L’adversaire tant attendu
Même si ce ne fut qu’un point, Katsuragi avait réussi à réduire la vie de Sakayanagi à neuf. Alors qu’il restait environ cinq minutes, Ryuuen entra en scène d’une manière peu naturelle.
Sakayanagi — Bienvenue. Prends place.
Toujours assise, elle fit un geste courtois en indiquant la chaise vide. Ryuuen la regarda et, sans écarter les lèvres, s’assit avant de croiser les jambes.
Sakayanagi — Aujourd’hui marque le début de ton départ pour un nouveau voyage. Je te prie d’en profiter au maximum.
Ryuuen — C’est à moi de le dire, Sakayanagi. C’est moi qui vais gagner.
Le début des hostilités avait commencé sur une note légère.
Sakayanagi — Et même si tu me battais, serais-tu vraiment apte à servir d’adversaire pour Ayanokôji-kun ?
Ryuuen — Il n’y a personne de plus apte que moi. Pour le vaincre, il faut être capable d’embrasser le mal sans aucune hésitation.
Sakayanagi — Je vois. Tu sembles croire à tort être un antihéros.
Ryuuen — Hein ?
Dans les histoires, les « héros » (capables d’actions héroïques) étaient fondamentalement des êtres à la morale élevée, aidant toujours les faibles et punissant les méchants. Ils incarnaient la bonté et la justice. Cependant, parmi ces héros, il y en avait ceux qui possédaient également une nature opposée, celle du mal. Un antihéros est défini comme quelqu’un qui ôtait impitoyablement la vie aux méchants, ne reculant devant rien pour obtenir ce qu’il désire. Le bon sens ou l’éthique ne pouvaient le limiter.
Sakayanagi — Un simple méchant serait simplement vaincu, mais un antihéros reste un héros de par son rôle de leader.
Elle transmit ainsi l’information d’une manière quelque peu détournée.
Sakayanagi — Je vais cependant t’apprendre dès aujourd’hui que tu n’es pas fait pour ce premier rôle.
Ryuuen — Tu te prends pour l’héroïne ou je rêve ?
Sakayanagi — Rassure-toi, ce n’est pas le cas. Mais j’ai le premier rôle.
Cet échange enfantin n’était que l’extension de cette ambiance légère.
Sakayanagi — Cet examen spécial t’a-t-il été favorable ou le contraire ? Comme le contenu de l’examen ne pouvait être anticipé, tu n’as pas pu préparer tes sabotages habituels. Hashimoto-kun, qui aurait pu servir d’espion, n’a pas pu être utilisé efficacement. D’un autre côté, tu as eu la chance d’éviter un examen de type académique. Heureusement pour toi.
Elle dit cela avec un sourire. Ryuuen se souvint soudainement d’une chose.
Ryuuen — Tu as dit que tu étais comme une amie d’enfance d’Ayanokôji.
Sakayanagi — En effet, et alors ?
Ryuuen — Je n’arrive pas à l’imaginer en gosse.
Avant même qu’il ne le dise, Ryuuen avait essayé d’imaginer la chose à de nombreuses reprises, mais aucune image ne lui vint en tête. Ayanokôji avait une force incommensurable et une capacité de réflexion bien au-delà de la norme. Malgré tout, Ryuuen agissait sans hésitation, accomplissant des actions que d’autres n’auraient pas osées.
Sakayanagi — Ta curiosité est normale. Ayanokôji-kun est très spécial.
Semblant encore plus heureuse que lorsqu’on la félicitait elle-même, Sakayanagi exhibait sa joie de manière affectueuse.
Sakayanagi — Mais je ne te dirai rien. C’est mon précieux secret.
Elle refusa joyeusement de répondre. Ryuuen lui lança un léger regard noir.
Sakayanagi — Comparé à lui, il est facile de t’imaginer enfant. Tu étais un rebelle, pensant à tort être le centre du monde et régnant avec violence. L’intelligence et la réflexion n’avaient aucun intérêt pour toi. Tu pouvais subir toutes les défaites possibles, il n’y avait que la victoire finale qui comptait pour toi.
Ryuuen — C’est bien moi.
Sakayanagi — Héhé, je ne dis pas que c’est mauvais. C’est pour cela que tu envisages de le défier à nouveau. Les gens ordinaires, faibles d’esprit, n’auraient pas osé. Mais je n’ai pas cette mentalité de perdante.
Ryuuen — Tu penses pouvoir battre Ayanokôji ? Désolé, ça m’étonnerait.
Sakayanagi — Quelle impolitesse. Je n’en ai peut-être pas l’air, mais je pense être meilleure que lui. Et pour le prouver, je t’éliminerai au passage, toi qui me bloques la route.
Elle avait toujours eu pour objectif d’affronter Ayanokôji depuis son piédestal. Pendant ce temps, Ryuuen cherchait à monter tout en entraînant Ayanokôji vers le bas. Leurs positions étaient complètement opposées. Le compte à rebours arriva à zéro et l’heure de la sélection des groupes arriva. En regardant la tablette avec les cinq groupes, Sakayanagi en avait exclu immédiatement un.
Il s’agissait du groupe auquel appartenait Hashimoto Masayoshi. Elle avait clairement indiqué au garde et au pilier de ne pas choisir ce groupe. Hashimoto pouvait la trahir et ne pas le sélectionner réduisait tout risque. Les règles de cet examen spécial étaient en effet favorables à Sakayanagi sur ce coup-là.
Sakayanagi — Je vais maintenant utiliser mon droit de désignation de l’intrus.
Elle avait ainsi décidé de passer à l’action dès le début de cette bataille entre généraux. Était-ce parce que Sakayanagi n’aimait pas le fait qu’elle avait une vie de moins que Ryuuen ?
Ou était-ce une autre raison ?
Dans tous les cas, il s’agissait d’une attaque préventive, visant à profiter de la méconnaissance de Ryuuen de l’environnement de cet examen spécial.
Ryuuen — Kuku, c’est ton premier coup, hein ? Je vois que tu veux du sang.
Sakayanagi — Je n’ai pas l’intention de faire traîner les choses. L’issue de notre match sera décidée dans cette première discussion.
Ryuuen — Tu ne connais pas la théorie selon laquelle celui qui utilise son atout en premier perd ?
Sakayanagi — Et si on renversait cette théorie alors ?
Déterminée, son regard se porta sur l’écran où le combat allait commencer.
1
[Première discussion]
Participants :
Classe de 1ère A
Yanagibashi Motofumi | Ishida Yûsuke | Shimazaki Ikkei | Toba Shigeru, Tamiya Emi | Morishita Ai | Takanashi Kô
Classe de 1ère C
Ishizaki Daichi | Kaneda Satoru | Komiya Kyôgo | Nakaizumi Shôhei, Suminokura Mami | Takarajima Miko | Hatate Kaoru
Le début de cette bataille cruciale entre généraux commença avec le droit de désignation de l’intrus utilisé d’entrée de jeu. À ce moment-là, il y avait déjà un intrus caché dans la classe de Ryuuen. Dans une situation où tout le monde semblait hésiter à parler en premier, Morishita Ai de la classe A s’engagea.
Morishita — Ishizaki Daichi, pourrais-tu d’abord nous prouver que tu n’es pas un élève d’honneur ?
Ishizaki — Hah ? Eh ? Moi !? Pourquoi moi là, comme ça !?
Morishita — Que l’on soit un policier ou un détective, approcher les personnes suspectes en premier lieu est tout à fait naturel.
