce demandait une autre confirmation, elle n’allait pas changer d’avis. C’est ainsi que s’était conclu l’examen.

Sakayanagi-san perd donc cinq vies pour ne pas avoir réussi à identifier l’intrus.

Des nouveaux départs se profilaient à l’horizon.

Ryuuen Kakeru perdit.

Et Sakayanagi Arisu perdit également.

Mais dans cette contradiction apparente, il y avait dans les faits des gagnants et des perdants.


[1] En effet, Hashimoto abandonne ici le traditionnel « san, kun,… ».

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