Bien que la présence d’un intrus soit préoccupante, personne ne voulait aborder ce sujet. Comme s’ils suivaient le mouvement, tous les regards, y compris celui de Morishita, se portèrent sur Ishizaki.
Ishizaki — C’est mort ! Je veux dire, j’suis pas un élève d’honneur.
Morishita — Peux-tu le prouver ?
Ishizaki — Et je suis censé faire comment ?
Morishita — Peut-être que tu pourrais promettre de mourir après t’être mordu la langue dans le cas où tu mentirais.
Ishizaki — Ha !? Tu me racontes quoi, là ?
Elle s’acharna sur Ishizaki, mais Kaneda fit rapidement son intervention.
Kaneda — Une minute, Morishita-shi[1]. Ishizaki-shi, tu n’as pas besoin de lui répondre. Ce genre d’approche musclée n’est pas acceptable. Restons-en à la discussion. Si nous suivions les principes de base d’un détective ou d’un policier, nous suspecterions la personne ayant parlé en premier. As-tu une preuve que tu n’es pas une élève d’honneur ?
Kaneda ajusta ensuite ses lunettes et déplaça l’attention vers Morishita.
Morishita — Il est impossible de prouver la chose de manière irréfutable.
Quelle audace de dire ça après avoir exigé des preuves de la part d’Ishizaki.
Kaneda — Tu voulais donc lui imposer une tâche impossible ?
Morishita — Parce qu’il avait l’air d’un débile pouvant déraper.
Ishizaki — En quoi j’ai l’air d’un débile ?
Kaneda — Calme-toi. Pour vaincre Sakayanagi-shi, il faut des mesures appropriées. D’un autre côté, il est tout aussi difficile de vaincre Ryuuen-shi. Elle te provoque pour permettre à son leader de gagner. Si tu souhaites la victoire de Ryuuen-shi, qui se bat derrière l’écran, tu dois garder ton sang-froid. L’adversaire cherche justement à te déstabiliser.
Kaneda avait réussi à calmer Ishizaki qui ne cacha pas indignation.
Tamiya — En observant la discussion, j’ai remarqué que les élèves d’honneur semblaient se regarder dans les yeux. Komiya-kun et Takanashi se regardaient juste avant le début de la discussion.
Elle qui était en classe A, leur lança un regard suspicieux.
Nakaizumi — Ah, oui. J’ai aussi trouvé ça suspect.
Il hocha la tête à plusieurs reprises pour montrer son approbation. Ils avaient beau être dans des classes différentes, cela n’empêchait pas d’être d’accord.
Tamiya — Ah oui ? Lorsque l’attention de tous avait été portée sur Ishizaki-kun, Komiya-kun avait eu l’air soulagé.
Tamiya intensifia son affirmation selon laquelle ces deux-là étaient les élèves d’honneur. Qu’il s’agisse de sa véritable intention ou d’une diversion, elle avait bien saisi les règles du jeu pour sa première discussion.
Les élèves compétents avaient ensuite utilisé leur expérience pour faire avancer la discussion.
La présence d’un intrus était un désavantage pour les représentants, mais elle apportait de gros avantages à l’intrus et à ses camarades.
C’est pourquoi, aucun des participants n’avait décidé de s’y attaquer de manière trop agressive.
2
La discussion, initiée par l’attaque-surprise de Morishita, avait atteint les cinq minutes. On passa ainsi aux nominations.
Sakayanagi — La discussion fut bien agitée pour un début.
Ryuuen — En effet.
Après une observation attentive, ils partagèrent ainsi leurs impressions.
Sakayanagi — Alors… que vas-tu faire, Ryuuen-kun ? J’ai quelques pistes convaincantes je dois dire.
Comme lors de l’utilisation de son droit de désignation de l’intrus, elle avait fait le premier pas. Durant cette discussion, plusieurs pistes avaient pu être envisagées. Komiya et Takanashi avaient échangé un regard si on en croyait le témoignage de Tamiya, corroboré par celui de Nakaizumi. Mais même si la possibilité était grande, il n’y avait aucune garantie. Il était donc risqué de se lancer dès le premier tour. D’autant plus que si Ryuuen décidait de passer, le rôle d’un participant allait être dévoilé de manière aléatoire à Sakayanagi.
Pour empêcher ça, il devait lancer un interrogatoire afin de trouver l’intrus. Dans le cas où il se forcerait à nominer quelqu’un, il fallait absolument éviter de tomber sur l’intrus. Une accusation erronée lui couterait deux vies, et le droit de désignation de l’intrus serait restitué à Sakayanagi.
Cela rendait inévitablement difficile la nomination de camarades vu que l’intrus était l’un d’eux. Il se mit ainsi à réfléchir sans dire un mot, essayant de voir qui mentait. Au cours de ces deux dernières années, malgré une période de retrait, il avait régné d’une main de fer sur la classe.
Aujourd’hui, sa véritable valeur était mise à l’épreuve.
Après avoir utilisé tout le temps qui lui était imparti pour faire son choix, le moment fatidique arriva.
Ryuuen-kun a fait une nomination incorrecte. Il perd une vie.
Alors que Sakayanagi avait choisi de passer, Ryuuen avait pris le risque de nominer quelqu’un. Il avait désigné Tamiya comme « élève d’honneur », mais pour lui ce n’était pas un raté. Cette perte de point de vie était nécessaire pour contrer les effets du droit de désignation de l’intrus de Sakayanagi.
Sakayanagi — Malheureusement, tu as manqué ton coup.
Ryuuen — Pas grave. Mais pour quelqu’un qui prend ses grands airs, tu y es allé à fond comme si tu étais au pied du mur.
Sakayanagi — Héhé, peut-être. La précipitation peut mener à l’erreur.
Sakayanagi acquiesça honnêtement sans nier ses dires, mais elle ne ressentait aucun sentiment d’urgence. Au contraire, elle pensait même que c’était du gâchis que de deviner les rôles des participants prématurément. En ce sens, il n’était pas souhaitable que la discussion progresse trop rapidement. Cependant, lors du premier tour, deux paires possibles d’ « élèves d’honneur » avaient émergé de manière inattendue.
Si un « élève d’honneur » était identifié à ce stade, un autre serait probablement ciblé au tour suivant et ferait l’objet d’une nomination qui s’annule vu que les deux représentants allaient élire la même personne. Étant donné que Sakayanagi avait utilisé son droit de désignation de l’intrus, passer son tour était le mieux à faire. D’un autre côté, Ryuuen voulait soit relancer la discussion au plus vite, soit trouver l’intrus. Et pour ça, la seule manière de le faire proprement était de lancer un interrogatoire.
Il était naturel que Sakayanagi reste sur la défensive dans le but de se laisser du temps pour la réflexion et de tourmenter Ryuuen.
Ryuuen-kun va maintenant quitter temporairement la salle pour effectuer son interrogatoire.
Ryuuen, ayant choisi d’initier un interrogatoire sans attendre plus longtemps. Il avait voulu passer directement à l’action pour débusquer l’intrus.
Sakayanagi — Bonne chance à toi.
Si Ryuuen faisait une erreur de jugement ici, il pouvait perdre encore plus de vies.
Sakayanagi avait choisi Takarajima Miko comme intrus, et Ryuuen avait opté pour l’interrogation de Nakaizumi. À ce stade, la recherche de l’intrus était vouée à l’échec. Ryuuen revint dans la salle de classe deux minutes seulement après l’avoir quittée. Poser la question « es-tu l’intrus ? » suffisait pour obtenir une réponse. S’il avait été l’intrus, mentir à Ryuuen pouvait lui valoir l’expulsion. Ainsi, il n’y avait pas de points privés ou de points de classe qui valaient la peine d’être protégés quand l’expulsion nous pendait au nez.
Puisqu’il avait déclaré que le participant n’était pas l’intrus, il n’avait pas perdu une vie, restant toujours à neuf. Un « élève d’honneur » avait nominé quelqu’un pour l’exclure, mais un « professeur » avait réussi à bloquer la chose alors il n’y avait pas eu d’exclusion. Par la suite, Sakayanagi, qui avait toujours son pouvoir de désignation, reçut la divulgation d’un rôle. Sa tablette affichait que Morishita Ai était une « diplômée ». La discussion progressait toujours, mais cette révélation fut une bonne nouvelle. Morishita était habile et son pressing continu permettait à la discussion de progresser très rapidement ce qui amenait nécessairement à une nomination urgente.
Au début du deuxième tour, la pression de Morishita reprit de plus belle. L’écran ne pouvait pas montrer sur qui elle enquêtait, mais des actions indiquant qu’elle cherchait de nouveaux rôles commençaient à se manifester. Lorsque le moment des nominations des représentants arriva, Sakayanagi nomina Morishita comme « diplômée », décidant de l’éliminer à ce tour. Ryuuen nomina également Morishita, mais se contente de déclarer qu’elle n’était qu’un « rôle clé », évitant ainsi de prendre des risques inutiles.
Morishita-san a été identifiée avec succès par Ryuuen-kun comme ayant un rôle clé, et par Sakayanagi-san comme diplômée. Ryuuen-kun perd une vie.
Ryuuen avait maintenant huit points de vie. La perte de ce point était due au fait qu’il n’avait pas deviné son rôle exact. Sakayanagi, qui ne voulait pas toucher les élèves de la classe C où se cachait l’intrus, et Ryuuen ne pouvait pas toucher aux élèves de sa classe à cause du danger que représentait la nomination de ce dernier. Ryuuen appela Kaneda pour l’interroger, revenant après un laps de temps similaire à tout à l’heure. Vu que l’intrus n’avait pas été trouvé, le pouvoir de Sakayanagi révéla que Shimazaki était un « kôhai ».
Sakayanagi prit alors le temps de réorganiser son approche. Même si la présence de l’intrus était utile, elle voulait que Ryuuen le trouve avant que tous les « élèves d’honneur » ou « élèves » ne soient éliminés de la discussion. Si l’intrus survivait, il pouvait gagner une quantité énorme de points privés ou de points de classe. Il restait dorénavant douze participants après la sortie de Tamiya et Morishita. Pour elle, Ryuuen allait forcément tenter une nomination et elle avait eu raison. Il désigna Shimazaki de la classe A, comme ayant un « rôle clé ». Sakayanagi avait également désigné Shimazaki, mais en tant que « kôhai ». Le fait de nominer un même élève empêchait de plus qu’un autre participant ne soit exclu de la discussion par un élève d’honneur.
Shimazaki-kun a été identifié avec succès par Ryuuen-kun comme ayant un rôle clé, et par Sakayanagi-san comme étant un kôhai. Sakayanagi-san gagne donc une vie.
Sakayanagi aurait normalement dû gagner deux vies vu qu’elle avait nominé correctement un « kôhai », mais la réussite de Ryuuen fit réduire ce nombre d’un. Par conséquent, elle avait dix vies lorsque Shimazaki quitta la salle. À partir de là, Ryuuen nomina Suminokura pour le prochain interrogatoire qui se solda par un autre échec. Le rôle suivant révélé à Sakayanagi fut celui de Kaneda qui était « senpai ». Une fois au quatrième tour, Sakayanagi partit du principe qu’ils étaient arrivés à un tournant décisif et désigna Kaneda. D’un autre côté, Ryuuen fit de nouveau une nomination osée en la personne de Takanashi, car il semblait suspect.
Ryuuen-kun a réussi à identifier Takanashi-san comme élève d’honneur. Sakayanagi-san a réussi à identifier Kaneda-kun comme senpai. Par conséquent, Sakayanagi-san perd deux vies et deux rôles lui sont révélés.
Les deux informations apparurent sur l’écran de sa tablette. Il s’avéra que Komiya et Toba étaient tous deux des « élèves ». À ce stade, il y avait 8 à 8 en termes de points de vie. Lors du quatrième interrogatoire, Ryuuen appela finalement Takarajima et réussi à l’identifier en tant qu’intrus. Au cinquième tour, Sakayanagi trouva le dernier élève d’honneur et nomina Yanagibashi. Pendant ce temps, Ryuuen avait choisi Ishida comme ayant un « rôle clé ». L’élimination du dernier « élève d’honneur » mit fin à la discussion.
On pouvait dire que l’attaque préventive de Sakayanagi avait porté ses fruits. Ryuuen n’avait plus que six vies, tandis que Sakayanagi en avait toujours huit. Cela signifiait qu’elle avait renversé la situation et pris l’avantage. Pendant la discussion, il n’y avait eu presque aucune conversation entre les représentants, et les deux camps s’étaient livrés à une bataille de nominations silencieuses.
Sakayanagi — Lors de la prochaine discussion, tu devrais utiliser ton droit de désignation de l’intrus. Ce serait honteux de perdre sans.
Ryuuen — Eh bien, on verra.
Ce pouvoir donnait évidemment un avantage à son utilisateur, mais Ryuuen avait ses raisons pour ne pas l’utiliser, quand bien même il le voulait. Il avait décidé de se donner un handicap. Lors de la prochaine discussion, elle ne pourra plus utiliser ce pouvoir et devra se battre à armes égales au minimum.
[Deuxième discussion]
Participants :
Classe de 1ère A
AShimizu Naoki | Machida Kôji | Yoshida Kenta | Fukuyama Shinobu | Motodoi Chikako | Yano Koharu | Rokkaku Momoe
Classe de 1ère C
Kondō Reon | Suzuki Hidetoshi | Tokitô Hiroya | Nomura Yûji | Asagaya Mai | Shiina Hiyori | Fujisaki Rinna
Dans ce groupe, il y avait Shiina, que Ryuuen avait laissé en tant que participante afin de ne pas être plus avantagé dans le groupe des représentants. En même temps, il comptait sur sa force dans les discussions afin de sortir de cette situation défavorable.
Sakayanagi quant à elle, sourit en voyant la sélection des élèves de la classe C.
On ne savait pas comment les choses allaient se dérouler, mais l’occasion de faire exploser la bombe qu’elle avait posée était arrivée.
3
La deuxième discussion commença. La première minute ne fut pas différente des discussions habituelles, mais une certaine déclaration de Shimizu de la classe A, allait changer radicalement l’atmosphère.
Shimizu — Nous ne savons pas comment les discussions affectent les représentants. C’est pourquoi nous devons jouer le jeu à fond pour nous. Je me permets de vous partager une réflexion. On dirait bien que Sakayanagi a utilisé son pouvoir de désignation de l’intrus dans la discussion précédente. Mais je me disais qu’il aurait pu être utilisé ici. D’ailleurs, une rumeur stipule que tu hais Ryuuen.
Tokitô — Qu’est-ce que ça peut faire ? Quel est le rapport ?
Shimizu — J’ai juste pensé que le rôle d’intrus te convenait, c’est tout.
La discussion portait surtout sur les rôles en soi, mais celui d’intrus mentionné par Shimizu mentionna n’avait pas lieu d’être ici.
Fukuyama — T’es pas encore hors sujet là, Shimizu-kun ?
Comme c’était la deuxième fois que ce groupe de la classe A participait, il était plus à l’aise que celui de la classe C, ici pour la première fois.
Shimizu — Je n’ai pas pu m’en empêcher, ça m’a traversé l’esprit. Peut-être que Tokitô aimerait que Ryuuen perde. Ou continues-tu à lui obéir docilement juste parce qu’il te fout la trouille ?
Ce n’était pas injurieux dans la forme, mais ça restait bas dans le fond, car il y avait mêlé des affirmations qui rabaissaient Tokitô.
Tokitô — Ferme-là Shimizu ! Ferme-là !
Shimizu — Désolé, mais je ne me tairai pas. Les discussions nous permettent de discuter librement. J’estime que cela peut aider à trouver ton rôle. Tu as l’air bien suspect, tu ne trouves pas ?
L’atmosphère de la salle devint peu à peu bruyante.
Provoqué par les railleries de Shimizu, Tokitô s’approcha de lui. Il semblerait qu’une bagarre pouvait éclater à tout moment. Motodoi de la classe A, qui était le plus proche des deux, tenta précipitamment de se lever pour les arrêter, mais Machida l’en empêcha. Son expression suggérait que ne pas intervenir était la meilleure chose à faire.
Tokitô — Et en quoi je suis suspect, dis-moi ?
Montrant clairement de la colère, ou plutôt un grand mécontentement, Tokitô lui lança un regard noir. Shimizu ne relâcha pas pour autant le morceau.
Shimizu — Tu le sais très bien. Tu es souvent en conflit avec Ryuuen.
Tokitô — Même si c’est le cas, et alors ?
Même s’il rappela que cela n’avait aucun rapport, Shimizu insista. Il avait jeté son dévolu sur Tokitô dès le début, bien conscient de ce qu’il faisait.
Shimizu — Tu sais, il y a une rumeur stipulant que tu as fait équipe avec des gens d’autres classes juste pour faire tomber Ryuuen.
Fujisaki — Eh… C’est vrai ? Tokitô-kun ?
Fujisaki, qui écoutait jusque-là sans rien dire, ne put s’empêcher d’intervenir.
Tokitô — Shimizu ment.
Shimizu — Ah ? En tout cas, faites gaffe à Tokitô, il peut vous trahir.
Tokitô — Tais-toi. C’est quoi ton problème, mec ?
Shimizu — C’est juste normal de cuisiner ceux qui sont suspects.
Tokitô — Ok mais ça n’a rien à voir avec la discussion !
Alors que la situation s’enflammait, Tokitô haussa le ton. Shimizu, sentant que sa provocation marchait, le titilla de plus belle. À partir de là, leur échange sans intérêt fut bruyant au possible. Les deux ne cessaient de se répéter. Tous les autres se contentaient de les regarder avec des regards troublés, impuissants. Qui étaient les élèves d’honneurs où ceux ayant des rôles clés ? En cinq minutes de conversation, il n’y avait eu aucune piste.
4
Observant la fin tumultueuse du premier tour, Sakayanagi sourit.
Sakayanagi — Alors, Ryuuen-kun ? Le premier tour vient de se terminer. Tu vas nominer quelqu’un ou tu n’as pas d’indices ?
Voulant voir la réaction de son adversaire, elle n’aborda pas l’atmosphère tendue entre Shimizu et Tokitô. Elle préféra rester sur de la moquerie passive.
Ryuuen — Et toi, Sakayanagi ? Ne te contente pas de me regarder faire. Passe à l’action, ça devrait être facile pour toi.
Sakayanagi — Si je le fais, la discussion va se terminer vite. Ce ne serait pas drôle, non ? Ou alors veux-tu en finir rapidement avec les suspects ? Heureusement, j’ai déjà utilisé mon droit de désignation de l’intrus.
Ryuuen — Les actions de Shimizu faisaient-elle partie de ton plan ?
Sakayanagi — Pas seulement lui. J’ai eu l’occasion de parler avec plusieurs camarades avant l’examen spécial. Je leur ai donc fait savoir que Tokitô-kun pouvait être un point faible.
Shimizu, désireux d’être utile à Sakayanagi et à la classe de quelque manière que ce soit, s’en était pris obstinément à Tokitô.
Sakayanagi — Malheureusement, avec les règles actuelles, cela n’a pas eu l’impact escompté, mais je tiens tout de même à saluer son obéissance en suivant mes conseils sincères.
Bien que l’audio soit désormais coupé, Tokitô était manifestement de plus en plus irrité chaque minute.
Sakayanagi — Sa rage n’aura pas beaucoup d’impact sur notre bataille, mais en fonction des actions de Tokitô-kun, cela pourra conduire à des grosses rancœurs de la part de tes camarades plus tard.
Au premier tour, ni Tokitô ni Shimizu, ne s’étaient montrés suspects. Actuellement, il n’était pas possible de déterminer leur rôle.
Mais quand bien même, il fallait peut-être s’occuper de leur cas afin de calmer les choses pour les prochains tours.
Sakayanagi — Mais désigner Tokitô-kun montrerait avec évidence le fait que tu ne l’aimes pas, Ryuuen-kun.
Après avoir fini d’utiliser sa tablette, Sakayanagi regarda Ryuuen, qui hésitait sur sa décision. Désigner Shimizu, Tokitô, quelqu’un d’autre, ou passer ? Ryuuen prit sa décision et jeta doucement la tablette sur le bureau.
Sakayanagi — As-tu réussi ? À ce stade, nominer ces deux-là ne conviendrait pas à ton orgueil, n’est-ce pas ?
Ryuuen — Tes vieilles provocations ne me font rien.
Sakayanagi — Alors, tu as désigné l’un d’entre eux ?
L’annonce qui suivit révéla leur réponse.
Sakayanagi-san, Ryuuen-kun, vous avez tous les deux réussi à identifier Asagaya-san comme ayant un rôle clé. Le résultat s’annule donc.
Sakayanagi — Cela ne t’a donc pas échappé. Lors de la discussion, Shimizu-kun et Tokitô-kun s’étaient tous deux mis en avant ce qui a entraîné une réaction de la part d’Asagaya-san. Elle devait être contente de ne pas avoir été mise sous les feux des projecteurs.
Si Ryuuen ne pouvait ignorer l’emportement de Tokitô, il restait lucide dans sa vue d’ensemble. Sakayanagi avait donné l’impression qu’elle allait passer, mais finalement, a réussi à jouer le coup.
Sakayanagi — Cependant, si ces deux-là restent, ils continueront à poser problème lors des prochains tours.
Ryuyen — Nous verrons bien. Là…
Alors qu’il n’avait pas fini sa phrase, Sakayanagi l’interrompit et lui posa une question.
Mais Ryuuen se contenta de sourire et déporta son regard sur l’écran, laissant entendre que la réponse se trouvait derrière.
5
Le deuxième tour commença et Shimizu provoqua Tokitô de nouveau.
Shimizu — Je te trouve toujours suspect, Tokitô. Tu es un élève d’honneur, n’est-ce pas ?
Tokitô — Non…
Grâce à la pause, Tokitô avait un peu retrouvé son sang-froid. Il nia avoir ce rôle, cependant, Shimizu n’en démordait toujours pas. Même lorsque d’autres participants essayaient de changer de sujet, il les interrompait en répétant inlassablement le nom de Tokitô. Si la classe A s’était unie pour faire la même chose, cela aurait pu devenir un problème, mais ce n’était que Shimizu.
Tokitô — Arrête ça, Shimizu !
Shimizu — Oh, j’ai peur ! Tu es juste suspect, c‘est comme ça !
Tokitô — En quoi alors ?!
Shimizu — Tu veux une raison, hein ? Tu n’hésites pas à trahir ta propre classe par exemple ? Il parait que tu as tenté d’expulser Ryuuen lors de l’examen spécial du consensus. Ce n’est pas quelque chose qu’il faut faire à un chef de classe juste parce qu’on ne l’aime pas.
Machida — Qui t’a dit une chose pareille ?!
Demanda-t-il, ne cherchant pas à nier, mais à savoir d’où l’info venait.
Shimizu — Je ne peux pas dire qui me l’a dit, mais il y a beaucoup de gens bavards dans la classe de Ryuuen. C’est quand même étonnant que tu puisses encore te présenter à l’école après avoir échoué à le renverser. Moi à ta place, j’aurais été trop gêné.
Tokitô — Arrête ça, je te dis !
Il avait essayé de supporter, mais peut-être avait-il atteint sa limite puisqu’il se leva brusquement. Ignorant sa propre chaise qui tombait, il s’approcha de Shimizu, qui avait continué ses provocations à distance jusque-là.
Shimizu — …Il s’agit d’une discussion, Tokitô. Je ne fais que parler dans le cadre des règles pour découvrir ton rôle. Tu n’as pas le droit de m’arrêter.
Bien qu’intimidé par l’intense pression de Tokitô, Shimizu ne recula pas. En fait, il décida de continuer à le provoquer jusqu’au bout, pensant que s’il pouvait inciter Tokitô à être violent, cela servirait les intérêts de la classe A.
Shimizu — Tu es la prochaine cible sur sa liste dans tous les cas. Pourquoi ne pas trahir Ryuuen avant que cela n’arrive ?
Incapable de l’arrêter par des paroles, Tokitô lança son poing en prenant un grand élan. S’il parvenait à toucher Shimizu, il pouvait le réduire au silence. Ryuuen recevrait sûrement une pénalité, ce qui mettrait quelqu’un qu’il n’aime pas en difficulté.
Hiyori — Tokitô-kun, pourrais-tu baisser le poing ?
Personne ne s’était rangé du côté de Tokitô. Dans une telle atmosphère, Shiina, qui apparut silencieusement à côté de lui, arrêta doucement son poing tremblant.
Tokitô — Les paroles de Shimizu sont exaspérantes, mais il n’a pas tort sur tout. Je n’aime pas Ryuuen, voilà pourquoi j’espère qu’il ne gagnera pas cet examen.
Après avoir fait une remarque imprudente, il lança un regard à Shiina pour qu’elle s’éloigne.
Hiyori — Tu n’as qu’à me secouer avec force si tu veux que je lâche.
Tokitô — Tu veux que je fasse ça ?
Hiyori — Seulement si tu le peux.
Tokitô — Alors… !
Tokitô serra son poing encore plus fort, mais Shiina ne broncha pas le moins du monde. Son intention de faire croire qu’il pouvait vraiment utiliser la force ne passa pas auprès d’elle.
Hiyori — Tu n’es pas ce genre de personne.
Tokitô — Comment peux-tu savoir une chose pareille…
Hiyori — Ryuuen-kun a dit que tu ne t’en prenais jamais aux femmes.
Tokitô — Hein ? Ryuuen a dit ça… ?
Hiyori — Ce n’est pas une coïncidence si toi et moi nous nous sommes retrouvés dans le même groupe.
Tokitô — Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Hiyori — Je pense que Ryuuen-kun m’a placé ici juste au cas où cela arriverait.
Tokitô — Il aurait fait ça… !?
Il fut momentanément surpris, mais rationalisa rapidement les choses.
Tokitô — Il ne pouvait donc pas me faire confiance pour commencer. Peut-être voulait-il que tu gardes un œil sur moi.
Hiyori — C’est vraiment parce qu’il ne te fait pas confiance ? Ne peux-tu pas considérer qu’il s’est arrangé pour que tu puisses être aidé en cas de problème ? S’il ne t’appréciait vraiment pas, il n’aurait pas eu besoin de choisir ce groupe pour un examen spécial aussi important.
Tokitô — C’est…
En effet, il aurait pu faire appel à d’autres groupes. Il se mit à réfléchir.
Il n’y avait en effet pas d’obligation d’utiliser le groupe où je suis. S’il l’avait voulu, j’aurais pu ne pas participer du tout.
Hiyori — Nous avons besoin de toi ici, Tokitô-kun. Si tu t’emportes et que tu reçois une pénalité, tu perdras non seulement la confiance de Ryuuen-kun, mais aussi ta place dans la classe.
Tokitô — …Une place pour moi… comme si…
Hiyori — Tu en as une. Ça a toujours été le cas et ça ne changera pas.
Son poing se desserra. Étant donné la nouvelle atmosphère de la salle, Shimizu hésita à provoquer Tokitô de nouveau. Il songea tout de même à le mettre en colère une fois de plus, se préparant à riposter si un élève de la classe C tentait de lui faire porter la responsabilité.
Kondô — Alors faisons au moins en sorte que Shimizu s’excuse.
Il se plaignit comme s’il avait été lui-même la cible.
Hiyori — Je ne dirai pas que Shimizu n’a rien à se reprocher, puisque c’est lui qui a déclenché tout ça, mais je suis sûre que Sakayanagi-san est derrière ses actions. Je me sens un peu mal de le blâmer.
Shiina ne le critiqua pas, et considéra les circonstances de Shimizu également. Avec cette seule déclaration, il devint difficile pour Tokitô, Kondô et le camp de Shimizu de passer à l’offensive.
Hiyori — Eh bien, nous avons encore un peu de temps. Allons-nous enfin discuter comme il se doit ?
L’atmosphère figée devint plus détendue. Sans dire un mot, Tokitô inclina la tête devant Shiina en s’excusant.
Il releva ensuite la chaise qu’il avait renversée et s’assit de nouveau.
6
La situation dangereuse fut évitée au deuxième tour grâce à l’intervention emplie de dévotion de Shiina. Sakayanagi comprit rapidement qu’il ne s’agissait pas d’un hasard.
Sakayanagi — …Je vois. Tu as compris que j’allais exploiter le ressentiment de Tokitô-kun. Tu as placé Shiina-san pour le calmer.
Ryuuen — Quand Tokitô s’emporte, l’arrêter n’est pas facile. Comme tu as pu le voir, il répond à toutes les provocations facilement.
Sakayanagi — Pourquoi Shiina-san pourrait-elle l’arrêter ?
Ryuuen — Kuku. Il est gentil avec les filles, surtout celles qu’ils aiment bien. Il n’a pas les tripes pour lever la main sur la gent féminine.
Sakayanagi — Pourquoi tu ne t’es pas débarrassé de ce rebelle avant ?
Ryuuen — Il ne fait que jouer avec le feu. Ce n’est pas une rébellion.
Sakayanagi — Tu lui laisses donc une chance de mûrir. Tu es finalement plus gentil que ne le laisse suggérer ton apparence.
Ryuuen — Quelqu’un semble aimer ce genre de choses.
Utiliser son environnement pour favoriser la croissance des autres était une méthode qu’Ayanokôji employait souvent. Même s’ils étaient totalement différents, Sakayanagi sentait un soupçon de ce dernier chez Ryuuen. Elle se rendit compte qu’elle appréciait le combat avec lui plus que prévu.
Sakayanagi — J’aurais aimé que les dates d’anniversaire soient votre seule chose en commun.
Ryuuen rit à cette remarque inattendue.
Ryuuen — Ha, ça m’importe peu. Ça doit être lui qui me copie.
La clairvoyance de Ryuuen en ne prenant pas Shiina comme représentante pour tempérer Tokitô força l’admiration de la part de Sakayanagi.
Bien sûr, sa stratégie n’était pas sans risques, mais c’était typique de Ryuuen. Peu importe si cela affectait directement le résultat de cet examen spécial ou non, Ryuuen avait en quelque sorte gagné le momentum.
Vous avez tous les deux choisi de passer. C’est donc à un élève d’honneur d’exclure quelqu’un.
Shiina fut ainsi exclue. Au troisième tour, Shimizu s’en prit de nouveau à Tokitô, mais cette fois, il ne montra aucune irritation pour ne pas trahir les attentes de Shiina. Une détermination qui se voyait même à travers l’écran.
Ryuuen-kun, Sakayanagi-san, vous avez tous les deux réussi à identifier Machida-kun comme élève d’honneur, ce qui donne un résultat nul.
Ils avaient passé au tour d’avant et maintenant, ils avaient tous les deux nominé la même personne correctement ce qui donna de nouveau un résultat nul. La discussion s’était accélérée depuis l’exclusion de Shiina.
Sakayanagi — Nominer Shimizu-kun semble inévitable maintenant.
Ryuuen — Je pensais la même chose.
Après ce court échange, l’annonce arriva.
Sakayanagi-san, Ryuuen-kun, vous avez tous les deux réussi à identifier Rokkaku-san comme élève d’honneur, ce qui donne un résultat nul.
Contrairement à ce qu’ils avaient déclaré, ce n’était pas le provocateur Shimizu, mais Rokkaku qui fut nominé, et ce, de manière correcte. La seconde discussion s’acheva et les deux parties conservèrent leur vie, ce qui était rare. La situation resta inchangée alors qu’ils entamaient la troisième discussion dans une impasse. Lors des deux premiers tours, ils n’avaient fait que passer, mais à partir du troisième, ils passèrent simultanément à l’offensive, nommant les mêmes rôles clés de manière consécutive ce qui résultait en un match nul. Au cinquième tour, Ryuuen désigna correctement un « kôhai », ce qui lui permit de revenir à sept vies. Au sixième tour, les deux représentants passèrent à nouveau, ce qui donna lieu à un nouveau résultat nul.
Sakayanagi — Je ne pensais pas que tu allais tenir aussi autant.
Ryuuen — Je t’ai mal jugée aussi. Tu ne faisais pas que te la jouer.
Ils se félicitèrent mutuellement de leur ténacité dans cette bataille à rallonge. Sakayanagi n’avait pas pris de risques dans cette discussion, restant sur la nomination de « rôles clés ». Elle évitait d’attaquer quand elle ne le sentait pas. Ainsi, la discussion traina en longueur, aboutissant à un cas rare où tous les « élèves » avaient été exclus, et où les « élèves d’honneur » restants gagnaient.
Ryuuen — On pourrait au moins avoir de l’eau ?
Il profita de la pause pour faire cette demande. L’examinateur s’empressa d’apporter une bouteille en plastique. Ryuuen l’attrapa avec force, ouvrit le bouchon et but goulument la moitié du contenu.
Sakayanagi — C’est important de s’hydrater. Tu n’as pas l’habitude d’utiliser autant ton cerveau. Ça doit t’épuiser plus que tu ne le pensais.
C’était du sarcasme, mais Ryuuen n’y prêta pas attention.
Sakayanagi — Veux-tu vraiment à ce point ta revanche contre Ayanokôji-kun ? Tu ne peux pas gagner contre lui pourtant.
Ryuuen — Pas pour le moment. Mais si je continue à le cibler sans relâche, je trouverai bien une ouverture un moment.
Sakayanagi — J’espère. Mais Ayanokôji-kun n’est pas si clément.
Elle n’avait pas développé, mais elle donnait l’impression d’avoir le dessus.
Ryuuen — Ce que tu peux être désagréable.
Sakayanagi — Je prends ça pour un compliment.
L’heure de la quatrième discussion sonna. Ils essayèrent cette fois d’en finir. Un moment Sakayanagi identifia quelqu’un avec un « rôle clé » tandis que Ryuuen fit une mauvaise nomination qui lui couta deux vies. Le vent sembla tourner en la faveur de Sakayanagi, mais lors du quatrième et cinquième tours, ils devinèrent tout deux correctement un « rôle clé » et un « élève d’honneur », menant à deux nuls d’affilée. Après avoir tous deux passé le sixième tour, il y eut un nouveau match nul au septième après une nomination correcte de l’élève d’honneur restant ce qui mit fin à la discussion. Plus de trois heures s’étaient écoulées depuis le début de la bataille entre les généraux. La cinquième discussion n’allait pas tarder à commencer.
Sakayanagi — Il semblerait que nous n’arrivions pas à en finir.
Ryuuen — En effet.
Ryuuen avait cinq vies tandis que Sakayanagi, huit. Chacun d’eux faisait ses nominations sans rien céder, mais un fossé se creusait. Au deuxième tour de la cinquième discussion, Ryuuen perdit une vie à cause d’une nomination incorrecte. Jusque-là, il avait réussi à garder son calme tout en bataillant avec la détermination de Tokitô. Cependant, il était contraint de lutter avec frustration à cause de petits échecs. Mais il y avait une chose à laquelle il ne pouvait s’empêcher de penser. La réalité était que ses analyses ne pouvaient pas surpasser celles de Sakayanagi. En effet, elle n’avait pas commis la moindre erreur décisive. Elle n’avait même pas essuyé une seule nomination incorrecte, alors que Ryuuen perdait peu à peu des vies à cause d’erreurs mineures. Il se sentait de plus en plus acculé, comme si on le poussait au bord d’une falaise.
Ryuuen — Que peux-tu voir, Sakayanagi ?
Sakayanagi — Je vois ce que tu vois, mais il y a des choses que je remarque et que tu ne cernes pas, c’est tout. Mais je dois dire que tu es bien patient. Il serait peut-être temps d’utiliser ton droit de désignation.
Étant donné que Ryuuen perdait lentement des vies, il était de plus en plus au pied du mur. Le moyen le plus rapide de renverser la tendance était d’utiliser ce droit de désignation de l’intrus. Sakayanagi pensait qu’il aurait utilisé ce pouvoir bien plus tôt, ce qui la laissait perplexe. Avec plus de la moitié de ses vies perdues, il était possible que Ryuuen soit vaincu lors de la prochaine discussion sans avoir pu utiliser cet atout. Naturellement, il voulait éviter de recourir à ça, C’est pourquoi, il faisait tout pour tenir autant que possible. Et puisque c’est elle qui lui avait suggéré d’utiliser ce pouvoir, il voulait faire le contraire et le garder aussi longtemps qu’il le fallait. Au quatrième tour, Ryuuen passa à l’action. Qui, parmi les participants restants, pouvait être considéré comme un « élève d’honneur » ? Il se fia à ce que ses yeux avaient vu, à ce que ses oreilles avaient entendu et à ce que son cerveau avait déduit.
Ryuuen-kun a réussi à identifier Nishi-san comme élève d’honneur, Sakayanagi-san perd donc trois vies.
Il prit l’initiative et réussit à trouver le premier élève d’honneur.
Ryuuen — …J’ai enfin comblé l’écart.
Il sourit sournoisement, accueillant avec joie son rythme cardiaque accéléré.
Sakayanagi — En effet. On dirait que tu as eu un peu de réussite.
Dans cette discussion, il y avait eu peu d’échange et donc peu d’indices.
Sakayanagi — Non, ce n’est pas si simple. Disons que tu m’as surpassé dans cette phase niveau perspicacité.
Elle n’hésitait pas à faire des compliments quand il le fallait. Ryuuen était digne de la chose. C’était certes bien joué, mais la joie fut de courte durée.
Sakayanagi-san a réussi à identifier Hoashi comme un élève d’honneur, Ryuuen-kun perdra donc trois vies.
Grâce à l’action de Ryuuen, elle avait remarqué l’autre « élève d’honneur ».
Ryuuen — Espèce de…
Sakayanagi — Grâce à toi, j’ai pu trouver l’autre. Merci bien.
Le fait que Ryuuen découvre Nishi comme élève d’honneur avait donné un indice crucial à Sakayanagi. Son euphorie fut brève et Ryuuen n’avait maintenant plus qu’une vie contre cinq pour Sakayanagi. Comme ils n’avaient pas fait les mêmes nominations, il n’y avait pas de résultat nul alors tout s’accélérait. Cette discussion prit ainsi fin et la pause commença.
Sakayanagi — Tu n’as maintenant plus vraiment le droit à l’erreur.
Voyant son chemin vers la victoire se frayer dans la discussion prochaine, elle était résolue à vaincre Ryuuen sans pitié. Pendant ce temps, lui, frustré, avait les yeux fermés et la tête levée. Il devait absolument empêcher le prochain coup de Sakayanagi. Son grand soulagement fut de courte durée et ce coup de génie s’était même retourné contre lui. Il était trop tard désormais. Les minces espoirs de revenir dans la partie s’étaient évanouis.
C’est tout…? C’est vraiment tout ?
Pour démontrer ses capacités à Ayanokôji, il avait défié Sakayanagi frontalement dans un duel d’analyse. Pourtant, il n’avait pas réussi.
Il y avait même un écart qui n’avait pas pu être comblé.
La prochaine discussion allait sans doute être la dernière. Sakayanagi allait continuer ses nominations sans risque et le tour était joué. S’il avait utilisé son droit de désignation de l’intrus, aurait-il eu sa chance ? Il avait pensé à la chose un petit moment avant de se dire que ce n’était peut-être même pas assez pour la vaincre. Au vu du déroulé, Sakayanagi aurait été en mesure d’éliminer rapidement l’intrus. Il n’avait plus rien à faire hormis désigner un des deux « élèves d’honneur » qui se cachait parmi les quatorze participants. Il fallait donc un miracle. Et même si cela arrivait, difficile d’en enchaîner deux.
Mais il n’avait plus le choix. Il allait être continuellement surpassé. Il se demandait ce qu’il allait ressentir lors de la défaite, mais il semblait étrangement plutôt soulagé. C’était parce que Ryuuen devait le reconnaître à ce stade. Cette élève frêle en face de lui, était un véritable monstre ce qui contrastait avec son apparence. Sa capacité à anticiper les obstacles, sa vision large, et surtout, sa défense sans faille, le prouvait. Si Ryuuen utilisait principalement la suffisance, le bluff et l’intimidation, Sakayanagi se battait elle, avec la conviction qui l’animait. En la défiant dans un combat honnête, il réalisa qu’il n’était pas à sa hauteur dans de nombreux domaines.
Ryuuen — Merde, je ne m’attendais pas à ce que ça finisse comme ça !
Il n’avait plus qu’une vie et Sakayanagi, cinq. Peu importe le nombre de fois qu’il regardait l’écran, le score ne changeait pas.
Sakayanagi — Tes actions sont limitées désormais. Utilise ton atout.
Pour un espoir de retour, il devait utiliser ce droit de désignation de l’intrus. Mais Ryuuen avait vu dans ce conseil un mensonge.
Ryuuen — Même si je le fais, ça ne suffira pas. Au contraire, cela ne ferait que diminuer mes chances de gagner. On s’est battus sans pitié, mais je ne suis pas tombé aussi bas au point de ne pas comprendre.
Même si c’était un atout, il était déjà trop tard. L’utiliser signifiait susciter une volonté de progresser. Même s’il ne trouvait pas « l’élève d’honneur », ce qui était déjà très difficile en soi, son esprit créerait l’illusion qu’il pourrait s’en sortir. Autrement dit, les bénéfices de cet atout ne se verraient pas tout de suite. Même si un ou deux rôles lui étaient divulgués, ça ne changeait pas le fait qu’il allait devoir nominer deux « élèves d’honneur » d’affilée.
Et même si ce miracle arrivait, Sakayanagi bloquerait probablement au moins l’une des deux nominations. Ensuite, elle identifierait un « rôle clé » pour le finir. C’était clairement la fin de la partie.
Sakayanagi — Je vois. Il te reste tout de même assez de sagesse.
Il était peut-être plus approprié pour Ryuuen de partir de manière glorieuse en n’ayant pas utilisé son droit de désignation de l’intrus.
Ryuuen — Tu es forte…
Il fit une pause, ressentant une pointe de regret.
Ryuuen — Ce match… J’ai perdu.
Il fit ressortir ses véritables sentiments en déclarant sa défaite. C’était difficile à décrire, mais une fois cela fait, un sentiment de soulagement l’avait envahi. C’était la preuve indéniable pour lui que Sakayanagi était un niveau au-dessus.
Sakayanagi — Tu as donc vu que tu étais en échec et mat.
Ryuuen — Oui. J’en suis conscient.
Sakayanagi — Tu t’es bien battu également. Je te le dis sincèrement, tu as été un adversaire digne de ce nom.
En effet, Sakayanagi regrettait que le match se termine. Elle avait voulu voir davantage la façon de combattre de Ryuuen, presque comme une émotion parentale. Même en recevant la déclaration de défaite de son adversaire, Sakayanagi ne fut pas complaisante ou arrogante. Loin de là.
Elle avait envisagé la possibilité qu’il feigne sa fin, dans le but de revenir à la charge par surprise. En apercevant le regard acéré de Sakayanagi, Ryuuen ne put s’empêcher d’éclater de rire.
Ryuuen — Tu es vraiment difficile à faire tomber, ne serait-ce parce que tu es toujours sur tes gardes, quelle que soit la situation.
Sakayanagi — Bien entendu. Je ne me relâcherai pas tant que le résultat ne sera pas gravé dans le marbre.
Il restait environ trois minutes avant ce qui allait probablement être la dernière discussion. Ryuuen n’avait plus qu’une vie et son atout.
Ryuuen — Tch… !
Soudainement, un claquement de langue se fit entendre.
Sakayanagi — Pourquoi ce claquement ?
Ryuuen — Rien… Peut-être qu’il avait prévu que je perdrais comme ça.
Alors que Ryuuen réfléchissait aux événements de la journée, un claquement de langue était sorti inconsciemment.
Sakayanagi — Tu parles d’Ayanokôji-kun ?
Ryuuen — Oui. Ce matin, après l’explication des règles. On a parlé.
Sakayanagi — Je sais qu’Ayanokôji-kun t’a suivi. Vous êtes donc tous les deux allés aux toilettes pour discuter.
Elle hocha naturellement la tête en se remémorant la scène.
Ryuuen — Il m’a dit de transmettre un message en cas de défaite.
Sakayanagi — Je vois. Il anticipe bien les choses.
Ryuuen fut en effet poussé au bord du précipice.
Sakayanagi — J’écoute. Que dit son message ?
On pouvait juger de la véracité ou non d’un message en fonction de son contenu. C’est pourquoi, elle attendait la chose. Mais la réponse fut inattendue.
Ryuuen — Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que Hashimoto l’a.
Sakayanagi — Hashimoto-kun… ?
Ryuuen — De plus, c’est un message qui ne peut être compris que lors de cet examen spécial. Je ne sais pas si c’est vrai ou non.
Face à une telle déclaration, impossible de ne pas piquer sa curiosité.
Ryuuen — Si tu choisis le groupe de Hashimoto lors de la prochaine et dernière discussion, j’utiliserai mon droit de désignation de l’intrus.
Le groupe de Hashimoto avait été exclu jusque-là par Sakayanagi. Alors que l’examen aurait dû se conclure, un nouveau développement apparut, impliquant l’utilisation de Hashimoto pour recevoir un message d’Ayanokôji. Il était impossible de ne pas sentir que quelque chose était louche.
Sakayanagi — Ou alors, n’as-tu toujours pas abandonné ?
Ryuuen — Crois ce que tu veux.
L’instinct de Sakayanagi lui disait de ne pas accepter cette offre. Dans cette situation, où la probabilité de gagner était presque de 100%, prendre n’importe quelle action pouvant réduire légèrement cette chance était stupide. Cependant, elle ne pensait pas que Ryuuen mentait. Elle sentait qu’il s’agissait bien du message d’Ayanokôji ce qui expliqua sa prudence soudaine. Mais en même temps, son désir de connaître le message d’Ayanokôji émergea.
Sakayanagi — Si tu gardes ton droit de désignation de l’intrus pour ce moment, cela signifie que tu te battais contre moi avec un désavantage. Je n’aime pas trop ça.
Ryuuen — C’était un échec total. J’aurais dû l’utiliser plus tôt.
Il avait l’intention de gagner sans utiliser ce pouvoir, mais il aurait dû l’utiliser plus tôt avant de finir acculé. Mais le message d’Ayanokôji le préoccupait. Les chances que Sakayanagi sélectionne le groupe de Hashimoto étaient très improbables c’est pourquoi il regrettait beaucoup, affichant un rire jaune en secouant son poignet.
Sakayanagi — Pourquoi Hashimoto-kun ? À quoi pensait-il ?
Ryuuen — Je ne sais pas non plus. Mais si tu veux mon avis, c’est un piège. L’intrus est le seul à risquer l’expulsion. Si Hashimoto fait croire qu’il ne l’est pas, il se fait exclure de l’établissement
Ryuuen allait désigner Hashimoto comme intrus pour que Sakayanagi le questionne lors de l’interrogatoire. Si Hashimoto survivait à la discussion, il gagnerait une grande quantité de points privés. Mais si Sakayanagi savait que c’était lui, elle en profiterait pour essayer de l’expulser sans hésitation.
Ryuuen — Il pense que je ne vais pas le désigner comme intrus. Il y a donc un monde où il peut jouer l’innocent pendant ton interrogatoire.
Sakayanagi — En effet, il peut se faire expulser, mais ce sera difficile.
Le rôle de l’intrus était extrêmement désavantageux. Une fois son identité exposée, il est probable qu’il se dénonce. Dans le pire des scénarios où le représentant le désignait comme intrus, mais qu’il ne l’était vraiment pas, le représentant ne perdait qu’une vie, ce qui n’était pas grand-chose. Hashimoto lui-même ne pensait probablement pas être désigné comme intrus. Mais Ryuuen n’avait qu’à exercer son droit de désignation et ça devenait possible. Quand bien même Ryuuen n’avait rien dit, Sakayanagi aurait forcément appelé Hashimoto pour le cuisiner lors de l’interrogatoire.
Sakayanagi — Lors de l’interrogatoire, il avouera. C’est évident, car nier être l’intrus signifierait son renvoi du lycée.
Si Sakayanagi n’avait eu qu’une vie, la situation aurait été différente, mais avec cinq, Ryuuen n’avait pas d’autre choix que de jeter Hashimoto en pâture.
Sakayanagi — Si tu nourris le moindre espoir, sache que c’est peine perdue. Je déclarerai Hashimoto-kun comme intrus dans tous les cas.
Ryuuen — Je le sais bien. Maintenant, montre-moi les compétences dont tu es si fière. Si tu arrives à convaincre Hashimoto que tu ne le désigneras pas comme intrus, il tombera peut-être avec moi.
Dans un moment pareil, elle était forcée de s’interroger avec des « Et si… ».
Et si Ryuuen avait déjà conclu un accord avec Hashimoto ? Et s’il s’agissait d’un piège tendu par Ryuuen depuis le début ?
Cependant, les détails de cet examen spécial n’avaient été révélés que ce matin. À ce stade, les représentants et les participants étaient complètement isolés, sans aucune possibilité d’interagir. La possibilité d’un contrat pour protéger Hashimoto de l’expulsion était nulle. Non… Elle n’avait pas écarté cette possibilité d’emblée. Sakayanagi envisageait vraiment le « Et si… ».
Et si les règles de l’examen spécial avaient été divulguées à l’avance ? Et ce, qu’il y ait accord ou non entre eux ?
Non, c’était impossible à 100 %. Que Hashimoto avoue ou non, elle allait le déclarer « intrus ». Sans penser à rien d’autre, c’était le seul choix possible.
Il n’y avait pas de retour en arrière. Peut-être que cet incident n’avait pas été causé par Ryuuen, mais orchestré par Ayanokôji.
Sakayanagi — Devons-nous vérifier s’il y a vraiment un message de la part d’Ayanokôji-kun ?
Elle sélectionna le groupe de Hashimoto pour la discussion. Ryuuen lui, choisit un groupe au hasard, exerçant son droit de désignation. Il s’agissait vraiment d’une action faite suite au message d’Ayanokôji. Il n’y avait aucune tromperie.
La discussion commença.
Mais Ryuuen ne regardait même pas l’écran où se déroulait la discussion, se contentant de garder les yeux fermés.
Sakayanagi — C’est bien gentil de ta part de montrer que tu ne tentes aucun coup en traître.
Ryuuen — Ça ne me gêne pas de me battre même quand il n’y a aucun espoir, mais je ne me pardonne pas d’être tombé dans le panneau en ayant succombé aux belles paroles d’Ayanokôji.
Cette fois, Ryuuen avait déclaré à Ayanokôji qu’il maîtriserait Sakayanagi grâce à ses propres capacités. Comme cela ne s’était pas produit, le match fut plié.
Sakayanagi, pour en avoir le cœur net, passa en revue la discussion.
Les informations obtenues en un seul tour étaient limitées, mais elle sentait les rôles potentiels de plusieurs participants. Et elle était parfaitement préparée pour le moment où l’interrogatoire allait commencer. Tenant sa canne, Sakayanagi quitta lentement la salle de classe. En la regardant partir, Ryuuen leva les yeux au plafond et frappa du poing sur son genou. Il regrettait d’avoir laissé Sakayanagi mener la danse.
Ryuuen — Bon sang…
Il ne voulait pas que les choses se terminent ici.
Si c’était la fin, alors son développement allait s’interrompre.
Mais ce souhait n’était plus réalisable.
Ryuuen Kakeru avait perdu.
[1] Suffixe honorifique que ne l’on voit pas très souvent, car il est plutôt utilisé dans un contexte formel. Par exemple les documents juridiques, les journaux ou bien les revues universitaires. On emploi un ainsi « shi »
(氏、し) pour une personne avec qui nous ne sommes pas familière.